C.N.R.S.
 
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     MAUVAIS     
FEW VI-1 malifatius
MAUVAIS, adj.
[T-L : mauvais ; GD : malvais ; GDC : malvais ; AND : malveis ; DÉCT : mauvais ; FEW VI-1, 99b : malifatius ; TLF : XI, 524a : mauvais]

I. -

[Idée de malveillance, de malfaisance, de nocivité...]

A. -

[D'une pers.]

 

-

"Malfaisant, dangereux" : Mais quant Fortune, La desloial, qui n'est pas a tous une, M'ot si haut mis, com mauvaise et enfrune, Moy ne mes biens ne prisa une prune ; Eins fist la moe, Moy renoia et me tourna la joe, Quant elle m'ot assis dessus sa roe, Puis la tourna, si cheï en la boe. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 83). Lors s'à boire demande, j'ay vin de couleur perse Dont li muis ne vaut pas la queue d'une querse, Car mon ventre fait bruire et les bouiaus me perse. Trop est de put afaire, trop a la main escherse ; N'a si mauvais villain de Paris jusqu'en Perse. (MACH., Compl., 1340-1377, 266). Adonc n'i ot resne tenue, Tant qu'il veinrent en la place Où de sanc avoit mainte trace, Puis crierent : "à mort ! à mort ! Mauvaise gent, vous estes mort !" Et quant li Sarazin veïrent Les nostres qui les encloïrent, En l'eure tournerent en fuie ; Ne celui n'i a qui ne fuie Vers la porte de la cité. (MACH., P. Alex., p.1369, 77). : Chis Joffrois estoit uns mauvais et crueux homs, et ne avoit pitié de nullui (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 144). Tous lesquelz dirent et furent d'oppinion que, veu ce procès, ledit prisonnier est un mauvaiz murdrier et larron, et, comme tel, il feust trainé et pendu. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 243). ...mais en demoustrant signe de estre malvais et de luy doubter, print le inmunité et se mist en francise en l'eglise de Saint-Quentin en ladite ville. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 381). ...[il] n'osa retourner pour les querir [les choses], pour doubte que il ne feust rencontré des larrons et mauvaises gens. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 518). Cil [ce fils de Mélusine] apporta trois yeux sur terre, de quoy ly uns fu ou front ; et fu si crueulx et si mauvais qu'il occist, ains qu'il eust quatre ans, deux de ses nourrices. (ARRAS, c.1392-1393, 80). Ledit chevalier a esté son temps et est garniz de mauvaises gens et serviteurs bateurs et crimineulx (BAYE, I, 1400-1410, 100). ...certes ne doivent pas estre asseur, ains bien trembler et avoir paour les felons detestables, mauvais, plains de venin et de faulse ambicion, persecuteurs et destruiseurs de nature humaine, insaciables de respandre sang et de tout mal faire (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 21). Si une femme avoit rude mary, fel et mauvais, elle venoit au remede a ce bon maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 468). ...il [Jésus] est jucgé a pendre en croix Entre deux faulx larrons maulvaiz. (Pass. Auv., 1477, 184).

 

-

Prov. Il n'est point de si mauvais ennemi que le familier : Et dit la loy que celuy est mon ennemy qui est avecques mes ennemis, mais il n'estoit pas simplement avecques les ennemis, mais qui plus est il bailla et delivra ledit roy Charles en la main de ses ennemis ; et n'est point de si maulvaix ennemy que le familier. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 186).

 

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"Méchant" : ...tant d'argent baillié en a A ce pape fol et mauvais... (Mir. pape, 1346, 364). Dont au sage plus plaisoit demourer avec le lion ou le dragon que habiter avec la fenme mauvaise, c'est ireuse. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 425). Et toutesfoiz je [Mélusine] vueil bien que vous sachiez qui je sui ne qui fu mon pere, afin que vous ne reprouvez pas a mes enfans qu'ilz soient filz de mauvaise mere, ne de serpente, ne de faee, car je suiz fille au roy Elinas d'Albanie et a la royne Presine, sa femme, et sommes IIJ. seurs qui avons esté durement predestinees et en griefz penitances. (ARRAS, c.1392-1393, 260).

 

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Mauvaises femmes font leurs maris mauvais : Mauvaises femmes font mauvais leurs maris. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 125).

 

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Loc. prov. Trois choses boutent l'homme hors de sa maison : la fumee, la gouttiere et la mauvaise femme : Au contraire dist aultre part l'Escripture : "Trois choses boutent hors l'omme de sa maison : la fumee, la goutiere et la mauvaise fenme". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 309).

 

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Empl. subst. "Personne méchante, cruelle, malfaisante" : ...Car on doit ruser les ruseurs, Qui puet, et moquer les moqueurs, Les mauvais haïr et blamer, Et les amans loyaus amer. (MACH., D. Lyon, 1342, 215). Après ce, vint une merdaille Fausse, traïtre et renoïe : Ce fu Judée la honnie, La mauvaise, la desloyal, Qui bien het et aimme tout mal, Qui tant donna d'or et d'argent Et promist a crestienne gent, Que puis, rivieres et fonteinnes Qui estoient cleres et seinnes En pluseurs lieus empoisonnerent, Dont pluseurs leurs vies finerent. (MACH., J. R. Nav., 1349, 144). Par amours [Polyphème] amoit Galathee, Qui le haoit plus que riens nee Pour sa façon ville et horrible Qui estoit hideuse et terrible, Et pour son doulz amis Accis Que li mauvais avoit occis En traÿson et par boidie, Par fureur et par jalousie, Car une roche li rua Si qu'il le destruit et tua. (MACH., Voir, 1364, 622). Au Caire avoit un amiral, Vuit de tout bien, plein de tout mal, Qui estoit sages et soutis Et à tout mal faire ententis. Des mauvois estoit tous li pires, Et des autres amiraus sires, Et avoit le gouvernement Dou soudan tout entierement, De son regne et de son païs (MACH., P. Alex., p.1369, 182).

 

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"Qui nuit moralement, qui induit en erreur"

 

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Mauvais conseilleur/conseiller : Et ainsi, selon seigneur maigniée duite, par telz moiens sont fais les mignots de mauvais seigneur les mauvais conseilleurs (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 80). Si ne diroie le millieme se ne finoie de dire du mal qui ensuit par mauvais conseilliers et gent cedicieurs, si comme perte, d'ame, de corps, d'onneur et tout bien au dit seigneur, destruction de paix et rebellion de subgiéz. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 80). Et si devés eviter les mauvais conseilliers de dehors et gardés sur toutes choses que n'en ayez en vostre courage ou pensee, c'est assavoir delectacion ou plaisance mondaine et tristesse ou chagrin (JUV. URS., Verba, 1452, 320).

B. -

[D'une chose]

 

1.

[Idée de malheur, de menace]

 

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ASTR. "Qui porte malheur ; funeste" : Car, jà cessans les fictions, Très mauvaises conjonctions Des devantdictes sept Planètes Alors venues et eschéetes En la maison ou domicile De Saturnus tout inutile, Furent de fait occasion De si dure corruption Qu'avint en l'air, en cellui temps... (LA HAYE, P. peste, 1426, 40). ...comme il estoit audit Baldach, recite que aucuns itinerans partirent dudit lieu en jour de mauvais aspect, desquelx il prenostica l'empeschement, ce qui advint, car ils furent prins de larrons, sinon aucuns qui s'enfouyrent. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 79 v°).

 

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De mauvais augure : .II. visaiges Fortune avoit, De quoy bien aydier se sçavoit : Cellui devant de grant beauté Fu, tout n'y eust il loyauté, Riant et blanc, frais et onni, Cil derriere lait et honni, Noir, tenebreux, orrible, obscur, A veoir de mauvais augur (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 75).

 

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"Fatal" : ...le commanda A occire adés, sanz tarder, Car, par ce, se cuida garder De la mauvaise destinee, Qui ainsi estoit destinee : "Que l'enfent occire devoit Le pere, s'il loisir avoit", Car ainsi en avision, Par moult estrange illusion, L'ot veu le pere, en son dormant. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 286).

 

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[D'une chose concrète] "Funeste" : ...Fortune t'a abatu Qui en sa roiz t'a embatu, Et la te bat de ses flaiaus Qui sont mauvais et desloiaus. (MACH., C. ami, 1357, 67). Einsois la teste li fendi, Si que la cervelle espandi. Apres il li copa la gorge D'un coustel de mauvaise forge, Que mal fust il onques forgiez ; Mieus fust, s'il en fust escorchiez, Quant onques pour roy si vaillant Murtrir, ot manche ne taillant. (MACH., P. Alex., p.1369, 270). Las, pouvre, j'en pers ma coronne, Payent la somme Du fruit maulvaiz que tu mangis ! (Pass. Auv., 1477, 246).

 

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[D'un comportement, d'une attitude, d'une disposition] "Néfaste, nuisible" : Et certes, tu li fais injure De dire a li qu'elle t'est dure, Et c'est pechiez d'ingratitude Et maniere mauvaise et rude. (MACH., R. Fort., c.1341, 61). Or vous ay dit et devisé Coment le roy fu avisé De sa mort, qu'on li pourchassoit Et comment souvent y pensoit. Et autre foys li devisa Li princes, et si l'avisa Et li dist les mauvais couvines, Et fu quant il fu aus Salines, Qu'il fist la darreniere armée Qui par li fu onques armée, Qu'il assambla moult grant navie Pour aler, en Triple, en Surie. (MACH., P. Alex., p.1369, 254). Tant lui firent de grans despis Ses .II. enfens de mal en pis, Que le pere si fort se yra, Un jour, que tout se dessira Le visage, et les yeulx du chief S'esrachia (ce fu grant meschief !) A ses filz les giette au visage, Et ceulx, qui de mauvais plumage ["tempérament"] Furent, aux piez les deffoullerent Et par grant cruaulté soulerent. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 295). ...puis que vostre mauvaise volunté est ainsi tournée, et que humble priere ne la peut adoulcir ne ploier, au mains aiez en vous ceste honesteté que, puis qu'il fault que a vous je soie abandonnée, ce soit premierement a l'un sans la presence de l'autre. [Quatre truands s'apprêtent à violer une jeune fille] (C.N.N., c.1456-1467, 552).

 

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Mauvaise langue : Comme dit Saint Jehan, la tres mauvaise langue de l'orgueilleux est effusion de sang, les yeulx orribles en regars traversez et espoentables, la chiere pale, le front suant, les mains debatans et tout le corps tremblant, dont d'un tel dit ung sage : O homme ! (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 30).

 

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Loc. Tailler un mauvais morceau à qqn. "Jouer un vilain tour à qqn" : Une branche d'olive monstrent Aux Grieux, en signe de traictier De paix ; adont, ont li portier Les portes ouvertes ; cilz saillent Hors, qui mauvais morsel leur taillent. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 155).

 

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"Moralement nuisible"

 

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Mauvais exemple : A l'exemple ainsi se meffait De son curé ou de son prestre, Mais il ne doit pas ainsis estre, Car nulz pour exemple mauvais Ne doit delessier ses bons fais Ne la saincte voie ordonnée, Pour la vye desordonnée Du ministre ou du souverain. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 160). ...car il apertient a dame qui a tel charge, que elle se prengne bien garde que environ la fille du prince ne repaire fille ne femme ou il ait reprouche ne qui soit mal condicionee, legiere ou fole, ne de laide maniere, afin que l'enfant n'y peust prendre aucun mauvais exemple. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 61). Ceulx mesmement que souspeçonneras, les actrais se tu pues par bonnes chieres et dons et les lies à toy par sermens, car, si que dit Tulles, on ne puet avoir trop d'amis ne pou ennemis, et ne seuffres nul par oppinion estre villenéz et sans trop vehement presompcion de mesprison, non mie tant pour la singuliere personne d'icellui, mais afin que autre ne le tirassent à mauvais exemple en toy. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 92). [L'ivrognerie]...est un vice de mauvais exemple (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 170).

 

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[Qualifie un terme déjà marqué négativement] : Plus escorche qu'elle [Fortune] ne tonde, Et en mauvais malice habonde, Par quoy sa norriçon confonde ; Un pourri coing Ne prise chose qu'elle fonde, Qui vuet que ses ouvrages fonde, En ce n'a pareil ne seconde. (MACH., R. Fort., c.1341, 35). Abacuc, li grans Dieus te mande Que tu portes ceste viande A Daniel, en Babiloine. N'i quier eslonge ne essoine, Qu'il est mis en lac aus lions Par mauvaises detractions. (MACH., C. ami, 1357, 42). Certes, tuit cilz qui orront parler de ceste mes prison [tuer son seigneur], me jugeront, et auront droit, a mourir de honteuse mort et en grief martire, car plus fausse ne plus mauvaise trahison ne fist oncques pechierre. (ARRAS, c.1392-1393, 22). Veez le la, cel ancien, emprez le roy, et sachiez que c'est le plus plain de mauvais malice qui soit en dix royaumes, et si veez la Olivier, son filz, qui ne poise pas moins une once. (ARRAS, c.1392-1393, 55). A son pere compta le fait Et cellui assavoir le fait Aux autres barons et leur dist "Qu'a grant tort, ou royaume mist Hermiedés cil qui regnoit, Et que moult bien lui souvenoit Que son frere, qui lors ert roy, Ot l'oreille, par son desroy, Tranchiee, par ses mauvais vices, Si ne fu pas frere Cambissés, Ainçois fu frere Hermiedés..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 233). La royne Thamaris nous fait sages de son yssue, qui le surmonta par vaillance, et puis fist mettre son chief en ung vaissel plain de sang dez occiz en disant : Syrus, saoulle ta mauvaise cruaulté et estanche ta soif en ce sang humain. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 141). Et depuis, par traison malvaise en recompensacion des plaisirs que luy avoient faiz lesdis roys Charles et Richart, duquel roy Charles le dit Richart avoit espousé sa fille, ledit Hanry pere du roy dernier mort le fist tuer et murtrir et le laissa mourir de faing en commectant traison, tirannie et crisme de leze magesté. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 178). C'est a dire, mon ami, laisse paresse, laquelle donne a la vie mauvais ennuy, et fui les ennemis des choses vertueuses. (LA SALE, J.S., 1456, 25). Or entendez la deception mauvaise et horrible traïson que ces faulx ypocrites pourchasserent a ceulx et celles qui tant de biens de jour en jour leur faisoient. (C.N.N., c.1456-1467, 216). ...je prie a Dieu (...) que la mauvaise envye qu'on a sur moy puisse icy estre averée et demonstrée (C.N.N., c.1456-1467, 383).

 

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Prov. De deux maux il faut choisir le moins mauvais : Et nonpourquant de .II. maulx fait il bon eslire le mains mauvais. (Bérinus, I, c.1350-1370, 154).

 

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Estre en mauvais point

 

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"Être dans une situation dangereuse" : Quant chascun des adversaires Berinus ot monstree sa raison, Gieffroy oït bien et entendi que Rommains estoient en mauvais point, se ilz n'avoient bonne aide et grant conseil, puis s'escria en sotois et dist : "Beau seigneur, messire s'en yra au conseil et je m'en iray avec, si lui conseilleray au mieux et au plus bel que je saray..." (Bérinus, I, c.1350-1370, 87).

 

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"Être dans un état de santé critique" : Certes, tu es en mauvais point. (...) Tu es par my le corps enflée Conme un lepreux. (Mir. st J. Cris., c.1344, 272). Si saiches que ceste est celle par qui gist malade en mauvais point, au lit emprisonnee, et groncier n'ose la tres droicturiere fille de Dieu que as veue la jus en celle chartre. (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 31). Las, Fortune, seras tu point Lassee de tant moy meffaire, Tu me mets en si mauvais point. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 54).

 

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[D'une maladie, d'un symptôme] "Critique, de mauvais présage, nocif" : En fievres continues, excreacions livides, sanguines, coloriques, puantes, toutes telles superfluitez sont malvaises ; s'elles sont bien evacuees, elles sont bonnes (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 76). Les maladies qui sont terminees en jours pareulx sont mauvaizes et de legiere residivacion. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 77). Es fievres, quant du dormir paour ou spasme est engendré, c'est malvaiz signe. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 78). [Es] longues dissinteres, abstinence est malvaise chose, et quant elle est avecques fievre, encore est ce pis. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 89). Quant aucun a dyarrie, [ou] a pris aucune medecine, se en dormant le blanc des yeux est apparent et les paupieres renversees, c'est tres malvaiz signe et mortel. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 95).

 

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"Violent"

 

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Mauvaise mort. "Mort violente" : Si se doivent avisier ceulx qui font a tort et sanz cause autri mettre a mort, car par les exemples dessus dittes il appert clerement comment les homicides ou mertriers doivent mauvaisement mourir : car la mauvaise vie attrait la mauvaise mort. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 386). Et de Noé lisons nous comment Dieu le preserva de mauvaise mort, c'est assavoir du deluge, pource qu'il estoit de bonne vie, si comme il appert ou livre dessus dit. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 389).

 

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[D'un phénomème atmosphérique]

 

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"Violent, qui occasionne des dégats" : Il avoient perdu trois de leurs vaissaulx, cargiés de gens et de pourveances, et estoient espars par mauvais vent. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 89).

 

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"Qui nuit à la santé" : Comme le conte de Tancarville se fust longuement tenus de venir vers le roy, non obstant mandé l'eust par pluseurs fois, s'envoia excuser, disant que "pour le trop long sejour fait à Paris, pour cause du mauvais air avoit esté malade, et, pour ce, une piece s'esbatoit à chacier en la forest de Biere, et se tenoit à Meleun, et bien bref vendroit". (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 68). Le roy, qui ouy l'excusacion du mauvais air, bien lui sembla que partout, où il estoit et demouroit, que ses subgiez ne devoient mie ressoignier pour air ne autre cause aler vers lui, respondi au message : "Dya !..." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 68).

 

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[D'un acte] "Horrible" : Einsi [le roi Pierre] fu mors comme uns pourceaus, Et com fot enterrez par ceaus Qui estoient si home lige. Je croy que de Londres en Frige, Passé à mil ans, ne fu fais Ne pensés si très mauvais fais. (MACH., P. Alex., p.1369, 273). ...nagueires, environ la Saint-Martin d'iver derrenierement passée, avoit esté fait un très mauvais murtre, environ minuit, en la ville de Soucy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 375).

 

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Boire à un mauvais hanap de qqc. "Subir les conséquences fâcheuses de qqc." : Comment ! Ribaulx moynes, qui vous a donné le hardement d'avoir enchanté mon frere tant que par vostre faulse cautele vous l'avez fait devenir moine ? Par les dens Dieu, mal le pensastes, vous en buvrez a un mauvais hannap. (ARRAS, c.1392-1393, 251).

 

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Se donner mauvais temps. "Se faire du souci" : ...madame se donnoit bien mauvais temps, pource qu'il [son diamant] estoit meschantement perdu (C.N.N., c.1456-1467, 44).

 

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Mauvais sang. "Sang altéré (ici sous l'effet d'une émotion forte)" : Or, fille, je pensoye bien que mauvaiz sanc te mengoit. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 96).

 

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Faire du mauvais sang : Lors luy dist : "Dame, vous m'avez fait troiz grans desplaisirs et couroulx. Se je puis, vous ne me ferez mye le quart. Et je scay bien que ce vous a fait faire mauvaiz sanc. Il vous couvient saigner..." (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 95).

 

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Avoir/savoir mauvais gré à qqn (de qqc.). "En vouloir à qqn (de qqc.), avoir des sentiments hostiles à l'égard de qqn" : ...et se j'ay Maligan occis, nulz ne m'en doit savoir mauvais gré, car par haïne ne par felonnie ne le fis onques, mais tant seulement pour ma vie sauver, car il avoit ma mort juree et me couroit sus par grant aïr, sanz ce que riens je lui eüsse meffait. (Bérinus, I, c.1350-1370, 285). Et quant Aigres, qui estoit preux et viguereux, vist qu'il n'avroit point d'aïde de son compaignon, si lui en sçot malvaiz gré et l'apela mauvaiz, recreant, cuer failly. (Bérinus, I, c.1350-1370, 307). Et pour ce que moy et ma femme lui en avons parlé plusieurs fois, en cuidant le retraire de pechié, de dommaige et de villenie, il nous en a sceu tres mauvais gré, et nous het (Trés. Reth. S.L., t.2, 1388, 351). Des meurs son maistre il a recort Et, s'il estoit de son accort, En follies lui consentant, Il lui scet mauvais gré de tant, Et a tous ceulx qui l'ennortoient De mal faire, et lui rapportoient Rapport de felonnie ou nices Introduisans en plusieurs vices. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 54). Je ne sçay se monseigneur de Saintré m'en avra nul mauvais gré, mais puis que le voulez, ma dame, mon penser est tel (LA SALE, J.S., 1456, 276).

 

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[Domaine intellectuel] "Pernicieux" : ...Eins [Dieu] Les conforte et les gouverne En terre, en mer et en taverne, Qui est la chapelle au dyable ; (Et vraiement ce n'est pas fable, Car on y aprent à jurer, à mentir et à parjurer, Ordure, luxure et usure, Et toute mauvaise apresure, De jour, de nuit et à toute heure ; Voire eu païs où je demeure...) (MACH., P. Alex., p.1369, 186). Sire de Lesparre, je pense Que vous savez assez la cause Dont ceste assamblée se cause. Vous avez ouvré follement, Et mauvais consaus vraiement Vous a si meü, que de fait Au roy de Chypre avez meffait. Vous li avez escript paroles Qui sont rudes, nices et foles, Et mauvaisement contruvées (MACH., P. Alex., p.1369, 242). Et cils qui dit chose qui plaise Est honnourez et bien venus, Sages, bons et loyaus tenus ; Et cils qui dit ce qui desplait Bastist pour lui si mauvais plait, Ja soit ce que verité die, Qu'en grant peril est de sa vie. (MACH., P. Alex., p.1369, 253). Qu'ennemis ne dort Et maint cuer entort Prennent grant deport En mesdire et grever fort Maint tres fin loial amant Et font leur effort Par mauvais enort De mettre descort Entre bon acort. Or me gart Diex de leur sort Faus, mauvais et decevant. (MACH., Les lays, 1377, 440). ...en disant nostre patenostre : Panem nostrum quotidianum. En lieu de ce pain nous luy donnons serpens et viandes tres venimeuses, c'est assavoir paroles mauvaises, plaines de detraction, de luxure, d'envie, de erreurs, de supersticions, de toute ordure et mauvaise suggestion (GERS., Purif., 1396-1397, 60). ...chils rois d'Engleterre (...) crei trop legierement mauvais consel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 47). Si avendra aucunes fois par aventure que le dit prince par mauvais conseil ou pour aucune cause vouldra grever son peuple d'aucune charge (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 32). Il sera dit que la Court declare que lesdictes lettres sont mauvaises, seditieuses et scandaleuses et offensives contre la magesté royal (FAUQ., I, 1417-1420, 33).

 

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[Maxime] On ne peut faire bon argument sur mauvais fondement : Mais toute ceste compaingnie Tient le contraire et le vous nie. Et pour ce bien dire pouez Que vous n'estes pas avouez ; Si devez paier la lamproie. De ce plus dire ne saroie, Qu'on ne puet bon argüement Faire seur mauvais fondement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 243).

 

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Les paroles mauvaises corrompent les bonnes moeurs : Aussi par parole, selonc le dit de l'Apostre en la premiere Epistre aux Corinthiens ou .XVe. chapitre : "Mauvaises paroles corrompent bonnes meurs". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 263). ...à cest exemple ne vouloit point le sage roy que gloutons de bouche et de parole, les quelz en plusieurs cours sont moult exauciez, entrassent es mengiers de ses cours, ne plaisir aucun n'y prenoit, et par ce approuvoit ce sage roy la parole, que dit saint Pol du poete Menander, de qui il prent auttorité, telle que il escrist aux Corintiens : "Les paroles mauvaises courrompent les bonnes meurs." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 85).

 

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[De la renommée] "Qui apporte le déshonneur" : Et certainement pour che que de coustume les foles fenmes seulent che faire, pour che, a cause de leur renommee mauvaise, les autres doivent ces choses fuir et avoir en desdaing, espetialment nobles pucelles et saintes fenmes. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 377). Se le renom est mauvais tu pues dire ainsi : ce n'est mie merveille se cellui fait mal qui en est renommé, car souvent renom deshonnourable encline creature a faire maulx pluseurs. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 100). Mauvais renom fait les gens forvoier. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 124). Et si a si mauvais renom, Avecques tout l'autre meschief, Que chacun vouldroit mieulx le chief A peu perdre qu'elle hanter [la pauvreté] (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 98). Ils sont bien des fumees sans feu, c'est a entendre que sont maintes faulses langues desliees de flacteurs a gecter les fumees sans feu, c'est a dire porter et rapporter faulses et mauvaises renommees a hommes et a femmes sans cause et contre raison (LA SALE, J.S., 1456, 308).

 

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Prov. Mauvais renom communement vient à mauvaise fin : Mauvais renom communement vient a mauvaise fin. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 129).

 

2.

P. ext. [Sens atténué] "Qui cause du désagrémént"

 

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"Défavorable, qui déplaît, qui cause de la peine" : Saches souvent la vois dou pueple Quel parole de toy il pueple. S'elle est bonne, ren Dieu loange ; S'elle est mauvaise, ne t'en vange, Car qui se vuet de tout vangier, Son pain ne puet en pais mengier, Mais t'amende, eins que on te somme, Si feras ouevre de preudomme. (MACH., C. ami, 1357, 127).

 

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Faire mauvais visage/mauvaise chere à qqn. "Exprimer du mécontentement à qqn, en vouloir à qqn, mal accueillir qqn" : ...ledit Jacques Cuer estant audit Montpellier avoit mandé ledit Michelet Tinturier venir parler à lui et lui avoit fait très mauvaise chière, et dit plusieurs parolles injurieuses (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 8). Arrivé que fut ledit Pierre à Florence, congneüt que tout homme luy fit mauvais visaige et non sans cause : car il les avoit desaisis de toute leur force et puissance et de tout ce qu'ilz avoient conquis en cent ans et sembloit que leur cueur sentist les maulx qui depuis leur sont advenuz. (COMM., III, 1495-1498, 62).

 

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"Pénible" : LA FEMME DU CRESTIEN. Cher espoux, dolente j'en suis [de ma ruine], Mais tout ce vient par voz conduis, De conduicte mal promenee. J'en ay eu cent mauvaises nuitz, De dueil, grief courroux et ennuis Et en est ma joye finee. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 75).

 

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Il fait mauvais (de) + inf. "Il est pénible de" : ...Car mauvais fait monter sour brance Qui brise et puis on chiet en l'aire. (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 106). "Il es iviers et (...) il fait fresc et mauvais chevauchier." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 288). Se vos courrous me dure longuement, Je ne puis pas avoir longue durée. Se pour ce muir qu'Amours ay bien servi, Il fait mauvais servir si fait signour, Ne je n'ay pas, ce croy, mort desservi Pour bien amer de tres loial amour. Mais je voy bien que finé sont mi jour, Quant je congnois et voy tout en appert Qu'en lieu de bleu, dame, vous vestez vert. (MACH., L. dames, 1377, 218).

 

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Prov. Mauvais temps a qui a des sujets et n'en est pas aimé. "Il est dans une situation pénible celui qui a des sujets et n'en est pas aimé" : LE MARQUIS. Evesque, mauvaiz temps a qui A subgez et n'en est amez. Je me doubte que mesamez Et avilliz du peuple soye, Pour que de la voulenté moye Et sanz conseil de mes amis Ay pris la povre Griseldis (Gris., 1395, 71).

 

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"Difficile" : ...maintenant elle descent, et puis la fault remonter pour passer ung pont ou ung mauvés chemin, maintenent elle ne peut menger et si convient que le bon homme, qui a plus troté que ung chien, trote par my la ville a lui querir ce qu'elle demande, et ce non obstant elle ne prendra rien en pacience. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 69). Si ne voy pas que noz contentions ou noz parolles semees en appert ou en secret des ungs contre les autres nous puissent gecter de ce dangereux pas, ains fault tirer au collier et prendre aux dens le frain vertueusement, et, se le cheval par batre et flageler et le beuf par force d'aguillonner durement tirent hors leurs voitures des effondrez et des mauvais passaiges, ainsi croy je que le flaël de divine justice, qui nous fiert par l'adversité presente, nous doye esmouver a prendre couraige pour nous horsgecter de ceste infortune. (CHART., Q. inv., 1422, 44).

 

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Mauvais pas. "Situation difficile" : Car trop est meilleur a l'omme se garder du mauvais pas que ce qu'a peine ou jamais s'en tirast hors s'il y estoit entrez. (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 49). Et entre tous ceulx que j'ay jamais congneu, le plus saige pour soy tyrer d'un mauvais pas en temps d'adversité, c'estoit le roy Loys unziesme, nostre maistre, et le plus humble en parolles et en habitz, qui plus travailloit à gaigner ung homme qui le povoit servir ou qui luy povoit nuyre. (COMM., I, 1489-1491, 67).

 

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Mauvais à + inf. "Difficile à" : Et chevauchoient (...) et trouvoient un (...) mauvais bos à chevauchier. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 257). Et furent les personnages en manière de hommes sauvages, lesquelz par tout le corps seroient vestus de vestemens de toile couvers et fourrés de toile de lin, et ceintures estoffées de souffre et d'autres choses où le feu se prent aisément, habiles à enflamber et embraser et très mauvais à estaindre. (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 233).

 

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"Désagréable" : Duellius, ja viel et tout debrisié et crolant de corps et de membres, courroucié et dolent que on li avoit reprochié en tençant que il avoit toute la bouche puante et mauvaise alaine, s'en ala en sa maison (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 237). En vecy une aultre a l'escart Que je liray, je y mettray peine : Femmes qui ont mauvaise alaine Et qui sentent le faguenas, Il ne leur fault que de la graine De violette ou de muglias. (Dorib., p.1480, 251).

II. -

[Idée de contradiction avec la morale, les commandements de la religion, les lois humaines]

A. -

[D'une pers.]

 

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"Dont les actions sont en contradiction avec la morale, qui est enclin à mal agir" : ...Si que li prince et li satrape Par pure envie, qui atrape Maint cuer, quirent occasion Pour mener a destruction Daniel ; mais il virent bien Qu'il avoit en li tant de bien Que jamais en li ne trouvassent Chose dont mauvais le prouvassent. (MACH., C. ami, 1357, 36). ...nuls homs n'est dignes de la porter [la couronne royale] qui soit faus et mauvais et mensongier, si comme vous estes. Si me faites response, se vous volez maintenir le contraire ou non, dedens le dit terme dou Noel. (MACH., P. Alex., p.1369, 231). Et encore, par aventure, est celui mains eureus qui a filz se ilz sont tres malvais, ou qui a mauvais amis, ou qui a eü bons filz ou bons amis mais il sont mors. (ORESME, E.A., c.1370, 128). Car aussi comme un homme qui est mauvais est de legier transmuable, semblablement nature humainne a mestier de transmutacion pour ce que elle n'est pas simple ne parfaictement bonne. (ORESME, E.A., c.1370, 411). "O inestimable et incomprennable bonté de Dieu ! O tres benigne misericorde, certes maintenant je suis vaincus : je suis tel, tant ort, et si pervers, et si mauvais, et si m'as voulu telement avancier moy qui sui digne de dure mort et d'estre trebuchié ou plus parfont d'enfer !" (GERS., Pent., p.1389, 80). ...les aultres oïent paroles attraihans a mal et qui boutent le feu mauvais es maisons Dieu et es hospitaulx du Saint Esperit, c'est a dire es ames. Mauvais parleurs Sont boute feu. (GERS., Pent., p.1389, 80). ...mais j'entens celui homme estre mauvais qui vit continuelement en faisant de mal en pis, sanz repentance et sanz voulenté de soi amender. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 385).

 

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[P. réf. à Luc XVI, 19-31] Le mauvais riche : Et c'est un pechié de quoy nous trouvons en l'Euvangile du mauvaiz riche qui estoit vestu de pourpre, le quel riche mengoit chascun jour si largement des viandes, et nul bien n'en vouloit faire au povre ladre. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 36). Et le mauvais riche pour quoi fu il condempnéz nemais pour son avarice, car il refusa ou povre ladre les miettes de son pain, comme recite saint Luc en son .XVIe. chapitre ? (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 336). Devotes gens, je treuve en l'Evangile que le mauvais riche glouton qui refusa au ladre les miettes de sa table, quant il ardoit en enfer il ot souvenance de ses amis vivans, de ses V freres, et pria a Dieu qu'il envoyast ung mort a eulz pour les ammonester et advertir que ilz se gardassent de venir en ce lieu de tourmens. (GERS., Déf., 1400, 241).

 

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Prov.

 

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Le fils imite habituellement les mauvais parents : Mauvais parens ensuit communement le filz. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 128).

 

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Mauvais homme mauvaise femme eslist : Mauvais homme mauvaise femme eslist. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 130).

 

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À mauvais maistre, mal message : Et ceulx qui se meslent de faire Les lettres, dont gens ont a faire, Dieu scet se j'en vi, la entour, A plusieurs faire maint faulx tour, Dont s'en ensuivi dueil et perte A maint ! Dieu leur doint leur deserte ! Et ainsi, comme dit un sage : "A mauvais maistre mal message". (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 59).

 

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"Ingrat" : ...Eins [Amours] me compaingne en mon dolereus plour Par sa bonté ; Si que je di que c'est grant amisté Qui m'a esté mere en prosperité, Et encor est en mon adversité. Si ne me puis Plaindre de li, se trop mauvais ne suis, Car sans partir de moy toudis la truis. Ne je ne suis mie par li destruis ; Qu'elle ne puet Muer les cuers, puis que Dieus ne le vuet. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 87). ...il est vray qu'il cria au filz dudit Huitasse, qui demouroit auprez de la maison dudit Eustace, son pere, et de lui qui parle, qu'il descendeist aval, alast avecques lui, et qu'il faisoit que mauvez garçon de s'enfouir et lessier son pere en cest estat. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 411).

 

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"Qui se rebelle contre son seigneur"

 

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Mauvais ange. "Ange déchu" : Aussy comme le bon ange est donné à homme pour sa garde et pour son aide, à chacun aussi est le mauvais ange donné pour son exercitacion et pour lui esprouver. (CORBECHON, Mauvais anges S., 1372, 486). Et aprés petit a petit le mauvais ange et adversaire de la foy se retourne a ce qui li appartient, et mesle fausseté avec verité (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 196). Cil qui se vueult enorgueillir, Il peut bien exemple querir Au mauvais ange Lucifer, Qui fut depuis deable d'enfer, Lequel, par oultrecuidance, Cuida plus avoir puissance Que celui qui nous tous fourma Et le monde de neant crea. (CH. D'ORLÉANS, L. péché C., 1404, 546).

 

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Empl. subst. "Celui qui se rebelle contre son seigneur" : Che propre jour au matin, s'estoient asamblé et quelliet tous les mauvais, desquels Wautre Tieullier, Jake Strau et Jehan Balle estoient cappitainne. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 117). En che voiage fist li rois faire pluiseurs justices des mauvais qui contre lui s'estoient relevé et rebelé. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 135).

 

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[D'un animal] "Rétif"

 

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Faire du mauvais cheval. "Avoir un comportement têtu" : Si l'aultre son compaignon (...) avoit bien fait du mauvais cheval et en maintien et en parolles, encores en fist il plus (C.N.N., c.1456-1467, 233).

 

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"Déloyal, trompeur (en amour)" : Si ne te dois pas desconfire Einsi, ne toy mettre a martyre, Car c'est grant honte et grans deffaus, Puis que tu n'ies mauvais ne faus Envers ta dame que tu aimmes, Quant pour li amer las te claimmes. (MACH., R. Fort., c.1341, 58). ...Eins [la dame] laisse tels gens a senestre Com celle qui riens n'i aconte. Mais il n'ont vergongne, ne honte, Ne courrous, s'il sont refusé ; Car si mauvais et si rusé Sont qu'il ne doubtent ce qu'on dit A eaus, quant on les escondit, Einsois ailleurs merci rouver Vont pour les dames esprouver. (MACH., R. Fort., c.1341, 63).

 

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"Malhonnête" : A ce propos parle saint Ambroise en son tiers livre des offices et adresse sa parole au mauvais marchant en disant "Pourquoi convertis tu ton engin en fraude ?" (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 379). Et sont les mauvais marchans semblables au fenix, lequel assemble les buschettes en la haulte montaigne et finablement le feu s'y embrase et le fenix est ars ou mylieu d'icelles. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 379).

 

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[Qualifie un terme déjà marqué négativement] : ...et nompourquant L'amant savoient trop bien feindre, Sans mal sentir gemir et pleindre, Et si savoient trop bien faire Faus samblant et eaus contrefaire, Com mauvais desloial truant. Mais li faus traïtre puant En un cas trop se decevoient, Car muër coulour ne savoient. (MACH., D. Lyon, 1342, 198). Mais li traïtour mauvais tindrent puis mauvaisement leur convenant, ainsi comme vous pourrés oÿr. (Bérinus, I, c.1350-1370, 188). Douce dame, quant vers vous fausseray, Tuit bien devront en mon cuer defaillir ; Car traïtres mauvais et faus seray, Douce dame, quant vers vous fausseray. Et se talent jamais de fausser ay, Vivre et languir puisse je sans faillir ! (MACH., L. dames, 1377, 78). Adonc dist li rois Jehans : "Ha ! ha ! mauvais trahitres, vous avés bien mort desservie ; se n'i faurrés mies, par l'ame de mon père." (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 124). Il m'est advis que, sanz doubter, On peut dire d'eulx comme dit L'Euvangile, qui ceulx mauldit, Qui estoient faulx cultiveurs De la vigne et mauvais robeurs : "Ilz seront perdus malement Et la vigne et cultivement En autres mains sera baillié Et la faulse gent exillié." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 9).

 

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Empl. subst.

 

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"Personne portée au mal" : Un mien sergent loyal et fin Que ce mauvais a mis a fin... (Mir. ev. arced., c.1341, 133). Li bons par Fortune dechiet, Et souvent au mauvais eschiet Li biens qui dou bon est cheüs, Quant par Fortune est decheüs. (MACH., D. Aler., a.1349, 318). Tenons les bons en amitié, Et des mauvais aions pitié, Car onques homs ne fu parfais Qui volt vangier tous ses tors fais. (MACH., J. R. Nav., 1349, 178). Adont vers le ciel se tourna Et devotement s'aourna Pour congnoistre son creatour Qu'est signeur dou munde et actour, Qui les mauvais einsi chastie. (MACH., C. ami, 1357, 52). ...touz resusciteront, Et adonques les bons seront Mis en corps et en ame en gloire, Et les mauvais en tourment (Mir. Clov., c.1381, 276). Et disoient les philosophes stoÿciens que tant seulement les biens de l'ame sont biens et les autres non, pour ce que aussi bien les ont les mauvais comme les bons et ne font pas les gens bons. (ORESME, E.A.C., c.1370, 124). ...et lors les malvais devendront bons, et les bons seront meilleurs, et ce leur sera couronne de honneur, d'amour et de sceureté. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 20). ...qui la vouldroit requerre contre son honneur, qu'elle tenoit aussi cher que sa vie, elle estoit celle qui ne le cognoissoit et pour qui elle ne feroit neant plus que le singe pour les mauvais. (C.N.N., c.1456-1467, 155). [Si le texte n'est pas corrompu (ce que pensent plusieurs éditeurs), il s'agit d'une loc. prov. (Éd.)] Maintenant le malvais fait le nyce Fin qu'il ysse, Sans estre cogneu des bien saiges, Puis se monstre faire service Fort propice (Pass. Auv., 1477, 111). Chescune creature tramble, Si me semble, Quand les pecheurs Dieu punit, Les bons et maulvaiz ensemble, Car fort ample La justice Dieu reluit. (Pass. Auv., 1477, 224).

 

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[Prov., maxime] C'est meschief quand on fait de mauvais haut chef : De tieulx y vi je, mais Dieu doint Qu'adés en ait de mieulx a point Moriginez ! car c'est meschief, Quant on fait de mauvais hault chief. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 50).

 

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L'iniquité du mauvais le trebusche en la fosse : Salemon : L'iniquité du mauvais le tresbuche en la fosse. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 98).

 

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Les mauvais empirent de beaucoup savoir et les bons en amendent : Car ung prince ou homme, de quelque estat que ce soit, ayant force et auctorité par dessus les autres, s'il est bien litteré et qu'il ayt veü et leü, cela l'amendera ou empirera : car les mauvais empirent de beaucoup sçavoir et les bons en amendent. (COMM., II, 1489-1491, 211).

 

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Oster les mauvais d'entre les bons n'est pas nuire : Et dist Tulles : Oster les mauvais d'entre les bons n'est pas nuire, ains est valoir, si comme se aucuns membres de l'omme fussent ja mors et porris par maladie, les retrenchier et copper afin que ne nuississent aux autres seroit valeur à l'omme et non nuissance aux membres. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 100).

 

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Le mauvais est de telle condition que plus vous lui faites du bien plus il vous rendra de mal : Tout ainsi est il d'omme de mauvaise nature, car com plus bel semblant vous fera et vous dira doulces paroles, et plus vous gardez songneusement de lui, car en derriere il vous poindra et le trouverez fel et crüeux, se vous en avez mestier. Et est li mauvais de tele condicion que qui mieulx lui fait et pïeur l'a (Bérinus, I, c.1350-1370, 143).

 

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Les bons et les mauvais : Maistres Huguez : - Tu ne te dois point troubler ne esbaïr ce les bons et les mauvailz ont une maisme socialité en l'usaiges des choses temporelles (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 268). Chescune creature tramble, Si me semble, Quand les pecheurs Dieu punit, Les bons et maulvaiz ensemble, Car fort ample La justice Dieu reluit. (Pass. Auv., 1477, 224). LE JUIF. [Je croy] Que tout son sainct corps glorieux [de Jésus] A ouvert la porte des cieulx, Viendra juger bons et mauvais Et qu'a chascun selon leur faitz Rendra le loyer et desserte. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 153).

 

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"Réprouvé, damné" : Et le VIJe. est des temps derreniers, qui seront environ la fin du monde, et des paines des mauvais et dampnéz, et des loiers et retributions des benois saints, c'est a dire de la glore de paradis et des paines d'enfer. (Somme abr., c.1477-1481, 99). Mais prescience dit prealable congnoissance des mauvais sans causalité au regard de Dieu, mais est residente envers le franc vouloir, qui se dist libere arbitre. (Somme abr., c.1477-1481, 168). Quant dont Dieu repreuve et dampne les mauvais, il euvre selon sa justice. Quant il predestine, il euvre selon la grace et misericorde, laquelle pas forclost justice. (Somme abr., c.1477-1481, 168).

 

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Mauvais esprit

 

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"Diable, démon, fantôme..." : DIEU. Mére, pour ce que li mauvais Esperiz n'ait sur lui victoire Et que pas ne se desespoire... (Mir. pape, 1346, 383). ...puis fist croix sur lui et dist au fantosme : "Vous, mauvais esperit, je vous conjur que vous vous en alez, car trop m'avez traveillié et pené..." (Bérinus, I, c.1350-1370, 243). En telle maniere que vous avez oÿ estoit Aigre temptez et traveilliez de mauvais esperilz,et plus encore que je ne dy. (Bérinus, I, c.1350-1370, 251). Mais a considerer ce nom dieu par la seconde et la tierce maniere, il a plurel nombre, car pluseurs bons et justes sont dieux par adoption et participation, et pluseurs sont apelléz dieux par nomination comme les mauvais esperis deables. (Somme abr., c.1477-1481, 106). Exemple de Saint Pol, qui estoit tempté continuelement de l'esperit malvais de vaine glore pour les miracles et les choses merveilleuses qu'il faisoit, pour quoy requist a Dieu qu'il lui ostast et Dieu ne le voult faire, afin qu'il fust tousjours sur sa garde et tant plus humble se tenist en humilité considerant sa fragilité. (Somme abr., c.1477-1481, 177).

 

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En partic. "Ceux qui n'ont pas connu la religion chrétienne (ici les poètes de l'Antiquité)" : Les mauvais esperis plusieurs fois ont dit ou predit choses vraies, par auchune necessité constrains. De quoy dist saint Augustin contre les Manichees : "Se Sebille ou Orphee ou les aultres poetes des païens ont auchune chose vraie predit de Dieu, ou aussi auchuns philosophes, il vault auchune chose a vaintre la vanité des païens, mais non pas pour aemplir l'auctorité de iceulx." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 116).

 

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Empl. subst. "Le diable, le Mauvais" : Des laz me deffen du mauvais Qui si m'a pris par traison (Mir. st J. Paulu, c.1372, 117).

 

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Empl. adv. Mauvais faire. "Agir mal" : LE MARI. (...) le bien (...) Que m'a fait la vierge Marie, Et certes se je l'oublïoie, Assez plus que mauvais feroye (Mir. enf. ress., 1353, 77).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Qui est contraire aux commandements de Dieu, moralement condamnable"

 

a)

[D'un comportement] : Incontinent est celui qui ensuit ses mauvais desirs et si a raison en soy par quoy il scet bien que c'est mal fait (ORESME, E.A.C., c.1370, 108). Et est a savoir que aucun puet fouir telles delectacions et faire abstinences ou pour cause de santé acquerir ou garder ou pour avoir le corps plus legier et plus agile ou pour reprimer mauvaise concupiscence ou pour estre plus abile a contemplacion ou a aucun tres grant bien, si comme aucuns hermites font. (ORESME, E.A.C., c.1370, 225). Mais se le monde heurte par pompes et vanitez, tantost noz li ouvrons et f[ais]ons de nostre ame comme une hale ou un marchié. Se la chier hurte par mauvaise charnalité, tentost nous li ouvrons et en faisons comme ung ort logis de pourciaux. Se l'ennemi huche par fraudes et mauvaises credulitez et sorceries, tantost nous li ouvrons et en faisons comme une fosse a larrons et I logis des ydoles (GERS., Pent., p.1389, 81). Les unes sont livrees en la gueule des loups d'enfer pour estrangler. Les autres trebuschent es fosses de ire ou de impacience. Les autres [sont] arces ou eschaudees par la chaleur de mauvaise concupiscence. (GERS., P. Paul, a.1394, 491). Si n'y a meilleur que soustenir par ung peu de temps la doleur de penitence, qui maine a garison, affin que on ne languisse pas ainsy par mauvaise convoitise et male arsure jusques a la fin. (GERS., Déf., 1400, 243). ...les autres sont empeschiez par habondance de vices et de mauvaise vie, et par deffault de bonne doctrine, et par acoustumance de ouyr mauvaise doctrine (GERS., Trin., 1402, 153). Sy doivent toutes personnes les pechiez fuyr et mauvaise acoustumance car malice empesche a congnoistre Dieu et verité (GERS., Trin., 1402, 153).

 

-

[D'une disposition, d'une tendance de la personne] : Or pouez veoir comme li deables engignoit Altercans, qui estoit homme de mauvaise condicion et de peu de foy, et de tant fu il plus legier a decevoir, si comme il apparu, car il crut tel conseil, dont il avoit depuis grant merveille, ainsi comme vous porrez oÿr cy aprés. (Bérinus, I, c.1350-1370, 131). Tout ainsi est il d'omme de mauvaise nature, car com plus bel semblant vous fera et vous dira doulces paroles, et plus vous gardez songneusement de lui, car en derriere il vous poindra et le trouverez fel et crüeux, se vous en avez mestier. (Bérinus, I, c.1350-1370, 143). Et par ceste raison porra bien vo sire entendre, quant vous lui dirés, en quel maniere il se devra maintenir vers ceulx qui sont de ceste nature et de celle mauvaise condicion. (Bérinus, I, c.1350-1370, 145). Mais cilz du païs estoient tuit de si mauvaise nature que, com plus leur monstroit semblant d'amour et portoit grant honnour, et plus avoient le cuer felon et cuvert envers lui li traïtour desloyal, et cuidoient que li grant don et les grans courtoisies qu'il leur faisoit et l'onneur qu'il leur portoit, que ce fust plus par cremance que par amour. (Bérinus, I, c.1350-1370, 191).

 

b)

En partic.

 

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Mauvaise foi. "Déloyauté" : Car, pour aucunes fins qu'il pretendoit ès Ytalies, il avoit retiré quelque mil hommes d'armes ytaliens, que bons que mauvais, et avoit pour chef d'entre eulx ung appelé le conte de Compobache, du royaume de Naples, de très mauvaise foy et très perilleux. (COMM., II, 1489-1491, 8). S'il est vray ce qu'on dit, le Pape monstre qu'il est homme de mauvaise foy. (COMM., Lettres B., c.1476-1511, 205).

 

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Faire qqc. à mauvaise foi. "Agir avec déloyauté, en ne respectant pas les engagements pris" : Et pour ce qu'il estoit trève, venoit largement Angloys en la ville et se monstroient peu saiges et ayans peu de reverence à leur roy. Ilz venoient tous arméz et en grande compaignie, et quant nostre roy y eust voulu aller à mauvaise foy, jamais si grant compaignie ne fut plus aisée à desconfire. Mais sa pensée n'estoit autre que à les bien festoyer et se mectre en bonne paix avec eulx pour son temps. (COMM., II, 1489-1491, 55).

 

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Mauvaise vie/mauvais gouvernement/mauvaises moeurs. "Vie dissolue ; mode de vie déréglé" : Et il ne devoit pas ignorer que par son mauvais gouvernement il seroit malade, et ainsi il est malade voluntairement. (ORESME, E.A.C., c.1370, 199). ...icelle prisonniere, qui est femme de dissolue vie et mauvaise (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 129). ...il est homme vacabond et de mauvaise vie et gouvernement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 525). Si avient souvent que la femme qui ainxin se gouverne gaste tout et met tout a perte par son mauvés gouvernement (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 60). "Vraiement, dist le roy, beau frere, nous sommes informez que cellui, dont vous parlez, est un fol, de mauvais gouvernement." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 59). Par quoi il s'ensuit que celui qui maine mauvaise vie doit mourir mauvaisement. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 385). ...car certainement leur mauvaise vie par droit requiert et attrait leur mauvaise mort. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 386). Et pour ce n'est en ce monde riens qu'il tant hee comme laits vices et mauvaises meurs et laides taches, et mieulx vouldroit mourir que de lui peust estre raporté veritablement quelconques villenie. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 104). ...pour occasion de ce que il estoit vehementement souspeçonné d'estre coupable et consentant du mauvais gouvernement et vie dissolue de Jehanne La Marcelle (FAUQ., I, 1417-1420, 163). ...arriverent pluseurs freres mineurs (...) eschassez et deboutez par leur mauvais gouvernement et faincte devocion du royaume d'Espaigne (C.N.N., c.1456-1467, 215). On a fait maintenent les cris Qu'on vaise avec les seigneurs, Lesqueulx par leur maulvaises meurs Ont fait juger Jhesus en croix Devoir pendre. (Pass. Auv., 1477, 182). On a fait maintenent les cris Qu'on vaise avec les seigneurs, Lesqueulx par leur maulvaises meurs Ont fait juger Jhesus en croix Devoir pendre. (Pass. Auv., 1477, 182). Comment le roy Alphonse feït couronner son filz Ferrand et de la mauvaise vie que avoit menée le vieux Ferrand, son père, et luy aussi. (COMM., III, 1495-1498, 76).

 

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Mauvaise volonté. "Volonté de mal faire" : Se par vostre valeur vous faites aucune bonne oeuvre, le labeur passe et le benefice vous demeure tant comme vous vivrés, et se par mauvaise voulenté vous faites aucune iniquité, le delit passe et l'iniquité demeure. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 197). ...maiz la doubte de perdre son royaulme, et la mauvaise et desloyal voulenté qu'il avoit, luy avugloyent l'entendement. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 36). ...quant Henry de Lenclastre vit que son pere estoit mort et que le roy Richart n'estoit pas ou pays, il luy sembla qu'il estoit temps qu'il mist a exeqution sa mauvaise voulenté et la trahison qu'il avoit pourpensé, c'est asçavoir de faire morir le roy Richard son souvrain seigneur et soy faire roy. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 151). Item la mauvaise voulenté des reprouvéz est eternele, pour quoy la paine doibt estre tele. (Somme abr., c.1477-1481, 177).

 

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Mauvaise pensee/mauvais pensement. "Pensée qui mène au péché" : J'ay esté moult oyseux longuement, dont moult de maulx et mauvaises pensees et cogitacions me sont venues. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 31). Aprez, tu dois dire en toy confessant que quant on chantoit la messe ou aucune heure, ou quant tu estoies en devocion, ou en disant tes heures, tu estoies en vaine cogitacion et mauvaises pensees, lesquelles ne te pouoient prouffiter, ains te nuysoient a ton sauvement. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 31). Et puis viennent desordonnees pensees et cogitacions mauvaises, et puis du pensé vient on au fait. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 37). ...et la sainte vertu de chasteté, c'est a dire la conscience toute pure de mauvaiz pensemens, les membres purs de tous atouchemens. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 44).

 

c)

[D'une action] "Répréhensible" : Gentil dame, pleinne d'onnour, Sui je à desconfiture ; Car onques ne quis deshonnour Vers vous, ains ay sans sejour Fait vo dous plaisir Et feray sans mauvais tour Jusques au morir. (MACH., Ch. bal., 1377, 583). S'à moult douce norriture Qui vit de telle pasture, Qu'amans, qui en li figure D'Amours la droite figure, Fuit et het tous mauvais tours, Pechié, vice, mespresure Et quanqu'il touche à laidure ; C'est des loyaus la nature. (MACH., Les lays, 1377, 350). ...il avoit continué le mieulx qu'il avoit peu et sceu, tant oudit païs de Beauvoisis, en Lannois, en Soissonnois, comme à Paris et ès villes voisines, sans ce qu'il eust oncques esté reprins, attaint ou convaincu d'aucun mauvès cas ou crime. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 202).

 

d)

[D'un lieu] "Marqué par le mal" : Le tier degré est de bien garder les .V. sens temporelz: les yeulx de folement regarder, les oreilles de folement escouter, les narrines de soy garder en souefves choses trop delicter et oudorer, les mains de folement touchier, les piez de aler en mauvaiz lieux. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 45). Et ala oïr messe comme il avoit acoustumé et retourna a la fille et luy mist sus que ces choses venoient de mauvaiz lieu, et moult aigrement l'encusa de mauvaistié afin qu'elle, en sa deffense, luy dist dont ce luy estoit venu. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 114). Et se le lieu est deshonnourable tu pues le pechié aggregier par ce que c'est signe que le mesprenant suit et hante tres mauvais lieux et mauvaises places. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 113).

 

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[D'une origine] : Mais oncques ne se porent si bien garder que une vielle du mauvaiz linage la marrastre Berinus, en qui Milie se fioit, ne les encusast a un des .VII. sages et lui compta toutes les privetez (Bérinus, II, c.1350-1370, 79). ...et le glout qui estoit de mauvaise extracion, quant il ot abatu les .VII. compaignons, si leva les bras en hault et dist : "Or y parra qui osera a moy luitier, se il en y a nul, si viengne avant." (Bérinus, I, c.1350-1370, 368).

 

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Prov. : De mauvés lieu ne puet que mal venir. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 28).

 

e)

"Malhonnêtement acquis"

 

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Prov. Mieux vaut honneste pauvreté que mauvaise richesse : Et sachiez, sire, que Dieu qui est tout poissant nous pourra encores assez donner de biens sanz embler, et je y ay bien fiance ; et mieulx vault honneste povreté que mauvaise richesce ; pour quoy ja, se Dieu plaist, je ne me mettray en si villaine oeuvre. (Bérinus, I, c.1350-1370, 392).

 

2.

"Injuste" : Au premier, de cuer diligent sur tous le chancellier du royaume d'Angleterre doit estre quis et demandé. Tu trouveras a plain celui qui chancelle les fausses et mauvaises loys du roy et fait les douls commandemens du vray et debonnaire roy. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 89).

 

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À mauvaise cause. "À tort, d'une façon injuste" : Sur laquelle convocation et requeste de gaige, ledit Boffille prinst deffense, disant que à tort et mauvaise cause ledit Julio l'avoit acusé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 354).

 

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Empl. subst. Faire le mauvais. "Faire qqc. d'injuste, de contraire au droit" : Chil de Gaind conmencierent premierement a faire le mauvais et a voloir suspediter tout le demorant dou pais de Flandres (FROISS., Chron. D., p.1400, 261).

III. -

[Idée d'imperfection, d'insuffisance par rapport à ce qui est attendu, souhaité]

A. -

[D'une pers.] "Qui n'est pas tel qu'il devrait être, qui ne remplit pas correctement son rôle" : Oy tes comptes diligemment Et par ce verras clerement Ce que tu pues par an despendre Et ou tu dois tes rentes prendre, Et saras se ti receveur Sont bonne gent ou deceveur : S'il sont bon, tu es assez sages Pour eaus bien paier de leurs gages ; S'il sont mauvais, fai leur raison, Sans faire point de desraison, Mais adès dois plus ta puissance Tourner a pité qu'a vengence. (MACH., C. ami, 1357, 135). Et quant tuit furent descendu Dedens la mer, j'ay entendu, Et le me dist uns chevaliers, Qu'il n'estoient pas VIIJ. milliers, Bons et mauvais, grans et petis ; Et n'i ot pas de gens de pris, Qui gens d'armes sont appellez, Plus de VIJc. ou tout dalés ; Qu'il avoient, si com diron, Bien C. voiles ou environ. (MACH., P. Alex., p.1369, 74). Par droicte comparaison la nostre police françoise semble maintenant l'ostel d'ung mauvais mesnagier qui dissipe sa presente substance avant qu'il pourvoye a celle a venir, menjut sa vigne en verjus et vuide ses garniers hors de saison a sa comble mesure si que le pain lui fault au plus grant besoing. (CHART., Q. inv., 1422, 23). Il te coustera de l'avoir, Encore ne le puis je avoir, Tu es bien mauvais savetier. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 33).

 

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"Poltron, lâche"

 

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Prov. empl. subst. Un mauvais en descourage deux douzaines de bons : ...et se il y a homme de petit coraige qui n'ose atendre l'aventure et la bataille il se traie avant, vous lui donrez congié de partir des autres, car ung mauvais en descoraige deux douzaines de bons (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 149).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Qui ne correspond pas à ce qui est attendu, à ce qui est mérité" : Einsi est il de pluseurs dames Qui mettent les corps et les ames Et quanqu'elles ont en leurs amis, Et quant tant chascune y a mis Qu'il sont en vaillance parfait, Apparent par ouevre et par fait, Elles n'en ont autre salaire Fors un petit de gloire au faire. Il ont le grain ; elles ont la paille ; Car l'onneur ont, comment qu'il aille. Et s'aucune fois leur meschiet, Tout premiers seur les dames chiet. Certes, c'est mauvais guerredon, Quant pour bien ont de guerre don. (MACH., J. R. Nav., 1349, 239). ...elle me tolt mon confort sans raison ; Et si me vuet dou tout en tout tuer, Quant je ly voy autre que moy amer. Elle scet bien que plus l'aim que riens née Et que je l'ay servi sans mesprison ; Si m'en donne si mauvaise saudée Que mal pour bien en est le guerredon. Si m'en convient morir ou garison, Car je ne puis en ce point plus durer, Quant je li voy autre que moy amer. (MACH., L. dames, 1377, 71). ...se assemblerent eulx cinq compaignons, en un jour dont il n'est record, en eulx complaignant li uns à l'autre de la mauvaise paie que leur faisoit icelli escuïer (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 399).

 

-

"Qui n'est pas conforme à la façon de faire habituelle et efficace" : Pour ne mentir point, il sembloit bien qu'ilz fussent neufz à ce mestier de tenir les champs ; et chevauchoient en assez mauvais ordre. (COMM., II, 1489-1491, 55).

 

2.

[D'une partie du corps] "En mauvais état, qui fait souffrir" : Li uns des .III. messages dist que ses sires avoit une dent en sa bouche, qui estoit mauvaise et pourrie, et tant lui faisoit d'angoisse que nul repos n'en pouoit avoir ne par nuit ne par jour, et que que tantost que aucune chose y atouchoit, il lui estoit advis qu'il deüst enragier et mourir. (Bérinus, I, c.1350-1370, 139). Je le vous diray : je loue qu'il face celle mauvaise dent arrachier, quelque mal et angoisse qu'il lui face a l'oster, et ne le laisse pas pour ce, car mieulx li vault souffrir peine et douleur une seule heure que chascun an deux fois ou trois ou tous les jours de sa vie. (Bérinus, I, c.1350-1370, 142).

 

-

[D'un organe chez un animal] "Défaillant, blessé" : Et si ventast li vens de bise Taillans, bruians, fort, roide et sec, Et l'eüssent enmi le bec, Par qu'il fussent bien esgroé ; Et que leur cheval encloé Fussent tuit d'un piet ou de deus, Et que tuit li mauvais piet d'eus Fussent defferré tuit ensamble ; Si n'i eüst chesne ne tramble, Homme, femme, ami, ne parent Ou il treïssent a garent (MACH., D. Lyon, 1342, 204).

 

3.

"Qui ne convient pas, malencontreux"

 

-

Loc. Mauvaise haste n'est pas preu. "Hâte malencontreuse n'apporte rien" : Après messire Jehans Pastez Li dist : "Sire, ne vous hastés, Car mauvaise haste n'est preus, Et ce sera honneur et preus De faire ce fait sagement, Et nom pas trop hastivement..." (MACH., P. Alex., p.1369, 149).

 

-

"Déplacé" : Et, le jeudi ensuivant, vindrent en l'ostel de ladicte ville plusieurs grandes plaintes par aucuns des bourgois de ladicte ville de plusieurs mauvaises paroles malsonnans que disoient et publioient plusieurs gens de guerre estans en ladicte ville contre lesdiz bourgois, manans et habitans d'icelle, pour y donner provision. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 114).

 

4.

[D'une chose concrète] "De qualité médiocre" : Puis s'en raloient en Grenade, L'une heure sain, l'autre malade, L'une heure a cheval, l'autre a pié. Il avoient trop de meschié ; Trop avoient de dures fins, De durs lis, de mauvais coussins ; Souvent estoient mal peü. Nulz ne scet, s'il ne l'a veü, Ce qu'il leur couvenoit souffrir. (MACH., D. Lyon, 1342, 210). Et quant il vit que pour chose qu'il sceüst dire ne faire, il n'aroit a vestir, si se parti de l'ostel son pere, honteux et esbaÿs, chaussiez d'uns mauvais souliers et affublez d'un mauvais mantelet court, qui trop mal lui afferoit. (Bérinus, I, c.1350-1370, 29). ...[il] estoit vestu d'une mauvaise cotte de blanchet, senz noëlleure (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 450). ...et en la chambre dudit hoste, il print une mauvaise petite çainture à usaige de femme (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 219). Quant il [Geoffroy] percoit cela, si tourne tout court, et fait monter ses X. chevaliers, chascun son sac sur l'arcon de sa selle, plains de pluseurs mauvaises drapperailles, et il prist le sien. (ARRAS, c.1392-1393, 285). Ainsi cheminions en alant, Et si m'oublioie en parlant Que un jour ne me sembloit une heure : Ne me donnay de garde en l'eure Que par celle voie abrigiee, Sanz estre de riens engrigiee Ne travailliee ne grevee Ne trop matin estre levee N'avoir cause de moy blasmer, Que je me trouvay oultre mer, Sanz en navire entrer n'en berge Ne sanz avoir mauvais herberge. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 51). Une autre pièce de mauvaise escarlate rouge, marquée à la marque de Rouen, tenant 11 aulnes tiers et semble ladicte escarlate gros rouge ou migrenne, prisé l'aulne 3 escus (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 88). Et a ce propos dit saint Augustin, en une de ses Epistres, que tout ainsin comme le mauvais vin gaste et corrompt le vaissel ou il est, se il y demeure longuement, tout ainsin yre gaste et corrompt les cuers ou elle se tient. (LA SALE, J.S., 1456, 19). Se vin est mauvais a taster, Il regibe trop mallement. (Tr. Men., c.1480-1500, 287). Nostre roy s'abilloit fort court et si mal que pis ne povoit, et assez mauvais drapz aucunes fois (COMM., I, 1489-1491, 138).

 

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Empl. subst. "Ce qui est de mauvaise qualité" : De ceulx vi je de maintes guises, Qui vivoient de marchandises, Et, nonobstant qu'il appartiengne A marchant que verité tiengne Et loyauté en tous ses fais, Ne les vi je pas tous parfais La endroit, ains de grans cautelles Vy user a maint non pas belles, En vendent et en achetant, Et en mains faulx marchiez, et tant Que je ne saroie tout dire Lequel contrat estoit le pire : Turquer denrees et changier Mauvais pour bon, par losangier, Et par jurer, et par promettre Que chose ne pourroit mieulx estre, Qui estoit male et contrefaite, Et, tout pour decevoir gent faite, Vendre a terme par faulx contras. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 71).

 

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"Détérioré, en fâcheux état" : ...par Douay (...) le chemin est trop mauvais ; a peu que avant hier et moy et mes chevaulx n'y demourasmes. (C.N.N., c.1456-1467, 459).

 

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[D'une région] "Aride, inculte" : Avint ung jour qu'il chevauchoit parmy une grande forest et avoit grant faim, car il n'avoit mengé en longue espace et aussi n'avoit il trouvé de quoy pour le paÿs mauvais et desert ou il estoit. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 62).

 

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[D'un arbre] "Stérile, qui ne produit plus"

 

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Prov. On doit ficher au noeud du mauvais arbre le clou ou le coignet de fer : Ceste maniere de parler fut selonc le dit commun qu'on doit fichier au neu du mauvais arbre le clou ou le coignet de fer". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 154).

 

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[À propos des conditions météorologiques] "Défavorable" : C'estoit en l'entrée de l'yver et estoit le temps très mauvais. (COMM., I, 1489-1491, 146). Il y avoit deux jours et près d'une nuyt qu'ilz n'avoient ne beü ne mangé, sinon ceulx qui avoient porté quelque bouteille, et si avoient le plus mauvais temps du monde. (COMM., I, 1489-1491, 151). Et mesmement la personne du roy, qui pour ceste nuyt en une petite maisonnette qui estoit la toute seule, pour cause de la pluye et du mauvais temps s'estoit retiré. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 290).

 

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[D'une mission, d'une action] "Qui n'a pas été accomplie correctement" : Et quant ceulx qui gaitoient virent qu'ilz ne le pourroient rataindre, si furent moult dolens et courrouciez pour la doubte de l'empereur et pour la mauvaise garde qu'ilz en avoient faicte. (Bérinus, II, c.1350-1370, 4). Li rois disoit que cilz s'estoit mauvaisement acquittés de garder le Blanke Take, et que par sa mauvaise garde li Englès estoient passet oultre en Pontieu. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 192).

 

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"Faux" : Car nous avons bonne esperance en Dieu, que aucuns bons clers preudommes verront ung de ces jours par deça, qui adresseront et mestront tout en bonne fourme et en bonne ordonnance et leur feront entendre les articles de la foy myeulx que nous ne savons faire et leur appliqueront des myracles que Dieu a faiz pour eulx et pour nous ou temps passés et du jugement à venir et de la generalle resurection, affin d'oster leurs [coeurs] du tout de la malvaise creance en quoy ilz ont longuement esté et sont encore la plus grant partie d'eulx. (BÉTHENCOURT, Canarien C., c.1490, 187). Et soudainement envoya fermer les portes de la ville et du chasteau, et fist semer une assez mauvaise raison : c'estoit que l'on le faisoit pour une boueste qui estoit perdue, où il y avoit de bonnes bagues et de l'argent. (COMM., I, 1489-1491, 133).

 

5.

"Dont la qualité s'est dégradée, qui est corrompu, altéré" : ...et ilz lui respondirent que il n'en avoit que faire, et que ce estoit mauvaise viande, et que tel en pourroit bien mengier et user à qui il ne feroit jà bien. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 424). Encores n'est pas(t) chascune humaine creature disposee souffisamment pour veoir icy Dieu en telle maniere : les aucuns pour l'empeschement du corps qui oste l'usaige de raison, soit a cause de aage comme es enfans, soit a cause de maladie comme es demoniaques et hors du sens, et soit par mauvaise complexion comme es folz de nature (GERS., Trin., 1402, 153). Aucuns aussi en sont retrais par mauvaise complexion, c'est assavoir, si comme dit Geber au commencement de son livre albrimiste, ou par deffaut de l'ame, ou par deffault du corps (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 164). Ne contenant doctrine entière Contre toute espèce et manière Des dangiers et des maladies, Lesquelz en diverses parties Aviennent pour la grant nuisance De mauvaiz air et pestillence (LA HAYE, P. peste, 1426, 159). Car maintes foiz il a léu Et par effect appercéu Que pluseurs maulx, à dire voir, Aviennent bien de mauvaiz air Et de sa force vicieuse, Oultre la boce venimeuse (LA HAYE, P. peste, 1426, 159).

 

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"Défectueux, corrompu" : ...lesquelz ilz disoient avoir esté favorisans au feu conte d'Armaignac et avoir esté coulpables et consentans du mauvais gouvernement qui avoit esté en ce royaume et de la desolacion d'icellui (FAUQ., I, 1417-1420, 150).

 

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[D'une pratique] "Qui repose sur une supercherie" : ...si aucuns invocateurs, nigromanciens, abuseurs ou divins, pour couvrir leurs mauvais ars, ont contrefait et contreffont les astrologiens et se aident d'aucune consideracion des corps celestes, il ne s'ensuit pas pourtant que la très noble et excellante science de astrologie et les purs astrologiens en doyent estre blasmés (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 2 r°).

 

6.

Empl. subst. "Ce qui est inutile" : ...et ay voulontiers ceste chose escripte affin que ceulx qui après viendront saichent ce que j'ay apprins et comprins des ceremonies appartenantes à noblesse, pour en cuillir le fruit et laisser le mauvais. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 268).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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