C.N.R.S.
 
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     PAYER     
FEW VII pacare
PAYER, verbe
[T-L : paiier ; GD : paier ; GDC : paier ; DÉCT : paiier ; FEW VII, 454a : pacare ; TLF : XII, 1225a : payer]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre "Verser à qqn la somme qui lui est due pour qqc."

 

1.

Payer qqn

 

a)

"Verser à qqn la somme due " : Sire de Lesparre, servi M'avez, que bien ay desservi, Et se je vous doy rien, paier Vous vueil tantost sans delaier ; Mais cure n'ay de vo service, Car trop y a danger et vice, Se la cause dire voloie. (MACH., P. Alex., p.1369, 225). ...j'ay creance et ferme foy Qu'il [Moussé] est paié : riens ne li doy. (Mir. march. juif, c.1377, 219). Et ledit hermite lui respondi : Amis, tu seras bien païé (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 473). Et dit sur ce requis que tele est la verité et non autre et aussi qu'il emporta iceulx biens sanz païer son hoste, duquel il avoit loué icellui hostel. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 413). ...le Roy est tenu de satisfaire, paier ou contenter les marchans estrangiers ou autres qui ont livré billon en ladicte Monnoie (FAUQ., II, 1421-1430, 242). Ha ! maistre, pour Dieu mercy, veillez moy dire, et je vous paieray bien, qu'on luy peut faire pour recouvrer santé [Un mari, au médecin] (C.N.N., c.1456-1467, 135). ...le galant qui estoit sur le poirier (...) luy defendit le partir, et luy dist : "M'amye, ainsi n'en yrez vous ; il vous fault bien premier paier le fruictier." (C.N.N., c.1456-1467, 309). ...allez veoir a ceste pouvre fille qu'on luy doit, et la paiez si largement qu'elle n'ayt cause de soy plaindre (C.N.N., c.1456-1467, 371). Si sont [les clous] mal faitz, il ne m'en chault. Aussi en serons mal payees. (Pass. Auv., 1477, 178).

 

-

[Contexte métaph.] : Bieneureuse est l'ame qui ainsy le fait ! Je afferme que tel hoste qui est tant riche, tant large, tant bon et gracieux paiera bien son hoste, et rendra bien le pourquoy en ce monde, et trop plus en l'autre. (GERS., Pent., p.1389, 85).

 

-

DR. Se tenir à / pour bien / mal paié. "S'estimer satisfait du réglement d'une vente, d'une succession..." : ...les diz vendeurs confessierent avoir eu et receu des diz acheteurs en bons deniers comptanz avant la confection de ces lettres, dont ils se tindrent enterinement pour bien paiez (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1333, 54). ...c'est assavoir ceste vente faite pour le pris et la somme de neuf livres parisis, forte monnoie courant ad present, que les diz vendeurs en avoient eu et receu des diz Robert Foulechat et Alés, sa fame, acheteurs, en bonne peccune bien comptee et bien nombree, avant la confection de ces lettres, sicomme il confesserent, et s'en tindrent a bien paiez pardevant les diz notaires jurez (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1337, 74). Desqueles debtes, lettres, pappiers, tailles et autres choses a lui delivrees, comme dit est, ycelui Gautier se tint a bien paiez pardevant nous, et en quitta et clama quittes a touz jours les diz relegieuz et prevost, leurs successeurs et touz autres a qui quittance en puet et doit appartenir. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1340, 96). [Nombreux autres ex. ds ce texte]

 

-

Payer qqn de / en qqc. (argent, monnaie, somme...) : Vous serez en l'eure paiez En bon or fin. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 260). Et dist que d'icelle monnoye il ne mist ou aloua oncques denier aucun, parce que quant il avoit aucune chose gangnié icellui Robinet le payoit de bonne monnoye et de bon argent. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 490). Lesqueles noces passées, il qui parle requist icellui Jehan Le Maire qu'il le voulsist païer d'icelle somme, lequel de ce faire fu refusant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 256).

 

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Payer qqn de qqc. (de ce qui est dû) : Oy tes comptes diligemment Et par ce verras clerement Ce que tu pues par an despendre Et ou tu dois tes rentes prendre, Et saras se ti receveur Sont bonne gent ou deceveur : S'il sont bon, tu es assez sages Pour eaus bien paier de leurs gages ; S'il sont mauvais, fai leur raison, Sans faire point de desraison, Mais adès dois plus ta puissance Tourner a pité qu'a vengence. (MACH., C. ami, 1357, 135). Cela feray je bien, monseigneur, dit elle, mais ce ne sera pas devant que vous ayez promis de moy paier de la gaigeure qu'avez perdue (C.N.N., c.1456-1467, 188).

 

.

[Double obj. direct] : Ne fault qu'i envoyer Gens seures qui le garderont ; Et les princeps les payeront Tout ce que vous ordenarés. (Pass. Auv., 1477, 272).

 

b)

En partic.

 

-

"Rémunérer, rétribuer qqn" : Aies toudis bonnes espies, Que qu'il couste, et ou tu te fies, Et les paie si largement Qu'il te servent hardiement, Par quoy tu saches le couvine Des annemis. Ceste doctrine Est la chose plus neccessaire Que je congnoisse en ton affaire (MACH., C. ami, 1357, 118). Les deus varlés moult bien paiay (Mir. femme, 1368, 205). ...sondit maistre estoit allez ès vignes pour païer ses ouvriers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 405). Lors firent les dessus ditz leurs demandes en la maniere qui s'ensuyt : c'est assavoir qu'ils requeroyent sortir leurs bagues sauves, et qu'ils seroyent payez pour trois moys en servant le roy, s'il luy plaisoit, ou sauf conduit pour eulx en aller a leur aventure. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 253).

 

-

"Rembourser qqn" : Ou se il devroit poier ou delivrer son crediteur qui l'en requiert, ou se il devroit secourir a son pere et le delivrer des mains des larrons se il y estoit. (ORESME, E.A., c.1370, 456). Car les prestans veulent bien que la vie de ceulz a qui ilz prestent soit sauvé, mais c'est pour grace de gaaing et pour estre paiéz. (ORESME, E.A., c.1370, 474). Je ne treuve homme qui me preste, Ains me dit chascun : "Paie moy." Las ! dolent, et je n'ay de quoy (Mir. march. juif, c.1377, 189).

 

2.

Payer qqc.

 

a)

[Obj. interne ; la somme due] : ...et que quant ilz trouvoyent les poulailliers fermez, qu'il les rompoient, et esdiz poulliers prenoyent tout ce qu'il leur sambloit bon, sans en païer denier ne maile aucune (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 148). ...s'il lui vouloit païer les deux frans qu'il lui devoit, que ladite tasse il lui renderoit et autrement non. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 447). Item, touteffoiz que il y a pasnage en ladicte forest, chacun desdiz hommes pevent envoïer ses pors, par empaïer de six pors six deniers, et se il en y a sept, le roy y en aura ung (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 96). ...car mesme derriennement, l'an passé, falu que chascun feu paiast LVIIJ frans (BAYE, II, 1411-1417, 12). ...ycelle Court condempna ledit maistre Phelippe de Vitry à paier cent solz à emploier ou fait de la chappelle de la grant sale du Palais (FAUQ., II, 1421-1430, 218). ...[l'official] le condemna a paier une bonne somme d'argent. (C.N.N., c.1456-1467, 531).

 

-

[La somme avancée, la dette, ce qu'on doit...] : ...pour avoir son paiement de ce qu'il avoit poié ["de la somme qu'il avait avancée"] (Mand. Ch. V, D., 1366, 169). Semblablement, celui qui n'est juste, mais injuste, il peut bien paier ce que il doit, mais ce ne fait pas justement ne delectablement. (ORESME, E.A.C., c.1370, 322). ...un marchant qui avoit emprunté argent d'un juif a paier a jour nommé l'avoit bien et deuement paié, combien que le juif lui reniast (Mir. march. juif, c.1377, 171). Au juif as paié moult bien Quanques tu avoies du sien Et a jour nommé (Mir. march. juif, c.1377, 219). ...je suis content de paier voz despens. (C.N.N., c.1456-1467, 336). Simon, on dit Q'un usurier deux debteurs avoit. L'un cinq cens deniers luy devoit, L'aultre cinquante a payer ; Tous deux n'avoient pas ung denier. (Pass. Auv., 1477, 153). ...car les XXX solz n'en valoient que dix de forte monnoye, et le peuple ne povoit païer ses debtes et la merchandise ne valoit riens. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 125 r°).

 

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[Contexte métaph.] : Las, pouvre, j'en pers ma coronne, Payent la somme Du fruit maulvaiz que tu [Adam] mangis ! (Pass. Auv., 1477, 246).

 

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[Le prix de qqc.] : ...mais il [César] paya les pris des terres, sur quoy les chasteaulx furent fais, a ceulx a qui elles estoient. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 58).

 

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Payer l'écot / son écot : ...quant en la taverne va, S'il avient que point d'argent n'a De quoy l'escot qu'il fera paie... (Mir. st Alexis, 1382, 348). Puisque nous ne savons trouver moien de payer nostre escot par ce qui est mis en termes, je [vous] diray que nous ferons (C.N.N., c.1456-1467, 376).

 

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Payer (une amende, un impôt, un tribut...) : Encore y a chose qui m'est po belle, C'est maletoste et subcide et gabelle, Foible monnoie et imposition Et dou pape la visitation. Or faut paier pour .VIIJ. ans les trentismes Et sans delay pour le roy .IIJ. disismes. (MACH., Compl., 1340-1377, 251). Apres ce fu di et traitié Que li rois aroit la moitié En tout le profit dou commerque Que marchandise paie et merque. Commerque est une imposition, Et sachiez qu'en la region De toute Surie et d'Egypte N'a cité ne ville petite, S'on y marchande qui ne paie De X. deniers un ; c'est la paie Qu'on paie tout communement Par tout et especiaument À Sur, à Baruth, à Sajette, À Alixandre, à Damiette (MACH., P. Alex., p.1369, 173). Je croy qu'oy avez assez Qu'il n'a Crestien en tout le monde, Puis qu'il passe la mer parfonde, Pour faire le très saint voiage Qu'au soudan ne paie trevage : Car de V. florins de Florence Rachete son chief sans dobtance. Li roys molt grant courrous en a : Pour ce fist tant qu'on ordena Que desormais chascuns iroit Franchement et quittes seroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 174). Acquitee est du truage, Que payer faut a cel passage. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 104). Aprés les .X. ans, ne vouldrent poier trehu ausdiz Rommains (Honn. cour. Fr. P., 1418-1420, 46). Au mains, dit elle, savez vous bien qu'il me fault paier le disme... ? (C.N.N., c.1456-1467, 218).

 

-

[Contexte métaph.] : Qu'en puet dont mes cuers, s'il s'esmaie ? Car navrés sui de mortel plaie Pour amer d'amour fine et vraie ; C'est le treü De mon service c'om me paie. Helas ! ci ha dolante paie ; Car nes d'un semblant qui m'apaie Ne m'as peü. (MACH., Compl., 1340-1377, 248). Las ! or langui en grief attente Et vif en pensée dolente : C'est le guerredon, c'est la rente Qu'Amours me paie. (MACH., R. Fort., c.1341, 49). Et Dieus pais et honneur li doint Et de paradis la grant joie Tele que pour moy la voudroie. Mais pour ce que je ne vueil mie Que m'amende ne soit païe, Pour la paier vueil sans delay Commencier un amoureus lay. (MACH., J. R. Nav., 1349, 282). Vien ça, Gestas, payer l'esmende De tous les maulx que tu as fait. Sur tous larrons tu as mesfait, Et pour ce te fault il morir. (Pass. Auv., 1477, 207). [Du Christ expiant les péchés des hommes par sa mort] Tout ce qu'estoit de moy escript Tout est consommé, car l'esmende Du premier peché est payee ! (Pass. Auv., 1477, 223).

 

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[Des gages] : ...le graphier de Parlement a acoustumé estre paié de ses gages sur les amandes dudit Parlement (BAYE, I, 1400-1410, 176). ...sera dit par le graphier de par la Court à cellui ou celx qui paient les gages des dessusdiz que pour un chascun retiegne J escu (BAYE, I, 1400-1410, 324).

 

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Empl. pronom. à sens passif. : ...et les pensions et gaiges annuelz, les lieviages et les sentiers et choses semblables ne se pevent bien ne justement tauxer ne payer, comme il a esté et est de présent. (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXI).

 

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[Contexte métaph.] : Li corbiaus dit que non fera Et que jamais ne cessera Tant qu'a Phebus ait recité De Coronis la verité. Il fiert de l'ele et si s'en vole. N'a pas esté a bonne escole, (Car il avient souvent contraire De parler quant on se doit taire), Si qu'il en ara tele paie Comme Raison aus jengleurs paie, Au mains a ceulz qui ont a faire A gens qui sont de bon affaire. (MACH., Voir, 1364, 698).

 

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Payer qqc. à qqn : Cogneut aussi, elle qui parle, avoit acheté dudit Brun IX aulnes de nappes mouilliées, dont elle païa à icellui XIIIJ s. par. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 160).

 

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Payer qqc. (argent, monnaie, somme...) de qqc. : Vous n'en paierez ja denier Et si seront vostres tretoutes. (Mir. prev., 1352, 242). ...et du vostre aussi a il Par autelle voie un courtil Dont oncques denier ne paia (Mir. prev., 1352, 252). Or ça, combien en paieray [de la lettre] ? Dites, et je le paieray Voulentiers (Mir. roy Thierry, c.1374, 323).

 

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Prov. : Rien ne paye qui n'a de quoi. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198). Qui 'y fie, paie la fole enchere. (Epître Romains M., c.1475, 180).

 

b)

[Obj. externe ; ce qu'on achète, ce dont on bénéficie (objet acquis, service rendu...)] : ...par foy, s'il [nostre espousé] ne s'emble, Nostre desjuner paiera (Mir. chan., c.1361, 176). Le jour aprés nous en alames, Son pellerinage paiames. Mais la belle, par saint Liefroi, Vault chevauchier mon palefroi, Dont si fort l'aim et amerai Que jamais ne le venderai. (MACH., Voir, 1364, 332). ...ilz se recordent bien que d'iceulx Brun et Raoulet ilz ont, par plusieurs et diverses fois, acheté plusieurs menues robes, comme petites costes, chauses et chapperons, pos, plaz, escuelles, lesquelz ilz achetoyent bien et raisonnablement, et les payoient (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 160). ...[ils] burent une choppine de vin blanc à quatre deniers parisis la pinte, et laquelle choppine que ilz burent icelui qui n'a que une main païa. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 448). ...il me fault paier la cotte simple de satin ! (C.N.N., c.1456-1467, 189). ...il me fut dit depuis que le blé fut payé (C.N.N., c.1456-1467, 292).

 

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[Gérondif] Par payant qqc. "Moyennant le paiement de qqc." : Vous nous faictes cy mencion D'estre faulsaires et baveux parpayant [l. par payant] ung vin gracïeux : Je ne sçay quel vin ne quel saulse, Mais, s'il fault que mon ser(e)ment faulce Pour devenir menteur en fin, J'en auray ung si bon loppin Qu'il n'y fauldra pas retourner. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 896).

 

Rem. Cf. T-L 7, 175, 31.

 

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Paier la lamproie. "Prendre à sa charge une gratification" ; d'où "en être pour ses frais" : Mais toute ceste compaingnie Tient le contraire et le vous nie. Et pour ce bien dire pouez Que vous n'estes pas avouez ; Si devez paier la lamproie. De ce plus dire ne saroie, Qu'on ne puet bon argüement Faire seur mauvais fondement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 243). Amis, par saint Symon, Vous m'avés fait un long sarmon Adfin que ma dame ne voie. Mais vous paierés la lamproie, Car vous n'estes pas advoés, Ne consillier ne me poés Tel conseil qu'il n'i hait deffaut, Quant vous savés bien qu'il me faut Aler au doulz commandement De celle qui j'aim loialment. (MACH., Voir, 1364, 646).

 

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Paier son bec jaune. "Régler le montant de sa bienvenue, notamment à l'université"

 

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P. métaph. : J'ay mon bec jaune poié trop folement Jusques à ci, mais je ne le plain mie, Pour tant que nulz n'est sages, s'il n'aprent ; Et j'ay apris à connoistre m'amie, Car elle m'a sa foy à tort mentie. (MACH., App., 1377, 642).

 

3.

Empl. abs. : PREMIER SERGENT. Mais qu'ilz [des florins] soient d'or, bons et fins. A quant paier ? PANTHALEON. En l'eure, pour vous appaier : Tendez la main. (Mir. st Panth., 1364, 342). Apostumes, clouz, boces, enfonture Ne mal des yex, qui clarté fait obscure, Tout ce n'est que soulas, à droit jugier, Envers soussi de povre mesnagier. Car quant il doit, il est par tout semons Et faust que tost poie, quoy qu'il endure ; Et s'on li doit, si pert il ses raisons, Pour ce qu'il n'a de quoy son droit procure. (MACH., App., 1377, 645). ...a celui jour que me donrras Terme de paier tu ravras Tout ton avoir. (Mir. march. juif, c.1377, 191). ...[il] lui pria et requist qu'il le voulsist enseigner aucun marchant duquel pour un sien ami marchant demourant à Aucerre, il peust avoir aucunes denrées, et marchandises à creance, par payant à certain terme à venir, et que pour seurté de bien païer, il bailleroit bons pleges et caucion receant demourant à Paris. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 488). ...ycellui de Grant Rue lui avoit dit qu'il le vendroit ce pris et riens moins, et que voluntiers il donneroit terme de païer, mais qu'il eust bons pleges et caucion demourant à Paris. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 488). ...l'offre et la restitution de Precy est inutile et doit estre reputée pour nulle, et ne sera receu, s'il ne paie ou fait restitution en argent ou en obligations et descharges utiles. (FAUQ., II, 1421-1430, 166). "...reste a savoir celles qui ont paié et celles qui doivent." Maistre Jehan n'eut pas sitost finé son dire que plus de vingt femmes, toutes a une voix, commencerent a crier : "J'ay paié, moy. J'ay paié, moy. Je ne doy rien. Ne moy. Ne moy !" [Il s'agit de la dîme] (C.N.N., c.1456-1467, 224). A dya, dit le compaignon, vous estes ung fort marchant ; et au mains, puis qu'il fault que vous aiez tout a vostre dict, j'aray terme de paier. (C.N.N., c.1456-1467, 291). Les cloux sont faiz. Qui payera ? Dictes, Janus, payerés vous ? (Pass. Auv., 1477, 179). Se nous avons des draps acreuz, Nous poyrons a la Magdalaine. (Gaut. Mart. A., c.1480-1500, 173).

 

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Payer bien, mal, le pis... : Ceulx qui vont a cheval et qui maynent bobant, Ce sont ceulx a la fois qui le pis vont paiant (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 65). Mais se en procés entre, face diligence et paie bien, si en sera meilleure sa cause. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 191).

 

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Prov. : Trop paie bien qui devant heure paie (FROISS., Orl., 1368, 87).

 

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[Gérondif] : ...il est a la vollenté du seigneur de faire les namps vendre ou de les garder sans vendre jusques a ce qu'ils soient racquittés, par paiant ou par delivrant conme dit est. (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 49). ...il peust avoir aucunes denrées, et marchandises à creance, par payant à certain terme à venir (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 488).

 

4.

Payer (qqn) comptant : Tu ne peulz avoir ta responce D'icy a .XV. jours ou tant, Mais tu seras payé content Pour ton sejour, n'en ayes doubte. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 131).

 

Rem. compter.

 

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Payer (qqc.) tout sec. "Payer comptant" : ...ne il n'avoit homme d'armes ou pais ne pillart qui ousast prenre du pauvre homme un petit poulet sans le payer tout sec. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 322). ...li dus d'Orlyens (...) Acata as Englois en droit argent contant Deus ou trois forteresces et fu tout sec paiant (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 302).

 

Rem. sec. Cf. aussi FEW XI, 585a : siccus.

 

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[Contexte métaph.] : Bien le glosai, mieuls l'entendi : Elle paia seck et rendi A celi qui pour l'amour d'elle Fu fes et q'une damoiselle Eut chanté. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 51).

 

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Payer (qqn) avant la main. "Payer comptant"

 

Rem. H. Lewicka, Romania 76, 1955, 369.

B. -

P. ext. "Attribuer qqc. à qqn (par dotation, en guise de reconnaissance)" : Item, je lay a Pulhet d'Axhe vint dois mutons, une fois a paiir ["à attribuer en une seule fois"] (HEMRICOURT, Pièces div. B.P., 1364, 74).

C. -

Au fig. "S'acquitter de qqc. auprès de qqn"

 

1.

Payer qqn. "Récompenser qqn" : Et quant elle [ta dame] croist et abunde Plus que dame qui soit ou munde En tout ce qu'on puet bon nommer, Tu ne te dois pas las clamer, Se tu l'aimmes bien, n'esmaier Qu'elle ne te doie paier Plus mille fois que ne dessers En ce que tu l'aimmes et sers. (MACH., R. Fort., c.1341, 59). Mes maintenant si doucement me paie De douls regars et de parlers courtois, Bien me souffist ce que j'ai, et c'est drois. (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 28). Ma dame ensi, mentir n'en quier, Me paie de mos gratieus Et me sert de regars joieus (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 41). Mais einsois qu'il se departissent, Ne que de Nimesson ississent, Li roys les paia richement, Et leur donna moult largement Or, argent, vaisselle, joiaus, Dras de soie et chevaus nouviaus ; Et à son pooir les paioit Selonc ce que chascuns estoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 111). Vous estes paié pour ce jour, Puis qu'avez eu ung doulx regart. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 381). Je n'ay repast que de Foiblesse, Couchant sur paille de Destresse, Suy je bien payé maintenant De mes jennes jours cy devant ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 536).

 

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Empl. abs. : Raisons baudement respondi : "Je le feray ; mais je te di, Dès que de moy as congnoissance, Tu saveras de ma puissance, De ma recepte et de ma paie Dont tu verras comment je paie : Li biens est pour bons receüs, Mais pour mal, quant il est sceüs. Je fais pour bien mon paiement, Pour mal trés cruel jugement, Car je sui de tout jugeresse..." (MACH., D. Aler., a.1349, 390). Mes quant on met bons et mauvais ensamble, On paie mal, selonc ce qu'il me samble. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 106).

 

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"Essayer de satisfaire qqn" : Et si souffrés, ma douce dame gaie, Que Doulç Penser, qui nuit et jour me paie Et rementoit Esperance a toute heure, Sa grasce en voir et son confort saveure. (FROISS., Orl., 1368, 101).

 

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"Rendre la pareille à qqn"

 

Rem. MACHO, Esope R., c.1480, 2570 (DI STEF., 657b).

 

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[P. iron.] "Récompenser (de coups, de propos déplaisants, d'ingratitude...)" : "Mais, se tantost je ne t'en paye, Je vueil estre aux fourches pendu !" A ces mos, nostre champion Le cheval vers lui espaindy, Et luy bailla tel horion Que la pance lui pourfendy. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 37). [Un galant s'est révélé incapable de procurer à son amie, suivante de la reine, les joies qu'elle attendait de leur rencontre] ...quand elle vit ce, pour le bien payer, et la royne contenter, elle alla dire tout en hault... (C.N.N., c.1456-1467, 196). [Plusieurs gentilshommes se sont attaché à prix d'or un compagnon] ...escoutez comment il les paya. (C.N.N., c.1456-1467, 396). Or regardez, s il avoit faict vivre beaucoup de gens en suspicion et craincte soubz luy, s'il en estoit bien payé, et de quelz gens il povoit avoir seüreté, puisque de son filz, fille et gendre, il avoit suspicion ! (COMM., II, 1489-1491, 319).

 

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Payer qqn des talons. "Mal récompenser qqn (en prenant la fuite)" : Finablement, du très redoubté nom de Bourgoigne et du très horrible cry qui se leva en la cité, fut tant sousprinse et estonnée la guernison françoise du chasteau d'icelle que pluseurs d'iceulx pour toute vaillandise payèrent leurs hostes des talons (...), habandonnans leurs biens et leurs chevaulx (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 343).

 

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Part. passé. "Récompensé, satisfait" : Guillaumes se mist en conroy De bien besongner pour le roy, Et si bel s'en embesongna Qu'au gré dou roy bien besongna, Si qu'il en fu bien apaiez. Dont Guillaumes fu bien paiez. N'ay cure de dire le fait, Car il n'y ot point de meffait, N'a nul contraire ne tourna, Car Guillaumes le destourna. (MACH., D. Aler., a.1349, 317).

 

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Se tenir à / pour bien / mal paié. "S'estimer ou non récompensé, satisfait" : Ne t'a elle [Fortune] fait assez grace, Quant elle t'a, se bien le gloses, Fait user des estranges choses ? Car elles ne sont mie tiennes, Einsois sont de son droit et siennes. Et quant riens n'i a qui soit tiens, Fols yes, s'a mal paiez te tiens, S'elle vuet ravoir en sa main Ce qui sien est, d'ui a demain. Tu sambles trop bien a celui Qui a emprunté de l'autrui, Et quant il est temps qu'il le rende, Il a courrous, s'on li demande. (MACH., R. Fort., c.1341, 97). Dont je di que si fais descors Sont propres causes des racors Qui font les larges paiemens De trés dous assouagemens Des quels amans est appaiez, Tant qu'il s'en tient pour bien paiez. Einsi Amours la dame acquite Vers l'amy, tant qu'elle est bien quitte Et li amans en est meürs Plus que devant et plus seürs. (MACH., D. Aler., a.1349, 253). Dont lui respondi Romaine si aviseement et si bien que le chevalier s'en tint a bien paiez (Bérinus, II, c.1350-1370, 70). Ma tresdouce suer, je pense estre a ceste Toussains a Saint Quentin, et de la aler vers Monsigneur le duc ; et ne sai com longuement il me volra tenir quant je serai vers li. Et ne vous tenés pas a mal paiee se je n'envoie si briément vers [vous] ; car de tout ce j'en ferai a vostre ordenance et selond ce que vous me manderés. (MACH., Voir, 1364, 572). Lors se part de lui et annonca ceste parole a pluseurs, tant qu'il en fu nouvelles tout parmy l'ost, dont chascun se tint a bien payé (ARRAS, c.1392-1393, 156).

 

2.

Payer qqc.

 

a)

"S'acquitter de qqc." : ...je ne puis pas croire (...) Qu'aucun bien d'obedience En enclins et en silence Ou service de Dieu paiant En li devotement loant En messes ou disciplines Ou vacacions divines, (...) En aucun temps il [le pèlerin] n[i] ait fait. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 77).

 

-

[À la Nature, en mourant] : ...Jusqu'à tant que li terme vint Que le roy son pere couvint Rendre à nature le treü, Et paier qui li est deü, C'est à dire qu'il trespassa Et que l'estrange pas passa, Dont creature ne rapasse, Tant bien son alée compasse (MACH., P. Alex., p.1369, 19).

 

-

Payer la bée. "Faire les frais d'une opération" : Messeigneurs, pardonnez moy que je vous ay fait paier la bée (C.N.N., c.1456-1467, 476).

 

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Payer le treü / le truage / le tribut de nature. "S'acquitter du devoir d'amour, du devoir conjugal" : Et pour ce je vous depri Qu'à Dieu pour moy vueilliez faire depri, Ou paier crien le treü de Nature, Se Dieus et vous ne me prenez en cure. (MACH., L. dames, 1377, 206).

 

Rem. treü, truage.

 

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Payer le du de nature. V.

 

b)

"Satisfaire à qqc." : Car nous ne volons que leeche, Joie, esbatemens et joneche (...) Le tamps et le monde paiier, Ensi que li saisons le donne Et que Nature en vous l'ordonne (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 193).

 

-

Payer ses voeux. "Tenir son serment" : ...je poyré mez veux en la presence de ceulx qui craingnent Dieu. (Songe verg. S., t.1, 1378, 323).

 

c)

Paier qqc. à qqn. "Récompenser qqn de qqc." : Qu'Amours, qui est de si noble nature Qu'elle scet bien qui aimme sans fausser, Scet bien paier aus amans leur droiture : C'est les loiaus de joie saouler Et d'eaus faire savourer Ses douceurs en habundance (MACH., R. Fort., c.1341, 73).

 

d)

"Subir les conséquences de qqc."

 

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Paier le musage. "Subir les conséquences de la folie qu'on a eue de perdre son temps, accepter de perdre son temps sans résultats" : Se tuit cil qui de vray corage Te servent n'ont autre avantage Fors de languir en ton servage Sans autre aïe, Ains leur yes contraire et sauvage, Je ne tieng pas celui pour sage Qui einsi paie le musage, Car c'est folie. (MACH., Compl., 1340-1377, 249). Adont s'est Foy en piez drecie Comme sage et bien adrecie De droit, de coustume et d'usage ; S'a dit : "Guillaume, le musage Avez bien paié ci endroit, Par dehors la voie de droit, Au mains en aucune partie. S'en vorray faire departie, C'est assavoir, devision Par voie de distinction Des choses qui ne font a croire..." (MACH., J. R. Nav., 1349, 216). Amours scet bien ses biens abandonner Aus fins amans qui sont en son hommage ; Et les mauvais qui n'ont cure d'amer Et font semblant d'estre en son dous servage Comme musars leur fait paier musage, N'il n'aront ja merci, je n'en doubt mie : Telle est d'Amours la noble signourie. (MACH., L. dames, 1377, 102).

 

-

[Jeu de paume ; de là domaine érotique] Payer d'une faute pour quinze : Demande. Pour quoy n'est il pas coustume que les femmes requierent aux hommes comme les hommes aux femmes ? Response. Pour tant que les femmes sont le plus du temps prestes, et les hommes point, lesquelz, se requis estoient, paieroient bien souvent d'une faulte pour quinze. (Devin. R., c.1470, 137).

 

Rem. Parn. sat. S., a.1500, 301-302.

 

-

"Faire subir à qqn les conséquences de qqc." : Bien doit estre la main dolante Qui est telle ne si hardie Qu'elle son droit signeur occie. Et n'i avoit que mortels plaies. Hé, biaus Dieux, se tu ne les paies, Que dira on de ta justice Qui chascun justement justice ? (MACH., P. Alex., p.1369, 270).

 

Rem. Sur payer de sa personne, LITTRÉ, XVe s., mais en fait de 1692, cf. Trav. Ling. Litt. 23, 1985, 14.

 

e)

"Racheter" : ...Quant en la croiz le vit [notre Sauveur] souffrit morsure Et de son sanc paier la forfaiture Du fruit veé (Mir. Berthe, c.1373, 255).

II. -

Empl. pronom. Se payer. "Prendre son dû" : Et pour ce avons deffendu et deffendons auxdits huilliers que doresenavant ne retiennent aucunes des tourtes ne pains dessusdiz, mais leur avons ordonné et commandé, ordonnons et commandons qu'ils les rendent aux bonnes gens avec leurs huilles, en eux payant raisonnablement et moderement de leurs sallaires et façon de ladite huille, selon la qualité et quantité qu'ils en feront (Mét. corp. Paris L., t.1, 1431, 554). Trestout a vostre volenté. Payés vous, et moult grant merchy. Nous avons esté bien servi, Et bon marchié, selon le lieu. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 50).

III. -

Part. prés. en empl. adj.

A. -

Argent payant. "Argent comptant" : ...lui ont esté bailliées et livrées, pour son argent, plusieurs espées et dagues, et, avec ce, lui ont promis en baillier toutes fois qu'il en vouldroit avoir pour son argent payant. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 200).

B. -

Au fig. "Apaisant, conciliant" : Tant sont si oel secretaire De gentil et noble afaire Et si paiant sans fourfaire... (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 179).

IV. -

Inf. subst. Le payer : Du payer soit a l'adventure, combien toustefoiz qu'il me fut dit depuis que le blé fut payé (C.N.N., c.1456-1467, 292).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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