C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DON     
FEW III 138b donum
DON, subst. masc.
[T-L : don ; GDC : don ; AND : don1 ; DÉCT : don ; FEW III, 138b : donum ; TLF : VII, 409a : don1]

A. -

"Action de donner ; ce que l'on donne"

 

1.

[Une chose matérielle] "Cadeau, donation, largesse, libéralité" : Quant li rois ot dit sa parole, Daniel einsi l'aparole : "Rois, de tes dons ne de ta terre N'ay cure..." (MACH., C. ami, 1357, 29). ...moult de biaus dons me donna (MACH., Voir, 1364, 312). ...il estoit en dons larges et oultrageux, et se endebta tellement que il ne se povoit aydier de chose nulle qu'il euist (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 144). Scez tu point, par ta verité, Qu'envoié m'ait nul don Clovis ? (Mir. Clov., c.1381, 217). ...il convenoit qu'il parlast à Thibaut La Loge et autres marchans de la ville de Troyes, dont il est nez, affin que d'iceulx il peust avoir ou recouvrer, par don ou emprunt, argent pour soy vivre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 454). Et, pour ce, sadite marrine lui conseilla que, par maniere de don ou rente annuele, elle lui feist par chascun an quatre deniers paris. de rente (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 290). Et donnez alaine a vostre peuple, et trouvez moyen d'avoir argent aultre part, et reprenez de ceulx auxquelz vous en avez trop baillé, comme en estas, dons et gaiges de ses officiers, et finance, lesquelz par apparence en ont trop de ses usuriers, qui ont presté a vous mesmes a usure, des marchans de sel, qui ont trop excessivement gaigné, et est grant nouvelle. (JUV. URS., Verba, 1452, 405). ...puisque vous estes meu d'aller à la court, ou vous y voullez aller pour acquester aucun don et trouver aucun gratiz, et puis avez entencion de retourner à la guerre, ou vous y voullez demourer de tous pointz. (BUEIL, I, 1461-1466, 45). ...oultre ce qu'il estoit grand seigneur de soy, il tenoit grandz seigneuries par don de roy tant de la couronne que de confiscation, et puis cappitaine de Callaix et autres grandz offices (COMM., I, 1489-1491, 192).

 

-

Don de qqc. "Libéralité, donation, cadeau consistant en telle chose" : ...que par convoitise et don d'argent elle ceduit icelle divine à dire, contre la verité, que ladite Gilete avoit fait iceulx ensorcelemens (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 335). Et la tout chevalier de noble lignie qui y vouldront venir veillier la sourveille et la veille et le jour XXVe de juing, sans sommeillier, auront un don de toy des choses que on puet avoir temporelment des terriennes choses, sans demander ton corps, ne t'amour, en estat de mariage ou d'autre conjunction naturelle. (ARRAS, c.1392-1393, 13). Lors appella le roy Hervy, car il l'amoit moult, et lui dist : Hervy, recevez le don de la baronnie de Leon que voz cousins vous veult donner, et m'en faictes hommage. (ARRAS, c.1392-1393, 66). Par ma foy, ma doulce amour, vous avez trop plus fait pour moy que je n'ay pour vous, quant vous me avez fait le don de vostre noble corps et herite de vostre noble royaume, et avecques moy n'avez rien prins que mon corps. (ARRAS, c.1392-1393, 192). Et lui fut ilec fait grant honneur ce jour, car le roy et la royne, monseigneur de Bourbon et madame sa femme, monseigneur de Nevers, madame de Bueil et toute leur noblesse qui les suivoient y furent et se y trouverent. Et y fut fait moult grant chere, et si leur fist on de moult grans, beaulx et riches dons. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 179). Chascun embassadeur des leurs qui vint devers le roy, à ce commencement, eut grans dons de luy en argent (COMM., II, 1489-1491, 115).

 

-

DR.

 

.

Donner qqc. en pur don. "Donner qqc. libéralement et sans restriction, sans aucune condition pour le destinataire" : Item, laisse et donne en pur don Mes gans et ma houcque de soye A mon amy Jacques Cardon, Le glan aussi d'une saulsoye, Et tous les jours une grasse oye Et ung chappon de haulte gresse, Dix muys de vin blanc comme croye, Et deux procés, que trop n'engresse. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 18).

 

.

Don entre vifs. "Donation (entre deux personnes de leur vivant)" : Item, ycelui testateur sur ce bien advisié ratiffia, conferma et approuva du tout certain don par lui fait entre vifs à la dicte Freminette, de sa maison neufve (Test. Parlem. Paris T., 1406, 428).

 

2.

[Une chose plus abstr., un geste envers qqn] "Faveur" : Mais douceur, franchise, largesse, Diligence, amour, hardiesse, D'onneur et de victoire don Te feront (MACH., C. ami, 1357, 115). Et s'il la sert loyaument et sans vice, Il porra bien avoir pour son service De s'amour don. (MACH., F. am., c.1361, 173). "Ha ! tres chiers sires, puis que je apassai par deça la mer en grant peril, ensi que vous savés, je ne vous ai requis ne don demandet. Or vous prie je humlement et reqier en propre don que, pour le Fil a sainte Marie et pour l'amour de mi, vous voelliés avoir de ces siis honmes merchi." Li roi (...) dist : "Ha ! dame, je amaisse trop mieuls que vous fuissiés d'autre part que chi. Vous priiés si acertes que je ne vous ose escondire le don que vous me demandés ; et conment que je le face envis, tenés, je les vous donne, et en faites vostre plaisir." (FROISS., Chron. D., p.1400, 848). De toy me plaing de toute riguer plaine, Quant ta durté a tort me desherite Du riche don de joye souverainne, Et que ton dart a piteuse fin maine Le chois d'onneur et des dames l'eslite. (CHART., Compl., 1424, 321). Sire, je vous requiers que vous me donnez ung don à ma revenue. Le roy lui octroye voulentiers et lui dist : - Beau cousin, tout ce que vous nous vouldrez demander, nous le vous accordons. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 239). Encores dient les gens que, quant Pillate vist que de sa vye n'y avoit remede plus, il supplia ung don qui lui fut accordé. Alors requist que, après sa mort, son corps fust mis sur ung char attellé de deux paires de boeuffles et fust laissié aller la ou l'aventure des buffles le porteroit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 68). Mais, souverain sire emperere, Je vous requier d'umble priere, Pour confermer ma gentilesse Et auttoriser ma noblesse, Qu'i vous plaise par vostre grace De moy donner en ceste place Le hault don de chevalerie (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 57).

 

-

Faire don de soi à qqn. "Se donner, se vouer, se consacrer à qqn" : LA DAME. Certes, sire, je li fais don De moy toute des ores mais. (Mir. enf. ress., 1353, 73).

 

-

[Dans le langage amoureux] Don de grace/de merci/de pitié : Ma dame, einsi La merciay com vous avez oï, Dou noble don de sa douce merci. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 82). De tous soit cellui deguerpis, D'onneur desgradé et deffait, Qui descongnoist et tourne en pis Le don de grace et le bienfait De sa dame qui l'a reffait Et ramené de mort a vie ! (CHART., B. Dame, 1424, 352). Ne la bele que j'aim tant et desir Ne scet quant prist mon cuer par son viaire, Ne ne sara par moy ; j'aim mieus morir. Car il n'est riens qui tant me puist detraire Com le refus dou haut don de merci ; Car se je l'ay [E. Hoepffner propose de corriger "car se je l'ay" et d'écrire "car se ne l'ay" ; mais le ms., consulté par G. Roques, porte bien "je"], si vair oueil ont trahi Moy et mon cuer, par le consentement Celle que j'aim de cuer entierement. (MACH., L. dames, 1377, 17). COPPIE DE LA REQUESTE BAILLEE AUX DAMES CONTRE ALAIN Supplient humblement voz loyaulx serviteurs, les actendans de voustre tresdoulce grace et poursuivans la queste du don d'amoureuse mercy, comme ilz ayent donné leur cuer a penser, leur corps a travaillier, leur vouloir a desirer, leur bouche a requerir, leur temps a pourchacer le riche don de pitié que Dangier, Reffus et Crainte ont embuché et retrait en la gaste forest de Longue Actente, et ne leur soit demouré compaignie ne conduit qui ne les ait laissiez en la poursuite fors seulement Bon Espoir, qui encores demeure souvent derriere lassé et travaillé du long chemin et de la tresennuyeuse queste (Lettres Chart., 1425, 361).

 

.

Don d'amie. "Sorte d'encouragement tacite accordé par une femme à un homme qui veut lui faire la cour" : Et quant cils esgars vient en place, Tous ces poins devant dis efface Et par sa force leur deffent, Dont a po li cuers ne li fent, Et se leur dit de sa science: "Pour quoy avez vous conscience De donner le haut don d'amie, Et se ne le demande mie ? Trop le metez en abandon, Se pour si po en faites don. S'on vous en presse, resgardez Et encor moult bien vous gardez A cui vos resgars lanceriés..." (MACH., D. Aler., a.1349, 374). Nulz homs ne puet en amours pourfiter Qui n'est souffrans et d'estable corage Et qui ne vuet à tous maus resister Et en tous biens maintenir son usage ; Car cilz qui est garnis de cuer volage Ne doit avoir par raison don d'amie : Telle est d'Amours la noble signourie. (MACH., L. dames, 1377, 101).

 

-

Donner qqc. en don (à qqn) : Amours, ce n'est mie raison De moy donner tristece en don En lieu de joieus guerredon (MACH., R. Fort., c.1341, 49). ...mes elle m'est lontainne, Car, quant je li donne en don Mon coer, m'amour, n'en ai pour guerredon Fors escondis et refus, jour et nuit. (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 25). Se m'aist ores Dieu que je sens Mon cuer si hors de mon bandon Que, quoy que soit, folie ou sens, Puis que je le donnay en don -- Et n'eusse jamais guerredon -- Il me convient en ce point vivre. (CHART., D. Rev., a.1424, 315).

 

-

Le don de + inf. "La faveur qui consiste à" : L'ADVOCAT. (...) trop grant don voulez donner D'un tel fait a plain pardonner (Mir. enf. ress., 1353, 48).

 

.

Octroyer à qqn le don de + inf. "Accorder à qqn la permission de" : ...je vous ottroy Le don d'aler la conforter. (Mir. Theod., 1357, 111).

 

.

Octroyer à qqn le don/par don que + prop. sub. "Accorder à qqn la grâce, la faveur que + sub." : ...que vous m'ottroiez ce don Qu'il ait de son meffait pardon. (Mir. prev., 1352, 253). Or pers tous deux par voie estrange Dont je vois, nuz piez et en lange, Prïer la Vierge Qui des cieulx est vraie concierge, Lui presentant un ardant cierge Afin que par sa grace acquierge Grace et pardon, Et a nous deux vueille par don Octroier qu'ainsi ne tardon L'un aprés l'autre, ainçois gardon Par sa pitié, Vifz et mors, la nostre amictié. (CHART., L. Dames, 1416, 222).

 

3.

En partic. "Offrande (dans un lieu de culte)" : ...et mist hors tout a fait Quanque ses peres y a fait, Qui fu bons, loiaus et preudons Et au temple donna preu dons (MACH., C. ami, 1357, 50). Pour ces deux miracles, fu l'eglise mout fort visetée de tout le peuple, et donna li rois à l'eglise (...) ung grand don, et ossi fisent tout li seigneur, et i ot bien de don ce jour pour trois cens frans. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 151).

 

-

"Aumône" : Sire, donnez m'un petit don, Maille ou denier. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 259). Mais une riens trop me grevoit A veoir, car Richece avoit Une maniere trop contraire A raison, car je lui vi traire De ses coffres les grans tresors, Si les donnoit et donne encors A ceulx qui plus riches estoient Et plus leur donnoit, plus ostoient Aux povres gens leur peu d'avoir, Mais nul povre ne peut avoir A celle court ne preu, ne don, Benefice, ne guerredon (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 66).

 

.

Don caritatif : Et aussi les temps passés, la dicte eglise a esté refeccionnée par dons caritatis et omosnes de bons catholiques. (DU MAREST, Comptes L., 1412-1433, 32).

 

-

"À Rome, impôt sous forme de don obligatoire" : ...et le tiers jour porta .CXIII couronnes d'or qui estoient les dons des citéz par lui prises et mena devant son curre moult de nobles prisonniers (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 21). [Actilius]...entra a Romme portant devant soy moult de banieres et grant quantité d'or et d'argent et les dons des citéz compaignes (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 50). ...il [Vespasien] ne revoca pas les dons et tailles nouvelles ordonnees soubz Galba, mais en adjousta de plus griefves (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 346).

 

4.

[Prov. et sentences]

 

-

Amour par dons vit et dure : A celle qui me plaist tout donne, Quant a mon vouloir s'abandonne, Quoy que soie de grant laidure, Car amours par dons vit et dure. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 236).

 

-

Bon don attend celui qui bon maistre sert : Bon don attent cilz qui bon mestre sert. Je ne dis pas que desservi riens aie, Trop paie bien qui devant heure paie ; Mon paiement gist en vo douce attente (FROISS., Orl., 1368, 87).

 

-

Celui son ame trop deçoit Qui dons iniquement reçoit. "Il fait du tort à son âme, celui qui reçoit des dons sans considération de justice" : Celluy son ame trop deçoit Qui dons iniquement reçoit. Considerons ce qu'en publicque Dit le prophete evangelique : "Les gens" dist-il, "qui ayment dons Et quierent propine et guerdons Ne jugent pas pour le pupille, S'ainsi est qu'il n'ait croix ne pille, Ne la cause de la vefve femme Ne meinent, s'elle n'est grant dame." (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 165).

 

-

Il n'est rien que dons ne cassent. "Il n'est rien que des libéralités n'effacent, ne fassent oublier" : ...il donna et departi de ses biens si largement que tout s'en contenterent, et acquist la grasce et l'amour d'euls, car il n'est riens que dons ne qassent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 466).

 

-

Il ne faut pas que le don soit plus grand que la faculté de celui qui donne. "Il ne faut pas que ce qui est donné excède les possibiltés de celui qui donne" : Le secont commendement [De Cicéron, dans son De offciis] quant a ce, si est que le don ne soit plus grant que la faculté de celui qui le donne. (COURTECUISSE, Serm. D., 1397-1418, 260).

 

-

Les dons aveuglent les plus sages de la terre : "Ne se merveille de ce nul," dist la royne, "car la sainte escripture dit que les dons aveuglent les plus saiges de la terre. Et pource, Beau Filz, il est expedient que tu te doyes cautement garder de telz aliez, qui sont pres de toy et scevent tes secrez..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 354).

 

-

Longue attente estaint moult la vertu de don. "Un cadeau qu'il faut attendre longtemps perd beaucoup de sa valeur" : Gardez que vous ne promettez chose que vous ne puissiez tenir ; et, se vous promettez aucune chose, ne la faictes pas trop attendre, car longue attente estaint moult la vertu de don. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

-

Il faut faire les dons par telle moderation qu'on ait toujours assez de quoi fournir : Et par ce avoit il tousjours assez de quoy fournir et continuer si que dit le sage où il enseigne que par telle moderacion soient faiz dons que on ait tousjours de quoy continuer, comme trop face grant mal au liberal quant plus n'a de quoy donner. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 161).

 

-

Il n'est si belle acqueste que de don : Accordez vous, roix et ducz, accordez Et regardez vostre peuple en pité ; Resuscitez justice et le gardez ; Prenez, pendez, plantez, patibulez, Boulez, brulez, nul ne soit respité ; En la cité de Dieu serez cité, Felicité arez en habandon : Il n'est si belle acqueste que de don. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 145).

 

-

Qui dons prend se vend. "Qui accepte des dons s'engage, se compromet" : Et se il lui envoye dons, quelz qu'ilz soient, que elle garde bien que nul n'en prengne ; car qui dons prent, se vent. Et se il avient que aucune personne lui en face quelque message, que elle die expressement et a rechigné visage que jamais plus ne lui en parle. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 181).

B. -

[Ce qui est donné à l'homme par Dieu ou par des abstractions personnifiées qui interviennent dans la vie de l'homme]

 

1.

"Bienfait, faveur, avantage" : ...car s'elle a l'avoir, Les vertus ne puet elle avoir, Car vertus sont dons que Dieus donne A homme qui a bien s'ordonne, Et viennent d'acquisition Faite en bonne condition Par armes ou par grant estude Ou par avoir grant multitude (MACH., C. ami, 1357, 69). Richesses sont dons de Fortune... (MACH., C. ami, 1357, 69). Quant au bon roy de droiture As tout tolu fors sa vie Esbahie Et sa vaillance hardie Que n'as mie, Quar c'est des dons de Nature. (MACH., Les lays, 1377, 477). Le don de Fortune sont seigneurie, dominacion, puissance, richesces, noblece de sang, bonnes aventures, avoir escheu à bonne et belle partie, soit femme ou mary, belle ligniée d'enfans ou de haulx parens et toutes telz choses qui sont dehors soy. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 34). Sy ne m'est pas estrange se tu enseignez aux aultres gourmandise et abandonnee luxure et la prometz en l'aultre siecle pour gloire, quant toy mesmez t'osas vanter que tu avoiez par don de Dieu le povoir de quarante hommez en tes rains pour acomplir l'oeuvre de luxure. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 123). Car ceulx qui politiquez nous aprennent ont baillié conclusion que les hommez d'eslevé entendement sont habiles par don de nature a gouvernement et seigneurie, et les rudes qui ont leur vigour es forces corporeilles sont deputés et donnés a naturelle servitude, ainsi que le corps mortel est subgiet a l'esprit pardurable. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 72). Car cueur qui se donne tout a Dieu ne peult faillir au don d'esperance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 174). ...mais de tant que la personne est plus hault esleuee de tant a il plus grant don de grace de dieu. (CIB., p.1451, 187). ...aucuneffois les couraiges des jeunes gens se eslièvent et enorgueillissent par ung pou de prosperité, comme par avoir or ou argent, richesses ou parens puissans et autres dons de fortune, les autres pour vaillance, science, entendement ou force, ou autres biens de nature. (BUEIL, I, 1461-1466, 122). Et ainsi il appert qu'est requise la presence du Saint Esperit et son don qui est amour par lequel on adhert et est conjoinct a lui. (Somme abr., c.1477-1481, 118). Car "toute chose tres bonne donnee et tous dons parfais descendent et viennent a nous de par le Pere de lumiere de lassus". (Somme abr., c.1477-1481, 122).

 

-

En partic. [D'une fée, d'une sorcière] Donner à qqn le don que. "Donner à qqn tel sort, tel destin (heureux ou malheureux)" : La vertu du germe de ton pere toy et les autres eust attrait a sa nature humaine, et eussiés esté briefment hors des meurs, nimphes et faees, sans y retourner. Mais desormais je te donne le don que tu seras tous les samedis serpente du nombril en aval. Mais, se tu treuves homme qui te veuille prendre a espouse, que il te convenance que jamais le samedy ne te verra, non qu'il te descuevre, ne ne le die a personne, tu vivras cours naturel comme femme naturelle, et mourras naturelment. (ARRAS, c.1392-1393, 13).

 

2.

En partic. Don (de qqc.). "Aptitude (à qqc.), faculté (de qqc.), disposition (pour qqc.) donnée à qqn" : Or m'ottroies le benefice Du don de force. (Mir. st Panth., 1364, 352). Item, des mouvemens des corps glorifiéz desus dis je m'en passe briefment pour ce que les docteurs en ont soufisanment determiné, car telz corps sont ou seront douéz des dons de subtilité et de agilité aveques les autres dons et si ne ont ou avront quelcunque inclinacion a descendre ne autre resistence dedens eulz comme dit est (ORESME, C.M., c.1377, 724). à revenir aux particularitez de quoy sert cellui don d'entendement, lequel est a sa situation ou chief, est à savoir que de lui viennent et avecques lui demeurent ..III.. par especial moult nobles vertus: l'une est retentive, l'autre memoire, et la tierce est raison. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 34). Et don de prophecie se assiet sur lez humbles et sur lez innocens, et l'office de messagerie divine n'est jamaiz commis a celui dont la vie est contraire a sainte doctrine. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 119). Encores veul je et vous commande que es VIJ dons du Saint Esperit vous devez croire et obeïr ; c'est assavoir : le don de paour, le don de pitié, le don de science, le don de force, le don de conseil, le don d'entendement, le don de sapience. (LA SALE, J.S., 1456, 39). Item est apellé [Le Saint Esprit] "fontaine vive", pour ce que par sept rivieres qui sont les sept dons, il descend en nous et nous arrouse. Comme il est escript ou livre d'Ysaie au IXe. chapitle : "L'esperit de sapience, l'esperit d'entendement, l'esperit de conseil, l'esperit de fortitude, l'esperit de science, l'esperit de pitié et l'esperit de la cremeur de Dieu." (Somme abr., c.1477-1481, 122). Et la deesse de Hospitalité a luy s'apparut et lui donna sapience et habilité et le don de langue (MACHO, Esope R., c.1480, 7). Cestui ot don de force car il ediffia ung temple pour fere sacriffice à son pere Jupiter, où il mist XII colompnes de marbre, dont cent hommes n'en povoient remuer une. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 v°). ...fut l'une des neuf Sibilles, laquelle semblablement congneult moult en la science des estoilles et eut le don de prophecie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 31 v°). Cestui Myno fut très subtil astrologien et beau personnage et ot don de langue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 v°).

 

-

[Avec une nuance ironique, dans un contexte négatif] Le don de + inf. : Pour Dieu, qu'il me soit pardonné, Je croy que suis a ce don né D'avoir mal pour bien desservy (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 296).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

Fermer la fenêtre