C.N.R.S.
 
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     PENDRE     
FEW VIII pendere
PENDRE, verbe
[T-L : pendre ; GD : pendre ; GDC : pendre ; DÉCT : pendre ; FEW VIII, 173a,179b : pendere ; TLF : XII, 1313b : pendre]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Suspendre, fixer qqc. par le haut de manière que la partie inférieure reste libre"

 

-

Pendre qqc. qq. part : Tenez, pendez les la [ces escarboucles], seigneurs Devant l'ymage. (Mir. pape, 1346, 396). ...ça ! pendons ly premiérement Au long du costé ceste cy [la plateine] Et ceste autre deça aussi (Mir. st Lor., 1380, 180). ...il doit pendre la charroigne en un arbre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 264). ...[il] tira une dague que un escuïer avoit pendue à sa sainture hors de la gaigne (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 190). ...icellui Thevenin print et emporta des biens dudit defunct environ demie-aulne de blanchet, qu'il pendi à sa sainture (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 87). ...il print les brayes du prestre qu'il avoit, et les pendit en sa sale (C.N.N., c.1456-1467, 334). Il me fault cestuy [titre] ycy pendre Ou est escript : "Larron Dismas", Et a se lieu : "Larron Gestas". Ces deux leur titre fait confus (Pass. Auv., 1477, 215).

 

-

Pendre un sceau à. "Attacher un sceau à un parchemin au moyen d'un ruban" : En tesmoing desquelx choses, nous avons mis et pendu à ces lettrez le seel de la dicte baillie (Hist. Lille T., t.2, 1391, 474).

 

-

Part. prés. : Lequel homme arrivé a nous, incontinent attacha son esquif aux cordes pendans de nostre nave et monta treslegierement a nous. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 147).

 

.

Cheveux pendants. "Cheveux plats (non bouclés)" : Les cheveux noirs et crespes segnefient homme melencolieux, luxurieux, malpensant et fort large. Les cheveux pendans segnefient sens avec malice. (Comp. kal. bergiers, 1493. In : Chrestom. R., 265).

 

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Sceau pendant. "Sceau fixé sur une queue, et non plaqué directement sur le document" : ...lectres de son roy ou de prince royal, a seel pendant (LA SALE, J.S. E., 1456, 272).

 

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Sourcils pendants. "Arcade sourcilière proéminente" : [L'autour] de Perse est gros, bien emplumé, les yeux clers, concaves et enfoncés, surcilz pandans (TARDIF, Art faulconn., 1492. In : Chrestom. R., 236).

 

-

Part. passé : ...car se une chose pesante, et soit .b., est pendue a une longue corde, se l'en la boute avant, elle branlle et va et vient et fait pluseurs reflexions tant que finablement elle repose au plus droit et au plus pres du centre que elle peust. (ORESME, C.M., c.1377, 572). ...puiz fit deschaucer l'un de ses esperons dorez et ly fit chaucer par l'un de ses gens, et ly ceindre une ceincture où estoit pendu un cousteau long pour espée. (BAYE, II, 1411-1417, 245).

 

-

Part. passé en empl. adj. [D'un objet] Pendu de. "Muni d'un cordon qui sert à suspendre, à accrocher" : ...2 autres grans flacons dorez et esmailliés, penduz de tissuz de soye embouclez et ferrez d'argent (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 320).

 

-

[Un animal] "Suspendre (pour soigner)" : Mais s'il avient qu'il [mon cheval] se desferre, .X. hommes faut, quant on le ferre : Li uns sache, li autres boute. Chascuns le fuit, chascuns le doubte ; Et loiez est à .IIIJ. estaches Dou travail ; et vueil que tu saches Qu'on n'i fait riens, s'on ne le pent. En Ynde n'a si mal serpent Qu'on ne ferrast plus de legier. (MACH., Compl., 1340-1377, 265).

 

.

[Dans un piège] : La doit il tendre ses cordes en telle heure que encore en soit il penduz. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 289).

 

-

[Un corps] : Si comme en aucune cité ou policie il est ordené que les corps de ceulz qui sont homicides de eulz meïsmes soient trahinéz et pendus ou jectés es champs senz sepulture. (ORESME, E.A.C., c.1370, 326).

B. -

Pendre qqn

 

1.

[Sur le bois de la croix] : ...par Juifs deshonnorez Fu tant qu'en la croiz le pendirent (Mir. st Sev., 1362, 217). Venés i(l) sans tarder, sur pene de l'amende, Droit ou mont de Calvaire ou l'on veul Jhesu pendre (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 201). Vueilliez tousjours ces larrons pendre Et dedans leurs croix atachier. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 189). Il a trahit nostre bon maistre, Et l'a mis a ung si mal estre Qu'il est jucgé a pendre en croix Entre deux faulx larrons maulvaiz. Et maintenant on le va pendre. (Pass. Auv., 1477, 184). SAINCT MARTIN. (...) Respondez moy si le doulx Cruciffis Qui pour nous tous fut en l'air estendu Et sur la crois percé, cloué, pendu, S'il n'eust esté Dieu et homme parfait, Je vous demande s'il alors il eust fait Le droit rachapt de tout l'umain lignage. (LA VIGNE, S.M., 1496, 336).

 

-

Pendre qqn par les pieds / aux cheveux : ...Ou soit noié comme fut Narcisus, Ou aux cheveux comme Absalon pendus [Absalon resta suspendu par sa longue chevelure aux branches d'un arbre] (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 58). ...puis fut pendu par les piedz au debout de la Tour de l'Aureloge (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 161).

 

2.

"Suspendre qqn par le cou au moyen d'une corde pour le faire mourir par strangulation" : Et dit qu'assez mieus ameroit, Qui de ce a chois le mettroit, Qu'on le pendist ou traïnast, Qu'on l'ardist vif ou escorchast, Que ce qu'il fust en la saisine De la joie qui tant est fine. (MACH., D. verg., a.1340, 40). Car tuit Juïf furent destruit, Li uns pendus, li autres cuit, L'autre noié, l'autre ot copée La teste de hache ou d'espée. Et meint crestien ensement En morurent honteusement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 145). ...que ses gens et ly Prengnent Hardré en celle place, Et qu'au gibet mener le face ; La soit penduz. (Mir. Amis, c.1365, 40). ...nous vous requerons Qu'il soit jugiez selonc la loy De Chipre ; car, par Saint Eloy, Puis que son fait prouver ne puet, Drois commande et raisons le vuet ; Et la loy de Chypre s'acorde Qu'il soit pendus à une corde, Comme traïtres condampnés ; Ou mis aveques les dampnés, En prison ou en chartre obscure, Sans jamais veoir creature. (MACH., P. Alex., p.1369, 252). Pour ce pent l'en les larrons afin que la policie ou la communité en soit purgiee, et afin que les autres se corrigent par tel example, et que la painne de un face paour a pluseurs. (ORESME, E.A.C., c.1370, 533). Veu lequel procès et confessions faites par icellui prisonnier, avec leurs advis et oppinions desdiz conseillers, icellui mons. le prevost condempna ledit prisonnier, et en sa presence, à estre pendu comme larron. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 194). ...messire Pierre des Essars, qui, passé a IJ ou IIJ ans, avoit esté par certains commissaires condempné à estre trayné et decapité et pendu (BAYE, II, 1411-1417, 245). ...tantost commanda qu'il fust pendus à un arbre à le veue de tous (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 100). On vous pendera d'un las ron (Pasté T., c.1475-1500, 209).

 

-

Pendre au gibet : ...pour IJ clers, l'un maistre en ars, l'autre bachelier en ars en ladicte Université, qu'il [le prevost de Paris] avoit pendu ou fait pendre au gibet de Paris (BAYE, I, 1400-1410, 205). ...vous en aurez vostre payement, car vous en serez au gibet pendu ! (C.N.N., c.1456-1467, 450).

 

-

Pendre par la gorge : Et se j'estoie tel personne Que j'en deüsse vengement Prendre ou faire d'eaus jugement, Les dames bien en vangeroie. Mais ne m'affiert ; et toute voie, Qui les penderoit par la gorge Ou de coustiaus de bonne forge Corps et membres leur escorchast Et de bon sel les arrochast, Et puis fussent de chiens mengiez, N'en seroit il pas bien vangiez ? (MACH., D. Lyon, 1342, 201). ...le bailly, si tost qu'il le vit, dist et jura par ses bons dieux qu'il seroit pendu par la gorge. (C.N.N., c.1456-1467, 450).

 

-

Pendre haut et court : Aprés qu'on eult bien son cas suspendu, Devant chascun qui que veoir le voulut, Le povre gueux fut hault et court pendu A ung gros arbre, quelque bon corps qu'il eult. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 158).

 

-

[Dans un tour imprécatoire, une formule de malédiction] : Je te pri que tu m'en delivres [de mon cheval], Car, se Dieus me gart, pour cent livres Autretant ne le garderoie Con gardé l'ay : trop fort m'anoie. Se tu le vues, je te le dong, Qu'il ne vaut .J. pourrit ongnon. Pendus soit qui le m'amena ! Et Dieus gart qui le me donna ! Car, par Dieu, se tel le sceüst, Envoié ja ne le m'eüst. (MACH., Compl., 1340-1377, 265). Trop est de put afaire, trop a la main escherse ; N'a si mauvais villain de Paris jusqu'en Perse. De Dieu soit il maudis et tués d'une herse, Ou decopez par pieces com la terre c'on herse, Et com le laboureur la fent, quant il la berse, Ou pendus au gibet de la ville de Merse. Dyables en ait l'ame ; ja Dieus ne la renterse. Et la char soit aus leus : s'iert pour euls bonne aerse. Si buvrons dou milleur, sans nulle controverse, Quant en enfer sera nostre partie adverse. (MACH., Compl., 1340-1377, 266). Et dont viens tu ? c'on te puist pendre ! M'as tu bien fait icy muser ? (Mir. nonne, 1345, 319). Hé ! sire, qui en a pitié Pendu soit il ! (Mir. marq. Gaudine, 1350, 147). Non, Dieu ! mais se t'en donne point, Pendre me puist on d'une hart. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 236). QUART. Laissez m'en paix, vous me tannez ! Que pendu soi ge d'une corde ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 283).

 

-

Mieux aimer estre pendu que + subj. : ...et, en venant à Paris, Beaubarbier dist à lui qui parle qu'il ameroit mieulx estre pendus qu'il venist à Paris ainsi mal vestus qu'il estoit, et Le Normant devant dit feust si bien vestus qu'il estoit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 62).

 

-

Empl. abs. [Valeur active ou valeur passive ("être pendu")] : Qui a tort prent il prent la vie. Au prendre s'ensieut souvent [pendre]. Fuïr vieus le pendre ? Fui pr[endre] ! (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 110). Et qu'il le face couvenir Et en sa presence venir, Et se il le puet tel trouver Qu'il puist ceste chose prouver Qu'il les face tous sans atendre Morir et escorchier et pendre ; Car bien l'aroient desservi S'il l'avoient einsi servi ; Et se prouver ne le povoit, Li princes disoit qu'il devoit Pareille peinne recevoir, Se li roys faisoit son devoir. (MACH., P. Alex., p.1369, 250). ...le clerc mort et descoloré comme ung homme jugié a pendre, si va dire... (C.N.N., c.1456-1467, 94). ...ilz ne l'amoient gueres, mais le menassoient tousjours de pendre, s'ilz le povoient tenir. (C.N.N., c.1456-1467, 449). ...sitost que le bailly me tiendra, il me condemnera a pendre (C.N.N., c.1456-1467, 450). J'ay veu leur coupper les oreilles, Pendre, brusler, estre destruict (S. fol, c.1480-1490, 7).

 

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Prov. Il convient rendre ou pendre. "Il faut rendre ce qu'on a pris, sous peine d'être pendu" : Et si convient ou rendre ou pendre (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 16). Trop bien nous en deust souvenir, Quë une fois fault rendre ou pendre, Ne point ne nous scaurons deffendre. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 58). Il couvient rendre ou pendre (Path. D., c.1456-1469, 124). Car enfin convient rendre ou pendre. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 724). On dit qu' il fault ou pendre ou rendre. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 127).

 

Rem. Autres ex. ds DI STEF., 665b.

 

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Prov. Qui doit pendre, il ne peut noyer. "On n'a pas le choix de son sort (littér. : si l'on est promis à la pendaison, on ne peut choisir d'être noyé)" : Mais on dist .j. parler souvent en réprouvier : Que li hons qui doit pendre ne doit mie noïer. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 418). Qui doibt pendre, il ne peult noyer. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 63). [Autres ex. p.595, 652, 665]

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 24865.

 

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Prov. Sept ans accru et puis pendu. "Les revers de fortune sont inévitables" : On dict en ung commun langaige, Sept ans acreu et puis pendu [var. fendu] (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 306).

 

-

Empl. pronom. réfl. Se pendre. "Se suicider par pendaison" : ...amez Cuiday estre, quant amis fui clamez Trés doucement. Helas ! dolens ! or est bien autrement, Quant ma dame aimme autre nouvellement. Et puet on pis, dame, s'on ne se pent ["à moins de se pendre"] ? Certes, nennil ! Car c'est pour mettre un amant a essil ; N'eschaper hors de si mortel peril N'en devroit pas un d'entre cinq cent mil. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 96). N'en parlons plus, car l'air empire De parler de si vil matire, Car il valent, tant vous en di, Pis que Judas qui se pandi. Grant meschëance leur avengne ! Dites : "Amen ! Dieu en souveingne !" (MACH., D. Lyon, 1342, 201). ...s'amie estoit mariée Au plus vaillant de la contrée, Et estoit ja grosse d'enfant. "Haro !" dist il, "li cuers me fent. Hé ! Mors, que ne me viens tu prendre ? A po que je ne me vois pendre !" Lors prist ses cheveus a tirer, Et puis sa robe a dessirer. Quant sa gent einsi le veïrent, Isnelement avant saillirent, Dont chascuns forment l'agrapa ; Mais par force leur eschapa. (MACH., J. R. Nav., 1349, 215). Il se pent trestous vifz c'on ne le fait armer ["Il est prêt à se pendre pour de bon parce qu'on ne l'arme pas"] (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 59). La Court a reservé la cause d'entre le procureur du Roy, d'une part, et chapitre de Paris, d'autre part, pour cause d'une femme qui s'est pendue en la rue Nuefve Nostre Dame. (BAYE, II, 1411-1417, 192). Maryer ! disoit il ; j'aymeroye mieulx me aller pendre au gibet (C.N.N., c.1456-1467, 491).

 

-

Part. passé : ...soubz umbre de ce que on a trouvé ledit Thouet pendu en son hostel (FAUQ., III, 1431-1435, 6).

 

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Estre pendu à la justice du roi. "Être exposé à la suite d'une pendaison" : ...que icellui prisonnier, comme traytres du roy et larron, fust punis, c'est assavoir : trainé, decolé, et le corps et teste d'icellui pendu à la justice du roy nostre sire. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 125). ...en après les quatre membres d'icellui pendus aus quatre portes d'icelle ville de Paris, et le corps dudit Merigot pendu à la justice du roy nostredit seigneur, à Paris. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 208).

 

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Prov. Ci pris, ci pendu : Mal y venoyent pecheurs, traites et malfaiteurs qui forfaysoyent contre la magesté royale de Dieu, en trespassant sa loy et ses commandemens, car : cy pris, cy pendus. Bien tu l'esprouvas, o Lucifer, jadiz ange tres bel, car incontinent que le vent d'orgueil ot enflé ta pensee et tellement demenee que tu volus monter a l'equalité de ton Seigneur, tu qui estoyes fait pour le servir, point n'y ot de remede. Justice soudainement te lença et tresbuscha en [l']orrible prison d'enfer (GERS., Purif., 1396-1397, 61).

 

-

Part. passé en empl. subst. Pendu. "Celui qui est mort par pendaison" : ...et avoient esté trouvées les lettres royaulx dessirées soubz les piez dudit pendu. (BAYE, I, 1400-1410, 284).

 

-

Inf. subst. "Pendaison" : Qui a tort prent il prent la vie. Au prendre s'ensieut souvent [pendre]. Fuïr vieus le pendre ? Fui pr[endre] ! (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 111). Si m'est vis que la Chastelainne Ot plus de meschief et de peinne, Quant sans cause reçut la mort, Que n'ot cils qui se fu la mort Qui avoit desservi le pendre ; Et pour c'en fu sa dolour mendre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 238).

II. -

Empl. intrans.

A. -

"Être suspendu"

 

1.

Au propre

 

a)

[D'une chose] : En la chappelle de saint Pierre Pendent deux lampes (Mir. pape, 1346, 357). ...membre qui pent en l'entree du pallaiz (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 317). Une cainture qui pendoit Avoit cainte, dont les mordans Sembloient deux charbons ardans (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 105).

 

-

Pendre à : Et n'est pas proprement pesanteur, quar se un pertuis estoit de ci jusques au centre de la terre et encor oultre, et une chose pesante descendoit par ce pertuis ou treu, quant elle vendroit ou centre, elle passeroit oultre et monteroit par ceste qualité accidentelle et aquise et puis redescendroit et yroit et vendroit plusseurs foys en la maniere que nous voions d'une chose pesante qui pent a un tref par une longue corde. (ORESME, C.M., c.1377, 144). ...une houpelande de drap pers, sengle et courte, à usaige d'omme, qui pendoit à une haye où elle sechoit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 176). ...l'en ne povoit ne devoit icelle prisonniere espargnier que elle ne feust tournée ou pilory, ayant un chappiau sur sa teste, auquel pendroient certaines grappes de verjus (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 254). Lors tire une petite boyte pendant a sa couroye, ou son saufconduit estoit (C.N.N., c.1456-1467, 55). ...car vous savez bien que je n'en portay oncques la clef, mais pend a vostre cincture avecques les vostres (C.N.N., c.1456-1467, 383). ...sur lequel sercueil y avoit une grant couverture de veloux noir a tout une grant croix de satin blanc ou pendoient les armes du dict seigneur de costé et d'autre. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 310).

 

-

Part. prés. en empl. adj. "Qui pend, qui tombe" : ...briquet aus pendantes oreilles (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 385).

 

b)

[D'une pers.] : Encor y a un point plus fort : Qui le menroit aus fourches pendre En celle heure, sans plus attendre, Si seroit il reconfortez Et soustenus et deportez En esperence d'eschaper (MACH., J. R. Nav., 1349, 211).

 

-

Pendre en croix / à la croix. "Subir la mort sur la croix" : ...de nous ot tant cure et soing (...) Que pour nous en croiz mort pendi (Mir. st Val., c.1367, 162). Si qu'il avint, le Venredi Que Jhesu Cris en crois pendi, Qu'en parfaite devotion Et en vraie contrition, Cils damoisiaus l'aloit ourer. (MACH., P. Alex., p.1369, 10). Par cellui qui en croix pandit, Par le sang que Dieux espandit... (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 272). ...la croix ou le Dieu de nature Pendi pour nous (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 166). Vray et qu'on a jucgé Jhesus A pendre en croix au Mont Calvaire. (Pass. Auv., 1477, 177). O bon Jhesus, a qui je croy, Qui m'as ce jour a toy tiré, Quant tu pendies a le [l. la] croix, Benite soit ta charité ! (Pass. Auv., 1477, 252). SAINCT MARTIN. Mon benoist Dieu qui en crois volus pendre Et pour nous tous griefve mort entreprandre Pour nous gecter hors de perdicion, Affin qu'en moy n'y ait rien que reprendre, Veille mon cas, comme il affiert, comprandre, Car dessus toy gist mon entencion. (LA VIGNE, S.M., 1496, 248).

 

-

[Du pendu] Pendre au vent. "Être suspendu au gibet et flotter au vent" : Ainsi que l'escrevice ira Justice, et officiers verrons Pendre au vent des mauvais larrons. Le peuple sera tourmenté. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 546).

 

-

Au fig. [Avec jeu de mots] : ...la fille s'en alla bien courroussée qu'on ne pendoit bien en haste et bien hault celuy qui avoit pendu a ses basses fourches. (C.N.N., c.1456-1467, 162).

 

c)

[D'un oiseau] Pendre au bec : Et l'autre disoit : "Si n'a y Homme qui a li se compere, Ne dont tant de bien nous appere. Car il fu jusqu'a l'Aubre Sec Ou li oisel pendent au bec." (MACH., D. Lyon, 1342, 209).

 

-

[Du faucon] Pendre aval poing / arriere poing / de l'autre part du poing. "Être suspendu en contre-bas de la main du fauconnier" : Et les laissent a escient Pendre aval poing bien longuement. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 105). Si le resache telement Que de l'autre part du poing pent. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 153). [Sur ces tours, cf. gloss. de l'éd.]

 

.

Se pendre (aval poing) : Et aval le poing si se pent, A pou que le cuer ne li fent. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 99). Car a l'oysel fait mauvais tour ; Pour ce qu'il se bat et se pent. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 340).

 

2.

P. ext. [D'une chose] "Être comme suspendu"

 

a)

"Être attaché à" : ...le sang encore m'en pend au manteau (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 93).

 

b)

"Être en suspension (dans un liquide)" : ...la nue ou nebulle pent ou millieu de l'orine (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 317).

 

c)

[D'un château-fort] "Être comme suspendu qq. part" : ...ilz se voulsissent traire en fort chasteau de Lanchon (...) ; et sy est bien garnis et sy pent toute en aire. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 216).

B. -

[D'une construction] "Pencher" : Item, encore appert que une chose perfaitement droite a livel et droit assise sans pendre plus d'une part que d'autre, comme seroit une table .ab., est plus basse ou milieu que es bouz (ORESME, C.M., c.1377, 574). ...lequel mur pendoit et estoit en advanture de cheoir (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 598).

C. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers.] Pendre en qqc. "Être en attente de qqc. qui a toute chance de se produire (en gén. qqc. de menaçant)" : ...depuis xl ans encha que ly, cheu de fortune de bataille a dure perte, mené en captivité soubz forte main, pendant en dangier de raenchon non solvable... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 135).

 

-

Pendre en espoir. "Continuer à espérer" : Sy en ont les aucuns estez payez et sattisfais en ensievant leur merir et les aultres qui encor pendent en espoir en tireront le mesmes par perseverer en bien faire. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 141).

 

-

Pendre qqc. en danger. "Mettre qqc. en danger" : ...on mette en tourble ung royame entier, ne qu'on pende en dangier generale salut pour felicité particuliere. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 163).

 

2.

[D'une chose] "Être en cours, en suspens"

 

a)

[D'un événement, de ce qui se produit]

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 222 : ensi que che pendoit (37428 ; 37735).

 

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Et pendant. "Et pendant ce temps" : Entretant [var. Et pendant] pouriez les oiseaux Regarder (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 174). Et, ces triwes, quaraintaines ou respis pendans, chilh des linages deseurdis chevachoiient sovent fois ensemble (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 23).

 

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Ce pendant. "Pendant ce temps" : Item, ce pendant parlerent ensemble lesdis ambaxadeurs du Roy et messaiges desdis seigneurs d'un costé et d'autre (BAYE, II, 1411-1417, 119). Ce pendant prendrons nos esbatz. (Gent. Naudet T., c.1500, 278).

 

Rem. De plus en plus écrit en un seul mot pour former l'adv. cependant : Cependant j'oy desclichier La prise (MACH., D. Aler., a.1349, 274). Et cependant ilz firent mainte envahie aux Sarrazins (Bérinus, II, c.1350-1370, 181).... En partic. dans cependant que : Et cependent qu'ilz estoient en peril en mer, le papegau appella son nain et lui dist : ... (Chev. papegau H., c.1400-1500, 78).Graphies ce / se pendant que : ...Se pendant que vous vous dormiez. (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 301). ...Ce pendant que je pisseray. (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 319).

 

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Ce temps pendant. "Pendant ce temps" : ...et les requerir que, au moins, s'ilz ne veullent faire paix, ilz facent abstinence de guerre jusques à certain temps, afin que ce temps pendant on puist avitaillier et pourveoir la ville de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 253). ...moiennent que ce tamps pendant ne me ferés aucunement force de mon cors (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 772).

 

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En ce / en tel pendant. "Pendant ce temps" : ...dont moy passant par Valencines en ce pendant et qui tout cecy cognus et oys, le dis au duc mesme (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 43). En ce mesme pendant, sourdy un grand brouillis en Castille (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 95).

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 222 : Ensiment demorat la chouse en teils pendans Sans estre rins traitiés (38665).

 

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Sur ce pendant. "Pendant ce temps" : Sur ce pendant, Toison-d'Or retourna de devers le roy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 427).

 

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Le terme pendant. "Pendant ce temps" : Tout le terme pendant le roy Charlez se penat pour eulx accordeir. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 181).

 

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Demeurer pendant. "Rester en suspens" : Lesquelles choses demorèrent pendant et traynant par longs détours de temps (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 20).

 

b)

DR. [D'une cause, d'un procès] "Être en cours, en instance" : ...contemps et débat fust meu et pendist ou parlement dou roy nostre sire à Paris (Cartul. Laval B., t.2, 1377, 288). ...au procès qui pendoit par avant entr'eulx, d'une part, et messire Pierre de Villeinnes, d'autre part (BAYE, II, 1411-1417, 10). Cedit jour, maistre Nycolas Potin (...) a dit de par le duc de Berry que l'en eslargisse par Paris Guillaume Simon, et que l'en ly face justice sur le principal, qui ceans pent entre ledit duc et les habitans de Cugant et de Gastiné, d'une part, et ledit Simon, d'autre part (BAYE, II, 1411-1417, 240). Et est ce entendu quant la cause d'opposicion pend en la court souveraine, ou en celle dont est le juge ; car si elle estoit en la voisine, il fauldroit aller au loing. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, a.1458, 12). ...à cause desquelles terres et seigneuries pend procès en nostre court de Parlement, entre nostredit cousin de Dunois et nostre chière et amée cousine Marie de Harecourt, sa femme, à cause d'elle, le conte de Tancarville et le seigneur de Husson, demandeurs en matière petitoire (Doc. Poitou G., t.10, 1458, 80).

 

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Part. prés. "En cours, en instance, qui n'est pas encore jugé" : ...le Roy ordonnoit aucuns commissaires pour cognoistre des causes beneficiales, tant pendentes que à pendre en Parlement (BAYE, II, 1411-1417, 72). ...et pour occasion de quoy procés est pendant ceans entre lesdictes parties. (FAUQ., I, 1417-1420, 23). ...par vertu desquelles lettres les impetrans d'icelles s'estoient efforciez et efforçoient de renvoier ou faire renvoier par ung sergent par devant le Conseil du Roy à Rouan certaines causes pendans en la Court de Parlement (FAUQ., II, 1421-1430, 120). ...et aussi ne s'entremetteront aucunement de l'exercite et jurisdiction d'icelle loy, ne des jugemens qui se doivent faire par lesdiz eschevins et conseilliers, ne estre presens en la chambre desdiz eschevins quant ilz conseilleront ou jugeront les procès pendant devant eulx (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 96).

 

3.

[D'une chose qui peut ou qui doit se produire] "Être en instance de se produire, sur le point de se produire" : Dont, se tu es home de singulier dangier et de quoy on doit user par espargne, moy aussy je suy dame de singulier regart et de qui le cas pend en ung extreme. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 85).

 

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Pendre à l'oeil / à l'oreille. "Être en instance de se produire, menacer de se produire" : Il fault tous mourir, c'est assez. Priez dont pour les trespassez Car autant vous en pend a l'ueil. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 80). Dieu luy pardoint pourtant, Car quoy ! il nous en pend autant A l'oeil (Fr. arch. B., c.1468-1480, 34). Car tant m'en pent ores a mon oreille, Dont j'ay douleur et crainte nompareille (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 185).

 

-

Qqc. pend à qqn devant les yeux / aux yeux : ...la plus grant perte qui me puist advenir en ce monde, qui me pent devant mes yeulx... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 131). ...mais il n'estoit point adverty du mortel encombrier qui lui pendoit as yeulx. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 215). Sy nous tenez pour excusez, car il vous en pendt autant devant les yeulx ["la même chose risque de vous arriver"]. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 324). ...la destruction de leurs parens et amys leur pent aincoires devant leurs yeulx. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 870).

 

Rem. L. Sainéan, La langue de Rabelais, 1, 1922, 445.

 

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Qqc. pend à qqn devant l'ouïe : ...ains leur doit estre tousjours plus la mort que la vye pendant devant l'ouye. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 150).

 

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Qqc. pend devant : ...si ont dit qu'ilh ne trovent nule bien en l'evesque, et dient que li parelhe ["la même réaction que précédemment"] les pent devant ["les attend"] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.6, a.1400, 615).

 

4.

[D'une chose] "Dépendre de qqn ou de qqc."

 

a)

Qqc. pend de /en qqn. : ...et aussi l'advocat ne vient pas tous jours a son entente quant la vertu pent d'aucun autre. (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 229). ...et le tiers, en qui pendoit son retour... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 107).

 

b)

Qqc. pend à / de qqc. : ...qui est celui, se il est sage, qui seurement promet ["quel sage promettrait fermement"] ce qui pent de la muable legiereté de nature, quant il puet de legier estre de pluseurs causes empeeschié ? (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 231). Chescun mot que porte le nom de une chose par soy mesmes ou pendant d'un autre est appellé nom. (DonatOxf., p.1400. In : Th. Städtler, Zu den Anf. der frz. Grammatikspr., 1988, 133). ...et pui ce pent il [l'infinitif] d'un altre verbe si come je veul aymer. (Doc. c.1400-1420. In : E. Stengel, Z. frz. Spr. Lit. 1, 1879, 33). Employer nous y devons tous, Car nostre honneur y pend tres fort. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 368). ...Car le fait nostre honneur regarde Et y pend fort (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 382). ...afin que le conseil de vostre seigneur et de tous autres qui se fieront en vous soit loialment gardé et tenu secret, car a ce pend largement de vostre honneur et de ceulz qui autrement le font. (LA SALE, J.S., 1456, 77). ...vostre avanchement y pend [à votre départ] et le bien de la crestienté qui est mon singulier regard (...). ...le bien que je cognois, qui vous en est à avenir et au povre royaume, où vous allez, me fait consentir en vostre eslogne. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 124). Mesmes requist à son oncle par fortes instances et lui conseilla de n'y aller point, disant que sa vie y pendoit et de tous les siens. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 409). ...leur maleur ne pendoit point en duree a vie et (...) par consideration des eages et des personnes, il y avoit apparant [espoir] de mutacion en bien et de joyeux recoeuvre. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 125). Mieulx nous vauldroit faire tuer Qu'il y eust faulte de par nous. Employer nous y devons tous, Car nostre honneur y pent treffort. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 761).

III. -

Part. prés.

A. -

Part. prés. en empl. adj. "Suspendu"

 

-

Yauver pendant. "Réservoir d'eau suspendu" : Item, pour la sale il luy faut achater, pour la haulte desse, un grant doseur avecque les tapis bankeurs, quarreaux [- quissons -], tables, briches, table pour hanapes, bankes, chaiers, fourmes, scelles, aes, bacins, chauffouers, un yauver pendant (Man. lang. G., 1396, 49).

B. -

Part. prés. en empl. subst. "Attache qui pend à la ceinture" : ...une sienne bourse de drap velueau vert, estofée à pendans de soye et de sonnetes d'argent à l'environ, avec un gros bouton d'argent estant au bout d'icelle bourse (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 8).

C. -

Prép. "Durant" v. pendant2
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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