C.N.R.S.
 
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     PÂLE     
FEW VII pallidus
PALE, adj.
[T-L : pale ; GDC : pale3 ; DÉCT : pale ; FEW VII, 505a : pallidus ; TLF : XII, 809a : pâle]

A. -

[D'une couleur] "De faible éclat" : Entre le blanc et le rouge est palle prés du blanc et le jaune plus prés du rouge (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 371). Palle couleur est engendree de telles causes comme la flave, mais il y a moins de blancheur et se trait plus au noir, et est en plus grosse matiere. Pale couleur commence au blanc et se decline vers le noir. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 376). ...Jehan, Pierre, Jaques sont homes selon la nature humaine, mais ung chascun est cest homme suppost personnel aiant ung chasun ses qualités comme blanc, noir, palle, malvais, et leur quantité, l'un grant, l'aultre petit, l'un gros, l'aultre menu, l'un pesant, l'aultre legier (Somme abr., c.1477-1481, 148).

B. -

[Du visage, du teint...]

 

1.

[Du visage] "D'une couleur de faible éclat" : Lors, comme homs qui souvent souspir, Gettay un plaint et un souspir De parfont cuer, acompaingniés De plours et en larmes baingniés, Et tournai vers li a grant peinne Ma chiere teinte, pale et pleinne De maniere desconfortée, Triste, dolente et esplourée. (MACH., R. Fort., c.1341, 57). S'en prist a plourer tenrement Et la fist porter en un lit. La prist elle povre delit ; Car au cuer estoit fort ateinte Et ou viaire pale et teinte Et si de son corps amatie Et de ses membres amortie, Qu'einc puis ne s'en pot soustenir, Ne des mains nulle riens tenir (MACH., J. R. Nav., 1349, 201). Se c'est il, ne s'est pas fardé, Car de visage est megre et sec (...), et pale avec Et empiré. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 288). ...[il] n'estoit pas hault homme, et avoit le visaige grasset, pale, et barbe noire, petiz cheveux et assez grant nez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 464). Et le viaire avoit il d'une couleur brune et pale (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 196). SATHAN. (...) Car tous deux les emporteray [le juif et le chrétien] En Enfer sans point de respit, Et pourchasseray (...). Ma raison totalle E(s)t plus principalle, C'est de les grever, Car leur face palle Pourchasseray malle. Pour les agraver, Fainctes eslever Et me preserver, Monstres, (...) Venez approuver Icy voz tirannicques traces ! (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 123). Et c'est pour peu[r] du hasle, Veu qu'il ont les cheveulx si blons, Leur visage deviendroit palle. (Sots Magn., a.1488, 197).

 

-

[Du teint] : Mais ainsi comme la pensoie Tous seulz et merancolioie, Je vi venir tout droit a mi Un mien especial ami Qui me getta de mon penser, Quar nulz homs ne porroit penser Comment je le vi volentiers, Qu'il avoit .XII. mois entiers Que je ne l'avoie veü ; S'en eus le sang un pau meü, Et ce ne fu mie merveille, Quar trop plus pale que vermeille Estoit ma coulour et destainte, Qu'eü havoie dolour mainte Pour ce qu'avoie vraiement Esté malades longuement (MACH., Voir, 1364, 44). Si qu'en mon vis en porte tele enseingne Que tainte en est et pale ma coulour, N'il n'est confors ne joie qui me veingne De nulle part, eins langui en paour Que je n'en soie destruis (MACH., L. dames, 1377, 97).

 

.

Pale et vain : Et vostre amour, Qui tant avoit de pris et de valour, Ne pouez mais recouvrer par nul tour, Dont vous avez veinne et pale colour. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 93). Si qu'adès sans sejour Vo biauté souvereinne, Vo gracieus atour, Vo maniere certainne Et vo fresche coulour Qui n'est pale ne veinne, Voy toudis sans sejour. (MACH., Ch. bal., 1377, 585). Dessus toute fleur mondeinne Souvereinne Est d'odeur, et sa colour N'est onques pale ne veinne, Eins est pleinne De vertu et de savour. (MACH., Les lays, 1377, 314).

 

-

[De la peau] : Quant l'oz est malade, la char qui est environ palle est malvaiz signe. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 96). LUCIFFER. Puant, pugnais, porc prejudicïable, Poilleux, pensu, putier, pasteur paillart, Parvers, poiltron, paludin penetrable, Paralletique, puissant prince pillart, Persecuteur, parjure papellart, Patron perdu, perilleux preparé, Palle pelle, pousif, pourry pendart, Par tous les deables soit ton corps desvoré ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 368).

 

2.

[D'une pers.] "Dont le visage, dont le teint est pâle" : Dedens la chambre Alchioine est venus, Descoulourez, pales et esperdus, Et le peril ou il est encheüs Tout li revelle. Dieus de dormir par sa puissance fit Qu'Alchioinne dormoit dedens son lit. (MACH., F. am., c.1361, 167). Quant ma dame mes lettres vid, Amours, qui mains cuers assevit De grant joie et de grant dolour, Mua telement sa coulour, Qui estoit vermeille et rosine, Qu'elle devint pale et terrine. (MACH., Voir, 1364, 524). La royne, qui la voit mal disposee, pale et pensive, pluseurs fois ly demande qu'elle a. (LA SALE, J.S., 1456, 240).

 

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Pale et vain : C'est convoitise que courir Voy en leurs cuers pour les biens vains Avoir que Richece depart ; Dont souvent sont et pale et vains Pour le desir d'en traire apart. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 116).

C. -

Au fig. "Sans éclat, terne" : A brief parler, toutes sont brunes Autres biautez et trop communes Envers la sienne especiale, Toute autre vers la sienne est pale. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 109).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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