C.N.R.S.
 
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     NOURRIR     
FEW VII nutrire
NOURRIR, verbe
[T-L : norrir ; GD : norrir ; GDC : norrir ; DÉCT : norrir ; FEW VII, 250b : nutrire ; TLF : XII, 264b : nourrir]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

"Fournir (à qqn, à un animal) les aliments nécessaires à la subsistance" : C'est uns truans convers qui aimme une converse, Orde, vieille et puante, orgueilleuse et perverse. Je la trouvay l'autrier dessous lui toute enverse. .IJ. filles a de lui qu'elle norrist et berse : L'une a à non Margot et l'autre a à non Herse. Margot ne fait que braire : tant est male et desperse. Et Herse pisse en lit tant que tout le tresperse. (MACH., Compl., 1340-1377, 266). Car il mectent grant painne et par lonc temps a nourrir leurs oyseles ou leurs faons. (ORESME, E.A.C., c.1370, 413). J'ay soustenu tant de doleur et de meschief pour toy porter, enfanter, nourrir et avencier ! (GERS., Déf., 1400, 227). ...vecy deux perdrix que j'ay pourveu, qui sont a bon escient bonnes et bien nourries. (C.N.N., c.1456-1467, 581). Ilz sont bons a nourir pigons (Sots Magn., a.1488, 195).

 

-

Nourrir de : ...et yceulx deux poz, ensamble les deux botereaux qui dedens estoient, aporta en sondit hostel en sa chambre (...) et illec les garda et nourrit tant de mie de pain blanc comme de lait de femme (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 331). ...sans aucune cause fut degradé le bon roy Richard par faulx jugement et fut dit qu'il seroit mis en prison perpetuelle, nourry du meilleur pain et melleur vin que on pourroit trouver, et s'il estoit que pour lui survenoit aucune esmocion, il seroit le premier mis mort. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 r°).

 

-

Nourrir son corps / sa chair : Et des biens trop grant dégasteur, Dont en terre riens ne demeure Qu'il [humain lignage] ne gaste tout et deveure, Bestes, herbes, tous grains et fruiz, Com Nature les a produiz, Pour déliter et pour nourrir Son truant corps, qu'il fault pourrir (LA HAYE, P. peste, 1426, 36). [Ballade des Pendus] Vous nous voiez cy attachez, cinq, six : Quant de la chair que trop avons nourrie, El est pieça devoree et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et pouldre. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 311).

 

-

En partic. "Allaiter" : ...servir celle qui norri Le fil Dieu de son vierge lait (Mir. ev. arced., c.1341, 109). Vezcy, filz, aussi les mamelles Dont te norri (Mir. prev., 1352, 255). Aussi la vierge l'alaicta et norry Joyeusement. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 148). ...lequel enfant y fu mis audit jour et fu congneu par une femme laquele se disoit estre sa marrene, et aussi par la nourrisse, qui l'avoit nourry (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 530). ...qui sera celuy Qui portera ceste nouvelle A la doulce mere de luy Qui la nourrit [l. l'a norrit] de sa mamelle ? (Pass. Auv., 1477, 182). [Lecture l'a proposée par H. Stimm, Z. frz. Spr. Lit. 94, 1984, 196] Lors la femme heureuse sera Que ne norrira nulz enfans, Si terrible sera ce temps ! [Réf. à Luc 23, 29] (Pass. Auv., 1477, 191). Hé, mon filz, il a des ans trente. Quant jeune enfant vous norrissoye, Que j'estoys bien en aultre joye. Que maintenant Dieu soit loué ! (Pass. Auv., 1477, 200). [Le loup dit à l'agneau] Ceste chievre n'est pas ta mere. Va la chercher a la montaigne, car elle te nourrira plus doulcement que celle chievre. (MACHO, Esope R., c.1480, 98).

 

-

Inf. subst. : Aultres disent que vrayement les enfans estoient filz de Mars, ainsi qu'il apparut premier au nourrir de la louve (LA SALE, Sale D., 1451, 171).

 

2.

[D'une chose] "Alimenter (le corps, la terre...)" : Les corps nourris copioseement et hastivement, les superfluitez sont hastives. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 60). ...mais convient que l'ame de l'auditeur soit preparee par bonne acoustumance ad ce que elle se delicte et esjoïsse en bien et que elle ait haine de mal, en la maniere que la terre doit estre bien cultivee afin que elle nourrisse la semence. (ORESME, E.A., c.1370, 532). ...et ces vasseaulx [les veines et les artères] (...), ilz se fourchent en deux parties et l'une partie va en bas et l'autre en hault et chacune partie fait son ramel et en faisent est demenee aux dernieres parties de tout le corps a nourrir et a faire vivre tous les membres. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.4).

 

3.

"Pourvoir qqn de moyens de subsistance, subvenir aux besoins matériels de qqn" : ...et qu'ilz baillent, pour nourrir les gens d'armes que tient ycellui segneur en sondit hostel, leur part et porcion tant d'argent comme de blé et avoine (FAUQ., II, 1421-1430, 356). ...si a chacune foiz que je recommenceray elle en fait autant, de quoy je pourray nourrir le mesnage ? [Désarroi du mari dont la femme a accouché le soir de ses noces] (C.N.N., c.1456-1467, 200). ...vous ay je nourry pour me rapporter une telle bourde, voire de celle qui tant est bonne et loyale ? [D'un maître à son serviteur] (C.N.N., c.1456-1467, 311). ...l'on disoit publiquement que le roy devoit envoier devers nostre Saint Pere une treshaulte et solempnele ambassadde, et que la il se devoit faire ses doleances du duc de Bourgoingne, produisant que son filz lui avoit fortrait et detenu long temps, et encore le tenoit et norrissoit au desplaisir de lui et en grant prejudice de son royamme (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 213). Mains veves en Israel vivoient ; Grant femine partout estoit. A nullez d'elles n'alla Helye, Maiz a la veve de Cydonie, Pour la norrir le tramist Dieu. [Réf. à Luc 4, 25-26] (Pass. Auv., 1477, 121). Helaz, j'ay nourry des enfans et eslevez et ilz me ont despite et mesprisie. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 193).

 

-

Archer nourri. "Archer qui est sous la dépendance d'un maître (archer sujet, p. oppos. à l'archer franc, non sujet)"

 

Rem. Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 466 (doc. 1445).

 

-

Nourrir + adv. : Cellui qui delicieusement nourrist son serf dés son enfance, il le trouvera rebelle en ses vieulz jours. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 107).

 

-

Estre nourri en. "Être habitué à, vivre dans" : ...car les nobles de France, noulris es plaisans et mondains delices par longue paix, esguerres tresmal entendus (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 191). ...par pluseurs ans exercea ledit office [d'esclave], qui ne luy estoit pas petit labeur, mais martire intollerable, actendu les delices ou il avoit esté nourry et l'estat dont il estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 422).

 

4.

"Élever"

 

a)

[Un enfant] "Subvenir à ses besoins matériels et assurer son éducation ; éduquer" : Vostre bon pére norri m'a D'enfance jusqu'a orendroit (Mir. st J. Cris., c.1344, 269). N'en Abidois n'avoit, n'en Crete Nulle amour qui fust si secrete, Car nuls ne savoit leur couvine [de Léandre et Héro], Fors seulement une meschine Qui belle Hero norrie avoit ; Celle seulement le savoit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 248). ...riens ne retenoit Fors l'onneur ; ad ce se tenoit, Et il en avoit plus que nuls. Des bons fu li mieudres tenus. De son bien tous li cuers me rit, Et pour ç'aussi qu'il me nourrit. Il ne pooit estre lassez De donner, et s'avoit assez Toudis, quel que part qu'il venist. (MACH., C. ami, 1357, 104). Pour li [le roi Pierre] norrir en son enfance, Jusque à l'estat de congnoissance, Ou plus avant, se mestier yere, Car bien en savoit la maniere. (MACH., P. Alex., p.1369, 5). Tout ensement, en sa juenesse Le norrist Hébé la deesse, Et si tres bien l'endoctrina, Que toute bonne doctrine a. (MACH., P. Alex., p.1369, 10). Car l'en ne doit pas .I. meïsme juste ou faire une meïsme chose selon justice a son ami et a un estrange ou a celui avecques qui l'en est nourri et a son disciple. (ORESME, E.A., c.1370, 445). Et especialment vivre autrement est delitable as joennes gens, et pour ce convient il que la maniere de nourrir les gens en joennesce et les voies que l'en treuve pour les adrecier a bien ouvrer soient ordenees et gouvernees par loys. (ORESME, E.A., c.1370, 532). Puis qu'ainsi est, nous en ferons Noz enfans et les norrirons ; N'en avons nulz, bien m'y accorde : Ce sera grant misericorde (Mir. roy Thierry, c.1374, 270). ...depuis qu'il furent sevrez Les ay norriz et alevez : Pour ce m'appellent il leur pére. (Mir. roy Thierry, c.1374, 307). ...tes pechiez et tes grans vices En enfer te trabuscheront, De toy le plus chetif feront C'onques fust sur terre nourri. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 233). ...une personne, homme ou femme, aura biaux enfans et belle lignie : elle les norrira plus tost en mal que [en] bien. Quelle merveille se le Saint Esperit se depart en la parfin, et en prant griefve venjance ? (GERS., Pent., p.1389, 80). ...elle s'est mise à chemin pour venir à Paris, dire et monstrer audit sire de Nouvion la maniere comment elle avoit de lui eu et conseu ledit enfant, afin qu'il feist aucun bien à elle qui parle, et le aydast à nourrir et gouverner, et sondit filz aussi (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 120). Tous lesquelz, veu l'estat d'icelle prisonniere, qui est joine femme forte et bien vestue, qui avoit bien puissance de nourrir son enfant, consideré que ledit enfant est aagié de XV mois ou environ, que elle se povoit bien mettre à servir en aucun lieu pour gaignier argent et de ce que elle eust gaignié faire nourrir sondit enfant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 533). Ma mere Nature la belle Me nourri tant que grant pucelle Me vit, si voult songneusement Penser de mon avancement (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 23). Le .XXXVme. [exemple] d'Amour d'amys traicte de la très grande amour de Lucius Petronius eust a Heliaz, son maistre qui l'avoit nourry (LA SALE, Sale D., 1451, 14). Et a la verité bien semble qu'il est de noble lieu party et qu'il a bien veu et apris en la tresnoble court ou il est norry (LA SALE, J.S., 1456, 130). Ce filz fut elevé, nourry et conduit avec les aultres ses freres (C.N.N., c.1456-1467, 127). ...si vous prie tant que je puis qu'après ma mort, qui sera brefment, vous les prenez [les enfants] avecques vous et les entretenez, nourrissez et elevez [D'une mère à son lit de mort] (C.N.N., c.1456-1467, 328). ...je vous bouteray ung quarteron d'enfans ou ventre, et puis je vous habandonneray, et les vous lairray seulle nourrir. (C.N.N., c.1456-1467, 519). Sire, c'est vostre filz. Vous l'avez norry. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 59). Car ne voloit celi de Saint Pol que le mariage se fit de sa fille au filz de Croy pour mort ne pour vie, et cely de Croy, qui avoit norry la fille par longs ans et par l'aggreement du pere, ne se voult deffaire du mariage ne de la fille (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 81). Entre les aultres en y avoit ung jeusne chevalier nommé messire Philippe de Croy, filz de messire Jehan, et lequel avoit esté norry jeusne enfant aveuques [le conte] de Charolois. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 104). Lequel frere mineur, norry et conversant de son tout jeusne eage es marches d'Orient et en ycelles diverses loingtaines regions (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 288). Finableblement fuz recuilly de ma grant mere, Robine de Phares, très honorable et sage, et noury jusques à cinq ans, puis mis à l'escolle avecqs les enfans dudit feu conte de Dunoys (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°). ...Considerans avoir ung daulphin né Qu'on nourrissoit dens le chasteau d'Amboise, Saige, discret, tres bien moriginé, Car Dieu des cieulx l'avoit bas amené Pour appaiser guerre, discort et noise (LA VIGNE, V.N., p.1495, 144).

 

-

[Dans un cont. évoquant la familiarité qui devrait exister entre pers. ayant grandi ensemble dans le même village (cf. Luc 4, 16 : "et venit Nazareth, ubi erat nutritus")] : Veés cy ung peuple fort maulvaiz Et de grant malice ramplit ; Avec eulx [Jésus] a esté norrit. Ilz ont veu sa devote vie ; Maintenent car riote crie (.) En ses sermons [,] le veulent tuer. (Pass. Auv., 1477, 122).

 

-

Nourrir en. "Élever, éduquer en" : Et elle, qui estoit toute nourrie en honneur, commença humblement a saluer le chevalier (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 77). Aucunes gens qui bien peu sentent, Nourriz en simplesse et confiz, Contre le vouloir Dieu attentent, Par ignorance desconfiz, Desirans que... (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 41). Les enfans sont a nourrir et enseignier es vertus (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 181).

 

.

"Exercé en" : ...leurs adversaires (...) estoient nourris et duits en tous vaillans fais d'armes (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 238).

 

-

Nourrir + adv. : Fais les norrir courtoisement. Fais leur apranre tel mestier De quoy il vivent senz dangier En ce siegle honnestement. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 207). Tu contrains cil qui de coustume avoit Esté nourri delicieusement, Dessus son dos porter, comme l'en voit, Charges et sacs de blé peniblement (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 66).

 

-

Nourrir + attr. : Aussy vous tenez vos enfans Tant doulz nourris et tant fryans, Tant bien vestus en leur jeunesse Que, quant ilz viennent a grandesse, Ne scevent passer chault ne froit, Ne veande qui doulce ne soit. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 25).

 

-

Estre nourri d'un pays / d'une ville. "Avoir grandi dans un pays, une ville, y avoir été éduqué" : Vers Romme c'est acheminés Dont ["D'où"] il estoit nourriz et nés. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 19). Si qu'en son cuer [Florimont de Lesparre Guyenne qui a appelé le roi de Chypre en champ clos] determina Finablement et ordonna Qu'en la court le roy d'Engleterre, De qui, je croy, qu'il tient sa terre, Mettroit à fin ceste besongne. Car li chevaliers de Gascongne Est nez, et norris et attrais, Et pour ce s'est ses cuers là trais. Et s'il ne le puet avoir là, En autre court l'appellera. (MACH., P. Alex., p.1369, 227). ...et que lez esleüs soient proudes homes et vertueux docteurs en Theologie, en Droit canon ou civil, et que ilz soient du païs nez ou norris, teulx qui cognoissent lez meurs et lez condictions dez subjecs et ce qui appartient au salut de leurs ames. (Songe verg. S., t.1, 1378, 97).

 

b)

[Un animal] "Élever" : "...Pour quoy me tollez vous mes chiens, Que j'ay norri et qui sont miens ?" Moult de choses dist en son ire, Aussi comme s'il vosist dire Au conte de Triple : "Par m'ame, Pas n'estes fils de preude fame." (MACH., P. Alex., p.1369, 256). ...une ysle ou il at gens habitans qui nourissent matins (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 161). ...elle nourrissoit le plus beau et le meilleur cheval de toute la Grant Bretaigne. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 710). Ce bon curé avoit ung chien qu'il avoit nourry de jeunesse et gardé (C.N.N., c.1456-1467, 539).

 

-

"Dresser" : On ne peut nourrir un loup, pour quant que on l'ait petit ne joesne et l'en le chastie et bate et tieigne en discipline, que tousjours il ne face mal (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 98). ...cestui Hollandin nourri un jenne hairon, tant qu'en vollant il le sieuvoit partout. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 103).

 

5.

"S'occuper de qqn" : Et que diroit vostre bons freres, Qui vous est filz, sires et peres, Qui si doucement vous nourri(s)t Que chascuns bons de joie en rit ? Et aussi tuit vostre autre ami ? (MACH., Voir, 1364, 614). ...a son peuple franchise conceda Et le nourrir treschierement voulut (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 9). [À moins que le ne représente franchise, auquel cas le sens serait "entretenir", v. infra B 2]

B. -

Au fig.

 

1.

Nourrir qqn.

 

a)

"Apporter à qqn une nourriture morale, psychique, spirituelle..." : Le Dieu que j'aour et appel Ainsi me norrist et enforce Que com plus sueffre, plus ai force De plus souffrir. (Mir. st Ign., 1366, 109).

 

-

Nourrir de : Ly saint par lui de joie y sont refait [en paradis], Ly ange aussi de gloire y sont norri (Mir. enf. diable, c.1339, 55).

 

-

[Souvent en cont. métaph., le sens restant alors le sens propre] : LA DAME. (...) Je sui li confors des amans, (...) Je les fais sagement parler, Rire, jouer, chanter, baler ; Je les tieng gais et envoisiez ; Je rapaise les despaisiez ; Je les norri ; je les alaite ; Je leur sui mere, amie et gaite ; Je leur sui phisicienne et garde (MACH., R. Fort., c.1341, 78). Ainsi Fortune se chevist Que l'un norrist, L'autre amaigrist, L'un enrichist, L'autre apovrist ; Se l'un en pleure, l'autre rist. (MACH., Lays, 1377, 416). Et quant vous serez dedens entré, confortés ceste ame desconfortee, ensaigniez la qui est fole, norissiez la qui meurt de fain, eschaufez du feu de vostre amour elle qui est froide plus que glace a bien faire, vestez la de belles robes des vertus, elle qui est nue honteusement (GERS., Pent., p.1389, 75).

 

-

[D'une chose abstr.] : Fine douçour, grace, pité, Franchise et debonnaireté Rengnent en li ; bonté l'affine Et loyal amour la doctrine Avec raison et courtoisie. Ces trois vertus l'ont si norrie Qu'elle est de trestoute valour Entre les mieudres la millour (MACH., D. verg., a.1340, 16). ...il se fait appeller : "Bel et courtoisement parler," Ou cas qu'il soit duis et norris De gieus, d'esbanois et de ris, Et affaitiez par amité De douce debonnaireté. (MACH., D. Aler., a.1349, 267). Car se je amoie assés plus Que je ne fais Et s'heüsse plus que nus Pris en tous fais, Si suis je norris, refais Et pourveüs Largement, et bien peüs De ses bienfais. (MACH., Lays, 1377, 433).

 

.

Estre nourri en + gérondif : Car ce fu de cause apensée Que j'entray en une pensée D'amours et d'amie et d'amant Qui sont norri en bien amant ["la pensée d'une amie et d'un amant qui sont nourris de bonne amour, qui entretiennent un amour véritable"], En pensant que, s'uns vrais amis Qui tout son cuer en dame a mis Vuet autres amans frequenter Pour entr'eus science aquester, S'il faisoit einsi que je fis, Je croy que ce seroit profis (MACH., D. Aler., a.1349, 246).

 

b)

Nourrir qqn en. "Entretenir qqn en" : Ledit chancellier et seigneur de Humbercourt, qui avoyent esté nourriz en très grand et longue auctorité et qui desiroyent y continuer et avoyent leurs biens aux lymites du roy, l'ung en la duché de Bourgongne et l'autre en l'entrée de Pycardie, comme vers Amyens, prestoient l'oreille au roy et à ses offres et y donnèrent quelque consentement de le servir en faisant ce mariage et de tous pointz se retyrer soubz luy, ledict mariage accomply. (COMM., II, 1489-1491, 183).

 

2.

Nourrir qqc. (une chose abstr.) "Entretenir, alimenter, fortifier"

 

a)

[Un sentiment, une attitude morale, une disposition...] : Et cils qui en son cuer norrit Loyauté, Celer, le delit Puet avoir moult legierement Qu'il a desiré longuement. (MACH., D. verg., a.1340, 51). ...faisons savoir à tous que pour norrir parfaite amour entre nous et les subgiéz de nos deux paiix de Rethelois et duchié de Bar, et yceux subgiés tenir en paix et transquilité (Trés. Reth. S.L., t.2, 1366, 177). Et pour les noces afin de nourrir amour entre les espouséz et aussi entre leur amis. (ORESME, E.A.C., c.1370, 433). ...pour oster toute matiere de division et dissention entre lesdictes Universités et nourrir amour entre elles (BAYE, II, 1411-1417, 188). Mais ledit grant seneschal, doubtant tousjours perdre son grant estat et gouvernement que il avoit avec elle, nourrissoit aucunes souspecions au cuer de ladicte dame contre ledit roy Loÿs (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 198). ...je suis content, affin de plus en plus nourrir amour entre nous deux, vous recoigner vostre devant (C.N.N., c.1456-1467, 40).

 

-

[P. méton. de l'objet] "Fortifier (ici un ami en tant qu'ami, c'est-à-dire l'amitié)" : Biaus fils, li don sont si poissant Qu'il conquerent leurs ennemis Et nourissent tous bons amis (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 115).

 

-

Part. passé [D'une chose] : En amer a douce vie Et jolie, Qui bien la scet maintenir, Car tant plaist la maladie, Quant norrie Est en amoureus desir, Que l'amant fait esbaudir Et querir Comment elle monteplie. (MACH., R. Fort., c.1341, 105).

 

b)

[Une querelle (en apportant des éléments supplémentaires) ou au contraire la paix] : ...mais elle ne sondit filz ne osoient ce dire à icelle Macete, et amoient mieulx que par elle qui parle, laquelle avoit et a nom oudit pays que elle scet toutes choses, feust dit et revelé la verité, que ce icellui de Ruilly, son filz, ou elle, Lucete, le deissent, pour nourrir et garder la paix entre iceulx mariez ses enfans. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 304). Cil serat mon amys et ameray bien qui nourirait pais entre moy et Ogier (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 203). ...et soubz umbre de nostre dit fils ont nourry et nourrissent lesdictes divisions (Doc. 1419. In : L. Mirot, Le Moy. Âge 21, 1919, 2). ...ne plaise a Dieu que mondit seigneur le duc voulsist nourrir debat entre le pere et le filz (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 50). Point ne le faisons par envye, Mais que pour tousjours norrir paix. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 903).

 

c)

[La parole] : Et orateur est clamé l'omme (...) qui (...) ses diz nourrit Par eloquence gracieuse, Soubtille et artificieuse (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 133).

 

d)

[Une chose quelconque] "Faire fructifier, entretenir" : Et ainsi comment leur vie [celle des mauvais] sert a la utilité des bons, ainsi toutes choses quy sont nouries de eulx ne sont pas d'avoir a debouter, quan doubter ne debvons qu'y ne soient en la subjection des bons. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 269).

 

3.

[D'une chose abstr.] Nourrir qqc. "Entretenir qqc." : Toute biauté est en vous assevie Et vo bonté nuit et jour mouteplie ; Pour ce plaisence ha dedens moy norrie Joie sans peinne, Et si m'a tout en vostre signourie Rendu et mis, et par noble maistrie Ravi mon cuer qui usera sa vie En vo demeinne. (MACH., Compl., 1340-1377, 256). Et son humilité parfaite M'estoit escuz, deffense et gaite Qu'orguieus ne me peüst sousprendre, Qui mains maus norrist et engendre, Et qu'envers tous trés doucement Me maintenisse et humblement. (MACH., R. Fort., c.1341, 7). ...durant ce tres perillieux, horrible et dommageux scisme qui est nourriz et continuez par les choses dessusdites (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 212). ...passés vous en brief du deduit des dames, car fol est qui s'y endort, car il nourrist recreandise et paresce. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1137).

 

-

Estre nourri de : Nulz ne me doit d'ore en avant reprendre, Se je sui gais, liés, chantans et jolis, Car j'aim et serf et desir, sans mesprendre, De toute flour la biauté et le pris. Et s'ay espoir, qui de joie est norris, Qui ne me laist onques entroublier Loyal Amour et ma dame sans per. (MACH., L. dames, 1377, 75). Et qui legierement croit, Souvent sa pais et sa joie en descroit, Car maint meschié sont venu et norri De legier croire encontre son ami. (MACH., L. dames, 1377, 173).

 

4.

[D'une pers. ou d'une chose] Nourrir qqn en qqc. "Entretenir qqn dans telle ou telle disposition" : Si que je fu Tous confortez par la noble vertu De ce regart qui puis m'a tant valu Qu'il m'a toudis norri et soustenu En bon espoir. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 78). Juenesse le norrist Avec folour En ce meschief, en celle fole errour ; Car il en pert le sens et la vigour. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 123). Cils dous espoirs en vie me soustient Et me norrist en amoureus desir, Et dedens moy met tout ce qui couvient Pour conforter mon cuer et resjoïr (MACH., R. Fort., c.1341, 111). Vos dous parlers me soustient et norrist En flun de joie et de toute douçour, Vostre sage maintieng si m'enrichist Qu'il me contreint à haïr deshonnour, Vos gentilz cuers me fait plus de tenrour Qu'en cent mil ans desservir ne porroie (MACH., L. dames, 1377, 163). Car dous espoir qui me norrit en joie Et qui soustient mon cuer en dous penser Contre desir qui toudis me guerroie Feriés de moy sans cause dessevrer, Si qu'einsi durer Ne vorroie sans li contre desir, S'il avenoit, fors seulement morir. (MACH., L. dames, 1377, 166). Pour ce de vray corage, de volenté jolie, De pensée amoureuse en plaisence norrie, Li doing m'amour entiere. Or soit miens sans partie Et je vueil estre sienne tous les jours de ma vie. (MACH., Lays, 1377, 344). [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] Meismes [le dauphin] a norry ceulx du Daulphiné en cest erreur bien par l'espace de X ans, jusques a ce que venu suis ou pays et leur ay monstré et dit mon affection et qu'onques je n'eulx malvaise intention contre ly (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 71).

 

-

Part. passé

 

.

[D'une pers.] Estre nourri en qqc. "Se trouver épanoui, fortifié en qqc." : GUERRE. [Povre Commun et Pouvoir papal se liguent contre moi (Guerre)] Pour moy oster ma seignourie En laquelle sui sy nourrye Qu'amis et parens atournés Ay telz qu'ilz ont les dos tournés L'un a l'autre (TAILLEV., Moral. D., 1435, 97).

 

.

[D'une chose] Estre nourri en qqn. "Être entretenu en qqn, s'épanouir en qqn" : ...Doit ami vrais merci de li attendre, Conme (...) De dame en qui toute grace est nourrie. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 247). Loiaux secours ou tout bien sont norri Est ceste vierge (Mir. prev., 1352, 277).

II. -

Empl. pronom.

A. -

[D'une pers., d'un animal] "S'alimenter"

 

-

Se nourrir de : Et s'estoient gens de vilages, Norris de lais et de frommages, De chos, de feves, de naviaus (MACH., D. Lyon, 1342, 213). De meilleur pitence que d'eufs Vous norricez, truant paillart. (Mir. st Alexis, 1382, 349). Et mon enfant se norissoit trop bien de ce lait (Chev. papegau H., c.1400-1500, 84).

 

-

[D'un arbre, ici personnifié] : "Compains, fist elle, je suy dame courge" [elle se dissémine au pied de l'arbre] "Ha, dame, fist li datiliers, je vous prie, pour Dieu mercy, que vous ne me vueilliez chargier ne getter de mon lieu, la ou je me suy nourris..." (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 64).

 

-

[De l'enfant que porte une femme] "S'alimenter, se développer" : GABRÏEL. (...) le fruict dont elle est [e]nsaincte, Et qui en elle se norrit, Est conceu du Sainct Esperit (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 182).

 

.

Part. passé : ...l'enffant, qui estoit en elle fort et bien nourry... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 159).

B. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

"Trouver une nourriture morale"

 

-

[Dans un cont. métaph.] : La loyauté, où mes cuers se norrist, Et vraie amour qui est ma norriture, C'est ce pour quoy mes cuers en joie vit Et qu'il est pleins de gaie envoiseüre. (MACH., L. dames, 1377, 40).

 

.

Se nourrir de : Miex vueil languir Pour li, sans mentir, Et morir Que joïr D'autre ; c'est le fruit Dont soustenir Me vueil et norir. (MACH., Lays, 1377, 395).

 

-

[P. iron.] "Se repaître" : Et se de Fortune te plains, Elle n'a cure de te plains Ne des annuis dont tu yes plains, Einsois en rit, Ne il n'est corps ne cuers humains, Soit freres ou cousins germains, Qu'elle en feïst ne plus ne mains. La se norrit. Faire l'un grant, l'autre petit, C'est ce qui plus li abelit. (MACH., F. am., c.1361, 229). En toutes dissolucions Est maintez fois menéz li homs, Et se nourrist avec les vices (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 109).

 

b)

Se nourrir en qqc. "S'exercer à la pratique de qqc." : Quant en jeunesse on l'instruira, Ce sera ce qui destruira Les vices, et en bonnes meurs Par chascun jour se nourrira (Myst. st Laur. S.W., 1499, 128).

 

2.

[D'une chose concr. ou abstr.] "Se développer" : La char malade crient la mort. La paour se nourrist ou ventre Quant chaleur dedens le cuer entre (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 11). ...pour l'eau qui tant est corrompue de la vermine qui dedens se nourrist. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 681). Et fut la main du dit escuier, qui estoit jeune et tendre, si tres fort blessee que une apostume se nourrit et engendra en la main du dit escuier (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 88).

 

-

Faire nourrir. "Faire se développer" : Pechiés fait lez vertus pourrir, Et les mauvais vices nourrir. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 48).

III. -

Empl. intrans.

A. -

"S'alimenter" : Avoir me fault de quoy nourrir. Je ne veulx pas morir de fain (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 40).

B. -

Au fig. [D'une chose] "Se développer" : Si vous pri qu'eslongiés de vos cuers tous estris Et qu'en vous ne norrisse envie ne despis (BRIS., Restor paon D., a.1338, 66). [À moins que le sujet de norrisse ne soit estris, mais on attendrait une forme du pluriel]

IV. -

Part. passé en empl. adj. Nourri

A. -

[D'une pers.] "Bien éduqué, bien exercé ; fort, puissant" : A Monlusat (...) Ou le tornoy serait dez chevalier noris. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 157). Ay, Lion, biaulz sire, frans chevalier noris... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 272). Emperrere nouris, Je vous disoie bien que... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 674).

 

-

"Qui s'est exercé" : Il povoit bien avoir quelques six vingtz hommes d'armes bardéz, tous Italiens ou autres nourriz en ses guerres d'Italie. (COMM., I, 1489-1491, 47).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Rempli" : Il a le visaige si taint, Si emflé et si bien nourry Que ce semble ung meseau pourry, Tant est lait et deffiguré. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 280).

 

2.

"Fort, puissant" : Tant allait li donsialz qui le corpz ot bien noris Qu'a Paris la citeit vint per ung sapmedit. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 650).

 

3.

"Fourni, dense" : Lors regardent avant et voient ung lorier dont les raims estoient nouris (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 192).

 

4.

"Riche" : Fy de richesse et de soussy ! Il n'est vie si bien nourrie Qui vaille estat de pastourie. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 66).

 

-

Nourri de. "Riche de" : Il tenoit beaucoup et largement de villes et de chasteaulx en frontiere de Henault, de Champaigne et de Barrois, et avoit gens et souldoiers duitz à la guerre, et norris de butin (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 242).

V. -

Part. passé en empl. subst.

A. -

"Serviteur, commensal" : Damme, s'ai dit li duc, c'est pour vous grant despit Quant je sus ensement de voustre corpz hays Pour ung povre vaissalz d'un estraigne pays C'on ne sceit dont il est ne ["ni"] qui sont cez norris. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 272). Car au jour d'uy est tant de tricherie Que l'en ne doit son penser descouvrir A homme nul, non pas a sa nourrie (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 254). ...[elle] congneut et confessa avoir fait les larrecins cy-après declarriées à plusieurs et diverses foiz et ycelles fait faire en sa presence à son sceu et commandement par Richart son filz ou nourry dessus nommé (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 437). Adonc Amour et ses nourris Auront de Dangier moins doubtance. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 46). Vouldroit-l'on dire que ce roy ne souffroit, qui ainsi s'enfermoyt et se faisoit garder, qui estoit en peur de ses enfans et de tous ses prochains parentz, qui changeoyt et muoyt de jour en jour ses serviteurs et nourriz, et qui ne tenoyent bien ny honneur que de luy, et en nul d'eulx ne se osoit fier et s'enchesnoit de si estranges chesnes et clostures ? (COMM., II, 1489-1491, 323).

 

-

"Enfant, rejeton" : Au piere furont molt cheris Pecché sa fille et Mort son fils (...), Pour plus avoir de ses norris, La miere espousa son enfant (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 6).

B. -

Bien nourri. "Celui qui est bien éduqué, bien exercé dans le métier des armes" : Lors vint le marissal de Bourgoingne aux deux chevaliers de par le duc et leur dist : "(...) je vous assigne jour et place de par luy en la ville de Malines ou de Bruselles (...) ; et a l'aventure vous verra meismes en personne, et on verra le bien norry, car je vous asseure qu'il vous soufrera bien comparer voz oultraiges ..." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 138). [Éd., 344 : «on verra le bien norry, 138, on verra le plus fort ?»]

 

-

Mal nourri. "Celui qui est mal éduqué" : Mes pompes sont es maulxnoris nouvelles (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 4). [Cf. note de l'éd.]

 

-

Souef nourri. "Celui qui a été éduqué douillettement" : Souef nourry ayme luxure. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 374).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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