C.N.R.S.
 
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     GUÉRIR     
FEW XVII 526a *warjan
GUERIR, verbe
[T-L : garir ; GD : garir ; GDC : guarir ; DEAF, G266 garir ; AND : garir1 ; DÉCT : garir ; FEW XVII, 526a : *warjan ; TLF : IX, 573b : guérir]

A. -

"Protéger, garantir"

 

1.

Guerir qqc. "Garantir qqc." : Et promistrent lesd. procureurs, pour lesd. parties, garir l'une à l'autre (...) les choses qu[e]... (Cartul. Sires de Rays B., t.1, 1359, 62).

 

-

DR. "Garantir, cautionner (une dette)"

 

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Part. passé en empl. adj. [D'une dette] "Garanti, cautionné, assuré" : ...la somme de wyt vins et dix florins à l'escu, frans et garis audit vendeur parmi ce que li achateres le promist à acquiter devers monsigneur (Trés. Reth. S.L., t.2, 1358, 151).

 

-

"Protéger, défendre (un bien)" : ...cis chevalier ait si grande poesteit Que je ne pués contre ly gairir mon hisretez. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 413).

 

-

"Conserver qqc." : ...robes nectier, eventer et essorer ; commender a voz gens de penser des brebis, des chevaulx, etc..; garder et garir vins, etc... (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 4).

 

2.

Guerir (à) qqn (de qqc. de qqn)

 

a)

"Protéger, sauver, préserver qqn (de qqc.)" : ...Si Dammedieu (...) Gairisse Charlemenne et sa trez bonne gens (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 6). Jhesu Crist vous garisse per son saintise non ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 85). Jai couvenist Lion moult de dollour souffrir Quant li Blan Chevalier y vint pour lui garir (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 220). Dieu, veullés moy guerir ! Hé ! doulce mere Dieu, veullés moy guarantir Que ceste damoiselle ne me face mourir. (Tristan Nant. S., c.1350, 447). "Blanchandin, dist ly anges, or ne t'esmaies mye. Dieu te mande par moy, le filz sainte Marie, Que ta mouller sera bien sauvee et guerie..." (Tristan Nant. S., c.1350, 588). J'ay trop vilainement mespris D'avoir fait sanz cause mourir Celle que tenser et garir De mort encontre touz deusse (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 22). "Sire de Bercler (...) vous serés mon prisonnier, si com je vous ay dit ; et je vous metterai à sauveté, et entenderai à vous garir, car il me samble que vous soiiés durement navrés." (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 51). Et si pur ycelle alliance Et pur amour et pur linage Et pur Dieux et pur vassellage Le voilloit faire socourer, Unqore lui purroit garrer. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 99). ...une louve, qui les nourri Et de peril de mort gari (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 177). ...ma mort et ma passion Sont pris de la redemption Dont nature humaine est garye. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 195). Sire, garis moy, car tous mes osz sont conturbés. (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 85). ...j'eschappay en faisant la morte et trouvay la dame, qui me garist et me vesty a guise de valeton afin que je ne fusse recogneue (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 346). Dieu vous guarisse de tous maulx, Gens nouveaulx ! Que venez vous faire ? (Gens nouv. P., c.1461-1500, 327).

 

-

Guerir (qqn) que + sub. "Éviter, empêcher que, éviter à qqn de" : ...Et se par mon ammonester Ne le fais amiablement Saches que doloreusement En brief temps il te mescharra ; Ja nulle rien ne t'en garra Que bien n'en aies ta merite ! (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 33). Per l'acord Charlemenne (...) Saisirent le franc duc lez Fransoy fierement. Pour gairir qu'il ne muere dou lignaige puant, Getéz fuit en prison assez villainement. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 132).

 

-

(Se) guerir. "Se protéger, se mettre à l'abri" : ...cil n'es pais honnis qui se vait garissant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 658). Si furent li Persens occis Trestuit, fors tant seulement cilz, Qui se garirent, pour la nuit Obscure (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 249).

 

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"S'en tirer, s'en sortir" : Par Diu, ne garirez, male gent desraée ! Comment qu'a terre soi notre enseigne getée, N'est point encor no gent desconfite et mattée ! (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 211).

 

-

Se guerir contre qqn. "Se garantir contre qqn" : Je ne sui mies si lassés, Car, ains que li ans soit passés, Pour ["malgré"] vo mestire Contre moi ne vous garirés, Car ma flece si sentirés Que mieuls trai que vous, ce dirés. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 94).

 

-

[D'une chose] : Et ce qui les sauvoit et garisoit le plus estoit ce que on ne les povoit approchier, fors que par ung pas. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 164). ...mez il est tout certain que aucuns enchantemens et dyvines paroles si ont puissance et vertu contre lez serpens et ont vertu de guerir ou de preserver de venim (Songe verg. S., t.1, 1378, 393). Justice, taxez la valeur De si precïeuse liqueur [le sang du Christ] : N'y a goutte qui ne deust souffire A vostre rigueur desconfire, Et que ne soit bien souffisant Aux humains estre garissant. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 688).

 

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Part. passé en empl. adj. "Garanti" : ...Et en ses douls parlers humains M'est son confors ossi garis Comme je fuisse li biaus Paris Nés de Troie la grant cité (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 6).

 

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Guerir qqn de + inf. "Préserver qqn de + inf." : Au roy Marslh at trenchet l'oureilhe ; et se laisait chair(e) a terre : chu le garist d'i estre mort. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 96).

 

b)

Guerir qqn de qqn. "Débarrasser qqn de qqn" : Ilz [li Bastarnain] plungerent Desoubz et furent tuit peri ; Si furent d'eulx Romain guery. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 246).

 

3.

Guerir de qqc. "Se débarrasser de qqc. (pour se protéger)" : ...et vice est vers delectacion, car l'en en guarist par le contraire, c'est assavoir, par poines en sustrahant delectacions et donnant tristeces. (ORESME, E.A.C., c.1370, 152). Ce sont deux moiens ou remedes pour guerir de prodigalité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 237).

 

-

Guerir une pers. possédée par le démon. "Débarrasser qqn de son démon" : Chascun de vous est appostre De Jhesus qui guarit demoniacles. (Pass. Auv., 1477, 160).

B. -

"Retrouver, rétablir un état normal du corps et/ou de l'esprit"

 

1.

"Recouvrer la santé"

 

a)

(Se) guerir (de sa maladie). "Recouvrer la santé" : ...le duc de Lancastre (...) n'estoit pas encoires ou point de chevaulchier, pour la grande maladie qu'il avoit eu, mais il commençoit à guarir. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 123). Et pour ce convient il que le lieu ou terme dont tel cors est enclin a partir et le lieu auquel il est enclin a estre meu different en espesce, et aussi comme le cors qui garist n'est pas transmué a l'aventure en quelconque chose ne la ou weult ce qui le meut indifferenment. (ORESME, C.M., c.1377, 140). Car quant un malade se guerit de sa maladie soubdainement et oultre conmun cours de nature, c'est signe qu'i soit gueriz par miracle et par la grace du Saint Espirit. (Songe verg. S., t.1, 1378, 131). ...[il] dit que depuis que icelle Jehannete lui ot dit qu'il engregeroit, il engreiga forment ; mais depuis que icelle Jehannete lui ot dit que elle avoit fait mourir lesdiz voult et crapos, il amenda et gary bien, et tant qu'il a esté depuis tousjours en bonne santé. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 288). ...au plaisir de Dieu elle feroit tant et mettroit peine, que sondit mary gueriroit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 332). Il guerira bien, si Dieu plest ! (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 109). Il est en vous de vous garir et sauver (C.N.N., c.1456-1467, 142). ...je vous veil aider a garir. (C.N.N., c.1456-1467, 537). Et le temps du sainct Helizieu Nul ladre d'Israel ne guaryt. [Réf. à Luc 4, 27] (Pass. Auv., 1477, 121). Car se je doy garir, je gariray, et se je doy morir, je morray. Car ainsi les medecines seroient inutiles. (Somme abr., c.1477-1481, 168). Toutesfois, devant que les medecins fussent venus, il se commença a guerir, ainsi qu'il fut la grace a Dieu, et ne fut amalaisé que trois ou quatre jours (LA VIGNE, V.N., p.1495, 323). LA FILLE PARALETIQUE. Force est que je me desespere Pour le grant mal qui me survient Et de guerir jamais n'espere. Si le bon preudomme ne vient, Rendre l'esprit tost me convient. Mort, viens a moy sans plus actendre ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 452).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Qui a recouvré un état de bonne santé" : Ly admiral ala monter sur ung destrier, Car il estoit guery, se print a efforcier (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 84). Dieu mercy, je sui druz et fors Et tout gari (Mir. emper. Romme, 1369, 263). Que voulez vous avoir de moy ? Puisque sain et gari me voy, Voir, vous l'arez. (Mir. emper. Romme, 1369, 295). ...il leur accorde paisieblement et sans moyen à entrer ens es citez et bonnes villes de Castille pour y demourer à leur aise, tant comme ilz soient garis et raffresquis (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 115). ...ilz estoient guerry à moictié quant il se mettoient au retour, tant leur avoit esté le voyaige sus le fin anoieux et pesans. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 117). Il ne m'a jamais laissée tant que j'aye esté toute garie (C.N.N., c.1456-1467, 42). ...une telle frenesie le print [un jeune homme] qu'il se getta par la fenestre de sa chambre en la rue, et se rompit une cuisse et froissa tout le corps, et fut en grant danger de mourir, et depuis persevera longuement en ladicte frenesie, et après se revint et fut guery. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 161). SOTTINET. Je cuyde qu'il n'y a plus rien. LE ROY DES SOTZ. Escoutez s'il parlera bien. Dy, Guippellin, es tu guery ? GUIPPELLIN. Ouy, monseigneur, Dieu mercy, Et vous et tous mes bons amys. LE ROY DES SOTZ. Et qui t'avoit le fillet mys ? (Roy sotz, c.1450-1500, 224). Ce seroit une chose laide A l'enfant et grans vitupere De laisser sa mere ou son pere, Frere ou seur ou femme ou mary Premier qu'il fust mort ou gary, Ce ne seroit pas charité. (Cene dieux, c.1492, 134).

 

-

[D'une partie du corps] "Se rétablir" : Et semblablement l'en diroit que .I. corps enferme retourne par soy meisme a sa santé naturele quant l'empeeschement est osté, combien que, pour ce que il est dessemblable en ses parties, une altere l'autre, si comme le cuer les autres membres ; mais peust estre que aucune altere et guerist soy meisme. (ORESME, C.M., c.1377, 680). ...en verité il l'empesche a garir sans doubte. [Un oeil sain empêche l'oeil malade de retrouver sa fonction] (C.N.N., c.1456-1467, 504).

 

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Empl. pronom. à sens passif : ...son oeil ne se peut garir si n'est que son aultre oeil soit caché (C.N.N., c.1456-1467, 504).

 

b)

Guerir de qqc. "Être délivré de qqc. (d'un mal, d'une maladie...)" : ...et aultrement, que ceulx qui gardent lez comendemens de medicine comunement sont sains, et si eschapent et garissent de leur maladies (Songe verg. S., t.1, 1378, 85). Lesqueles herbes, ainsi liées ensamble oudit drapelet, elle bailla lors audit Hainsselin, li dist que il le meist en sa bourse, et le gardast bien jusques environ XJ jours, et que, dedans ledit temps, il se apercevroit bien qu'il garriroit d'icelles fieuvres au plaisir de Dieu. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 329). ...et aussi que seroie subject à gravelle, dont bien gueriroye, puis auroye excoriacion et finablement goute ès piez, ce que tout ay trouvé et je loue Dieu qui a fait le ciel et tel regime, au moïen de quoy je obvie à mes contraires. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°).

 

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Estre gueri de qqc. : ...ce mauldit mal de broches, dont en la fin fut garie (C.N.N., c.1456-1467, 37).

 

2.

"Faire que qqn recouvre la santé en le soignant"

 

a)

Guerir qqn. : Se je te garis et te cure, Laisseras tu la loy paienne Pour tenir la foy crestienne... ? (Mir. st Panth., 1364, 336). Et pour ce, applique il sa medicine selon la complexion de chascun singulier que il entent a garir. (ORESME, E.A., c.1370, 116). Toutevoies ce n'est pas le phisicien qui lez obeïssans a sez commandemens garit, ne lez desobeïssans occit (Songe verg. S., t.1, 1378, 84). ...elle recordant des paroles et bons enseignemens que sa feue mere li avoit dittes et enseignées en sa jeunesce, dist à ceulx qui la venoient prier et requerre que elle garrisist ladite Agnesot, que au plaisir de Dieu, et bien brief, elle le garriroit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 328). Et dit que iceulx voult de cire ou botereaux [elle qui parle jetta], puis que icelle divine lui ot dit que elle gueriroit sondit mary, et que elle ne gardast plus teles ordures (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 333). ...combien que saint Pol feist miracles pluseurs visiblement en ressuscitant mors, garissant malades, en sa personne fut plus grant miracle que de garir malades et ressusciter mors. (GERS., P. Paul, a.1394, 495). Et lors tirerent tous les crestiens, qui tous furent cogneus aux croiz qu'ilz portoient de diverses couleurs, et ceulz qui n'estoient mors furent portez et menez en l'ost et puis es bonnes villes pour les garir (LA SALE, J.S., 1456, 221). ...chacun estoit content de luy, et garisoit chacun [D'un grand médecin] (C.N.N., c.1456-1467, 467). ...[il] entreprint garir net cest oeil (C.N.N., c.1456-1467, 503). Et, le lendemain dudit assault, environ le point du jour, fut derechef envoyé par ledit sire Denis Hesselin, prevost des marchans, audit lieu de Beauvais grant quantité de traict à arbalestre et des cordes pour y servir, des pouldres à canon et coulevrine, et des cirurgiens pour penser et guerir les navrez. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 277). Agripe, tu as vu se mactin Que mon filz est cuydé mourir. Va ad Jhesus et de cuer fin Luy dit que le veulhe guarir. (Pass. Auv., 1477, 127).

 

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Prov. Bon mire est qui se sait guerir : Bon mirre est qui se scet guerir. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192).

 

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Se faire guerir (de qqc.). "Se faire soigner (de qqc.)" : ...[il] chevaucha a son ostel et se feist guerir de la plaie qu'il avoit eue en la bataille. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 41). Et ainssy que Richard le dist il fut fait, et demourerent leans et les bleciés, qui se firent guerir a leur loysir. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 152). Et dura cecy par pluseurs jours, la ou les malades se firent guerir et les sains desduisoient leur temps en grant joye et felicité. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 168).

 

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Guerir qqn de qqc. : Or est ainsi, come l'en dit, que, aux roys de France, par l'unction et la consecracion royal, le Saint Espirit donne pover de guerir lez malades de escrouelles. (Songe verg. S., t.1, 1378, 131). Et avant sondit trespas, fut moult fort molesté de pluseurs maladies ; pour le guerir desquelles maladies furent faictes pour luy par les medecins qui avoient la cure de sa personne de terribles et merveilleuses medecines. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 138). Mercredi, .XV. jour d'avril, le roy en Napples ouyt la messe a la Nunciade ou il se confessa, et guerist les malades des escrouelles (LA VIGNE, V.N., p.1495, 260).

 

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P. iron. Guerir qqn de la toux. "Faire mourir qqn" : FIERAMORT. Nous les guarirons [les chrétiens] de la toux, Puis qu'il vous plaist, hault empriere. Nous les metterons tous en biere : Povres, riches, sages et foulx. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 198).

 

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Empl. abs. : J'occiray et vivre feray, Je naverray et gariray, Et si n'est nul, au paraler, Qui de ma main puist eschaper. (Mir. st Panth., 1364, 345).

 

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[D'une chose] Guerir (qqn) de qqc. : ...si comme en medicine l'en scet avant que ceste lactue et ceste guarissent de telle maladie que l'en ne scet l'universele. (ORESME, E.A.C., c.1370, 164). Si comme qui diroit : toute chose qui guerist de fievre est froide et toute lectue guerist de fievre ; et donques toute lectue est froide. (ORESME, E.A.C., c.1370, 335). Et dist que la boiste sur lui trouvée lui fu faite et baillié par un hermite d'Estrechy, nommé frere Jehan, et en laquele boiste avoit IX feuilles d'une herbe appellé mateflon, laquelle herbe est pour guarir des poux, et sy y avoit une fueille qui garist de mal d'avertin. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 313). ...la pierre qui guérist de la goute, en laquelle est entaillé ung roy et lettres en ébrieu, d'un costé et d'autre (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 93). Car Dieu créa les médicines, Diverses et nobles et fines, Pour guérir mainte maladie Et pour sauver souvent la vie. (LA HAYE, P. peste, 1426, 62). Le bon chevalier (...) demandoit s'il y avoit nul remede pour le garir. (C.N.N., c.1456-1467, 503).

 

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Empl. abs. : Mais teles choses faire en la maniere que il appartient, c'est mediciner et guarir. (ORESME, E.A., c.1370, 322).

 

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Au passif : J'ay parlé au medecin, qui m'a enseigné une medicine dont vous serez garie. (C.N.N., c.1456-1467, 136).

 

b)

Guerir qqc.

 

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Guerir (un mal). "Faire disparaître (un mal)" : ...tel est aucune foiz mire D'autrui maladie garir, Qui puis fait soy mesmes perir ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 48). ...attendue la grief maladie du Roy, que Diex par sa grace vueille guerir (BAYE, I, 1400-1410, 54).

 

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Au passif : Quant aucun a douleur environ les ypocundres, telle douleur sans apostume, se fievre survient, est garie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 94). Quant ma douleur est anquepres guerie Lors nouveau mal me reprent et harie, Qui nourrissant me tue et desnature (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 85).

 

.

[D'une chose] : ...et pour ce aussi qu'ilz trouverent en icelle boiste plusieurs feuilles d'erbes, ne scevent queles, et que ilz orent de rechief demandé audit hermite à quoy faire elles estoient bonnes et queles vertu elles avoient, et qui leur eust respondu que c'estoit pour garir fluit de ventre, ledit maistre Pierre, par l'avis de sesdiz compaignons, fist arrester ledit hermite (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 312). Fist aussi icelui Virgille (...), une maniere de baings de somptueuse construction, qui garissoient de toutes maladies interiores et exteriores, et, pour chacune diversité de maladie, mist epithaphes et tiltres, pour advertir que l'un ne se print pour l'autre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 v°).

 

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"Traiter (une déformation)" : Se la marriz se decline vers l'oz de la hanche, ou elle fait boe, il est de neccessité de garir telle commocion faicte en la marriz. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 86).

 

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Guerir la santé. "Améliorer l'état physiologique"

 

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Empl. pronom. à sens passif : Et ne doivent onques user de grieves medicines fors que quant il sont desesperés que la santé ne se puisse guerir par douces medicines. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 71).

 

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[D'un mal] Estre gueri par qqc. : Aussi comme les medicins dient que les maladies sont gueries par leur contraires (ORESME, E.A.C., c.1370, 414).

 

3.

Au fig.

 

a)

Guerir qqn (de qqc.). "Consoler qqn ; soulager qqn de qqc." : C'est celle qui me puet garir Et faire en joie revenir, Se de son regart mon desir Deingnoit repestre. (MACH., R. Fort., c.1341, 48). Autre espoir n'ay, dont je souspire et pleure, Fors que bien say qu'amours puet en po d'eure Un cuer garir qui a la mort labeure (MACH., F. am., c.1361, 160). ...Tous suis garis de ma dolour, Puis que ma dame par douchour Me dagne regarder des or. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 169). Et s'il vous plaist a l'acomplir, Vueilliez tant seulement bannir D'avec vostre doulce jeunesse, Dolent refus qui trop me blesse, Dont bien vous me povez guerir, Belle, se c'est vostre plaisir. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 212). Aussi ne peut on bonnement Guerir sans medicinement Les cueurs des pouvres amoureux. (Narcissus, p.1426, 285). Faictes ung romant De moy vray amant, Comme secourir Ne veult ne guerir Amours son servant, Ains pour requerir Ne peult acquerir Mercy son vivant Et meurt en servant ! (Narcissus, p.1426, 317). Et bien me doy jugier eureulx et tout vostre serviteur, quant ceste gracieuse courtoisie m'avez faitte que de moy guerir de ce dont nul aultre que vous ne me porroit guerir ne donner allegance et bien soyez vous venue, ma tres desiree dame. (Comte Artois, c.1453-1467, 133).

 

-

"Libérer qqn de qqc. (du péché)" : Celi pour qui me faites cy Ceste aumosne la vous merisse, Qui de tout pechié vous garisse (Mir. st Alexis, 1382, 332).

 

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[D'une chose] : ...quant tu mediteras premierement sur la diuine prouidence qui par sa bonte a ordonne si grans et si dignes remedes pour nous saner et guerir des plaies de nos pechiez. (CIB., p.1451, 188).

 

-

Guerir de qqc. : Or ne sçai quant De ceste flame Garirai, car moult m'enflame Vostre amour en desirant (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 71).

 

b)

Guerir qqc.

 

-

"Apaiser, calmer qqc." : Car il n'est riens qui me peüst donner Aligement pour ma dolour garir, Se par la belle au doulz viaire cler, Qui a mon cuer et moy, sans repentir, N'estoit donnés (MACH., L. dames, 1377, 83). Mais la belle qui m'a en sa prison Cent mille fois est plus bele et plus monde: C'est uns drois fluns de douçour Qui puet et scet garir toute dolour (MACH., Bal., 1377, 561). Faites moy donc tant d'amistaige Que puisse vostre bel'ymaige Baisier, pour guerir ma destresse ! (Narcissus, p.1426, 310). Puis que ne voulés m'acorder Ce qui pourroit mes maulx guerir, Laissiez moy passer ma meschance, Sans plus me vouloir assaillir Par vostre plaisant accointance ! (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 21). Pour tous voz maulx d'amours guerir, Prenez la fleur de Souvenir Avec le just d'une ancollie, Et n'obliés pas la soussie, Et meslez tout en Desplaisir. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 358).

 

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"Corriger les conséquences d'un événement fâcheux" : (La mère à l'enfant malade) Veeci beau miracle evident, Bien debvons louer le martir Qui sans guerir nostre accident Ne nous laisse du lieu partir. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.10335).

 

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[Dans un cont. moral, relig.] Guerir l'ame, le coeur : Miex en vaurras, mais que t'essaies A ta char pugnir et purgier Pour gairir t'ame et alegier. (Mir. parr., 1356, 26). Donques aussi comme telz malades ne seront ja guaris ne bien disposés selon le corps, semblablement ceulz qui sceivent philosophie moral et comme l'en doit ouvrer pour acquerir vertu et rien n'en font, leur ame ne sera ja guerie ne curee. (ORESME, E.A., c.1370, 157). ...et aussy la maladie et la mort de l'ame, de tant qu'elles sont plus dommaigaibles et a refuir, de tant est ce plus grant grace garir ames et les ressusciter que les corps. (GERS., P. Paul, a.1394, 495). Se ung tel exemple, ung tel miroir, une telle medicine ne garist cuer humain de la maladie d'orgueil, ne scay chose autre qui la doye garir. (GERS., Noël, p.1404, 295).

 

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Guerir (un péché)

 

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Au passif "Être pardonné" : CHERUBIN (à Seth) ...Quant ces trois grains germeront Et l'arbre et fruict apporteront, Une huille en depurera Que tous les humains sentiront, Et alors apperceveront Que leur peché gary sera. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 154).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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