C.N.R.S.
 
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     MIRER1          MIRER2     
FEW VI-2 mirari
MIRER, verbe
[T-L : mirer ; GD : mirer1 ; GDC : mirer ; AND : mirer1 ; DÉCT : mirer ; FEW VI-2, 148b : mirari ; TLF : XI, 873b : mirer]

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

"Se refléter (sur une surface polie)" : Nous ne povons donc savoir sanz cest art les grans diversités que on treuve es miroers ne les merveilles, sy come pourquoy c'est que aucun miroer moustrent la chose qui se mire plus que elle n'est petite, et les aucuns plus grande, et les autres le moustrent de telle grandeur que elle est, aussi come precisement. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 107).

 

-

"Se refléter" : Plux de bien ont heü de ly [Jésus] Que ces faulx Juïfs ne ly font [Quil] ainsin decraiché ly ont Le viz ou les angelz ce mirent. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 209). Doux Dieu ou paradix ce myre, Vostre clere face est mout taincte. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 225).

B. -

"Se regarder (dans un miroir, une surface réfléchissante...)" : Pluseurs femmes (...) Des le matin au point du jour Pignent et mirent senz sejour. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 155). Or me vueil je mirer Pour veoir combien je sui belle. (Mir. st J. Cris., c.1344, 258). Raisons le tenoit [le miroir] en sa destre, Une balance en sa senestre, Si que la dame s'i miroit Plus souvent qu'on ne vous diroit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 177). Amis, se bien te vues vëoir, Fai tant qu'aies le mirëoir D'onneur adès devant tes yeus. (...) La te resgarde, la te mire, La estudie, la te tire, La met cuer et corps et entente, La soit ton adresse et ta sente. (MACH., C. ami, 1357, 139). J'ai mon corps et mon vis veü En l'iaue ou je me sui mirés : Je sui biaus et bien atirés, Moult me pleut, quant je me miroie, La grandeur du corps que j'avoie. (MACH., Voir, 1364, 638). Qui s'i vouldra mirer s'i mire, Mais, tel est aucune foiz mire D'autrui maladie garir, Qui puis fait soy mesmes perir ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 48). Se une ymaige apparoit en l'air, sans ce que on veist le miroir ou la personne qui se mireroit, comme on le puet faire par l'art de perspective, n'est point doubte que par l'imaige on verroit la personne, jassoit ce que on ne la cuidast point veoir, qui ne sauroit que c'est ; et nous le veons des enfans [qui] se mirent et cuident de l'imaige que ce soit ung enfant et non mie que ce soit une telle ymaige, comme on recite aussy de Narcisus qui en la fontaine ama son ymaige. (GERS., Trin., 1402, 169). Ceste cy porte ung mirouoir ou continuellement se mire Orgueil, et se ce n'estoit qu'elle ne se veïst, elle vouldroit tout homme hurter de sa corne de fierté. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 160). Et povoit on veoir (...) Ung doulx visaige Si tres bien mesuré Que mieulx n'eust sceu, vermeil et non paly ; Somme, dedens l'on se fust bien miré Tant estoit cler, fres, luysant et poly. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 167).

 

-

"Se regarder" : I'aie mis mon cuer et m'entent En mon cors vestir et pareir, En my trechier et myreir (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 241).

 

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Inf. subst. : Parleis vus couient à Luxure, Qui vient chi mult à desmesure, Desordenee, en fol habit. Mult est miesse en tresgrant labit Del ensi pignier et mireir (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 241).

 

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Mirer sa face : Ma doulce face miroie et remiroie Au reluisant bel escu cristalin De vous, Palas ; le savoir pur et fin De Salomon me tenoit en puissance. (Exc., Science A.R., c.1465-1468, 24).

C. -

Au fig.

 

1.

Se mirer à qqc. / en qqn/en qqc. / sur qqc. / qq. part. "Arrêter sa pensée sur qqc., y réfléchir, se corriger en regardant qqn ou qqc., se représenter dans qqc." : Mais einsi com je remiroie La dame en qui je me miroie Et la maniere dou lion, J'entrevi un escorpion Et pluseurs bestes en la place De celles qui mieus vont par trace Qui volentiers l'alassent poindre, S'elles s'osassent a li joindre. (MACH., D. Lyon, 1342, 179). Si qu'amis, tu te dois mirer En cest exemple et remirer Com Susanne fu accusee Et comme elle fu delivree, N'autre remede n'i savoit Fors qu'en Dieu s'esperence avoit. (MACH., C. ami, 1357, 16). Et aussi estoit la presente La douce ymage cointe et gente De la bele Deyamire Ou Herculès souvent se mire. Aussi bien te pues tu mirer En ton ymage et remirer Sa grant biauté, son cointe atour Et son gentil corps fait a tour. (MACH., C. ami, 1357, 97). ...Tu yès tous les jours a l'ecole Dou vëoir par experience, Si te dois moult bien mirer en ce. (MACH., C. ami, 1357, 126). Pour ce je te pri, chiers amis, Qu'a ce tes cuers soit adès mis Que tu mainteingnes honnesté (...) Et que tu vueilles remirer Tes gens, et toy en eaus mirer, Car vraiement, pas ne foloie Cis qui par autrui se chastoie, Ne ja n'aras si bon chastoy Com celui que tu prens de toy. (MACH., C. ami, 1357, 132). A toutes ces choses musoie Et es exemples me miroie Que j'ai dit qui sont advenu Et qu'on voit souvent et menu (MACH., Voir, 1364, 586). Et si [Marie de Giblet que le roi voulait contraindre à épouser un serf, et qui refuse d'obéir] crioit à haute vois : "Adieu, biau pere, je m'en vois ; Car je voy bien que je sui morte Sans raison ; mais ce me conforte, Que garde n'ay de l'anemy, Car Dieux ara pitié de my." Biaus signeurs, dames, damoiselles, Dames vefves, filles, pucelles, Je vous requier, pour Dieu merci, Chastiez vous et mirer ci. (MACH., P. Alex., p.1369, 261). ...a l'exemplaire sur le quel touz roys se doivent aviser et mirer (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 654). Elle [Nature] me fist, - chi se miron ["mire on"] -, Descendre ou piet dou soumiron. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 49). Einsi, pour moi desconfire, Fait mon cuer defrire Et en dueil confire Qui toudis empire ; Dont li las soupire, Quant en la bele se mire Dont nuls ne porroit mesdire, Qui deüst son mire Estre. (MACH., Les lays, 1377, 317). Qui bien fait et dit sagement Et bien pense, certainnement En nombre estre doit des parfais, Par dit, par pensée et par fais. Qui vorra, sor ce cy se mire, Car je n'en pense plus à dire. (MACH., L. dames, 1377, 210). D'une dame la vraye hystoire, Qui tant est digne de memoire, Que ses euvres sont appellees "Miroir des dames marïees", Que j'ay emprises a rigmer Affin que l'en s'i puist mirer, Et que pregnent en passïence Celles a qui vient pestillence ; Car qui bonne parole entent, S'a lui ne tient, il en attent Aucun prouffit en son affaire. (Gris., 1395, 1). ...[le mareschal Bouciquaut] tant donne bon exemple de devocion a ceulx qui le voyent que grans et petis s'i mirent (Bouciquaut L., 1409, 396). Ainsi qu'avez oy perdit le desloyal sa femme. S'il en est encores de telz, ils se doyvent mirer a cest exemple, qui est notoire et vray [Il faut se mettre à la place des personnages de l'histoire pour faire son profit de leur aventure] (C.N.N., c.1456-1467, 181). "Au boys, au boys, cuillir beutours. Mirez vous la, ho ! c'est pour vous, Je vueil que tiengnez ce chemin." (P. Jouh. D.R., a.1488, 23).

 

2.

Se mirer. "Se regarder avec complaisance, s'admirer" : Qui le reprent, il [le jeune] croyst en yre. Il veult qu'on l'appelle beau sire, Tant se mire ; Le jeune cuyde avoir sapience, Tant plus est fol et plus s'empire. (Pass. Auv., 1477, 118).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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