C.N.R.S.
 
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     ÉTOILE     
FEW XII stella
ESTOILE, subst. fém.
[T-L : estoile ; GDC : esteile ; AND : esteille ; DÉCT : estoile ; FEW XII, 252a : stella ; TLF : VIII, 258b : étoile]

A. -

Au propre

 

1.

"Corps céleste brillant, étoile" : Car ce fu chose assez commune Qu'on vit le soleil et la lune, Les estoiles, le ciel, la terre, En signefiance de guerre, De doleurs et de pestilences, Faire signes et demoustrances. (MACH., J. R. Nav., 1349, 142). Quant Nostres Sires fist le monde, Où tous biens naist, croist et abonde, Il fist premiers le firmament, La terre et quanqu'il y apent ; Le biau soleil et les planettes, Les estoiles cleres et nettes, Et la lune, pour alumer Par nuit l'air, la terre et la mer... (MACH., P. Alex., p.1369, 190). Dou memoire des hommes degradés Et des livres, où il a esté mis, Maudis de Dieu, de tous sains condampnés, De la clarté des estoiles bannis Puist estre li mois de Mars Et de mal feu d'enfer brulés et ars, Li et si jours et sa puissance toute, Quant il m'a fait avoir en piet la goute. (MACH., L. dames, 1377, 222). Un pou aprez, leva la lune belle et clere, et les estoilles luisoient cler. Le conte, qui moult savoit d'astronomie, regarde ou ciel, et voit les estelles cleres, et l'air pur, et la lune estoit moult belle, sans tache, ne obscurté. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Plus luisant est que le souleil, Plus cler qu'estoile, ne lumiere. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 120). Et, à l'eure de son partement, qui estoit heure de noire nuit, il vit et apparceut ou ciel une estoile tout au dessus de l'ostel dudit president, laquelle, incontinent que le roy commença à marcher pour s'en retourner, ladicte estoile le suivoit et fut tousjours après lui, jusques à ce qu'il fut entré en sondit hostel. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 187). Et n'est de droit le seigneur a blasmer Qui bien use de ce dont il est maistre, S'il se sert donc du feu, aer, terre et mer, On n'en doit point sur luy le [blasme] mettre, Mais se saige est, Dieu le veult tant aymer Que a luy pourra les estoilles submettre. (Cene dieux, c.1492, 111). Des regions divines sont hostesses Et ont en main la lune et les comectes, Le regyme de toutes les planetes Et des estoilles les estincelles nectes, Les douze signes et les quatre elemens (LA VIGNE, S.M., 1496, 146). Et, après que icelluy Boffille eut attendu jusques après soleil couchant et que les estoilles apparissoient au ciel, sans soy despartir et estant tousjours en armes, ainsi que dict est, ledit grant maistre luy donna deffault à l'encontre dudit Julio de Pise, et pour luy en adjuger tel prouffit que selon raison et le droit des armes luy en appartenoit, renvoya ladicte matere pardevant le roy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 357).

 

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Science des estoiles/sapience des estoiles/speculation des estoiles. "Astrologie et astronomie" : Maistre Brunet Latin de Florence dit que Noé engendra Ionicus, qui tint la terre de Eritanie, qui est jouxte le fleuve de Eufratez en Orient, et fut le premier qui escripvit astronomie et qui ordonna la science du corps des estoilles et ce, en son livre appellé le Tresor. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 15 r°). ...cestui Stram, alias dit Cam, fut moult intent à la speculacion des estoilles (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 15 v°). ...et se commença en leur temps la science des estoilles moult fort à augmenter et acroistre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 16 r°). ..cestui fist le livre dessusdit, ouquel est contenue toute la sapience des estoilles et sont en icelui plusieurs choses contenues, qui sont en l'Almageste Ptholomée. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°).

 

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Cingler aux estoiles. "Se diriger selon l'observation des étoiles" : Et singlèrent tant au vent et as estoilles qu'il arriverent ou havene de Bayone. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 44).

 

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HÉRALD. "Élément d'armoierie" : ...messire Guillaume de Douglas (...) s'armoit d'asur a .I. chief d'argent a trois estoilles de geulles dedens l'argent (FROISS., Chron. D., p.1400, 128). ...le champ de l'estandart estoit semé par tout d'estoilles d'or (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 192). ...et celuy Gaspar estoit armé de toutes pièces, le bassinet en la teste, sa cotte d'armes vestue ; et estoient ses armes, de gueules à une face d'argent, à trois rondelles de lances de mesme, et sur ladite face une estoile de gueules. (Faits Lalaing K., c.1470, 229).

 

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ICONOGR. "Ornement ayant la forme d'une étoile" : ...ung ymage de Nostre Dame à qui les Troys roys viennent offrir, assize en une chayère à quatre marches et ung demy ciel à feuillages ouquel pent l'estoille ; et est Joseph assiz emprès elle, sans pierrerie (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 276). ...deux tables d'autel (...) et aura en chascune XL quarrés où il aura en chascun quarré une ystoire de la Passion brodée bien et richement de nues, estoiles d'or et royes de soleil. (Industr. Paris F., 1410,,, 376).

 

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JOAILL. : ...debvoit estre appellée celle compaignie la compaignie de le Estoille, et debvoit ung chascun chevalier tousjours porter une estoille d'or, ou d'argent dorée, ou de perles pour recongnoissance de la compaignie (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358-1360, 205). Sy ne suis, bien le considere, Filz d'ange portant diadame D'estoille ne d'autre sidoire : Mon pere est mort, Dieu en ait l'ame ! Quant est du corps, il gist soubz lame ; J'entens que ma mere mourra - El le scet bien, la povre femme ! - Et le filz pas ne demourra. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 42).

 

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[Représentation matérielle sur un outil pédagogique ou sur un instrument de mesure] : Pour mettre les estoilles en la roiz ["l'araignée de l'astrolabe"]. Aprez assées les estoilles fixes par ceste maniere en la roiz de l'astralabe. Regardez en la table des estoilles cy apres escripte leur longitude et leur latitude pour l'estoille que tu veulx assoir et en quel signe elle est. (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 103). Cestui adjouxta en la fabricacion de l'espere materielle plusieurs cercles et estoilles et moult sert à la pratique de la theorique des corps celestes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 61 r°). Cestui composa pour le roy René de Sicille la Pratique de l'astrolabe en françois et y mist plusieurs exemples et estoilles fixes que maistre Jehan Furoris n'y avoit pas mises. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 155 v°).

 

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[Considéré comme ayant une influence sur la destinée des hommes]

 

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Estoile fortunee/contraire. "Astre qui a une bonne ou une mauvaise influence" : "Tiengne et sache chacun medicin que, la Lune jointe avecques les estoilles fortunées, les maladies sont terminées à bien, et par la conjuction d'icelles aux estoilles contraires sont faiz et causés effectz opposites et mauvais..." (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 r°).

 

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Estre né sous telle estoile pour + inf.. "Être prédestiné à" : ...je suis tellement née soubz telle estoille pour estre preste et servant aux hommes ! (C.N.N., c.1456-1467, 519).

 

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[Dans une comparaison] Plus que les cieux ne contiennent d'estoiles : "Jason, Jason, l'eslite de Grece, ou es tu et quant tendras tu ta promesse envers celle qui tousjours a ses yeux plantez en la mer aprez toy, desirant toy revoir par plus de regretz amoureux que les cieulx ne contiennent d'estoilles..." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 218).

 

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Loc.

 

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Compter aux estoiles. "Perdre son temps" : Souvant estandoye mes oreilles Au jardin pour ouyr nouvelles Mais personne a moy ne survint ; Ainsi la comptay aux estoilles [var. les estoilles] En disant des oroisons belles, Dieu le scet, jusques le jour vint. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 36).

 

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Voir les estoiles à midi. "Voir très clairement" : Item experimentum Ypocratis ad clarificandos oculos : destrenpre fiel de lievre et d'engilhe et kuis en pure eawe, et de chu oinges les oes, si varat mult si que devens XI jours poras veïre les estueles a midi. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 205).

 

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[Par métaph., à propos d'un couple bien apparié] L'estoile est jointe au soleil : Et si vous devenéz sienne ainsi comme il vostre, bien se pourra dire que l'estoille est joincte avecques le souleil, ne oncquez amie ne fut mielx appariee avecques amy que vous serés (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 571).

 

2.

[Différents types]

 

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Estoile comee. "Comète" : Aussi fu l'estoile coumée, En semblance de feu couée, Qui de feu et d'occision Faisoit prenostication. (MACH., J. R. Nav., 1349, 143). De quoy dit Seneque que il apparut une estoille comee ou temps de l'emperiere Ottonian, aprés laquelle il ne vint nul mal maiz s'ensuit assés de bien, et releva, ce dit il, toute l'infame des cometes (ORESME, Divin. C., c.1366, 39). Item, les impressions appellees estoilles courantes ou qui cheent, stelle cadentes, ne les estoilles comees ou les commetes qui sont en l'aer ne sont pas de la nature de l'aer, si comme il appert ou premier de Metheores. (ORESME, C.M., c.1377, 434). Et est assavoir que [de] la seconde fumee que on appelle exalacion, est engendréz la commette, laquelle on appelle l'estoille commee, laquelle tourne d'orient en occident (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 27). Cestui fist en son temps plusieurs prenosticacions et entre les unes prenostica la mort de l'empereur Constantin par une estoille commée, appellée Pertica, qui se monstra XXXIX jours avant sa mort (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 88 r°).

 

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Estoile comete : ...l'estelle comete n'est aultre chose que une impression seche et chaude, laquelle est engendree en la plus basse partie de l'aër et pres du feu (Songe verg. S., t.1, 1378, 380).

 

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Estoille à queue. : Et si voient des estoilles quilz [l. qu'ilz] appellent lune [l. l'une] estoille barbue, lautre [l. l'autre] estoille chevelue et lautre [l'autre] estoile a coue. (Comp. kal. bergiers C., 1493, 78).

 

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Estoile barbue. : Et si voient des estoilles quilz [l. qu'ilz] appellent lune [l. l'une] estoille barbue, lautre [l. l'autre] estoille chevelue et lautre [l'autre] estoile a coue. (Comp. kal. bergiers C., 1493, 78).

 

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Estoile chevelue : Et si voient des estoilles quilz [l. qu'ilz] appellent lune [l. l'une] estoille barbue, lautre [l. l'autre] estoille chevelue et lautre [l'autre] estoile a coue. (Comp. kal. bergiers C., 1493, 78).

 

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Estoile de Mars/de Jupiter : Et finablement, il l'applique as Romains, et conclust en sentence que aussi comme ou ciel l'estoille de Jupiter est moienne entre la chaleur excessive de l'estoille de Mars et la tres grande froidure de Saturne, semblablement Ytalie est moienne entre septentrion et midi et attrempee par tele maniere que par ses conseulz et par sa prudence elle refrene la force des barbarins qui sunt devers septentrion (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 297).

 

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Estoile du coeur du Lion. "Étoile principale de la constellation du Lion ; Regulus" : Car il en y avoit .XV. [estoiles] qui estoient les plus grandes de toutes les aultres et sont appellees de la premier gra[n]deur, comme est l'estoille du cueur du Lion, comme Alhaber, qui est en la bouche du Chien meridionelle, comme Aldebaram, qui est ou signe de Thaurus, etcetera. (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 34).

 

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Estoile (errante) (erratique). "Planète" : Et c'est a la difference des planettes, qui sont appellees des anciens estoilles erratiques pour ce qu'elles se meuvent de plusieurs mouvemens composez et divers. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 11). Et ou millieu du chiel plus grant, Plus que nulle riens par dessus, Y avoit une estoille errant, Laquelle on appelloit Venus. (La Dame leale en amour, éd. A. Piaget, c.1425-1430. In : Romania 30, 1901, 331). ...et pour ce que cestui Lisania estoit de complexion doulce et temperée, le configurerent à une estoille du ciel et lui donnerent le nom d'icelle estoille qu'ilz appelloient Jupiter. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 r°).

 

Rem. FEW XII, 252b définit : «"fragments de matière cosmique qui traversent l'atmosphère" (1498)».

 

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Estoile espaisse. "Météorite (?)" : Predist aussi de ce qui fut veu l'an mil nonante V, ès nones d'avril, feria quarta, luna XXV, c'est assavoir une apparance de discours de plusieurs estoilles espesses, comme gresle cheans sur terre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 113 v°).

 

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[P. oppos. à estoile erratique] Estoile fixe. "Étoile située sur la huitième sphère céleste, dont l'éloignement donne l'impression qu'elle est fixe, et dont le mouvement, solidaire de celui de la huitième sphère, est diversement apprécié par les astronomes médiévaux" : ...et les estoilles que nous veons ne sont eques estoilles fixes, ne mie por ce que elles ne soient meutes mais pour ce que icelles mutes ne muent mie lor figures... (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 58). De ches estoilles fixes, les plus grandes et les plus grosses sont plus fortes des meneurs estoilles, et celles qui sont droit deseure les chiés sont plus fortes que celles qui declinent. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 65). ...ilz scevent lez mouvemens natureux de tous lez elemens et le cours dez corps celestes et la conjonction dez planetes entre soy meismez et aveques lez estelles fixes. (Songe verg. S., t.1, 1378, 374). La VIIJe. espere aprés c'est celle qui contient les estoilles innumerables que nous appellons fixes pour ce que elles sont toutes aussy comme fichiees et portees en ceste espere d'une maniere ensemble sans point muer leur situation. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 6). Cestui fist aucunes tables de la differance des regions et fist sur les quatre parties de astrologie, escripvit aussi sur la longitude et latitude des planetes et sur les estoilles fixes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 35 v°). Entre ses euvres fist une verifficacion de la conjunction des lunaires, aussi des eclipses et estoilles fixes pour plusieurs ans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 133 r°).

 

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Estoile ignite. "Étoile filante, météore" : ...la commecte, qui apparut l'an XXIII dudit empereur ou signe de Aries par plusieurs jours, durant laquelle se monstrerent plusieurs estoilles ignites, descurrentes par le ciel. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 r°).

 

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Estoile journale

 

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Au propre. "L'étoile du matin ; la planète Vénus lorsqu'elle précède le lever du soleil" : Et pour ce aussi l'appelle communement le peuple [Vénus] l'Estoille journal, et c'est quant elle se moustre au matin en orient devant soleil levant : et quant elle se moustre aussi au vespre aprés soleil couchant, lors est elle appellee Hesperus ou Hesper, c'est a dire estoille du vespre. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 236-237). Comme a l'encommencement du nouvel temps, ou quant l'estoille journale se doit prochainement lever a l'aube du jour, toute riens s'esgaye et s'esjouyst (GERS., Concept., 1401, 390).

 

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P. métaph. "La Vierge Marie" : Fontaine de vie aus humains, Estoille journal sanz estaindre Qui ciel, terre et mer peuz ensaindre Et secours mettre en touz perilz (...), Je te pri de cuer et de vois Que de la penance ou je vois, Faingnant le fol, c'on n'ayt avis Qui je sui n'a corps ny a vis. (Mir. parr., 1356, 30). "Voirement, a dit Sapience, bien seroit chose mesapartenant que ainsy se feist et que l'estoille journale a sa naissance fut eclipsee (...), la mere de vie mortifiee, la royne du monde faicte subjecte, subjecte a la plus vile et abhominable subjection qui soit, c'est celle de pechié". (GERS., Concept., 1401, 401).

 

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Estoile marine/des mariniers/du nord/tramontane

 

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Au propre. "Étoile polaire" : Je me departi de ceste contree, et m'en alai devers le midi, et ving .L. jornees par la grant mer, en une contree qui est apelee Lamori, et la commençai je a perdre l'estoile transmontaine pour la terre qui la me couvri. (VIGNAY, Merv. Terre Outr. T., c.1331-1333, 33). Et pour savoir et cognoistre la table par quoy nous devons ouvrer en chascun pays - pour ce cognoistre nous fault savoir la hauteur de l'estoile marine a chascun pais (PÈLER. PRUSSE, Astrolabe L.F., 1362, 38). Item, l'estoille que l'en appelle l'estoille du nort, laquelle est pres du pole artique, se elle estoit droitement en ce pole, elle seroit meue circulairement environ le centre de elle sanz ce que rien du monde reposast en son centre. (ORESME, C.M., c.1377, 368). ...finablement la pointe de la dicte aguille, ainsi touchie, comme dit est, a son droit regart a l'estoille fixe et non erratique qui est appellee l'estoille tremontane, par laquelle estoille tous les maronniers cognoissent leur chemin. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 316). Ces poles sont deux poins ymaginez ou ciel qui ne se meuvent oncques, dont l'un est devers septentrion hault eslevé sur Terre quant au regard de nous qui habitons devers celle partie, et est assez pres de l'estoille de nort, qui est aussy appellee souvent l'estoille des mariniers pour ce qu'elle les adresce de nuit par ce qu'elle ne se meut pas sensiblement. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 8). Et ainsy le voit on evidanment de nuit par l'estoille de nort. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 14). L'aymant a aussi d'autre part especial regard à l'Estoille du Nord dont les maronniers usent, qui est joignant du pole de septentrion. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 615). Par plusieurs journees au vent Ainsi nous conduit le sçavent Conduiseur, qui bien sçot l'estoile Marine cognoistre (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 47). Cestui Baxilliz donna congnoissance aux Pheniciens d'une estoille que nous appelons Mynor Ursa, par laquelle puis adrecerent leur navigage, plus adroit que n'avoient accoustumé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 r°).

 

Rem. FEW XII, 252b : stella n'atteste que : «nfr. étoile du nord "étoile polaire" (Miege 1688 - Trév 1771)» ; on trouve estoile tremontaine ds FEW XIII-2, 211a : transmontanus.

 

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[Dans un cont. métaph.] Estoile de (la) mer/estoile tramontane. "Étoile polaire qui guide les voyageurs" ; d'où "la Vierge Marie" : Vierge, estoille tresmontaine... (Mir. ev. arced., c.1341, 143). ...autant vault a dire Marie conme estoille de mer (Mir. prev., 1352, 232). ...elle sera doulce lumiere pour [en] enluminer toutes les tenebres de nostre sainte congregation et les adrechier a la sainte cite de Jherusalem et a bon port de salut, pource que elle est estoille de mer appellee. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 73). Selon ce Nostre Dame est appellee, en nostre salut, Marie, qui vault autant a dire comme enluminee ou estoile de la mer, pour la lumiere de verité. (GERS., Annonc., a.1400, 233).

 

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Estoile poussiniere. "Constellation des Pléiades (la plus brillante des sept étoiles étant comparée à une poule, entourée de ses poussins)" : Pour quoy nous devons savoir que Pleyades est une constellacion de pluseurs petites estoilles sy prochaines ensamble qu'il n'a ailleurs ou ciel autant d'estoilles sy pres l'une de l'autre, et pour ce est elle appellee du peuple communement l'Estoille pouchiniere, et est quant a present environ le .XIXe. degré du Torel. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 21). Alixandre, qui tant fist de hemee, Qui voulut voir l'estoille poucyniere, Sa personne par moy [Fortune] fut envelimee. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 64). Jossine Tost Preste dist que qui, a son couchier, salueroit l'estoille pouchiniere, il ne seroit possible de perdre aucun de ses pouchins, et se multiplieroient doublement. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 98).

 

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"Étoile (des rois mages)" : Item, a l'issir de celle digne volte, a destre partie, tout dessus, a ung pertuis par lequel l'estoille chey qui conduisoit les trois rois quant ilz vindrent aorer Nostre Seigneur Jhesu Crist. (Voy. Jérus., c.1395, 32). Quelz furent les miracles au jour d'uy faiz ? Je dy que l'un fut de la fontaine d'uile et l'autre du temple de paix qui cheut, l'autre de l'estoille qui apparut aux trois roys, qui fut au jour d'uy formee, les autres quelle mere fut vierge, que foy et cuer humain se joignirent (GERS., Noël, p.1404, 299). Maiz le Seigneur, toudiz benoit (...) Démonstra sa nativité Par une clère et noble estelle à ce faicte toute nouvelle, Et puiz monstra sa Passion à toute gent et nation Par une éclipse universele Du Soleil et surnaturele (LA HAYE, P. peste, 1426, 61). Nous avons laissé noz demainne Pour veer l'estelle qui nous convye (BOSCO, Jeu Neuch. M., c.1481-1503, 70). Celle estelle qui nous convoye Nous a monstré la cognoissance. (BOSCO, Jeu Neuch. M., c.1481-1503, 82). ...et ce pendent partiront les trois Roix avecques leurs gens et, eulx yssans de Jherusalem, se rappareistra l'estoille comme devant (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 302).

 

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Sept estoiles. "La Grande Ourse, le Grand Chariot" : ...c'est assavoir la grant ourse et la petite ourse, qui continuelment tournent entour lui [le pôle], desquelles la grant ourse est aussy moult souvent appellee du peuple le char a quatre roes. Car arthos en gregois c'est ourse en françois. Et pour ce que celle grant ourse contient en lui .VIJ. estoilles notables, et aussy fait mesmes la petite, et qu'elles tournent tousjours entour le pole dessus dit, pour ce est celle partie appellee septemtrion. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 8). ...et que ungne foiz en l'an ne se peut veoir les 7 estoilles que l'on dit le Chariot. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 v°).

 

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Estoile du vespre. "L'étoile du soir ; la planète Vénus lorsqu'elle apparaît après le coucher du soleil" : Et pour ce aussi l'appelle communement le peuple [Vénus] l'Estoille journal, et c'est quant elle se moustre au matin en orient devant soleil levant : et quant elle se moustre aussi au vespre aprés soleil couchant, lors est elle appellee Hesperus ou Hesper, c'est a dire estoille du vespre. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 236-237).

 

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Estoiles volantes. "Étoiles filantes" : Car au dessus d'eulz, de nuit, on veoit les flambes alumees de diverses figures ; de quoy pluseurs des layes gens [furent] bien esbahiz et esmerveilliéz et cuidoient que ce fussent espris volans de nuit ou estoilles volantes. (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 27).

B. -

Au fig. "Ce qui brille par ses qualités" : Dame reverent et chiere (...) De Dieu amie et de Nature Et de toute autre creature, Exemples vrais, miroirs de joie, Estoile clere qui ravoie Les cuers desvoiez a droit port, Contredoleur, santé, deport, Retour de mort et medecine, Fleur, estoc et droite racine, Dont joie et toute douceur vient... (MACH., R. Fort., c.1341, 83). Quant je lui dy qu'il ne se doit doubter, Car Fortune n'est pas si trescruelle, Qu'elle voulsist hors de ce monde oster Celle qui est des princesses l'estoille, Qui partout luist des biens dont est garnie (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 79). Ou monde n'a vertu tant belle Que la vertu de pacience, C'est des vertus la vraye estoille, La plus belle de sapience. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 102). ...disant par tout que vraiement la court de France estoit la fleur de toute largesse et l'estoille de toute honneur. (LA SALE, J.S., 1456, 172). Et n'entens pas que ceste ma petite et mal acoustrée labeur se doibve appeler ou mettre ou nombre des cronicques, histoires ou escriptures faictes et composées par tant de nobles esperis qui aujourd'uy et en cestuy temps de ma vie ont si sollempnellement labouré, enquis et mis par escript, et principalement ce très vertueux escuyer George Chastelain, mon pere en doctrine, mon maistre en science et mon singulier amy, et celluy seul je puis à ce jour nommer et escripre la perle et l'estoille de tous les historiographes qui, de mon temps, ne de pieça, ayent mis plume, ancre ne papier en labeur ou en oeuvre (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 184).

 

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"Ce qui donne de l'éclat, de la réputation à qqc." : Le thiers de ches nobles membres est chis pour lequeil chest mateire est compriese et qui est fondemens de chest ovre. Ch'est la Loy, par laqueil ly paiis doit eistre governeis et droituries, et dont les esquevins de Liege sont chief, wardans et jugeur soverains, sens nulle rapeal. (...) Ch'est ly une des estoilles par laqueil la ditte citeit est plus enlumynée et auctorisiie. (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 61).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

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