C.N.R.S.
 
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     RAI1          RAI2     
FEW X 21b radius
RAI, subst. masc.
[T-L : rai ; GD : rai1 ; DÉCT : rai ; FEW X, 21b : radius ; TLF : XIV, 276a : rai]

A. -

"Faisceau de lumière, rayon" : ...le soleil De ses rais le monde enlumine (MACH., R. Fort., c.1341, 79). Car de tant plus que s'en efforce, Ont adès si oueil plus grant force, Plus juste et plus vive en clarté, Et mieus en ont la verité Dou soleil en leur congnoissance Que cil qui n'ont pas tel puissance Des clers rais dou soleil souffrir, Ne de leurs yeus a lui offrir. (MACH., D. Aler., a.1349, 347). ...les estoilles, qui en ce monde jettent leurs raiz et enluminent, sont pures... (Mir. prev., 1352, 232). Et quant nous avons temps d'esté, la est yver excessif en froidure ; car le solail est loing de la terre et jette des rais obliquement. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 298). Tout ensement que le monde enlumine Li biaus solaus, quant il rent sa clarté Et que ses rais la froidure decline Et fait venir les biens à meürté, Einsi le haut bien parfait De ma dame veint tout vice et defait : Par tout resplent sa vaillence et habunde (MACH., L. dames, 1377, 177). Item, l'influence des corps du ciel dont les rays sont concurrens vers le centre de la terre doit yleuques faire action et alteracion. (ORESME, C.M., c.1377, 256). Radio (...) : luyre, faire rayz. (Aalma R., c.1380, 246). ...le soleil Qui deust luire cler et vermeil A ses rais retrais et sacquiés, Dont j'entens que cil est blecié, Qui des elemens est le maistre [Jésus] (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 200). Pluiseurs parolez et regrez piteux fist la noble dame, car en aultre chose ne passoit la nuit qui failly finablement la contesse lever par la clarté du soleil qui desja commenchoit a getter sez rais (Comte Artois S., c.1453-1467, 117). Ce tresdesiré jour a chef de piece fut annuncé par les raiz du soleil, qui, malgré les voirrieres des fenestres, vindrent descendre enmy la chambre (C.N.N., c.1456-1467, 99). ...nous cuidions tous morir par la grand ardeur du soleil qui sur nous ses raidz espandoit. (C.N.N., c.1456-1467, 130). Phebus ay non qui porte en mon hëaulme L'auriflamme qui le trosne enlumine, Mais deposer me fault mes rays de flamme Que rien n'enflamme et que tout homme et femme, Que tant ayme, voye ma face divine (Cene dieux, c.1492, 108). Cestui Montbarsac fut excellant medicin et astrologien et fut esmerveillé de la mort du pappe Pelagius qui fut par ladite peste, laquelle neantmoins il avoit precongneue sur la vision de la commecte qui fut lors, qui de ses raiz enluminoit toute la nuit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°). ...predist sur la commecte qui s'apparut, les raiz contremont et la teste en bas (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 141 v°). Lundi douziesme du dit moys (...), Aux freres mineurs qu'on dit "Ara celi" Le bon seigneur ouÿt leans sa messe, Car c'est le lieu et la montaigne expresse Ou la Sibille monstra a l'empereur Pour rapaiser sa superbe fureur, C'un maistre avoit qui estoit nompareil ; Lors luy monstra en l'air Nostre Seigneur Et Nostre Dame sur ung ray de soleil. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 232).

 

-

[Au sing. à valeur coll.] : ...la nue fait aide aus combatans, car elle aombrist le ray du soleil qui leur pourroit ferir es yeulx (Mir. st Ign., 1366, 74). ...rien ne croist ne ne fructefie ou le ray du soleil ne puet attaindre (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 348). Une foelle de lorier prit Et ou rai dou solel le serre Et puis, des nus genous a terre, A commenciet une orison Qui s'ordonne par tel raison : ... (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 95). C'est le saphir Qui tous cuers fait esjoïr, Et c'est le vray Soleil qui fait de son ray Tous biens florir. (MACH., Les lays, 1377, 366). Et pour ce, un ange peut estre en un lieu sanz soy mouver nonobstant que en ce lieu pluseurs corps succedent un apres l'autre, aussi comme le ray du soleil qui passe par une fenestre n'est pas meu aveques l'aer que le vent emporte ou chace, mais samble demourer tout un combien que non soit, car ce n'est pas du tout semblable. (ORESME, C.M., c.1377, 290). Car tant de langoustes sourdirent Que le ray du soleil couvrirent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 262). Et de fait allèrent lesdiz suppliant, Chevreaulx et autres dessusdiz, armez et embastonnez d'arbalestes, javelines et bracquemars pour la seureté de leurs personnes et non pas en entencion de mal faire, environ l'eure de unze heures d'icelle nuyt au rays de la lune, en la maison dudit Phelippon Charlot. (Doc. Poitou G., t.12, 1475-1483, 545). ...comme aucunement du soleil et de son ray procede la chaleur (Somme abr., c.1477-1481, 114). ...comme la chaleur du feu procede du feu et de la flamme, et la chaleur du soleil et de son ray. (Somme abr., c.1477-1481, 151). ...lui bailla jour et heure de ellection de soy mectre en ung grant vaisseau d'arain, plain d'eaue, tainte en rouge, au raiz du Soleil, en aucune chambre, devers les fenestres orientalles (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°).

 

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Rai de lumiere : En celle dollente penssee ainsi que j'estoye, la teste baissiee comme personne honteuse, les yeulx plains de larmes, tenant ma main soubz ma joe acoudee sur le pommel de ma chayere, soubdainement sus mon giron vy descendre un ray de lumiere (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 621).

 

-

[À propos du Saint-Esprit ou de la Vierge] : ...autant vault a dire Marie conme estoille de mer ; laquelle fu enluminée des raiz du saint esperit ; (...) les raiz et les dons du saint esperit la disposérent a ce qu'elle fust digne de recevoir celui qui est l'image de Dieu le pére (Mir. prev., 1352, 232). ...elle [Marie] est la clére estoille née de Jacob qui par ses raiz enlumine tout le monde (Mir. Theod., 1357, 81). ...aussi bien que la lune de droit Prent ou soleil clarté qui l'en pourvoit, Donna clarté la vierge dinement, Li sains solaux du majeur firmament, Car au saint ray d'anunciacion S'ajoint à lui Diex... (Mir. st Val., c.1367, 170).

B. -

P. anal.

 

1.

"Ligne"

 

-

Rai visuel. "Ligne idéale joignant un point à l'oeil, rayon visuel" : ...de tant que l'allidade chiet plus pres de 45 grez pour la rectitude du ray visual tant sur la terre comme sur la haulteur et pour ce que dit est en ce present chapitre poves vous savoir la distance qui est entre vos piez jusques a la haulteur de la tour. (...) Et est assavoir que pour plus precisement mesurer il seroit expedient qu'on fust plus esleve sur .a. que de sa haulteur car le ray visuel cherroit plus droitement sur .b. et pour ce qui seroit sur ses murs qui sont sur saine il pourroit bien precisement mesurer le travers de la riviere. (FUSORIS, Gnomo, éd. G. Arrighi, c.1407-1412, 346).

 

2.

"Chacune des pièces qui relie le moyeu d'une roue à la jante" : Et lors ledit Du Bouschet luy dit qu'il ne l'en menrroit point et qu'il estoit à luy [ledit boys] et audit Amyot, et qu'il le deschargast, ou se non il coupperoit sa charrete ; et de fait, pour ce qu'il ne deschargoit point, d'une sarpe qu'il avoit, frapa deux ou troys coups sur les rays de ladicte charrete (Doc. Poitou G., t.11, 1468, 128).

 

-

[Contexte métaph.] : L'aultre roue signifie yvers, Qui est fort (,) rebelle et divers, Plain de gellee et froidure. Seix roys y a, car seix moys dure. (La Fin de l'homme, 1451, éd. Y. Otaka. In : Mém. annuel de l'Univ. d'Otemae, 2018, 133).

 

3.

"Bande étroite dessinée par un liquide qui coule, jet" : Sercorius, consulle de Romme (...) fist secretement ensangleter, par rays et gouttes de sang, le bas de son escu (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 56). Et puis les juifs sans grans demeure Luy myrent la lance au cousté Et puis après il l'ont bouté Si fort qu'il entre juqu'au fège Et tantoust en saillit ung roye A grant quantité sang et aygue (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 65).

 

4.

"Corde, fil (pour étendre le linge qui vient d'être lavé) (?)" : Les mechines de la royne avoient fait une buée et avoient mises les napes de l'ostel du roy et de la royne aux champs, draps, linges sans buer et cuevrechiefz, et fut la buée estandue aux raiz de la Maladerie assez prés de la porte. (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 7).

C. -

P. métaph. au fig. "Rayonnement"

 

1.

"Rayonnement, éclat (p. ex. du regard)" : Einsi sa parfaite biauté, Fresche et douce com fleur d'esté, Et la mervilleuse clarté De son viaire Dont je me vi enluminé, Le ray de son oueil que plus n'é, Mes cinc sens orent tost maté ; Plus n'en pos faire. (MACH., R. Fort., c.1341, 46). Car sa face blanche et vermeille, Par juste compas faite a point, Si que meffaçon n'i a point, Si clerement resplendissoit Que sa clarté esclarissoit Les tenebres, la nuit obscure De ma dolereuse aventure, Et de son ray persoit la nue Qui longuement s'estoit tenue Tourble, noire, anuble et ombrage Seur mon cuer et seur mon visage (MACH., R. Fort., c.1341, 55). Las ! or ne sai se je verrai jamais De son espart la douceur et les rais Par qui je fu au cuer ferus et trais Et mis en voie De soustenir les dous amoureus fais (MACH., F. am., c.1361, 153). Hé ! Diex, comment porteray Le tres dous amoureus ray Dou resgarder De ses dous yeux ? je ne sçay ; Car assez à porter ay Des maus d'amer. (MACH., Ch. bal., 1377, 625). Ne suis dignes, bien le say, De li loer : c'est le ray Qui embeli Nous ha tous et esclarcy Dou soleil vray (MACH., Les lays, 1377, 397). Voy trebuchant Le gent vaillant Et estaindre le ray Enluminant Honneur la grant Dont j'avoie le glay. (MACH., Les lays, 1377, 480).

 

2.

"Rayonnement (d'une chose abstr.)" : La raison se delite en tant Que la pensée contemplant Va par le ray de discipline, Qui lors l'esprant et enlumine (DESCH., M.M., c.1385-1403, 217). Mais a voir dire le sacrement de l'autel est le principal car de lui principalment est venu et yssu le ray et le fondement de l'amour divine (Horloge de sapience S., c.1389, 121). Mais en oultre je considere que saint Pol ne pot en plus estre obscurcis ne empeschié d'espandre [l]es rays de sa doctrine par les persecucions des tirans nez que le soleil materiel pot estre blecié par le roy duquel recite Seneque qu'il trayoit ses sayettes encontre le soleil. (GERS., P. Paul, a.1394, 499). Et pourtant, mes amys, pansés Que belle sen comparaciom Est caste generacion Quant avec soy a charité, Mes encour est elle plus belle Quant casteté est avec elle ; Mes quant encour avec cella Le ray de charité y vaz, Ell'est tresque belle alors Sus trestoutes beautés de cors. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 111). La haulteur de la verité theologienne qui est ung ray de la souveraine lumiere esclarcissant l'entendement (Somme abr., c.1477-1481, 98).

 

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss. (les raiz de sapience divine).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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