C.N.R.S.
 
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FEW III esse
ESTRE, verbe
[T-L : estre1 ; GD : estre1 ; AND : estre3 ; DÉCT : estre1 ; FEW III, 246a : esse ; TLF : VIII, 277b : être1]

I. -

[Verbe d'existence (verbe qui pose une existence)]

A. -

[Idée d'existence en soi] "Exister"

 

-

[De Dieu, du paradis...] : Or vous ay dit et devisé, selon les vrayes Croniques et la vraye histoire, comment la noble forteresse de Lusegnen en Poictou fut fondee, et retrait la noble et puissant lignie qui en est descendue des nobles gens qui la fonderent, dont Dieu vueille avoir les ames recommandees en son saint paradis qui est es siecles des siecles. (ARRAS, c.1392-1393, 307). Sire, je vois tout ce disant Que saint Pere a cy recité, Et sy dy que l'auctorité Des Rommains n'est point necessaire Pour auctoriser ne pour faire Appreuvement que Jhesu Crist Soit Dieu, car il est et tout fist. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 143). Vous sçavez que quand il pecha, Il trespassa tout plainement De son Dieu le commandement, Qui est, sera et a esté En perdurable Trinité. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 2).

 

-

[De Dieu] "Exister de toute étenité" : Moÿses dit "Celi qui est m'a envoié a vous", et la il demonstra Dieu par singulier verbe et prerogative significacion estre celui qui tout temps est un (FOUL., Policrat. B., VII, 1372, 312).

 

-

[De Dieu] Faire estre. "Faire exister" : Je te demande, bonne ame - respons verité -, quant Dieu te donna ces grans dons et sur tous dons le plus grant, c'est assavoir qu'il te donna estre, se par tes merites il te donna estre ou se tu avoies a lui riens donnez par avant ton estre pour toy faire estre (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 273).

B. -

[Idée d'existence ou de présence en un certain lieu, en un certain temps]

 

1.

[D'une pers. ou d'une chose] "Exister, se manifester, se présenter (qq. part, à tel ou tel moment)"

 

a)

[D'une pers.] : Mont ierent que fievres grevoient Si fort que aler ne pouaient (Vie st Evroul S., c.1350, 100). Maint sont au monde qui se vestent De bois, non de bis, et se perdent (DESCH., M.M., c.1385-1403, 251). Et le roy les receupt moult liement, et les mercia de leur secours, et leur dist que, aprez Dieu, ilz estoient ceulx de quoy il et son royaume estoit ressuscitez de plus crueulx trespas que de la mort, car, se ilz ne feussent, les Sarrazins les eussent tous destruiz ou tournez a leur loy. (ARRAS, c.1392-1393, 118). ...se Dieu ne fust ["n'avait été en cette occasion auprès de lui"], mort fust Rollant (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 165). ...n'eust esté, espoir, leur cas jamais descouvert (...) si n'eust esté le mary (C.N.N., c.1456-1467, 433).

 

-

"Vivre, être en vie (et conséquemment occuper ses fonctions)" : Aubert de Hangest, qui à present est... (Mand. Ch. V, D., 1364, 20). ...ses deux petis enfans qui y sont, tant come il seront de souz aage... (Trés. Reth. S.L., t.2, 1369, 237). Pour les princes qui lors estoient... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 265). Et en sont yssus les hoirs de Cabrieres, qui ores sont. (ARRAS, c.1392-1393, 293).

 

-

Qqn est qui... : Il le voloit a toute force tuer, si n'eussent esté ceulx qui entour luy estoient (C.N.N., c.1456-1467, 58).

 

.

Qqn fut qui. "Il y eut qqn qui" : ...ilz vindrent [en Brabant] ou ilz furent receuz joyeusement, Dieu le scet. Et fut bien qui leur demanda des adventures de leur voyage (C.N.N., c.1456-1467, 180). ...le bon serviteur (...) vint hurter a la chambre ; et au hurt qu'il fist on le cogneut tantost. Et la fut bien qui le bouta dedans. (C.N.N., c.1456-1467, 186). Droit la fut bien qui demanda que signifioit cest habillement. (C.N.N., c.1456-1467, 322).

 

-

[Au passé simple] Qui fut. "Qui exista à un moment donné, mais qui n'existe plus (en tant que tel)" : ...[il] vint heurter bien rudement a l'huys du marchant. De bonne adventure, sa dame qui fut vint a ce hurt et ouvre l'huys [celle qui fut sa dame] (C.N.N., c.1456-1467, 148).

 

-

Le plus ... qui soit : ...il luy print volunté de soy marier ; si le fut ["il fut effectivement marié"], et a la plus devoiée femme qui fust (C.N.N., c.1456-1467, 489). C'est le plus cault homs qu'oncques fust. (Pass. Auv., 1477, 164).

 

b)

[D'une chose] "Exister, se présenter" : Ja par moy ne sera desdit De riens qui soit, se Dieu me voie. (Mir. ev. arced., c.1341, 124). Je dy donques que la ou seroit une chose pesante et que nulle legiere ne fust conjointe a elle ou a son tout, celle chose pesante ne se mouvroit, quar en tel lieu ne seroit ne haut ne bas pour ce que, tel cas estant, l'ordenance dessus dicte ne seroit pas, ne, par consequant, bas ne haut ne seroient pas yleuques. (ORESME, C.M., c.1377, 172). Sept dons sont du Saint Esperit : Le premier est de sapience, Le second est d'intelligence, Le tiers de conseil, quart de force, Le cinq a science s'efforce (DESCH., M.M., c.1385-1403, 213). Car sanz femme ne puet mesnaige Estre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 330). Mais comment pourroit ce estre raisonnablement, s'il n'estoit en ton invisible jugement, quant par congnoissance humaine que nulz homs pourroit avoir bien et haulte honnour par mal faire ? (ARRAS, c.1392-1393, 19). Or estoit coustume, se dedens un terme qui estoit, ne venoit un qui voulsist estre hermite et demourer ou lieu, il convenoit que le plus prouchain d'embas venist demourer ou lieu, et cellui de dessoubz ou sien, et ainsi demouroit le lieu wit qui estoit plus prez de la terre, tant qu'il venoit en devocion a aucun qui se meist ou lieu. (ARRAS, c.1392-1393, 272). ...ne feust son heaulme, il luy mengist son visaige. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 126). Au fort el s'appaisa, puis que aultre chose estre n'en peut [Après un grand chagrin]. (C.N.N., c.1456-1467, 145). ...le clerc d'un village du diocese de Noyon, pour impetrer et gaigner les pardons que furent a Romme (...) se mist a chemin (C.N.N., c.1456-1467, 283). Pour abreger, force fut qu'elle endossast ceste robe, qui estoit bien estrange a regarder. (C.N.N., c.1456-1467, 322). ...vous savez ce qui a esté entre vous et moy du temps passé, dont il me desplaist a ceste heure amerement. (C.N.N., c.1456-1467, 328). Or en verité Mains veves en Israel vivoient ; Grant femine partout estoit. (Pass. Auv., 1477, 121). Or sus, quelque chose sera A la fin de tous noz affaires. (Pass. Auv., 1477, 215).

 

-

(Se) ne fust + subst. "S'il n'y avait" : Puis disoit a ses trois filles en plourant : Filles, veez vous la le pays ou vous fustes neez et ou vous eussiez eu vostre partie, ne feust la fausseté de vostre pere, qui vous et moy a mis en grant misere sans fin jusques au jour du Hault Juge, qui punira les maulx et essaucera les biens. (ARRAS, c.1392-1393, 11). La contesse et ses enfans font grant dueil, le peuple et tous les barons du pays font grant dueil, et en seurquetout Remondin fait greigneur dueil que tous les autres, et se repentoit tant de son meffait que se ne feust l'esperance du confort qu'il prenoit de sa dame, il ne se peust estre tenus qu'il ne leur eust dit sa mesaventure, pour la grant contrition qu'il avoit de la mort son seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 29).

 

-

Estre que : Et croy que de fin ennuy il se feust occiz de l'espee, se ne feust que les X. chevaliers y vindrent, qui bien l'avoient ouy dementer et plaindre. (ARRAS, c.1392-1393, 252). ...la maniere comment se povoit faire, il ne le povoit ymaginer, si n'estoit que le curé viensist a l'heure qu'il forgeoit au plus fort avec son maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 493).

 

-

(Ce) qui en est : Et cil l'en dist ce qui en estoit. (ARRAS, c.1392-1393, 97). ...affin que vous sachez que je sçay qui en est, je vous ay veu entrer devers elle par pluseurs foiz (C.N.N., c.1456-1467, 229). ...[ils] demanderent la signifiance a leur hoste, le sire des nopces. Et il dit que voluntiers et pour cause il leur diroit ce qui en est quand ilz aroient mengé. (C.N.N., c.1456-1467, 335).

 

-

[Formule de nég. renforcée] Il n'en est rien : - Oy, monseigneur, dit elle, la vostre mercy qui le m'avez envoyé. - Moi ! dit il ; saint Jehan ! il n'en est rien. (C.N.N., c.1456-1467, 212). ...je vous cuidoye a ce matin avoir tresfort jusques au sang batue, mais je voy bien qu'il n'en est rien. (C.N.N., c.1456-1467, 266).

 

-

[Pour marquer l'acquiescement] Soit : SECOND DYABLE. Tu en parles en bonne guise. Or soit ; mettons nous a la voye (Mir. ev. arced., c.1341, 138).

 

-

Soit que soit ! "Qu'il en soit ainsi !" : Soit que soit ! Celluy que neye ne scet qu'il boit. (Pass. Auv., 1477, 171).

 

c)

"Avoir lieu, se produire (qq. part, en un certain temps)"

 

-

[D'un fait, d'un événement] : Entrementiers que la murmure estoit, ly roy des Bretons, qui fu saiges et soubtilz, pour doubte que les parties estoient de grant lignaige et que par ce aucun inconvenient n'en peust encourir, envoya soubdainement fermer les portes, que nulz n'en peust yssir, et garder par gens bien armez (ARRAS, c.1392-1393, 60). Et en cellui jour que la feste devoit estre, huit jours devant, commenca a arriver grant peuple en la cité, de quoy le roy fu moult joyeux. (ARRAS, c.1392-1393, 140). ...la vieille (...) ne faillit pas de demander quel parlement avoit esté entre elle et celuy qui s'en va. (C.N.N., c.1456-1467, 257). ...vous m'avez promis que je vous chevaucheroie quand vous seriez mariée. Vous l'estes, Dieu mercy, si seroit heure de penser quand ce pourroit estre. (C.N.N., c.1456-1467, 301). ...il voa et jura de jamais coucher avec elle si n'estoit en son hostel (C.N.N., c.1456-1467, 334). ...je mesmes vous baptisay, et en ay aussi fresche memoire comme si ce eust hier esté. (C.N.N., c.1456-1467, 427). Et fut grand bruit parmy la court du siège de Crathor (BUEIL, I, 1461-1466, 175). Durant le temps que le debat estoit de mettre le siège au Sap ou de ne l'y mettre point... (BUEIL, II, 1461-1466, 217).

 

-

[D'un moment du temps] : ...quant le jour fut, il se leva. (C.N.N., c.1456-1467, 67).

 

-

Mal soit de qqn. "Qu'il lui arrive malheur" : Sachiez bien que ly Poictevin et tuit ly autre baron si prouverent si bien et si vaillaument que en petit de heure Sarrasins furent desconfiz, si que mal soit de cellui qui eschappast qu'ilz ne feussent tuit pres que mort que prins. (ARRAS, c.1392-1393, 113).

 

d)

Maniere d'estre : ...tres joyeux et plaisant homme estoit, tant en sa maniere d'estre comme en ses devises (C.N.N., c.1456-1467, 115). Mais en l'angele et en l'ame difference est entre ce qui est et ce par quoy est. Et pour tant en iceulz est une maniere de diversité qui se dist alterité au regard de l'estre et de la maniere d'estre. (Somme abr., c.1477-1481, 146).

 

-

Bien estre / mieux estre : ...donner a aucun "bien estre" et a aultres "mieulx estre" (PIGNON, Commenc. seigneurie V., c.1428-1432, 163).

 

2.

[En tournure impersonnelle]

 

a)

(Il) est + subst. : Il fut jadis et a esté Un phillosophe, qui Secons Avoit nom (DESCH., M.M., c.1385-1403, 94). ...de laquelle gieste il est III livres bien grans. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 2).

 

-

(Il) n'est + subst. ou pronom + qui / que : Car il n'est nul plus grans peris Au monde que de femme prandre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 128). Et si grant dueil va demenant qu'il n'est corps de creature qui vous sceust dire la dixiesme partie de sa doulour. (ARRAS, c.1392-1393, 23). Quant jeunesse a remply sa pance, Il n'est Godeffroy ne Hector Qui fist oncques si grant vaillance Que le jeune, tant se fait fort. (Pass. Auv., 1477, 118). Il n'est riens que n'aye saison, Quant par saison la chose est prinse. (Pass. Auv., 1477, 119). Il n'est or, argent ne chevance Que ne laissasse pour gualer. (Pass. Auv., 1477, 148). Las, il n'est plaisance que Jhesus ! (Pass. Auv., 1477, 263). Il n'est rien que puisse gouster Ne degouster, Tant ay le cuer triste et sarré. (Pass. Auv., 1477, 277).

 

-

Chose n'est qui + subj. : Chose n'est que me soit plaisante. (Pass. Auv., 1477, 130).

 

-

(Il) en est (de tels / qui...) : Ainsi qu'avez oy perdit le desloyal sa femme. S'il en est encores de telz, ils se doyvent mirer a cest exemple (C.N.N., c.1456-1467, 181).

 

-

(Il) est + subst. de temps : Il est bien basse relevée, Si com me samble. (Mir. abbeesse, 1340, 81). ...[le roy Elinas] entroublia toute sa chace et la soif qu'il avoit par devant, et commenca a penser au chant et a la beauté de la dame, telement qu'il ne scet s'il est jour ou nuit, ou s'il dort ou veille. (ARRAS, c.1392-1393, 6). ...si luy tardoit beaucop qu'il fust jour (C.N.N., c.1456-1467, 219).

 

-

(Il) est temps (de / que) : Pais de par Dieu ! pais ! il est temps. Dame, vous avez un bel fil. (Mir. enf. diable, c.1339, 13). Temps est de cest enfant porter En la ville ou il doit aler (Mir. enf. diable, c.1339, 17).

 

.

Quand temps sera : ...de quelque cousté qu'il ysse du païs de Bretaigne, il ne nous puet eschapper, car nous y avons bonnes espies qui le nous vendront annoncier quant temps sera. (ARRAS, c.1392-1393, 68). Et tenez chascun a parole quant lieu et temps sera. (ARRAS, c.1392-1393, 153).

 

-

Il n'est rien que + prop. complét. : Si je l'ay plus porté qu'un aultre [un enfant], il n'est rien que j'en sache. (C.N.N., c.1456-1467, 128).

 

-

Il ne sera de cette annee que : Il ne sera de ceste annee Que nous ne nen soyons troublés ! (Pass. Auv., 1477, 270).

 

-

Il est que : Et donques en la maniere que il est en prestz [en matière de prêts] que ceulz qui doivent vouldroient que ceulz a qui ilz doivent ne fussent pas en vie, et ceulz qui ont presté ont cure et solicitude que la vie de leur debteurs soit sauvé, semblablement ceuls qui ont bien fait veulent que ceulz vivent a qui ilz ont fait bien gaaignier et recevoir de eulz graces et retribucions. (ORESME, E.A., c.1370, 473). Il ne sera jamés que vous ne ayez maille en mon denier. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 46). Toutevoies il ne sera jamés qu'il n'en ait le remors et le cuer ung poy mathé. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 64). Est il que du mal saint Eloy, Du mal du frisson d'avertin, Du mal mon seigneur sainct Martin Soyez vous enflé et batu ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 36).

 

b)

[Dans les tours concessifs] : Si n'y say (...) De l'archediacre meilleur Nul, quel qu'il soit. (Mir. ev. arced., c.1341, 125). Mais, quoy qu'il en soit, je vous requier que vous m'en vueilliez dire vostre intencion. (ARRAS, c.1392-1393, 47). Or sa, donnés moy mon argent, Il le me fault comme qu'il soit. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 172). ...le derrenier venu, qu'elle craignoit beaucop a perdre, quelque chose qu'il fust de l'autre, luy dist ung jour trop bien sa leçzon. (C.N.N., c.1456-1467, 237). "...Si tu me croiz, dit son maistre, tu n'yras pas." Quoy qu'il fust, il y voult aller, et desobeir a son maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 430).

 

-

[Sujet neutre] : Alons en querre penitence Ou que soit, sire, sans demour. (Mir. enf. diable, c.1339, 10). Qui que soit ["quelqu'un"] nous fera moien. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 356). A quelque meschef que ce fut, il [acheva] de lyre sa lettre (C.N.N., c.1456-1467, 180). ...en quelque païz que ce soit (BUEIL, I, 1461-1466, 42).

 

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Ja soit ce que + subj. "Bien que" : ...mais a de ce failly à dire verité, jà soit ce que il soit vray que, par devant ledit mons. le prevost, il ait congneu et confessé icelle derreniere confession par lui faite, et qui lui a esté leue mot après autre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 530).

 

c)

Peut estre. V. Peut-estre

 

-

Il peut estre que : ...il puet estre que aucuns ont vision par songes, ou qui sont arreptices, ou epileutiques, ou demoniaques (ORESME, Divin. C., c.1366, 100). Mes il puet estre que un homme ait vertuz et se dorme et que il ne oeuvre jamais en sa vie selon celles vertus. (ORESME, E.A., c.1370, 111).

 

-

(Il) peut bien estre que + ind. : Et peut bien estre que, ou contempt desdites injures, et pour la hayne qu'ilz ont à elle, ilz lui ont pourchacé faire lesdites injures et contre elle proposée ledit fait, jà soit ce que elle en soit pure et innocente (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 260).

 

-

[Avec il "ce"] : LA DAME. (...) mes cuers sera mal baillis, Pour tant que j'ay le fruit promis, S'il est en moy, a l'ennemy. (Mir. enf. diable, c.1339, 10).

 

3.

[Dans une hypothèse alternative d'existence]

 

-

Soit ... soit : A paine pourroit belle fame Sanz grant bonté eschuer blame, Com chascuns y tend et y rue, Soit en moustier, soit en my rue, En son hostel ou aultre part. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 56). Car, sans ce, riens ne se peult bien conduire, soit en paix, soit en guerre (BUEIL, II, 1461-1466, 24). ...car, soyt bien soyt mal, il veult... (MACHO, Esope R., c.1480, 131).

 

.

Fust..., fust... "Que ce fût..., que ce fût..." : ...car ne pooit morir prince de nulle fame en crestienneté, feust de France, feust de l'Empire, feust d'Angleterre ou d'Escoce ou d'ailleurs, qu'il [le duc de Bourgogne] n'en portast le noir (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 225).

 

-

Soit ... ou : ...soit par le presentation de ses lettres, qui doient eistre saelée de plus gran seal monsaingnour de Liege, et de nulle aultre, ou par le personnée donation de monsaingnour (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 94). ...il a ouvré de sondit mestier de chasubles en ladite eglise de Saint-Victour, alé et venu en icelles moult de fois, sans ce que il y feist ou commeist oncques aucun crime ou delit, feust desdiz breviaires, argent ou queuvrechiez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 215). ...elle lui ouy par plusieurs fois dire que il avoit esté ainsi navré par ledit prisonnier seul, et non par autre, et que aucuns n'en feust chergiez, feust elle qui parle ou autres quelconques, que ledit prisonnier. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 271). ...elle [la verge d'or] lui donrra victoire contre tous ses mal veullans, s'il a bonne querelle, soit en plaidoierie, ou en meslee. (ARRAS, c.1392-1393, 27). ...en leur remonstrant que, soit en paix ou en guerre, c'est une belle chose que d'estre secret (BUEIL, I, 1461-1466, 83).

II. -

[Verbe attributif (ou verbe copule) ; l'existence du sujet est présupposée ; estre spécifie la localisation du sujet, ou bien spécifie sa manière d'être, en partic. en construisant l'inf. prép., ou encore, comme verbe copule, lui attribue telle ou telle propriété]

A. -

[Localisation dans l'espace ou dans le temps]

 

1.

[D'une pers. ou d'une chose] Estre qq. part. "Se trouver qq. part" : [La forteresse] est environ a deux lieues de cy. (ARRAS, c.1392-1393, 7). J'astoye n'at guere(i)s en Danemarche (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 22). Et telz y a qui jour et nuit sont par les bois et par les champs a chacer les bestes (CHART., Q. inv., 1422, 15). ...je soyant en la cité de Messine [sur la forme soyant, cf. P. Wunderli, Rom. Jahrb. 23, 1972, 48-73] (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 140). ...[le gentilhomme] se tira devers l'escuyer, qui sur la couche n'estoit pas pour dormir. (C.N.N., c.1456-1467, 253). Son pere et aucuns ses parens vindrent a l'ostel ou la vieille voulsist bien estre (C.N.N., c.1456-1467, 342). ...car ceste barrière est entre eulx et nous (BUEIL, I, 1461-1466, 247). Desja j'en ay lavé mes mains, Car sur Jhesus ne treuve rien Et pour vray pardonné le tien. Mes sur vous et sur voz enfans Son sang soit et sa mort, combien Qu'il ne vous en chault, meschans gens ! (Pass. Auv., 1477, 171). Mes qu'en escart Nous soyons, je le vous direy. (Pass. Auv., 1477, 168). J'en ay doleur grand. Or fusse je alheurs esté ! (Pass. Auv., 1477, 234). Laissés moy entrer, Nicodemus, Pour Dieu, amy, je vous en prie, Ains que la pierre soit dessus (Pass. Auv., 1477, 263). Item, pour ce que le roy avoit retenu l'ommaige d'Armignac, qui est delà la Garonne et ou milieu des terres de Mons. de Guienne... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 232). Ledit conte d'Armignac est à Lestore (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 237).

 

-

[Lieu fig.] : ...durant la dite convencion, a laquelle on fut bien l'espace de deux mois... (C.N.N., c.1456-1467, 386).

 

-

[Avec un adv. (y, ici, ci, ceans...)] : "Ouvrez, ouvrez !" - "Ouvrez, dit elle, encores n'y estes vous pas, meschant houllier ?..." [Un mari, qui rentre tardivement chez lui veut que sa femme lui ouvre la porte] (C.N.N., c.1456-1467, 28). ...les sergens ont esté ceans plus de deux heures et demye pour vous mener en prison. (C.N.N., c.1456-1467, 508).

 

-

Estre avec qqn : Se vous voulés avoir bon cuer De esser cy avesque moy, Je vous feray, en bonne foys, Religieulx de ce couvant Dont je fait le commandament (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 147). ...quand il aura esté avecques elle aucune espace, il se levera tout doulcement (C.N.N., c.1456-1467, 75). ...en mains d'heure qu'il n'avoit esté avecques sa dame il en eust bien combatu telles troys (C.N.N., c.1456-1467, 195). ...impossible m'est d'estre jamais plaisamment avecques vous. (C.N.N., c.1456-1467, 444).

 

.

[Connotation érotique] : Vous savez que vous n'avez esté que une foiz avecques le chanoine, et moy deux foiz (C.N.N., c.1456-1467, 523).

 

-

[Pour marquer une alternative] Soyons qq. part, soyons autre part : Soion a champ, soion a vile, Par son barat et par sa guile, S'il puet, nous embat en pechié. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 25).

 

-

[D'une chose] "Être contenu qq. part" : ...et si l'estaminés dedans une jalle ou cornue belle et necte en quoy il puisse estre (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 137).

 

2.

En partic.

 

a)

Estre qq. part. "Demeurer, résider qq. part" : ...esquelles prisons ilz furent et demourerent jusques à vendredi derrenierement passé, que il qui parle fu mené prisonnier ès prisons du roy nostre sire à Orleans, où il a tousjours depuis esté et encores est ad present. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 462).

 

-

[Avec un compl. de durée] "Rester, attendre (qq. part, pendant un certain temps)" : Si fut tantost troussé et mis dessus le chariot, ou gueres ne fut sans dormir [D'un ivrogne]. (C.N.N., c.1456-1467, 64). ...il ne restoit que temps et lieu pour dire et faire, chascun a sa partie, la chose au monde que plus luy pourroit plaire. Ilz ne furent pas pou de jours pour adviser et elire lieu et place convenables ad ce faire (C.N.N., c.1456-1467, 192). ...il monte sur ce beau poirier qui estoit large et ramu (...) Il n'y eut gueres esté que veez cy bon jacobin qui attrotte (C.N.N., c.1456-1467, 307). ...seulet se rendit en sa chambre, ou il fut aucun temps faisant complainte (C.N.N., c.1456-1467, 555).

 

b)

[Au passé simple] "Arriver (qq. part)" : En ce point le [un ivrogne] laissa le [prieur] (...) Et, comme il fut ung peu avant, il rencontra ung chariot chargé de gens (C.N.N., c.1456-1467, 63). Le chariot estoit bien atelé ; si furent tantost a Stevelinghes ou ce bon yvroigne fut descendu (C.N.N., c.1456-1467, 64). Et, quant ilz furent aux champs, ilz virent... (BUEIL, I, 1461-1466, 212).

 

c)

[À un temps composé, à partir de l'idée de présence en un certain lieu] Avoir esté qq. part. "Être allé qq. part" : Et quant de moy, qui n'ay pas esté gueres loing j'ay veu des choses que pluseurs ne pourroient croire sans le veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 4). Et se party Gieffroy (...) et en mena avecques lui ung varlet qui avoit esté a Romme et revenu jusques a Thoulouse avec son pere (ARRAS, c.1392-1393, 275). ...par ma foy, si je n'ay esté à la grande feste, si fault il bien qu'on me monstre l'espousée. (C.N.N., c.1456-1467, 26). Ma foy, ce dit elle, je y ay esté ceste année beaucop plus tard ; puis qu'on veult paier on y entre a toutes heures. [Une femme justifie auprès de son mari l'heure tardive à laquelle elle veut aller "payer la dîme" à un Cordelier. Il s'agit, ici, de la reprise d'une phrase précédente du dialogue entre les époux : "Allez tousjours a l'ostel ; si m'y laissez aller que j'en soye quitte"] (C.N.N., c.1456-1467, 218). Elle est bien changée depuis hier. Je croy qu'elle a esté a la fontaine de Jouvence. (C.N.N., c.1456-1467, 340). ...leur nomma le lieu, c'est assavoir la ville ou il avoit esté. (C.N.N., c.1456-1467, 514). Sy y vint un qui avoit esté à la sentence rendre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 188). ...après avoir esté en la recouvrance de Normandie avec le roy Charles (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 358).

 

-

Avoir esté vers : ...ce que si affermement disiez que vous n'aviez pas esté vers nous nous a fait ung petit doubter. (C.N.N., c.1456-1467, 205).

 

-

Estre au devant de qqn. "Aller à la rencontre de qqn" : Et quant OEudes et Remond virent que leurs freres se mettoient a chemin pour aler en Alemaigne veoir leurs freres, si dirent que aussi feroient ilz, et mandent gens en leurs pays qui leur furent au devant a Bonneval. (ARRAS, c.1392-1393, 280).

 

-

Estre (au passé composé ou au passé simple) + inf. "Être allé + inf." : Sire, dist-il, nous vous avons esté querir pour estre nostre sire et nostre roy. (ARRAS, c.1392-1393, 144). Et le furent viseter pluseurs nobles. (ARRAS, c.1392-1393, 273). Le mardi ensuivant, une compaignie de hommez d'armes et de francs archiers furent esquarmoucher lesdiz Bourguignons en leurdit ost (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1465, 70).

B. -

[Spécifie la manière d'être du sujet ; le sens dépend entièrement du sens de la prép. ou du compl.] Estre + prép. ou compl. adv. "Se trouver dans tel ou tel état, présenter telle ou telle manière d'être"

 

1.

Estre à

 

a)

"Se trouver dans tel ou tel état" : ...les compaignons furent à cheval à la porte (BUEIL, II, 1461-1466, 16). ...eulx estans a genoulx (LA VIGNE, S.M., 1496, 446).

 

-

C'est à + subst. : Quand elle vit que c'estoit a bon escient et qu'il n'estoit pas homme d'enchasser par rudes parolles, elle luy cuida donner congié (C.N.N., c.1456-1467, 211). ...le gracieux jeu des piez, de quoy se percevoit et donnoit tres bien garde l'oste, sans en faire semblant, combien que ce fust a son prejudice. (C.N.N., c.1456-1467, 219). ...il povoit sembler a la maniere de sa dite requeste qu'elle ne pourroit ycelle accomplir que ce ne fut grandement a son deshonneur (C.N.N., c.1456-1467, 386).

 

-

Etre à qqc. "Contribuer à qqc." : ...afin que (...) je, qui sui commun homme et non sage, puisse aucune chose departir a mes semblables qui soit a ses loenges en leur monstrant les grans biens du seigneur (FOUL., Policrat. B., VI, 1372, 127).

 

b)

[Marque une relation d'appartenance]

 

-

[D'une pers.] Estre à qqn. "Appartenir à qqn, le servir" : Et quant vous donnez quelque chose, ne le faictes pas attendre longuement. Mais regardez quant, combien, pourquoy, ou se la personne le vault, ou, se il est a maistre, se son maistre le vault. (ARRAS, c.1392-1393, 85). S'i vous plaisoit moy commander Que je fusse a luy, je y seroye (Path. D., c.1456-1469, 170). A Dieu soyés, nostre bon maistre. (Pass. Auv., 1477, 103). ...et demanderent ausdicts gardes a qui ilz estoient. Et ilz leur respondirent : "Nous sommes a Jehan de Paris..." (Jehan de Paris W., 1494-1495, 35).

 

.

Estre à soi. "Être face à face avec soi-même" : Car quant ilz sont a euz et seulz, ilz se recordent de pluseurs maulz griefz et grans lesquelz ilz ont fais ou temps passé (ORESME, E.A., c.1370, 467).

 

-

[D'une chose] Estre à qqn. "Appartenir à qqn" : ...il perceut d'adventure au pié de la couchette ung bahu qui estoit a sa femme. (C.N.N., c.1456-1467, 184). ...l'homme luy demanda (...) a qui tout ce bagage estoit. Et elle luy respondit : "A vous, mon amy." (C.N.N., c.1456-1467, 323). ...et en ung hostel ilec estant qui est à l'evesque de Meaulx (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 12).

 

.

"Incomber à qqn, revenir à qqn" : Tres chiere dame, du mien n'emportez vous rien fors tant que vous passez par my mon pays, et est la villenie a moy, quant vous estes estrangiere, que je ne vous recoif en mon pays plus honnourablement que je ne puis faire ycy. (ARRAS, c.1392-1393, 8).

 

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Estre au plaisir de qqn : Il lui fist la reverence moult courtoisement, et lui dist que l'eglise, et tous les freres, et tous leurs biens estoient a son plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 277).

 

2.

Estre de

 

a)

"Présenter telle ou telle propriété" : Cist dons est de nulle valour (Mir. enf. diable, c.1339, 49). Dame, mais vous conmancerez : C'est de raison. (Mir. abbeesse, 1340, 81). Nous sons d'un eage et d'un grant, D'une maniere et d'un aler, D'une vois et tout d'un parler (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 98). Ylie fut de grant renom (DESCH., M.M., c.1385-1403, 334). Et, se vous veez un bon homme d'armes qui soit povres et en petit estat de vesture ou de monteure, donnez lui du vostre selon ce que vous sentirez vostre aisement et selon ce qu'il sera de value (ARRAS, c.1392-1393, 85). ...quoy qu'il soit de petit effet (CHART., Q. inv., 1422, 61). ...elles la desarmerent de ses actours et joyaux, et la firent coucher ainsi qu'il estoit de raison [Ses voisines veillent sur une jeune mariée] (C.N.N., c.1456-1467, 497).

 

b)

"Appartenir à / provenir de"

 

-

[D'une pers.] "Appartenir à (par la pratique)" : Celui qui est de science ou d'art pratique qui tent a l'oeuvre, comme est le charpentier, se il mectoit plus de sa painne et de son temps a enquerir et savoir les causes ou commencemens, la generacion, la nature du bois de quoy il a a faire que il ne fait a sa besoingne, il feroit que les choses qui sont hors l'oeuvre seroient pluseurs que les oeuvres. (ORESME, E.A.C., c.1370, 123).

 

-

"Appartenir à (une communauté, un service, une demeure, un état...)" : ...en laquelle abbaye, qui est de dames de religion, il print en une des chambres des dames de leans trois cuevre-chefs de lin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 6). ...un nommé Paulet, qui est de l'eschançonnerie du roy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 538). ...sa dame qui fut vint a ce hurt et ouvre l'huys, comme toute de leans qu'elle estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 148). ...tant estoit en la grace de la royne du pays qu'elle estoit son demy lit (C.N.N., c.1456-1467, 192). ...[elles] feroient faire grands corones sur leurs testes, comme s'elles estoient du convent de leens. (C.N.N., c.1456-1467, 373). ...il luy promist en la presence de trois ou de IIIJ qui estoient de son conseil quant a telles besoignes, qu'il la prendroit a femme (C.N.N., c.1456-1467, 415). ...exercea ledit office, qui ne luy estoit pas petit labeur, mais martire intollerable, actendu (...) et l'estat dont il estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 422). ...une bonne bourgoise maryée, qui estoit tout oultre de la confrarie de la houlette (C.N.N., c.1456-1467, 521).

 

-

"Être originaire de, venir de" : Ne nulz homs ne savoit dont cilz ouvriers venoient, ne dont ilz estoient. (ARRAS, c.1392-1393, 46). Mais on ne savoit de quelle marche ne de quelle contree il estoit, ne il n'en vouloit rien dire. (ARRAS, c.1392-1393, 273). ...s'elle n'eust esté de Paris... (C.N.N., c.1456-1467, 121). Le maistre d'ostel demanda dont il estoit, et il luy dist qu'il estoit de Brabant. (C.N.N., c.1456-1467, 172).

 

.

Au fig. : ...Gerard n'estoit pas de si grand lieu ne de si grande richesse comme elle estoit (C.N.N., c.1456-1467, 169). ...une femme mariée, qui n'estoit pas des plus seures du monde, fut requise d'un tresgentil compaignon de faire la chose que savez. (C.N.N., c.1456-1467, 418).

 

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Estre de qqn. / de la lignee de qqn. "Faire partie de la descendance de qqn" : Dame, dist ly roys Elinas, par vostre courtoisie ne vous vueille desplaire se je vous enquier de vostre estre ne de qui vous estes, car la cause qui m'y muet si est telle que je vous diray. (ARRAS, c.1392-1393, 7). Remondin, beaulx cousins, s'il se puet bonnement faire, dictes moy de quel lignie vostre femme est, combien que quant le chevalier ancien vint a nous de par elle pour nous logier, qui nous mercia de l'onnour que nous vous venions faire, de par ma damoiselle Melusigne d'Albanie. (ARRAS, c.1392-1393, 43).

 

-

En estre. "Faire partie des cocus" : MUNYER. Quelz bourgeoise ! Tu en es bien, povre munyer ! FEMME. Hon ! MUNYER. Robin a trouvé Marion ! Marion tousjours Robin treuve. Hellas ! pour quoy se marye-on ? (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 209).

 

-

[D'une chose] "Appartenir à" : Ceste queue n'est pas de ce veau. (C.N.N., c.1456-1467, 90).

 

.

"Avoir, être caractérisé par" : En quelconques corps qui sont en fievres ou VIe jour, et rigueurs survienent en ce VIe jour, telles fievres sont de malles crises. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 74).

 

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"Provenir de" : Interrogué qu'il vouloit fere desdis fers et où il les avoit pris, dit qu'il les prist en la franchise à Lion, en une chappelle, et estoiant [l. estoient] d'ung chandellier d'esglise (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 300).

 

.

[Des traces, des fumées d'une bête]

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, gloss. de l'éd.

 

c)

[D'une chose] Estre de + subst. de matière "Être constitué de" : Et sachiez que Gieffroy ne leur puet eschapper, et feust de fin acier trempez, qu'il ne soit mort ou affollez. (ARRAS, c.1392-1393, 203). Ce ne fist pas celle de Gieffroy, car elle [la lance] estoit d'un gros plancon de chesne fort, et il emploia toute sa force a bien ferir, et oncques ne pot empirer la piece d'acier. (ARRAS, c.1392-1393, 231). ...le chastel sans per dont les portes furent d'ivoire et les columpnes d'argent (CHART., Q. inv., 1422, 3). ...n'y avoit que une paroy entre ces deux chambres, qui n'estoit que de terre. (C.N.N., c.1456-1467, 333). ...puisque ce corps mortel que nous portons n'est que de terre, il est bien raison et expediant que le livrons et rendons à la terre et aux vers de la terre (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 282).

 

3.

Estre en

 

a)

[D'une pers.] : ...il estoit en pourpoint comme pour aller coucher (C.N.N., c.1456-1467, 429).

 

-

[Avec un subst. d'état ou d'action] : Encore est l'enfant tout en vie (Mir. abbeesse, 1340, 97). Et sont en peril plus doubtable Que ceuls qui... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 247). Lors cuida Gieffroy descendre pour savoir en quel point il estoit. (ARRAS, c.1392-1393, 232). Et je, qui suys en attente de ma mort... (CHART., Q. inv., 1422, 24). Comme elle estoit en parolles avecques sa compaigne, elle apperceut la verge que au partir donna a son desloyal serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 178). ...et iray loger en l'Isle Jourdain, qui est à present en vostre obeissance (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 237).

 

-

Estre en ses accès. "Être en crise" : A ceulx qui sont en leur accez, l'en ne doit neant donner, ne les doit l'en pas contraindre a prendre, mais on leur doit hoster la viande et les choses c'on leur donne, especialment devant l'eure determinee. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 57).

 

-

Estre en fievre. "Avoir la fièvre" : En tous corps qui sont en fievre ou il vient grant multitude de sang, de quelque partie que tel sang viegne, les ventres sont fais fluxibles quant ilz commencent a convaloir. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 74).

 

b)

[D'une chose] Estre en qqn. "Incomber à qqn, revenir à qqn" : Or est en vous de sa mort ou de sa vie, lequel qu'il vous plaira, car jamais ne m'en quier mesler par dessus vous, et le vous quitte plainement. (ARRAS, c.1392-1393, 166).

 

-

[D'une qualité] Estre en qqn. "Résider en qqn" : Par ma foy, vassaulx, il vous muet de grant orgueil ou de grant niceté de ainsi passer par devant damoiselles sans les saluer, combien que l'orgueil et la niceté puet bien estre en vous tout ensemble. (ARRAS, c.1392-1393, 24). Et quant Remondin l'ouy, si la regarde, et percoit la grant beauté qui estoit en la dame (ARRAS, c.1392-1393, 24).

 

-

Part. prés. en empl. adj. Estant en. "Demeurant en" : ...la terre estante en la main Madame de Hambuye (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1370, 177). [Ou rattacher à ester ?]

 

4.

Estre pour

 

a)

Estre pour + compl. causal ou final : Mais je voy bien quanqu'avez dit Ce n'est fors pour moy essaier. (Mir. abbeesse, 1340, 70). Et endementiers la dame fist son appareil en la praierie dessus la fontaine, si grant et si noble qu'a dire voir, rien n'y failloit de chose qui appartenist a honnour, et feust pour recevoir un roy atout son estat (ARRAS, c.1392-1393, 37). Et pour poy, se ne feust pour leur loy enfraindre, ilz se feussent entrebaisiez. (ARRAS, c.1392-1393, 238). Et ceulx lui respondent : Sire, a moins ne puet un seigneur que de oyr ses comptes une foiz l'an, et ne feust que pour la salvacion de ses receveurs et gouverneurs, pour eulx faire en quictance, afin que on ne leur saiche que demander, a eulx ne a leurs hoirs. (ARRAS, c.1392-1393, 295). ...le lierent trop bien, et luy disoient que c'estoit pour mieux faire la farse (C.N.N., c.1456-1467, 405). ...la promesse que je vous feiz jadiz est nulle, et ce que j'en feis lors estoit pour ["en raison de"] la grand amour que je vous portoye (C.N.N., c.1456-1467, 415). Le jeune cuyde avoir sapience, Tant plus est fol et plus s'empire. C'est pour rire ; Car tant plus en conseil s'avance. (Pass. Auv., 1477, 118).

 

-

C'est pour ce que + prop. finale : Si vous prions, s'il se puet faire, que vous nous en dictes la verité [sur votre femme], car a ce que nous povons percevoir de son estat et maintieng d'elle, il convient qu'elle soit yssue de moult noble lieu. Et la cause qui nous muet de le voulentiers savoir, c'est pour ce que nous ne mespresissiemes pas de lui faire l'onneur qui lui appertient a faire, et c'est la cause qui nous muet de le voulentiers savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 43).

 

b)

Estre pour qqn. "Être acquis pour qqn" : Il n'y a, par Dieu, que raison, dirent les damoiselles ; nous voulons en ce estre pour vous, monseigneur [Dans une discussion entre leurs maîtres les servantes prennent le parti de Monseigneur] (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

-

DR. "Représenter qqn" : Aux quelx ses davant diz procureurs, (...) celui curatour oudit nom a donné et donne plain pouvoir (...) d'estre pour lui et de deffendre, de poursuir, de innover, d'appeler, de contredire, de poursuevre appeaux et contrediz, demander exonérations et eulx exonerier et d'en fère affermement de ester et eulx comparestre en jugement en nom de lui (Cartul. Laval B., t.2, 1378, 295).

 

-

[D'une chose] Estre pour qqn. "Être destiné à qqn" : ...il n'y avoit a l'ostel que deux lictz: l'un estoit pour le pere et la mere et l'autre estoit pour la grand mere. (C.N.N., c.1456-1467, 324).

 

5.

[Autres prép. ou loc. prép. (en grand nombre, toutes les prép. ou loc. prép. pouvant se construire avec estre)] Estre contre / par / sans / sur / à cause de / à fin de / à fin que...

 

-

Estre contre qqc. : Voz ditz sont contre nostre loy. (Pass. Auv., 1477, 161).

 

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Estre par : Les maistres d'hostel dirent que vrayement ilz ne faisoient chose que monseigneur n'eust commendé, et que ce n'estoit pas par eulx. (C.N.N., c.1456-1467, 83).

 

-

Estre sur son retour : ...comme il estoit sur son retour, il rencontra et trouva, passant pays, pluseurs de sa cognoissance (C.N.N., c.1456-1467, 424).

 

-

Estre sur qqn. "Être son supérieur" : ...mon maistre et gouverneur, qui est sur moy (MACHO, Esope R., c.1480, 106).

 

-

Estre sans

 

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Ce ne sera pas sans lui. "Il participera à l'entreprise" : Et je prommet a Jhesucrist que ce ne sera pas sans moy, car il me sera tourné a grant hontaige se je n'y aloye, posé encore qu'il est mon cousin et que ma terre marchist si prez de mon royaume, et que les estrangiers le viennent secourir de si longtaine marche. (ARRAS, c.1392-1393, 179). Et quant Gieffroy scot ceste nouvelle, si jura Dieu que ce ne seroit pas sans lui, et que trop avoit gardé l'ostel. (ARRAS, c.1392-1393, 212).

 

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Estre sans comparaison : Et y a en la chambre tant de richesse que c'est sans comparoison, comme chandelabres d'or et de riches pierres, torches, lampes qui y ardent jour et nuit. (ARRAS, c.1392-1393, 14).

 

-

Estre à cause de : La disme que nous devez (...) est a cause du saint sacrement que vous avez receu (C.N.N., c.1456-1467, 216).

 

-

Estre à fin que : ...la cause qui a ce faire le mouvoit estoit affin que madame ne desire pas tant l'assault amoureux (C.N.N., c.1456-1467, 279).

 

-

[D'un moment du temps] : ...l'heure estoit près de midy (C.N.N., c.1456-1467, 447).

 

6.

[Avec un adv.]

 

a)

[Avec un adv. de manière ou un compl. de manière] : LE SEIGNEUR. Oil, de ceste matinée, Dame, sui je a lui acquittez. LA DAME. C'est bien, sire (Mir. enf. diable, c.1339, 7). Monseigneur, c'est grant folie a vous, qu'on tient au plus saige prince que on saiche vivant, de mener telle douleur pour chose qui autrement ne puet estre, ne la ou on ne puet remedier. (ARRAS, c.1392-1393, 255). ...mais lesdicts gens, ainsi qu'ils s'en venoient devers le Roy estant lors à Nancy et cuidans estre seurement furent destroussez es montagnes par plusieurs des communes du pays (Ecorch. Ch. VII, T., 1447, 165-166). ...bon homme de se sauver, et dessoubz le lit se boute pour estre plus seurement (C.N.N., c.1456-1467, 51). Je suys ung pou mieulx, dit elle, que par cy devant n'ay esté. (C.N.N., c.1456-1467, 137).

 

-

[En tournure impersonnelle, avec un adv. de manière ou de comparaison (ainsi, aussi, autrement, mieux...)] : Amis, ainsi est (Mir. enf. diable, c.1339, 41). Certes, einsi est il de pechiez, car... (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 68). ...et s'il est autrement, si nous faictes pugnir selon raison, car nous n'en voulons ja grace, mais droit. (ARRAS, c.1392-1393, 211). Par ceulx [pluseurs hommes vacquans par universes contrees] sont sceues les choses, et sont toutes les choses sceues, non pas par un seulement, mais par pluseurs. Et ainsi sont les choses repostes en pluseurs lieux sceues, et non pas en un tout seul. Et ainsi est il de nostre histoire. Elle est forte a croire, en pluseurs lieux, de ceulx qui ont gros engin, et a ceulx qui l'ont delié, legiere. (ARRAS, c.1392-1393, 311). S'il est ainsi, certainement, madame (...), la chose est bien estrange. (C.N.N., c.1456-1467, 45). Puis qu'ainsi est, dit l'yvroigne, que je suis en bon estat maintenant, je veil morir (C.N.N., c.1456-1467, 62). L'oste (...) bien sachant que ainsi n'estoit que les ribauldz disoient, leur respondit... (C.N.N., c.1456-1467, 548).

 

.

Ainsi lui en est-il. "Il en est de même pour lui" : Et la cause qui nous muet de le voulentiers savoir [qui est votre femme], c'est pour ce que nous ne mespresissiemes pas de lui faire l'onneur qui lui appertient a faire, et c'est la cause qui nous muet de le voulentiers savoir. Par foy dist le conte de Forests, tout ainsi m'en est il. (ARRAS, c.1392-1393, 43).

 

.

Il lui est ainsi de qqn. "Il en est de même pour lui à l'égard de qqn" : Ma chiere dame, grans mercis, car vrayement il m'est ainsi de vous. (ARRAS, c.1392-1393, 30).

 

.

Il m'est bien. "Je vais bien" : Il m'est bien, se dit mon medecin, mais je me meurs. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 69).

 

b)

Estre comme / comment : La premiére chançon est aussi come chançon d'amour (Mir. ev. arced., c.1341, 103). Il n'appertient point a si hault prince comme vous estes, mettre cure de enquerre de telz ars, ne de telz choses. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Le contenu [de la lettre] en gros estoit comment il estoit esprins de l'amour d'elle, et que jamais ung seul jour de bien n'aroit (C.N.N., c.1456-1467, 257). Les choses estans comme dit est (C.N.N., c.1456-1467, 474).

 

-

[En tournure impersonnelle, avec un adv. interr. (comme, comment...)] : Vous ne savez conment il m'est, Dame, mais je le vous diray. (Mir. enf. diable, c.1339, 8). ...[la mère] dist a sa fille : "Or, vien ça et me dy par ta foy, et de ces choses de nuyt, comment t'en est il ?" (C.N.N., c.1456-1467, 133). Scez tu comment il est ? Par la mort bieu, noz dames ont fait la folie comme nous. (C.N.N., c.1456-1467, 364).

 

-

Comment qu'il est. "Ce qui en est" : ...et luy at tout compteit, et comment qu'il estoit et comment Gaufroit avoit ung hoire... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 21).

 

-

Comment qu'il soit. "De toute façon" : Car, comment qu'il soit, Dieu vous a pourveu de tres haulte et noble seigneurie et possession terrienne. (ARRAS, c.1392-1393, 20). De quoy le roy fu moult doulens, et jura Dieu que, se il povoit, que il l'auroit, comment qu'il feust. (ARRAS, c.1392-1393, 147).

 

-

Comment vous est-il ? "Comment allez-vous ?" : Di moy comment il t'est, ne le me va celant (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 90). Et Guyon qui autrefoiz l'avoit veue, l'ala saluer et lui dist : Ma damoiselle, comment vous a il esté depuis que je me parti de cy ? (ARRAS, c.1392-1393, 144). ...sy le saluat et puys luy demandat comment il luy estoit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 234).

 

Rem. Tristan Nant. S., c.1350, 301, v.7834 ; GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 23, v.910 ; Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 185 ; 210 ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 244 ; 498 ; 972 ; COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 133 ; TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 69...

 

c)

Qui plus est : ...tresbien leur plaisoit que donne Margarite aidast a garder le mesnage avecques leurs femmes ; et qui plus est la faisoient coucher avecques elles (C.N.N., c.1456-1467, 303). ...et, qui plus fut, il ramena des plus obstinez à la mercy du duc (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 302).

 

-

Que plus est. "De plus, en outre" : ...il me semble si je peusse quelque pou sentir avant ma mort, ma fin en seroit plus aisée (...). Et que plus est, mon cueur est a cela que ce me pourroit estre medicine (C.N.N., c.1456-1467, 348). ...il [le comte d'Armagnac] cuidoit certainement avoir obtenu dispense de nostre Saint Pere de pooir maintenir sa seur en l'estat de mariage, et de cela avoit acquises bulles fauses, non que lui sceust la faulseté (...). Si en fut ledit conte deceu et mis en grant declamace du peuple (...) et, que plus est, avecques la honte du monde, encouru, ce savoit bien, en l'indignation divine dont il vouloit widier. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 257).

 

7.

[Dans des constr. diverses, marquant l'idée vague d'un rapport avec le sujet]

 

-

[D'une chose] "Relever de qqc., concerner qqc." : La disme que nous devez et que nous vous demandons, elle n'est pas des biens temporelz (C.N.N., c.1456-1467, 216). Or demourerent le mary et la femme. De quoy leurs propos furent, il se peut assez penser. (C.N.N., c.1456-1467, 418).

 

-

"Toucher qqn" : ...monseigneur, j'estoye bien empeschée d'un songe qui est de vous. (C.N.N., c.1456-1467, 112).

 

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En estre à / en qqn. "Dépendre de qqn" : Le feiblë en peu d'heure monte Et le puissant souvent desmonte ; A Dieu en est, qui a tout fait, Qui mue et change quant luy plaist. (GARIN, Compl., 1460, 103). "Je t'en prie, veulx tu que je t'achete ?" Et Esope luy respond : "En toy en est, car nul ne peut contre force..." (MACHO, Esope R., c.1480, 16).

 

.

(Il) en est à qqn. "Il importe à qqn" : ...par ce point me suys je deschargé de celle que par avant amoye, et ne m'en est a present non plus que celle qu'oncques ne viz (C.N.N., c.1456-1467, 177).

 

-

Il / ce est plus à qqn. "Cela importe plus à qqn" : SUER YSABEL. En nom Dieu, mon corps soit honniz Se point m'en chaut. SUER MARIE. Par saint Mor, il m'est plus du chaut Qui cy me fait mourir de soif. (Mir. abbeesse, 1340, 84). ... je croy que la venoison soit prinse, car j'ay ouy courner, ce me semble, la rassemblee des chiens. Par foy, dist ly contes, il ne m'en est gueres. Plus m'est de ce que je voy. Et lors regarde ou ciel, et commence a souspirer plus fort que devant. (ARRAS, c.1392-1393, 20). ...chascun s'abilla, parlant et devisant de ce que plus luy estoit, Gerard de chiens et d'oiseaulx, Conrard des belles filles (C.N.N., c.1456-1467, 175).

 

-

Il ne lui en est guere. "Peu lui importe" : Monseigneur, le feu est esprins, venez vous chauffer. Et je croy qu'en pou de temps vendront aucunes gens qui nous diront toutes nouvelles, car je croy que la venoison soit prinse, car j'ay ouy courner, ce me semble, la rassemblee des chiens. Par foy, dist ly contes, il ne m'en est gueres. Plus m'est de ce que je voy. Et lors regarde ou ciel, et commence a souspirer plus fort que devant. (ARRAS, c.1392-1393, 20).

 

-

Il n'est rien de qqc. "Cette chose ne compte pas" : ...il n'oblioit pas a faire sa plaincte comme dessus ; et n'estoit rien de la vie de son compaignon, s'il le povoit rencontrer. [De deux hommes qui feignent de se haïr mortellement] (C.N.N., c.1456-1467, 236).

 

-

Il n'est rien à qqn (de qqc.). "Cette chose n'importe pas à qqn" : Sarrasins (...) lui gettent de loing lances et dars (...). Mais il ne semble pas qu'il lui en soit a riens, ains leur court sus comme le loup familleux fait a la brebis. (ARRAS, c.1392-1393, 232). ...nous ne portons point d'argent ; et si n'en querons point, car il ne nous est rien des biens temporelz (C.N.N., c.1456-1467, 216).

 

.

S'il est rien à qqn (de qqc.). "Si cette chose importe à qqn" : Si se print a doubter (...) la belle Katherine, qu'elle estoit remise avec les pechez oubliez, et que, s'il en estoit rien a Gerard, il ne se pourroit tenir qu'il n'en demandast [D'une jeune femme que son ami a oubliée] (C.N.N., c.1456-1467, 174).

 

-

De sa vie n'est rien. "Sa vie tient à un fil, il risque la mort" : Par foy, dist cil, vous me mettez en grant adventure, car, se je suiz prins des Sarrasins, de ma vie n'est rien. (ARRAS, c.1392-1393, 93).

 

-

Quant est à + pron. pers. "En ce qui concerne" : Il nous semble, quant est a nous, Qu'il est fort bon qu'on le luy die (Pass. Auv., 1477, 185).

 

-

Quant est de + subst. ou pron. "En ce qui concerne" : ...quant est de l'enfant, il est mien, et si le veil ravoir. (C.N.N., c.1456-1467, 148). Quant est de moy, j'ay icy couché tout seul et n'en party ennuyt. (C.N.N., c.1456-1467, 204).

 

-

Tant qu'est à moi. "Pour ce qui me concerne" : Et sy fussiez le plus saige qui vit, Sy n'ariés vous ja de moy seignorie. Aussy pour ce n'ay pas esté norrie Ne n'ay cure de vostre blasonner. Tant qu'est a moy, pour honme qui me prie, Autre n'ara il par son sermonner. (Jeu quatre pers. L., a.1465, 192).

C. -

En partic. [Spécifie la manière d'être du sujet ; construit l'inf. prép.] Estre + prép. + inf.

 

1.

Estre à + inf.

 

a)

"Être en train de" : ...par telle maniere consyderoit il ce qui m'estoit a advenir. (C.N.N., c.1456-1467, 573). ...et, quant on est à combattre ses ennemiz, on peut bien avoir alles et les doit-on avoir et gens devant (BUEIL, I, 1461-1466, 148). ...tandis qu'il estoit à tenir ses enseignes en l'escalle (BUEIL, II, 1461-1466, 93).

 

b)

"Être en état de, être prêt à" : Soiez a passer le sumet Car... (Pac. Job M., c.1448-1478, 297). Se tu veulx te garder de n'avoir jamaiz paour, garde que tu soyes tousjours à frapper les premiers coups (BUEIL, II, 1461-1466, 60). Et de rechief les accors publierent Du roy et d'eulx, promettant a luy estre, Et que trop mieulx aimeroyent estre a naistre Qu'en ceste emprise ilz luy eussent failly (LA VIGNE, V.N., p.1495, 139).

 

c)

"Être propre à, être destiné à" : Et pour ce, jouxte ce que dit est l'en doit les enfans qui sunt a estre gens d'armes excerciter et nourrir telement qu'il ne soient ne faibles ne effeminés ne frians ou delicatis (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 344). Et pour ce que les loys qui sont a magnifier le createur ont regart a cest nombre... (ORESME, C.M., c.1377, 50).

 

-

[Marquant le futur] : Mais affin que nous ne puissons estre a recommencer par longues repliques... (ROB. HERL., Déb. fauc. lévr. H., c.1470-1500, 42).

 

-

Si est à entendre. "C'est-à-dire" : Combien que saint Pol die en l'epistre aux Rommains que toutes choses sont sceues par humaine nature, voire sans les secretes choses de Dieu, et qu'il a retenues en sa congnoissance, sans autre, la nature aux humains si est a entendre pluseurs hommes vacquans par universes contrees. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

d)

[Comme auxiliaire de mode] "Devoir être + inf." : Et est assavoir que, le jeudi XXIIIe jour de juillet, oudit an LXI, qui fut le lendemain de ladicte mort, environ IX heures de nuit, fut veue ou ciel courir bien fort une très longue comete (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 20).

 

2.

Estre de + inf. "Être fait pour, être disposé à" : Tresdoulx Dieu, roy debonneyre, Nous sommes de te obeÿr. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 282).

 

-

Estre en qqn de + inf. : ...il estoit bien en lui de s'en vengier (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 430). ...mais est en une personne communement de se parer une fois mieulx ung jour que l'autre (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 68).

 

3.

Estre pour + inf. "Être sur le point de, être en état de ; être fait pour, être capable de" : Pourtant de rien non ayes peur, Car nous sommes pour toy garder. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 288). ...noz ditz gens furent tousjours armez pour devoir combatre ; car les ditz Angloys amenoient ung grant convay et ung grant nombre de bestail ; et quant ilz sceurent que monseigneur estoit pour les gueter, ilz laisserent tout leur convay et bestail, et s'en alerent de nuyt par les boys de l'autre costé de la riviere. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 113). Ces gens sont pour eulx revanchier. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 98). Et est pour partir demain (BUEIL, I, 1461-1466, 208). Aussi est-il de neccessité que soyez prompt à leur faire justice [aux gens d'armes], c'est-à-dire faire justice des deffaillans, s'ilz le deservent, et aussi justice de ceulx qui leur tiennent tort, pareillement. Car ilz ne sont pas pour attendre les longs procès, pour ce qu'il fault qu'ilz servent continuellement à la chose publique. (BUEIL, II, 1461-1466, 27). Or il convient, par motz exprés, Qu'il soit trouvé, commant qu'il aille, Car, s'il n'avoit denyer ne maille, Il est pour faire ung mauvaix fait (LA VIGNE, S.M., 1496, 387).

 

-

"Être favorable à, se prononcer pour" : Et furent monseigneur de Bourbon et monseigneur de Heu pour acompaigner monseigneur de Nevers (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 194).

 

4.

[En tournure impersonnelle] (Il) est + prép. + inf.

 

a)

(Il) est à + inf. + (que). "Il faut, il convient de" : Si est a doubter que... (CHART., Q. inv., 1422, 6). Et n'est point à doubter que... (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 105). ...il est a presupposer qu[e]... (BUEIL, I, 1461-1466, 47). Et est à penser que... (BUEIL, II, 1461-1466, 222). Et est à noter que... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 189).

 

-

Qu'est-il de + inf. : Qu'est-il de faire ? (BUEIL, I, 1461-1466, 71).

 

b)

Il est à qqn de + inf. "Il est possible à qqn de" : ...quand elle vit qu'elle n'aroit point son panier percé, et qu'il n'estoit pas a l'aultre de seulement mettre sa lance en son arrest (...) tantost cogneut qu'elle aroit a la jouste failly (C.N.N., c.1456-1467, 195).

 

-

Il n'est à qqn que de + inf. "Il n'y a dans la tête de qqn qu'une idée, c'est de..., qqn n'a en tête que de..., qqn n'a qu'une idée en tête, c'est de..." : ...en bons leaulx chevaliers luy conseillerent [au dauphin] l'amour tousjours et l'obeÿssance envers son pere (...). Mais (...) ilz respandoient parolles en vain et les semoient au vent. Puis que l'allee vers son pere estoit mise en termes, il n'avoit oreille qui l'acceptast ne ceur qui entendre le voulsist, car il ne luy en estoit ne que d'aller vers le Soudan. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 94).

 

c)

Il est en qqn de + inf. "Être capable de, être en état de" : ...luy va faire ung grand prologue d'amoureux assaulx (...) monstrant comme il est bien en luy de luy faire tant en telle maniere, en telle et en telle. [Un séducteur en action] (C.N.N., c.1456-1467, 115). Il est en vous de vous garir et sauver, et ne vous fault que tendre la main (C.N.N., c.1456-1467, 142). ...Et bien ! dit il, s'il est en moy de vous faire autant de service, pensez que j'aray cognoissance de ceste courtoisie. (C.N.N., c.1456-1467, 258). ...se cuida tirer dehors ; mais il n'estoit en sa puissance de soy ravoir, tant parestoit avant et fort bouté leens. [Un homme pris dans un piège] (C.N.N., c.1456-1467, 437).

 

-

[Constr. ell.] : Ceulx qui la virent [une femme qui se noie] la regarderent tresbien ; mais aultre secours ne luy firent, car aussi il n'estoit pas en eulx [de la secourir]. (C.N.N., c.1456-1467, 313).

D. -

[Copule attributive]

 

1.

Estre + adj.

 

a)

[D'une pers. ou d'une chose, avec un adj. qualificatif (ou un superlatif, ou bien un partic. en empl. adj.)] : Et n'estront [var. esteront, seront, istront ; sur la forme istre, cf. A. Lodge, Z. rom. Philol. 90, 1974, 483-486 (propose un rattachement à instar, mais par dérivation savante)] ja aisé ne sainz (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 144). Belzebus, trop est esmarie La pensée de celle femme (Mir. enf. diable, c.1339, 5). ...Ce qui lui sembloit que bon yere. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 311). Encor, se la nourrice est belle, Cointe, jolie et bien apperte, Tant en vauldra mieux sa desserte (DESCH., M.M., c.1385-1403, 102). Bien sçay que les diables nuysibles Sont pres pour les descouracger. (Pass. Auv., 1477, 124). Pluseurs sont mors, qui feussent vifz (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 111). ...je cuidoie que fessiez les meilleurs du païs et, maintenant, je cognois que vous estes les pires (MACHO, Esope R., c.1480, 68). Chascun en serouet content (Astr. P., 1498, 214). Plus honneste suis que tu n'ays (Serm. bien boire K., c.1500, 569). Qui se rebelle contre le roy est fol. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 189).

 

-

[Avec le représentant un adj.] : Si par avant fut esbahy, encores le fut il beaucop plus. (C.N.N., c.1456-1467, 180).

 

-

[Sujet neutre] : Par foy, beau nepveu, dist le chevalier, c'est vaillaument dit, et ainsi doit on servir son seigneur, et, se Dieu plaist, il vous sera bien mery. (ARRAS, c.1392-1393, 93). Vrayement, dirent les deux barons, c'est tres saigement besoingnié. (ARRAS, c.1392-1393, 151). ...c'este la plus noble du monde de peire et de meire (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 6). C'est trescaultement jargonné. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 47). Ja chïé j'ay, c'est bien vecy ; Vous santés ung estrom de chien. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 251). En bonne foy, C'est tresbien dit. (Pass. Auv., 1477, 242). C'est trop lamenté vrayement, Ma mere, selon qu'il me semble ! (Pass. Auv., 1477, 258). Seigneurs, ce n'est pas trop mal fait D'advoir ensevelit Jhesus. (Pass. Auv., 1477, 268). Et quant est a ceste pensee C'est tres mal pensé, Mardocee, Et mal conduyt son avant garde Celuy qui la fin ne regarde (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 566).

 

-

[En tournure impersonnelle] : Il est vray que, après que je vins à mon joyeux advenement à la couronne... (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 138).

 

.

[Avec un datif éthique] : Sire, alons : il ne m'est pas lait De vostre bonne repentance. (Mir. enf. diable, c.1339, 11). Mon seigneur, par ma foy, biau m'est Que ceste feme garde [de l'enfant] en face (Mir. enf. diable, c.1339, 16). Par foy, dist Uriiens, damoiselle, puis que il vous est bel, il me plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 121).

 

b)

[Avec un adj. déterminatif (en partic. possessif)] : ...cest enfes cy est miens. (Mir. enf. diable, c.1339, 13). Et soiez tousjours sur vostre garde, tant que la puissance soit vostre, car, se vous vous laissiez sourmarchier, il vous fauldroit gouverner a leur voulenté. (ARRAS, c.1392-1393, 86). La ville sera nostre encore anuit. (ARRAS, c.1392-1393, 106). Et, se nous avons une fois gaigné le pié de la tour, la place est nostre (BUEIL, I, 1461-1466, 79). Et gardez que en ce n'ayt faulte, car tel est nostre plaisir. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 206).

 

-

Estre sien. "Appartenir à lui-même" : ...lequel Jaques le souspeçonne de lui avoir osté et emblé plusieurs choses et robes en son hostel, à Chambely le Hauberger, pour ce qu'il a esté trouvé saisi d'un chapperon double, mi-parti de brunette d'un costé, et de l'autre rouge et brunette, que ledit Jaques dit estre sien. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 15). ...lesquelz deux hommes recogneurent le cheval que ledit prisonnier avoit baillé audit plastrier, et aussi une houspelande que le varlet dudit prisonnier avoit vestue, et lesquelz cheval et houpelande ilz firent arester par la justice dudit lieu de Villers-Adam, comme les biens de leurdit frere et pere occiz, comme dit est, disans et affermans par leurs sermens icelles choses estre siennes, et le voulans prouver. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 286).

 

-

[P. ell., avec aussi] : Car le Roy veult dire que le payz est sien ; aussi est-il [il est effectivement sien] (BUEIL, II, 1461-1466, 83).

 

2.

Estre + subst. (ou pronom)

 

a)

[Marquant une propriété] : D'ilec vint, c'est chose prouvée, Après la setiesme année, Et vouloit sa promesse avoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 27). Par foy, ce n'est pas Maniére de bonne rendue. (Mir. abbeesse, 1340, 64). Mais tu, quiconques es, ou seras, prince romain, remembre toy que tu doies savoir les peuples gouverner, espargnier as subjects et debeller les orgueilleus. (ORESME, E.A., c.1370, 98). Tous estons ["sommes"] filz a plus haut prince (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 37). ...puis qu'il se trouvoit en quelque part a descouvert avecques quelque belle fille, il luy monstroit qu'il estoit homme. (C.N.N., c.1456-1467, 303). ...vrayement elle estoit homme, et non pas femme. (C.N.N., c.1456-1467, 304). ...mais chacun doit savoir que c'est chose incomprehensible et inestimable que de la puissance de Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 124).

 

-

[Avec un datif éthique] : Et les joyes que je y souloye avoir me seront peines, tribulacions et griefs penitences et pestillences. (ARRAS, c.1392-1393, 259). Tout aussi que de une personne qui oncques n'aura yssu de sa region ne de son pays, ne pourroit croire maintes choses qui sont a moins de C. lieues prez de lui, et lui sera grant estrangetté, et dira qu'il ne se pourroit faire, et ce lui destourbera, car il n'a pas veu les lieux, car par hanter les diverses contrees et pays et nacions, et par lire les anciens livres et les entendre, congnoist on le vif et le vray des choses semblans increables. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

-

[Avec un sujet impers.] : Et, si est verité que ledit connestable, après ce qu'il ot esté confessé et qu'il vouloit venir oudit eschafault, dist et declaira à sesdiz confesseurs qu'il avoit dedens son pourpoint LXX demys escuz, qu'il tira hors d'icellui (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 365). ...puisque ce corps mortel que nous portons n'est que de terre, il est bien raison et expediant que le livrons et rendons à la terre et aux vers de la terre (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 282).

 

-

C'est merveille que : ...on disoit que c'estoit merveille qu'il n'avoit fait batre ou tuer le bergier (C.N.N., c.1456-1467, 361).

 

-

C'est + inf. que (de) : Si ce n'estoit [faulser] mon serment a ma dame, je le desireroye beaucop (C.N.N., c.1456-1467, 178).

 

b)

[Marquant l'appartenance à une classe] Estre un + subst. : Le filz Dieu le gart de grevance : C'est uns enfes de bonne foy. (Mir. enf. diable, c.1339, 34). Les cardinaulx evesques sont (DESCH., M.M., c.1385-1403, 164). ...et mettre le siege devant la ville de Nux, qui est une bonne ville près de Coulongne sur le Rin (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 318).

 

3.

Estre + numéral ou expr. quantitative : Vous estes quatre, et je suy seulx (DESCH., M.M., c.1385-1403, 274). Et cil, qui fu diligens, fist tant qu'il congnut la plus grant partie de ceulx qui y furent et quelle quantité ilz estoient, et retourna a Hervy, et lui compta ce qu'il avoit trouvé, et que ilz estoient bien de Vc. à VJc. combatans. (ARRAS, c.1392-1393, 70). ...car noz ennemis sont bien dix contre un de nous. (ARRAS, c.1392-1393, 108). ...ce vous est grand reprouche qui estiez tant de gens et n'avez sceu rescourre la pouvre femme (C.N.N., c.1456-1467, 314). Si assembla la garnison et furent environ XV chevaulx. (BUEIL, I, 1461-1466, 35).

 

-

Tant peu fust. "Si peu que ce soit" : Tant pou fust groucier n'en osa Pour Grace Dieu que redouta. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 363).

III. -

[Verbe d'identification]

A. -

[Identification équative ; pose une équivalence]

 

1.

Estre + déterm. défini ou pron. pers. : Car elle est celle en qui saint esperiz La deité prendre humain corps a trait (Mir. enf. diable, c.1339, 55). La vierge benoite, espouse du souverain roy, qui est le roy de paradis... (Mir. ev. arced., c.1341, 103). Par ma foy, dist ly conte de Forests, monseigneur, vous dictes voir, et quant de ma part, comme vous dictes, je ne l'en pense jamais a enquester, ja soit il mon frere, car je le tien pour tres bien assigné a mon aviz. (ARRAS, c.1392-1393, 44). L'autre doubte est la paour qu'on a de mesprendre. (BUEIL, I, 1461-1466, 48). Et pour ce fut leur deliberacion d'y envoyer le Mareschal de Crathor (BUEIL, I, 1461-1466, 165). Je cognoiz qu'il n'est pas manteur ; Jehan baptiste a esté mon filz ! [Empl. insolite du passé composé : cette parole est attribuée à l'âme de Zacharie aux limbes, qui était, de son vivant, père de Jean-Baptiste] (Pass. Auv., 1477, 114).

 

-

[P. ell.] : Sept dons sont du Saint Esperit : Le premier est de sapience [est le don de sapience], Le second est d'intelligence [est le don d'intelligence], Le tiers de conseil, quart de force, Le cinq a science s'efforce (DESCH., M.M., c.1385-1403, 213).

 

-

Estre que : ...ma conclusion Est, et aussi m'entencion, Que jamais mary ne prandray (DESCH., M.M., c.1385-1403, 179). L'autre obstacle si est que... (CHART., Q. inv., 1422, 46). Et le conseil qu'il lui donna fut qu'il lui fist oster les vervelles (BUEIL, II, 1461-1466, 102). La creance fut que... (BUEIL, II, 1461-1466, 142). L'autre raison est que... (BUEIL, II, 1461-1466, 244).

 

-

[Avec un sujet neutre] : Mandons de noz amis et nous tenons secretement ensemble, et verrons quel conroy ilz prendront, afin que, se ilz viennent sur nous, que ilz ne nous treuvent point a descouvert, et aussi, se Remondin se part, que il ne soit pas souspriz d'eulx, car, se ilz ont entencion de lui mal faire, ce n'est que de lui oster sa vie. (ARRAS, c.1392-1393, 70).

 

.

C'est + subst. que de : ...disoit bien que c'estoit sa coustume que de gaigner et de prendre ce qu'il trouvoit sans garde [D'un voleur cynique] (C.N.N., c.1456-1467, 401).

 

.

C'est + style dir. : ...a chef de piece, quand il parla ce fut : "Dieu soit loé !..." (C.N.N., c.1456-1467, 100).

 

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Que c'est. "Ce dont il s'agit" : ...le dit Thomas trousse la damoiselle sur le lit en faisant cela. Et puis après, quand elle vit que c'estoit, acertes se despoillerent et entrerent tous deux ou lit (C.N.N., c.1456-1467, 391).

 

.

Que c'est de qqc. "En quoi consiste cette chose" : ...ce bon gentil homme, qui estoit orphelin de pere et de mere, jeune, et a marier, et ne savoit que c'estoit de mesnage, s'accointa d'un voisin (C.N.N., c.1456-1467, 331).

 

.

C'est + titre d'une oeuvre littér. : C'est le miracle de l'enfent Centurion garit en Capharnaon. (Pass. Auv., 1477, 127).

 

-

Estre + nom propre : Je suy Desir qui le t'ennorte Pour ton bien (DESCH., M.M., c.1385-1403, 327).

 

2.

[D'une mesure, d'une quantité, d'un contenu, d'une date... (équivalente en quantité, en temps, en date...)] Estre + indic. équivalente : Amis, ly jour est a demain que les barons de Poictou doivent faire hommage au jeusne conte Bertran. (ARRAS, c.1392-1393, 31). Vers la dame de grace yrons, C'est la doulce Vierge Marie (Pac. Job M., c.1448-1478, 177). ...elle de plain vol saulta dedans a tout sa charge, qui estoit du precieux corps de madame. [Une mule se précipite dans le Rhône] (C.N.N., c.1456-1467, 313). ...il ne l'embrocheroit neant plus avant que le signe qu'elle mesme fist (...) qui estoit environ deux doiz (C.N.N., c.1456-1467, 482). Au point du jour, qui estoit l'heure que l'amoureux se partoit du logis, ceste bonne femme vint hucher son mary (C.N.N., c.1456-1467, 510). Le samedy qui estoit la nuyt de la blanche Pasques, que l'on dit Pasques flories (C.N.N., c.1456-1467, 512). ...six et quatre font dix, Et as sont onze. (Pass. Auv., 1477, 202).

 

3.

C'est assavoir : Quar chascune de ces .II. choses est par temps determiné, c'est assavoir possibilité a estre et possibilité a non-estre (ORESME, C.M., c.1377, 226). ...quant Dieu te donna ces grans dons et sur tous dons le plus grant, c'est assavoir qu'il te donna estre... (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 273). En icelle rencontre et ou nombre des mors y furent trouvez de gens de façon et bonnes maisons, c'est assavoir : messire Pierre de Breszé, chevalier, seneschal de Normandie ; Geoffroy de Saint-Belin, dit La Hire, bailli de Chaumont ; Floquet, bailly d'Evreux, et plusieurs autres chevaliers et escuiers de nom de la compaignie du roy. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 67). Et, quant à ce que m'escripvez des longues lances, il me semble que vostre oppinion et celle du maistre desdittez lances est bonne, c'est assavoir de ne les faire point distribuer pour ceste heure. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 210).

 

4.

C'est à dire : ...affublée ou adournée par diversité, c'est a dire de la multitude des vertuz et des graces (Mir. ev. arced., c.1341, 104). Et tout aussi comme il avient Que l'esprevier porter couvient, Couvient qu'amans sa dame port, C'est a dire qu il la deport En quanqu'elle vuet faire et dire, Bonnement, sans li contredire, Sans les poins d'aucun des degrez, Ou il puet estre lieus et grez Qu'amans a sa dame responde (MACH., D. Aler., a.1349, 253). Li quart nom des sept sages de Romme estoit Antonius et le seurnom Judex, c'est a dire "verité regeïssans" (Bérinus, I, c.1350-1370, 5). Aussi est-il de neccessité que soyez prompt à leur faire justice [aux gens d'armes], c'est-à-dire faire justice des deffaillans, s'ilz le deservent, et aussi justice de ceulx qui leur tiennent tort, pareillement. (BUEIL, II, 1461-1466, 27). ...et avoit le patriarche mal retenu ung proverbe qui se dit en basque, qui s'ensuit : "Reguia contraqeue ereua," c'est-à-dire : "Qui se rebelle contre le roy est fol..." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 189).

 

-

C'est. "C'est-à-dire" : ...puys luy donnat la conté d'Osterne, c'est de Louz (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 59).

 

5.

Vouloir estre. "Signifier" : Et quant furent venus jusques à la seconde desdictes portes, ilz y trouvèrent encores plus grant nombre de gens d'armes ; ledit duc lui demanda de rechief ce que voloit estre, de veoir tant de gens d'armes (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 297).

B. -

[Identification sélective (dans un paradigme)] : Je voy la, ce m'est vis, un frére Hermitte en my ce boys ramu : Se c'est il [si c'est lui], Diex m'ara veu. (Mir. enf. diable, c.1339, 36). Seons nous cy : c'est a l'endroit De son visage [du prescheur]. (Mir. abbeesse, 1340, 60). Mais c'est pour nient que mon cuer bée (Mir. abbeesse, 1340, 66). Qui du garder bien ara soing. Mouvez devant, ce n'est pas loing (Mir. abbeesse, 1340, 88). C'est pour lui, et non pas pour ti (DESCH., M.M., c.1385-1403, 74). Ce sont les deux enfans de Lusegnen qui vous sont venus secourre et garandir du roy d'Ausay et de sa puissance et adventurer leur honneur et leur vie pour vous. (ARRAS, c.1392-1393, 162). NARCISUS. Ce suis je ["c'est moi"] ! Je congnois ma face (Narcissus, p.1426, 314). A moy est de toy pardonner ["c'est à moi de "] (Pac. Job M., c.1448-1478, 365). Qu'est ce que j'oy ? - Ce suis je. - Qui ? - Ton cueur, Qui ne tient mais qu'a ung petit filet. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 70). Si appella ses femmes et leur demande ce dyamant, et a laquelle elle l'avoit baillé. Chacune dist : "Ce ne fut pas a moy..." (C.N.N., c.1456-1467, 44). Ce ne suis je pas qui... ["ce n'est pas moi qui..."] (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 97). Ce suis je, Jehan Bocace ["c'est moi..."] (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 87).

 

-

[Identification temporelle (avec une idée d'obligation)] C'est à + inf. "Il faut" : O filz, c'est donc au congié prendre ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 640).

 

-

[Dans des tournures interr.] : Je yray parleir au roy mon peire, savoir que c'est (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 56). ...luy auray monstré et a vous aussi qui je suis, quelle chose j'ay et comment je suis logié (C.N.N., c.1456-1467, 344). ...[elle] demanda en basset qui c'estoit ou lit de la chambriere [et] qui la dormoit avec elle. (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

.

Est-ce / esse : Dites moy, mes suers, n'est ce pas Le clerc que je venir la voy ? (Mir. abbeesse, 1340, 67). Est ce a vous (...) Que la doulce vierge Marie A hui pour norrir apporté Un petit enfant nouviau né ? (Mir. abbeesse, 1340, 99). ...n'esce pas raison qu[e]... (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 58). Esce or assés ? (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 133). Or regardés (...) et n'eche Grant cose d'amer loyaument ? (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 188). N'est ce pas [Gieffroy de Lusegnen] cellui qui occist le jayant en Guerrande et l'autre jayant en Norhombelande, et qui ardy l'abbé et les moines et l'abbaye de Malleres, pour ce que son frere y estoit renduz sans son congié ? (ARRAS, c.1392-1393, 276). Et esse quant que tu as fait ? (Pac. Job M., c.1448-1478, 384). N'est ce pas le filz de Josep Et de Marie sa femme ? (Pass. Auv., 1477, 120). Arregarde si le mien fume ! N'est ce pas la gorge d'ung four ? (Pass. Auv., 1477, 213). AFFRICQUEE. Qu'esse de moy ? suis je en beau point ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 24). Jesus, que diable esse cy ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 39). Mons. le seneschal, que vous en semble, n'esse pas icy une belle haquenée et bonne ? (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 359).

 

.

Qui est-ce qui : Hee, Vray Dieu, qui est ce qui me pouroit ores conforter, quant je voy la mort de mon pere et la destruction de mon peuple et de moy, ne je ne voy lieu dont secours me puist venir (ARRAS, c.1392-1393, 181).

 

.

[Dans une interr. indir.] : Haa, folz, ce dist ly contes, se tu savoies la grant et riche et merveilleuse adventure que je voy, tu en seroies tous esbahiz. Resmondin, qui n'y pensoit a nul mal, lui respondy : Mon tres redoubté seigneur, plaise vous a moy dire que c'est, s'il se puet faire, et aussi se c'est chose que je doye savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Et qui dit le contraire, je dy que les secrez jugemens de Dieu et les punicions sont invisibles a congnoistre a entendement humain, car il est trop gros pour entendre l'espite espirituelle, ne comprendre que c'est. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

-

[En tournure concessive] : Or alez, dist Gieffroy, mais, qui qu'ilz soient, je aideray a la plus feble partie, voire se ce ne sont mes freres. (ARRAS, c.1392-1393, 217).

IV. -

[Verbe vicaire (accompagne la négation dans une réponse, ou bien dans l'interrogation)]

A. -

[Dans une réponse] Non est : - Yssiez hors, dame Babelée. - Moy ? Non feray, Dieu m'en deffende ! - Il fault donc qu'om le me commende. - Passez, passez hardiement. - C'est donques par commendement. - Certes non est, mais courtoisie. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 112). J'aperçoy la ung grant tas de preudoms : Je cuyde, moy, que l'empereur y est. Qui sont ces gens qui portent ces bourdons A l'empereur ? Or velle la ! Non est. (LA VIGNE, S.M., 1496, 577).

 

-

N'est pas ? : Or ça, vous estes content, n'estes pas, de recevoir vostre blé (C.N.N., c.1456-1467, 291).

B. -

[Dans l'interrogation] : LE CAPPITAINE. Or ça, en aprés, dy moy plus. Ou estoit il ? PERROCQUET. En sa chambre. LE CAPPITAINE. Estoit ? (Sots mal., c.1480, 79).

V. -

[Verbe auxiliaire de temps et d'aspect]

A. -

[Avec le part. prés., auxiliaire de la périphrase durative] Estre + partic. prés. : L'espitre saint Bernart conferme Que tele femme n'est pas ferme, Qu'il fist a messire Raymon Du gouvernement de maison, De son mesnaige gouverner Et de tous les faiz ordonner Qui au commun gouvernement De maison sont appartenent (DESCH., M.M., c.1385-1403, 137). ...le chevalier, qui tresdevot et craignant Dieu estoit, delibera a Dieu faire sacrifice du corps qu'il luy avoit presté (C.N.N., c.1456-1467, 109). O mes amis, Anges polis - a Dieu servans, Quant Guabriel vis, Et concepvis, - joyeux, risans Estions en seans. (Pass. Auv., 1477, 246).

B. -

[Avec le part. passé, auxiliaire du passif et des temps composés] Estre + partic. passé

 

1.

[Du passif d'action] : Car s'en pitié ne le regarde [cel enfant], Par pére et par mére est perduz. (Mir. enf. diable, c.1339, 34). Sy estrés d'ennemis tous jours mais guerentie. (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 74). L'autre disoit qu'a un cheval Fust trainez et qu'om le pendist Tout vif (DESCH., M.M., c.1385-1403, 34). ...le peuple veult estre en sceurté gardé et tenu franc (CHART., Q. inv., 1422, 14). Beaucoup de raisons furent aleguées d'une part et d'autre (BUEIL, II, 1461-1466, 94).

 

-

[Avec le représentant le partic. passé] : Et mesmement furent exécutez les deux nepveux Jehan Caboche, aprèz qu'ilz eurent esté traynez parmy Paris grant espace. Et pareillement le fut l'oste de l'Uis de fer de Paris, nommé Jehan de Troies (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 402). ...il luy print volunté de soy marier ; si le fut ["il fut effectivement marié, on le maria effectivement"], et a la plus devoiée femme qui fust (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

-

[Avec un verbe déclaratif employé impersonnellement] : ...pour appaisier toutes choses fut parlé de l'assemblée de nosseigneurs (BAYE, II, 1411-1417, 120). ...mené et acompaigné, comme devant est dit, en l'eglise Saint-Denis en France (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 22). ...ledit Casin Cholet, dont devant est parlé (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 82). En ce temps, Anthoine de Chabannes, conte de Dampmartin, dont dessus est faicte mencion... (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 153). Aprez ces questions, fut parlé de mettre le siège au Sap et y eust beaucoup d'oppinions debatues de costé et d'aultre. (BUEIL, II, 1461-1466, 216). ...pour besongner es matieres dont dessus est parlé (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 189).

 

2.

[Du passé composé résultatif (ou passif d'état ; marque l'état résultant d'un verbe "transformatif", qui suppose le passage d'un état à un autre)] : Tenez : mettez sur vostre pis La vie qui cy est escripte : Elle est de sainte Marguerite ; Si serés tantost delivrée. (Mir. enf. diable, c.1339, 13). ...Pour un dyable criminal, Qui est venuz querre vostre hoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 15). Et nous suimez ci demourez, Povres, chetis et mendians. (Vie st Evroul S., c.1350, 129). Car d'entendre ailleurs pressé sons ["sommes" ; nous sommes à présent dans l'état de celui qui...] (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 200). ...bien siemmes ["sommes"] disné (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 118). ...dont ilz fut noiiéz milz homme (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 220). ...et eulx soyans fuis en Prouvence, qui pour elle se tenoit, pour doubte dudit roy de Honguerie (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 183). ...soyant et estant bien informé [sur la forme soyant, cf. P. Wunderli, Rom. Jahrb. 23, 1972, 48-73] (LA SALE, Sale D., 1451, 160). Il est vray que depuis que le feu roy Charles, que Dieu absoille, est trespassé, il a esté faicts aucuns rappors à monseigneur mon maistre que le roy l'avoit tresfort en hayne, et que, s'il le povoit tenir, qu'il le feroit mengier aux chiens (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 149).

 

-

[Pour former les temps composés du verbe estre] : Il est bien vray que ces Parthois Sy sont estez par maintez fois Rebelles a l'imperiaulté, Et a peinne oncques loyaulté Tindrent a l'empire romain. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 54).

 

3.

[Du passé composé des verbes pronominaux] : Li debonnaire Dieu courtoys S'est de nous doulcement partis. (Mir. enf. diable, c.1339, 53). Il fault escorchier Un buef qui s'est laissé mourir. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 62). ...pour laissier les lieux aux ennemis qu'ilz s'estoient chargiez de garder aux amis (CHART., Q. inv., 1422, 39).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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