C.N.R.S.
 
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     GUEULE     
FEW IV gula
GUEULE, subst. fém.
[T-L : gole ; GD : gole2 ; GDC : gueule ; DEAF, G959 gole ; AND : gule ; DÉCT : gole ; FEW IV, 315 : gula ; TLF : IX, 583a : gueule]

I. -

"Orifice, ouverture"

A. -

"Partie du corps"

 

1.

[À propos d'un animal]

 

a)

"Orifice buccal, cavité buccale" : ...li escorpion et li dragon estoient tantost si esmeü sur les mauvais, qu'il gettoient feu et flambe parmy les gueules, et estoit cilz feux si orribles que fer ne acier ne nulle autre riens ne pouoit durer encontre, et par ce feu estoient tantost devouré et bruÿ tuit li malfaiteur qui par ce pont que je vous ay dit vouloient passer. (Bérinus, I, c.1350-1370, 114). Ilz ont grant force, espicialment devant, et male morsure et forte, quar aucunne foiz un lou tuera bien une vache ou une jument, et a si grant force en la bouche qu'il portera en sa gueule une chievre ou un mouton ou une berbiz ou un pourcel sanz touchier a terre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 96). La veoit le disciple ours, lyons et bestes toutes nouvelles de horrible façon qui gettoient feu par leurs gueules et une fumiere puante et abhominable, et de leurs yeulx [yeulx] yssoient scintelles estincelans (Horloge de sapience S., c.1389, 104). Item, il lui sault de la gueulle [de l'éléphant] deux dents a maniere d'un sanglier, lesquelles sont tresgrandes et grosses. (Voy. Jérus., c.1395, 62). .II. grosses pelotes confites De glus (...) Leur a ens es gueules fichees [aux taureaux] (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 43). Attropos la fiere et rebource D'infernal venin fournira, Et Cerberus le vomira Par la gueulle et par les narines... (Cene dieux, c.1492, 126). Mort enragée et plaine d'yre, Mort furieuse, mort despite, Mort tempestative et subite, Reçoy les poisons poecené(e)s Yssue(e)s de la gueulle et des né(e)s Du chien infernal Cerberus. (Cene dieux, c.1492, 128). SATHAN. Pence de loup, ydolle fantastique, Salut te rens, grant gueulle draconique, Trongne villayne, du feu d'enfer treschault Venin couvert, teste lucifferique, Pour quoy bray tu ne crïe tu si hault ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 218).

 

-

Gueule bee : ...Et cil oisillon qui mieus mieus En plus de trente mille lieus Tout aussi com par estrivées Chantoient, les gueules baées, Si qu'il faisoient restentir Tout le vergier... (MACH., R. Fort., c.1341, 109). ...Car Nature si leur commande Que chascuns a chanter entende, Si que par prés et par rivages, Par plains, par aunois, par boscages, Par montaingnes et par valées, Chantent tuit, les gueules baées (MACH., D. Lyon, 1342, 160). Si grant cop li donna qu'i l'abat gueule bee (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 357). Requis se il a riens fait ausdiz crapouz, dit que, depuis que ilz furent trouvez, lui et Georget Le Bourgois les boutoient d'un baston ; et de Georget ne faisoient nul samblant, mais celui qui a esté trouvé adreçoit tousjours contre ledit Hennequin la gueule bée. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 340). Et vous adentez geule bee pour aspirer la fumee de l'eaue qui passera par le pertuiz, et soient mises de sauge ou autres herbes dedens et se tenir bien couvert. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 274).

 

-

Prov. À cheval donné, on ne regarde pas dans la gueule (pour déterminer son âge). "Il ne faut pas se montrer difficile quand on vous offre qqc." : A cheval donné ne fault regarder en la gueule. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 573). ...a cheval donné On ne doit point la gueulle ouvrir Pour regarder s'il est aagé. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 164). A cheval donné en la goulle Ne doit en my[e] regarder (Myst. st Martin K., a.1500, 314).

 

-

Se bouter à la gueule des loups/se mettre en la gueule des loups. "S'exposer à un très grand danger" : Car qui se mect en la gueulle des loups Pour aultruy pain, a luy n'est pas scïence. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 134). De bien gaudir faisons loyal devoir Et n'espargnons draps d'or, satin, veloux, Sans nous bouter a la gueulle des loups. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., App., 1495, 186).

 

-

Eschigner sa gueule sur qqn. "Montrer les dents à qqn" : Sy ne se sceut de quoy deffendre fors que du dent, qu'il avoit sy grant et sy cruel que c'estoit une hideur a regarder la ou il eschignoit sa gueule sur Lyonnel. (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 289).

 

b)

P. ext. "Gorge" : Quant il ot sa parole ditte, Chascuns s'en rit, mais en la fin Escorchierent il Ysangrin, Et le pandirent par la gueule A une saulx trestoute seule. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 36).

 

2.

[À propos d'une pers. ; plus ou moins vulg.]

 

a)

"Bouche, gueule" : ...Envie si n'est pas seule, Eins vomist souvent par sa gueule Contrueves, baras, jengleries, Meffais, traïsons, tricheries, Murtres, detractions, haïnes... (MACH., D. Lyon, 1342, 224). La vilenie (...) En l'eure sur toy vengeray, Car la langue te trairay hors De la gueule et le cuer du corps, Et aux chiens mengier les donray (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 282). Tant [Polyphème] est fors, orguilleus et gros Que les nés perist et affonde Dedens la haute mer parfonde ; Et quanqu'il attaint il cravente Pour paistre sa gueule senglente (MACH., Voir, 1364, 620). ...la cruauté des Pimontains fu par les femmes legierement monstree, les quelles, quant les dars et javelos faillirent, elles envoierent leurs enfans touz tourmentez et gesans a terre et les geterent encontre les gueules des chevaliers. (FOUL., Policrat. B., VI, 1372, 203). A qui doncques m'en prendray Fors qu'a moy seule, Quant mon cuer fist dire a ma gueule Ce dont il faut que je me deule, Portant plus grief fez que une meule ? (CHART., L. Dames, 1416, 277).

 

-

[Ds une formule d'imprécation] : Tu es plus yvre que une soupe, Comment pourras tu ja douler ? LE CHARPENTIER. Je feray les asnes voler, Mez que je boive une foys seule ! DAN GENESE. Or tien, mal feu t'arde la gueule ! (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 141).

 

-

[D'un cheval ; p. métaph. d'une pers.] Fort en gueule. "Peu sensible au mors, sans docilité" : Et d'aventure la mere, les commeres, les cousines et voisines, dont en y a aucunes qui n'avoient rien sceu de la besongne, seront dorenavant bien de la femme et lui aideront a faire ses besongnes, auxi come elles lui ont aidé a embrider son mari pour ce qu'il estoit tropt fort en gueulle. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 113).

 

-

P. méton. "Ce qui sort de la bouche, ce qui est dit, discours" : Bien doit la gueule [var. parolle] deviser Et ce c'on dit bien discerner Tout juge qui en veut jugier, Quar tout ainsi comme allignier Il a ouï, son jugement Doit il faire, non autrement. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 35).

 

-

Gueule bee. "Bouche ouverte" : N'a pas lonc temps qu'en mi la rue Li courut sus, guele baée, Comme une beste forcenée, Et l'eüst estranglé, ce cuide, S'il n'eüst tost fait une vuide. (MACH., Compl., 1340-1377, 264). Si semblent a celui qui attent la gueulle baiee, et lez mains ploiez, se la viende lui entrera a la bouche, et en soy paissant travaille assés s'il porte sa main jucquez a son visage. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 101).

 

.

[À propos d'agonisants, de cadavres] : Si grant cop li donna qu'i l'abat gueule bee (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 357). Il ot grant meslée à la porte, Qui estoit grant et large et forte, Que li Sarrazin la voloient Clorre et fermer ; mais ne pooient, Car il y avoit tant de mors, Qu'il ne marchoient que sus corps, Qui gisoient gueule baée, L'un jus, l'autre droit à l'entrée. Et nonpourquant, à la parclose, Maugré le roy, elle fu close. (MACH., P. Alex., p.1369, 77). ...Tant en ocist et acora Li rois et sa gent en la chace Que couverte en estoit la place ; Et tant d'ocis en y avoit Que nulz le nombre n'en saroit ; Et gisoient, gueules baées, Entre la ville et les galées. (MACH., P. Alex., p.1369, 209). Et puis moeurent gueule baée. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 283). Maintz en cherront trestous envers Trestous mors la gueule bayée (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 185).

 

.

P. anal. : DEMANDE. Qu'est ce qui toute jour va parmi l'aree, Et la nuit gist la gueule baee ? RESPONSE. C'est ung soulier. (Devin. R., c.1470, 98).

 

-

Harnais de gueule. "Provision de bouche" : Ma dicte dame et son beau filz aymé Lors petit duc, qu'on appelloit Amé, Au roy donnerent toutes faveurs et pors, Present aucun qu'ay cy devant nommé, Et de Savoye, pays bien renommé, Luy offrirent pons, passaiges et pors, De gens de guerre avec tous les appors D'arnoys de gueulle, qui sont offres tres grandes Et que defaulte n'auroit en ses depors De blez, de vins, moutons, beufz, vaches, porcs, Ne de plusieurs autres bonnes vïandes. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 162).

 

-

Mots de gueule. "Paroles de fanfaron (d'une "grande gueule")" : Ma foy, il a eu pour tous metz De la servoise ou du bouillon Dont il a remply son couillon. J'aperçoy bien, par mon serment Que trestout son fet ne vault neant Si non a dire motz de gueulle. (Gaud. sot, c.1450, 14).

 

-

Chanter à gueule bee. "Chanter à pleine voix" : Chantons a gueulle bee Et nous resjouissons (Sots triumph., c.1475, 43).

 

-

Dire qqc. à plaine gueule : Dessoubs la courtine d'Onneur Et soubs le tapis Courtoisye, La dame de son blasonneur Veult estre par les rais choisye ; Car, se tu dis ta frenesye A plaine gueule, elle dira "Fy ! ostez ceste punaisye ! Ja mon corps n'y consentira !" (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, D., 1440-1442, 106).

 

-

Rire à gueule bee. "Rire aux éclats" : Hoo ! le povre Johan, Johan laisse aller sa femme Par tout où y luy agree Et n'en ose dire mot. Elle s'en rit a gueulle bee. (P. Jouh. D.R., a.1488, 26).

 

.

Rire/se moquer à pleine gueule : Et s'aucun essoyne me sourt, Ou une perte toute seule Ces humeurs [ de ] broez de court S'en mocqueront a pleine gueule. (CHART., D. Her., p.1415, 424). ...du meschief des povres gens ne fait elle [Fortune] que soubzrire, mais elle rit a plaine gheule et bat ses palmes quant il meschiet as grans seigneurs. (Curial B.-H., a.1447, 355).

 

b)

"Gosier, gorge" : L'un deux sailly tantost avant et le prist par la gueule et luy dist : "Villain, tu y es mors se tu sonnes mot." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 213). Frumen (...) : entré de gueule (Aalma R., c.1380, 155). ...les contenues [les parties qui sont dans le cou (contenant)] sont tracea arteria, ysophagus ou mery, l'epiglot ou le gorgeron ou la gueule, les nerfz, les vaines (Chirurgie Chauliac B.-T., p.1472, 118). LE PRESTRE. Or ne scay jë en quelle guise Te servir, par sainct Pol l'apostre, Va t'en et dy troys patenostres ! RIFFLART. S'on ne me pent parmy la gueulle, Je n'en scay qu'une toute seulle. (C. Riffl., c.1480-1520, 60).

 

-

Couper la gueule à qqn. "Tuer qqn" : ...L'espée d'Eneas trouva [Didon] Et en son corps si l'esprouva Qu'onques ne se pot espargnier Qu'en soy ne la feïst baingnier. Dont elle morut a dolour Pour amer, et par sa folour. Mais elle ne morut pas seule, Einsois a deus copa la gueule, Car d'Eneas estoit enceinte, Dont moult fu regretée et plainte. (MACH., J. R. Nav., 1349, 209).

B. -

P. anal. "Ouverture béante de qqc. ; chose qui s'ouvre et se ferme comme un bouche"

 

1.

"Ouverture par laquelle débute qqc., entrée, embouchure" : De la pescherie des gueulles des fossez de la tour de Billy, Saint Bernard et Neelle (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1441-1442, 259). ...l'ancien aigout d'icelle ville, qui souloit avoir cours de la rue qui vient du Palais audit pont Saint Michiel, dont la gueulle et yssue chiet à l'endroit et dessous la maison où il demeure (Comptes Paris M., t.2, 1473-1474, 308).

 

-

Gueule d'enfer : La gueule d'enfer est ouverte Pour vous, chetif, saichiez de voir, Pour corps et ame[s] recevoir. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 254). Cestui parla moult bien de la gueulle d'enfer qui apparut ou milieu de Romme, de laquelle les ellacions faisoient mourir innumerable nombre de peuple. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 50 r°).

 

-

"Ouverture (d'un contenant)" : Primo , il vous couvient avoir fait provision d'une paelle d'arain tenant une quarte, dont la gueule ne soit point plus large que le fons, se trespetit non (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 256). Item, une quenne de potain (...) Item, ung pot d'estain a gueulle estroitte... (Invent. test. beauv. L., 1401, 57). Item, et pour ce que aucunes fois et bien souvent l'on amene à Paris, tant de Normandie comme d'ailleurs, denrées salées qui à la gueule et à l'entrée du pot sont de bonne apparence, et au milieu et dessous sont gros, pourris et de nulle valeur, ordonné est que le beurre soit autant dessous comme dessus sans fardure, sur peine de forfaire lesdites denrées (Mét. corp. Paris L., t.1, 1413, 479). DEMANDE. Quel chose est ce : plus est court, plus a grant gueule ? RESPONSE. C'est ung sacq. (Devin. R., c.1470, 132).

 

-

[À propos d'une bombarde] : Oudit an LXXVIII, le lundi devant les Roys, advint que pluseurs officiers du roy en son artillerie firent assortir une grosse bombarde, qui en ladicte année avoit esté faicte à Tours, pour illec l'essaier et esprouver. Et fut acculée la queue d'icelle aux champs devant la Bastille Sainct-Anthoine et la gueulle d'icelle en tirant vers le pont de Charenton (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 81).

 

-

[À propos d'un vêtement] "Collet" : Patagium (gula que in ore tunice vel mantelli assuitur) : collet, gueule d'abit. (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 359).

 

-

Au fig. [Sens qui apparaît seulement lorsqu'il est question de début de mois, en l'occurrence du mois d'aoüt] "Commencement" : En cele an, le jour del goule d'August, furent partie des barouns (...) pris à Keningworthe en la companie Simon de Mountfort le joevene (Chron. London A., c.1350, 7). ...touz les Jues d'Engletere furent mis en exil del goul d'Aust jesk à le fest de touz seintz, sur peine de capitacion, si outre cele feste ascun d'eux fut trové en Engeltere. (Chron. London A., c.1350, 22). En cele temps à le goule d'Aust le roy s'en ala ove son host en les parties d'Escoce (Chron. London A., c.1350, 45). - Mon amy, ne vous sourciez, je vous paierai tres bien, s'il Dieu plaist, si que vous me donnez jour de paiement jusques à la goule d'aoust. (Man. lang. G., 1396, 75).

 

-

Gueule bee. "Lieu ouvert à tous" : ...il demouroit en lieu ou les gens estoient a toutes heures, comme on diroit a une gueulle baée ou place publicque (C.N.N., c.1456-1467, 521).

 

2.

En partic. Gueule du four. "Ouverture du four" : DEMANDE. A quoy est ce qu'en nul temps de l'an bure ne vault riens ? RESPONSE. A estouper la gueule de ung four chault. (Devin. R., c.1470, 144). ...de prime face elle a nyé ledit cas, et après s'est efforcée le fulsir et palier, en disant que bien estoit vray qu'elle avoit esté grosse d'enffant, mais que ainsi qu'elle estoit alée querir du myl en ung four audit lieu de la Beliardière, par certains compaignons de guerre qui estoient audit lieu avoit esté mis le feu devant la goulle dudit four où elle avoit souffert grant tourment et destresse, tellement que depuis elle n'avoit senty sondit fruit (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 345).

 

-

[Dans une compar.] : ...tout ou plus fort lieu du castel de la tour Mina si fierement le mur ansiennour, Qu'un trou y fist plus grant que la geule d'un four. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 427).

 

3.

"Gibecière" : A l'eaul, a l'eaul, mes braiez arde ! Mes braiez me(s) sont alumeez, Que mes robbes sont enffumeez ! Guaude ! Vecy pute avenue. Vecy une beste menue Quil c'estoit loigier en mon guelle. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 93).

 

Rem. Déf. proposée par E. Langlois ds Bibl. Éc. Chartes, 66, 1905, 318, préférable à celle de E. Roy ("gueule, bouche").

C. -

P. méton. "Gloutonnie" : Se tenuz es du pechié de luxure Dont le delit est dommagable usure, Ne donne pas a ton ventre vïande Pour ta geule servir qui le demande. (LE FÈVRE, Caton U., a.1376, 98). Filz, tant com tu seras en vie, N'aies de marier envie: Qui se marie, il siet sanz doubte Sur les flums de luxure, et boute Les ruisseaulx de courroux et d'ire En son cuer, et encor puis dire Que tempest de gueule le tue, Et couvoitise s'esvertue De le plungier es griefs tourmens De ce monde, s'il a enfens (DESCH., M.M., c.1385-1403, 212). Et quant au VJe pechié, qui est de gueule ou de gloutonnie, certes le vray amoreux n'en a tant soit peu, que ce qu'il mangüe et boit n'est que pour vivre seullement sobrement, ainsin que le Philosophe dit, que l'on doit seullement mangier et boire pour vivre et non pas vivre pour boire et pour mangier, comme les gens pourceaux font. (LA SALE, J.S., 1456, 25). ...et est bien vray le commun dit des maistres, que la gueule tue plus de gens que les couteaulz ne font. (LA SALE, J.S., 1456, 45). ...quant on tient le cheval par la gueulle on le meine ou len [l. l'en] veult ; si fait le dyable lome [l. l'ome] glouton ou il veult. (Comp. kal. bergiers C., 1493, f° 2 r°).

 

-

Festes de gueule. "Ripailles" : Dont tout cel yver passerent en festes de goulles et de luxures. (LA SALE, Sale D., 1451, 39).

 

-

Peché de gueule. "Péché de gourmandise" : ...et par ainsin avrez laissié ce tres villain et deshonneste pechié de gueule, et vous acompaignerez avec la tres doulce vertu de abstinence (LA SALE, J.S., 1456, 26).

 

-

Glaive de la gueule. "Excès de nourriture" : O quans et quantes en cheoient mors et de male mort et souldaine. Bien est vray le proverbe qui dit : Plus meurent de gens du glaive de la gueule que du glaive de l'espee. Telx gens aveuc les epycuriens en boyre et en mangier et en charnelle volupte [l. volupté] on[t] mis leur felicite [l. felicité]. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 245).

II. -

HÉRALD. "Couleur rouge dans les armoiries" : ...pour ung [écu] qui y estoit pendu au dessus des autres qui avoit le pié vert et le chief de gueule (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 222).

 

Rem. V. gueules
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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