I. -

Empl. trans. "Rendre sec"

A. -

Au propre : ...quand vint au matin, qu'elle eut blanchy ces chemises, couvrechefs et petiz draps, les sechez au feu (...), elle fut appellé[e] de sa maistresse (C.N.N., c.1456-1467, 397). Suis je ou l'en sieche les drappeaux ? (Feste roys, c.1475-1500, 303).

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[D'une chose] : Au departir dou bel esté Qui a gais et jolis esté, De fleurs, de fueilles faillolez, Et d'arbrissiaus emmaillolez, Arrousez de douce rousée, Sechiez par chaleur ordenée Que le soleil li amenistre, Et qu'oisillons ont leur chapitre Tenu de sons et de hoquès, Par plains, par aunois, par bosquès, Pour li servir et honnourer (MACH., J. R. Nav., 1349, 137). Car labeur de corps subtilie le humeur naturele, et quant il est trop grant il seche tele humeur laquelle vault mieulx de estre subtiliee, et empire par desutacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 328).

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Empl. abs. : Item, les corps du ciel sont differens en vertu, si comme il appert par les livres d'astrologie, et nous voions par experience que le soleil seche et que la lune amoistist et pluseurs telles operacions differentes (ORESME, C.M., c.1377, 462).

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Inf. subst. "Produit de la dessication (d'une plante)" : Et les gens du païs l'appellent [cette plante] pollibastro ; et en mettent les communes gens de la contree en leurs viandes et es coffres de leurs linges, et en font sechier et pouldre pour mettre en leurs viandes en lieu d'espices. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 73).

B. -

P. anal. "Miner qqn, son corps" : Mais le fer ardant de la flesche Qui le cuer toudis art et seche, Saches certeinnement qu'il art Et bruïst par si soutil art Qu'il n'i pert tache ne arsure, Trace, plaie, ne blesseüre (MACH., R. Fort., c.1341, 69). Mais com plus vous [la Vierge] y veu, voir, Plus ay beu en habondance (...), et succé plaisance Qui (...) en buvant me va sechant ; Et com plus la boy plus me seche Ceste yvresce (Mir. emp. Julien, 1351, 222). ...les vins ardans et fors, ... leur rompoient les testes et secquoient les entrailles et leur ardoient les foies et les poumons (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 84). Et encore miex vauroit il definer Que vif languir en langueur si obscure Com je langui, car pleins sui d'une arsure Qui tout me seche et me met à nient, Si que j'en pers force et entendement Si croy qu'Amours en ce se desnature, Quant je la serf si amoureusement (MACH., L. dames, 1377, 59). ...et com plus m'humelie, De tant croist plus la dure maladie Qui m'art et seche et me fait esperer Qu'Amours n'a pas pouoir de moy donner Mercy : tant sui je outrés crueusement De la doleur que j'endure humblement. (MACH., L. dames, 1377, 64). ...car envie est sans amour et seiche le corps et fait le cuer inique et mauvais (LA SALE, J.S., 1456, 21). Aultrement ne sera point estaincte la grand ardeur qui la seche et tire a fin. [D'une femme à qui un médecin conseille de faire l'amour] (C.N.N., c.1456-1467, 136).

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"Faire dépérir" : Aux nobles la mamelle dextre Sechoient [les Amazones] (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 10).

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Se secher les os et le corps : Aux trespassez je faiz ce laiz [l'absolution demandée pour les morts] Et icelluy je communicque A regens cours, sieges, palaiz, Hayneurs d'avarice l'inicque, Lesquelz pour la chose publicque Se seichent les oz et les corps [R.H., Comment. Test., 245 : antiphr., comprendre "qui s'engraissent sur le dos du commun"] : De Dieu et de saint Dominicque Soient absolz, quant seront mors ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 135).

C. -

Au fig. "Tarir la source de, faire cesser qqc." : ...se aucuns pourchace office Devers seigneurs ou benefice, Tout lui fust il bien employé, Si lui sera il denoyé, Car Fortune l'empechera, Qui tous ses aydes sechera (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 90).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

"Devenir sec, se dessécher" : Tresdoulz amis, quant ce advenra Que mes fins cuers te changera, Li solaus jamais ne luira Lassus amont, Ne lune nuit n'alumera (...) ; Car par tout tenebres seront, Toutes yaues retourneront, Li signe se combateront, Mer sechera, Les pierres par l'air voleront (MACH., Voir, 1364, 528). Hé ! Fortune, qui es gouffres et puis Pour engloutir tout homme qui croire ose, Ta fausse loy, où riens de bien ne truis Ne de seür, trop est decevans chose ; Ton ris, ta joie, t'onnour Ne sont que plour, tristece et deshonnour. Se ti faus tour font ma rose sechier, Autre après li ja mais avoir ne quier. (MACH., Bal., 1377, 556). ...si vous maintenez ceste folie, jamais vous n'arez bien et ne ferez que songer et muser, et secherez sur terre comme la belle herbe dedans le four chault (C.N.N., c.1456-1467, 177).

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[D'un textile] "Perdre son humidité" : ...lui et ledit Perrin Amiot emblerent, ès halles de Paris, VIJ aulnes de drap de brunette que l'en avoit mis secher au soleil (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 82). ...il, passant par la ville de Nengis, trouva un mantel sengle de drap vermoil, qui estoit mis contre une haye pour seicheir, lequel il print et appliqua à son prouffit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 140). ...il vit et apperceut le mantel doublé duquel il a esté trouvé saisi, qui pendoit et sechoit à une haye aus champs (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 278).

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Empl. pronom. Se secher. "Se dessécher" : ...[les] jeunes et tendres florettes se sechent et amatissent quand aucun petit accident leur survient, contre l'ordonnance et inclinacion naturelle (C.N.N., c.1456-1467, 573).

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Part. passé "Être desséché" : Et des autres qui enquierent de ceste chose plus hautement et plus naturelment, c'est a dire par raisons fondees sus similitude de nature, un appellé Euripides disoit que terre, quant elle est sechiee, elle desire la pluie. (ORESME, E.A., c.1370, 414). ... la prayerie estoit ja toute sechié pour la chaleur du soleil (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 83).

B. -

P. anal. "Dépérir, perdre sa vigueur" : ...En ardeur le tient, sans esteindre, Qui de plus en plus monteplie ; Comme mort le tient a la fie, Ne ja il ne l'ara si chier Qu'il ne le face tout sechier Et qu'il ne li toille vigour Par sa force et par sa rigour. (MACH., D. verg., a.1340, 37). Certes je li venderay chier Ce que les mains m'a fait sechier Et amortir. (Mir. st Panth., 1364, 359). Le grant desir que j'ay de repairier Devers la flour de toute creature M'art et m'esprent et me fait tout sechier, Et si m'a si mis à desconfiture Que je n'ay mais force n'envoiseüre, Ne plus ne chant einsi com je soloie, Quant je ne voy ma dame simple et coie. (MACH., L. dames, 1377, 37). Car cilz desirs me tient en son dangier Et me destreint adès si asprement Qu'anientir me fait tout et sechier Pour l'ardure qui m'alume et esprent. (MACH., L. dames, 1377, 94). C'est la fontainne douce et clere Qui puet dou tout assasier L'ardant soif de mon desirier Et tous mes griés maus alegier ; Mais trop m'en est Amours avere. Car ce m'art et me fait sechier, Qu'adès la voy, dont plus l'ai chier, Et goute n'en puis essaier. (MACH., Les lays, 1377, 379). Voirement dit bien celi voir Qui premier dit : "qui va si leche," Et aussi dit : "qui siet si seche." (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 255). Aygnel de Dieu, qui les pechiés Ostez du monde qui est sechiés... (Prières saints R., t.1, 1400-1500, 122). ...une maladie la print telle que a veue d'eul toute secchoit (LA SALE, J.S., 1456, 270).

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"Dépérir en perdant tout espoir" : LA MAQUERELLE. Mon enfant, (...) un riches homs (...) vous aime (...) Et tout aussi qu'uns affamez Seiche et languist pour vous sur terre. (Mir. Theod., 1357, 74).