I. -

Yeux foloyants. "Regard égaré, hagard" : ...et tantost, aussi conme .i. souflement de vent qui vient soudainnement, sa fille vint ; et fu jaune et maigre et descoulouree et de laide estature, et ot les yeux folians conme hors du sens que ele sembloit (VIGNAY, Oisiv. emp. G., a.1330, 285).

II. -

Empl. intrans.

A. -

"Se conduire de façon irréfléchie, insensée" : ...Trop joye fait l'homs foloyer Ne se scet garder , n'avoyer ; En grant joye a moins sceureté Que il n'a en grant povreté. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 112). En la chappelle (...) De la vierge (...) M'en vois de cuer humelié Agenoiller, car folié Ay assez (Mir. parr., 1356, 30). Pour ce je te pri, chiers amis, Qu'a ce tes cuers soit adès mis Que tu mainteingnes honnesté - Je le t'ay ja amonnesté - Et que tu vueilles remirer Tes gens, et toy en eaus mirer, Car vraiement, pas ne foloie Cils qui par autrui se chastoie, Ne ja n'aras si bon chastoy Com celui que tu prens de toy. (MACH., C. ami, 1357, 132). D'un rude couart mal apris Fais un sage et venir a pris, Et si le fais cointe et appert - Chascuns le voit tout en apert. Et le sage fais foloier Et le plus riche humelier... (MACH., F. am., c.1361, 207). "Sire, li François folient et abusent trop grandement, qui, en bonnes trieuves jurees et donnees, marceandent de vous trahir, et voellent avoir la ville et le chastiel qui tant vous ont cousté..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 863). O fortune, ay je hurté contre toy ? Ay je follyé contre la magnificence des dieux ? (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 134).

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[D'un comportement] Foloyant. "Irréfléchi, insensé" : Legiers esperitz vollés, vollés, Ostés vous de melencolie. Pour present foller en follie Par les foloians folemens. (Vig. Trib., c.1480, 223).

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Tant foloye on qu'on se ravise : Tant foli-on qu'on se ravise (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 14).

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"Faire le fou" : Je suis a foloyer transsi... (Vig. Trib., c.1480, 224). Force est que [vous] deportés, Et qu'un petit vous supportés Vos sotz, quë avés assoctés A foloyer de tous costés. (Vig. Trib., c.1480, 227). Puis, quant on a bien follié, (Je coppie beurre rire se dit on) (Copp. lard., a.1488, 157). Puis que le temps n'est pas chier Vous ne devés pas follier (Sots Magn., a.1488, 206).

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Inf. subst. : ...Car la victoire et l'aventure Gist en Dieu et en bon arroy Et en grant avis qui n'a cure De folier ne de desroy ; Car quant .J. fais entrepris Est sagement et de tres bon avis, Comment ose homs la bataille debatre, S'il a pooir de leur orgueil abatre ? (MACH., L. dames, 1377, 230).

B. -

"S'égarer, se tromper" : A consequent n'est a retraire N'a dire que humain tuit leur soient. Et s'il le dient, il fouloient (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 64). LE ROY. (...) De prendre ceste jeune femme, Ou j'ay si ma melencolie, Vous semble il point que je folie, Ou que bien face ? (Mir. ste Bauth., c.1376, 90). Pour Dieu vous pri que de moy vous souveingne, Douce dame, car adès me souvient De vo fine beauté, que qu'il aveingne, A cui nulle biauté ne s'apartient ; Et moult souvent en m'ardour, Par pensée, sens vo fine douçour. Mais quant je voi que mes pensers foloie, C'est ma doulour et la fin de ma joie. (MACH., L. dames, 1377, 48). ...est dit que lez songes ont fait plusieurs errer et folaïer, toutevoies je ne crois pas que, generaulment, en toutes manieres, lez songes soient ne doient estre reprouvés (Songe verg. S., t.1, 1378, 3). Sire sachiez que bien affiert A vous et a la compaignie, Mais s'aucunement je follie Je prie quil me soit pardonné. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 84).

III. -

Empl. trans. Foloyer (qqn). "Rendre (qqn) fou, égarer qqn" : Estudie en fait qui te vaille, Qui a ton besoing ne te faille. Pechié folie, au besoin fault ; Pour ce l'estudïer n'y vault, Ne nulz n'y doit estudïer Tant qu'il viengne a glorifïer. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 61). Quant amour un homme follye, Y pert sçavoir et contenance. (Gent. moun. T., c.1500, 393).