C.N.R.S.
 
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     GENS     
FEW IV gens
GENS, subst. masc. et fém.
[T-L : gent1 ; GD : gent1 ; GDC : gent1 ; DEAF, G507 gent ; AND : gent1 ; FEW IV, 106b,107 : gens ; TLF : IX, 193a : gens1]

A. -

"Ensemble de personnes"

 

1.

[Un ensemble indéterminé] : Mais Dieux a ordonné Nature Pour former bestes, gens, oiseaulx, Dames, chevaliers, damoiseaulx Et toute autre chose vivant. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 316). ...puis la delivrance à lui faite par la royne des prisons de l'evesque, il ala en la ville d'Amyens se loger en un hostel ouquel l'en osteloit gens, et y coucha une nuit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 91). Delibererent et furent d'oppinion que elles et chascune d'icelles estoient sorcieres et ensorcelerresses de gens, et que, comme teles, l'en ne les povoit espargnier que elles ne feussent excecutées (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 337). ...et tousjours venoient gens qui tousjours disoient comme les autres, et que ilz s'estoient esgarez toute la nuit contreval la forest, sans savoir tenir ne congnoistre voie ne sentier, dont ilz s'esmerveilloient tuit forment. (ARRAS, c.1392-1393, 28). ...mais or me dictes se gens qui auroient povoir de mener de IJm. a XXVc. hommes d'armes, se ilz y pourroient venir a temps pour secourir cellui roy. (ARRAS, c.1392-1393, 82). Tantos, gens, honmes, fenmes et enfans s'esfreerent ; et veirent bien que il estoient atrapé (FROISS., Chron. D., p.1400, 352). Qui veïst la gens arriver De toutes pars et estriver A entrer ens par la barriere, Membrer vous peust de la maniere, Que il couvient tenir en France, Qui a a pourchacier finance (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 76). La firent mains divers accors, Sons de buisines et de cors, Cris de gens, hennis de chevaulx, Tous en retentissent li vaulx. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 207). Thebes, qui fut fondee de Cadmus, fils d'Agenor, et la plus peuplee de dessus la terre en son temps, en quelle part pourroit l'en trouver tant de reliques de son nom que gens se puissent monstrer nez de sa semence ? (CHART., Q. inv., 1422, 3). LE GAUDISSEUR. Quant je me treuve sur les rens Chascun si me dit : je me rens, Monseigneur, a vostre mercy. LE SOT. Quant il se treuuë avec gens Pour a coup menger six harens, Jamais n'en a nulz a mercy. (Gaud. sot, c.1450, 8). Et, si tost que lesdiz Suixes se trouverent au dessus et au costé dudit duc de Bourgongne, tout à ung cop se tournerent le visage vers lui et son armée, et sans arrester marcherent le plus impetueusement et orguilleusement que jamais gens firent, et, à l'aproucher pour joindre deschargerent leurs coulevrines à main. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 38).

 

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"Hommes, grandes personnes, adultes"

 

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Loc. prov. Enfants deviennent gens : Quoy que jeunes [mes deux pauvres clergeons, deux vieux chanoines de Notre-Dame] et esbatans Soient, en riens ne me desplaist : Dedens trente ans ou quarante ans Bien autres seront, se Dieu plaist ! Il fait mal qui ne leur complest ; Ilz sont tres beaulx enffans et gens, Et qui les bat ne fiert fol est, Car enffans si deviennent gens. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 107).

 

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Entre gens. "Dans la fréquentation des autres" : ...fut maistre curé puny (...) et oncques depuis ne se osa veoir entre gens, mais comme reclus et plain de melencolie fina bien tost après ses dolens jours. (C.N.N., c.1456-1467, 406).

 

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Prov. Il y a gens et gens. "Les hommes ne sont pas égaux" : L'ung a tousjours du bien Par maintiens beaulx et gens, Ou l'aultre n'aura rien : Il y a gens et gens (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 107).

 

2.

[Un ensemble déterminé]

 

a)

[Par l'art. défini ou un adj. démonstratif]

 

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Les gens

 

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[Avec une valeur généralisante] "Les êtres humains en général, tout le monde, les autres" : Tu te feras des gens moquer, M'amie, se plus diz telz moz (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214). Aucuns pour echever le parler des gens, et afin que on ne les juge devos, se abandonnent a paroles et vie mondaine (GERS., Pent., p.1389, 82). Ci dit comment les gens essayent a entrer en la porte de Richece. Ainsi Eür les gens pourmeine Et tout l'avoir qu'on lui ameine Est es coffres Richesce mis (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 78). Il va, il vient, il se couche, il s'accoute, Il fuit les gens. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 162). El scet les gens bel actraire, Sans retraire Ne detraire, Car a nully n'est contraire, Ains plaisant et sans faintises. (CHART., L. Plais., c.1412, 150). Et s'il y va, les gens en parleront. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 188). ...car qui laisse a faire aucun bien pour honte ou pour le parler des gens, il peche tout ainssy que se il le faisoit pour la gloire du monde. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 237). Les autres ont paour destre [l. d'estre] desprisez ou de nestre [l. n'estre] pas en la reputacion des gens telz quilz desirent. (CIB., p.1451, 219). LE DRAPPIER. Et cest advocat potatif A trois leçons et trois psëaulmes, Et tient il les gens pour Guillaumes ? (Path. D., c.1456-1469, 120).

 

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Prov. On doit louer les gens après leur vie : ...il est bien digne qu'on luy assigne Pour son bon bruit haulte gloire assouvie : On doit loer les gens aprés leur vie. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 127).

 

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Droit des gens. V. droit1

 

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Les gens lais/les laies gens. "Les laïcs" : ...nous y trouverons (...) moult grant avoir Qu'il a aux eglises osté Et aux gens laiz (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 34). Ce ne font pas les layes gens, Lesquelz fault estre diligens De leurs labeurs et de leurs terres, De querir argent pour les guerres Et de faire en toute saison Pourveance pour leur maison Gouverner, leur fait soustenir, En pluseurs lieux aler, venir, L'un paier, l'autre faire crance (DESCH., M.M., c.1385-1403, 323).

 

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Les pauvres gens. "Personnes sans ressources" : ...soiez diligens De tout donner aux povres gens L'avoir que vous ay envoié (Mir. st Lor., 1380, 158). A ces povres gens vueil aler Et leur donray de mon argent. (Mir. st Alexis, 1382, 33).

 

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[Absence d'article pour désigner une catégorie de personnes] : Item, ne sçay qu'a l'Ostel Dieu Donner n'a povres hospitaulx. Bourdes n'ont icy temps ne lieu, Car povres gens ont assez maulx. Chacun leur envoye leurs oz : Les Mendïans ont eu mon oye ; Au fort, ilz en auront les oz ; A menues gens menue monnoye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 127). TESTE LIGIERE. Année ne fut onc si parverse. SOCTE MYNE. Povres gens mengent les pois crus. (Sots, c.1480-1500, 271).

 

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Prov. Pauvres gens sont partout reboutés : Povres gens sont a tous lez reboutez. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 140).

 

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Les pauvres gens n'ont point d'escout. "Les pauvres n'arrivent pas à se faire entendre" : ...Povres gens n'ont jamés point d'acoust. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 164). Je commence le cas entendre : Les povres gens ne ont point d'escout. Regardez, s'il vous plaist, partout, Que puissions loger hault ou bas. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 195).

 

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[Avec une valeur anaphorique, désigne des personnes évoquées dans le contexte ou supposées présentes dans l'esprit de l'interlocuteur ou du lecteur] : ...et les gens marchans et aultres ne povoient aler, ne passer, ne entrer en Alemaigne fors par les dangiers et terres du duc de Jullers (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 160). ...lequel prisonnier (...) se advoua estre homme noble et de noble lignée, si comme il avoit oy dire ou pays d[ont] il estoit nez aus gens qui l'avoient eu en garde (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 3). Et quant les gens percoivent la fierté de son visaige [d'Uriien], si dient : Cilz homs est dignes de soubzmettre tout le monde en son obeissance. (ARRAS, c.1392-1393, 117). Sy me soubzmectz, leur serviteur [des Frères mendiants] En tout ce que puis faire et dire, A les honnorer de bon cueur Et obeïr sans contredire. L'omme bien fol est d'en mesdire, Car soit a part ou en prescher Ou ailleurs, il ne fault pas dire, Ces gens sont pour eulx revanchier ["sont gens à se défendre"]. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 98). Maintenant fault avoir memoire De sanctes gens qu'es limbes sont. (Pass. Auv., 1477, 225). ...la despence que j'ay despendut pour les gens que sont survenus à la mayson du roy, (...) esquels ay fait chières, recuilhemens et grandes despences soulz l'ombre du roy (Comptes roi René A., t.3, 1478, 283). Or, affin que le peuple sache Que l'on veult en ce lieu prescher, Il fault que ce drap d'or j'atache Et puis je yray les gens clocher. (LA VIGNE, S.M., 1496, 330).

 

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"Peuples étrangers, du point de vue des Romains" : ...car a la grant louenge du poeuple de Romme appartiengnt qu'on sache et congnoisse quel couraige ilz monstrerent aux roys, aux citez et aux gens (LA SALE, Sale D., 1451, 212).

 

b)

[Par un subst, un adv. ou un adj. indéfini exprimant une quantité ou une différence d'identité]

 

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Aucunes gens : ...et, après ce, lui demandasmes se ès parties où il avoit mis et jetté lesdites poisons, aucunes gens ou bestaulx en estoient mors, dit que riens n'en scet (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 466). Et disoient auqunes gens que les secrés de ces parlemens estoient par lui sceu en France (FROISS., Chron. D., p.1400, 292). ...et mesmement aucunes gens en ont esté pour ce mesprisiez en batailles et desconfiz (GERS., Concept., 1401, 417). J'ay peur que ses disciples et gens Pour covrir leur malices grans L'emportent pour faire entendent Au peuple son succistement, Et pour ce selon mon advis Seroit bon que fussent commis Aulcunes gens pour le garder. (Pass. Auv., 1477, 271).

 

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Autant de gens...que : Et fu contenu ens es dittes lettres que (...) n'averoit nulle defaute, dedens le jour que on li avoit assis, et a otant de gens ou plus que on ne li avoit escript. (FROISS., Chron. D., p.1400, 112).

 

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(Les) autres gens : Par quoi ce n'est pas mervelles se il font plus grandes journees que aultres gens. (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). Larrons n'i pevent dommagier, A boire n'y a, n'a mengier Q'un peu de relief, d'aventure, De quoy les autres gens n'ont cure, Peu a chaucier, peu a vestir Et moult de malages sentir (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 126).

 

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Grand gens. "Beaucoup de personnes" : ...li rois avoit fait estendre ses mandemens par tout son roiaulme, et asambloit grant gens d'armes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 323).

 

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Infinies gens : Infenis gens occiz y ot En ce chaple, en celluy rïot, De la gent Hasdrubal (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 227).

 

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La plupart des gens : Naturellement la pluspart des gens ont l'oeil ou à s'acroistre ou à se saulver, qui ayséement les fait tyrer aux plus fors. (COMM., I, 1489-1491, 66).

 

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Largement de gens : Le roy avoit peu de gens, mais il avoit faict venir deux cens hommes d'armes pour le raconduyre, dont fut adverty le conte de Charroloys en se couchant, qui en entra en une très grant suspicion et feïst armer largement gens. (COMM., I, 1489-1491, 87).

 

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Moins de gens : Si se encontrerent les François et les Englois desous Agillon. Messires Gautiers ne volt pas refuser, conment que il euist le mains de gens, et se ferirent ils et li sien en ces François et li François entre euls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 664).

 

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Moult de gens : Moult de gens de la ville de Mortagne estoient encores en lors lis, et ne sceurent riens de celle aventure. (FROISS., Chron. D., p.1400, 304). GUILLEMETTE. Par Nostre dame, mon doulx maistre, Vous n'estes pas en bon memoire ; Sans faulte, se me voulez croire, Vous irez ung peu reposer. Moult de gens pourroiënt gloser Que vous venez pour moy cëans. (Path. D., c.1456-1469, 114). Et, le jeudy ensuivant, veille de la Nativité de la benoiste vierge Marie, et vendredi ensuivant, [7 et 8septembre], ledit legat fut aux vespres et messe en l'eglise Nostre-Dame de Paris, où moult de gens de tous estatz furent en ladicte eglise pour veoir faire ledit service audit legat, qui le fist bien et honnorablement. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 101).

 

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Nombre de gens : Et, entre autres, il en vint dernierement ung qui, faignant de soy venir rendre, venoit icy pour veoir quel nombre de gens il y avoit en ceste ville, et pour congnoistre la conduicte des gens d'armes et de la ville ; et, cela fait, s'en devoit retourner devers ledit Gallyot pour le luy declairer. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 373). ...auquel jour ledit Galyot et ledit Prudence, son lieutenant, au plus grant nombre de gens qu'ilz eussent peu assembler, se devoient trouver devant ceste ville à l'eure que le feu y devoit estre mis. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 373).

 

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Peu de gens : Il est, par saint Pierre de Romme, Fourray de malice vrayement. Pour vous dire, sotz, seurement Peu de gens sont au temps qui court Qui n'en soient fourrez largement (Sots mal., c.1480, 84). Le roy avoit peu de gens, mais il avoit faict venir deux cens hommes d'armes pour le raconduyre (COMM., I, 1489-1491, 87).

 

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Plusieurs gens : Et en parlerent pluisseurs gens assés estragnement et murmurerent sus le conte Ainmon de Qent (FROISS., Chron. D., p.1400, 183). En ensuivant lequel cry furent envoiez par ceulx de Paris plusieurs gens en armes montez et habillez pardevers monseigneur le prevost de Paris ou pays de Soissonnois. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 339). Ballue, qui estoit malade ; et eust le roy grant peur qu'il ne se morust ; et s'en esbaÿssoient plusieurs gens, veuez les grans mauvaistiés qu'on disoit qu'il avoit faictes au roy... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 394).

 

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Somme de gens : ...il demanda quel somme de gens ilz estoient. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 197).

 

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Un petit de gens : Pour ce petit de gens que avoit ledit duc, je ne vey jamais si belle compaignie ne qui semblassent myeulx hommes excercitéz ou fait de la guerre. (COMM., I, 1489-1491, 47).

 

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[Avec un numéral] Tant de gens : E ! tresdoulx Diex, ces deus gens cy, Si vous plaist, en grace tenez. (Mir. st J. Cris., c.1344, 305). Je feroy vostre volenté, Dame, puis que c'est vo plaisir De faire l'enfant circoncir. Je vois querir II ou III gens. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 29). JUPITER. Qui fist noyer des gens maint milion Au deluge durant Deucalion, Et tous vivans submerger par les boys ? Fors seullement le peché des maulvais ? (Cene dieux, c.1492, 118). Semblablement, au puys de Surye, Gotz et Magotz sont en ma seigneurye, Ou trente mille gens de faict lyeverons (LA VIGNE, S.M., 1496, 227).

 

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Toutes gens : Pour ce vous sera a grevance, (...) A la grant resurreccion De toutes gens. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 236). ...li signeur se pourveirent et aussi fissent toutes gens, casquns selonch son estat. (FROISS., Chron. D., p.1400, 124). Quant au regard du luminaire [pour mes obsèques], Guillaume du Ru j'y commectz ; Pour porter les coings du suaire, Aux executeurs [testamentaires] le remectz. Trop plus me font mal c'oncques maiz Barbe, cheveux, penil, sourcys ; Mal me presse, temps desormaiz Que crye a toutes gens mercys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 147). LA CHOSE PUBLICQUE. Du temps que mon cas estoit beau, (Et) Que ma chose bien se portoit A toute gens mieulx en estoit (Sots mal., c.1480, 88). Toutes gens sont au jour d'uy resolus Vivre en bobans et toute vanité (Cene dieux, c.1492, 110).

 

c)

[Par un adj., un part. ou une prop. relative] : ...ung royaulme ne puet estre bien gouverné ne ung seigneur bien conseilliez de mescheans gens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 19). ...tout donnoit et departoit aux povres gens, riens ne retenoit des biens de l'Eglise fors que pour simplement tenir son estat. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 183). Sy comme aucuns qui sont si affichiéz et si ahurtéz a leurs oppinions que il heent et leur desplest et ne veullent oïr raysons au contraire. Et c'est un grant empeeschement de congnoissance de verité, et telles gens ne sont pas habilles a ce. (ORESME, C.M., c.1377, 178). ...attendu aussi l'ordonnance faite sur teles tonsures abusives portées par gens qui ne scevent lire ou cognoistre lettre quelconques (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 151). ...les gens eüreux Desprisent les maleüreux (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 86). "...ce sont gens moult convoitous." (FROISS., Chron. D., p.1400, 263). ...petit recouvrier i a en gens desconfis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 278). "...Et les faites tous issir hors, car nous les poursieverons et meterons en enbusque au lonc de celle haie, et verons quels gens il sont, et lors calengerons lor proie." (FROISS., Chron. D., p.1400, 430). ...il estoient gens qui vivoient de labour et de marceandise. (FROISS., Chron. D., p.1400, 612). Spinx fu appellee ycelle Des gens de toute la contree. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 289). Neantmoins a eu la seigneurie mestier jusques cy de prince saichant et de assistence de gens qui aient savoir. (CHART., Q. inv., 1422, 47).

 

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Gens feminins. "Hommes efféminés" : ...feit devestir tous nuz devant ses chevaliers aucuns de leurs ennemis pour leur monstrer leur belle et blanche couleur, affin que bien semblassent gens femenins, non excercez en peines et en labeur (GERS., Concept., 1401, 417).

 

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Gens noirs. "Diables (ou moines noirs de Cluny ?)" : Oste ses gens noirs ! Marmara, Carimari, carimara ! (Path. D., c.1456-1469, 106).

 

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Prov. De meschants gens meschante feste. "Il faut traiter les gens comme ils le méritent" : Par dieu je ne vous puys mantir Car de meschans gens mechante fete (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 59).

 

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À meschantes gens pauvre monnaie/chetive serte : A meschans gens chestive serte (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 64). ...Ils sont payés selon le tamps Des hostes que Dieu leur envoie : A meschans gens povre monnoie. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 73).

 

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(Les) jeunes gens : Et pour ce que les juenes gens Qui d'euls armer sont diligens, Si tost qu'il ont la teste armée, Chascuns cuide valoir Pompée Et font plus qu'on ne leur commande, S'il ne sont très bien en commande. (MACH., P. Alex., p.1369, 121). Les joennes gens de cel accort Ne sont pas, ains, par leur recort, On emprendra la guerre aux Grieux, Car de souffrir si mortel grieux A tousjours leur ert reprochié (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 60). Et la cuidance oultrageuse cassee, Dont Jeunesse ne scet estre lassee, En jeunes gens Qui veulent estre oyseux et negligens, Qu'Amours fait puis soigneux et diligens (CHART., D. Fort., 1412-1413, 175). Filles amans jeunes gens et nouveaulx, Danceurs, saulteurs faisans les piez de veaux, Vifz comme dars, aguz comme aguillon, Gousiers tintans clers comme gascaveaux, Le lesserez la, le povre Villon ? (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68). Et ja soit que tous ces pechiéz empeschent a contraire mariage, toutevoies generalement a parler si sont adolescentes personnes et jones gens et on doubte de incontinence, on leur doibt donner licence d'eulz a mariage joindre. (Sacr. mar., c.1477-1481, 62). O jeunes gens, jeunes enfans, Laissés vos esbatz et vos chans, Considerés les durs enchans Que souffrirés petis et grans Bien tost, tenés vous en certains... (Cene dieux, c.1492, 124).

 

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Vieilles gens : Et i eut plus de cinc cens hommes de la ville mors, et trop grant fuisson de vielles gens et de femmes gissans en leurs lis ars, dont che fu pités. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 142). Eut ung excés de fievre ou deux depuis, et craignoient fort les phisiciens qu'elle ne se tournast a quartes, qui est la mort des vielles gens. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 147). ...et quant Venus et Mercure estoient conjoinctz, lors est la gloire des hommes licterés et nuysance aux vielz gens. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 79 r°).

 

d)

[Par un compl. déterminatif]

 

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[Indiquant une qualité] : Quant de la savance chascun sceit que en ce royaume sont gens de hault sens et de clere cognoissance. (CHART., Q. inv., 1422, 46). Il [les Anglais] ont leans grant seigneurie, Tous gens de fait, gens de puissance, Que pour mourir ne souffront mie Perdre la place en leur presance (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 457). Ne les souffrez aussi destruire [les Français], Que jour et nuyt sont en priere ; Dont [ne] lessez desconfire, Que y sont gens de bon affaire (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 349). Vous estes tou(te)[s] gens de hault pris, Et a qui la besoigne touche En tous voz faiz et en voz diz N'y eult onques james reproche (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 125). Nobles barons et gens de pris, Pensez trestous de vous armer (Myst. st Laur. S.W., 1499, 148). Habillez vous en tel maniere Que nous puissions avoir honneur. Faictes comme gens de valeur, Et puis yron vers nostre sire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 146).

 

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Gens à la main. "Hommes décidés" : ...Artus, Gauvain Et Percheval, Gens a la main, Qui, soir et main, A pié, cheval (...) Ont fait maint tour preux et haultain (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 199).

 

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Gens d'aguet. "Personnes rusées, capable de tendre des pièges" : Il nous fault trouver gens de taille, Gens adventureulx, gens d'aguet Pour faire jour et nuit le guet Autour du sepulcre. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 438).

 

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Gens de bien. "Personnes dignes de confiance, moralement irréprochables" : Ne vous chaille, Madame, qu'on dye, dit la prieure ; vous ne serez ja reprouchée de gens de bien (C.N.N., c.1456-1467, 143). ...ung marchant de Tours, pour festoyer son curé et aultres gens de bien, achatta une belle et grosse lemproye (C.N.N., c.1456-1467, 261). ...le clerc d'[un] village du diocese de Noyon, pour impetrer et gaigner les pardons que furent a Romme, qui sont tels que chascun sçait, se mist a chemin, en la compaignie de plusieurs gens de bien (C.N.N., c.1456-1467, 283). Lequel bon gouvernement oncques N'euz dessoubz luy que gens de bien... (Sots mal., c.1480, 88).

 

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[Le syntagme gens de bien peut être traité comme un adj.] : ...luy tindrent compaignie le curé, son compere, et aucuns aultres des plus gens de bien. (C.N.N., c.1456-1467, 426). Et a ce faire baillerent ostaiges, c'est assavoir quatre hommes des plus gens de bien qu'ilz fussent entre eux. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 253).

 

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P. iron. : Mais ou cas qu'ilz [mes exécuteurs testamentaires] s'en excusassent [de la charge de s'occuper de ma succession] En redoubtant les premiers fraiz, Ou totalement reffusassent, Ceulx qui s'enssuivent cy aprés Institue, gens de bien tres : Phelippe Bruneau, noble escuier ; Et l'autre ? Son voisin d'emprés, Sy est maistre Jacques Raiguier. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 146).

 

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Gens de bonne maison. "Gens de bonne compagnie" : Bien peut le jeune mal fuÿr, Si se veult regir par raison, Et qu'il s'en vayse recuillir Avec gens de bonne maison. (Pass. Auv., 1477, 119).

 

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Gens de cueillette. "Aventuriers" : ...ce royaume fut mis en paix, pour nettoier et delivrer ce royaume d'un tresgrant nombre de gens de cueillete que l'en appelloit les compagnies (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 434).

 

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Gens de mauvais repaire. "Brigands" : ...pensoit que ce fussent brigans de bois ou gens de mauvais repaire, quant à celle heure et par tel temps (...) ils se trouvoient par chemin. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 27).

 

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Gens d'esprit : Chantres chantans a plaisances, sans loy, Galans, rians, plaisans en faiz et diz, Coureux alans francs de faulx or, d'aloy, Gens d'esperit, ung petit estourdiz, Trop demourez, car il [le pauvre Villon] meurt entandiz. Faiseurs de laiz, de motés et rondeaux, Quant mort sera, vous lui ferez chaudeaux ! Ou gist, il n'entre escler ne tourbillon ; De murs espoix on lui a fait bandeaux. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68).

 

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Gens de nom. "Personnes dont le nom est connu" : Et avecques lui moururent oudit champ bien six vins barons, chevaliers, escuiers et gens de nom dudit royaume et grant nombre d'autres gens de guerre, que bien on estimoit de IX à Xm combatans. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 15). De gens de nom, de ceulx du roy, mourut messire Geoffray de Sainct Bellin, le grand seneschal, Flocquet, cappitaine (COMM., I, 1489-1491, 34). Mais au regard des gens de nom, ainsi qu'ilz estoient escriptz es dictes lettres envoyees par la seigneurie de Venise au dict duc de Millan a leur malencontre, j'en ay cy couché la teneur d'icelles en briefz motz. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 291).

 

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Gens d'outrage. "Individus qui se livrent à des excès" : Je m'en voys querir gens d'oultrage Qui le murtriron tout de coups. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 277).

 

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Gens de raison. "Gens raisonnables" : ...choses (...) qui sembleront à gens de raison estre faisables et raisonnables. (Ch. VI, D., t.1, 1401, 205).

 

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Gens de taille. "Hommes forts" : Il nous fault trouver gens de taille, Gens adventureulx, gens d'aguet Pour faire jour et nuit le guet Autour du sepulcre. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 438).

 

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Gens de vaillance : ...toutes fois, conme gens de vaillance, il monstrerent desfense tres bonne (FROISS., Chron. D., p.1400, 654).

 

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Gens de vue. "Témoins" : Item, aussi pour eviter a la longueur des procès que l'en fait sur veues termées et rassises tant par les saons que s'efforcent alleguer les deffendeurs sur les gens de veue pour rompre icelles veues (Echiq. Normandie S., 1497, 159). Et après que lesd. tesmoings et gens de veue auront esté passez sans saon, ilz seront enquis et examinez sur les fais, neances et deffenses de l'intendit de lad. preuve qui entendiblement et a trait leur sera leu. (Echiq. Normandie S., 1497, 159).

 

3.

En partic. "Personnes rassemblées dans une circonstance donnée" : Lesquelles lettres il ne voult pas recevoir d'icellui herault, sinon en la presence de mondit seigneur le chancellier et des gens du conseil du roy. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 352).

 

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[Dans l'interpellation avec adj.] : Chieres gens, sachiés que toutes les fois que aucune tribulacion vous vient, ou viollance, ou maladie, ou aucune perte, ou persecucion, ou guerre, ou aultre meschief, c'est le Saint Esperit et ses messagés qui vient a grant son, comme au jour d'ui, pour entrer en l'ostel de voz ames, se a vous ne tient. (GERS., Pent., p.1389, 78). Devotes gens, je treuve en l'Evangile que le mauvais riche glouton qui refusa au ladre les miettes de sa table, quant il ardoit en enfer il ot souvenance de ses amis vivans, de ses V freres, et pria a Dieu qu'il envoyast ung mort a eulz pour les ammonester et advertir que ilz se gardassent de venir en ce lieu de tourmens. (GERS., Déf., 1400, 241). Chieres gens, ne nous decevons point, creons noz amis mors et non point Plaisir mondain qui nous destourbe d'avoir cuer doloreux. (GERS., Déf., 1400, 241).

B. -

"Groupe de personnes qui exercent le même métier, la même activité ou qui ont la même position sociale ; groupe de personnes qui partagent les mêmes idées"

 

1.

"Personnes exerçant telle activité ou se livrant à telle pratique"

 

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Gens à journee. "Manouvrier engagé pour le travail d'une journée" : Fossiers manouvriers gens a journee et atasque (Comptes Doullens W., 1470, 21).

 

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Gens de bras. "Manoeuvres" : ...après ce que par plusieurs maneuvres et gens de bras eu fait ouvrir et vuider l'entrée dudit voiage, ilz entrèrent dedens icellui (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 343).

 

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Gens de conseil. "Personnes qui appartiennent au corps délibérant sur les affaires d'un pays (ou d'une ville)" : ...environ 120 paires de lettres closes que ledit seigneur escrisoit à plusieurs seigneurs, chevaliers et escuiers, bonnes villes, gens de conseil, receveurs et autres de ses duchié et conté de Bourgoingne (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 133). Ou moys de juillet ensuivant vindrent et arriverent à Paris plusieurs prelats, seigneurs, chevaliers, gens d'Eglise et autres gens de conseil, que le roy ordonna venir et qu'on disoit qui estoient ordonnez pour mettre ordre et police en la justice et reformer en toutes choses, et leur fut baillé moult grant povoir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 161).

 

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Gens de deduit. "Chasseurs" : Vestu de vert seront trestuit, Car n'y a fors gens de deduit (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, ).

 

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Gens de finance(s) : Et j'ay entendu, sire, que vous l'apparcevez bien et vous en complaingnez et blasmez vos gens des finances ausquelz vous vous attendez. (GERS., Noël, p.1404, 311). O chiere dame, que cuides tu quel peine c'est a femme de ma faculté abstrate, assez et pou chalant des aluchemens de convoitise convenir contre ma naturel condiction non moult curable ne ardent sur les desirs de pecune, mais par neccessité contrainte de grans charges poursuivre a grant trayn ces gens de finance, pourmenee de jour en jour de leurs belles paroles (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 168).

 

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Gens d'eglise. "Ecclésiastiques, membres du clergé" : Item, il appert par ce que fu dit ou tiers chapitre du tiers que la communité de ceulz que nous appellons gens d'Eglise peut estre dicte cité. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 189). ...aucuns povres de ceste policie murmurent et parlent contre les autres en disant que gens de Eglise ne doivent pas avoir teles possessions et que les premiers prestres ne menoient pas tel estat. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 189). Si se mettoient les pluseurs au retour (...) et prendoient guerre à tous marchans et à toutes gens d'eglise (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 128). Je tiens que la reformacion de l'Eglise se doit faire par eulz. Que les curez et gens d'Eglise, qui a ce sont ordonnez, mettent bonne diligence a traitier doulcement tous ceulz qui se confessent, et a [s]e maintenir honnestement. (GERS., Concept., 1401, 429). ...quant à l'oppression qui a esté faicte aux gens d'églises, nobles et autres par impressions d'officiers de justice, par logeiz de gens d'armes et autres qui les ont rançonnez et gastez leurs vivres (Ch. VI, D., t.1, 1405, 280). ...acfin de nourrir paix et amour entre nous qui sommes gens d'église et eviter a toutes discencions, discordz, procés, frais et interest (Cartul. Beauv. L., 1445, 731). Et, cedit jour, mondit seigneur de Berry, qui estoit logié à Beauté avecques plusieurs desdiz seigneurs de son sang, envoya ses heraulx à Paris, qui apporterent de par lui quatre lettres, les unes aux bourgois, manans et habitans d'icelle ville, unes à l'Université, les autres aux gens d'Eglise et les autres à la court de Parlement (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 87).

 

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Gens de justice : ...par le conseil de tous les susdis ensemble et d'autres ses subgiéz avec eulx, selon les divers cas qui peuent avenir, comme juristes, gens de justice, bourgois de ses bonnes villes, marchans, et aucuns du peuple quant à y estre appeléz escherra, pourra le dit prince estre bien conseilliéz à disposer au mieulx de tous ses affaires. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 77).

 

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Gens de labeur. "Travailleurs manuels" : Guillaume de Dessoubz le Buy et Pierre Hebert (...) misérables personnes et gens de labour (Ch. VI, D., t.2, 1388, 133). Vegete dit, en effect, que pour suppleer et aider et conforter la force d'un ost, on ne doit point doubter que on doye prendre gens de condicion rustique, c'est assavoir de labeur et gens mecaniques, et aux armes semblant estre plus convenables (BUEIL, I, 1461-1466, 95). ...c'est assavoir que, premièrement, justice soit gardée entre nous et loyaulté tenue tant à amys que à ennemys, en tant que touche les saulfconduitz et sceuretés, qui seront baillez de par nous ou à nostre asseurance, adfin que les marchans et gens de labeur puissent aller et venir entour nous sans destourbier. (BUEIL, I, 1461-1466, 95). Nous avoir recele humble supplicacion de Berthome Bruneau, Pierre Bruneau, son fils, (...) prisonniers detenuz es prisons de Baugency contenant qu'ilz sont povres gens de labour (Berger Fr. K.-G., 1483, 180).

 

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Gens de mestier. "Hommes exerçant une profession manuelle ; artisans" : Gautier Brise-Tanquart, tondeur, pour tondre 2 escarlates et demie, pour chevaliers, à la livrée du Roy, 12s. 6d. Pour tondre 11 draps pour escuiers et genz de mestier et autres, 3s. chascun, valent 33s. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 262). Cy commaince a traictier des contraires aux bon besans de la quarte gerarchie des Francois par un advocat de ladicte gerarchie, c'est assavoir des bourgois, marchans, gens de mestier et laboreurs. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 453). ...bien i avoit .IX. ou .XM. bourgois, gens de tous mestiers, mais la grignour partie s'estofoient tout de la draperie. (FROISS., Chron. D., p.1400, 686). Mais quant les seigneurs font avoir aux marchandises cours pour aller hors et venir sceurement, les marchans et gens de mestier gaignent et vivent lyement. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 14). ...tous les subgetz estans soubz icelle [bannère] seroient armez de jaques, de brigandines, sallades et harnoys blanc, voulges, haches et autres choses qui y appartiennent, pour estre bien armez, tant gens de mestier, officiers, nobles, marchans, gens d'eglise que autres : laquelle chose fut faicte. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 173). ...pluseurs bons marchans, labouriers et gens de mestier, qui ont demouré et demeurent, frequenté et frequentent en notre dite ville et eschevinaige d'Aire (Hist. dr. munic. E., t.1, 1475,,, 115). Bourgeois, marchans, gens de mestiers, Que tous y facent volantiers Devoir pour deffendre la ville (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 532). GANDELOCHE, premier maçon. Dieux tous puissans résidans sur les cieux, Voyez l'état de nous gens de métier. Nous suimes moult pauvres et souffreteux, De vos grâces nous avons bien metier (Myst. ste Barbe P., 1493, 12).

 

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Gens d'office. "Serviteurs" : La estoient gens d'office de par messire Jehan de Hainnau, qui faisoient les pourveances de mer et apparilloient barges et balenghiers, pour passer oultre en Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 68).

 

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Gens de pratique. "Magistrats et avocats" : Prestres, bourgeois et laboureux, Gens de pratique et autrement, De present sont tous decepveurs (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 288).

 

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Gens de religion. "Ecclésiastiques" : ...se aucun vent aucune chose à gens de religion ou à gens qui ne puissent acquerir sanz admortir, se le seigneur dessoubz qui la chose est assise y met la main pour celle cause et le souverain y assiet sa main par dessus icelle, elle se doit lever (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 131).

 

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Gens mecaniques. "Individus qui font un travail manuel, artisans" : Le peuple estoit tellement troublé que non seulement les nobles et gens de guerre se mectoient en armes, mais aussi les marchands, laboureurs et gens mécaniques des villes parmy le royaulme prenoient armes (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., 1419, 216). Vegete dit, en effect, que pour suppleer et aider et conforter la force d'un ost, on ne doit point doubter que on doye prendre gens de condicion rustique, c'est assavoir de labeur et gens mecaniques, et aux armes semblant estre plus convenables (BUEIL, I, 1461-1466, 95). à touttes diligences assambla grant nombre de poeuples crestiens dudit pays, et jusques au nombre de ix cens hommes à cheval et xl mille de pié ; desquelz pietons la plus part estoient gens mecaniques et de pluseurs mestiers (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 325). ...si les nobles et autres de ladicte ville tenans fiefz et arrière fiefz estoient contraincts à partir de ladicte ville pour nous servir en noz guerres, icelle ville pourroit demourer sans garde et entre les mains des gens mecaniques et pouvre populaire de ladicte ville (Doc. Poitou G., t.11, 1472, 317).

 

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"Ensemble de personnes constituant la suite d'un noble, la domesticité d'un personnage" : Sire, pensez a quel meschief Voz gens sont par vostre deffault. (Mir. st Guill., c.1347, 39). DIEU. Je voy la le pape et ses gens Venir, mére, pour vous veoir (Mir. prev., 1352, 272). ...un certain frain à mule qu'il dit par lui lui avoir esté vendu, et lequel frain les gens et officiers de mons. le conte de Dampmartin dient leur avoir esté emblé en l'estable dudit mons. le conte à Paris. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 9). ...[il] congnut que quant il fu prins par son maistre, qui estoit des gens et serviteur d'un nommé Testenoire, capitaine et chef du fort de Ventadour, il fist serement à sondit maistre de le servir contre tous ceulx qui povoient vivre et mourir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 23). ...que aussy par ledit Perrin, chevaucheur dudit mons. le duc, feust aucunement parlé à lui en ladite ville de Poitiers, ne par aucun des gens, familliers, maistre d'ostel dudit mons. l'evesque, ou autre personne quelconques, lui feust baillié ou promis, en icelle ville de Poitiers, les XXX francs desclairés en la derreniere confession (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 530). Notez de celuy prescheur auquel ung seigneur demanda que on disoit de luy par le païx : "Ne dit on pas que je gouverne bien ? Mes gens me dient que tout va bien." Le prescheur respondi que tout le contraire estoit vray (GERS., Annonc., a.1400, 236). ...et pour ce ses gens prindrent couraige, et les vainquirent. (GERS., Concept., 1401, 417). Item, pour dix huict journées que ledit Me Gerard et ses gens ont mis et ouvré par partie aval l'hostel de ladite Tournelle, au commandement de Monseigneur, de Mademoiselle, du maistre d'hostel et de leurs gens pour faire ordonner par aval ledit hostel (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 603). ...tandiz que les gens du bourgois le conduisoient vers la porte (...) la bonne femme fut vistement mise sur piez [Le départ d'un mari gênant] (C.N.N., c.1456-1467, 27). Je vous prie que vous faictes tous noz gens coucher, affin que nul ne face noise ne bruit (C.N.N., c.1456-1467, 366). Oudit temps, advint à Paris ung grant debat entre les gens et officiers du roy en sa Chambre des Aides à Paris et ung des bedeaulx de l'Université d'icelle ville, pour ung exploict fait par ledit bedeau à l'encontre de deux conseillers de ladicte Chambre des Aides (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 9). ...il envoya en France le seigneur de Craon pour avoir de la pecune vers sa femme, lequel, la pecune receue, se amusa à fere bonne chere et son maistre et tous ses gens estoient nudz et mors de fain et lui fut forcé laisser tout et s'en venir par Venize et par Itallie, où il mourut plusieurs de ses gens de pouvreté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°).

 

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"Aides, assistants" : ...et affin d'en estre despesché, dist a ses gens : "Baillez luy clistere." (...). Et le bon simple homme qui l'asne avoit perdu, non sachant que le maistre avoit dit, fut prins des gens du maistre [D'un médecin pressé de renvoyer un patient] (C.N.N., c.1456-1467, 468).

 

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"Groupe de personnes requises pour une circonstance donnée" : ...le mary (...) assembla ses gens et les amena a l'ostel de son cousin, comme dit est, ou il leur compta tout l'estat de ce qu'on luy avoit dit [Un mari trompé veut apporter à la famille de sa femme la preuve de l'adultère] (C.N.N., c.1456-1467, 382).

 

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En partic. [Dans un contexte militaire, guerrier]

 

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Gens d'armes. V. arme, gendarme

 

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Empl. abs. Gens. "Soldats" : Si vous di pour verité que li Breton et li Gascon y furent là très bonnes gens, et y fisent pluiseurs belles apertises d'armes. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 126). Dont s'avancièrent toutes les gens dou captal, et ils premierement, son glave en son poing. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 123). ...il lor sambla que il estoient gens assés, pour brisier la terre mesire Jehan de Hainnau. (FROISS., Chron. D., p.1400, 346). La conmença li hustins et li rencontres durs et fiers, et toutdis croisoient gens au signeur de Rodemac, car il estoient estourmi en lors logeis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 434). ...je ne vous i faudrai pas, mais vous aiderai de gens et de finance, et dirai a mon fil le duch de Normendie que il face chief avoecques vous. (FROISS., Chron. D., p.1400, 490). Apriés se rendi li chastiaus, et le veirent les Englois fort assés. Se le retinrent pour euls et le rafresqirent de nouvelles gens et de pourveances. (FROISS., Chron. D., p.1400, 612). Après tout ce vendra l'arriere garde, ou a duc, conte ou mareschal, bien acompaigniez et de vaillans gens, avec le trait qui s'y appartient. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 236). Et, après ce que mondit seigneur de Lorraine ot ainsi recouvré sadicte ville de Nancy et de nouvel avitaillée et mis gens pour la garde d'icelle, ne demoura pas ung moys après que ledit de Bourgongne, qui s'estoit retrait en une ville nommée Rivieres, qui est près de Salins en Bourgongne, et qui avoit assemblé et fait amas de gens le plus qu'il avoit peu, s'en vint derechef mettre le siege devant ladicte ville de Nancy. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 25).

 

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Grands gens. "Soldats courageux" : Atant vient Uriien et sa gent, lances baissees. La ot a l'assembler maint paien mort, et maint navré d'un costé et d'autre. Sarrasins se tindrent fort, car ilz furent grans gens. Et Uriiens les assault moult asprement, et fait tant d'armes que chascun s'en esbahist. (ARRAS, c.1392-1393, 102).

 

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Les gens à/de qqn : ...li rois et tout li signeur d'Engleterre et li estrangier et lors gens, dont il i avoit plus de soissante .M. honmes, sejournerent la (FROISS., Chron. D., p.1400, 123). Li rois d'Engleterre et toutes ses gens se deslogierent dou Mont Saint Martin (FROISS., Chron. D., p.1400, 323). Si voloit, selonc sa poissance, desfendre et garder ses gens et sa ville (FROISS., Chron. D., p.1400, 431). Qant les gens a mesire Lois d'Espagne orent cargiet chars et charetes (...) il voient une bataille d'archiers sus une elle (FROISS., Chron. D., p.1400, 540). ...et sambloit a pluseurs que souffrir aller le conte de Charolois outre les metes des pays de son pere et en la terre du roy il y pooit avoir dangier tresgrant, et porroient venir les gens du roy de la emprés, qui estoient la en garnison, ferir sur le conte et, par revenge du daulphin qu'on ne pooit traire des mains du duc, emmener icelui en France et le detenir par contregaige (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 216).

 

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Males gens. "Féroces guerriers" : Mais un fu qui vint dire au soudant : Sire, tous tes logeis et tes paveillons sont pris et les gardes mortes, et te viennent courir sus les plus males gens que je veisse oncques. (ARRAS, c.1392-1393, 112).

 

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Faire (son) amas de gens (d'armes). "Réunir (des gens d'armes)" : Li contes de Hainnau fist sen assamblee et sen amas de gens d'armes a Mons en Hainnau (FROISS., Chron. D., p.1400, 357). Et, après ce que mondit seigneur de Lorraine ot ainsi recouvré sadicte ville de Nancy et de nouvel avitaillée et mis gens pour la garde d'icelle, ne demoura pas ung moys après que ledit de Bourgongne, qui s'estoit retrait en une ville nommée Rivieres, qui est près de Salins en Bourgongne, et qui avoit assemblé et fait amas de gens le plus qu'il avoit peu, s'en vint derechef mettre le siege devant ladicte ville de Nancy. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 25).

 

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(Faire) assemblee de gens (d'armes). V. assemblée

 

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Gens d'eau. "Marins (d'une flotte militaire), hommes de mer" : Ou archiers ou gens de eaue, l'en establist aucune fois sur chascune tele maniere de gens princes ou capitaines. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 273). Et cuidoient ceulx des ysles qu'il n'y eust eu navire de France que mariniers et gens d'eaue (Chron. Valois L., c.1377-1397, 231).

 

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Gens de campagne. "Hommes d'armes" : Dune autre aide, nommée aide dost, levée en ladicte viconté sur les nobles ou moiz de mars CCCLXVII et receue par ledit viconte, cest assavoir XV l. pour chascun fieu entier, et audessus et audessoubz à la value, sur ceulz qui nestoient ne montez, ne armez, ne prests daler servir Monseigneur en son païz d'Avrenchin contre certains Bretons et autres gens de compaigne qui faisoient guerre contre le royaume et le païz de Monseigneur (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 43). ...environ la feste de l'Ascencion Nostre-Dame derrenierement passée, avoit ou pais de Champaigne très grant quantité de gens de compaigne, dont les uns se disoient au Bastard de la Baulme, et les autres à Clavin dit Clou, les autres à Jehan du Clou. (Ch. VI, D., t.2, 1422, 111).

 

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Gens de cheval. "Cavaliers" : Bien est voirs que à l'endemain, quant on se fu aperceu qu'il estoient parti, on les quist à gens de chevaus tout par tout, mès on n'en peut nul trouver. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 8). Et Lucius Tucius fut condempné a aller nuz piez sans compaignie parmy l'ost, et les gens de cheval, qui avecques lui estoient, a servir de pierres ceulx qui gettoient des fondes, pour ce qu'il s'estoit rendu villainement aux ennemis sans défence. (CHART., Q. inv., 1422, 55). Et grant place pour vous aroye, Pour tant ne vous y logeroye, Car je ne tiens point d'hospital : C'est logis pour gens de cheval, Et non pas pour telz gens que vous. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 195). Et au donner dedans, les gens d'armes du roy deffirent les gens de cheval du duc et les chasserent jusques aux portes d'Aire, où fut très vaillament servi le roy, car il y eut grant occision des gens de cheval du duc, et y perdirent beaucop de biens. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 392).

 

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Gens de commune. "Soldats que devaient fournir les villes du royaume" : ...icellui de Saint Savin vint par maniere de siege devant la dicte place, acompaigné de plusieurs tant gens de guerre que commune, cuidans et eulx efforçans prendre icelle (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 299).

 

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Gens de defense. . "Personnes capables de se défendre" : Ichil de dedens estoient gens de petite desfense et foiblement armés (FROISS., Chron. D., p.1400, 495). "...monstrons que nous sonmes gens de volenté et de desfense" (FROISS., Chron. D., p.1400, 868). Tantost aura guerre a moy Sil ne me rend mon heritage (...) Or va et crie a haulte gamme De par Martin de par ma femme Pour assembler gens de deffence (Myst. st Martin K., a.1500, 242).

 

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Gens de fait. "Individus valides, actifs, bons combattants" : ...et [aussi pour la] garde, teuicion et deffence de nostre dicte ville et conté de Liney, soit expédient d'avoir gens de fait et de traict (Archives servit. Louis XI, T., 1476, 88). Il [les Anglais] ont leans grant seigneurie, Tous gens de fait, gens de puissance, Que pour mourir ne souffront mie Perdre la place en leur presance (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 457). Monstrons nous comme gens de fait Et allon en belle ordonnance. Vecy l'estandart et la lance ; Or me suive qui m'aimera. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 147). Monstrons nous comme gens de fait Et allon en belle ordonnance. Vecy l'estandart et la lance ; Or me suive qui m'aimera. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 147).

 

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Gens de guerre. "Hommes d'armes" : Nous, à grant compaignie de gens de guerre nous soions trais ou paiz de Berry (Ch. VI, D., t.1, 1412, 350). Et avoit le roy devant ladicte ville la plus belle et noble armée qui onques fut gueres veue, car il y avoit de bonnes gens de guerre et de grant façon XXIIIIm hommes et mieulx. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 52). Sont gens de guerre et nous aussi (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 624). Faisons prestres de guerre s'entremettre, Et gens de guerre aux eglises commettre... (Cene dieux, c.1492, 120).

 

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Gens de harnois. "Cavaliers" : Martin de hongrie pour voir Est venu au gens de harnois Frere germain est de ma femme Que tout soit prest sans nul diffame (Myst. st Martin K., a.1500, 162).

 

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Gens de mer : Jehan Morel, de Caen, envoié de Caen a Monstiervillier et es parties environ pour querir et amener lamans et genz de mer pour le fait de ladite armee (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341-1342, 58). ...Englois sont bonnes gens de mer (FROISS., Chron. D., p.1400, 406).

 

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Gens à/de pied. "Fantassins" : Mes la ou sunt gens armés et de pié peut estre olygarchie consequente ou ensuiante. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 269). ...pour 4 chevaliers et 25 escuiers, du 27e jour de decembre qu'il parti de Paris pour aller a Nice et es parties de Jennes pour le fait des gallies et des genz de pié, jusques au 26e jour de mars (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1347, 72). Et avint que avoecques le confort des gens de piet (...) la proie fu rescouse (FROISS., Chron. D., p.1400, 431). Par ceste maniere fut puniz Aurelius par le conseil Cotta, car il fut batu de verges et remis avecques les gens de pié pour ce qu'il avoit negligemment laissié ardoir par les ennemis partie de la chose publique et de la closture du logeis qu'il devoit garder. (CHART., Q. inv., 1422, 55). Et, avec les compaignies dessusdictes, estoient aussi tous ceulx estans soubz l'estandart et guidon de la ville de Paris, qui estoient moult grant nombre de gens à pié et à cheval. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 195). De gens de pied avyons-nous grand nombre et de bons. (COMM., I, 1489-1491, 59).

 

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Gens de trait. "Arbalétriers, soldats qui lancent des projectiles" : Et des deux costez de la battaille seront les deux esles et leurs gens de trait, conduittes par deux princes ou l'admiral et le mareschal ou maistre des arbalestriers ou aultres cappitaines, saiges et vaillans, qui doivent soubitement envoier a dextre et a senestre bons et souffissans hommes de bien a cheval, pour descouvrir les contrees, les passaiges et le pays. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 236). Ceux de 'artillerie commencèrent à tirer ; archers et gens de trait à approcher. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 236). Et, pour garder leurs gens de traict, fault qu'ilz aient au bout de leurs esles quelque nombre de gens d'armes selon la puissance qu'ilz seront. (BUEIL, I, 1461-1466, 153). ...car onques, pour quelque guerre que lesdis de Gand aient eu par cy devant, icellui pays de Wast ne peut estre subjuguié ne mis en obeissance. Et assambla desdictes bonnes villes et chastelleries très grant nombre de gens de trait et de manouvriers (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 1-2).

 

2.

"Personnes qui occupent un état social particulier"

 

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Basses gens. "Personnes de bas état" : ...des saiges ne sont creüz, Mais entre basses gens nicettes Se font tenir comme prophetes (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 12).

 

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Gens de bien

 

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"Personnes de condition élevée" : ...puis que monseigneur et tant de gens de bien le payent [l'impôt], je n' en doy pas estre quicte (C.N.N., c.1456-1467, 221). ...et par iceluy messagier, au moins par les lettres qu'il portoit, on sceut quelz gens estoient mors, tant gens de bien que autres gendarmes. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 291).

 

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"Personnes riches" : ...beaucop de gens, voire de gens de bien, luy eussent voluntiers donné leur fille a mariage. (C.N.N., c.1456-1467, 131). ...estoit ou Daulphiné la pestilence si grande et si horrible que la pluspart des gens de bien habandonnerent le païs. (C.N.N., c.1456-1467, 347).

 

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Gens (de bien et) d'honneur. "Personnes de condition élevée, notables" : Sire, dist ly uns, vous estes bien ou chemin ; il n'y a pas plus de cinq lieues de cy. Et sachiez que vous [Remondin] y trouverez Alain de Leon, qui vous fera bonne chiere, et si trouverez deux chevaliers, qui sont ses filz, qui sont moult honnourables et gens de bien et d'onneur. (ARRAS, c.1392-1393, 52). La veissiez la feste commencier moult grant, et menestriers et trompettes faire leur mestier, et autres melodieux tons. Et par my la ville veissiez gens d'onnour, bien et richement habituez, qui crioient a haulte voix : Haa ! Bien viengnent les princes de victoire, par qui nous sommes resuscité du crueux servage des ennemis de Jhesucrist. (ARRAS, c.1392-1393, 117). Comsiderés l'estat d'armes et des poursieutes a gens de bien et d'onnour, se il estoient aise. (FROISS., Chron. D., p.1400, 133). Ceste journée (...) fut trop felle et trop dure (...) car petit s'en sauverent de gens d'onneur, qu'ilz ne furent pris ou mort. Le duc de Braibant fut là pris, et messire Robers de Namur, messire Loys de Namur, son frere, et messire Guillaume de Namur, filz au conte de Namur, et tant d'aultres que leurs ennemis estoient tous ensonniez d'entendre à eulx. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 165). ...puis que monseigneur et tant de gens de bien le payent [l'impôt], je n' en doy pas estre quicte (C.N.N., c.1456-1467, 221). ...estoit madame l'abbesse fort empeschée de festoyer les gens de bien qui estoient venuz a la feste faire honneur a sa niepce. (C.N.N., c.1456-1467, 306). Et fut raconduit du long de la ville de Versay jusques au dehors des portes du dict Versay, auquel lieu furent ordonnez gens de bien et d'honneur pour avoir la charge de conduire et faire mener le dict corps en France. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 313). ...et estoit bruit par gens de bien que, quant il n'en povoit faire sa volunté, il faisoit mettre leurs peres, meres et maris en prison. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 196).

 

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Gens de cour. "Courtisans" : Et en oultre les roix et les princes se puent mieulx passer de gens de court que de ceulx de la guerre. (BUEIL, I, 1461-1466, 55). A le vous dire brief et court, Parleray je de gens de court Ou praticiens en court laye ? Assez bien contrefont le sourt Qui ne leur aporte monnoye. (S. fol, c.1480-1490, 7).

 

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Gens de (haute) façon. "Gens de qualité" : ...et là vinrent toucher plusieurs haulx et nobles seigneurs, princes, chevaliers et escuiers, gens de haute façon (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 463). En icelle rencontre et ou nombre des mors y furent trouvez de gens de façon et bonnes maisons, c'est assavoir : messire Pierre de Breszé, chevalier, seneschal de Normandie ; Geoffroy de Saint-Belin, dit La Hire, bailli de Chaumont ; Floquet, bailly d'Evreux, et plusieurs autres chevaliers et escuiers de nom de la compaignie du roy. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 67).

 

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[Avec une idée à la fois sociale et morale] Gens de neant : ...jamais autre ne seras ne ne mectras en toy amendement puis que tu as esté nourri entre gens de neant et qui ne scevent nul bien (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 114).

 

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Gens d'estat. "Personnes titulaires d'une charge, d'un office qui leur assure une condition sociale relativement élevée" : ...eue consideracion à la diminucion du peuple et genz d'estat de notre dicte ville (Hist. dr. munic. E., t.2, 1372, 616). Et lors lui fist delivrer jusques a IIIJm prisonniers, tous de gens d'estat. Et le roy l'encline et l'en mercie. (ARRAS, c.1392-1393, 168). A ce disner furent seigneurs, dames et damoiselles, chevaliers et gens d'estat, que de tres longtemps un tel disner n'avoit esté fait. (LA SALE, J.S., 1456, 170).

 

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Gens d'honneur. "Personnes constituant la suite honorifique d'un grand personnage" : Messires Jehans de Hainnau se traist en une cambre ou la roine d'Engleterre estoit, li contes de Qent, messires Rogiers de Mortemer et toutes les gens d'onnour, qui issu estoient d'Engleterre avoecques la ditte roine (FROISS., Chron. D., p.1400, 60).

 

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Gens de peuple et de bas estat : ...mais, a bien enquerir, il sera trouvé que gens de peuple et de bas estat, qui se mettent sus soubz le nom d'armes, sont coulpables de ces horribles excez, et naist d'entre ceulx du peuple le mal qui sur le peuple redonde, par quoy toute la charge n'en doit pas estre sur les nobles hommes, qui mieulx amassent vivre sur le leur, en leurs maisons, comme seigneurs, que estre hebergez a regret et comme hostes en autruy dangier. (CHART., Q. inv., 1422, 33).

 

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Gens de commun. "Gens du peuple" : Et lors montent a cheval a moult belle compaignie, et vindrent en la cité ou dames et damoiselles, chevaliers et escuiers, bourgois et gens de commun les regardoient a merveille. (ARRAS, c.1392-1393, 187). Se sont gens qui sont sans pouoir, Gens de commun, gens populaire, Qui ne font que crier et braire (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 991).

 

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Gens de prix. "Personnes de valeur" : Vous estes tou(te)[s] gens de hault pris, Et a qui la besoigne touche En tous voz faiz et en voz diz N'y eult onques james reproche (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 125). Nobles barons et gens de pris, Pensez trestous de vous armer (Myst. st Laur. S.W., 1499, 148).

 

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Gens de valeur : Habillez vous en tel maniere Que nous puissions avoir honneur. Faictes comme gens de valeur, Et puis yron vers nostre sire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 146).

 

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Gens populaires : Se sont gens qui sont sans pouoir, Gens de commun, gens populaire, Qui ne font que crier et braire (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 991).

 

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Gens de tous estats : On se pourroit esmerveillier (...) des presens que roys, ducs, contes, dames et gens de tous estas y faisoient. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 184).

 

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Grandes gens. "Personnes éminentes ; savants" : ...et que les livres qui sont d'icelle science sont sans supersticion, jaçoit ce que plusieurs grans gens et de diverses regions y ayent peu vaquer, dont je n'ay pas peu avoir les livres ne les noms (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 8 v°).

 

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[Avec une idée de simplicité] Les bonnes gens. "Les habitants, la population, le menu peuple" : ...il me fault truander Et aux bonnes gens demander ça et la tant que vestuz soie D'aucun gros garnement (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 256). Mahyet se leva, et hastivement s'en ala audit fort, pour icellui et les biens des bonnes gens qui y estoient (...) garder et défendre. (Ch. VI, D., t.2, 1382, 89). ...yceulx Cousin et Raoulet (...) et, en leur compaignie, Jehannin d'Estain, dessus nommé, au-devant de l'uys et chappelle Estienne Haudry, prindrent une relique d'argent que l'en avoit mis à l'uys d'icelle chappelle, pour demander pour Dieu, et afin que les bonnes gens feissent leurs aumosnes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 92). ...il est vray que quant ledit bastart ala à Saint-Quentin, il y aresta, et enquist fort de l'estat des bourgois et des bonnes gens, et en cougnut tantost une partie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 389). ...la marceandise de la draperie fu toute refroidie et perdue en Flandres un grant temps, et ne trouvoient les bonnes gens a quoi gaegnier, car nulles lainnes ne lor venoit d'Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 271). Les bonnes gens n'estoient encores de riens en doubte, et ne quidoient point comparer les chevauchies que lors sires, messires Jehans de Hainnau, avoit fait en France, en servant le roi d'Engleterre ; mes si fissent. [Ils sont victimes de pillages et d'incendies] (FROISS., Chron. D., p.1400, 346). Si cloirent les bonnes gens lors portes, et monterent as desfenses. (FROISS., Chron. D., p.1400, 346). Dont se resvillierent li chevaliers et li saudoiier qui dedens le chastiel estoient, et coururent as armes et as garites d'autour dou chastiel, et requellierent les bonnes gens qui fuioient dedens le chastiel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 559). ...des emprunts et appointement de finance qu'il fist lors faire avec Phelippe Raponde, Marc Guideçon, Berthelemi Betin et les marchans des nacions de Gennes, de Catheloingne et autres, ensemble avec les bonnes gens de la loy de sadicte ville de Bruges (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 580). ...l'ayde qui lors prouchainement seroit acordee à mondit seigneur par les bonnes gens, manans et habitans de son commun pays de Flandres (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 237). Si monseigneur fut bien esbahy de prinsault, quand il sceut premier ces nouvelles, aussi furent toutes ces bonnes gens qui la estoient. [Les habitants de la ville viennent de découvrir l'ignominie des Cordeliers, jusque-là très estimés] (C.N.N., c.1456-1467, 222). Item, fera ledit prevost crier par tous les lieux où la criée pourra proffiter, que les bonnes gens des marches où lesditez compaignies seront logées portent toutes manieres de vivres esditz villages où les gens d'armes seront logés, pour iceulx leur livrer et vendre au pris et taux faict par ledit prevost. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 342).

 

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Prov. Qui a à faire à bonnes gens il se repose : Et pour ce, faictes par vos gens prendre des serviteurs et aides paisibles et debonnaires et leur donnez plus, car c'est tout repos et paix que de avoir a faire a bonnes gens. Et pour ce est il dit que : Qui a a faire a bonnes gens il se repose (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 126).

 

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En apostrophe : Qant chil chevalier entendirent ces paroles : "Retournés, bonnes gens, nous irons veoir que c'est..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 430). Si conmencierent a criier a euls et a dire : "Bonnes gens, arestés ! Parlés a nous ! Que vous fault ? Quel cose vous est avenue ? Pourquoi vous desroiiés vous ensi ?..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 448).

 

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P. iron. : Or sont maintenant ensemble ces deux bonnes gens, le chaperon fourré et sa dame la cordoanniere. (C.N.N., c.1456-1467, 415).

 

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[Traduit la sympathie teintée d'un peu d'ironie de l'auteur pour ses personnages] : A la foiz que noz bonnes gens eurent ceste devocion, ung laboureur avoit perdu son veau (C.N.N., c.1456-1467, 88). ...sans plus dire tire l'huys et s'en va. Et bonnes gens de raccorder leurs musettes, et de parfaire la note encommencée. [Un mari surprend sa femme en galante posture] (C.N.N., c.1456-1467, 433).

 

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Les communes gens. "Le peuple, les personnes de condition modeste" : Or se plaint le peuple de nous, or crient et murmurent les communes gens contre la seigneurie pour l'argent qui sur eulx est aucunesfois levé pour la defense du pays. (CHART., Q. inv., 1422, 32). Et les gens du païs l'appellent [une certaine plante] pollibastro ; et en mettent les communes gens de la contree en leurs viandes et es coffres de leurs linges (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 73).

 

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Les gens du commun : ...ce chargier ne presser les gens du commun de Flandres d'eulx armer pour sa guerre (Ch. VI, D., t.1, 1403, 250).

 

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Les simples gens. "Les petites gens" : Assez y vi je de tel gent, Mais, en fait d'excecucions, Dieu scet les grans ambicions Et dalmages, qu'on y faisoit, Trop plus qu'au cas il ne loisoit, Pour les devoreurs dissipens, Et tout pour accroistre despens Dessus les gens menus ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 58). Neantmoins je scay bien que c'est grande consolacion d'oïr parler de Dieu et des choses divines, et n'est pas temps perdu, jassoit ce que on ne entent pas tout, comme les simples gens oÿent a proffit le service de l'eglise en latin combien que ne l'entendent mie. (GERS., Trin., 1402, 155). ...pense de ordonner ce lieu et de rassambler les simples gens d'icy entour qui maintenant sont espars par ceste forest (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 721). ..il y a des gens de telle nature qui ne veullent que nuyre et injurier les innocens et simples gens. (MACHO, Esope R., c.1480, 146). ...la pluspart des hommes de au jour d'huy est plaine de deceptions, de traÿsons, de flateries et de tromperies et qui par beau parler dechoivent les simples gens. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 246).

 

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Menu(e)s gens. "Ensemble de ceux qui pratiquent le labourage et les métiers manuels, les menus offices administratifs, les petits commerçants..." : ...ilz avoient le cours du ventre dont ilz mourroient sans remede, et autant bien barons, chevaliers et escuiers que menuz gens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98). Ainsi verriés ces menus gens, D'aler boire tres diligens, Et plus sont povres et plus quierent Le bon vin, comment qu'ilz l'aquierent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 75). Si arrivent la, a grans routes, Atout leurs cotelles desroutes, Et si n'ont maille, ne denier, Pain, ne vin, ne blé en guernier, N'a eulx hebargier propre lieu, Bon mestier ont des hostelz-Dieu, Qui furent fais, maugré Meseür, Des bons riches, par bon eür, Pour hebargier les menues gens Povres et nuds et indigens (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 99). Les seigneurs ont leurs tresoriers Celle part et leur officiers: Receveux et contreroleurs, Leur generaulx, leur saëleurs, Qui livrent, prennent et reçoivent Ce que les menus gens leur doivent. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 142).

 

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"Le peuple" ; avec une nuance péj. "la plèbe" : ...il prenostica l'elevacion du menu peuple de Guienne, d'Auvergne et de Limosin et pays circumvoysins, qui fut veriffié, car iceulx menuz gens et vers de terre susserent tout le noble sang de France et furent tuez plusieurs gentilz hommes en leurs litz et firent moult de inhumanités (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 r°).

 

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Gens de bas lieu : Le tiers notable (...) est le dangier qui peult advenir et survenir par eslever et soustenir gens de bas lieu (...) en trop hault estat. (MILET, Épître épilogative, éd. M.-R. Jung, 1452. In : Trav. Ling. Litt. 16-1, 1978, 256).

 

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Petites gens : Petites gens prant a ses las, Qui emblent par force de rage Un pain, un pot ou un frommage, Ou vivres pour la faim qu'ilz ont, Et puis tantost pandre les vont. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 150).

 

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Prov. À menues gens menue monnaie : Item, ne sçay qu'a l'Ostel Dieu Donner n'a povres hospitaulx. Bourdes n'ont icy temps ne lieu, Car povres gens ont assez maulx. Chacun leur envoye leurs oz : Les Mendïans ont eu mon oye ; Au fort, ilz en auront les oz ; A menues gens menue monnoye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 127).

 

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Nobles gens : L'ystoire certiffie que, quant la dame eut jeu son terme et qu'elle fu relevee, la feste y fu moult grant, et y ot grant foison de nobles gens, et departy la feste moult honnourablement. (ARRAS, c.1392-1393, 78). Pour le corporel sauvement Des nobles gens principalment, Et pour tous autres à venir (LA HAYE, P. peste, 1426, 13).

 

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Notables gens. "Personnes de marque" : ...car vous avés aujourdhuy quatre mil hommes d'armes et plus de vingt mil combatans, sans ce que avez derriere vostre doz, qui est souffisant pour combatre tous les princes du monde pour ung jour. Et, s'il vous plaist, sire, ferez getter l'oppinion par escript dudit seigneur de Bueil et autres notables gens qui sont icy presens et assemblés et la forme et maniere comment il entendoit faire ledit combat. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 273).

 

3.

"Groupe ethnique ou religieux"

 

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Gens païens. "Ceux qui ont foi en une religion païenne" : Trois manieres de gens multiplient la divinité en controuvant pluseurs dieux. Les mauvais par ydolatrie, desquelz parle le Psalmiste disant : "Les dieux des gens payens ne sont que deableries." (Somme abr., c.1477-1481, 105).

 

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Empl. abs. "Les paiens" : ...si ouyt les crestiens chanter ung vers du psaultier qui dit : "Tous les dieux des gens sont diables, certes, Nostre Seigneur fist les cieulx" (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 866).

 

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En partic. Les gens de Jesus/les gens de l'alliance de Jesus. "Les apôtres, les disciples, l'entourage de Jésus" : Or cognoiz je tous mes habus, Et de mon corps l'oultrecuidance. Je me truffoye de Jhesus Et des gens de sa allïance. (Pass. Auv., 1477, 249). Mes seigneurs, il fault adviser Sur la garde du corps Jhesus, Pour nous garder d'estre confus. J'ay peur que ses disciples et gens Pour covrir leur malices grans L'emportent pour faire entendent Au peuple son succistement (Pass. Auv., 1477, 271).

 

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(Les) gens de + nom de lieu : Et s'estoient gens de vilages, Norris de lais et de frommages, De chos, de feves, de naviaus (MACH., D. Lyon, 1342, 213). "Entre vous, gens de nostre royaulme, vostres requestes sont grandes et longues ; si ne le puet-on pas si tost expedier..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 29). En leurs compaignies avoit grant foison de Bretons (...) et des gens des basses marches. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 129). ...alés veoir que ces gens de Calais voellent dire (FROISS., Chron. D., p.1400, 835).

 

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Gens de ville. "Citadins" : Et s'en tournerent le cappitaine, le Jouvencel et leurs compaignons à grant joye à Crathor, où ilz furent moult grandement repceuz du Mareschal, de Piètres, de Foulliers et de tous ceulx de la ville, tant gens de guerre que gens de ville. (BUEIL, I, 1461-1466, 140).

 

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Les gens du pays. "Les habitants du lieu, les autochtones" : ...il (...) entendirent par les gens dou pais qui estoient tout esfraé, que li François couroient (FROISS., Chron. D., p.1400, 540). Aucuns dient que cestui cardinal prenostica la douloureuse defaicte des pasteurs qui disoient aller en Syrie pour la religion chrestiane, lesquelz à grant nombre quant ilz furent à Carcasonne, par les gens du païs furent deffaiz pour les larrecins qu'ilz faisoient et plusieurs strangullés. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 133 r°).

REM. V. aussi gent, subst. fém. coll. dont gens est le plur. Sur le genre du subst. gens voir U. Jokinen, in : Approches du moyen français, U. Jokinen et P. Sihvonen-Hautecoeur éd. Studia Philologica Jyväskyläensia 22, 1988, 114-140. Dans la majorité des cas où le genre est explicite, l'accord se fait au fém. à gauche et au masc. à droite.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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