C.N.R.S.
 
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     ENTER     
FEW IV *imputare
ENTER, verbe
[T-L : enter ; GD : enter1 ; GDC : enter1 ; AND : enter2 ; FEW IV, 611b : *imputare ; TLF : VII, 1208b : enter]

Empl. trans.

A. -

Au propre.

 

1.

"Greffer (un végétal)" : ...Mains beaulx arbres y ot plantés De pluseurs divers fruis entés (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 164). Primo est a noter que tout ce que l'on seme, plante ou ente, l'en le doit semer, planter ou enter par temps moite, et au soir ou au bien matin avant l'ardeur du soleil, et en decours, et doit l'en arrouser le pié et la terre et non la fueille. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 118). Se vous voulez enter ung cep de vingne dedens ung cerisier, faictes tailler le cep de vingne qui sera planté et de long temps enraciné empres le cerisier. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 123). Ainsi com qui vouldroit enter Un arbre, il convendroit planter Une branchete ja conceue De l'arbre dont l'en veult yssue. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 151). Qui de celle branche pourroit avoir greffe pour enter en ceste terre ne pourroit yssir fors bon fruit. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1134). Et tantost après qu'il fut retourné, donna encores de grant menasses ausdiz supplians que (...) il coupperoit certaine grant quantité de arbres fructiers que lesdiz supplians (...) avoient plantez et antez en ladicte pièce de terre (Doc. Poitou G., t.10, 1460, 235). Pour fere que pommes et poires viengnent sans fleur, hentez le greffe d'ung poirier ou d'ung pomier sur ung figuier. (Hent. soutill. L., c.1466, 86).

 

-

Empl. abs. : Pour fere que lez neffez et lez pesches soient comme bonnes espices ou menger et que on les puisse garder jusques au nouvellez, entez en franc murier, comme dessus est dit. (Hent. soutill. L., c.1466, 85). Palladius, qui fist en sa viellesse le livre De agricultura, fut en ce temps erudicq en la science des corps celestes et le monstre bien en icelui livre ouquel il reduit à diverses plantes aucunes estoilles et aussi aux ellections qu'il enseigne prandre à planter, semer et anter. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 v°).

 

-

P. ext. "Planter" : Tous les jours par certainne rente Que la pucelle avoit loisir Dehors l'ostel son pere issir, Fust de soir ou fust de matin, Elle venoit en un gardin Qui estoit assés priés dou clos, Ou la dedens avoit enclos, De moult lonc tamps mis et enté, De tous arbres a grant plenté (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 84).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Mais je qui sui leur droite mere Leur doing une clarté si clere, Si a point, si bien ordenée, Que la racine qui entée [var. entree] Est dedens leur cuer d'amours germe Fleur, fueille, fruit et nouviau germe, Et les fais plus cointes vint tans Que la terre n'est au printemps. (MACH., R. Fort., c.1341, 81). Cilz arbres fu sainte Anne nostre amie Ou Dieux enta branche d'umilité [Marie]Qui au salut d'un glorieux ave Porta le fruit d'amour... (Mir. femme, 1368, 231). Du doulz vergier de toute douçour plain Vi planter hors une plante de lis [Marie de France, duchesse de Bar], Qui en Barrois reprinst et fist son raim Long, grant et droit, et getta, ce m'est vis, .VI. nobles flours pour repeupler pays, Et tel douçour, ains qu'elle fut antée, Que de l'odeur fut chascun esbahis Qu'elle sema, et en mainte contrée. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 193). Pour touz amans mettre en joie a durer Assist Amours sept fleurs par courtoisie En un jardin glorieux, ou enter Voult sains Espirs un saint arbre de vie Que je treuve en Daniel figuré, Par qui j'entens de Crist l'umanité (Mir. Berthe, c.1373, 252). Ainsy comme je me delictoye a regarder ce delicieux et celestiel champ et tres flourissant jardin de la divine Escripture, planté, anté et ordonné par la propre main du Saint Esperit (...), avint que je descendi en une partie de ce jardin, la plus gaye et florissant, qui se nomme Cantiques (GERS., Concept., 1401, 388). ...cestui sage roy, de soy esrachiées toutes espines de vices, en lui voult enter toutes vertueuses plantes, dont le fruit s'ensuivi si bon et de tel santé après, comme nous dirons par ordre, que encore en dure la rassadiacion et odeur en mains royaumes. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 21). Car vous seulle estes la sente Qui de mon bien est l'atente, L'escot ou mon espoir s'ente (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 62). S'en ce printemps que les fueilles et fleurs Es arbreceaulx percent nouvellement, Amours vouloit moy faire ce secours, Que les branches qui font empeschement Il retrenchast du tout entierement Pour y anter un raimseau de plaisance, Il geteroit bourjons de souffisance (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 389). Certes, mon fait est bien inique, Envye est tres malvoix syom ; Quant ell'est entee sus ung trom Plux y fait de mal que jaunice. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 24).

 

2.

P. anal. Enter qqc. (en qqc./qqn)

 

-

"Placer, insérer (un objet) dans qqc." : ...X sols en menue monnoye, qui estoient mis et envelopez en un petit drapeau de linge blanc, et ycellui drapeau enté et bouté en un gan. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 6).

 

-

"Encastrer (un objet) dans qqc." : Chil point ["les cases de l'échiquier"] dont, qui de tel matere Ne furent pas fait sans mistere, Estoient en la pierre enté [la pierre d'aimant qui constitue l'échiqier] (Echecs amour. K., c.1370-1380, 118).

 

-

"Fixer qqc." : Sus grant pont à Paris, (...) Firent vendre une pais c'on met à ces autés, C'on portoit à baisier quant Dieus estoit célébrés. (...) D'or fu et de pierrie ; et maint pierles frasés, Rubis et diamans furent autour entés. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 373).

 

-

En partic. "Ficher, planter (une arme pointue)" : Le fer du glaive barbele [l. barbelé] Estoit d'un croc dedens ente [l. enté]. Fait estoit tel fer pour percier Les pelerins et ahoquier. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 256).

 

-

"Raccommoder une penne rompue (en insérant l'un dans l'autre les deux bouts du tuyau rompu)" : Prenés des esgulies qui sont faites pour enter les panes des oisiaux, et sont pointies aus deulz bous et costelees comme une esguille a peletier (...) puis prenés la penne rompue de vostre oisel et en coupés le bout romu a unes forces (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 213). Se ton faucon a la pane rompue si pres du tuel qu'elle ne puisse estre entee a l'esguille, tu l'enteras en tuel de ceste maniere. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 214).

 

-

[De deux objets] Entés l'un dans l'autre. "Imbriqués l'un dans l'autre" : Plus que les aneaulx d'une chayne Qui sont l'ung dedens l'aultre enté (Barbes brayes A., a.1450, 260).

 

-

[D'une construction] Bas enté. "Implanté, construit à faible hauteur" : Plus hurte li vens aux clochiers Qu'il ne fait aux petiz planchiers, Et par fouldres sont craventez Plus que les celiers bas entez (DESCH., M.M., c.1385-1403, 344).

 

-

CHARPENT. "Fixer, enter (une pièce de bois dans une autre)" : ...pour (...) avoir livret et mis en oevre deux postiaulx et entés es baus du moulin qui soustienent le frain (Doc. 1449. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 627).

 

-

Part. passé [Des fumées du cerf] "Jointes l'une à l'autre" : Il getent leurs fumees en diverses manieres selon les temps et selon les viandeïs qu'ilz font, ore en tourche, ore en plateaux, ore fourmees, ore aguillonnees, ore entees, ore pressees, ore debotees et en d'autres diverses manieres, les quelles je diray plus a plain quant je parleray comment le veneur les doit juger, quar aucunne fois ilz se mesjugent bien par leurs fumees, si font ilz par le pié. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 62). Et, s'il trueve les fumees qui soient fourmees, qu'ilz ne s'entretieignent point et c'est du commencement de jullet jusques a la fin d'aoust, grosses et noires et longues et que elles ne soient entees ne que elles n'aient point de picon aux bouz et soient pesanz et ointues sanz limon, c'est signe qu'il est cerf de dis cors chassable. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 152).

B. -

Au fig.

 

1.

Enter qqc. (en qqn/qqc.)

 

a)

[Idée d'introduire, d'implanter]

 

-

[D'un être surnaturel, d'une personnification] Enter qqc. en qqn. "Implanter (une chose abstr.) en qqn" : ...l'ennemy tant me tempta Par fol desir qu'en moy enta Qu'a vostre honneur garder ne quis... (Mir. emper. Romme, 1369, 307). Nature avoit en vous enté, De sa benigne volenté, Bonté, biauté, sens et valour. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 88). ...[le Créateur] devers toy m'envoye toy annuncer et commender, par les haulx biens qu'il a volu en toy enter, qu'il veult par ung hoir de ta char, c'est a savoir ta fille, l'Eglise son espouse reunir (C.N.N., c.1456-1467, 98).

 

-

Enter qqc. en qqc. "Insérer qqc. dans qqc." : Et si avons nous moult d'autres exemples, lesquelles serioit grief chose enter en ceste presente oeuvre. (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 45). Le roy fist faire ung brief ou ce fait fut entés (Cip. Vignevaux W., p.1400, 17).

 

-

Enter qqc. qq. part. "Introduire qqc. qq. part" : Les Saxons aprés, par grant guerre, Conquistrent grant part de la terre, Si comme ma dame le volt, Qui moult souvent change son voult. Le nom de Brutus en osterent Et cil d'une femme y anterent. Ainssi ont le lieu possedé Lonctemps, tant y ont procedé. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 23).

 

-

[D'une qualité] Estre enté en qqn. "Exister en qqn" : Et li Blanc Chevalier ou force estoit antee Le versait du chevalz tous juz enmy la pree (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 210). Et pour ce qu'i n'est cy, est ma creance entree Qu'aprés lui est en vous chevalerie entee, Et pour ce veul de vous recepvoir la collee. (Tristan Nant. S., c.1350, 556). Le roy remest tout seul en estrange contree Avecques le bastart ou proesse est entee. (Tristan Nant. S., c.1350, 608).

 

-

Enter qqc. "Introduire qqc. (de nouveau), inventer qqc." : Benoite soit sa vye et fin Du roy qui trouva le latin ! Mais nulz homs si bon art n'enta ! (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 202).

 

-

[D'une chose abstr.] S'enter en qqn. "S'introduire, s'installer en qqn" : Et ja Ihesu Cris ne consente Qu'en fil de roy traïson s'ente, Car mieus vaurroit mort par honnour Que vivre à tele deshonnour (MACH., P. Alex., p.1369, 264). Car Fausseté qui en vous s'ente Dont le renom hé et desvueil, Lui presentera sans attente Vo mal penser, vo fol orgueil (Cent ball. R., c.1388-1396, 68). Mes las cuers se sent tiex Qu'il n'est maus qu'il ne sente, Dont jamais n'iert sentieus, Car par engiens soustieus L'ateint de cos mortieus Amours qui en li s'ente. (MACH., Les lays, 1377, 301).

 

b)

[Idée de fixer, de décider] : Cez corpz [du duc Herpin] serait pandut sans nulle demoree Tout droit a Monfacon ; la est sa mort entee. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 7).

 

2.

Enter qqn dedans qqc. "Établir qqn dans (une dignité)" : DIOCLECIEN. Dieu vous doint autant de puissance Que vous avés de volenté : Se vous destruisiés la naissance De maudite cristienté, Vous serés une fois enté Dedens l'imperial pupitre Et requerés en majesté Comme empereur, juge et arbitre. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 70).

 

-

S'enter en qqc. "S'introduire (ici dans une famille noble)" : [Les avocats]... Emplent lours arches de monnoies Et lours hostelz de garnisons, Chevauchent destriers et frisons Et acquierent grans heritages Pour soi enter en haulx lignages Et pour povres gens exillier (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 118).

 

-

Part. passé "Établi (dans tel état)" : Villain entez en mariaige Qu'a ["qui a"] femme de noble lignaige Volentier doit estre copaulx ["cocu"]. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 147).

 

3.

Enter qqc. sur qqc. "Fixer, placer qqc. sur qqc." : ...Car sa grant biauté la plente D'amours plente En moy et me met en sente De li obeir, Et Loyauté n'est pas lente, Einsois l'ente Seur foy que je li creante Jusques au morir. (MACH., Les lays, 1377, 337).

 

-

MUS. Enter qqc. dessus qqc. : De celle aussy qui est de .X. sillabes use len [l. l'en] moult voulentiers en telles hystoires et en plusieurs et notables matieres, si comme on voit es chançons amoureuses et es chançons de Nostre Dame qui communement sont serventois appellees et dessus les chançons d'amour aussy entees. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 74).

 

4.

Enter des éléments de discours

 

-

"Assembler (des mots)" : Li Bastars sent l'angoisse dont il fu apressés, Car petit s'en fali ses coers ne fu crevés ; Lors a dit, li Bastars, .IIII. mos bien entés : "A ! Baudewins, biaus pères, jamais ne me verrés !" (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 441).

 

-

"Inventer (des prétextes)" : Se li kiés ["chef" (ici l'abbé)] est malades, tout li membre s'en sentent ; Bien devés parchevoir s'il [les moines] dient voir ou mentent. Des paroles pluseurs, pour avoir congiet, entent ; Je crois bien à le fois aucun vous en tourmentent. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 182).

 

-

Part. passé en empl. adj. Ballade entee. "Chanson terminée par un renvoi qui reproduit ses rimes et son dernier vers" : ...Doubles hoquès et plaisans lais, Motès, rondiaus et virelais Qu'on claimme chansons baladées, Complaintes, balades entées... (MACH., Prol., c.1377, 6). Et doivent les envois d'icelles chançons, qui se commencent par Princes, estre de cinq vers entez par eulx aux rimes de la chançon sanz rebrique ; c'est assavoir .II. vers premiers, et puis un pareil de la rebriche ; et les .II. autres suyans les premiers, deux concluans en substance l'effect de ladicte chançon et servens a la rebriche. (DESCH., Art dictier R., 1392, 278).

 

5.

[À propos du coeur]

 

a)

Enter qqc. au/dans son coeur. "Introduire, fixer, enraciner qqc. (dans son coeur)" : J'ai en mon coer si fort enté, Dame, vostre tres grant biauté, Qu'il m'en souvient, et jour et nuit (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 128). JANICOLA. (...) mes doleurs Que j'ay pieça ou cuer entees. (Gris., 1395, 85). "Singnour, dist ly evesque, mes corps en vous je fie, Trestuis asteis mez hommez de droit u de lingnie ; Si vous prie, pour Dieu qui vint de mort a vie, Qu'en vostre cuer enteis la grande felonie Que li contes at fait al engliese saintie..." (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 662). Jehan, mon nepveu, voyés vostre ante Qui durs regrectz en son cueur ente (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 300). Pour ce que vie dissolue, Par ignorance seulement, Et loy miserable et polue Ay tenue au commancement, En mon cueur et mon pencement Ay tousjours une volunté De pourchacer mon saulvement En la foy de crestïenté. J'ay en moy ce vouloir enté (LA VIGNE, S.M., 1496, 149).

 

-

[D'une chose abstr.] Estre enté au/dans le coeur de qqn. "Être enraciné, fixé dans" : Aprés je di que il est bien possible que aucuns ont bien gouverné senz avoir veüz telx livres, par ce que ilz avoient si bon sens naturel et si bonne prudence et si tresgrant desir au bien publique que ceste science estoit en leur cuer naturelment entee, nee et plantee. (ORESME, E.A., c.1370, 99). LE QUART CHEVALIER. (...) bien semble certainement Que eulx deux n'aient seulement En tout que une seule pensee ; Car celle du marquis entee Est du tout ou cuer de la dame. (Gris., 1395, 71). Ou tempz passé que noblesse et honneur seoient en leur plus hault degré par touttez regions crestiennez et que parfaitte proëce estoit entee et enrachinee au plus fort ez cuers des nobles hommez... (Comte Artois, c.1453-1467, 2).

 

-

Enter qqc. dans le coeur de qqn. "Faire entrer qqc. dans le coeur de qqn" : Mes sans faille, dame, ma couardise Ne me vient point de mal ne de faintise, Fors que de tres parfette loyauté Que Bonne Amour a en mon coer enté. (FROISS., Orl., 1368, 90). Quant en mon cuer si doucement ha trait Son dous regart, sans menacier, qu'elle ente Un dous penser et souvenir parfait Dedens mon cuer, raisons est que je sente Les grans deduis, c'on reçoit en atente, Les quelz en moy parfaitement ha mis. (MACH., L. dames, 1377, 114). Ma tres doulce dame excellente, Pour ce que vo loyaux cuer sente Et sache le bien et dolour Que bonne Amours en mon cuer ente Pour vous, qu'on doit dire vraie ente De tout bien et de toute honnour. (MACH., Les lays, 1377, 472).

 

b)

Enter son coeur

 

-

Enter son coeur en/dedans qqn. "Fixer son coeur en qqn, mettre son coeur au service de qqn" : Car dedens vous ai mon fin cuer enté, Pour ce que voi qu'il me vuelt a mercy. (MACH., Voir, 1364, 272). Il vuet empetrer un succide, Aucun confort, aucune aïde Pour la sainte Crestienté, Où son cuer a mis et enté, Et pour les Sarrazins destruire. (MACH., P. Alex., p.1369, 217). En semblables afflictions, Voz cueurs et fermes voulentéz En Dieu de parfait vueil entez Et vous arez provisions. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 175).

 

-

Enter son coeur à/de/en + inf. "Engager son coeur à." : ...Et s'on savoit aussi que je volcisse enter Mon cuer en vous servir ne en ce point hanter, tost me feroit vous perre ossire ou effolleir (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 76). ...Pués que vous avés vous deux vous cuer antés Per parfaite amour et chascun per son grés D'avoir l'amour parfaite... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 327). Dont doit avoir amant son cuer enté A ceste vierge amer devotement (Mir. st Val., c.1367, 171).

 

c)

S'enter en/estre enté en

 

-

S'enter en qqc.

 

.

"Se consacrer à qqc." : ...Car quant uns cuers se vuet enter En amour fine, Envis puet s'amour oublier, Einsois adès, par ramembrer, A li s'encline. (MACH., L. plour, 1349, 284).

 

.

"Se fixer, s'installer dans qqc." : Loingtain de joyeuse sente Ou l'en peut tous biens avoir, Sans nul confort recevoir, Mon cueur en tristesse s'ente. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 223).

 

-

Enté en/envers qqn. "Fixé en qqn" : Mon cuer é en Dieu tout enté Et ai pensé que ceste vie lonc temps ne nous durera mie (Vie st Evroul S., c.1350, 49). J'ay heü envers vous mon cueur si fort enté Que toute ma pensee avoye a vous donné (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 472).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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