C.N.R.S.
 
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     PRISER1          PRISER2     
FEW IX pretium
PRISER, verbe
[T-L : prisier ; GDC : prisier ; DÉCT : prisier ; FEW IX, 372a : pretium ; TLF : XIII, 1214a : priser1]

I. -

Empl. trans.

A. -

Priser qqn/qqc.

 

1.

"Apprécier qqn ou qqc., faire cas de qqn ou de qqc., attacher du prix à qqn ou à qqc." : LE PROCUREUR DE SAINT LORENS. (...) Pour Dieu ne soiez pas nuysans A sainte eglise. ESTIENNE. Je l'aime autant com vous et prise. (Mir. prev., 1352, 239). L'ADVOCAT. (...) Il est subtilz et cler veant, Bien entendant et argüant, Il a biau lengage en la bouche Et si est sanz nul mal reprouche, Dont miex le pris. (Mir. enf. ress., 1353, 15). Je ne prise vostre menace De riens, Oston. (Mir. Oton, c.1370, 378). Le magnanime ne se expose pas as perilz pour petites choses, et ne aimme pas les perilz, car peu de choses sont que il prise et honeure ou repute grandes. Mais il se expose as perilz pour grans choses. (ORESME, E.A., c.1370, 252). Item, il [le magnanime] desprise les mauvais et prise les bons. (ORESME, E.A.C., c.1370, 252). Et furent a la feste toutes les plus nobles dames du pays, qui moult prisoient la contenance de Remondin, et bien disoient qu'il estoit bien dignes de tenir un grant pays. (ARRAS, c.1392-1393, 67). Par ma foy, ma damoiselle, mais plus cent foiz, et sachiez, quoy que on vous die, que c'est un des plus plaisans homs que je veisse oncques. Par foy, dist Hermine, s'il avoit loué pour lui louer et prisier, si a il bien emploié sa mise. Par foy, ma damoiselle, je ne parlay oncques a lui, mais il vault mieulx que je ne dy. (ARRAS, c.1392-1393, 104). Et fort estoient esbahiz du gipp de lyon que Anthoine avoit sur la joe, mais moult prisoient le beau corps et les beaulx membres de lui et de Regnault. Et bien disoient : Ces deux princes sont bien tailliez de conquerir et tenir terre. (ARRAS, c.1392-1393, 187). Dont respond la pucelle : Par ma foy, monseigneur, le corps de vous vault mieulx que X. royaulmes et fait plus a priser, quant a mon gré. (ARRAS, c.1392-1393, 192). Sebille assez me devisa, Mais oncques mains ne me prisa, Dont ne les avoie aouré. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 66). Aprèz il fault dire des aulx, Qui sont de fait moult secz et chaulx, Et, pour mieulx leur vertu prisier, Povons au vray sillogisier Que chascun usant de viandes Grosses et rudes et truandes, Et ceulx qui font leur mansion En quelque lieu ou région (...) Pevent tout seurement (...) user d'aulx un peu par raison (LA HAYE, P. peste, 1426, 127). ...la cause est que chascun naturel lement desire monter a honneur pour soy enrichir et estre prisié, et, que pis est, il n'est nul (...) que, quant plus ait, que plus ne desire avoir (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 18). Et quant il oÿt de ce parler, il ne prisa pas plus sa vie que sa mort, lors commencerent ses yeulz a plourer (LA SALE, J.S., 1456, 12). La fille (...) prisa tresbien ce conseil, ou cas que ainsi se pourroit faire. (C.N.N., c.1456-1467, 504). Et d'icelle venue et bonne paix en fut resjouy et joyeux très noble et très reverend pere en Dieu Mons. le cardinal de Bourbon qui, à l'occasion d'icelle bonne paix, fist faire en son hostel de Bourbon, à Paris, une moult belle moralité, sottie et farce, où moult de gens de la ville alerent pour les veoir jouer, qui moult priserent ce qui y fut fait. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 127). En jeunesse tout mal est mis Et compris ; Elle brule du feu d'enfer. Ceulx qui l'ensuyvent sont pugnys Par les ditz De Dieu, qu'on doit beaucop priser. (Pass. Auv., 1477, 118). LE CRESTIEN. J'entends bien qu'il fault besongner Qui veult vivre, mais le moyen Pour parvenir d'avoir du bien ? N'est que l'estat de marchandise Et nous n'avons rien. LA FEMME. Fort je prise Vostre oppinion, cher amy. Trouvons quelque homme bien fourny Qui nous avance ung peu d'argent, Et nous obligons. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 83).

 

-

Estre/faire plus/mieux à priser. "Être plus estimable" : L'escuier se part et vint en la cité et recorda au duc tout ce que vous avez ouy, et la facon et le gouvernement de l'ost, et dist : Sire, certainement ce sont les gens que je veisse oncques qui plus font a prisier et a doubter. Par mon chief, dist le duc, il muet ces deux freres de grant honneur et de grant vaillance de venir de si loingtain pays querir adventures et secourir le roy Fedric contre les ennemis de Jhesucrist. (ARRAS, c.1392-1393, 179). Les barons qui viennent au mandement et service du roy doivent mener soubz leur baniere cent lances et cent hommes de trait du mains, et les banerez cincqte lances et cincqte hommes de trait. Et qui mieulx le puelt faire, de tant fait il mieulx a prisier. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 239). ...et s'il vous surmonte comme un jaiant qu'il est au regart de vous, il ne vous puet tant fouler que le monde ne vous en prise trop plus que se n'aviez eu a faire a lui, car j'ai aux preux des armes oÿ compter que le gentil homme sans querelle foulé en armes est plus a prisier qu'il n'estoit devant (LA SALE, J.S., 1456, 151).

 

-

Priser qqn durement. "Faire grand cas de qqn, l'admirer" : Et Uriien et Guyon, son frere, faisoient tant d'armes que nulz ne les veoit qui durement ne les prisast. (ARRAS, c.1392-1393, 113).

 

-

Priser si peu/bien peu qqn. "Faire peu de cas de qqn, le mépriser, le craindre peu" : Quant le gallaffre de Bandas l'appercoit, si le monstre au roy Braidimont. Ne veez vous pas cel homme ? Par foy, je pense mieulx qu'il soit plains de maligne esperit qu'il soit homme naturel. Comment, dist Bradimons, se pour cestui sommes esbahiz, le remenant nous prisera et doubtera bien pou. (ARRAS, c.1392-1393, 137). Mais, pour pitié que j'ay de mettre a mort un si vaillant chevalier que tu es, je te donne congié, va t en. Et, pour l'amour de toy, je quicte les gens de ton pere jusques a un an le treu qu'ilz me doivent. Quant Gieffroy ouy que cil le prisoit si pou, si fu moult doulent. Si lui dist : Meschant creature, tu as paour de moy. De ta courtoisie ne t'ay je cure, car tu le fais par doubte. (ARRAS, c.1392-1393, 246).

 

-

Priser qqn pour tel : ...toutesfoiz jugea elle tantost qu'il estoit tresgrand clerc, mesmement qu'elle l'oyoit priser et renommer pour le plus sage de toute la cité. (C.N.N., c.1456-1467, 569).

 

2.

(Ne) priser qqn/qqc. + subst. marquant une valeur minimale : Je ne pris voz diz ne voz faiz, Si m'aist Diex, ce festu ci. (Mir. nonne, 1345, 319). Princes, barons, ducs, chevaliers, Il est venu .II. gondaliers En la noble cité de Romme, Qui ne prisent pas une pomme Nos sacrefices ne nos Dieux, Et sy ont fait voler lez yeux A nostre amy, maistre Symon. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 135). Vous estes beste, et ne prise point votre amour ung blanc. (C.N.N., c.1456-1467, 176). Se Franc Gontier et sa compaigne Elayne Eussent ceste doulce vie hantee, D'oignons, cyvotz, qui causent forte alaine, N'acontassent une bise tostee. Tout leur maton ne toute leur potee Ne prise ung ail, je le dy sans noisier. S'ilz se vantent couchier soubz le rosier, Lequel vault mieulx ? Lit costoyé de cheze ? Qu'en dictes vous ? Faut il ad ce muser ? Il n'est tresor que de vivre a son aise. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 117). SAINCT MARTIN. (...) Voz tourmens ne prise ung festu, Car j'ay heu si grant pascïence Qu'a grant payne ai ge rien sentu (LA VIGNE, S.M., 1496, 347). SAINCT MARTIN. Tout cella je ne prise ung cart, Car en Dieu tousjours je me fie (LA VIGNE, S.M., 1496, 348). Conclusion : personne ne congnois Plus maleureuse que la myenne sur terre : Pour quoy ma vie je ne prise une noix. Pendre me vois et estrangler grant erre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 374). SAINCT MARTIN. Le degré ne prise une maille Ne ne le prens de mon bon gré. (LA VIGNE, S.M., 1496, 416).

 

3.

Priser qqn. "Louer qqn" : Elle [Male Volonté] veist bien Verité, la loyale et feable conseilleresse, mais n'en tenoit gueres de compte, ainsoys se moquoit d'elle a la foys pour ce que elle estoit souvent haÿe, dejectee et defoulee, comme fole et nice ; et elle, ainsy habituee de dissimulacion, estoit louee, prisee et pompeusement remuneree. (GERS., Noël, p.1404, 305). "Si vous me povez dire les choses que j'espere sçaver de lui, vous serez louez et prisez de moy ; pour ce efforcez vous en dedans demain". Ilz ne peurent sçaver, ne penser que c'estoit et y ala et les rendit confuz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°). LA SECONDE PUCELLE. O per sans per, pere par preference, Parent aux preux, pourpris par precellence, Prisé partout en commun auditoire ! (LA VIGNE, V.N., p.1495, 170).

 

-

Prov. : Tant vault l'omme comme on le prise (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 52).

 

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Priser qqn de qqc.

 

.

"Louer, féliciter qqn de qqc., être reconnaissant à qqn de qqc." : ...par lesquelles disoit de par ledit duc, qui l'a advoué, que à bonne et juste cause avoit fait mourir le duc d'Orleans, et en devoit estre prisez et remuneré d'amour, d'onneur et de richesses. (BAYE, I, 1400-1410, 222). Le dimence ensievant, le duc de Cleves porta ung abillement que avoit fait faire a la mode de Lombardie, dont Milannois moult fort l'en prisarent (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 244).

 

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"Juger qqn digne de qqc., l'en investir" : MAIRE. Dieu de bonne heure vous fist naistre D'estre d'un tel siege prisé, Par lequel vous pourrez en estre Loué, non mye desprisé. (LA VIGNE, S.M., 1496, 415).

B. -

"Évaluer qqc."

 

1.

Priser qqc. : Mais le contraire est voir ; car, quant la passion, si comme seroit la bateüre, est mesuree et prisee ou contrepesee, donques ce que un a souffert est appelé damage et ce que l'autre a fait est appellé proffit quant a lui. (ORESME, E.A., c.1370, 289).

 

-

"Estimer, donner une valeur à qqc. qui doit être vendu, mettre à un certain prix" : ...la valeur dudit anel d'or, prisié par les orfevres et perriers dessus le pont à IIIJ fr. et demi (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 323). ...je leur avoie fait faire serment solennelment que bien loyaument et justement à leur povoir priseroient et peseroient les choses dessusdictes. (BAYE, I, 1400-1410, 177). Appoincté que les buefs seront prisiez et estimez par gens expers et congnoissans (FAUQ., II, 1421-1430, 54). ...Guillaume de la Heuce s'est constitué acheteur d'une hopellande à usage de femme (...) prisée IIIJ livres XVJ solz parisis (FAUQ., II, 1421-1430, 346). ...Huchon le Maistre et Pierre Dugardin, priseurs jurez de la ville de Rouen, après le serement solempnel par eulx fait de priser loyalement les mesnage et utencilles d'ostel estans en la maison où demeure ledit Huguet Aubert, ont veu et visité, prisé et estimé lesdiz mesnage et utencilles (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 111).

 

-

Priser + prop. inf. "Estimer que" : ...de laquelle croce et baton ilz prisoient et estimoient chascun marc valoir VIIJ libvres tournois. (BAYE, I, 1400-1410, 177).

 

2.

"Évaluer le prix d'un travail" : ...j'ay fait commandement et les ay fait jurer de bien, justement et loyaument priser et estimer toute la maçonnerie de ladicte Loge. Lequel prisaige et estimacion ilz ont fait (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 228). ...le maistre des oeuvres, Jehan de Merin et autres charpentiers jurés qui furent pour prisier la besongne de charpenterie que ledit Jehan de Main a faicte soubs ledit pont (Comptes Paris M., t.2, 1470-1471, 279).

II. -

Empl. pronom. Se priser. "S'estimer" : Osté li avez la plus belle Chose qu'elle en son corps eust Et dont miex priser se deust : C'est pucelage. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 114). Il est verité qu'il a pleu a Dieu que fortune m'a a ce meu que par vostre haulte prouesce je sui desconfiz et suiz vostre prisonnier. Et vrayement je ne m'en prise ja moins, quelque dommage que j'en doye avoir, car il a en vous tant de bien, de honneur, de vaillance et de prouesse que de vous veoir ne puet on fors amender. (ARRAS, c.1392-1393, 167). Sur toute riens moult fort [les Vertus] menassoyent le desloyal tirant Pechié, disant que ce chetif et maleureux et souillart mal y vouldroit venir, et que riens ne se prisoyent se devant elles ou aprés en son logis y entroit. (GERS., Concept., 1401, 406).

 

-

Petit se prise. "Il est modeste, humble, réservé" : Avis m'est a sa contenance Qu'il est homme de penitance ; Petit se prise. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 21).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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