C.N.R.S.
 
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     ÉTREINDRE     
FEW XII stringere
ESTREINDRE, verbe
[T-L : estreindre ; GD : estreindre ; GDC : estreindre ; AND : estreindre ; DÉCT : estreindre ; FEW XII, 304b : stringere ; TLF : VIII, 295b : étreindre]

A. -

Au propre

 

1.

"Serrer qqn dans ses bras" : Et la dame (...) est allee apoier sur ly en le regardant si amoureusement que il print ardement en soy et l'estraint si que ilz cheurent tous deux sur le lit (Chev. papegau H., c.1400-1500, 29). Atant il print la pucelle et l'estraint auprès de lui et puis la commença a amoureusement baisier (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 718).

 

2.

Serrer fortement, comprimer, contraindre"

 

a)

[Dans la main, par la main] : En leurs mains les lances estraindent. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 211). Mais pour le dommage que je voy qu'il fait de mes gens, je n'ay cause de le deporter [le sultan]. Et aussi nous ne sommes mie en place de tenir longues paroles. Lors estraint l'espee ou poing moult fierement, et hurte le cheval des esperons, et vint vers le soudant grant aleure. (ARRAS, c.1392-1393, 112). Lors ennuya moult a Regnault, Des esperons fiert le destrier, Du poing estraint le branc d'acier, De Traquo va ferir le roy Par tel force et par tel desray Que jusqu'aux dens le pourfendi. Roidement le coup descendy ; Regnault l'abat, le roy chiet mort, Dont ses gens eurent desconfort. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 192).

 

-

"Serrer (la main/le doigt de qqn)" : L'autre le doi li estraingnoit ; L'autre li marchoit sus le pié... (MACH., D. Lyon, 1342, 218). L'un lui presente beaux moz plaisans et gracieux, l'autre lui marche dessus le pié ou lui estraint la main, l'autre la regarde d'un regart trenchant et piteux de cousté (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 16). Et en ce disant damp Abbés la vous prent par dessoubz le bras, et en estraignant la main la maine en la sale basse (LA SALE, J.S., 1456, 252).

 

.

Empl. pronom. "Se serrer" : Là eust-on vu coeurs souspirer et gémir (...), yeux fondre larmes, mains tordre et estraindre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 377).

 

-

"Lier, attacher en serrant ( les mains de qqn)" : ...je voy mon pére et ma mére Que pour la mort de mon mari (...) Justice veult si mal contraindre Que lier leur fait et estraindre Devant les mains. (Mir. femme, 1368, 202).

 

-

"Serrer qqn (à la gorge) en cherchant à l'étrangler" : ...par la gorge l'avons Si estraint que de voir savons Que tout mort gist. (Mir. femme, 1368, 190). Quant li roys se senti bleciez, Tous nus est de son lit dreciez Et par la gorge le hapa à IJ. poins et si l'atrapa Que dessous li le mist à terre, Et si fort li estreint et serre Que pour po qu'il ne l'estrangla. (MACH., P. Alex., p.1369, 269).

 

-

"Comprimer (une plaie)" : Lors ses plaies lui a estraint De bon coeur, et point ne s'en faint (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 136).

 

-

"Presser, serrer qqc. (pour essorrer)" : Et apres renversez et les lavez, puis mectez essuer sur une touaille et les pousser et estraindre pour seschier. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 192). ...puis les lavés [les épices] en .III. ou en .IIII. eaues bien et appoint, et prennés et extraingniés entre voz mains et esgouctés (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 161).

 

-

"Serrer (la gorge) de qqn" : Neron, encor pis te feron. A Lucifer te porteron, Qui te estraindra le gavïon Sans fin et sans redempcïon. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 157).

 

-

P. anal. [D'un animal] "Serrer, presser (ici, avec les griffes)" : ...car lors il estraint fort et tant que sang en fait saillir. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 158). ...car quant il sentent parmy le gant que l'esprevier estraint fort, ilz jugent qu'il est fort, si non, non. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 158).

 

-

[Avec une idée d'avidité ; au propre et au fig.] Estreindre qqc. "Saisir qqc. (des biens, des avantages...) avec avidité" : Donc luy, qui avoit l'oeil à tout (et tout luy sembloit possible pour l'estreindre et pour en faire son preu) tant acquit d'avoir que le trop (cent fois plus qu'à luy ne duisoit), pouvoit estre à un grand homme reichesse (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 236). ...il [le chancelier de Bourgogne] estoit vindicatif oultre mesure et sans espargne. Par sa convoitise, il ravissoit tout (...). Se riens d'acquest ou pratique pooit cheoir ou pays, il convenoit que tout tournast a ly. Tout embrassoit, tout estraignoit. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 110).

 

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Prov. Qui trop embrasse mal estreint : "Monsigneur, vous avés oy dire et recorder par pluiseurs fois : Qui trop embrace, mal estraint." (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 201). Mais d'embrasser tant de matieres, En ung coup, tout n'est pas empraint : Qui trop embrasse mal estraint. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 243). Rebellion souvent humilie on, L'anguillon pesant boeuf constraint : Qui trop embrasse mal estraint. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 60).

 

.

[Rappel du prov.] : ...j'embrasse ce [j'entreprends un projet] que pourray mal estreindre (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 91). Mais la multitude de son embrassier luy fit peu estraindre en la multiformité de son hastivement conclure (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 197). Et a chief de piece Desir, qui souvent embrasse plus qu'il ne peut estraindre, bouta et enflamba le Cueur par ses parolles en lui disant ainsi (...) (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 197).

 

b)

[Dans un vêtement, par un vêtement] : Drapeaulx entour elles estraindent A faire apparoir leurs beaulx rains. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 215).

 

-

Part. passé Estreint.

 

.

[D'un vêtement] "Serré" : Et afin qu'elle semble droicte, Lui fault faire sa robe estroicte Par les flans et soit bien estraincte, Afin qu'elle semble plus joincte (DESCH., M.M., c.1385-1403, 49). ...Avoir robes de guise mainte, L'une en bas coulant, l'autre estrainte, L'une simple, l'autre a devise. (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 37).

 

.

[D'une pers.] "Serré dans ses vêtements" : Si apertient doncques a toute femme qui veult garder bonne renommee que elle soit honneste et sans desguiseure en son abit et abillement, non trop estraincte ne trop grans coléz, ne autres façons malhonnestes, - ne trop grant trouverresse de choses nouvelles, par especial cousteuses et non honnestes. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 179).

 

-

Loc. Savoir où le pourpoint estreint qqn. "Savoir ce qui fait mal, savoir où le bât blesse" : Desespoir de pis me menasse, Je sens ou mon pourpoint m'estraint (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 297).

 

c)

[Par les dents]

 

-

Estreindre les dents. "Serrer les dents, grincer des dents" : A chascun mot que (je) lisoie, Estraindre les dens li veoie. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 163). ...Par eulx perdi discrétion, Sens, mémoire et entention. Les dens commençay à estraindre Et la couleur pâlir et taindre (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 7). Adont prinst les yelx a errouiller et les dens a estraindre ensemble, et fist telle marrison qu'il sembloit qu'il feust enragiez. (Bérinus, I, c.1350-1370, 405). ...Sans fin pleureront [les damnés], Leur vie regreteront, Les dens estraindront, (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 158). DEMONYACLE. Je regny Mahon se n'yrons Voire, dea, et si leur dirons : Pouff, pouff, dedens, dedens, dedens ! (Il se demayne fort.) PREMIER. A payne tenir le pourrons, Regardez ! SECOND. Il estrainct les dens Si tresfort que c'est grant merveille. (LA VIGNE, S.M., 1496, 458).

 

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[D'un animal] Estreindre les dents contre qqn. "Se montrer menaçant en faisant apparaître ses dents" : ...les Juifz se demoustreroient a Jhesu Crist, non pas comme homme, ains comme bestes estraignans leurs dents contre lui. (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 142).

 

.

Les dents estreignent à qqn : Les yeux luy commencèrent à tourner, les lèvres à noircir, les dents à estreindre, les bras et jambes à tirer à la mort (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 49).

 

d)

[Par une chose ; d'une chose]

 

-

"Serrer fortement, comprimer qqc." : Les cateillons sont couvers de petis linges et deliés, et de une chainture precieuse la poitrine est estrinte, les cheveux sont espars sur le front ou sur les oreilles. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 373). ...deux courroies de cuir de vache, garnies de grosses blouques de fer, pour estraindre et lier l'une des grans males dudit seigneur. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 183).

 

.

"Resserrer qqc. (jusqu'à le fermer)" : Item, aucuns qui se efforcent de rendre cause de teles vertus dont une eschaufe et l'autre refroide dient contre eulz meismes, car il dient que l'element froit est froit pour ce que il est de grandes parties ou pieces, et pour ce il estraint les pores ou petis partuiz et ne peust entrer par tel pores. Mais l'element chaut entre et passe legierement par telz pores pour ce que il est de tres subtiles et de tres petites parties. (ORESME, C.M., c.1377, 654).

 

.

Estreint. "Resserré, pressé" : ...c'est pour les esperis qui sont estrains et par les porres qui sont cloz et par choses semblables (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 1).

 

-

[D'un organe] S'estreindre. "Se resserrer" : ...la marris se constraint et estraint (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 275). Touteffois il peult advenir en tout membre qui se peult dilater et estraindre, si comme la chapete du cueur (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 29).

 

-

[Dans une formule d'imprécation] "Serrer fortement, presser rudement (une partie du corps)" : AFFRICQUEE. Tenez vous la bouche, nyvelle : Dictes vous mot, villain poacre ? Le mal de monsieur saint Fiacre Vous puisse estraindre la bedaine, Et malle mort ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 35).

 

e)

Estreindre (une troupe). "Se resserrer autour (d'une troupe), encercler (une troupe)" : Et asambleroient as Flamens en poussant de leurs lances ossi tos li un comme li autre, et encloroient en estraindant ces Flamens, qui venoient ossi joint et ossi seret que nulle cose pooit estre. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 52).

B. -

Au fig.

 

1.

Estreindre qqc.

 

a)

"Étouffer, faire disparaître qqc. (une émotion, un état de choses...)" : ...je [ne] puis estaindre La grand douleur qu'amour pour vous m'envoye. (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 17). Car regars, pour moy detraire, En riant m'asseüroit Et merci me promettoit, Et samblans d'attraire Ma grant paour estraingnoit Et hardement me donnoit, Et bel accueil m'apelloit Pour mes maus retraire. (MACH., Motés, 1377, 507). Neron, Dyoclecien, Domicien et Maximien, qui tindrent la monarche du monde, s'efforcerent d'estraindre par force ou par occision le nom crestien, et par simplesse et humilité de foy il fut essaucé. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 32).

 

-

Empl. pronom. "Étouffer" : Tristece fait les esperilz estraindre et retraire, et desordenne et esjeue et desconforte nature. (ORESME, E.A.C., c.1370, 227).

 

-

"Réfréner qqc." : Pour Dieu, Sire, estreignez vostre ire. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 21).

 

b)

"Resserrer, restreindre qqc."

 

-

Empl. pronom. "Se resserrer, se restreindre" : ...en celle chartre [le corps] estroitte ou large L'esperit du ciel devalé, Ou il s'estraint ou il s'eslarge. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 166).

 

c)

"Conclure (un accord)" : Et par l'instruction dudict de Cluny luy estoit ordonné d'entrer en practique du mariage à la soeur du roi d'Angleterre, appellée Marguerite, et non d'estraindre le marché, mais seulement, congnoissant que le roy d'Angleterre l'avoit fort desiré, luy sembloit bien que pour le moins ne feroit riens contre luy et que, s'il en avoit affaire, qu'il le gaigneroit des siens. (COMM., I, 1489-1491, 44).

 

d)

Inf. subst. "En comptant au plus serré, au maximum (?)"

 

-

Loc. adv. À tout estreindre : ...car j'ay ouy dire qu'il leur doit encores venir des gens que ceulx qui y sont de present, qui montent de VII à VIII mille hommes, à tout estraindre. (BUEIL, I, 1461-1466, 170).

 

2.

Estreindre qqn/un aspect de la pers.

 

a)

"Lier (des personnes par un contrat)" : Le .XXXme. [chapitre traite] d'Amour et premier d'Amour d'amis : c'est assavoir, de gens qui ne sont estrains par mariage ne par affinité de sang (LA SALE, Sale D., 1451, 14).

 

-

Prov. Il ne fait pas bon estreindre estrange boiel au sien. "Il ne fait pas bon s'unir à qqn qui n'est pas de votre monde" : Beau nepveu, qui son cuer croit a toute heure, aucunement ne puet estre qu'il ne folie. Et pour ce ne croiés point vostre corage [qui est amoureux d'une autre personne que celle qu'on lui destine], mais croiez le roy (...), si ne folierés point : il ne fait pas bon estraindre estrange boiel au sien, car on se doit aller selon soy et a ce que l'en congnoit. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 70).

 

b)

"Serrer, tourmenter, accabler, affliger qqn/un aspect de la pers." : Amours, Amours, ce m'as tu fait Qui m'as fait faire le meffait Qui toute ma joie deffait ! Car bien puis dire Que si estraingnis [var. estrangis, estranguis] de ton trait Mon cuer, qu'on n'en eüst mot trait, S'avoir deüsse sans retrait Toute l'empire. (MACH., R. Fort., c.1341, 44). Car Bonne Amour en sa part tient Un cuer d'amant tant seulement Sans naturel commandement. Qui ne vuet, nuls n'i est contrains ; Mais on est d'Amours si estrains, Qu'obeïr y couvient par force ; S'est fols qui contre li s'efforce. (MACH., J. R. Nav., 1349, 211). Et se tu muers, tu aras tort, Et petit plaint Seront ti soupir et ti plaint, Fors de moy, quant Desirs m'estraint, Qui aus amans a fait mal maint Par son effort. (MACH., F. am., c.1361, 230). Pitié le cuer m'estraint et serre. (Mir. emper. Romme, 1369, 251). ...dame, quant je vous voy, Amoureux vouloir me contraint, Et Desir m'enlace et estraint Si que je pers maniére toute (Mir. emper. Romme, 1369, 263). Las ! ce m'estraint, Ce me destraint Et mon vis taint De divers taint... (MACH., Les lays, 1377, 305). ...Ains ont maint Grant joie, quant plus fort plour, Car tenrour Ne pité en euls ne maint De la rage qui m'estraint Pour ma dame que j'aour. (MACH., Les lays, 1377, 374). Amis, t'amour si m'ataint Que mon vis taint Et destaint Souvent de pluseurs coulours Et mon dolent cuer estraint ; Si le destraint Qu'il estaint, Quant en toy n'a son recours. (MACH., Bal., 1377, 541). Or lui convient il [au pauvre vieillard] mendïer, Car ad ce force le contrainct ; Regrectë huy sa mort et hier, Tristesse son cueur si estraint ! Se, souvent, n'estoit Dieu qu'il craint, Il feroit ung orrible fait, Et advient qu'en ce Dieu enffraint Et que lui mesme se deffait. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 51). ...et combien que son gracieulx maintieng seult estre asseuré et estable, mille fois fu il tourblé par une pensee qui luy estraindoit le cuer serreement et la faisoit soupirer, disant en son secret, sans faire sonner la langue... (Fille comte Pontieu B., c.1465-1468, 69). De pas en pas - je pers ma seur. Plus q'ung presseur Doleur l'estrainct. Pitié tout cuer - sarre et destrainct [l. destraint]. (Pass. Auv., 1477, 241).

 

-

"Créer du souci, du tracas à qqn, Angoisser qqn" : Cil signeur eurent grant conseil ensamble et lonch, car la cose les estraindoit, et si n'estoient point d'acord. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 140).

 

-

Part. passé en empl. adj.

 

.

[D'une pers., d'un aspect de la pers.] "Serré, touché (par une émotion esthétique)" : Mais en ce disant la liqueur Qui estoit par dedens mon cuer Me degouta par mi les yeus Dessus ma face en pluiseurs lieus ; Quar mes cuers estoit si estrains Et de sa biauté si constrains Que je plouroie tendrement. (MACH., Voir, 1364, 212).

 

.

Estreint (de qqc.) "Oppressé (par une émotion douloureuse)" : ...de s'enfuÿr fu contraint Pompee de dueil moult estraint (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 26). Si ne fault pas demander s'il en y eut en la compaignie qui eurent leurs cueurs estrains. (C.N.N., c.1456-1467, 376). ...et avoit le coeur durement estraint de douleur (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 40).

 

.

"Raide, inflexible" : Et s'il demeure en sa rigueur et estreinte roidesse, le duc, malgré luy et encontre sa bonne sainte délibération et diligence, demourera reculé et retardé, et peut-être frustré de tous points de sa contendance (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 460).

 

.

Estre estreint à qqc. "Être tenu, obligé à qqc." : ...fortune fait les ungs grans, Les autres servans a sa guise, Et par ou le seigneur devise Il fauldra le servant aller : Homme n'en oseroit parler. Puis qu'a servir il est estraint, Par force il y sera contraint. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 134).

 

3.

[Avec une idée d'urgence, de pression des événements]

 

a)

[D'une situation, d'un problème]

 

-

Estreindre à qqn. "Causer du souci à qqn" : Quant cil signeur de l'Empire furent assamblé (...) en le ville de Halle, il eurent grant parlement et lonch conseil, car li besongne leur estraindoit durement. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 142).

 

-

Estreindre au droit fort du point. "Parvenir au point critique, au moment des choix" : ...multitude d'autres nobles hommes, chevaliers et escuyers s'obligèrent ensemble, [doncques] maintenant quand le cas estraignoit au droit fort du point, désiroit à sçavoir de chacun distinctement, si en ensuivant moeurs et conditions de noble homme, voudroit poursiévir et mettre à effet son veu promis (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 441).

 

b)

Inf. subst. À l'estreindre

 

-

"À la dernière extrémité, au besoin" : ...[les mauvais conseillers à cause de qui le fils aîné du roi a quitté son père] avoient devers eux Charles le fils jouvenciau, par lequel à l'estraindre ils feroient résistance et mauvaiseté à l'autre. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 16).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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