C.N.R.S.
 
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     MONTRER     
FEW VI-3 monstrare
MONSTRER, verbe
[T-L : mostrer ; GD : monstrer ; GDC : monstrer ; AND : mustrer ; DÉCT : mostrer ; FEW VI-3, 94b : monstrare ; TLF : XI, 1050b : montrer]

I. -

Au propre [Obj. concret]

A. -

Empl. trans. "Faire voir"

 

1.

Monstrer qqc./qqn à qqn

 

a)

"Présenter qqc./qqn à qqn, mettre qqc. devant les yeux de qqn" : ...tu as la mère devant le filz, pour toy monstrant ses mamelles ; tu as le filz devant le pére, monstrant ses plaies cruelles (Mir. emp. Julien, 1351, 187). Saint pére, en signe que mes dis Sont veritez et qu'il appert, Vezcy, je vous monstre en appert La royne de paradis Et plus, car vezla son chier filz Jhesus qui li tient compagnie. (Mir. prev., 1352, 274). Chier sire, je vous ouverray Ce coffre et si vous monsterray Qu'il y a, sire. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 13). Requis s'il savoit lire, dit que non ; jà soit ce qu'il lui feust monstré plusieurs lettres et livre pour savoir s'il congnoissoit lettre aucune. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48). ...icelle Gilete a cogneu icellui lit qui lui a esté monstré, ensamble ladite couverture, estre siens et l'a affermé par serement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 414). Et la puissance de Dieu y puet adjouster ce qu'il lui plaist, comme on raconte, en pluseurs histoires, de pluseurs faees, avoir esté mariees et avoir eu enfans. Comment ce se puet faire ne puet savoir humaine creature, car ces poins et autres a Dieu retenu en son secret, et en monstre les exemples es lieux et aux personnes ou il lui plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 311). ...icelle Marion li monstra un hennap de madre qui presentement a esté monstré audit deposant et lui dist que icellui elle avoit acheté la somme de VJ s. parisis d'un compaignon maçon (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 425). Puis [Saintré] vint a François de Nentes, brodeur du roy, et lui monstra la boursse (LA SALE, J.S., 1456, 52). Lors elle luy monstra la robe et le couvrechef (C.N.N., c.1456-1467, 260).

 

-

"Laisser voir, offrir aux regards, exhiber (son corps, une partie du corps)" : Je crye a toutes gens mercys. A fillectes moustrans tetins Pour avoir plus largement hostes (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 148). Elle [Affriquée] est allee rider par ville Pour monstrer son gent corps habile, Dont Jouan a eu tant d'ennuy. (P. Jouh. D.R., a.1488, 30).

 

.

Monstrer à descouvert une partie du corps : Car elles ont aprés aprins une maniere d'aler mignotement, de monstrer a descouvert leur poicterine et leur sein, de descouvrir un tantet de la cuisse. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 209).

 

-

"Mettre en valeur, rehausser qqc." : ...couvert de velours noir, à larmes noires, moustréez d'un pou de bleu. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 128).

 

-

Empl. abs. : BERTHE. (...) Veez que j'ay fait. AIGLANTE. Monstrés. Sanz doubte c'est bien fait ; N'est pas euvre d'ouvriére nice. (Mir. Berthe, c.1373, 197). ...il m'a demandé ou je alloye, et se j'avoie saufconduyt. Je luy dys que oy et luy monstre (C.N.N., c.1456-1467, 56).

 

.

À l'impér. Monstre voir ! : LE SECRETAIRE. C'est fait, monseigneur. LE CHANCELIER. Monstre veoir. C'est bien escript, a dire voir. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 34).

 

-

Inf. subst. "Façon d'apparaître, aspect" : Bien heuré ton monstrer serein, benoîte ta fiction simulatoire, quand par non vouloir te monstrer meilleure que tes semblables, tu (...) as obtenu ainsi gloire non semblable (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 218). ...les simples gens qui jamais n'avoient vu le roy, s'esmerveillèrent tous de son estre, et damandans l'un à l'autre : "Où est le roy ? lequel est-ce ?" quand ils virent que ce fut-il, furent tous confus de son povre monstrer (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 360).

 

b)

"Désigner qqn/qqc. à qqn" : Venir le voy. Je le vous monstre : C'est cestui qui de nous s'approuche. (Mir. parr., 1356, 21). Et dit que sondit maistre l'amena une fois à Faremonstier, et lui monstra l'ostel son père (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 94). Requise se elle sauroit où trouver, monstrer ou enseignier celui compaignon que elle dit qui lui bailla ledit verjus, dit par son serement que non. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 253). Et lors lui monstra on Uriien qui seoit sur une couche, o lui son frere et le maistre de Rodes. (ARRAS, c.1392-1393, 91). ...dudit prisonnier ilz n'avoient point de cognoissance ne de li ne se remembroient aucunement, se monstré ne leur estoit sa personne. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 411). ...si je n'ay esté à la grande feste, si fault il bien qu'on me monstre l'espousée. (C.N.N., c.1456-1467, 26). ...[il] se tourne vers son lit et leve la couverture et leur monstre et la mere et l'enfant. (C.N.N., c.1456-1467, 200). LE .I. SERGENT [au juif]. (...) Monstrez nous le lieu ou [le chrétien] demeure. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 114).

 

-

Monstrer qqn du doigt. "Désigner qqn du doigt" : Et, quant la cuiriee sera mise dessus et despartie, je diray a mes chienz qu'ilz se gardent bien que null ne ose mengier jusques tant que celuy la li commendera, et leur moustreray du doy celuy homme que je vueill qui les face mengier. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 220).

 

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Monstrer qqn au doigt et à l'oeil. "Désigner clairement qqn" : "Et a celle fin, dit il, que vous ne disiez que je veille imposer a vostre fille blasme sans cause, je vous monstreray a l'oeil et au doy le ribauld qui ce deshonneur nous a fait..." (C.N.N., c.1456-1467, 382).

 

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Au fig. Monstrer qqn au doigt. "Critiquer, blâmer qqn ; se moquer de qqn" : Et, par ma foy, Si loiaument l'aim que j'ay plus d'anoy Cent fois pour li que je n'aie pour moy, Quant s'onneur voy amenrir ; car au doy La mousterront Ceuls et celles qui ceste ouevre saront, Et meins assez en tous cas la croiront, Qu'a tous jours mais pour fausse la tenront. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 100). Les aultres jectent la teste en escoutant, leurs cheveulx ordonnent, leurs vestemens [...] et applicquent, mettant les mains au costéz, extendant les piés, faindent une assés fole maniere pour les moustrer au doy. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 249). Et se, de aventure, il y a aucune present qui pour la consideracion de ceste misere soit triste, ou qui en parle, mieulz luy vausist estre bien arriere : tantost sera moqué, monstré au doit ou vilené. (GERS., Purif., 1396-1397, 67). Je te feray o doit monstrer et ensegner, Quant en ton sauf conduit nous as fait si gaittier (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 7). Nennil, certez, car vrayement Chascun vous moustrera au doy, Disant : La vielle rassoutie Tient tous maulx en sa compaignie, Sans savoir la cause pourquoy. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 184). Il n'y a moyen qu'il ne conviengne que je passe par celle adventure, ou que je soye monstré au doy en reproce de lasche et recreant. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 196). Vous avez perdu vostre nom, Dont premiers vous feustes nommee, Et avez acquis ung surnom De bien piteuse renommee. La pecheresse habendonnee, Ainsi vous nom[me] on, je le voy ; Pensez y, ma seur tres amee, Car chascun vous en monstre au doy. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 396). Vous avez perdu vostre nom, Dont premiers vous feustes nommee, Et avez acquis ung surnom De bien piteuse renommee. La pecheresse habendonnee, Ainsi vous nom[me] on, je le voy ; Pensez y, ma seur tres amee, Car chascun vous en monstre au doy. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 396).

 

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"Désigner qqn à la dérision publique" : Par Dieu, on le doit Baculer et monstrer au doit. (Narcissus, p.1426, 299). ...Chascun s'en rit, disant : Dieu quelle joye ! Ce foul vieillart veult devenir enfant ! Jeunes et vieulx du doy le vont moustrant, Moquerie par tous lieux le convoye. (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 100). LE CRESTIEN. Nous sommes tous desprins et mis, Mocqué de grans et de petis. On nous monstre au doit. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 75).

 

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Monstrer qqc. au doigt. "Faire sentir, faire comprendre qqc. par l'expérince concrète"

 

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Empl. pronom. à sens passif : Pluseurs choses se voeullent au doy monstrer et par experience, jamaiz par rayson naturele. Sy bien ne sentiréz feu estre chaut, que par en aprochier la main. (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 71).

 

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Monstrer un chemin (à qqn.). "Indiquer (un chemin)" : Pour monstrer aus autres la voye Devant iray. (Mir. ste Bauth., c.1376, 143). ...messires Godefrois de Harcourt (...) amena le roy d'Engleterre et son effort en Constentin, et moustra passage parmi Normendie. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 78). ...le connestable luy dist que il le quitteroit de sa raençon et luy feroit grant prouffit, se il luy vouloit et à ses gens monstrer passaige, car bien avoit oy dire que sus celle riviere si felle il y avoit un bon gué et certain passaige. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 89). ...ilz vindrent sus le gué de la rivière. L'escuier espaingnol entra tout premierement dedens et leur monstra le chemin. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 89).

 

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Au fig. : Du premier, asscavoir qu'il doit avoir maistre, saint Jherome escripvant a Paulin l'enorte qu'il congnoisse et entende qu'il ne puet entrer ou chemin des Escriptures se aucun ne va devant pour luy moustrer la voie. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 50). Et chascun puet veoir que hommes aimment naturelment hommes, par ce que l'en monstre la voie a tous ceuls que l'en voit en erreurs de chemin, aussi comme se tout homme eüst familiarité a chascun homme ou fust son amy. (ORESME, E.A., c.1370, 413). "Et quant il fu devant lui, il li monstra la voie de baptesme et le baptisa et il fu gary." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 231).

 

c)

"Faire apparaître qqc. au grand jour, mettre en valeur" : ...et voulurent monstrer leur magnificence, leurs grandes banières et leurs belles paintures qu'ilz avoient apportées, et dirent qu'ilz passeroient (BUEIL, II, 1461-1466, 116). Pour mieulx monstrer noz haulx faiz tryumphans, Grans dromadayres, bouffles et elephans, Divers chameaux aurons a grant foison, Qui s'en yront par les chemins roufflans, Et nous apprés, les biens d'aultruy rifflans (LA VIGNE, S.M., 1496, 228).

 

d)

"Faire visiter (un lieu) à qqn" : Et fut le duc troix jours à Ortais, et y ot des biaulx disners et des grans souppers, et monstra le conte de Foix au duc de Bourbon une partie de son estat (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 127). Si viseta li rois d'Escoce son pais, et mena ces chevaliers et ces esquiers de France partout avoecques lui, pour euls monstrer le roiaulme d'Escoce. (FROISS., Chron. D., p.1400, 563). Quant Madame eust messe oye, damp Abbés la prent par soubz le bras et en sa chambre a bon feu la maynne, ou tout le desjuner estoit appareillié, et quant Madame fut bien desjunee damp Abbés la prent et dist : "Ma dame, entendiz que vostre compaignie fera bonne chiere, je vous veul monstrer mon ediffice nouvel," lors de chambre en chambre tous deux alerent que les dames ne les sceurent trouver. (LA SALE, J.S., 1456, 257). Aprés lesquelles choses faictes le roy fit monstrer son camp aus ditz ambassadeurs, pource que le duc de Millan ne vouloit jamais souffrir que l'on veist le sien, ne que personne estrange entrast dedens de paour que l'on sceust son ordre, estat et façon de faire. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 305). Après, me firent monstrer leur archenal, qui est là où ilz tiennent leurs gallées et font toutes choses qui sont necessaires pour l'armée de la mer, qui est la plus belle chouse qui soit en tout le demourant du monde au jour d'uy (COMM., III, 1495-1498, 112).

 

e)

Montrer (une troupe, des véhicules pour l'armée...) "Présenter (une troupe) à l'inspection, passer en revue" : En celle saison s'en vinrent à l'Escluse (...) toutes gens d'armes qui estoient escript, ordonné et passé et monstré, pour aler oultre en Escoce (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 197). Il y eust heure termee A faire monstrer alors Ung ost et place fermee Pour veoir qui auroiy bon corps (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 213). ...ilz envoyèrent de rechief aultre nouvel mandement auxdiz officiers, par lequel ilz leur signifioient que se dedens trois jours ensievans ilz n'avoient envoyé monstrer en ladicte ville de Gand devant leurs commis les chars et charettes dessusdiz, en tel nombre qu'ilz les demandoient et les requéroient, ilz envoieroient le doyen des blancz chaperons et ses gens ès dictes villes pour prendre yceulx chars et charettes sur les plus apparens (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 233). Parquoy mettant propos à effet (...) donna charge à messire Jehan de Luxembourg de son armée, laquelle vue et monstrée emprès Péronne par ledit chef capitaine, l'amena tout à l'entention d'aller mettre le siége devant ledit chasteau de Muyn (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 90).

 

2.

"Procéder à une revue détaillée de qqc."

 

-

DR. FÉOD. [D'un vassal] "Faire l'inventaire détaillé, à son seigneur, d'un fief qu'on tient de lui" : ...excepté le corps du herbergement du dit priouré et des vergiers, des places, des courtilz, des vignes, des prez et des hayes, des ouseraies et des viviers, si comme ilz ont été monstrez et avironnez par les mètes et par les bournes (Cartul. Laval B., t.2, 1332, 170).

 

-

DR. "Procéder, en vertu d'une décision de justice, à la revue détaillée de biens qui sont en litige" : Et par vertu du mandement eust esté appeley Johan du Boys vers le procuroour dudit monsegnour, et eust eu terme advenant, et après eust esté la veue termée et retermée par plusours foiz, entre toutes les parties, jouxte la tenour et la fourme dudit mandement et monstrée et soustenue (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1338, 165). ...Quant aucuns sont descenduz en monstrée, et il avient que le monstreur monstrera plus ou moins qu'il ne voudra advouer, il ne perdra point sa cause : mais procèdera en jugement jouxte ce qu'il voudra advouer en jugement de la chose qu'il aura monstrée en soy désistant de ce qu'il aura trop monstré. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1391, 365).

 

3.

"Faire voir (un document), faire lire" : L'EVESQUE (au marquis). (...) Veez ci vos bulles autentiques. LE MARQUIS a l'evesque. Monstrez les moy, beau sire, si ques J'en puisse mieux estre a ma paix. Or me puis je des ore maiz Remarïer (Gris., 1395, 74). ...mesires Gautiers de Manni monstra son sauf conduit (FROISS., Chron. D., p.1400, 755). Et par tous lesdits passages fault monstrer lettres et bullettes, qui les a (Voy. Jérus., c.1395, 3). Et pour ce que ceste lettre touchoit lesdiz appellans, ont esté mandez en la Chambre, et leur a esté monstrée ladicte lettre (BAYE, II, 1411-1417, 12). Et me fu commandé que je monstrasse la minue au Chancellier. (BAYE, II, 1411-1417, 264). Sur quoy les dessus nommez delibererent, et furent XXIX des conseilliers dessusdis d'opinion que on devoit premierement oïr sur ce le procureur du Roy et lui monstrer lesdictes lettres avant ce que on procedast sur le fait de la publicacion d'icelles lettres, et douze autres d'opinion contraire, et que on devoit publier lesdictes lettres sans oïr ledit procureur du Roy et sans lui monstrer lesdictes lettres. (FAUQ., I, 1417-1420, 283).

B. -

Empl. pronom.

 

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"Apparaître à la vue (de qqn), se manifester (aux yeux de qqn), se laisser voir" : Et qant il furent targiet, il aprochierent dou plus priés les murs qu'il peurent, et puis s'esforchierent au traire de telle ordenance contre mont que nuls ne s'osoit a monstrer as desfenses, se il ne voloit estre enfillés de une flece tout parmi la teste ou le brac ou le corps. (FROISS., Chron. D., p.1400, 533). ...ce est cellui qui se monstre et qui se presente le premier, et fait tant que entre les autres il est nouvelles de lui. (LA SALE, J.S., 1456, 30). ...pour son meschef advenu, elle ne se monstra encores gueres a ce temps (C.N.N., c.1456-1467, 345). ...[elle] fut si mal courtoise qu'oncques vers eulx [ses hôtes] ne se monstra. (C.N.N., c.1456-1467, 478). LUCIFFER. (Il se monstre et tous les deables sortent d'enffer comme il appartient.) Quelle deablesse, Fortune, as tu trouvee, Toy qui m'as fait une si grant levee ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 476).

 

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"Révéler sa présence" : ...bon mary perdit pacience et n'en peut plus oyr ; si jecta jus chape et surplis, et se monstrant, luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 465).

 

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"Se mettre en avant, se distinguer" : ...en dura l'assault cincq heures entieres, la ou les bons corpz et les valereux corages avoient matere assez et lieu pour eulx monstrer (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 78). Et si tost que l'on perceut la ville et les clochiers, le seigneur de Ternant assembla les josnes gens qui avoyent voulenté de eulx monstrer, dont estoit Jaques de Lalain, qui brusloit au feu de chaleureux desir, Philippot Copin, Meriadet, le bastard de Dampierre et moult d'aultres, lesquelz couperent leurs pointes, osterent leurs esperons et vouloient descendre à pied, et mesmes le duc. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 41).

 

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Se monstrer contre un ennemi. "Se présenter face à l'ennemi pour l'affronter" : Et n'i avoit seigneur nul en Navare, qui s'osast monstrer contre iaux, mais se tenoit cascuns en son fort et ens es montaignes. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 102).

 

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[De phénomènes atmosphériques ou fantastiques] "Apparaître" : Mais il advint une adventure de quoy les freres furent moult esbahiz, car la serpente [Mélusine] se monstra sur les murs, si que tous la povoient veoir, et ala tout autour par trois foiz. (ARRAS, c.1392-1393, 288). Touteffoiz il predist aucunes impressions, qui se monstrent en l'air sur Jherusalem, par XL jours. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 r°). Cenaglius fut en Grece excellant medicin et grant astrologien, lequel predist de la commecte, qui se monstra au temps de la nativité de Metridates LXXX jours (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 67 v°). ...et en l'isle de Delos se monstrerent deux monstres marins en forme de deux hommes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 101 r°).

 

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[D'un être céleste] "Se révéler, se manifester (à qqn)" : Tu aras tantost bien preschié, Se tu me puez ci faire entendre Que tel dame daignast descendre Des cieulx pour soy monstrer a moy. (Mir. march. larr., c.1349, 108). Aroies tu la voulenté Que l'ueil senestre on te crevast, Par si qu'elle [Vierge] a toy se monstrast Visiblement ? (Mir. emp. Julien, 1351, 217). ...car aux autres qui estoyent malicieux ou qui se donnoyent a orde charnalité, Dieu ne se monstra pas sinon a leur horrible mort (GERS., Noël, p.1404, 297). Il souffisoit que par ses messagiers et par luy aussy il [Jésus-Christ] se monstra a tous par predicacion. (GERS., Noël, p.1404, 298).

 

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Se monstrer + attribut "Se faire voir, se présenter (sous un aspect particulier)" : Et pour moy garder de diffame Ne me sui point monstrée fame, Mais conme homme m'ay maintenu (Mir. fille roy, c.1379, 93).

 

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Empl. pronom. à sens passif [D'une chose] "Être visible" : "Monsigneur, nous ferons reverser, quant il vous plaira, un grant pan dou mur ens ès fossés (...). " Ces parolles plaisirent grandement bien au prince. "Oïl, dist il, je voeil que demain, à heure de prime, vostre ouvrage se moustre." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 249). ...impossible est qu'il y soit qu'on ne le trouvast, attendu que c'est une chose qui ceste heure bien se monstre. [On recherche un bijou égaré] (C.N.N., c.1456-1467, 45).

II. -

[Obj. abstr.]

A. -

[L'objet désigne un sentiment, une attitude, une qualité, un défaut... ; il se manifeste par des indices visibles] "Laisser voir, manifester, témoigner qqc"

 

1.

[Un sentiment, une attitude] Monstrer tel sentiment, telle attitude (à/envers qqn) : LE MARI. (...) Si te pri que de t'amistié Monstre aucun petit a ce las, Que toute joie et touz soulas Ont eslongié. (Mir. enf. ress., 1353, 60). Apriés ches lamentations, Me dirent leurs intentions Trois dames et doi baceler, Les queles ne voel pas celer, Car moult grant amour me monstrerent. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 132). Ma dame ma seur, Dieu vous doint joye de quan que vostre cuer desire. Et celle le bienviengna en monstrant grant signe d'amour. (ARRAS, c.1392-1393, 215). PREMIER CHEVALIER. Ah ! gardez comme est esplouree Griseldis de ce marïage [le remariage du marquis] ! Pou d'ire en moustre en son corage... (Gris., 1395, 91). Et en ce devons nous avoir esperance et confiance qu'il aura mercy de nous se nous le requerons, quant il monstra telle amour envers ceulz qui le persecutoyent. (GERS., P. Paul, a.1394, 510). Si disnerent ce jour tout chil Flamenc en la cambre dou roi et de la roine. Et lor fu monstree la plus grant amour conme on pot, et par especial a Jaquemon d'Artevelle (FROISS., Chron. D., p.1400, 284). Et conme dit Tulle, ung bon juge doit tousjours ensuivir la vraye verité, sans monstrer aucunement quelque affection plus a l'ung que aultre (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 36). Et ne sauroient subgetz mielx monstrer leur loyaulté et amour vraye a leur prince que ont fait vos povres subgetz. (JUV. URS., Loquar, 1440, 317). Et tant d'autres pitiez et misericordes nous a il commandees et monstrees en sa propre personne, dont toutes les Escriptures en sont plaines, que trop seroit longue chose a plus grant clerc les vouloir toutes reciter. (LA SALE, J.S., 1456, 43). ...il troussa sa dame, et luy monstra le courroux qu'il avoit sur elle (C.N.N., c.1456-1467, 381).

 

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Monstrer qqc. + attribut : Pour Dieu laissés vostre doleur ; Trop grande, dame, la monstrés. (Pass. Auv., 1477, 256).

 

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Monstrer desfense. "Faire preuve de résistance, résister (à un ennemi)" : ...aucuns Englès (...) ne se veurent mies si tost rendre, mais se cloïrent et moustrèrent grant deffense. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 127). Dont fuirent-ilz les ungs chà et les aultres là, sans monstrer nulle deffense (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 71). Lors sault Gieffroy dedens le vaissel du roy et commence a faire grant occision de Sarrasins, et ses gens entre, d'autre part, et se combatent si vaillaument qu'il n'y ot Sarrasin qui osast monstrer deffense. (ARRAS, c.1392-1393, 218). Qant la chapitainne mesires Pieres de Charcasonne et li gentilhonme veirent ce que il estoient conquis par derriere et assalli des Valenchiennois par devant, si se requellierent et se missent tout ensamble enmi la place devant l'abeie et monstrerent desfense. (FROISS., Chron. D., p.1400, 427). Qant les Englois se veirent en ce parti, et ensi asalli, devant et derriere et de droite gens d'armes, si furent tout esbahi, et toutes fois, conme gens de vaillance, il monstrerent desfense tres bonne (FROISS., Chron. D., p.1400, 654).

 

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Monstrer tel semblant (à qqn). "Afficher telle attitude, tel maintien ; exprimer tel sentiment (à qqn)" : Ilz ont moustre [L. moustré] bon semblant et ne sont pas bons amis. Il se dit en proverbe : Qui ne se scet de qui garder, si se garde de tous. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 218). Et comment cuidiez vous que ce soit grant hideur de veoir le maintien et la fierté du roy Uriien et du roy Guion, son frere, et de leurs gens ? Saichiez que, au semblant qu'ilz monstrent, il leur semble que vous ne les doiez oser attendre (ARRAS, c.1392-1393, 224). Quelque semblant que la maistresse long temps a son clerc eust monstré, qui tiroit fort au train de derriere, si luy avoit jeunesse et crainte les yeulx si bandez que en rien il ne s'appercevoit du bien qu'on luy vouloit. (C.N.N., c.1456-1467, 151). Il dist a sa femme, sans monstrer aultre semblant que tel qu'il avoit accoustumé, qu'il vouloit aller (...) mener a Saint Omer une charette de blé (C.N.N., c.1456-1467, 441).

 

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En partic. Monstrer beau/bon semblant à qqn. "Présenter un visage avenant à quelqu'un, lui faire bonne mine, lui réserver bon accueil" : A Fïacre vois sanz demeure ; Ne veul plus cy faire demeure. A ly gentement parleray Et biau samblant li monterray. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 19). Ilz ont moustre [l. moustré] bon semblant et ne sont pas bons amis. Il se dit en proverbe : Qui ne se scet de qui garder, si se garde de tous. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 218). Point ne fault estre rechignee, Mais monstrer beau semblant a tous. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 26). Que me temptez vous, ypocrites, Qui me monstrez si beau semblant Pour aler venin assemblant ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 612).

 

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Monstrer (un) semblant (de + subst.). "Avoir une attitude qui exprime ou masque (tel sentiment), faire preuve de (tel sentiment)" : ...et sur tous les autres il monstra grant semblant d'amour a Berinus, car moult l'avoit acueilli en grant chierté pour le bien que Gieffroy en avoit dit. (Bérinus, I, c.1350-1370, 162). Le roy de Navairre le rechupt moult grandement et liement, et ne luy monstra onques samblant de maltalent ne de haynne qu'il eust contre le roy de France (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 125). Quant Hermine ouy celle nouvelle, elle ot si grant joye ou cuer qu'elle ne scot que faire. Mais elle n'en monstra nul semblant. (ARRAS, c.1392-1393, 116). ...se enfans a, leur donner bonne dottrine et aprendre à craindre et servir Dieu, ne leur moustrer semblant en jeunece de grant familiarité ne trop amour, ains nourrir en amoderée crainte (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 36). ...il faindit, comme bien le savoit faire, une sure et matte chere, et monstra semblant de courroux. (C.N.N., c.1456-1467, 231). Quelque chose qu'elle en pensast, elle n'en monstra nul semblant d'effroy (C.N.N., c.1456-1467, 238). ...madame ne fut pas trop joyeuse en son pardedans, quelque semblant qu'elle montrast au pardehors. (C.N.N., c.1456-1467, 281).

 

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Monstrer semblant de + inf. "Donner l'impression de" : Dont fu Berinus pris et saisis de toutes pars sanz monstrer semblant de soy deffendre, car il perçut bien que la force n'estoit mie sienne, si se laissa prendre tout debonnairement. (Bérinus, I, c.1350-1370, 196). ...s'ilz monstroient semblant de peu tenir compte d'elles, elles monstroient tout apertement de rien y compter (C.N.N., c.1456-1467, 364). ...demain au matin il te convient faindre d'estre malade tresfort, et monstrer semblant d'estre tant oppressée qu'il semble que l'ame s'en parte. (C.N.N., c.1456-1467, 134).

 

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Monstrer semblant (à qqn) que. "Laisser paraître à qqn que" : Sire, dist ly admiraulx, se vous monstrez semblant a voz gens que vous soiez esbahiz, ilz valent prez que desconfiz. (ARRAS, c.1392-1393, 131). Et se ainsi est que Fortune l'avance Tant qu'il tieigne par la main a la dance Sa maistresse par droitte bienwueillance, Et qu'elle vueille Monstrer semblant que bien en gré recueille Ses fais et dis et doulcement l'accueille, Il ne croit pas que jamais il se dueille (CHART., D. Fort., 1412-1413, 171). ...[il] luy dist (...) que force luy estoit de partir tout a ceste heure, et monstroit bien semblant que bien luy desplaisoit. (C.N.N., c.1456-1467, 480).

 

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[L'attitude s'exprime au moyen de termes désignant des parties du corps]

 

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Monstrer visage. "Tenir tête, résister" : Et monstroient chil de l'avant garde que il passeroient, se il pooient : Flamenc, qui estoient pavesciet au lés devers eux, monstroient ossi visage et faissoient grant deffence. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 13). Et quant ces Clermontois les veirent venir ainsi et de si grant volenté, si furent tout effrayé et vaincus de eulx meismes, et commenchierent à reculer, sans monstrer visaige ne deffense, et à fuyr les ungs chà et les aultres là. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 222).

 

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Monstrer la dent à qqn. "Tenir tête à qqn" : «...à ces Sarrasin irons moustrer le dent...» (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 365). ... le roy luy monstroit la dent [an duc de Bourgogne] en soustenir son ennemy en contraire de leur appointement (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 454).

 

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Monstrer visage et barbe d'homme. "Se montrer un homme, résister" : Pensez vous que se nous eussions Nous peu tenir en nostre estaige, Que n'eussions point monstré visage Et barbe d'homme a tous costéz ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 885).

 

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Monstrer lie chere. "Apparaître gai, avoir l'air gai" : ...onques je ne l'oÿ parler [Griseldis] De sa fille un tout seul parler ; Ains moustre tousjours lye chiere Et en devant et en derriere, Sanz aucun signe de doleur (Gris., 1395, 59).

 

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Monstrer belle/bonne chere à qqn. "Avoir une attitude amicale envers qqn" : Mais, tres chier oncle, de moy si tost marier après la mort de mon pere, je ne monstreroye pas que j'en eusse gaires de douleur de sa mort. Et me semble que je me mefferoye trop et en seroye blasmee moult durement en derriere ; et tel me monstre belle chiere qui en tendroit moins compte de moy. (ARRAS, c.1392-1393, 189). Ainçois par la bonne chiere que elle leur monstrera donra a croire que elle les tient a tres grandement ses amis et que jamais ne croiroit que autrement fust, et que plus qu'en autre gent y a fiance. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 63).

 

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Monstrer les talons. "Fuir" : "...par dedens Bordeaulx la ville de renon Il ne debvoit venir ne monstrer le tallon..." (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 314). Si montèrent sus leurs coursiers cil qui les avoient, et moustrèrent les talons, et li Englès apriès en cace. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 79).

 

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Empl. pronom.

 

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[D'une pers.] Se monstrer + attribut : ...Dieu scet que la gouge le print bien en gré, combien qu'elle s'en monstrast doloreuse. (C.N.N., c.1456-1467, 511).

 

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[D'un sentiment] Se monstrer de qqc. "Se faire connaître (au moyen de qqc.)" : Amour qui se monstre non pas de parole tant seulement mais de fait et d'operacion (GERS., Concept., 1401, 409).

 

2.

"Manifester, exprimer (une qualité, un défaut)" : ...mon adversaire, Phelippe de Valois a monstré sa felonnie trop crueusement qant li a fait morir vilainnement tels chevaliers que le signeur de Cliçon (FROISS., Chron. D., p.1400, 598). ...elle prist et requelli le frain aux dens et monstra corage d'onme et de lion (FROISS., Chron. D., p.1400, 817). ...[vous] avez monstré la grand lascheté de vostre cueur (C.N.N., c.1456-1467, 345). Et pour ce mes perfectïons Ne veul monstrer en ma cyté. (Pass. Auv., 1477, 121). Satan est en possession grant, A tormenter ce pouvre enfant. Le benoit Dieu du firmement Y veulhe monstrer sa puissance ! (Pass. Auv., 1477, 160). Cestuy [miracle] ne nous est pas permis, Car, come je voy, pouvons croire, Jhesus y veult monstrer sa gloire En luy donnant sancté parfaite. (Pass. Auv., 1477, 160). Monstre de ton pouvoir le fruit Et nous oste de ceste plasse ! (Pass. Auv., 1477, 218). Tu monstres le bien qu'est en toy (Pass. Auv., 1477, 219). Vous monstrés bien voz maulx talans. Bien monstrés vostre grant malice, Quant de la mort n'estes contens De celluy que n'eust oncques vice. (Pass. Auv., 1477, 232). Mere, monstrés Vostre saigesse Pour noz actrés, - car trop nous presse Vostre tristesse (Pass. Auv., 1477, 240).

 

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Empl. pronom. réfl. Se monstrer + attribut. "S'avérer, se révéler" : ...Si que soiez touz jours si faiz Qu'avecques moy puissiez le fais Porter et vous a Dieu monstrer Dignes de li amenistrer A son autel. (Mir. st Lor., 1380, 130). ...plusieurs Genevoiz, Guibelins (...) qui se sont renduz et monstrez (...) rebelles et ennemis envers nous en mectant à mort (...) nos vraiz et loyaux subgiez (Ch. VI, D., t.1, 1411, 335). Vous ne [le] pensiez pas l'autrier, Où tant vous monstriez perilleux (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 35). Enfans, chascun se monstre fort. Laissés ce geu ; venés besoignher. (Pass. Auv., 1477, 205). Par toy advons reddempcïon ; Des hommes t'es monstré amy ! (Pass. Auv., 1477, 253). La fut receu joyeusement et bien En grant triumphe et grant solemnité, Voire selon leur possibilité : Et se monstrerent envers luy gens de bien. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 194).

 

-

Se monstrer de (une qualité). "Faire preuve de (telle qualité)" : Cestui fut erudict en plusieurs facultez et partout se monstra de grant entendement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 99 v°).

 

3.

"Laisser paraître, révéler (une situation, un état de choses...)"

 

a)

[D'une pers.] : "...On dit que tu es clerc, monstrer le te fauldra Par predicacion si que chascun l'orra..." (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 16). ...et ama [Fromont] moult l'eglise, car bien le monstra a la fin, car il fu rendu moine a Malieres (ARRAS, c.1392-1393, 196). En la compagnie des Cambrissiens avoit .I. jone baceler (...) appert honme durement et de grant volenté, et bien le monstra (FROISS., Chron. D., p.1400, 349). Douleur sent grant, mais il ne veult Monstrer le mal, dont il se deult, Pour non troubler celle assemblee (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 64). ...vous estes lasches et meschans, et l'avez bien monstré ! (C.N.N., c.1456-1467, 314). Petis et grans (...) Sont tous nuysans Les ungs es autres en tous cas. (...) Tout de ce pas Herodïas En a bien monstré la semblance. (Pass. Auv., 1477, 110). De malicieux vienent tous maulx. Toutesfoix ilz sont fort agreables Es princeps et a leurs vassaulx. Herodias le monstre en ses saulx. (Pass. Auv., 1477, 111). Il se treuve aussi, par astrologie, que certain temps devant la nativité de Nostre dit Saulveur, s'estoit apparue une commecte qui se nomme Rosa, par laquelle estoit signiffiée ou monstrée la figuration de la nativité du plus grant et vertueux prophete et le plus juste qui jamais avoit esté, estoit ou povoit estre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 73 r°).

 

-

"Faire la démonstration (de qqc.)" : Ilz se sont mis en nostre place et nous ont monstré nostre folie. (C.N.N., c.1456-1467, 205). ...le gentil clerc monstra bien a madame la coustume des clercs (C.N.N., c.1456-1467, 281).

 

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Monstrer qqc. de fait. "Montrer qqc. par la pratique" : ...et lors lui dist comme elle-mesmes avoit sondit mary ensorcelé, et non autre. Et, de fait, lui monstra et enseigna la maniere comment elle faisoit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 332). ...nous (...) le vous aiderons a desfendre et a garder contre tout honme ; car nous i sonmes tenu, et le monsterons de fait. (FROISS., Chron. D., p.1400, 475). Il monstra de fait ce dont il s'estoit vanté de bouche. (C.N.N., c.1456-1467, 358).

 

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Monstrer + inf. : L'ADVOCAT. Sainct Nicolas sur les humains Monstre avoir grant auctorité Et que partout il met les mains Quant on a bonne voulenté. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 154).

 

-

Monstrer de + inf. "Manifester l'intention de" : ...s'ilz monstroient semblant de peu tenir compte d'elles, elles monstroient tout apertement de rien y compter (C.N.N., c.1456-1467, 364). Ledit seigneur Ludovic commença tost à monstrer de fort vouloir garder son auctorité (COMM., III, 1495-1498, 15).

 

-

Monstrer que + complét. "Révéler; faire voir (intentionnellement ou non) que" : Le duc de Bretaingne (...) monstra par ses responses qu'il n'estoit pas bien encoires conseilliet. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 236). ...puisque combatre nous fault, monstrons que nous sonmes gens de volenté et de desfense (FROISS., Chron. D., p.1400, 868). Bien monstra la li gentils rois Edouwars que il avoit grant desir de conbatre et amour as armes (FROISS., Chron. D., p.1400, 870). ...elle monstra bien qu'elle estoit beste. (C.N.N., c.1456-1467, 72). Il monstre qu'il est bien beste ! (Pass. Auv., 1477, 211).

 

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Se monstrer d'un certain âge. "Faire tel âge" : ...il a dix ans que je party et cest enfant se monstre de sept : comment doncques pourroit il estre mien ? (C.N.N., c.1456-1467, 128).

 

b)

[D'une chose] "Attester, témoigner" : Vostre femme est fort aggravée de chaulde maladie et en dangier de mort, s'elle n'est prestement secourue. Veez cy son urine qui le monstre. (C.N.N., c.1456-1467, 135). Tu n'es ne prince ne baron ; Ton estat ne le monstre pas. (Pass. Auv., 1477, 200). Car filz de Dieu Il [Jésus] estoit, com croy, vrayement, Com a monstré le troublement Des elemens, quant il moroit. (Pass. Auv., 1477, 274).

 

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[D'une horloge] "Indiquer (l'heure, au moyen d'indices sonores)" : En ce dyal, dont grans est li merites, Sont les heures vint et quatre descrites, Pour ce porte il vint et quatre brochetes, Qui font sonner les petites clochetes, Car elles font la destente destendre, Qui la roe chantore fait estendre Et li mouvoir tres ordonneement Pour les heures monstrer plus clerement. (FROISS., Orl., 1368, 91).

 

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Monstrer + sub. interr. indir. "Laisser voir" : ...[je] suis ad ce resolu, de jamais coucher avec elle si [que] luy auray monstré et a vous aussi qui je suis, quelle chose j'ay et comment je suis logié. (C.N.N., c.1456-1467, 334). LE JUGE. Vous monstrez bien qui vous estes, Sire, par le sang Nostre Dame ! (Path. D., c.1456-1469, 180). ...[il] vint a sa femme monstrer comment il n'avoit eu trop grand tort d'estre suspicionneux de sa faulse desloyauté. (C.N.N., c.1456-1467, 446). Et je monstreray qui je suis Sur ceste generacion, Tant que, se grant mal ne poursuis, Qu'on me tue sans dilacion. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 88).

B. -

[L'objet désigne une réalité perceptible par l'esprit]

 

1.

"Expliquer, enseigner, communiquer"

 

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Monstrer qqc. à qqn. "Expliquer, enseigner qqc. à qqn" : Si l'en grasci et Orpheüs, Qui me monstra et l'art et l'us De canter balade et rondiel Et virelay fait la nouvel Et le lay qui a bien maniere (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 82). ...inventerent plusieurs choses prouffitables et, entre aucunes, monstrerent aux simples gens le cultivement des terres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 r°).

 

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Monstrer à qqn à inf. : ...et puis Cerès vint, qui leur montra à semer blé, car au devant ne menjoyent que glans et fruit tout cru. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 r°). Aneccenebron, le grant philozophe et astrologien, fut en ce temps, lequel monstra aux Egipciens à cognoistre le temps, à faire l'introïte de leurs festes sur l'entrée du Soleil ès signes royaulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 22 r°).

 

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Prov. Le signe souverain de bien savoir une chose c'est bien la savoir monstrer. "On ne sait bien que ce qu'on sait enseigner" : Tu dois aussi regarder que tu n'entreprengnes a demonstrer chose du monde se tu ne la sces bien ; car, comme dit Aristote (...), le signe souverain de bien savoir une chose c'est bien la savoir monstrer. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 51).

 

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Empl. abs.

 

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"Dire, expliquer" : N'en demande plus, car autrement je ne puis declairer ou monstrer. Bien disoit Platon, que si comme c'est tres fort de trouver Dieu, ainsy est ce impossible de le nommer. (GERS., Trin., 1402, 158).

 

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Monstrer à qqn : Et ainssi va par tout le monde moustrant a ses escoliers a chartains lieus. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 54). Cestui eut plusieurs disciples en ladicte science et, entre autres, eut Saturne, filz de Lelius, roy de Crete, et puis après monstra à ung nommé second Jupiter, son filz, sur la fin de son aage. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 22 v°).

 

Rem. FEW VI-3, 95a : «montrer v. absol. "donner des leçons" (mitte 17. jh. - Ac 1878...)».

 

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Monstrer qqn.

 

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"Initier qqn" : "O mes doulces pucelles, j'ay pitié de vous, car bien voy que Nature vous monstre et vous mestrie par l'ardeur de jonnesse et vous a les cuers raemplis de desiriers raisonnables..." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 873).

 

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"Donner des explications, des arguments à qqn (pour le faire agir dans le sens souhaité)" : Et fu li rois de France Carles en ces jours tellement monstrés et enfourmés par tous les plus grans clers de son roiaulme que il obbeï à pappe Clement et le tint à droit pappe. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 146).

 

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Monstrer une science à qqn : Ci devise comment le roi Modus moustre a ses escoliers la science de fauconnerie. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 172). Ainsi est facille croire que, après que lui et Eve yssirent vergés de Paradis terrestre, que icelle science il monstra puis en terre à ses enfans et successeurs qui vindrent après lui, par especial à Abel, Seth et autres qui descendirent de lui (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°). Cestui Athlas eut divers disciples et de plusieurs contrées, ausquieux il monstra la science de astrologie et fist engins pour la leur fere mieulx concever, desquieux encorre est memoire. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 22 r°). Cestui monstra la science de medicine et de astrologie au filz Mesarugie qui fut en son temps moult devost. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 67 r°).

 

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[Avec un compl. partitif] En monstrer à qqn : Abnezaben vint en ce temps, grant repucté en la science des estoilles et d'icelle en monstra aux enfans de Naason, prince du tribu de Judée. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 30 r°).

 

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Monstrer à qqn + inf. "Apprendre à qqn à" : La premiere de ces sciences Est Ethique, qui nous reprent De vice et nous monstre et apprent Gouverner nous (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 123).

 

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Monstrer + sub. interr. indir. "Expliquer" : Car les gens ne sont pas fais medicins operatis et bien ouvrans selon medicine par les escriptures des livres de medicine, combien que les aucteurs temptent et se efforcent de dire et de mectre en escript pas tant seulement les curacions, mais avecques ce la maniere comment il convient faire les cures en divisant les especes et les manieres des maladies singuleres et en monstrant comment l'en doit les choses appliquer a chascune. (ORESME, E.A., c.1370, 539). ...il luy convenoit avoir la somme de IIc. mille flourins, et vouloit que une taille s'en fesist ; et monstra comment le riche seroit à dix frans pour taille, le moyen à chinc frans, et les petis à ung franc. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 185). Comment, Gieffroy, me veulz tu oster la rente que je doy avoir pour le pommel de ceste tour, qui m'est deu, et en suiz en saisine dès le vivant de ton pere. Tu ne faiz mie bien. Ou sont, dist Gieffroy, les lettres que tu en as ? Montre moy comment mon pere s'i est obligiez ; et se je voy que tu en ayes droit, vecy ton argent tout prest. Et cellui respond : Je n'en oz oncques lettres, mais j'en ay esté bien paiez jusques cy. (ARRAS, c.1392-1393, 298). ...si Adam leur monstra comme la premiere et plus haulte spere mouvoit sur deux poins, qu'il appella l'un le pol artique et l'autre pol antartique (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°). ...si Adam leur monstra comme la premiere et plus haulte spere mouvoit sur deux poins, qu'il appella l'un le pol artique et l'autre pol antartique (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°).

 

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Monstrer à qqn la maniere comment + interr. indir. "Communiquer, enseigner (un savoir-faire, une technique...)" : ...oncques icelli Rogier ne lui volt dire, monstrer ou apprendre la maniere coment il ouvroit iceulx huis et coffres sans rompre, jà soit ce que lors il le en requist plusieurs fois (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 14). ...il leur povoit bien dire et monstrer, ou faire dire et monstrer, comment il a esté tousjours bien son obeissant et tenant son parti, le servi à son povoir le plus diligenment qu'il a peu et sceu (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 188). ...à laquele deposant icelle Macete dist : Puisque tu le aymes tant, je te aprendray bien et monsterray la maniere comment, avant qu'il soit XV jours, que vueille ou non, il te espousera (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 307).

 

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Monstrer que. "Expliquer que" : Et aussi je t'apreng et moustre Que proprement Fortune est moustre De maleürté a venir. (MACH., R. Fort., c.1341, 99).

 

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"Donner à entendre à qqn que" : Or samble-il à pluseurs, se ilz osoient parler, que on ne le tient pas en estat et fourme de roy, car il ne peut faire du sien sa voulenté. On l'a mis à pension et la royne aussy. Ce sont dures choses pour ung roy et une dame aussy. On leur monstre quilz [l. qu'ilz] n'aient pas sens de eulx gouverner ne conseillier et que leurs consaulx soit traittrez et mauvais. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 61).

 

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"Exposer, faire connaître qqc. (par la parole)" : Mais maintenant nous volons quant a ce dire de tout et monstrer nostre propos universelment. (ORESME, C.M., c.1377, 186). Tres nobles Dames, querés donques advocas, par lezquelx vous monterrés, d'un costé et d'aultre, lez griez et lez torfais qui se font et ont esté faiz par lez officiers de la court seculiere contre la juridiccion espirituele, et, semblablement, lez griez que lez officiers de Sainte Eglyse ont fais, en prejudice de la juridiccion seculiere (Songe verg. S., t.1, 1378, 9). ...icellui messire Almaurry dist que de ce il parleroit à messeigneurs aïans de present la garde du petit seel du roy, leur rapporteroit de bouche les causes et mouvemens pour lesquelx icellui prisonnier avoit appellé et aussi leur monsterroit les procès ou procès fais par ledit mons. le prevost contre icellui prisonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 416). ...li jones rois d'Engleterre (...) ne monstra pas, ne ne dist au hiraut toute sa pensee (FROISS., Chron. D., p.1400, 111). ...l'entente de l'Université estoit de monstrer en especial la faute et injure de ladicte espitre (BAYE, I, 1400-1410, 158). ...aucuns (...) seront deputez à aler devers le Roy à Rouan pour ly monstrer les inconveniens de ce royaume et les remedes advisez (BAYE, II, 1411-1417, 223). Ne m'alés point (i)cy essuyant, Mort bieu, c'est villainement fait, Monstrés moy bien tost vostre fait, Car j'ay bien autre chose affaire. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 31).

 

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Monstrer qqc. par escrit : Offroit le roy d'Angleterre, qui estoit chose bien estrange, de nommer aucuns personnaiges qu'il disoit estre trahistres au roy et à sa couronne et de le monstrer par escript. (COMM., II, 1489-1491, 47).

 

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[Idée de formuler qqc.]

 

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Monstrer qqc. "Dire qqc." : Et se fist priier et requerre trop durement anchois que il en vosist riens dire ne monstrer. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 167). Donc vint une damoiselle qui estoit en la tour quant le roy Apollo de Lionois fu mort, si dist au roy Clodoveus de France : "Sire", fet elle, "si vous me voulez donner le don que je vous demanderay et le me jurer devant vostre barnaige, je vous moustreray celui qui ce a fet". (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 109).

 

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[Des paroles] Monstrer/dire et monstrer la parole/des paroles à qqn. "Adresser la parole/des paroles à qqn" : En ces parolles que li rois de France disoit et moustroit à ses gens pour yaus encoragier, revinrent li quatre chevalier dessus nommet, et fendirent le presse et s'arrestèrent devant le roy. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 21). ...bien y ot cause qu'il fust pensieus, car les parolles dictes et monstrées faisoient bien à gloser (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 15). ...l'archevesque de Burges monstra la parolle au duc de Bourbon (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 124). La roine (...) rechut Jehan de Qopelant doucement et bellement, ne onques ne li monstra parole nulle de dureté, ne que elle euist eu merancolie sur li (FROISS., Chron. D., p.1400, 792).

 

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Monstrer la parole de Dieu. "Révéler (la parole de Dieu)" : Helas, Veronne, chiere seur, Helas, qui nous confortera ? Helas, qui nous monstrera La saincte parolle divine ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 322).

 

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[Des excuses] "Adresser (des excuses)" : Messires Bertrans cogneut bien que escusances, que il sceuist ne peuist faire ne moustrer, ne valoient riens : si s'acorda finablement à l'ordenance dou roy (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 255).

 

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[Des arguments] : Quant li dus d'Ango vei que il n'en venroit point à chief, pour raison ne belle parole que il sceut dire ne monstrer, si prist congiet au pape. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 49). Et tenoit chils messires Charles en vain et à nul le don que la roïne en avoit fait au pappe, et i monstroit à son oppinion deus raisons. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 173). Ancor lui moustre autre raison : "Se ta femme crout en maison Et garde le feu et les cendres, Elle en vault pis, tes noms est mendres..." (DESCH., M.M., c.1385-1403, 107). D'autre part, je vueil monstrer les raisons qui doivent voz couraiges enflammer et vous donner sceurté et confiance. (CHART., Q. inv., 1422, 18).

 

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[Des conseils] : Et pour lors estoient les sciences chier tenues et prisiees plus qu'elles ne sont ores. Et les haulx princes veoient plus cler en leurs affaires par les sciences qui lors estoient aprinses en temps deu, que s'ilz feussent innocent des sciences, et sentoient en brief le vif des conseulx que on leur monstroit. (ARRAS, c.1392-1393, 17).

 

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[Une information] "Transmettre (une information)" : Le jour devant qu'ilz furent tous ensamble et conseilliet l'un parmy l'autre, parmy l'information que Geronnet leur avoit dit et fait et monstré à quelle heure ilz venroient, cilz Geronnet, luy XIIe. de compaignons (...) se departirent d'Usach devant l'aube du jour (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 207).

 

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"Mener (un débat)" : Quant ilz furent tous venus et assamblez au palais du roy, il-mesmes, sans aultre moien ne avant parlier, monstra la querelle, car ce fut ung roy soubtillement enlangaigiez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 185).

 

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Monstrer exemple (de qqc.) (à qqn) : ...lors est bon que on se tourne a prier pour les mors, soit en son lit soit ailleurs, en disant Pater noster ou De profundis ; les lieux sont les moustiers et le cimitiere et sa chambre, qui a honte de plourer en publique, combien que David feist penitence publique pour soy humilier et monstrer bon exemple. (GERS., Déf., 1400, 234). ...pour accompaigner ledit Chancellier à aler par la ville de Paris, à la tenir en seurté et monstrer exemple de diligence pour garder la ville. (BAYE, II, 1411-1417, 166). Et fu conclud que chascun yroit esdictes processions en sa parroisse pour monstrer exemple aux autres et pour prier Dieu à la fin dessusdicte. (FAUQ., II, 1421-1430, 90). ...et les ecclesiasticques specialment doivent monstrer exemple aux autres et eulx mettre en bon estat. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 252). Et, combien qu'elles soient desguisées, si sont-elles mises ainsi qu'elles furent faictes, pour monstrer exemple aux jeunes gens qui ont volenté de suivre les armes, non pas pour donner louenge à ceulx qui l'ont faict. (TRING., c.1477-1483, 290).

 

2.

"Mettre en évidence, établir, démontrer"

 

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"Démontrer, prouver qqc." : C'est a dire que il [le ciel] ne peust estre alteré ne transmué de quelcunque mutacion qui tende ou dispose a corrupcion, si comme il peust apparoir par ce que fu dit ou sixte chappitre du premier ou ce fu monstré par raison. (ORESME, C.M., c.1377, 296). ...et requiert estre oy en ses causes d'opposition, mesme que le Roy lui a octroyé qu'il soit oy, comme il offre à monstrer par certeinnes lettres royaulx (BAYE, II, 1411-1417, 9). Et par cest argument s'efforcent aucuns de monstrer la perpetuité de l'ame, la surrection du corps, et le general jugement. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 49). ...il me dist que je l'avoye [le sauf-conduit] rompu, et je luy respondy que non avoie et qu'il ne le saroit monstrer. (C.N.N., c.1456-1467, 56). ...je vous ose bien dire et monstrer que point je ne suis tel, dont, helas ! trop me deulz. [Un homme affirme qu'il n'est pas en état de procréer] (C.N.N., c.1456-1467, 94). Cestui fut vray astrologien et le monstra bien à la construction de la cité de Epheson, qu'il assist sur le fleuve du Phar. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 v°). Cestui monstra bien en ses euvres la clarté et perspicuité de son engin ès livres qu'il a composez, purement traictans de astrologie sur toutes les VIII parties (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 99 r°).

 

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Au passif. [D'une chose abstr.] "Être démontré par qqc." : Et aussi comme en mathematiques l'en ne enseigne pas les principes ou supposicions par raisons ne par demonstracions, semblablement en moralité la fin n'est pas monstree par argüemenz. (ORESME, E.A., c.1370, 393).

 

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Monstrer qqc. à + attribut. "Démontrer, prouver que qqc. est + adj." : ...la male roine de France, fenme au roi Phelippe, aidoit trop fort son averse partie et tant que elle li monstra et prouva mervilleusement a fause une lettre, laquelle li dis messires Robers d'Artois mist avant, et s'en voloit aidier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 196).

 

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[D'une pers. ou d'une chose] Monstrer que + prop. compl. (à l'indic. ou au subj.) "Démontrer que" : Tu es un jones davoudiaus, Hydeus en cuer, par dehors biaus. Amours as, mes Diex scet queles. Tes manchetes, tes longues eles Miex monstrent que soies Sathan Que de la maniere Nathan Qui estoit hons de sainte vie. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 107). LA MARQUISE. Certes, vous ne me pourriez Monstrer que ce soit cy amour, Mais grant honte et grant deshonnour, Au mains a moy, je vous dy voir (Mir. marq. Gaudine, 1350, 133). DEUXIESME ASTROLOGIEN. (...) Car ce sont deux contraires choses, Chascun le voit. NACHOR. De truffes parlés qui vous oit, Car je vous ay par ma doctrine Monstré qu'a nature divine Fu nature humaine adjoustée... (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 285). Pour quoy ? car il est la verité qui descuevre toute fausseté en monstrant que les biens temporiex sont faulx, qui sont signiffiez par les faux ymages. (Mir. st Ign., 1366, 73). ...pendant le temps que l'en lui donneroit terme de prouver et montrer qu'il avoit eu tonsure, Dieux le ayderoit, et à eulx aussi, et que aucune grace ou bien leur en pourroit bien venir. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 70). ...et ou cas que yceulx prisonniers vouldront prouver et monstrer qu'il aient eu tonsure ou lettre, que l'en leur donne terme prefix de enseigner de ce. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 87). Et lors, maistre Jehan du Molin, official de Paris (...) proposa en recitant pluiseurs fais et raisons pour monstrer qu'il estoit expedient et necessaire au Roy, pour la conservation de son royaume et de l'Eglise de France, de faire observer et executer perpetuo ses ordonnances (FAUQ., I, 1417-1420, 68). Car ses faiz ja monstrent assez Que plus prouesse Dieu lui donne Qu'à tous ceulz de qui l'on raisonne. (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 36). Arachel, tempore Virgilius papa, grant philozophe et astrologien, lequel osa bien commenter sur le livre de Almageste où il monstra bien qu'il sçavoit de la science des estoilles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 r°). ABBÉ. Que chascun de nous tous s'acoustre Pour tantost ad ce cas pourvoir, Et que par raison on leur monstre Que debvons le sainct corps avoir. (LA VIGNE, S.M., 1496, 576).

 

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Monstrer + prop. interr. indir. : ...Platon le philosophe, en son livre de Phedron (...), preuve par raison et moustre comment l'ame raisonnable par bien faire doit apres ceste vie avoir Paradis. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 42).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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