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DESHAITIER, verbe |
[T-L : deshaitier ; GD : deshaitier ; DEAF, H83 hait ; AND : desheiter ; DÉCT : deshaitier ; FEW XVI, 117a : *haid] |
I. - | Empl. trans. "Inquiéter qqn, être pénible à qqn" : ...c'est ce qui dehaite Le peuple et met en grant soussi ([Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 10]). Par tous les dieux ou suis creans, Je tiendray la chose secrette, Et aussi trop fort me dehette Que l'imperateur, nostre maistre, Est crestien. ([Myst. st Laur. S.W., 1499, 173]). |
| Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. |
| - | "Accabler, tourmenter qqn" : Le tourment rent l'omme parfait (...) ...quant enfermetéz deshaite, Adont est la vertu parfaite. ([LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 62]). Affin que plus ne me dehaicte L'ennemy par abusion Ne par sa faulce illusion ([LA VIGNE, S.M., 1496, 384]). |
| - | Empl. trans. indir. Deshaitier à qqn. "Décourager, accabler, affliger qqn" : Il est blecié en fantasie D'avoir plus tost fait sa retraicte Vers ce pecheur, qui tant deshaicte Aux peuples privéz et forains. ([Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 481]). |
| - | Empl. pronom. "Se désoler, s'affliger" |
| Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss. (deshetter) |
| - | Empl. impers. "Être une cause d'inquiétude, de gêne pour qqn, être pénible à qqn" : Car souvent en prison nous met (...) et en la saillete Dont a nous toutes moult dehete. ([Mir. abbeesse, 1340, 78]). |
II. - | Part. passé en empl. adj. |
A. - | "Affligé, abattu" : Puis s'en ala veoir sa mere Et son mari, qui deshaitiez Estoit forment et mal traitiez. ([MACH., P. Alex., p.1369, 265]). Mais ceulz, qui la furent, de m'amistié Me blasmerent, dont j'oz cuer deshaistié Et a parler pristrent d'aultre dittié Pour m'oublier Et moy tollir a malencolier ([CHR. PIZ., Dit Poissy R., 1400, 180]). Qui n'a pitié Du point ou mon cuer est traictié Et que Desir tient deshaitié, Il n'ot oncques point d'amitié. ([CHART., L. Dames, 1416, 252]). Car quant le chief se deult ou est deshaitié, touz les autres membres en sont malades. ([Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 305]). |
B. - | "Indisposé, souffrant, malade" : Se t'es malades et deshaitiez... ([DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 208]). LA ROYNE. (...) temps est que nous aillons a messe. Fai, si y vien. LA FILLE AU ROY. Ma dame, je ne puis pas bien : Je me sens un po dehetie. ([Mir. st J. Cris., c.1344, 271]). Car tuit estoient mal traitié, Descoulouré et deshaitié ([MACH., J. R. Nav., 1349, 148]). ...ains pensoit chascun qu'il fust deshaitié en son hostel ([LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1358, 262]). ...il luy va compter [au médecin] comment sa femme estoit deshaitée et merveilleusement malade. ([C.N.N., c.1456-1467, 135]). Ainsy deshaitiéz [var. malades] et enfermez... ([LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 4]). M'amye, vous savez que pluseurs foiz avez esté malade et deshaitée ([C.N.N., c.1456-1467, 516]). ...oncques ne fu si malade ne si deshaitée ([C.N.N., c.1456-1467, 516]). |
| Rem. Baud. Sebourc B., c.1350, XIX, 1073, ds T-L II, 1608. Myst. st Clément Metz D., p.1439, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. ; Cligès C.T., 1455, gloss. (deshaetié). |
DMF 2020 - Synthèse |
Robert Martin |
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