C.N.R.S.
 
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     HUMBLE     
FEW IV 511a humilis
HUMBLE, adj.
[T-L : umble ; GDC : humble ; AND : humble ; DÉCT : umble ; FEW IV, 511a : humilis ; TLF : IX, 978a : humble]

A. -

[D'une personne qui pratique l'humilité, d'une chose qui témoigne de l'humilité de qqn]

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

"Qui fait preuve de déférence, de respect, de soumission"

 

-

[Envers Dieu] "Qui montre déférence, humilité face à Dieu" : Dieu regarde en priere cuer humble et devost et n'a cure de paremens ne de haulte maniere, comme font ces foles hardies qui vont baudement le col estendu comme serf en lande et regardent de travers comme cheval desréé. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 45). Et entre pluseurs manieres de racheter et delivrer noz amis de la prison de purgatoire, la principale maniere est par prieres, et prier pour eulx en cuer humble et doloreux (GERS., Déf., 1400, 225). Et qui est chose qui tant empesche a avoir cuer humilié et devot, contrit et humble en oroison, comme est Plaisir mondain ? (GERS., Déf., 1400, 225). ...a present souffise auoir baillie la matiere de saincte meditacion sur soy mesmes par la quelle la personne deuote et humble pourra passer iusques a la ioyeuse et delectable contemplacion de Dieu et des choses diuines (CIB., p.1451, 192). Car envers Dieu il estoit très humble, magniffique envers son pueple et liberal à ses serviteurs (BUEIL, I, 1461-1466, 27). ...mais il s'entend que l'en doit, par humble et devot courage, marchander à Dieu la victoire et y mettre coer et fiance, pour avoir de luy confort et ayde. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 66). Exemple de Saint Pol, qui estoit tempté continuelement de l'esperit malvais de vaine glore pour les miracles et les choses merveilleuses qu'il faisoit, pour quoy requist a Dieu qu'il lui ostast et Dieu ne le voult faire, afin qu'il fust tousjours sur sa garde et tant plus humble se tenist en humilité considerant sa fragilité. (Somme abr., c.1477-1481, 177).

 

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Humble d'esprit. "Personne qui adopte une attitude d'humilité et se soumet à Dieu" : Humilions doncques nos ames soubz la main de Dieu en toute temptacion et tribulacion, car il saulvera les humbles d'esperit et les exaulcera. (Internele consol. P., 1447, 303). Ung orgueilleux et ung couvoiteux jamais ne reposent ; ung povre et humble d'esperit converse en multitude de paix. (Internele consol. P., 1447, 284).

 

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[Dans une formule qui exprime la déférence envers une personne d'un rang supérieur, une personne respectée ou qui peut être utile...] Humble serviteur/sujet...de qqn : Donques, haute princesse, je, ton humble servant, meu de pitié et de loyale et vraie affection, comme dès pieça ceste present oeuvre je eusse encommenciée, dont l'excusacion de plus tost n'avoir achevé diray en la fin, mais, comme mieux vaille tart que jamais et qu'encores ne soit (dont il me poise) si comme sont faucilles après aoust, veu la male disposicion du temps qui adès continue (Dieu par sa grace y vueille brief remedier !) (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 17). A la treshaulte et excellente majesté des princes, à la treshonnouree magnificence des nobles, circonspection des clers et bonne industrie du peuple françois, Alain Charretier, humble secretaire du roy nostre sire et de mon tresredoubté seigneur monseigneur le regent, lointaing immitateur des orateurs, salut en crainte de Dieu, humiliacion soubz sa justice, cognoissance de ses jugemens et retourner a sa misericorde soubz la pointure de sa punicion. (CHART., Q. inv., 1422, 1). De prince [François Villon] n'a ung denier empruncté, Fors de vous seul, vostre humble creature. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 50). Vostre très humble et très obéissant subject et serviteur, le Jouvencel. (BUEIL, II, 1461-1466, 133). Au devant de luy, le plus richement qu'ilz peurent, furent les seigneurs de la ville avec toute leur suyte luy faire honneur et reverence, en luy disant qu'il fust le tres bien retourné de son voyaige, en sa tres humble obeyssante et subjecte ville. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 274). A tres reverend pere en Dieu, Amé de Monfalcon, evesque et prince de Lausanne, Antitus, vostre tres humble chappellain et serviteur, approchant l'an de grace mille cinq cens, considerant que desirez veoir gracieuses inventions poethiques, adresse a vostre tres reverende paternité La Satyre Megere, laquelle se complainct et lamente de la trefve et preparative de paix pourparlee entre l'invictissime roy des Romains tousjours auguste et le tres chrestien roy de France. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 3). Vostre très humble et obéissans subget et serviteur : "Loys." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 333). Et moy, comme vostre très humble serviteur et povre parent, me suis retiré en voz pays pour y vivre et mourir, sans espargner ma vie ne mes biens où il vous plaira m'employer pour vous. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 348). Soubzcriptes : "Vostre très humble et très obéissant subgect et serviteur : Anthoine de Chabanes." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 363).

 

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[Dans le langage amoureux] : Fault il doncq faire touz onniz Les humbles servans et les faulx, Et que les bons soient puniz Pour le pechié des desloyaulx ? (CHART., B. Dame, 1424, 358). Voustre humble serviteur Alain Que Beauté print pieça a l'aim Du trait d'uns tresdoux rïans yeulx, Dont il languist, actendant mieulx. (CHART., E. Dames, 1425, 370). Qu'il vous plaise de voustre grace destourner vos yeulx de lire si desraisonnables escriptures et n'y donner foy ne audience, mais les faire rompre et casser partout ou trouver se pourront et des faiseurs ordonner telle punicion que ce soit exemple aux autres, et que voz humbles servans puissent leur queste parfaire a voustre honneur et a leur joye, et moustrer par euvres qu'en vous a mercy et pitié. (Lettres Chart., 1425, 362).

 

b)

"Qui fait preuve de modestie, de simplicité, d'une absence totale d'orgueil" : C'estoient une gent, pour voir, Dous, humble, courtois, amiable, Entreprenant et veritable, Po emparlé, fier et hardi. (MACH., D. Lyon, 1342, 206). ...c'est un saint homme : Ne se prise pas une pomme, Ains est humble, doulz et piteux (Mir. st Val., c.1367, 131). Alors Jehan de Saintré, comme humble, doulz et gracieux, incontinant devant le roy a genoulz se gecta et remercia du grant honneur qu'il lui faisoit. (LA SALE, J.S., 1456, 67). Dame du ciel, regente terïenne, Emperiere des infernaulx paluz, Recevez moy [la mère de Villon], vostre humble crestïenne, Que comprinse soye entre voz esleuz, Ce non obstant qu'oncques riens ne valuz. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 79).

 

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[D'un aspect de la pers.] "Qui témoigne de la modestie, de l'humilité de qqn" : ...d'umble cuer m'as enquis Quelle deffense il te faudra Avoir, quant elle t'assaudra (MACH., R. Fort., c.1341, 89). ...De cuer devost, a humble chiere, Encommensai ceste priere, En eaus merciant doucement De leurs biens tout premierement... (MACH., R. Fort., c.1341, 117). Vostre cueur soit devocïeux, Humble, courtois et amÿable Et, par ainsi, sedicïeux Ne vous pourra estre le deable. (LA VIGNE, S.M., 1496, 300).

 

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[Un des aspects de la courtoisie] "Modeste, avenant et souriant" : Qui veult Noblesce esprouver, Ou nul vil homme n'attaint, Il la doit querre et trouver La ou Courtoisie maint, Qui tous ses envïeux vaint Par sa doulceur gracïeuse, Et n'est ennuyeuse, Fiere n'orgueilleuse, Mais humble et joyeuse, Et plaisant toudis En faiz et en dis. (CHART., B. Nobles, c.1424, 402).

 

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[Qualité évangélique] : Et de humilité est dit : «Se chaschun ne se fait humble comme che enfant, il n'enterra ja ou royaume des chieulx». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 394).

 

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Estre humble à/envers qqn. "Être bienveillant, doux, généreux envers qqn" : Dieu et l'eglise Et loyauté aimme, et si bien justise Qu'on le claimme l'Espée de justise. Humbles et dous est et pleins de franchise A ses amis, Fiers et crueus contre ses anemis. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 106). Et li bons rois, Qui moult estoit sages en tous endrois, Loiaus, vaillans, liberaus et adrois, Et envers tous dous, humbles et courtois, En moult grant joie Estoit assis sur un tapis de soie (MACH., J. R. Beh., c.1340, 112). N'est pas orgueilleuse ne fiére, Mais humble a touz. (Mir. ste Bauth., c.1376, 83). Envers nullui n'est orgueilleuse, A touz est humble et amoureuse, Doulce en parler et en faiz sage (Mir. ste Bauth., c.1376, 90). Chascun à bien faire attrait Par son maintieng et par son dous attrait, Humble envers tous et d'orgueil pure et munde ; Mais de son bien, certes, c'est tout le munde. (MACH., L. dames, 1377, 177). Soiez humbles et doulz aux bons. (ARRAS, c.1392-1393, 153).

 

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[De Dieu] "Doux et miséricordieux" : ...ces larrons orgoilheux L'ont la endroit occiz : le Pere vertüeux Soit a l'ame de luy humblë et amoreux ! (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 30).

 

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[P. oppos. à orgueilleux] : Orgueilleuse n'est point, ne nice, Mais sur toutes elle a le los Et le renom, bien dire l'os, Qu'elle est la plus humble c'on sache, Et la plus parfaitte sans tache De nesun vice. (Mir. ste Bauth., c.1376, 86). Ne humble, ne piteuse n'yere, Mais orgueilleuse de maniere Et de fait, vers gens si haultaine Qu'a nul deignast parler a peine. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 65). Et premiers, au regart du pechié d'orgueil : pour acquerir par l'amant la tres desiree grace de sa dame, se efforcera d'estre doulz, humble, courtois et gracieux (LA SALE, J.S., 1456, 17).

 

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Humble comme colombelle/tourterelle : Pluseurs eglises a fondées, Qui sont moult richement doées ; Chartreus, mendians et chanoinnes, Nonnains emmurées et moinnes. Il n'est felons ne despiteus, Einsois est humbles et piteus, Plus que turtre ne colombele, N'amis vrais à s'amie bele. (MACH., P. Alex., p.1369, 31). Dame, que chacuns apelle, Par droit, tres bonne et tres belle, Douce, humble com turterelle, En qui grace se revelle, Com rose fresche et nouvelle, Recevés mon lay Où ma dolour renouvelle (MACH., Les lays, 1377, 313). Si ay advisay prestement Que je m'en yray promptement Presenter devant la Pucelle, A laquelle tout plainement Luy diray mon encombrement, Et me mectre a mercy d'elle, Laquelle est gracieuse et belle, Humble comme la torterelle (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 606).

 

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Humble comme un mouton : Avant ! or le faisons perir ; Il est humble comme ung mouton, Il n'a mais levre ne menton, Dent en gueulle ne de gencive. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 229).

 

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Empl. subst. "Personne qui pratique la modestie" : Et, ainsi conme tu es aux povres et miserables pitieable et humain, aussi aux fiers et orgueilleux tu te monstres fort, fier, puissant et vertueux, et par ce tu portes assez l'ymage de Dieu, et l'ansieues, lequel lez orgueilleux abesse et lez humbles essauce. (Songe verg. S., t.1, 1378, 7). Et don de prophecie se assiet sur lez humbles et sur lez innocens, et l'office de messagerie divine n'est jamaiz commis a celui dont la vie est contraire a sainte doctrine. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 119). Aux humbles soyez honnourables, Aux orguilleux reprehensibles, Aux bienffaisans tresfavorables Et, entre toutes gens, paisibles. (LA VIGNE, S.M., 1496, 571).

 

c)

[D'une pers. aimée] "Qui manifeste de la réserve, de la modestie, de la douceur, de la générosité..." : Et bien pensoie qu'escondire Ne me vorroit pas ma requeste, Car tant fu courtoise et honneste, Bele, bonne, sage, honnourable, Humble, sans orgueil, raisonnable, Douce, debonnaire, po fiere, D'atour, de port simple et de chiere, Que je me commensay a traire Vers son dous gracieus viaire. (MACH., D. Lyon, 1342, 184). ...de dame humle, gaie et lie, De tous biens faire apparillie, Seroie fort enamourés. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 77). Et quant elle vous sentira Humble, secret et bien amant, Par Dieu, son cuer s'adoulcira. (CHART., D. Rev., a.1424, 316). Si a dit que "toutes lairoit Pour ceste, qui tant estoit belle, Humble et courtoise damoiselle." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 263).

 

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[D'un aspect de la pers. aimée] : Douce et serrée Avoit la char, tendrette de rousée, Mais de maniere humble et asseürée Et de trés biau maintien estoit parée. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 72). Son biau maintieng, son venir, son aler, Son gentil corps, son gracieus parler, Son noble port, son plaisant regarder, Et son viaire Qui tant estoit dous, humble et debonnaire Que de toute biauté fu l'exemplaire. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 79). Car elle avoit moult gracieus attrait Et le maintien humble, dous et parfait, Et cheveus blons, Les yeus rians, plus vairs que nuls faucons ; Et ses corps fu gens, joins, gentils, et lons, Et plus apers que nuls esmerillons. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 104). S'il a esperance Et humble souffrance Et a sa dame acointance, Donc lui puet il dire, S'il voit sa semblance, Que Pitié s'avance De mectre bonne alegance En son dur martire. (CHART., L. Plais., c.1412, 152). Puis qu'il faut que point ne le voie, Au moins se lectres recevoie, Qui presentassent Reconfort et se guermentassent Des maulx que noz deux cuers entassent, Son doulz parler representassent, Humble et humain, Au moins congneusse je la main Qui tant m'a escript soir et main Doulz mos de demain en demain (CHART., L. Dames, 1416, 251).

 

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[De la femme mariée] "Modeste, discrète, d'une humilité qui inclut la soumission" : Le ..VIme.. article de la premiere distinction dit que vous soiez humble et obeissant a cellui qui sera vostre mary, lequel article contient en soy quatre membres. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 70). Ainsi elle fut vraye, humble, obeissant, et par son humilité et obeissance grant bien nous est venu. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 75). Mais avoir vueil femme benigne, Humble, simple, po enparlée, Bien besongnant, pou eslevée, Juene et chaste de bouche et mains, Saige et gente, et qui ait du mains De .XV., .XVI. ou a vint ans, Qui soit riche et de bons parans, Qui ait bon corps et qui soit belle, Et doulce comme columbelle, Obeissant a moy en tout (DESCH., M.M., c.1385-1403, 27). La noble princepce qui en toutes choses vouldra suivre la regle d'onneur se maintendra vers son seigneur, soit vieil ou joenne, en toutes les manieres que bonne foy et vraye amour en tel cas commande, c'est assavoir se rendra humble vers lui en fait, en reverence et en parole, l'obeira sans murmuracion et gardera sa paix a son pouoir soingneusement, par la maniere que tenoit la sage et bonne royne Hester, si comme il est escript en la Bible ou premier chapitre, - et pour ce estoit tant amee et honnouree de son seigneur qu'il n'estoit chose que elle voulsist, qu'il lui veast. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 53).

 

d)

[D'un personnage important] "Qui sait renoncer aux prérogatives que lui confère son rang, renoncer à l'orgueil, se montrer bienveillant, attentif aux autres..." : ...j'ai veu en mon temps que j'ay travailliet le monde CC haulx princes ; mais je n'en vey oncques plus humble, plus debonnaire, ne plus traittable (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 159). A quoi es çou bon que il ont mis hors d'Engleterre la roine qui est serour dou roi de France et une vaillans dame, sage, humle et devote, et son jone fil nostre hiretier, et aussi le conte de Qent, un vaillant honme et de bonne consience ? (FROISS., Chron. D., p.1400, 54). Lequel seigneur roy Loys, avec le consentement de Pappe Martin Ve, comme humble, doulz et gracieux, oubliant toutes choses passees, manda Sforce, son grant connestable, avec grant souvencion de finances, que soubitement la fust secourir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 196). Et entre tous ceulx que j'ay jamais congneu, le plus saige pour soy tyrer d'un mauvais pas en temps d'adversité, c'estoit le roy Loys unziesme, nostre maistre, et le plus humble en parolles et en habitz, qui plus travailloit à gaigner ung homme qui le povoit servir ou qui luy povoit nuyre. (COMM., I, 1489-1491, 67).

 

e)

[Avec une valeur plutôt négative] "Complaisant" : Et pour ce, tous ceulz qui sont blandisseurs, humbles et serviables, et veulent a chascun plaire, il sont flateurs et de servile condicion. (ORESME, E.A., c.1370, 255).

 

2.

[D'une chose concrète ou abstr.] "Qui marque de la déférence, de l'humilité" : Premierement, après tres humbles recommendacions, soit remonstré au Roy l'estat de la Court, la charge, la grant utilité et neccessité d'icelle (FAUQ., II, 1421-1430, 364). "Messire Enguerrant, nous avons oy vostre humble et honorable requeste, laquelle pour l'onneur et amour de vous, aussi du noble escuier qui porte l'emprinse, nous le vous accordons..." (LA SALE, J.S., 1456, 104). Or, monseigneur, mon prince et mon maistre, pour mettre conclusion au premier volume de mes memoires, je vous [ en ] fais humble present. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 177). La conclusion dudit duc Philippes fut fort humble et saige, suppliant au roy ne vouloir legierement croire contre luy ne son filz et l'avoir tousjours en sa bonne grace. (COMM., I, 1489-1491, 8). Il fist humble contenance du corps, mais sa geste et sa parolle estoit aspre, demandant au roy s'il vouloit tenir le traicté de paix qui avoit esté escript et accordé et si ainsi le vouloit jurer. (COMM., I, 1489-1491, 143).

 

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"Qui témoigne de la modestie, de l'humilité de qqn" : Quant elle a son amy perdu Par mort, le cuer si esperdu A, que jamais n'avera joie, Eins quiert lieu, temps, et gens, et voie, Ou il ait tout adès tristesse, Humble habit en lieu de richesse, Tenebres en lieu de clarté, Et en lieu de joliveté Pour porter chapelès de flours Ist de son chief larmes et plours (MACH., J. R. Nav., 1349, 194). Et lors commensa sa priere Humble et devote en tel maniere : "Sires Dieus, qui es tous puissans..." (MACH., C. ami, 1357, 52). Ceste science doit estre humble, non eslevee, autrement ne seroit ce pas vraie sapience, selon le dit de Salomon es Proverbes el .XIe. chapitre : «La ou est humilité, la est sapience». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 16). Et le landemain, par matin, vint a Saint Pierre, et la trouva le pape Benedic, qui pour lors regnoit, et se tira par devers lui. Et cil lui fist moult humble recueillete quant il ot senty qui il estoit. Et Remond se confessa a lui, au mieux qu'il pot ; et quant de ce qu'il s'estoit parjurez envers sa femme, le pape lui charga tel penitence qu'il lui plot. (ARRAS, c.1392-1393, 270). Escoute comme paciaument en cremeur de Dieu se maintint le benoist saint Leu de Troyes contre Athilla le roy des Huns, ou temps de ces mesmez persecutions, et tu y trouveras doctrine de humble et proufitable obeissance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 145). ...et se elles le consideroient elles en seroient aussi plus belles, car tant a une femme plus humble abit, tant plus est plaisante. (JUV. URS., Verba, 1452, 280). Le mien seigneur et prince redoubté, Floron de lis, roialle geniture, Françoys Villon, que Travail a dompté A coups orbes, a force de batture, Vous supplie par ceste humble escripture Que luy faciez quelque gracïeux prest. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 50). Ma seur, puis qu'avés telle entente D'aler au prophete Jhesus, Vestés vous - et n'actendés plus - De draps humbles en penitence. (Pass. Auv., 1477, 150). Ladicte damoyselle estoit en son habit de dueil et n'avoit que ung couvrechef sur la teste, qui estoit habit humble et simple, et pour leur faire pitié par raison (COMM., II, 1489-1491, 202).

 

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En partic. [D'une requête] : Ouvrez doncques les oreilles espirituelles de vostre cuer, tendez les en hault, et escoutez leur humble requeste et leur plainte doloreuse, pour les aydier, secourir et delivrer. (GERS., Déf., 1400, 226). Et quel plaisant chose cuides tu que ce soit au subgiet de quelque faculté ou estat qu'il soit quant il sent son seigneur si humain et tant debonnaire qu'il n'ara pas en desdaing d'ouir son humble requeste, supplicacion ou complainte de quelque grief se on lui fait, ains l'escoutera benignement, et le vouldra entendre, et doulcement lui en respondra ? (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 116). La grant bonté et bellez paroles de la dame d'Artois furent tant agreablez et plaisantez a la bonne maistresse de la fille du roy de Castille que, toutez craintez gettez au long, elle luy acorda sa tres humble requeste (Comte Artois, c.1453-1467, 126). -- "Et quant le roy entend sa requeste, comme saige prince, avant qu'il feist response se tira a part et appella pluseurs seigneurs et autres chevaliers et escuiers anciens de conseil qui la estoient, a laquelle ne demeura gueres qu'il l'appella et publiquement lui dist: "Messire Enguerrant, nous avons oy vostre humble et honorable requeste, laquelle pour l'onneur et amour de vous, aussi du noble escuier qui porte l'emprinse, nous le vous accordons et donnons jour a voz armes le XVme jour aprés sa venue, si vraiement que Dieu vous ait tous deux en sa bonne garde. (LA SALE, J.S., 1456, 104). «Vous soyez le tresbien trouvé, Gent poursuivant bien aprouvé, Mon doulx amy Humble Requeste ! Dictes moy ou allez en queste, S'il vous plaist, et quel vent vous maine Dont d'aler vous prenez tel paine...» (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 70). Et combien que monsr.. le chancelier de ses matieres ne ait fait aucune mencion, toutesvoye semble il conme dit est que on les peut aplicquer a donner conseil au roy, et au fort se seroit bien fait de en faire au roy requeste et humble supplicacion. (JUV. URS., D. Tours, 1468, 443). De l'avoir plus ne fault parler, Car, si Dieu l'eust volu bailler A nous, comme a eulx il a fait, Ains que d'icy nous devaller, Nostre cas eust esté parfaict Et si eust sorty son effect Maintenant nostre humble requeste. (LA VIGNE, S.M., 1496, 584).

B. -

[Domaine social, politique]

 

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"Qui est d'une condtion sociale modeste, inférieure" : Dont dist Lactanche : "Non pas au nobles", c'est au riches et puissans ou siecle, "doit estre ouverte la maison du juste et du sage, mais aux humbles et aux deboutéz." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 316). Dont dist Boece ou second livre de Consolation : "Mort despite haulte gloire et envolepe ensamble hault estat et humble, elle fait tout ung des choses esleveez et des abaissees". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 347). ...mais querir et vouloir estre honoré des humbles ou moiens ou petis, c'est une chose charchant et qui n'est pas a loer. (ORESME, E.A., c.1370, 254). Ilz pristrent une maniere de eulz vestir plus simplement et plus vilement que il n'appartenoit a leur estat, afin que eulz semblassent plus humbles et plus moderés. (ORESME, E.A.C., c.1370, 269). L'umble commun obeit et endure Fains protecteurs lui faire adversité (BAYE, II, 1411-1417, 220). ...ou fut jadis le riche palais du cruel empereur Neron, est a present la devote eglise du tres debonnaire et humble pescheur saint Pierre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 32). La vie oultrageuse est tournee en miserable mort, vague et voluptueuse vanité en estroite prison, et fierté orgueilleuse en tres humble et ploiant servitude. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 75). ...et pour ce, mon ame, tu ne porras estre plainement consolee ne parfaictement recree fors en Dieu, le consolateur des povres et le recepveur des humbles. (Internele consol. P., 1447, 115).

 

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[D'une position sociale] : Si a pris en mariage une fame de haut lieu que on appeloit Tanaquil, laquele estoit bien de si grant cuer car elle ne pooit souffrir ne soustenir plus humble estat que sa [nativité] ne requeroit. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 34.4, 59). En celuy an meismez Cn.. Flavius filz de Cn.. Flavius, qui estoit noctairez et filz de pere de condicion libertine et nez de humble fortune, mes autrement cauteleux homs et moult eloquens, fu fais edilez curulez (BERS., I, 9, c.1354-1359, 46.1, 86). Advise donc l'humble estat dont tu vins Et que tes ans envix sont quatre vingtz, Dont, en jeunesse, les services divins Du tout refuses (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 83).

 

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Empl. subst. : Pas n'estoit en anui de veoir auchun humble, pas ne se rioit du feble, pas ne fuioit le povre. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 400).

 

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[Idée d'infériorité par rapport à qqn] Se trouver humble envers qqn. "Se savoir, se sentir inférieur face à qqn" : Toutesfois y vindrent de grans personnaiges, comme le duc de Bourbon, son frère le cardinal de Bourbon, le conte de Sainct Pol, connestable, qui en riens ne s'estoit meslé de ceste venue [du roi], mais luy en desplaisoit, car pour lors le cueur luy estoit creü et ne se trouvoit pas humble envers ledict duc [de Bourgogne] comme autresfois, et pour ceste cause n'y avoit nulle amour entre les deux. (COMM., I, 1489-1491, 125).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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