C.N.R.S.
 
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     SAIGNER     
FEW XI sanguinare
SAIGNER, verbe
[T-L : saignier ; GD : saignier1 ; GDC : saignier ; DÉCT : saignier ; FEW XI, 157b : sanguinare ; TLF : XIV, 1417b : saigner]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Ensanglanter" : ... il fu sainniés ou hateriel, enssi comme il ont d'usage de faire leurs sainnies en Lombardie (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 206).

 

-

[Dans une menace] : Tu y viendras ou par la loy La teste te sera seignee. (Myst. st Martin K., a.1500, 191).

B. -

MÉD. "Tirer du sang (de qqn) en incisant une veine, pratiquer la saignée (sur qqn)" : Tous corps qui ont mestier de saignee ou d'autre purgacion, on le doit saigner ou purgier en ver (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 94). Es corps ou il esconvient saigner, nous devons faire en printemps. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 101). Aucune foys, c'est grant prudence et grant sagece que de garder lez jours et lez heures, conme sont lez jours esquelx l'en doit prendre pocions ou beuvrages de medicine, ou lez jours esquelx l'en se doit faire seigner. (Songe verg. S., t.1, 1378, 366). D'aucuns remèdes universelz comme purgier, saigner, ventouser et autres choses préservatives de la boce. (LA HAYE, P. peste, 1426, 114). Maiz, quant le mal monstre son signe En aucun lieu soubz la poictrine, Soit ventre, doz, cuisses ou aines, Il convient saignier des sophènes (LA HAYE, P. peste, 1426, 119).

 

-

Saigner une veine : La vayne du bout du nez saigne l'on pour maladiez qui pevent advenir ou visaige entre cuir et char, ainsi comme neux et trop grant habundance de sang (...). Les deux vaynes du col saigne l'on au comancement de mesellerie et si vault pour ceulx qui ont courte alayne et aussi pour oster trop grant habondance de sang et pour trop grant rougeur au visaige. (LE LIÈVRE, Traité saignée W., a.1418, 16).

 

-

Loc. fig. N'estre pas bon à saigner. "N'être pas facile à traiter, avoir des réactions violentes" : Ha, que Lucifer est doulant Maintenant et remply de rage, Quant il apparceust cest ouvrage Qu'il perd ainsi son prisonnier ! Pas ne seroit bon a soigner : Tous les deables luy chantent messe, Il n'y a diable ne diablesse Qui ne bondisse au font du puis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 510).

 

Rem. Au passage corresp. ds GRÉBAN, Pass. J., c. 1450, 203, on lit : «Il n'en est pas bon a seignier». Cette loc. figure également ds Gerbert de Montreuil, Roman de la Violette, c.1228, éd. D.L. Buffum, 1928, p.66 : «N'est pas bons a sainnier de vainne Gerars, quant vit l'ostel si povre».

C. -

Saigner un animal. "Faire perdre son sang à un animal" : Item, pour faisander chappons et gelines il les couvient saigner par la geule et incontinent les mectre et faire morir en ung seel d'eaue tresfroide, et il sera faisandé ce jour mesmes comme de deux jours tué. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 173).

II. -

Empl. intrans.

A. -

"Perdre du sang, saigner" : LE BOURRIAU. Seigneurs, je voi ses liens rouz, Ses cordes et toutes ses hars ; Riens n'y a que tout ne soit ars ; Mais elle encore est toute saine, N'elle n'a plaie ne ne saine (Mir. femme, 1368, 217). ...li contes veoit l'escuier françois fort sanner (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 278). Le soudant chey par terre (...) et saigna tant qu'il le faillu la mourir par la force du sang qu'il gecta. (ARRAS, c.1392-1393, 113). En l'an de grace Nostre Signour mille .CCCXLIX., alerent li penant et issirent premierement d'Alemagne et furent honmes liquel faisoient penitances publiques, et se batoient d'escorgies a neus durs de quir farsis de petites pointeletes de fier. Et se faisoient li auqun entre deus espaules sainier moult vilainnement (FROISS., Chron. D., p.1400, 894). ...et la mist en tel point qu'elle saignoit de tous costez, mesmes les draps du lit estoient tant sanglans qu'il sembloit que ung beuf y fut escorché (C.N.N., c.1456-1467, 265). Faisans ces disputacions, Olivier, qui estoit moult navré des le jour devant, ses playes commencent a ouvrir pour la force du chevauchier, et saigna tellement que Fyrebras vit yssir le sang par dessus le genoil de Olivier et luy demanda dont venoit le sang, qui luy venoit par dessus et couroit sur la terre. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 43).

 

-

[D'une partie du corps, d'une plaie] : Lors Gaverelles le singla Parmi les flans IJ. cops ou IIJ. De s'espée, jusqu'à la crois, Si que les bouiaus li cheoient Par mi les plaies qui sainnoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 269). Veéz, seigneurs, veéz mervoille, Ce truant m'a coppee l'oreille, Veéz com la face me saigne ! Seigné suis a la rouge enseigne ; Il m'a tout le jouaul fendu. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 179).

B. -

Au fig. "Souffrir"

 

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Le coeur me saigne. "J'éprouve une grande affliction" : J'ay tel dueil que le cueur me saigne Que la mort ne me vient prendre. (Myst. st Martin K., a.1500, 298).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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