C.N.R.S.
 
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     HÉBERGER     
FEW XVI 159b *haribergôn
HEBERGER, verbe
[T-L : herbergier ; GD : herbergier1/herbergant ; DEAF, H361 herbergier ; AND : herberger2 ; DÉCT : herbergier ; FEW XVI, 159b : *haribergôn ; TLF : IX, 737b : héberger]

I. -

Empl. trans.

A. -

Heberger qqn. "Loger qqn, lui donner l'hospitalité, héberger qqn" : L'OSTE. (...) vous me semblez gent Nobles ; bien serez hebergiez. Entrez ens et aise couchiez (Mir. marq. Gaudine, 1350, 154). ...en ung hostel furent tout [ly] .X. hostellez. Ly .X. enfans Huon (...) Orent tant cheminé qu'il vinrent à Saint Lis, Mais en ung hostel furent hesbergiez trestous.X. (Hugues Capet L., c.1358, 97). Il choisi une grosse tour, Qui n'estoit pas trop en destour, Et s'estoit forte et bien assise, N'i a celui qui ne la prise. Si commanda qu'on l'i herberge, Et qu'on y prengne là herberge, Pour herbergier une partie De sa milleur chevalerie (MACH., P. Alex., p.1369, 96). Et il les reçut sans doubtance, Bien et bel et courtoisement Et moult très amiablement ; Et puis aus hostelx les menerent Et si très bien les herbergierent, Qu'il n'avoient point de deffaut De tout ce qu'à corps d'homme faut. (MACH., P. Alex., p.1369, 188). Pour s'amour te hebergeray Et en mon hostel t'enmenray. (Mir. st Alexis, 1382, 345). ...icellui prisonnier, qui ne se savoit où couchier, et qui avoit hurté à plusieurs huys du voisine pour y cuider entrer, afin de soy couchier en yceux, vint hurter à son huys, li requist que, pour bien et aumosne, et aussi pour la cognoissance que elle avoit à lui, que elle le voulsist herbergier pour celle nuit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 174). ...en soy venant du païs d'Angers à Paris, [il] se logea en la ville de Nostre Dame de Clery, à deux lieues de la ville d'Orliens, et, par l'ostesse où il estoit herbergiez, fu mis couchier avec un autre homme qui estoit couchié oudit hostel (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 291). Lesquieulx escoliers, après ce qu'il ot besoignié en icelle ville de ce pourquoy il y estoit alez besoignier, vint veoir lesdiz escoliers à leur escot où ilz estoient hebergiez, qui avoient soupé, et estoient acompaigniez de IIJ ou IIIJ compaignons (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 141). Bon mestier ont des hostelz-Dieu, Qui furent fais (...) Des bons riches (...) Pour hebergier les menues gens (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 99). ...[le roy] y ameneroit tous les seigneurs de son sang, qui y vendroient et seroient à grant compaignie de gens, et que, pour ceste cause, les manans et habitans de ladicte ville feussent contens qu'ilz y feussent logez et hebergez par fourriers, ce qui leur fut accordé. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 250).

 

-

[Dans un cont. métaph. et relig.] "Accueillir qqn" : Tu voys, o ame devote, tu voys que ceulx qui hebergent le Saint Esperit en ce monde ont presque tous les jours leesse sobre et sainte, quelconque advercité leur seurviegne (GERS., Pent., p.1389, 85). En ce temple icy nous devons recevoir misericorde, car meilleur hoste ne pouons nous herbergier, ne meilleur offerende presenter. (GERS., Purif., 1396-1397, 63).

B. -

"Mettre à l'abri (des animaux, des choses)" : ...Pour les dames cofre ou escrin, Pour leurs besongnes herbergier (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 138). Si fu telement paearse et destruite des Englès que onques n'i demora de ville pour herbergier un cheval. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 172). Quant Orable choisi lez proies herbergier Moult fu lie en son coeur en lui n'ot qu'eslechier. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 91).

 

Rem. Doc. 1336 ds DEAF, 367 ; doc. 1385 ds GD IV, 455b (pour hebergier et porter les cloches).

 

-

"Placer qqc. qq. part pour le protéger" : Ce fourrel (...) Ouquel t'espee herbregier (...) dois... (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. D.-M.-S.-T., c.1330-1331, 54).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. (Se) heberger (qq. part)

A. -

"(Se) loger (qq. part), s'abriter qq. part ; trouver un toit pour passer la nuit, trouver l'hospitalité qq. part" : Cascuns a son hostel s'est aléz hierbeghier. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 141). ...par tout le monde envoia Certeins messages, pour savoir Se pour argent ne pour avoir On peüst trouver creature Qui sceüst faire une closture Estant environ ce vergier Tele que jamais herbergier [var. hergier], Entrer, habiter, ne venir, Pour riens qui peüst avenir, Homme ne femme n'i peüssent Qui talent de fausser eüssent Envers Amours, ou qui faussé Y eüssent en temps passé. (MACH., D. Lyon, 1342, 220). Biaux hostes, vueillez moy entendre. Pourrons nous ceens hebergier Et avoir de bon a mengier Pour nostre argent ? (Mir. marq. Gaudine, 1350, 154). Or furent à Saint Clou ly nobile princhier ; à joie et à revel s'alerent hesbergier, Jusquez à l'endemain qu'il ont fait dezlogier (Hugues Capet L., c.1358, 138). De leurs galées descendirent Et aus hostelx se hesbergierent ; à grant joie se desarmerent. (MACH., P. Alex., p.1369, 110). ...en soy en venant d'icelle ville de Cosne à Aucerre, [il] se herberga de nuit en un village dont il n'est record du nom. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 228). Et dist, avec ce, que s'il n'eussent dist l'un de l'autre qu'il estoient espousez en plusieurs desdites villes où ilz ont esté, que les hostes sur qui il se herbergoyent ne les eussent pas souffers couchiez en leurs maisons comme ilz faisoyent. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 152). Et tant chevaucha Remondin qu'il vint a une ancienne abbaye, grande et grosse durement, qui estoit appellee Malezès, et avoit par my l'abbaye cent moynes sans les convers. La se heberga Remondin, pour la plaisance qu'il prist ou lieu, et y fu trois nuis et trois jours. (ARRAS, c.1392-1393, 76). Guyon (...) fist sa gent ennuier Et rentrer a Paris, la se vont herberger. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 130). A leurs trez retournerrent, la furent herbegans. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 148). Et de logier estoit saison, Mais ne trouva ou hebergier (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 297). ...Coriolanus fut banny de Romme et s'en alla en exil aux Voltes, lesquelz il meismes avoit concquis ; et se herbega avec ung qui avoit nom Actius Tulius, qui estoit le plus grant de tous et leur duc (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 35). SAINCT MARTIN. Or nous fault il faire debvoir, Soubdaynement et de legier, De sercher ou pourrons avoir Ung logis pour nous herberger. FRANCEQUIN. (...) Je voys voir se pourrons loger Pour ennuyt en ceste maison. (Il s'en va a l'oste.) Mon hoste, trouvez l'achoison De bien loger monsieur mon maistre Et que nous ayons a foison Du foin pour noz chevaulx repaistre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 201).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui se loge"

 

Rem. Belle Hélène Const. R., c.1350, 6586 (herbegans).

 

-

P. métaph. : Si n'en puis mais, se je l'aim et tien chier ; Car il n'est maus, tristece ne doulour Qui se peüst en mon cuer herbergier, Eins suis toudis en joie et en baudour ; Nès de penser à sa fine douçeur Preng soustenance et douce norriture, Quand j'aim la flour de toute creature. (MACH., L. dames, 1377, 23).

 

-

Heberger en prison. "Loger en prison" : ...je m'en yray au chastellain parler Si le feray a nuit en prison herberger. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 66).

 

-

[D'une troupe] "Camper"

 

Rem. JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 5960.

 

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Prov.

 

Rem. Qui tart se heberge courroucé s'en va coucher (Morawski, 2153, XVe s.).

B. -

"Se loger, construire sa demeure, s'établir (qq. part)" : Si aucun seigneur se vieult herberger, ou s'il vieult faire moulin ou estangc en son fié, et son homme ait terre qui lui soit aisée et nectessaire, le seigneur la peut prendre en lui faisant ailleurs eschange advenant, pour quoy il puisse athacher le commencement de l'ediffice en son dommaine ou en celui feaige (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 525).

 

-

"Se loger, faire des constructions ou des réparations dans son logement" : ...et lesdiz hommes ont le fourq pour hesberger et les branches pour clorre et ardoir, pasturage, et autres mesmes droictures, comme les ramagiers de la forest (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 2). Item, le quesne et le hestre vert en estant pour eulx hesbergier et ediffier, par païant l'amende (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 153).

III. -

Part. passé en empl. adj. [D'un terrain] "Couvert de constructions, bâti" : ...tout ainsi que li dessus dis hiretages siet, s'estend et se comprend, wis et hébreghiez devant et derierre les quatre cors et le molon, et tout quanques il y tient à clau, à queville, à chime et à rachine, pour ent ghoir et possesser par no dessus dit redoubté signeur et les ayans cause de luy (Hist. Lille T., t.2, 1383, 430).

IV. -

Inf. subst. "Construction, réparation"

 

Rem. Doc. 1404 et 1415 ds GD IV, 456b.

REM. Sur les formes en hes-, cf. FEW XVI, 162a, note 16.

V. aussi auberger
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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