C.N.R.S.
 
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     ÉCOUTER     
FEW XXV auscultare
ESCOUTER, verbe
[T-L : escouter ; GD : escouter ; GDC : escouter ; AND : escuter ; DÉCT : escouter ; FEW XXV, 1051b : auscultare ; TLF : VII, 696b : écouter]

A. -

"Prêter l'oreille, prêter attention à qqn, à ce que dit qqn"

 

1.

Escouter qqn/ce que dit qqn., escouter qqc.

 

a)

"Prêter l'oreille à qqn, à ce que dit qqn" : ...si aucunesfoiz force luy estoit de l'escouter, Dieu scet la tresdure response dont il estoit servy [Une servante est l'objet des assiduités de son maître] (C.N.N., c.1456-1467, 73). Et sachiez que Remond l'escouta [Geoffroy] diligemment et l'ouy tres voulentiers, et lui plot moult, car Gieffroy leur afferme que sa mere fu fille du roy Elinas et de Presine. (ARRAS, c.1392-1393, 270). Et quant elle fu revenue a lui, si dist a ses gens et a Remond : Or escoutez que je vous diray : Mon doulz amy, dist la dame a Remond, sachiez que je ne puis plus demourer avec vous, car il ne plait pas a Dieu, pour le meffait que vous avez fait ; et pour ce je vous vueil dire devant vos gens ce que vous orrez. (ARRAS, c.1392-1393, 257). ...vous cieulx escoutés ce que je parle (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 145). A quoy fut conclud que on feroit savoir audit de Charrolois qu'il envoyast bon sauf-conduit, à Paris, pour ceulx qui seroient ordonnez estre envoiez pardevers lui, et, ce fait, que on y envoieroit gens pour les oyr et escouter tout ce qu'ilz vouldroient dire, pour au surplus le faire asavoir au roy, qui estoit près d'Orleans, ou à son conseil estant audit lieu de Paris, pour leur faire telle response qu'il seroit advisé de faire. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 62). ...ausquelz fut dit, comme devant est dit, et que ledit de Charrolois approuchast en aucun lieu près Paris et envoyast ledit saufconduit et qu'on yroit à lui pour l'escouter ; et autre chose n'eurent. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 62).

 

-

Estre escoutant qqn : Le preudons le fu acoustans, Et dist... (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 93).

 

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"Accueillir avec faveur (ce que dit qqn)" : Il y a aussi des consaulx qu'i fault eviter (...) de flateurs et de simuleurs, et ne les doit on point escouter (JUV. URS., Verba, 1452, 320).

 

-

"Prêter attention à (la parole d'un maître) avec la volonté d'en tenir compte" : De che dist aussi Salomon es Proverbes ou .XXIIe. chapitre : "Mon filz, encline ton oÿe et escoute les paroles des sages..." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 69).

 

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"Exaucer qqn, tenir compte de la demande, de la prière de qqn" : Se au chant de la vierge seconde La fontainne afflue et habunde, C'est a dire que la deesse Promet honneur, joie et richesse. Se au chant de la tierce pucelle Croist et s'enfle la fontenelle, La deesse est pacefiye, Apaisentee et adoulcie. S'a la quarte qui aprés vient La fontene clere devient, La vierge ne fait mie doubte Que la deesse ne l'escoute Et que faussement ne li baille En lieu de paix guerre ou bataille. (MACH., Voir, 1364, 756). Je te appelle doncques, escoute moy, viens a loy, delivre moy ! (GERS., Déf., 1400, 227). Et quant il en vint au point qu'il deut dire le verset suyvant : «Deduc me, Domine, in semita mandatorum tuorum quia ipsam volui», cecy disant, a son oreille vint ung oyseau voyant chescun, qui va dire a haulte voix : "Ton orayson est escoutee", dont tous ceulx qui estoient presens furent moult fort merveilleux. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 22).

 

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Escouter + propos. inf. "Entendre + propos. inf." : Qui est ce la que plaindre escout ? L'uis vueil ouvrir pour le veoir. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 108).

 

-

Escouter + interr. indir. : La s'arresta moult longuement Que mot ne dist, et vraiement J'escoutay s'il voloit plus dire, Mais nennil, si laissai l'escrire. Lors entrouvri une fenestre Pour vir quel heure il pooit estre. Mais il estoit au point dou jour. (MACH., F. am., c.1361, 180). Belle, s'il vous plaist escouter Comment j'ay gardé en chierté Vostre cueur qu'il vous pleut laissier Avec moy, par vostre bonté, Sachiés qu'il est enveloppé En ung cueuvrechief de Plaisance, Et enclos, pour plus grant seurté, Ou coffre de ma souvenance. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 51). Filles, vueilliez vous entremectre D'escouter pourquoy [moi, la belle Heaumière] pleure et crye : Pource que je ne me puis mectre Ne que monnoye c'on descrye. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 59).

 

-

Empl. abs. : Grace te feray : quelle ? escoute Je te reconsilieray Et de ceens moinne feray Ton filz aussi. (Mir. Theod., 1357, 116). LA MÉRE DU ROY. Escoutez de la faulse femme ! Qui la croit bien est deceuz (Mir. roy Thierry, c.1374, 266). Et doit on conmmunement plus escouter que parler, et tres tart et envis croire rapporteur de mauvaises parolles (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 29).

 

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[Sentence] Celui qui escoute sera plus sage : Et ja soit che que il samble qu'on sache bien che que on oït, touteffois plus seüre chose est de escouter que de parler, car "chelui qui escoute sera plus sage, comme on list es Proverbes ou premier chapitre, et en Ecclesiastique ou .XXXIIe..." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 57).

 

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Tout homme soit leger à escouter et tardif à parler : On list en l'epitre de saint Jasques : "Tout homme soit legier a escouter et tardif a parler". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 57).

 

-

Escouter (un bruit.) "Percevoir (un bruit) dont on connaît immédiatement la signification" : "Seignour", ce dist li dux, "par le vertu loee, Ch'est l'oeuvre du Bastart que j'ai la escoutee [la sonnerie du cor] ! Bien sai qu'il a besongne, se chose est mal alee". (Bât. Bouillon C., c.1350, 204). En la chambre à parer entrerent Qu'onques un seul mot ne sonnerent ; Chascuns son espée tenoit, Et li princes qui les menoit à l'uis de la chambre hurta. Uns chambrelains bien l'escouta Qui dedens la chambre gisoit ; Si li respondoit et disoit : "Hurtez bellement, li roys dort." Et li princes hurta plus fort, En disant : "Compains, euvre l'uis." (MACH., P. Alex., p.1369, 267).

 

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Escouter à oreilles sourdes. "Ne pas entendre, ne pas vouloir entendre" : Mais souvent a oreilles sourdes Est escouté le voir disant, Qui de vertu va devisant (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 150).

 

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Part. prés. en empl. subst.

 

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"Celui qui prête l'oreille" : Dieus doinst qu'il plaise a[s] escoutans (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 156). Aussi est il espandu (...) en l'oreille des escoutans et des oians. (Mir. ev. N.D., c.1348, 61). ...durement a[n]oieroit L'escoutant, qui tout conteroit. (Pastor. B., c.1422-1425, 93).

 

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En partic. "Auditeur (dans une administration)" : Ce jour, fu esleu par voie de scrutine maistre Berthelemin Hamelin, licencié in utroque et advocat escoutant ceans, ou lieu de maistre Guillaume de Marle (BAYE, II, 1411-1417, 185).

 

b)

"Prêter attention à qqc." : Mais tout einsi, com je me delitoie En son trés dous chanter que j'escoutoie, Je vi venir par une estroite voie, Pleinne d'erbette, Une dame pensant, toute seulette Fors d'un chiennet et d'une pucelette (MACH., J. R. Beh., c.1340, 59). Adont escoute et si oreille Le martelis, dont s'esmerveille, De ceulx, qui tieulx coups s'entredonnent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 299). ...qu'il veoit bien qu'il estoit à la fin de ses jours, que en l'onneur de Dieu, de la Vierge Marie, et de toute la benoite et sainte Trinité de Paradis, l'on voulsist oïr, escouter et escripre les pechez, larrecins et mauvaistiez par lui faites et commises puis le temps dessus dit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 26). En escoutant les chansons et dances, prenoit a la foiz si grand plaisir que amours emouvoit son courage (C.N.N., c.1456-1467, 567). Suppostz, toy tout premierement L'Affineur et toy, Fine Myne, Et Parrocquet semblablement, Escoutez que je determine. Vous qui estes en lieu de rime Fourrez de malice en tous lieux, Vueil qu'on vous nomme par ce signe Tous troys les sotz malicieux (Sots mal., c.1480, 89). L'ERMITE. Ne vous chaille. Escoutez ung peu le mien train. (Sots gard., a.1488, 102). LE QUART en sacoutant. Escoutez deux motz. (Sots gard., a.1488, 109).

 

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En partic.

 

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Escouter une confession : ...[l'ivrogne] mect la main a sa grand coustille, et de sa gayne la tira, et dist au curé qu'il l'en tuera si bientost il n'escoute sa confession. (C.N.N., c.1456-1467, 61).

 

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Escouter (la) messe. "Entendre la messe" : Il se sont descouchés, s'ont la messe escoutee (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 262). La belle, gracieuse et douce, Qui mes maus amoureus adouce, Oÿ la messe toute entiere, Et je l'escoutai par derriere. (MACH., Voir, 1364, 264). Au matinet, messe escouta Li roys, que uns prestres li chanta, Et quant la messe fu chantée, Il monta dedens sa galée (MACH., P. Alex., p.1369, 64). Si nous a la messe chantee, Qui de bon cuer fu escoutee, Et puis presens de toutes pars Me furent en cel lieu espars Beaulx et riches, et grant honneur Me porterent grant et meneur (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 39).

 

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[Allusion aux lois qui enjoignent aux officiers comptables de rendre leurs comptes aux magistrats désignés sous le nom d'auditeurs des comptes] Escouter le compte : Mais viez pechiés et vieilles debtes Font a Dieu compter a clingnettes, C'est a dire qu'il n'i voit goute. Non fait cils qui le compte escoute. (MACH., C. ami, 1357, 122).

 

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Loc. Escouter l'avoine/les avoines lever/escouter l'avoine à lever. "Attendre les événements en observant attentivement ce qui se passe" : Ung homme qui porte une houe sur son col et deux autres tenans une lance chascun et le poulsent par derriere et y en a ung autre qui est couché derrière une haye, qui escoute les avoines lever et dit : Coy me tient cy, hors du sentier, A part, seullet derriere la haye, Qu'on ne me boute comme Gaultier Ne qu'a nuyre nul vouloir n'aye, Feignant que n'entens ne voy goutte, Et l'avoyne a lever escoutte. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 130). Dont quand celuy de Harcourt vit les seigneurs, lesquels il avoit mandé et requis de venir à son ayde, estre en ce danger que de non pouvoir passer (...) tourna bride vers son Crottoy, et là se tint escoutant l'avaine lever et les rapports de fortune. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 256).

 

c)

Empl. abs.

 

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"Prêter l'oreille, être attentif" : ...des poissons plus d'ung millier Qui estoient la pour escouter Et aussi pour estre tesmoings Des prophecies et des sains (Est., p.1460, 25). Item, [je ne donne] riens aux Enffans trouvés, Mais les perduz fault que consolle ; Sy doivent estre retrouvez Par droit sur Marïon l'Idolle. Une leçon de mon escolle Leur liray, qui ne dure guerre ; Teste n'ayent dure ne folle, Escoutent ["Qu'ils écoutent"] ! car c'est la derniere. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 128). LE PREMIER SOT. Escoute, j'ay eu dessus la teste. Mon Dieu, soyés nous amiable. (Feste roys, c.1475-1500, 304). PROPTER QUOS. Aprés que auray bien escouté, Mes folz, viendrez vous s'il vous plaist ? (Rapp., c.1480, 59).

 

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"Guetter (en prêtant l'oreille)" : ...il envoya [un ami] pour faire le guet et escouter a l'entour de sa maison pour veoir si quelque larron y viendroit. (C.N.N., c.1456-1467, 442).

 

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Au fig. : Use doncquez de ton devoir, et ne laisse pas ce corps serf au monde te tyrer avecquez soy en perdition, maiz fait guet et escoute sur ta garde. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 26). Or prennent ilz a coup auctorité usurpee et puissance non deue, et se aveuglent en la vanité de leur fortune, quant, pour le bruit dez honneurs mondains qui les estonnent, ilz ne pevent escouter l'amonnestement de rayson. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 47).

 

d)

Inf. subst.

 

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"Sens de la perception des sons ; ouïe" : ...on y voit [chez les bêtes] les V sens du corps aussi parfaictement ou plus : les chiens ont plus parfait odorement a merveille et les voultours aussy, le singe nous passe en gouster, le porc sauvaige en escouter, l'aigle et le lins en regarder (GERS., Trin., 1402, 152).

 

-

"Action de prêter l'oreille" : Et ce qu'elle en a devisé, Vous l'avez trés bien avisé, Oy, senti et entendu. Car de sa bouche est descendu En vostre cuer par escouter ; Si ne le faut pas repeter. (MACH., J. R. Nav., 1349, 196). ...ennuis seroit du dire et du raconter et de l'escouter. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 21). Encores est aux seigneurs et dames très necessaire(s) soy garder du long escouter le très perilleux parler des flatteurs. (LA SALE, Sale D., 1451, 41).

 

2.

En partic. [Domaine de la narration orale]

 

a)

"Suivre (une histoire racontée)" : Car les narracions que l'en fait en telz rommans ou ditiez ne muent en rien la felicité de ceulz qui vivent et les escoutent, et les faiz qui aviennent presentement redondent encore moins a ceuls qui sont mors qui rien n'en sentent ne riens n'en scevent ne rien n'en oyrent dire. (ORESME, E.A.C., c.1370, 138). Et, pour advertir de cest afaire tous ceulx qui prennent plaisir à lire et escouter les faitz de la guerre, moy, croniqueur, ay oÿ dire et raconter à ceulx que j'ay cy dessus nommés, lesquelz en ma presence en furent interrogés devant le roy et monseigneur de Nerbonne, filz du conte de Fouez (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 269).

 

-

[D'éléments naturels, dans la légende d'Orphée, avec une idée de fascination] "Être attentif à ce que dit ou chante qqn" : Cils poetes dont je vous chant Harpoit si trés joliement Et si chantoit si doucement Que les grans arbres s'abaissoient Et les rivieres retournoient Pour li oïr et escouter, Si qu'on doit croire sans doubter Que ce sont miracles apertes Que Musique fait. C'est voir, certes. (MACH., Prol., c.1377, 10).

 

b)

[Adresse de l'auteur à l'auditeur devenu lecteur]

 

-

[Sorte de précaution oratoire] Si le lecteur/auditeur veut m'escouter : Encor vueil d'un autre compter, Se vous me volez escouter. (MACH., J. R. Nav., 1349, 235). Encor te dirai un confort Ou moult durement me confort, Et tu t'i dois bien conforter En l'oïr, et en deporter, S'un petit me vues escouter. (MACH., C. ami, 1357, 98). Mais encor te vueil je compter, S'un petit me vues escouter, Pour quoy tu gardes ces moutons Et cuels preneles et boutons. (MACH., F. am., c.1361, 213).

 

c)

[À l'impératif]

 

-

[Pour éveiller l'attention de l'interlocuteur] : Or escoute chose notable : Nous trois seiens a une table Pour nossoier et pour mengier. Mais Discorde se vint vangier, Car par despit, c'en est la somme, Getta devant nous ceste pomme... (MACH., F. am., c.1361, 215). Et cilz qui le conseil vous donne D'aler y si hastivement, Il vous conseille folement. Or m'escoutés, vesci pour quoi. (MACH., Voir, 1364, 610).

 

-

Écoutez + interr.indir. : Or escoutez quelle chose envint de ces amours, et quelle en fut la conclusion. (C.N.N., c.1456-1467, 474). Or escoutez, s'il vous plaist, qu'il advint en nostre chastellenie de Lisle, d'un bergier des champs (C.N.N., c.1456-1467, 482).

 

3.

[Rapports entre ouir/entendre/escouter]

 

a)

[Entre escouter et entendre ("comprendre, chercher à comprendre")] : Telz gens sont aussi comme ceulz qui sont malades et escoutent et entendent a grant estude et a grant diligence ce que les medicins leur dient. (ORESME, E.A., c.1370, 157).

 

-

Prov. L'homme qui escoute, s'il n'entend en vaut pis ; il est comme celui qui chasse et ne prend rien : Mais li hommes qui escoute, sil n'entent en vault pis : Certz ch'est chiux qui cache, si n'a onques riens pris. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 5). Mais y couvient premierement Apliquer ton entendement Ad ce que tu bien entendisses Mes paroles et retenisses, Car cils qui escoute [var. qui nescoute] et n'entent Ce qu'on li dit, fait tout autant Com cils qui riens ne prent et chace, Car il pert son temps et sa chace. (MACH., C. ami, 1357, 75).

 

b)

[Entre ouir ("percevoir par l'ouie") et escouter (qui s'accompagne d'une idée d'attention portée à qqc.)] : Nonpourquant je vous diray que on en puet faire pour le mieulx: je loz que on le face detraire a chevaulx par ceste cité, et voisent vint hommes ou trente par devant et autant par derriere, pour oïr et escouter se ilz entendront noise ne cry par ou ilz yront, et voist on criant aprez : "Veez cy le larron qui a emblé le tresor a l'empereur" ! (Bérinus, I, c.1350-1370, 407). Ne me sçai de quoi conforter, Car ma douce dame au vis cler Ne voelt oyr ne escouter Mais ma priiere, Ains quant je li voel remonstrer Les grans griefs que j'ai a porter, Sans parole nulle sonner, Me boute arriere Et me monstre si dure chiere, Que bien perchoi par sa maniere Qu'elle m'a trop plus chier en biere Que plus garder. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 42). Car il a grant difference en tele matiere entre parler ou dire aucunes choses et les oïr ou escouter. (ORESME, E.A., c.1370, 270). Et mesmement le legislateur doit faire que les joennes gens ne dient ne oient ne escoutent rien tel. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 337). Roulant a escouté, si a ouÿ noiser, Tant cheval ot hennir et tant paien crier (Galien D.B., c.1400-1500, 96). Et, nuit et jour, j'escoute pour ouir S'auray confort de ma peine cruelle. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 319). Quand ce gentil chevalier vit son hostesse preste d'oyr, d'entendre et escouter ce qu'il vouldroit dire, pensez qu'il fut joyeux oultre mesure (C.N.N., c.1456-1467, 432). Après ordonna le Jouvencel qu'il en yroit quatre devant, Gervaise Nardereau et trois autres, pour ouyr et escouter s'il y avoit aucune embuche sur le pays (BUEIL, I, 1461-1466, 65).

 

-

[Sentence christique] Qui a des oreilles pour ouir escoute ce qu'on veut lui dire : Du premier dist Nostre Seigneur ou .XIIIe. chapitre de l'Euvangile saint Mathieu : "Qui oreilles a pour oÿr, escoute che que on lui veult dire" (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 56).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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