Empl. trans.

A. -

"Polir par le frottement (un objet métallique, en partic. une arme)" : ...pour faire fourbir II paire de plates, un heaume à jouster de fer de glaive et une espée de parement pour Monseigneur (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 391). Si commencièrent à fourbir leurs bachinès, à roler leurs cotes de fier et à esclarchir leurs espees ou armeures teles qu'il les avoient. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 78). Et bien leur dist Bertran qu'acés prochainement Leur fera deservir les soudaies c'on prent, Bacinés esclercir, bien bonnir gentement, Et espees fourbir dont li aciers resplent (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 376). Tout est ja prest em bonne foy, Les chevaulx et tous les habis, Et sy sont les harnois frebis Plus clerc que fin or d'Arabie (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 18).

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Part. passé en empl. adj. "Poli, luisant" : ...pour l'entree Qu'estoit mont forment gardee. Cherubin portier en estoit Qui un fourbi glaive tenoit, Bien esmoulu a deux taillans, Tout versatille et bien tournans. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 3). ...quatre paire de platez fourbiez, couvertes de drap de soie doré, huit platez couvertes de bourde, douze bachinez garnis, 1 garroc et une casse de carreaux a garroc (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1336, 11). As fenestres avoit mainte ensengne jolie, Hëaumes et pennons, mainte lance fourbie (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 252). A lances, à escus et as bons brans forbis, (...) Viers Nicques va li ost des félons Arrabis. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 91). La tierce dame estoit vestue d'une cote vermeille bien estroicte, d'un fin velviau cramoisis, et ceinte d'une riche ceinture d'or ouvree par dessus, qui portoit sa teste moult bien peignye, et par dessus ung ciercle d'acier bien fourby. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 199). Avoeucq lui furrent IIII qui furrent bien garny, Pour entrer em bataille pres et amanevy. Et attendent les freres qui estoiënt joly, Qui n'estoiënt armés fors que du branc fourbi. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 6). Du costé devers midi vint Chevalerie o plus de vint Mille, je croy, de bacinés A harnois fourbis, biaux et nes. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 120). Il fu vos conpains d'armes, ne l'aiés mis en oubli ; Mais li aidiés à vengier au riche branc fourbi (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 396).

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Mettre à l'espee fourbie. V. espee "Massacrer par l'épée"

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[Cont. grivois] Fourbir (le harnois d'une femme) : ...ce derrain [cas] ne pardonnoit elle point voluntiers sans savoir les raisons qui avoient meu et induict son mary a non fourbir son harnois, quand mesmes il savoit bien que c'estoit le plaisir d'elle (C.N.N., c.1456-1467, 516). [Dans l'énumération des devoirs d'une épouse] JAQUINOT. Baiser, acoller et fourbir (Cuv. T., c.1475-1500, 66).

B. -

P. ext.

1.

Fourbir qqc.

a)

"Frotter, nettoyer (un objet quelconque) de façon à le rendre brillant" : ...je t'ay mainteffoiz deschaucié et fourby tes soulliers du temps que tu fuz escuier et tu me faisoiez tenir tellement comme se j'eusse esté ton paillart (Chron. Rich. II, W., c.1400-1420, 98).

b)

"Nettoyer qqc., prendre soin de qqc." : ...bien y a maniere pour voir, (...) Que ceste chose cy soit bien batue et fourbie (Galien D.B., c.1400-1500, 30).

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 12758 (Rien ne lesse que ne corrige Et que n'escure et ne fourbisse).

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"Nettoyer (une plaie)" : Il se reposèrent longement (...) et restraindirent leurs armeures qui desroutes estoient, et fourbirent leurs plaies. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 113).

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"Essuyer (ses moustaches)" : La gueule ensanglantee en ai Ausi com li leus qui ou tai A estranglees les brebis Et en a ses guernons fourbis. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 265).

c)

Fourbir les dents. "Manger" : Vous aurez tuit bouche a court, Maiz l'en vous fait d'avoir gaiges le sourt, Et si n'arez rien pour fourbir vos dens Fors bouche a court, senz riens mettre dedens. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 12).

2.

Au fig. [D'une pers.] Se fourbir. "Se nettoyer" : Bien se doit avant nestoier, Fourbir, laver et essuyer De toute ordure de pechié. S'il actent qu'il soit aprouchié Le jour de Pasques, trop envis Trouvera jams touz ses nils Ou les pechiéz se sont couvéz. (Liber Fort. G., 1346, 199).

C. -

P. anal. Fourbir qqn. "Frapper qqn, le rouer de coups, le corriger" : Le ribaut a esté furbis Si bien que de dormir n'a garde. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 197). ...Je vous fourbiray tellement Que vous n'eustes jamais tourment Qui a cestuy ressemblast. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 560). La char bieu, vous serés fourby Tout vostre soul, frappe Thomasse. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 35). Quant a moy, par especïal, Je m'en retourne bien envis, Car je m'actens d'estre forbis D'une potence renforcee. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1036). Et quant dedens se virent tout par eulx, Ilz entreprindrent de tresbien maculer, Me bien fourbir et me bien baculer, Me desmolir et destruyre du tout (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 121).

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[Cont. grivois] : ...il avoit vestu une robe a fin de plus aiseemant forbir cuisserotz et jambierez, il voyant cestui cas et doulant dist a la dame... (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 779). "Dont viens tu, meschant, dont viens tu ?" Doit elle dire a son mary, "Par Dieu, tu en seras batu Avant que tu partes d'icy !" Ceste loy cy est ordonnee De nouveau sur povres coquz, Et aux femmes abandonnee Qui font souvent fourbir leurs culz. Ilz sont des povres trepeluz [var. turpelus, trupelus] Qui souvent sont mis en ce point (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 375). BEAUCOP VEOIR. Par trois dimenches Je m'y fourray a l'estourdy, Je m'en alloye riant aux anges, Quant j'avoye bien esté fourby. (B. veoir, p.1480, 20). Armez vous tous de voz habitz, Car si vous estes negligens, Il y en aura de fourbis. (Bataille st Pens. A., a.1485, 26).

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Au fig. "Corriger, dresser qqn (son coeur, son attitude...)" : Pour ce, mon cueur fourbir feray Tout enroillié de Nonchaloir ! (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 120). Aprés ceste dame et maistresse de religion Obeyssance vient sa prieuse nommee Correction qui tout corrige et reprent. Quan que de transgression elle treuve, elle fourbit et escure des verges que elle tient en sa main. Et affin qu'elle ne excede en ses corrections, elle porte une targe qui est ditte Prudence. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 160). Ha ! C'est le dit de vallant feme Qui bien sayt son mary blanchyir ! Dieu, qu'elle le sayt bien fourbir ! (Janot sac G.-Z. R., c.1450-1500, 61).

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P. iron. : Ce nous seroit à tous grand vergongne, si un escuyer de Hainaut, venant de l'hostel du duc de Bourgongne, emportoit l'honneur et le bruit devant tous ceux de la cour du roy ; trop nous seroit tourné à reproche, s'il n'estoit bien reçu et bien fourbi (Faits Lalaing K., c.1470, 47).

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Fourbir la peau à qqn : Vostre grant orgueil abatrons, Soyez en seurs com de la mort. Et bien les peaulx vous fourbirons (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 31).