C.N.R.S.
 
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     MONTER     
FEW VI-3 *montare
MONTER, verbe
[T-L : monter ; GD : monter ; GDC : monter ; AND : munter ; DÉCT : monter ; FEW VI-3, 106,113a,114 : *montare ; TLF : XI, 1042a : monter]

I. -

Au propre [Idée de déplacement du bas vers le haut]

A. -

Empl. intrans. empl. pronom.

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

[Mouvement vers le haut, ascension]

 

-

Empl. abs. : "...Ja a ce point ne me menrez Qu'embedeus n'en alons ensamble. Encor fais je trop, ce me samble." De ce point si bien s'acorderent, Si qu'ensamble tous deus monterent. Et quant il furent haut monté, Encor, par grant humilité, D'assëoir moult se debatirent. Toutes voies il se seïrent. (MACH., J. R. Nav., 1349, 188). Et ainsi monterent tant qu'ilz vindrent au tiers hermitaige, qui avoit IIIJxx pas de hault et plus. (ARRAS, c.1392-1393, 277). ...elle demoura en chemin, sans se povoir ravoir, ne monter, ne avaler, quelque peine qu'elle y mist [Une femme ne parvient pas à s'extraire d'une cheminée] (C.N.N., c.1456-1467, 275). Il te fault a l'eschele monter. Advance toy, monte, Dismas ! (Pass. Auv., 1477, 206).

 

-

Monter + adv. de lieu : Si se deslogièrent et montèrent contremont par devers les montagnes pour entrer en le conté de Forès et venir sus le rivière de Loire. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 64). Et le conte avise une fenestre qui yssoit sur le toit, et monte sus, et Gieffroy le suit, l'espee traicte, et le cuide ferir. (ARRAS, c.1392-1393, 268). "Monsigneur, arestés vous. La sus sont retrait grant fuisson des barons de France, qui ne sont pas bien asegur de lors vies. Montons amont, car il vous demandent et se voellent rendre..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 692). ...durement lui meschay, Quant si hault monta que la cire Des eles que lui ot son sire Atachees se fu fondue. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 75). ...il choisist le plus hault arbre et mieulx houssé du bois, et monte dessus. (C.N.N., c.1456-1467, 88). ...puis alla en Inde et subjuga tout jusques au mont de Melade, où plusieurs monterent pour eulx garantir de lui, qui là ne pot monter pour ung terre mote qui fut lors. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 v°).

 

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Prov. À haut monter le faix encombre. "Quand on veut monter haut, les bagages embarrassent ; pour monter haut il faut être léger" : A hault monter le fais encombre. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192).

 

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Monter en haut : Il saulta jus du chariot, entra dedans l'ostel, et monta en haut (C.N.N., c.1456-1467, 344). Quant je fuz dedans, de par Dieu, Je ne dis mot lors en ce lieu, Puis que desclairer le vous fault Elle me dist : "Montez en hault". Et se print a monter devant Et moy après. (...) Lors quant je fuz en hault monté, J'estoye presque tout esbuté... (B. veoir, p.1480, 17).

 

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Monter à qqc. : ...Florie estoit montee aux fenestres d'une haulte tour, et tant comme elle en pot avoir la veue, elle ne party de la fenestre. (ARRAS, c.1392-1393, 127). Ce fait, yssismes du repaire, Montasmes ou mont de Calvaire Ou Jhesus o la croix monta (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 55). Il te fault a l'eschele monter. Advance toy, monte, Dismas ! (Pass. Auv., 1477, 206).

 

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[D'un être céleste] Monter aux cieux : ...la glorieuse vierge monta au jour de son absumpcion es cieulx (Mir. st J. Cris., c.1344, 253). Secondement [le Saint-Esprit] fu donné du ciel aprez que Jhesu Crist fu montéz ez cieulz le jour de la Penthecouste pour demonstrer l'amour par lequel nous devons amer Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 120). Dieu se moeut au centre a parler par mistere, quant il fut incarné et prist nostre humanité, et se mut du centre, quant monta ez cieulz, et se moeut autour du centre en preschant. (Somme abr., c.1477-1481, 146).

 

-

Monter amont qqc. "Grimper en haut de qqc." : Lors monta le prieur a moult [l. amont] les eschielles, et vint a l'eglise, et trouva Gieffroy ou cuer de l'eglise, qui avoit ouy messe. (ARRAS, c.1392-1393, 277). Et lors monte amont la tour et vint au plus hault estaige. (ARRAS, c.1392-1393, 297). ...[le couvreur] s'advisa d'aller querre sa corde, et monta a mont son eschelle, et vint jusques a la cheminée, et destacha sa corde [La corde entoure une cheminée, sur un toit] (C.N.N., c.1456-1467, 276).

 

-

Monter par dessus/par sus qqc. "Escalader qqc. pour passer de l'autre côté" : Quant il furent dedens la ville, Li Sarrazin, plus de XX. mille, Monterent par dessus les murs, Qui estoient haus et seürs (MACH., P. Alex., p.1369, 77). ...et à un autre jour [il] retourna par nuit oudit hostel, et monta par dessus les murs comme dit a dessus, maiz n'y pot et ne osa riens faire, pour les chens de leans qui l'abayerent trop fort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 20). Adonc ledit Vigier atacha deux eschelles et sans aucune resistance monta par sus ledit pont ; et, quant il fut entré, trouva le cappitaine couché sur ung lit, qui estoit quasi demy mort de paeur. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 191).

 

-

Monter sur qqc. "Grimper sur qqc." : Li maronniers le tro regarde, Et tantost dedens se bouta, Dont par là sus les murs monta. Et tout en l'eure, uns escuiers, Qui estoit apers et legiers, Monta après à moult grant peinne. (MACH., P. Alex., p.1369, 89). Monseigneur, dist Remondin, montez sus cest arbre, que cilz sengliers ne vous face mal, et m'en laissiez convenir. (ARRAS, c.1392-1393, 21). Vindrent nouvelles de la prinse de Pontoise par les Anglois, qui monterent par eschieles sur les murs d'icelle ville (FAUQ., I, 1417-1420, 309). ...il monte sur ce beau poirier (C.N.N., c.1456-1467, 307).

 

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Monter sur qqn. "Monter sur les épaules de qqn" : Monte tost sur moy sans debat Je te porteray loyaument (Myst. st Martin K., a.1500, 370). Icy monte l'espetté sur les espaulles de l'aveugle et l'aveugle le porte parmy le champ (Myst. st Martin K., a.1500, 370).

 

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Inf. subst. "Action de monter une pente" : ...premiérement pour la nouvelleté du monter, car onques tel enfant n'avoit monté ce lieu la. (Mir. st Guill., c.1347, 5). ...mais il [le chemin] est assez plus traveillant au monter, car il est tresroides et pierreux, et n'y porroit monter cheval nul. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 74).

 

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[Dans un contexte juridique] Monter sur l'eschelle (pour être pendu) : ...il fut osté du prestre, et, pour abreger, monte sur l'eschelle. (C.N.N., c.1456-1467, 451).

 

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Empl. factitif Monter qqn à l'eschelle : Et, pour ce que autre chose ne plus ne voult confesser, fu mené en hault à la justice et monté à l'eschiele (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 263).

 

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Monter en la croix : ...son fil (...) Qui de son gré fu en la croiz montans Ou mort souffri pour ses amis sauver (Mir. st J. Paulu, c.1372, 148).

 

b)

[Mouvement vers le haut pour entrer dans une pièce, un espace...]

 

-

Monter en une pièce, un lieu  : Eu chastel de Rodes monterent, Et par la ville se logierent Bien et bel, et se rafreschirent, Et leurs chevaus en bon point mirent, Pour partir, quant le roy vorra. (MACH., P. Alex., p.1369, 57). Tant erra Gieffroy qu'il y vint [à la forteresse], et descend du cheval, et monte en la sale, et treuve le conte entre ses barons (ARRAS, c.1392-1393, 268). ...l'yvroigne entendit que encores le failloit enterrer, ains qu'il montast en paradis (C.N.N., c.1456-1467, 64). ...entretant la chambriere monta en la chambre et esveilla madame (C.N.N., c.1456-1467, 119). Et quant icelluy de Reilhac fut arrivé en sondit hostel et monté en sa chambre, il demanda à l'un de ses serviteurs qui estoit en ladicte chambre qui estoit celluy qu'il avoit veu en bas parler à son clerc et qu'il serchoit. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 147).

 

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Monter en/dedens un moyen de transport : Li roys monta en sa galée, Qui fu bien et bel aournée, Si qu'il n'i avoit nul deffaut De tout ce qu'en galée faut ; Et toute sa gent ensement Entrerent ordeneement (MACH., P. Alex., p.1369, 50). Au matinet, messe escouta Li roys, que uns prestres li chanta, Et quant la messe fu chantée, Il monta dedens sa galée (MACH., P. Alex., p.1369, 64). Li Sarrazin ès nés monterent Et le clerc avec eaus menerent. (MACH., P. Alex., p.1369, 128). Item, que ledit Berthaut venoit de Paris, trouva en chemin le charretier de Jehan Torfol, auquel charretier il demanda s'il monteroit en sa charrete, à quoy se consenti ledit charretier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 503). ...sy montay en mon esquif (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 152).

 

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Monter ens au bateau "Embarquer" : Les vivres, l'artillerie, les harnoiz et les chevaulx furent chargiez es vaisseaux, et monterent les gens ens ou navire. (ARRAS, c.1392-1393, 84).

 

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En partic. Monter en mer/dessus/sur (la) mer/sur l'eau. "Prendre la mer, embarquer" : Li roys, sa gent et sa navie, Et toute sa chevalerie, Furent prest de monter en mer. (MACH., P. Alex., p.1369, 50). Li amiraus n'atendi point, Eins mist ses besongnes à point, En mer monta. Dieux le conduie, Et à joie le raconduie ! (MACH., P. Alex., p.1369, 120). Montez en mer ; et, sans essoinne, Prenez gens hardis et seürs Et vous en alez sur les Turs. (MACH., P. Alex., p.1369, 120). Et ceulx montent sur la mer et lievent leurs voilles et s'en vont singlant a effort vers Chippre. (ARRAS, c.1392-1393, 127). Compaignons, tost et de legier, Montez su mer attivement Ou premier vaisseau reposant Que trouverez (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 177). Naigeons fort et deligemment ; Elle ne puet pas grandement Estre devant nous sur la mer, Car partie est : encour jour cler Estoit quant sur l'eau est montée (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 178). Si print congé de sa femme (...) puis monta en la mer. (C.N.N., c.1456-1467, 566). Dy leur que demain au matin Nous voulons monter dessus mer (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 100). Ça, messeigneurs, et mes amys, Il est temps de monter en mer (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 107). Et disoient à commune voix parmy leur ost qu'ilz estoient montez une foiz sur mer à Vannes, mais qu'ilz y monteroient encores une autre foiz à plus grant haste (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 307). ...[il] s'en est allé monter sur la mer à la Rochelle, auquel lieu avons escrit que l'on lui baillast une caravelle que on dit qui est des plus avantageuses que on puisse trouver. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1489, 360). ...et prenostica la venue des Turcs des parties d'Armenie en France et pour aller sur eulx bailla jour de monter sur mer (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 r°). Et alloyent les dictz Suysses a Nyce en Provence de par le roy, pour monter sur mer avecques ceux du dict Provence qui s'en alloyent a Napples. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 302).

 

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Monter sur terre. "Débarquer" : ...luy prinst ung vent sur mere [mer] que le b(a)alhat tant par mere qu'il l'a geteit a Bolongne. Sy montat sur terre et s'en alat vers le moustier. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 20).

 

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Empl. abs. : Si montèrent li dis rois et ses gens au port de Douvres, et vinrent sus une avesprée à Calais. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 74). ...il eurent vent pour passer oultre (...) Si arrivèrent, ce propre jour qu'il montèrent, à Douvres. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 189).

 

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Empl. trans. Monter qqc. sur la mer. "Embarquer qqc. (ici des cadavres") : Mes freres et moy les montasmes [les corps des martyrs] Sur la mer et les appourtasmes, Et sont treshonnorablement Mis en repos, tresseurement, Car le seigneur de la maison Les a en grant devocion. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 184).

 

c)

[Idée d'aller vers l'amont]

 

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Monter (amont) sur : "...vous recueillerés vos gens (...) et vous monterés amont sus les marces de Limozin et d'Auvergne et ferés là guerre." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 155). Si tretost que li rois englès eut passet le rivière d'Escaut, et il fu montés sus le royaume, il appella Henri de Flandres (...) et le fist là chevalier. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 165). ...Charles estoit monteiz vers Orliens et les paiens estoient venus descendans a Nantes. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 150).

 

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Monter un cours d'eau. "Remonter un cours d'eau" : ...quant li rois s'en parti, il monta celle rivière et s'en vint logier à Aguillon sus Seletes. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 224).

 

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[D'un bateau] : Ladicte ville a droict de prendre des vaisseaulx montans la riviere de Sayne (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1400-1500, 268).

 

d)

En partic. [À propos de monture]

 

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Monter (à cheval) : ...j'ay ja fait mouvoir Mes chevaux qui devant s'en vont ; A deux luyes près m'atendront Ou monteray. (Mir. prev., 1352, 236). ...le gentil chevalier fist tantost la dame et sa compaignie monter (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 16). Quant li roys vit tout clerement Qu'il ne les porroit nullement Retenir par son biau parler, Einsois s'en voloient aler, Il monta tantost à cheval, Entre lui et son mareschal, Et chevaucha dedens la ville. (MACH., P. Alex., p.1369, 107). Il tirerent hors leurs chevaus Et monterent comme vassaus En belle et en bonne ordenance (MACH., P. Alex., p.1369, 208). Faites les chevaulx amener Après nous, sur quoy monterons Si tost conme nous deverons Conmencier chace. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 126). ...ilz lui ont dit qu'ilz s'en aloient au Cheriot, vers la porte Saint-Honoré, monter à cheval pour eulx en aler audit lieu de Dreux (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 395). ...ledit mons. l'evesque dist à il qui parle que tantost il monstast à cheval et s'en alast devant, pour prendre logis pour icelli mons. l'evesque et ceulx de sadite compaignie en la ville de Compiegne (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 548). Et lors monta Remondin a cheval moult legierement, et prist la lance. Et, d'autre part, monta Oliviers moult vistement, et prist la lance au fer trenchant. (ARRAS, c.1392-1393, 62). Et lors monta monseigneur le Dauphin à cheval, accompaignié des ducs de Berry et de Bourgoigne (BAYE, II, 1411-1417, 126). ...[il] monte a cheval et s'en va. (C.N.N., c.1456-1467, 77). Dando montera a cheual Chambellant maistre et gouuerneur Sera de la dame d'honneur (Myst. st Martin K., a.1500, 265).

 

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Se monter : Si vinrent tout à piet li dis messires Hervis et ses gens jusques à Abbeville. Là se montèrent il, mès li dis messires Hervis estoit si travilliés qu'il ne pooit souffrir le chevaucier. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 41).

 

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Monter dessus/sur une monture  : Lors fui hors d'esmay et d'effroy, Se montay seur mon palefroy Grisart qui portoit l'ambleüre Moult souëf et de sa nature. (MACH., J. R. Nav., 1349, 154). Quant Percevaus vit la retraite, Comme cils qui desire et gaite Le bien, le profit et l'onnour Et la grace de son signour, Il n'ot en li que couroucier. Tantost monta sus son courcier Et s'en ala devers le roy (MACH., P. Alex., p.1369, 87). Et après vindrent audit Balue, qui estoit monté dessus une bonne mule qui le saulva et gaigna au fouir, car tous ses gens à l'effroy l'abandonnerent pour paour des horions. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 112).

 

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Loc. Monter sur son chevalet. "Monter sur ses grands chevaux, s'emporter" : ...il monta sur son chevalet, car il avoit la teste chaude et fumeuse (C.N.N., c.1456-1467, 56). ...montoit sur son chevalet, et disoit de maulx et maledictions a son pouvre mary, plus que ung deable ne saroit faire a une ame damnée. (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

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Inf. subst. "Moment où l'on monte à cheval ou en voiture" : Et au monter chascun fut pourveu de nouveaulz et semblables esperons qui dorez estoient pour les chevaliers et argentez pour les escuiers (LA SALE, J.S., 1456, 235). Mais au monter du chariot, la fust damps Abbés (...) remercier Madame (LA SALE, J.S. E., 1456, 375).

 

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(Estre) monté (sur (tel cheval)) : ...lequel conte il servoit comme gros varlet, et estoit monté sur un roncin estant à icellui conte (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 116). Et tantost appercoit un chevalier armé de toutes pieces, l'escu au col et la lance sur fautre, et monté sur un grant coursier liart, et monstre bien semblant de homme fort et courageux et plain de grant chevalerie (ARRAS, c.1392-1393, 299). Si me semble bon (...) me baillassez en la conduicte de mon oncle le bastard, chacun monté sur ung petit cheval. (C.N.N., c.1456-1467, 171). ...car, tantost après, se apparut le chevalier blanc, armé et monté sur ung cheval blanc et fut en dormant à certain pouvre homme, ouvrier de fer (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°).

 

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Part. passé en empl. adj.

 

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Monté. "Monté, pourvu d'une monture" : Et me trouveras en ces beaulx prez, la dessoubz, sur la riviere, par dela, monté et armé, pour toy callengier mon droit, mais que tu m'asseures que personne ne passera la riviere que toy. (ARRAS, c.1392-1393, 299). Si sont alez lesdiz seigneurs de ceans (...) montez et armés pour la plus grant partie, cedit jour, par la ville avecques ledit monseigneur le Chancellier (BAYE, II, 1411-1417, 166). Faictes doncq crier haultemant Par voz païs generaulment, Que chascun soit appareillié, Monté, armé et habilié Plus tost au jour d'uy que demain, Pour courir sus a ces Romains (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 10). ...d'autre part a envoié son filz monté, armé et acompaigné honnestement ès deux derrenières armées de Guienne, qui lui a cousté bien mil escuz (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 409).

 

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Monté + adv. de manière : ...et lui avoit souffist avoir esté bel et bien monté, et armé comme il avoit esté, et bien gouverné, sanz avoir d'yceulx aucun autre prouffit singulier. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 60). Mais Remondin qui estoit eschauffez, et qui ne ressoingnoit sa vie, ne fortune bonne ne male qui lui peust avenir, le suit [le comte] asprement, et il estoit bien montez, et tousjours le suit le conte qu'a trace qu'a veue. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Et lors qui ot bon cheval, il ne l'oublia pas, mais fiert des esperons quan qu'il puet devers Triples, et les aucuns qui furent mieulx montez devers Damas (ARRAS, c.1392-1393, 225). Et se vous veez un bon homme de la main qui viengne devers vous mal vestus et mal montez, si le honnourez et l'appellez humblement et lui donnez robes et chevaulx et harnoiz, selon la valeur de sa personne et selon le povoir que vous aurez pour lors. (ARRAS, c.1392-1393, 153). ...que les seigneurs et autres officiers de ceans et les advocas et procureurs fussent demain en la court de S.. Magloire, montez bien et competemment et habillez (BAYE, II, 1411-1417, 164). Il [l'amoureux] sur tous sera le mieulz condicionné, et en faiz d'armes à son pouoir le mieulz et le plus nouvellement armé, monté et abillié. (LA SALE, J.S., 1456, 30). Car, comme dit est, les ditz ennemys estoient moult bien armez, aussi bien montez qu'il estoit possible d'estre, et bardez a l'avenant. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 287).

 

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(Armé et) monté comme saint Georges. "(Armé et) équipé comme saint Georges (couvert de son harnais de guerre jusqu'au cou)" : ... estes vous venus quatre chevaliers de la cité, armez et montez comme saint George, excepté du bacinet (ARRAS, c.1392-1393, 177). AFFRICQUEE. (...) Vous m'avez pres que descoeffee. JOUAN. Qui a gorgete si saree, Il est monté comme saint George. (P. Jouh. D.R., a.1488, 25).

 

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Empl. subst. Un bien monté. "Quelqu'un qui a un bon cheval" : Là eut à celle journée grant encauch et dur, et maint homme reversé ; et toutefois li bien monté le gaegnièrent. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 79).

 

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Monter qqn. "Procurer un cheval et l'équipement nécessaire à qqn" : Ly dist [à son père] : "Sire, je vous diroye Volentiers, se je ne cuidoye Que vous ne deüssiez tourbler, Chou que jou ay en mon penser. Par Jhesucrist le hault celestre, Jou ay bien sy grant desir d'estre Chevalliers, s'estre le pooie Par vo gré, que riens ne vauroye, Par m'ame, en ce lieu souhaidier. Riens nulle plus ne vous requier, Mais que vous me voelliez monter : Gaires plus ne vous quier couster. J'ay espoir que Dieux m'aidera." (Dit prunier B., c.1330-1350, 70). "Quant Limosin peut par honneur chevauchier, le sire de La Vote le monta et arma, et le mena au Puy devers le seneschal de Vilay..." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 112). ...lequel Jaquet pria et requist ycellui prisonnier qu'il chevauchast avecques lui, et il le monteroit bien et bel, le meneroit en la guerre ou pays de Lymosin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 56). ...et là furent par lui receptez, aidez, confortez, montez et armez pour faire lesdiz cruelx crimez (BAYE, I, 1400-1410, 100).

 

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Empl. pronom. [D'une pers.] Se monter. "Se procurer un cheval et l'équipement nécessaire" : Et se doit monter pour la guerre et pour le tournoy par tele condicion que pour le restor de le montée dou tournoy, nous li renderons tele somme d'argent comme à noz autres chevaliers ; et pour sa montée de le guerre, s'il l'en mesavenoit, nous li rendrons le pris de no maressal (Hist. Lille T., t.2, 1338, 243). ...il a esté pris par noz ennemis et mis à grant et excessive raençon, pour la quelle paier et aussi pour soy monter et armer, il a ja pieça vendu de ses biens (Doc. Poitou G., t.4, 1370, 67). N'y espergne ne roy ne conte Que chascun ne s'arme et se monte Et s'en viengne a moy sanz sejour (Mir. Oton, c.1370, 367). ...et ainsi prant et pille ce que lez povres, en la sueur et grant engoise de leurs corps, ont loyaulment gaingné et acquis : c'est de nostre chevalier la proye, c'est dont il se monte, c'est dont il se cointaie. (Songe verg. S., t.1, 1378, 15). À Henry Le Seigneur, escuier et eschançon de monseigneur, la somme de quatre vins dix escuz, du pris de 30 gros nouvelle monnoye de Flandres chascun escu (...) pour soy aidier à relever d'une maladie qu'il a nagaires eue par l'espace de 3 mois et aussi pour soy vestir, monter et armer et habillier, affin d'estre plus hounorablement ou service de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 167).

 

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P. ext.. "Se pourvoir (ici d'une garde-robe)" : Le roy (...) tout secrement par un de sa chambre m'a fait donner CLx escus pour moy monter et habillier, moy et mes varlez (LA SALE, J.S., 1456, 70).

 

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Monté de qqc. "Équipé, muni de qqc." : Seray je pas souffisanment Montez de patins a rouelle Et d'eschaces, quant Marotele Yray vëoir, s'il fait lait temps, Et s'aray solers bien fermens A troiz ou a quatre noyaux ? (Gris., 1395, 46). Et que chacun de vous se voye, Monté de harnois et en point, Presentement, c'est chose vraye, Et des ce soir de point en point. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 485).

 

.

[D'une chose] "Équipé, pourvu de ce qui est nécessaire" : ...pour nostre abbaie (...) quatre charettes montées et un banchart monté et un hottieux, cinq cherrues montées (Livre raison St-Martin-de-Pontoise D., 1344, 178).

 

-

[Dans un contexte grivois] Monter sur qqn (pour voir plus loin) : ...il fault que vous montez sur elle et que vous la roncynez tresbien trois ou quatre foiz tout a haste. (C.N.N., c.1456-1467, 136). Marché se porta entre eulx deux (...) que le bergier monteroit sur la bergiere pour veoir plus loing (C.N.N., c.1456-1467, 482). Si tost qu'on montera sur vous, Sans estre de riens esbaye, Couvrez vos yeulx de voz genoulx. (Neuf unica du ms. de Stockholm, éd. F. Lecoy, c.1400-1500. In : Trav. Ling. Litt. 16-1, 1978, 296).

 

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Monter sur qqn sans selle : ...Mais Lameth deux en espousa, Si com Moysès escript nous a ; L'une fut Ade, l'autre Celle ; Sur toutes deux monta sans selle (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 13).

 

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Monter dessus : Comme il estoit couché avec sa taye, ne sçay de quoy il luy sourvint, il monta dessus. (C.N.N., c.1456-1467, 325).

 

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Monter sur le murier/monter sur le tas (pour voir plus loin) : ...entre dedans le lit, et sans gueres barguigner il monte dessus le tas pour veoir plus loing. (C.N.N., c.1456-1467, 456). Vous l'avez bien fait asseurer Et visiter soir et matin, Et monter sur le murier Pour veoir plus loing le droit chemin (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 372). ...la mère et les femmes qui là estoyent luy dirent que pour la première nuyt elle fist bien de la serrée, sans laisser monter le mary sus le tas, et que par ce il luy cuyderoit qu'elle fust pucelle. (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 277).

 

2.

[D'une chose]

 

-

[D'un mouvement, d'un objet, d'une substance] "Se diriger vers le haut" : Et le mouvement droit est celui qui est en haut ou en montant, et celuy qui est en bas ou en descendant. (ORESME, C.M., c.1377, 60). ...lui qui deppose, qui est sergent des impositeurs du grain de la ville de Paris, vit passer trois charrettes chargées de blé qui montoient par la rue de la Vennerie, en alant vers le Chastellet (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 354).

 

-

Monter haut par soi : Et une raison est a ce ; car nulle chose ne se puet acoustumer au contraire de ce que elle a de nature, si comme la pierre ne se puet acoustumer a monter haut par soy ja soit ce que elle y fust jectee .X. mile foiz (ORESME, E.A., c.1370, 146).

 

.

Monter (en l'air). "S'élever en l'air" : ...dont, pour la clarté du jour, les flambes ne se puent veoir, mais gette les grandes et merveilleuses flambes de fumees rouge(s), noire, verde, janne et de diverses coulleurs, qui semblent monter jusques au ciel. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 142). Et Saint Mathieu l'evvangeliste dist en la personne de Jhesu Crist : "Alez, les mauldis, au feu eternel." Et ou livre de L'Apocalipse : "Et la fumiere montera a tousjours sans fin." (Somme abr., c.1477-1481, 176).

 

-

"S'étendre (vers le haut)" : ...comme elle [la première et plus haute sphère] estoit divisée en deux parties, l'une depuis le sercle de la Lune, montant contremont tout oultre la region des planetes, tendant jusques à la dixieme spere et que icelle partie il appella "etherea lucida" et l'autre partie seconde d'embas il comprint depuis ledict cercle de la Lune jusques au centre de la terre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°).

 

-

[De la mer] "Gagner en hauteur" : Item, de fait et sans doubtance, Apparest par expérience Cotidienne et trez expresse, Qui des choses est la maistresse, La mer monter, courre et baler, En pluseurs lieux et s'en aler Encontre les cours des rivières (LA HAYE, P. peste, 1426, 8).

 

-

[Du soleil] : ...tousjours aloit la saison aval, et le soleil montoit, et les jours s'eschauffoient, car s'estoit environ le Saint-Jehan Baptiste (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98).

 

-

[Du vent] "Se lever" : ...il commencha à plouvoir (...) et monta uns tel vens que à paines pooient il tenir leurs chevauls. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 40).

 

-

[D'un chemin] "S'élever, mener vers le haut" : Monseigneur, veez la la montaigne ou ilz se tient. Et veez vous ce blanc sentier qui monte droit a ce gros arbre ? (ARRAS, c.1392-1393, 263).

 

3.

[D'un animal]

 

-

Monter amont qqc. "Grimper le long de qqc." : Exemple du premier [mouvement] : se une lance estoit portee tout droit en travers et une mouche montast tout droit contremont ceste lance, le mouvement de la mousche seroit mixte de .II. mouvemens drois (ORESME, C.M., c.1377, 62).

 

-

Monter en l'air. "S'élever en l'air" : Après ces paroles li rois Prist a parler de biaus arrois De l'aigle et de sa signourie Et comment elle est signourie Des autres oiseaus et doubtée, Quant elle est haut en l'air montée (MACH., D. Aler., a.1349, 358). Lequel beuf en son temps yssit d'un fleuve et monta en l'air le jour de la feste Serapis et après descendit oudit fleuve et depuis ne apparut (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 24 v°). ...advint que une aigle ou autre oysel print à la rive de l'eaue une conche, comme une grosse wistre ou tortue, et, pour la casser, monta hault en l'air et vit la teste d'icelui Achilus, calve, depillée et luisant et, cuidant que ce fust quelque roche, la laissa cheoir et lui rompit la teste et ainsi mourut. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 v°).

 

.

[Dans un cont. métaph.] : Aussi s'une dame jolie, Gaie, rians, jouans et lie, S'embat en lieu ou il ait feste De gens qui mainnent vie honneste, Elle y puet bien tant dire et faire De son faitis courtois affaire, Qu'elle est tout par grace montée En l'air de bonne renommée. La puet voler de toutes pars Tant que ses bons los est espars. (MACH., D. Aler., a.1349, 335).

 

-

Monter sur (une femelle). "Couvrir (une femelle)" : ...[devant] toutes chairs [ils] louent la chair de la poulle et du poullet, et par especial de la poulle qui oncques n'eut oeuf et du poullet ou coq qui jamais ne monta sur poulle, car de legier ilz se convertissent en sanc sans guaire de suparfluités (Rég. santé corps C., 1480, 68).

 

Rem. FEW : «Mfr. monter sur une femelle "la couvrir" (Est 1538 - Cotgr 1611)».

 

-

Haut monté de jambes. "Haut sur pattes" : Il est petit lievre, longuet, De rable et de cuisse bien fait, De jembes un peu hault monté (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 404).

 

-

Vert montant. "Pic vert" [ou "tarin" ?] : Fault il songer si longuement ? E, dea, maistre Verdier, vrayment, Reverdi comme vert montant, Vous farsez vous ? Av'ous bon temps ? Vous avez beau cryer de gorge ! (Pipée R., c.1470-1480, 148). J'en ay atrappé plus de mille (...) De rougesgorges, de vers montans... (Pipée R., c.1470-1480, 168).

B. -

Empl. trans. [Idée de mouvement vers le haut] Monter qqc.

 

1.

"Parcourir de bas en haut, gravir (une échelle, un escalier, une montagne...)" : Si s'en alerent, Tout en parlant, la ou il les menerent, Par les degrez de marbre qu'il monterent, Tant qu'en la chambre au bon roy s'en entrerent. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 112). ...car onques tel enfant n'avoit monté ce lieu la. (Mir. st Guill., c.1347, 5). ...il oy dire audit Breton, en montant les degrez de la chambre du geolier, lequel Breton adreçoit ces parolles à un nommé Robert Bourgois, prisonnier oudit Chastellet (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 546). ...il et autres ses varlès en sa compaignie, ou temps dessus dit, environ minuyt, monterent et eschelerent deux des fors dudit lieu du Merle, et commençoyent à vouloir escheler le tiers et derrenier fort d'icellui (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 194). Et ainsi monterent les degrez de la grant sale, qui estoit tendue de riche tapisserie, selon l'usaige du pays et le temps de lors. (ARRAS, c.1392-1393, 166). ...Gieffroy se part et prent congié, et commence a monter la montaigne (ARRAS, c.1392-1393, 263). Le cueur fait l'homme supporter Quant joyeusement se repasse ; Mais quant desplaisance s'y passe, C'est grant peine d'ainsi monter Montaigne de si grosse masse. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 401).

 

-

Monter des degrés arrière. "Remonter un escalier (que l'on a préalablement descendu)" : ...a cest cop veez cy bon Escossois qui retourne et monte arriere les degrez de la chambre (C.N.N., c.1456-1467, 51). ...en ce disant monterent arriere les degrez, et entrerent en la chambre. (C.N.N., c.1456-1467, 280).

 

-

Au fig. Monter les degrés de l'échelle de perfection. "Élever son esprit vers la contemplation de Dieu" : Les moyens degrez comme meditacion oroison et vertueuse operacion appartiennent aulx prouffitans, et de tant que on en monte plusieurs de tant plus on approche a perfection. (CIB., p.1451, 177).

 

2.

"Hisser qqc." : ...quant ilz virent qu'ilz n'y pourroient monter, ilz tirerent l'eschiele à eulx, l'emporterent, et de fait monterent icelle eschiele sur la toit dudit monstier, et casserent et briserent les tuilles dudit monstier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 223). L'un escrie, l'autre demande Et a l'autre enseigne et commande Que cordes tire et voile monte, Selons que le vent nous surmonte, Ou lache huynes ou destende Ou plus ou moins le voile tende (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 47). Et de faict il falloit atteler les chevaulx et grant nombre d'hommes par derriere, affin de retenir la dicte artillerie en devallant contre bas, laquelle chose fut plus penible ou du moins trop plus dangereuse beaucoup qu'a la monter. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 278).

 

3.

Monter une construction. "Ériger (une construction)" : Et le roy et les haulx barons furent sur haulx eschaffaulx montez environ les lices. (ARRAS, c.1392-1393, 61).

 

4.

[D'un oiseau de proie] Monter un autre oiseau. "Survoler un autre oiseau (pour le happer)" : Et tantost parti d'un autre coing ung faucon, qui vint prenre son vent pour monter le hairon. D'un autre coing petit parti ung autre faucon qui venoit de sy grant radeur, qu'il fery le hairon sy durement qui l'abatti ou millieu de la salle ; et, apprez la criée faicte, fut apporté audit duc le hairon et presenté à sa table. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 149-150).

 

5.

Empl. factitif Monter qqn. "Faire monter qqn (dans un véhicule)" : Et convient au bon homme charroier sa femme et ses enfans a grant haste en chasteau ou a la ville, et Dieu sceit la paine qu'il a de monter et de remonter la dame et les enfans, de trousser et baguer et de loger quant ilz sont en la forteresse. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 92).

II. -

P. anal.

A. -

[D'une pers.] "Assembler (un objet constitué de parties)" : Item, il y avoit une chambre toute plaine de rapieres a monter et montees, javelines, pertisaynes et cousteaux. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 263).

B. -

[D'une chose]

 

1.

[À propos de phénomènes physiologiques ou psychologiques]

 

a)

Monter à qqn

 

-

Monter en la teste/ou chief à qqn

 

.

[Le suj. désigne le vin] "Monter à la tête de qqn, enivrer qqn" : ...mais aler voulray Reposer ; car, en verité, Ce vin m'est ja ou chief monté (Mir. Oton, c.1370, 348). Il [ce moût] m'est ja monté en la teste, A paine me puis soustenir. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 33). [Le vin terrestre et gros]... est dur a digerer et a faire la digestion, et a paines puet il aller par les vaines, et fait a tart uriner, et ne monte pas legierement au chief, pour sa grosseur et peasanture ; et pour ce il ne enyvre pas tost. (Rustican H., 1373-1374, 118).

 

.

[Le sujet désigne une maladie, la folie] : ...l'avertin luy monta en la teste, et de prinsault devyna ce qui estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 463).

 

-

[Le sujet désigne une odeur] Monter par le corps : ...et se l'odor lui monte par le corps dedens jusques a la bouche et aux narines, tu doiz congnoistre qu'elle n'est pas brehaigne quant est de deffaut qui soit en li. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 87).

 

.

Empl. abs. [Le sujet désigne le sang] : ...en lysant, le sang luy monte et le cueur luy fremist, et devint tout alteré de maniere et de coleur. (C.N.N., c.1456-1467, 180).

 

-

[Le sujet désigne une chose abstr.] Monter au coeur à qqn : Tousjours travail, sans nul plaisir, et de la personne et de l'entendement, car la gloire luy monta au cueur et l'esmeüt d'acquérir tout ce qui luy estoit bien seant. (COMM., II, 1489-1491, 331).

 

.

Monter en qqn : Charlot fu de ce couroucieit et commensat l'envie a monteir en luy a l'encontre Ogier. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 43).

 

b)

[D'une plaie] "Grossir, prendre de l'importance" : Tu vois une plaie petite Dont on ne donroit une mitte ; Quant cils qui l'a riens n'i aconte, Elle envenime et croist et monte Tant qu'on ne trueve si bon mire N'homme qui t'en sache que dire, Ne phisicien qui s'i congnoisse, S'en muert aucune fois d'engoisse. (MACH., C. ami, 1357, 123).

 

2.

[D'un phénomène sonore] "S'élever, s'enfler" : Li autre (...) dissoient (...) que briefment pour le milleur bon estoit que on se rendesist au roi de France, et non à autrui. Tant montèrent parolles que rihote s'esmut, et furent li signeur maistre et li cappitaine ochis. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 31). Le hairois monta en la ville, et la voix et renommée par places et hostelz, que les Anglois estoient aux barrieres. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 94). A celle heur que l'estourmie monta et le hairois, il estoit en son hostel et se commenchoit à descouchier. Si entendy les nouvelles qu'i leur ville estoit prise (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 194). ...ja grande murmuration se montoit en Engleterre de nobles et dou menu peuple (FROISS., Chron. D., p.1400, 230). Li hus et les cris monta tantos en la ville. Evous ces Englois courir as armes (FROISS., Chron. D., p.1400, 654).

 

3.

"Atteindre un certain niveau"

 

-

[De la vue, avec une indication de distance] "Avoir une portée de, s'étendre sur" : Regnault (...) n'apporta que un oeil sur terre ; mais il en veoit si cler qu'il veoit venir par mer les nefs, ou par terre autres choses, de trois veues, qui montent bien XXJ. lieus. (ARRAS, c.1392-1393, 80).

III. -

Au fig.

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"S'élever"

 

a)

[Dans un ordre hiérarchique] : ...Orgueil trebuchera qui si hault y veult monter, Ire la forcenee n'i pourra demourer, Luxure, la paillarde, et Gloutonnie, la soullarde, et autres Vices mauvais n'i pourront dedens entrer. (GERS., Pent., p.1389, 74). ...et le feist tresbucher [Lucifer] de si hault si bas en horrible confusion. Pourquoy ? Pour ce qu'il volt oster la gloire a Dieu, et monter aussi hault comme il estoit (GERS., Noël, p.1404, 304).

 

-

Monter en la science de. "S'élever à la science de (considérée comme supérieure)" : Cestui voulut sçavoir en sa jeunesse de geometrie et puis de arismetique, puis monta en la science de astrologie par laquelle il predist plusieurs choses (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 r°).

 

-

"Gagner, l'emporter (au jeu)" : LE Ier DE SIDON. Et qui jette ung [aux dés] ? LE IIe DE SIDON. C'est le pieur, Toudis le meilleur va montant Et le pieur amenrissant. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 192).

 

b)

[Dans l'ordre social] : N'elle [Fortune] ne doit autre mestier avoir Fors de traïr Ceaus qu'elle voit monter et enrichir, Et de faire le bas en haut venir (MACH., J. R. Beh., c.1340, 84). ...je vous donray tel mari (...) Dont en puissance monterez, Et dont bien venue serez Par tout pour li. (Mir. chan., c.1361, 179).

 

-

Monter en estat/en honneur : ...ung povre homme, quant il monte en estat et son seigneur l'aveue, il se corrompt (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 19). ...le terme que je coury par le monde, je ne vey nul hault seigneur qui n'eust son marmouset, ou de clergié ou de garçons, montez par leurs gueules et leurs bourdes en honneur. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 227). Car, quant a moy, je ne vous quier nul office, ne chose par quoy je doye plus en honneur monter pour sy grant honte recevoir, ne servir sy loyaument pour estre ainssy merité. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 41).

 

-

"Accéder, être promu (à un poste, à un office plus élevé)" : ...le Roy mandoit à la Court qu'elle receust maistre J. de Mailly, licencié en loiz, ou lieu vacant aux Enquestes de cellui qui monteroit d'icelle Chambre en la Grant Chambre, ou lieu de maistre J. de Quatremares (BAYE, II, 1411-1417, 7). ...a esté ordonné que ledit de Laigny auroit le lieu et gages de lay que tenoit et avoit maistre Tibaut Tiessart auxdictes Enquestes, qui montoit en la Grant Chambre ou lieu dudit Quatremares (BAYE, II, 1411-1417, 8). Cedit jour, a esté faicte election de maistre J. de S. Romain, ou lieu de maistre Guillaume de Besze, qui est monté de la Chambre des Enquestes en la Grant Chambre ou lieu de maistre Nycole de Biencourt (BAYE, II, 1411-1417, 186).

 

-

Empl. factitif Monter qqn. "Faire accéder qqn à un poste plus élevé, promouvoir qqn" : Depuis qu'il est vallet de chienz, je le vuill monter et fere aide et enseigner coment il sera bonne aide, einsi comme il est bon vallet de chienz. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 189).

 

-

[De la Fortune] Monter qqn (haut). "Faire accéder qqn au pouvoir, aux honneurs..." : ...Avint ce que je ay raconté : Comment Arbacan hault monté Fu par Fortune, qui l'ama, Quant en son pays, que on clama Mede, transporta le hault nom De seignourie et le renom De Babiloine, qui chey De son nom, tant lui meschey (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 175). ...c'est un homme de basse condition, que fortune dérisoirement avoit monté, et lequel, après estre enyvré de ses dons, dont n'estoit digne, l'a mené à fin si confuse que son nom n'est digne d'entrer en bouche. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 234).

 

.

Part. passé en empl. subst. Le haut monté : La mort, qui prent le hault monté Autressi tost com .I. tarin, Prist Johan. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 253). [Le fantôme d'un criminel condamné à mort apparaît au narrateur]... et veullans preaviser les haulx montez en la roe [de Fortune] de futur peril et leur estre figure et miroer de felicité mal usee, vint faire derision de soy mesmes (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 47).

 

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Prov. Bas doit cheoir qui trop haut monte./Qui plus haut monte qu'il ne doit, de plus haut chiet qu'il ne voudrait : N'on ne doit pas si haut monter Qu'on ait honte dou desvaler, Eins doit on le moien eslire, Car meintes fois ay oï dire, Qui plus haut monte qu'il ne doit De plus haut chiet qu'il ne vorroit. Pour ce fait bon parler a point Par scens, par avis et par point, Doucement, sans maniere ruste, Et demander ce qui est juste, Car encontre bon demandeur Appartient bon escondisseur. (MACH., R. Fort., c.1341, 139). Qui plus hault monte qu'i ne doit, De plus hault chiet qu'il ne voudroit. (Liber Fort. G., 1346, 90). Car bas doit cheoir qui trop hault monte. Ou puis d'enfer vous porteron. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 133). Maistre Simon, sire Simon, Vostre corps, qui est de limon, Vouloit voller lassus au c[i]el ! Il desplaisoit a saint Michel. Si estes trabuché a honte ; Car abbas chiet qui trop hault monte. Ou feu d'enfer vous trametron. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 184).

 

.

Tel y monte qui ravale : Ceulx ot on souvent guermenter Des plus haulx estages [au fig.] monter, Si y a de tieulx gens grant ale ["foule"], Mais tel y monte, qui ravale. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 112).

 

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[Même idée] : Maint s'en aydent [de Trahison], dont il messiet, Qui veulent monter es donjons, Mais souvent plus bas que plungions Sont affondez (et c'est raison !) (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 116).

 

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Quand l'un descend l'autre monte : On y voit, par estrange voye, Les uns monter, autres descendre (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 149). THOBYE. Enfin de tout fault rendre compte, Car quant l'un descent, l'autre monte : Dieu congnoit bien ce qu'il nous fault. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 99). [Le loup qui descend dans le puits, au renard] "Mon compere, vous vous en allés !" -"Il est vray", dit le regnard, "car ainsi est il du monde, car, quant l'ung descend, l'autre monte" Et, ainsi, le regnard s'en alla et laissa le loup dedans le puis. (MACHO, Esope R., c.1480, 244).

 

c)

[Dans l'ordre moral et spirituel] : Par les laborans j'entens ceulx qui encores ne peuent monter a l'estat de parfeccion, et toutes voies toute leur esperance en nostre seigneur il mettent, en eschevant a leur pouoir les pechiez et en mettant peine a bien ouvrer. (Mir. st Ign., 1366, 73). Diex en sa grace vous maintiengne (...) Si que puissiez de bien en miex Touz jours monter. (Mir. st Alexis, 1382, 331). Si fait bon oÿr exemplaire Et bonnes vertus raconter, Dont on puet par raison monter En l'estat de perfectïon. (Gris., 1395, 2). Quant bon desir, qui veult hault avenir, Meut la pensee a monter en valeur, L'omme se doit lors sobrement tenir Et eschiver le vin et sa chaleur, Qui fait changer bon advis en foleur (CHART., B. Nobles, c.1424, 406). J'ay ouÿ souvant raconter Que nul homme ne puyt monster Se il ne veult son corps offrir A endurer et a souffrir (Pac. Job M., c.1448-1478, 348). (...) ... tu dois sauoir et considerer quelle maniere tu tiens et quel ordre es operacions intellectuelles affin que par la congnoissance telle quelle que tu as de toy tu puisses monter a la congnoissance de Dieu, et pour confirmacion de la foy que tu as des personnes diuines tu puisses aucunement congnoistre lesdictes personnes par leur ymage et semblance qui est en toy. (CIB., p.1451, 201).

 

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Monter en prix. "Croître en valeur" : Car nices et desapris Sui, mais bien serai apris Et porrai monter en pris, Se je l'aim sans mesprison. (MACH., Les lays, 1377, 332). On n'a pas grant bien pour neant, Et, cil, qui se va pourvoyant Sagement, doit chier acheter Ce dont peut en grant pris monter. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 121).

 

d)

[Dans l'ordre du savoir] : La marine y couvient hanter, Qui y veult en grant pris monter Et savoir le tour de bien duire Nefs et galees et conduire Et par beau temps et par orages (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 41).

 

-

Monter qqn/qqc. "Louer, vanter, exalter qqc." : C'est de tous ars ly plus montés [l'invention du latin] Et l'on en troeuve plus bontés. Sans cel art, s'en voisent ly aultre Gesir en paille comme pautre, Car plus est creü a la ronde Que trestout ly aultre art du monde (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 202). ...chascun son fais portera. Li plus chargiés plus pesera Et sera pour nïent conté, Et le bienfait sera monté. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 115). S'ainsy bien racomptee Est celle [prouesse] a l'aigle d'or, tout aussi haut montee Iert voir sa haulte emprise (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], , 47). Lors me commença Folcuider a monter si hault que plus, de ceste heure en avant, ne me souvint, si non petit, de toute la bonne et prouffitable doctrine que mon bon maistre m'avoit premier donnee. (Abuzé D., c.1450-1470, 49).

 

e)

[En mauvaise part] Monter en tel défaut : ...lui monté en trop grant orgueil, en sa cité de Babiloine seant à table avec ses barons et princes de son royaume (...), furent veus .III. dois, qui escripvoient en la paroit : "Mauné, Thethel, Pharès". (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 76). Si n'est pas doubte que semblablement que par convoitise en leur a tel estat pourchacié, par celle meismes ouvreront ou fait de l'excercice des dis offices, tant pour en retirer ce que leur a cousté comme pour en enrichir ou monter tantost en grant orgueil par mener estat. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 82). ...maiz est cuer tant atrempeement afferméz que il soit tout temps prompt et prest à resister puissamment contre les hurs que fortune lui pourroit bailler, tellement que pour quelconques malle aventures, perte, meseur, ou mescheance ne peust estre brisiéz, ne tresbuchiéz en desconfort ne de sa fermeté desmeu, et semblablement ne le souffreroit monter en arrogance pour quelconques prosperité. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 109).

 

-

Monter en debat. "Se disputer, se quereller" : D'Alixandre est il raconté Q'une fois en debat monté Fu, lui et ses chevaliers (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 244).

 

2.

Se monter sus. "Se mettre en mouvement, se mettre en campagne" : Si conclurent les dessusdiz ducz de Bethfort et de Bourgongne, que vers Pasques, à la saison nouvelle, se monteroient sus, chascun à tout grand puissance, pour reconquerre les villes qui s'estoient tournées contre eulx en la marche de France et sur la rivière d'Oise. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 362).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Augmenter, s'accroître" : ...vostre biauté qui me Tient sans dormir dou soir jusques a prime. Mais en mil ans n'en diroie la disme. Toute seurmonte. Chascuns le dit, li duc, li roy, li conte. Or vueille Dieu que ja si ne m'ahonte Qu'en li servant pense outrage ne honte, Car c'est la lime Qui les biautez lime, desteint et donte. Cils qui la voit aus autres riens n'aconte, Mais ce qu'adès croist, embelist et monte Tous maus reprime. (MACH., F. am., c.1361, 180). Tresdouce dame, apaisiez l'ire De vostre fil qu'est si montée, Qu'elle ne soit vers nous tournée (Jour Jug. R., c.1380-1400, 245). ...tant monta sa renommée que pour tout chose l'on demandoit son conseil (C.N.N., c.1456-1467, 467).

 

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"Se répandre, s'imposer" : S'avés des séculers le voir bien racomptet, Comment les virtus ont li visce sourmontet, Comment nouviel habit sont venut et montet (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 171).

 

-

[D'un écrit] Monter à ennui. "Se développer au point de susciter l'ennui" : Toutes ces choses, que j'ay dictes, Furent en la paroit escriptes De la sale ou Fortune maint, Qui grief meschief livre a maint, Et plusieurs autres, dont diray Partie, et de l'autre tairay, Car ne pourroie tout compter, A grant ennuy pourroit monter (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 273).

 

2.

Monter sur qqc. "Surpasser qqc., être plus fort que qqc." : Trop mieulx vauldroit se souffrir martirer Que avarice sus l'onneur d'omme monte, Car c'est le bien qui les autres seurmonte. (CHART., B. Nobles, c.1424, 398).

 

3.

"Atteindre une certaine valeur"

 

-

[D'une chose] Monter (à). "Valoir tant (essentiellement en argent)" : Voirement Porrus voir disoit Que il estoit roy des richesses Et de trestoutes les noblesses, Car de tout le monde les biens Vers ceulx d'Inde ne montent riens (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 145). ...lezquellez firent tant de inhumanités et dez donmages, tant ez eglyses arsez et destruites, que ou propre demaine du royaume et en celluy dez subjés aussi, lezquelx ne pourroient estre humainement estimés ; et, par consequant, il montent et valent plus que tout ce que le roy d'Angleterre ot onques, par deça la mer, en propre demaine (Songe verg. S., t.1, 1378, 276). ...il prindrent toute la robe qui troverent en icelle chambre, montant à la somme ou valeur de cinq cens frans, comme manteaux fourrez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 249). ...un an a ou environ, à la requeste de Jehan Le Maire, et à ses noces, il fist certaines flamiches pour lui montans à la somme de XVIIJ frans ou environ. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 256). ...l'en avoit mise suz une grant taille, montant, comme j'ay oy dire, XIJ ou XIIJc mil frans (BAYE, I, 1400-1410, 34). ...allegans par l'occupation des Angloiz, ennemiz du royaume, entour Harefleu avoir perdu sa terre qui monstoit à bien V mil libvres (BAYE, II, 1411-1417, 225). ...fors tant que s'il y avoit aucune chose à parfaire, il feroit retenir jusques à la somme que ce monteroit pour les parfaire (BAYE, I, 1400-1410, 266). Si apertient a chascune de tel estat, se elle veult user de sens, que elle sache combien monte par an et vault communement la revenue de sa terre (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 152). Lesquelles parties se pevent monter et valoir ladite somme de quatorze livres, huit solz tournois (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1409, 224). ...mondit seigneur (...) mande paier ausdis maistre Jaques et Boloigne gaiges, à chacun pour sa personne, II varlez et trois chevaulx, qui monte selon l'ordonnance de l'ostel de mondit seigneur 32 solz parisis pour chacun jour (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 722). JHESUS. (...) Se vous aviez ferme esperance En moy et estable creance. Autant comme poroit monter Ung grain d'oliette ou nombrer, Je vous dy que aussi proprement Feriez, et non tant seulement De ce fighier, mais tout autel Feriez en ce monde mortel (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 127). ...il sera bien trouvé que puis XX ans ladite cloaison a valu XLVm livres et plus, et on ne saurait trouver que les repparacions de ladite ville depuis ledit temps montent Xm livres. (Roi René vie L., 1459, 291).

 

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[D'une somme d'argent] "S'élever à" : :... et se monte la somme de ce taux : CXV livres, dont il faut rabatre pour le vin et despens d'icellui taux C. s. (Mémor. Echiq. Archev. S., 1381, 30-31). ...audit evesque quatre cens frans, audit messire Richart cent frans, et ausdiz Griffin et Forest à chascun cent frans, font deux cens frans, et monte tout ensemble à ladicte somme de 700 frans (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 45). ...par le papier du bail, il appert que ledit Cousin tierçoyt ladite somme sur 20 l., qu'il semble qu'il en devroit rendre icy 30 l. p., qui est le prix à quoi elle monte par le tiercement, toutefoyes soit adverti que, par le papier, il dit qu'il en doit demourer quitte nonobstant le tiercement de 20 l. p., pourveu que si aucun y mettoit enchere (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 23). ...moyennant certaine somme d'argent, montant à quarante mille escus (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 95). ...certaine somme d'argent, laquelle il emprunta aux usures, pour le bien commun ; lesquelles estoient tant montees qu'il en avoit vendu tout le sien (LA SALE, Sale D., 1451, 179). Et [laisse] a maistre Jehan le Cornu, Qui est en gaige detenu Pour ung escot sept solz montant (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 16).

 

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[Valeur autre que financière] "Valoir" : ...toute la terre et la mer Que solon ["avons l'habitude"] le monde clamer Vers le firmament si poi monte Qu'il n'a vers li raison ne conte Fors comme .I. petit point massis Emmy un tresgrant cercle assis. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 101). Se tu t'armes, en aventure Seras d'estre a desconfiture ; Car teles gens ne doubtent honte Et si ne scevent qu'onneur monte. S'il te meschiet, ne te saroient De riens aidier, qu'il ne porroient. Si qu'amis, soies sus ta garde Encontre tels gens et t'en garde, Qu'on doit a son oueil mettre l'erbe Qu'on congnoist et qui pas n'enherbe. (MACH., C. ami, 1357, 118). L'escripture si nous raconte, Qui scet bien que tel chose monte, Que il ne soufist pas a l'amant Quant une fois va regardant Ce qu'il aime, mes pluseurs fois. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 151). Chascun voit qu'il n'est si hault homme, Neïz l'emperiere de Ronme, Ne filz ne de roy ne de conte, Maiz qu'il saiche que deduit monte, Qui ne se voise agenoillier En gibier devant l'esprevier. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 317). Nulz n'a estat se bien ne scet que monte Compter, getter et mannier argent. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 160). En la sale bien figuree, Ou Fortune a sa demouree Plaine de figures estranges, Je y vi, par belles arrenges, Toutes les sciences donnees De Dieu, par bel ordre ordenees, Si me plaist q'un petit en compte, Combien que mon sens petit monte Pour parler de chose si haute (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 104). Et de ceulx qui font si grant conte De leur noblece qui pou monte, Se vraie vertu ne l'esclere, En parle de son livre Valere. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 178). Mon livre, qui peu vault et monte, A nesune autre fin ne tent Si non a recorder le compte D'un triste amoureux mal content Qui prie et plaint que trop atent, Et comme Reffus le reboute (CHART., E. Dames, 1425, 369).

 

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ARITHM. "S'élever à" : Toute laquelle multiplicacion monte .3033586. (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 597).

 

-

Se monter autant comme : ...ledit don fait par le Roy audit monseigneur le séneschal se monte justement autant comme les parties enquoy je trouve que ledit monseigneur le séneschal estoit tenu audit Cuer et Varie. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 642).

 

-

[D'une somme de pers., de choses] Monter à tel nombre. "S'élever à tel nombre" : LE SERGENT. (...) Saichiez que mon seigneur le conte De Panice et sa gent, qui monte A grant nombre, viennent a vous En grant arroy, toutes et tous (Gris., 1395, 88). ...mais eut deux lignées qui estoient en Caldée, que Nabugodonosor avoit mises en captivité, qui se montoient mille VIIc hommes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 r°). D'extravagantes autres belles omailles Estoit le lieu de bout en bout fourny, Sans les chappons, gras oysons et poulailles Qui se montoyent a ung nombre infiny. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 186).

 

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[D'une action] "Avoir telle valeur morale" : Point ne le samble as pluiseurs gens, Qui ne scevent que bienfés monte (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 50).

 

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Loc. Ne pas monter une poire : [Quand Nature voit ainsi des jeunes mourir] À centaines et à milliers, Pour convoitise et vaine gloire, Qui ne montent pas une poire, Aussi pour les biens de Fortune, Tant muable, hisdeuse et brune, Qui valent trop mains, je vous jure, Que ne font les biens de Nature. (LA HAYE, P. peste, 1426, 170).

 

4.

Monter (à qqn)

 

a)

"Importer (à qqn), être important" : Helas ! Il dit que je suy vieux Et que j'ay froit pis et fourcelle, Si me faut une jovencelle. Je say asséz bien que ce monte. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 15). Ce nous monte petite cose, qant ils, li vintime tant seullement, voelt courtoisement passer parmi le roiaulme de Franche. (FROISS., Chron. D., p.1400, 753). Si mesprent qui enfens desvoye, Car, a grant peine, on les ravoye, Et qui bien notter que ce monte Vouldroit, il tendroit moult grant compte D'en enfance bien ennorter Ses enfens, car, sanz point doubter, Tel est mal condicionné Et a vices habandonné, Qui le tient plus par nourriture Qu'il ne fait de droite nature, Car nourriture en lonc espace Meurs natureulx vaint et trespasse. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 52). Vostre parler riens ne luy monte [à Jésus sur la croix] : Il a trop beu de villonie (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 337). HERODE. ...Or n'en est nouvelle quelconque : Par quoy telz parlers ne nous montent De l'estoille qu'ilz nous racontent [les rois mages], Qui leur a esté demonstree (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 87).

 

-

En monter à qqn

 

.

Qu'en monte à qqn ? "En quoi cela importe-t-il à qqn ?" : Autre langaige y a que l'en raconte, Que chascuns dit assez communement : "Je m'en tairay, dit tel ; a moy qu'en monte ? J'en parleray partout si hautement." (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 82). "Estievene, Estievene, que faites vous ci à ceste heure ?" Li prevos respondi : "Jehan, à vous qu'en monte dou savoir ?" (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 116). "...Et a vous qu'en monte ? En ce pays n'a point de honte De mener s'amie avoech soy." (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 108). Entrues que li rois parloit, cils Tieulliers avoit parlé au maieur et dit : "Et, de ce que je di et fach, à toi qu'en monte ?" (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 120). "...A toi qu'en monte, se je li blasme ses follies ?" - "A moi qu'en monte ? dist li archiers ; il en monte assés, car il est compains à mon maistre." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 260).

 

b)

"Servir à qqc." : A brief compter, Mon mal, qui le veult raconter, Puet toutes lermes seurmonter Ne pleurs n'y pevent riens monter. (CHART., L. Dames, 1416, 242).

 

c)

"Concerner qqn"

 

-

[Dans une tournure impers.]

 

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Tant comme/tant qu'il monte/en tant que monte (à qqn/qqc.). "En ce qui concerne qqn/qqc." : Et tant comme monte a ches mauvés ars [de sorcellerie] de quoi vous m'avés parlé, je vous conssaillerai bien. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 50). ...En tant que monte A moy, je suis assez contente. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 100). Tant qu'il nous monte, Autre compte nous n'en rendrons : Publicquement nous confessons Que c'est nostre enfent purement. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 461).

 

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Quant monte à qqn. "En ce qui concerne qqn" : LE PERE (de l'enfant aveugle qui fut guéri par Jésus). Quant a moy monte, Autre compte n'en renderons ; Publicquement confesserons Que c'est nosre enfant seurement. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 192).

 

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En tant comme monte qqc. : ...en tant comme monte escripture de Bible, qui est inpimmation de la nouvelle loi, n'est ce mie loi de salvation, puisque il ne tiennent le Nouviau Testament (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 9).

 

5.

Monter (à) qqc. "Signifier, vouloir dire" : Hons religïeux et clergiez Qui se meffait est trop chargiez, Pour ce qu'il scet que péchié monte. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 124). ...Cheÿ tempeste, fourdre, espars En pluiseurs lieux, en pluiseurz pars, Et maintz homs s'en espoeunta ; Mais nul ne sçot que ce monta. Chascun en dit en son espoir, Mais nul n'en sçot dire le voir. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 104). [C'est Luxure qui parle] "Je say trop bien que cesi monte. De ribaude est tres bone encontre, Et qui preudomme enconterra, Sachiés, ja bon deduit n'aura." (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 188). Ung temps fut que au son du patin, Entendoye de loing leur latin Et savoye bien que cela monte (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 63). Pour venir a son entente, lui faisoit d'amour maint signe, regard et contenance, luy ottroyoit et acordoit tout ce qu'il vouloit. Il a ce riens n'entendoit, ne a quoy ce montoit point n'y pensoit ne ne savoit, son cuer point n'y avoit. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 19).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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