C.N.R.S.
 
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     DENT1          DENT2     
FEW III dens
DENT, subst. masc. et fém.
[T-L : dent2 ; GDC : dent ; AND : dent1 ; FEW III, 40b : dens ; TLF : VI, 1120b : dent]

A. -

Au propre

 

1.

"Organe dur enchâssé dans la mâchoire et servant à mâcher, dent" : Et encor plus : Les dens avoit blans, sarrez et menus, Et ses mentons estoit un po fendus, Votis dessous et rondez par dessus. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 70). Si l'appella. Mais moult petit prisié son appel a, Qu'en abaiant li chiennès m'aprocha, Tant que ses dens a ma robe acrocha. Si le hapay, Dont il laissa de paour son abay. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 103). ...la rage qui prent Es dens ne puit des siens partir (...) Tant qu'il nous ait rendu a plain Ce qu'il nous tolt. (Mir. prev., 1352, 241). Item, le chose qui est la partie d'un tout approuche plus de son tout que le tout ne approuche de la partie ; si comme une dent ou un cheveul ou quelconques tele chose ou regart de son tout qui a tele partie. (ORESME, E.A., c.1370, 441). ...ung petit coutelet d'or à feurger dens, et la gayne esmaillée de France, pendant à ung petit lacet vermeil (Invent. mobilier Ch. V, L., 1380, 297). ...elle quiert prandre aucun confort par se complaindre et parler de la bouche, ou par gouster aucune doulce viande : elle treuve les dens serrez et la langue amortie. (GERS., Pent., p.1389, 85). Et [Gieffroy] apporta sur terre une dent qui lui yssoit hors de la bouche plus d'un pousse, et fu nommez Gieffroy au Grant Dent. (ARRAS, c.1392-1393, 80). Et voit la dent qui lui [Geoffroy] passe la levre plus d'un grant poux esquachie. (ARRAS, c.1392-1393, 222). ...et brisat II deins (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 123). Mais quant vous me verrez que d'une espingle je furgeray mes dens, ce sera signe que je vouldray parler a vous. (LA SALE, J.S., 1456, 60). ...ung pié de voultour d'argent doré (...) pour curer ses dens (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 56). Et avoit ledit duc de Bourgongne ung cop d'un baston nommé halebarde à ung costé du milleu de la teste par dessus l'oreille jusques aux dens, ung cop de pique au travers des cuisses et ung autre cop de pique par le fondement. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 41). ...et si viel qu'il n'ait dent en gencyve (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 114). A ce propos se leva une vielle qui n'avoit mais que un dent et dist en audience que... (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 98). CHASCUN. Je vous donneray ["frapperai"] sur les dens Se ung peu vous m'eschauffez la teste TESTE VERTE. Et deussiez vous saillir du sens, Par Dieu, vous viendrez a la feste. (Sots triumph., c.1475, 41). Ces sottes qui n'ont nulles dens (Feste roys, c.1475-1500, 306). ...vostre fievre quartaine (...) vous puisse serrer les vaines Et faire claqueter les dens. (Sots mal., c.1480, 78). CROQUEPIE. Sotouart, qu'esse que tu masches Entre tes dens, esse estront mort ? (Vig. Trib., c.1480, 226). Le premier de peu de chose (je) t'advertis, c'est du moins sa je te diray, De ma bource je tireray Ung grant blanc, et [tout] ou mellieu De mon fronc, icy en ce lieu, Je l'atacheré davant tous. Les yeulx bendés auras trestous Et, se trouver le peux aux dens, Il sera tien. (Tr. Men., c.1480-1500, 289).

 

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À bonnes dents : Le corbeau par sa cornardie, Oyant son chant ainsi vanter, Si ouvrist le bec pour chanter Et son fromaige chet a terre. Et maistre Renard le vous serre A bonnes dens et si l'emporte. (Path. D., c.1456-1469, 88).

 

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"Avec acharnement" : Sy le cuide prendre a bons dents par le cousté [le chevalier tue la bête monstrueuse] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 664).

 

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À double dent. "Avec les molaires" : Ton pain est noir et si dur que a peine a doubles dens peut il estre froissié [trad; le lat. geminis dentibus]. (PICCOLOMINI, De curialium miseriis epistola L., c.1458-1477, 99).

 

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Avoir mal aux dents : Se jamais n'aie mal es dens, Mon chier seigneur, bien leur diray. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 49). Il dit qu'il a mal en teste ou en dens, Au lit se met, puis envers, puis adens (CHART., D. Fort., 1412-1413, 162). Av'ous mal aux dens, maistre Pierre ? PATHELIN. Ouÿ, elles me font tel guerre Qu'oncques mais ne senty tel raige : Je n'ose lever le visaige (Path. D., c.1456-1469, 158). Cellui qui ne jette ou sueffre jetter ou feu les os aprés qu il en a mengié la char, jamais n'aura mal es dens pour l'onneur de sainct Laurens. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 92).

 

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Le mal de(s) dents : Il n'est doleur fors que le mal des dens (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 4). ...pour le mal de dens [guéri par saint Laurent] (MAXIMIEN, Avocat dames Paris M.R., c.1485-1490, 26).

 

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Rage de dents : C'est grant doleur que d'estre en maladie, D'avoir les fievres, froidures ou frissons, Rage de dens et mal d'espidemie, Estre batu souvent de gros bastons, Avoir gravelle et mal de trenchoisons, Si n'est il mal tel, à mon jugement, Com le meschief que d'avoir pou d'argent. (MACH., App., 1377, 646).

 

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Avoir froid aux dents. "Sentir comme un froid aux dents, être affamé" : On dit maintenant que les chiens Si ont eu tresgrand froid aux dens, Et que les pouvres indigens Sont mors de fain sur ung fient. (Roy sotz, c.1450-1500, 218). ...noz enfans auroient aux dens froit. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 61). ...tel porte belle robe et belle çainture d'or qui a froit aux dens en sa maison. (MACHO, Esope R., c.1480, 105). [Autre ex. p.15]

 

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Avoir les dents longues. "Avoir la sensation de dents longues, à cause de la faim" : Jeuner lui fault dimenches et merdiz, Dont les dens a plus longues que ratteaux (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 69). ...ung homme qu'a les dens longz. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 163).

 

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Claquer des dents : ...de froit clacquer des dans (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 56).

 

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Estreindre les dents. "Serrer les dents (de douleur, de peur...)" : A chascun mot que (je) lisoie, Estraindre les dens li veoie. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 163). Plains sommes de trestous despis Et estraingnons les dens de doeul (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 366). Lors froncist et estraint les dens. Touz ceulx qui furent la dedens Orent paour quant ilz le virent (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 227). Quant le Cueur se ouÿt ainsi desprisier et ramponner, il estraint les dens, d'yre et de mautalant espris (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 62).

 

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Fendre / pourfendre qqn jusqu'aux dents : ...et fiert le chastellain en le tieste telement que il le pourfent tout jusques ès dens (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 92). ...si se deffendi, Que maint jusqu'aux dens pourfendy (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 307). Le heaume trenchë et pourfent, Jusques enmy les dens le fent (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 221). ...je luy fendray la teste jusques aux dens (C.N.N., c.1456-1467, 50). Et n'y a homme s'il approche Qui se fourre droy cy dedens Que ne luy fende la caboche Depuis le serviau jusqu'au dent [l. aus dens (Notes de l'éd.)] (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 19). Je veulx fendre la teste jusqu'aux dens. (LA VIGNE, S.M., 1496, 231).

 

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Armé jusqu'aux dents. "Armé complètement" : Et ly crestïens sont armés tous jucque(s) au dentz (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 368). ...tel estoit armé jusques aux dents (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 395).

 

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Fourbir les dents. "Manger" : Vous aurez tuit bouche a court, Maiz l'en vous fait d'avoir gaiges le sourt, Et si n'arez rien pour fourbir vos dens Fors bouche a court, senz riens mettre dedens. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 12).

 

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Laver les dents. "Boire un bouillon" : Si s'en yssi, car fu estroite La riverete, mais moulié Fu tres bien (...) Car l'eau si passa les dens [var. Si furent bien lavez ses dens] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 187).

 

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Manger des dents : Je ne mengeray mais des dens Si le vous aray envoié ["je ne ferai plus usage de mes dents pour manger avant de..."]. (Mir. femme, 1368, 188).

 

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Rire de la dent / des dents. "Rire du bout des lèvres, rire sans en avoir envie" : ...ly roys Labigant ne rioit que dou dent (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 361). LA FROMAGIÉRE. Ho dya ! un fol cy endroit voy Qui a mon pennier rit des dens Pour les fromages qui dedans Sont. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 48). Mort bieu, comme il riroyt des dens ! (Retraict T., c.1490, 212).

 

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Trembler dent à dent. "Claquer des dents" : Il trembleront dent a dent En pardurable tourment. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 120). Je tremble dent a dent, hareu ! (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 151). Je meurs de seuf auprés de la fontaine, Chault comme feu et tremble dent a dent, En mon pays suis en terre loingtaine, Lez ung brasier frissonne tout ardent (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46). Mon maistre tremble dent à dent (Coust. Esop. T., c.1500, 160).

 

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Dent canine. "Canine" : ...dens canines (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 257).

 

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Dent maxillante. "Molaire" : De cestui est recité qu'il fut grant investigateur de sciences et choses naturelles, et, entre autres merveilles, vit une dent maxillante, tant grosse que l'on en pourroit fere cent des communes des hommes de present. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 75 r°).

 

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Dent de la gorge. "Dent du fond de la bouche, molaire ou dent de sagesse" : Il pourroit bien avoir les dens De la gorge toute verrie. (Roy sotz, c.1450-1500, 223).

 

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Dent molaire. V. molaire

 

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Dent sensus. "Dent de sagesse" : Et aprés les dens molares en aulcuns vient encore ung petit dens et en aulcuns non, nommé le dens sensus, tant ou senestre comme ou destre, tant en bas comme en hault. Et sont iceulx dens molares, et les dens sensus ordonnez a mouldre la viande. (Rég. santé corps C., 1480, 134).

 

Rem. Cf. FEW XI, 463a : sensus : dent de sens : Cotgrave 1611.

 

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Dent de sapience : ...les .iiii. dens de sapience (Comp. kal. bergiers C., 1493, 53 v°).

 

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Dent de lait. "Première dent de l'enfant" : Quant j'o ces .II. enfances fait U temps qu'avoie dens de lait Et qu'en enfancë (encor) estoie, (Je) me pensai qu'encor feroie. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 233).

 

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Au fig. "Trace ancienne de qqc." : ...nous lysons que Ronme fust, primierement, faitte de robeurs et de larrons et pour ce est il que Ronme en retient encore une dent de let [“garde les traces de son origine”, suggestion de Gilles Roques] (Songe verg. S., t.1, 1378, 332). La jeunesse petit avance, Qui mal entre fault que mal ysse ! Qu'estoit ce que de moy avant ce Que je sceusse en plus que ma lisse ? Car tout mon temps sans grant malice Ay tenu de bel ou de layt De folie une dent de layt [N. 175, p.40 : «Peut-être : "j'ai contre Folie une dent, en raison de mon comportement de jeune homme"»]. (CHAST., Temps perdu D., a.1450, 25).

 

Rem. Cf. aussi FEW V, 110b : lac : «dent de lait "vieille rancune" (1561 - Lar 1929)».

 

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Dent de poulain

 

Rem. Comme talisman pour empêcher de vieillir : DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 44.

 

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[Dans une comparaison] : Et mon gosier est sy torchié Qu'il est sec comme dent de chien. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 136).

 

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Dent tyrant

 

Rem. Nom d'un monstre de l'Inde (calque du grec odontoturannos).

 

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Prov. : Ou le den[t] duelt, la langue va. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197). Gormand fait se fosse aux dens. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 538).

 

2.

Loc.

 

a)

[Dans la position du corps, les dents étant à l'avant]

 

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À dents. "La face contre terre, à plat ventre" : GUILLAUME. Met le jus, amis, bellement, Que Dieu t'aist, qu'il ne depiece. Voisin, que ja ne vous meschiece, Vous deux mettez ce corps dedens. Envers, envers, non pas adens, Mes bons anmis. (Mir. femme, 1368, 196). ...par tres grant paour je suis choit adans et sur ma face (Songe verg. S., t.2, 1378, 262). Je cherroie a dens. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 194). Ceulx la n'apresseront plus avant, Ne ceulx qui sont en noz fossez, Qui y gisent la tout edant, Murtriz, mors et tous renversez. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 549). Ycy tumbent les troys appostres a dens (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 129).

 

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Les dents dessous. "À plat ventre" : ...fut mise sur une cousche, les dens dessoubz (C.N.N., c.1456-1467, 33).

 

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Les dents contre la terre. "À plat ventre" : ...ilz perceurent ce bon yvroigne, couché comme s'il fust mort, les dens contre la terre. (C.N.N., c.1456-1467, 63).

 

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Coudes à dents. "Les coudes au visage, la face contre terre" : A genoulz sui, coutez a dens ; Devant son doulx ymage a terre Me vois humilier (Mir. parr., 1356, 36).

 

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Compter les dents. "Faire l'amour" : ...d'ung chevalier qui faisoit vestir a sa femme ung haubregon quand il vouloit faire ce que savez, ou compter les dens (C.N.N., c.1456-1467, 10).

 

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Joindre les dents ensemble : ...vit les deux amoureux qui se demenoient tellement l'un contre l'autre qu'il sembloit qu'ilz deussent menger l'un l'autre, tant mettoient et joindoient leurs dens ensemble. (C.N.N., c.1456-1467, 505).

 

b)

[Dans l'expression langagière, la parole]

 

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[Les dents comme lieu d'articulation de certaines consonnes] : ...les gens de Orient communement parlent du gosier, comme les Hebrieux et les Suriens ; et les gens d'Occident fourment leurs paroles es dens (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 64).

 

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Entre les dents. "À voix basse, en marmonnant" : Son hostesse (...) grand plaisir prenoit a le veoir menger, trop plus que le varlet et la meschine, qui entre leurs dens le maudisoient (C.N.N., c.1456-1467, 487). Jason congnut clerement qu'il estoit mort s'il ne se deffendoit, pour quoy il dist entre ses dens qu'il se gardera et qu'il fera son nom croistre en Olyferne et en Esclavonnie et qu'il taindera son espee de leur sang, ou il morra en la paine. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 137). Entre voz dens, maschés ses lettres : Il n'y a rien pour Esopet. (Coust. Esop. T., c.1500, 155).

 

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Barbeter des dents. "Grommeler" : Puis print a barbeter dez dens (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 26). [Il s'agit d'un singe ; cf. note de l'éd.]

 

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Dire qqc. de la bouche et de la dent. "Dire qqc. pleinement, en le certifiant vrai" : ...ains que m'escapés en vie nullement, Dire vous convenra, de la bouce et du dent, De Flourie et de vous trestout le convenent (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 30).

 

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(Des)mentir par(mi) ses dents. "(Dé)mentir en marmonnant - parfois malgré soi, sans trop s'en rendre compte" : Et cil qui ou nombre se mettent Des amans, tant qu'il s'entremettent De prier, et moult se guermentent, Et se voit bien Amours qu'il mentent, Car Amours les voit par dedens Et les desment par mi les dens ; Cil sont a la senestre mis Pour estre amez, et non amis. (MACH., D. Aler., a.1349, 337). Gentils sires et nobles roys, Ne le crees contre vos gens, Car il se ment parmi ses dens. C'est uns Angles deshonnourez, Faus, mauvais, traïtres, couez. (MACH., P. Alex., p.1369, 251). ...à quoy ledit Denisart, moult esmeu et couroucié de ce que ledit suppliant l'avoit ainsi injurié (...) respondi et dist (...) "Tu mens chevestres, parmi tes dens..." (Ch. VI, D., t.2, 1400, 9). ...et tant qu'en leurs paroles fut dit par le chancellier de France à cellui d'Acquitaine, qu'il ne disoit point évangile. Et icellui respondit fellement qu'il mentoit par ses dens. Et plusieurs foiz lui répéta telles injurieuses paroles. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 334). Et vous mentés, par voustre dens, Dame bernouse et desouneste. (Trois comm. M., c.1475, 538). LA FEMME. (...) Je mettray ung coqu dedans. RIFFLART. Vous en mentirez par les dens. Par le sainct sang que bieu me fist, Puis que je l'ay dict, il suffist. (Obstin. femmes T., c.1480-1500, 42). Nous mentirons parmy noz dens : Il n'est rien que ce moyen vaille. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 896). Tu as menty par les dens (Lettres rémission René II P.D.H., 1489, 179).

 

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Ouvrir les dents. "Ouvrir la bouche (pour parler)" : Ja n'en eüsse ouvert les dens A vous faire tel courtoisie. (Dit prunier B., c.1330-1350, 78).

 

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[D'un propos] Issir des dents. "Sortir de la bouche" : JOUAN. Et s'il advient que ung seul mot D'aventure ysse de mes dens, Vous direz qu'elle est hors du sens : Elle jure, elle tempeste, Elle me gecte a la teste Tout ce qu'elle treuve en sa voye. (P. Jouh. D.R., a.1488, 39).

 

c)

[Comme dans l'absorption de nourriture, marquant l'appétit, le désir]

 

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Avoir la dent à qqc. "Convoiter ardemment qqc., aspirer à qqc., être attaché à faire qqc." : Blanche prist à criier, et .j. grant cri geta. Bauduins l'entr'oy, sa visée i geta ; Il i avoit le dent, pour chou qu'il i ama. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 215). "...j'ay à Dieu en couvent Que Sarrasin par lui aront encombrement." - "Oïl, ce dist Harpins, car il y a le dent. " (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 434). Et a dit au bon roy et fait grant sarement Qu'il ne scet honme ou monde en tout le fiermament A qui on doie faire de l'espee present Au devant de vous, sire ; chascun y a la dent. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 359). Briefment, ces deux traiz segnifient que quant une jone pucelle (...) apperçoit que on la regarde voulentiers et qu'il ly est avis que on a la dent a ly et que on la veult requerre de s'amour, elle se hontie un petit et se retrait aucunesfoiz (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 757). Or congnois a celle parole Qui ne fu nice ne frivole Que le vaillant poete Dant, Qui a long estude ot la dent, Estoit en ce chemin entrez (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 49). Mais le mareschal, qui tous jours y avoit la dent, encore se volt mettre en son devoir de s'essayer ains que aux Flourentins aucune vendicion en fust faicte (Bouciquaut L., 1408-1409, 323). ...tous les Rommains avoient le dent a leur bataille (WAVRIN, Chron. H., t.1, p.1471, 429).

 

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Avoir la dent sur qqc : Faire voeult son emprinse sur quoy il a le dent (Cip. Vignevaux W., p.1400, 41). ...[le roi] avoit eu longuement la dent dessus [sur le duché de Luxembourg] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 228).

 

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Avoir la dent à / de + inf. : Moult avoit la rouÿne et le coeur et le dent De veoir sa cousine (Cip. Vignevaux W., p.1400, 8). Et Ganelon qui ot a mal faire la dent, Si dist a Blanchandin... (Galien D.B., c.1400-1500, 39). Quant la creature a le dent A servir au Leviathan... (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 121).

 

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Malgré les dents de qqn. "Malgré le souhait de qqn, quel que soit son désir, malgré lui" : Sept anz la tint [la terre] touz ploins trestout malgrez mes denz, Quar point ne t'am douta ne trestouz tes esdanz (Gir. Ross. H., c.1334, 133). Les entrées li deffendoient Moult fort et le mieus qu'il pooient. Mais li roys est entrez dedens Avec sa gent, malgré leurs dens. A la porte tant en ocist Que le plus hardi d'eaus vossist Bien estre en Ynde la majour. (MACH., P. Alex., p.1369, 209). ...qui lors veist saillir es fossés, et portent pics, houyaux, eschielles, piez de chievre. Mais ceulx de dessuz leur gettent pierres de fais, grans bans traversains, pieux aguisiez, huille chaude, plonc fondu, pocons plains de chaux vive, tonneaux plains d'estouppes engressiez et ensouffrees, tous ardans ; et, malgré leur dens, leur font guerpir place et remonter d'autre part (ARRAS, c.1392-1393, 110). Laquele Velizon, qui estoit moult despiteuse et pleine de sa voulenté plus que de raison, respondi et jura la Vertu-Dieu que en despit de lui elle ne s'en yroit point, et que malgré ses dens elle y demourroit (Paris domin. angl. L., 1431, 328). Or ça, il s'en fault retourner, Maulgré ses dentz, en sa maison. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 29). Nous y alons puis qu'i l'a dit, Vueillons ou nom, malgré noz dens. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 870). ...nous serons logiéz seans maulgré leurs dens (Lettres rémission René II P.D.H., 1496, 302). Mais maintenant convient maulgré noz dens Au roy Loÿs ployer, joindre les mains (LA VIGNE, Patenostre Genevois B., 1507, 170).

 

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En despit de ses dents : Et lors ledit suppliant jura que si auroit, en despit de ses dens, en l'appellant villain, et tantost se prindrent de parolles injurieuses l'un contre l'autre, et tellement que, au moien d'icelles, icellui suppliant, eschauffé et esmeu comme dit est, bailla audit Jehan Labbez, aliàs Villeneufve, d'un vouge sur la temple et l'enversa à terre. (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 367). Rien n'en sera, en despit de leurs dens (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.3967). LUNA. Il n'y a remede, il se fera Ainsi en despit de vos dens, Juno, les signes evidens En sont manifestes desjà. (Cene dieux, c.1492, 125).

 

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Malgré vous et vos dents. "Malgré vous ; en dépit de vos désirs" : Quantz pasteurs et sains prevotz de mon Pere vous avez enchassie du saint siege de vostre mere ! Et quantes foys les vaillans princes et roys, et par espicial des Francois, ont remis les lieutenans de mon Pere malgre vous et voz dens en la chayere de saint Pierre ! (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 275).

 

Rem. Loc. à ajouter à FEW III, 40 : dens ; cf. DI STEF., 240c, s.v. dent.

 

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Malgré les dents et le visage : J'ay grant souffrete De vaisselle et d'aultre mesnage, Mais joueray mon personnage, Se je puis, tant que j'en auray, Et maulgré les dens et le visage De mon mary, le presteray. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 377).

 

-

Truffer la dent. "Se bercer d'illusions (?)" : ...esbat ne feste n'y vois. Puisque je n'y mengüe ou bois, Je ne vueil point truffer la dent. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 93). On ne puet pas touffer [l. truffer ?] le dent. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197).

 

d)

[Dans des gestes symboliques] Heurter son doigt à la dent / heurter de son doigt une dent. "Faire claquer un ongle sur une dent (geste admis comme scellant un engagement)" : "Vérité me diras tos et incontinent." - "Oïl, ce dist Harpins (...) Par itel convenent que m'irés à fiant [l. afiant], Sur vo loy de Mahom, vo doy au dent hurtant, Que je n'aray par çou le cuer de moy dolant..." (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 399). Dodequin s'acorda au boin roy Corbarant, Et ly fist sièrement sur la loy Tiervagant, De son doy enhurta le maistre dent devant (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 200). Lors a le Sarrasin son doit a son dent mis Et l'i hurta trois fois illoeucq par bon advis. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 238). Et lors heurte son doy a son dent (...). ...depuis que ung sarazin a heurté son doy a son dent, il ne s'en parjureroit pour nulle rien. (Apoll. Tyr Z., c.1400-1500, 127).

 

-

Toucher le doigt à sa dent : Et le roi at jureit : le dois touchat a son dent. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 149).

 

e)

[Par allusion au mors]

 

-

Au propre [Du cheval] : Li sires de Fagnuelles estoit montés sus .I. coursier trop merancolieus et mal afrenet ; si s'esfrea en cevauchant, et prist son mors a dens par telle maniere que il s'esquella et se demena tant que il fu mestres dou signeur de Fagnuelles et l'enporta, vosist ou non (FROISS., Chron. D., p.1400, 332).

 

-

[Pour réfréner qqn] Bailler / mettre le frein / la bride aux dents à qqn : Met donc ceste bride a tes dens (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 183). SOTIN. Nous luy metrons le frain aux dens. (Sots Magn., a.1488, 210). DANDO. Pour ce que sur tous j'ay parlé, On m'a baillé le frain aux dens. TESTE CREUSE. On les pugnist selon le temps. (Sots Magn., a.1488, 210).

 

-

Avoir le frein aux dents. "Se donner à l'effort, au travail, en ne rechignant pas" : L'an quatre cens cinquante six, Je, Françoys Villon, escollier, Considerant, de sens rassis, Le frain aux dens, franc au collier, Qu'on doit ses euvres conseillier, Comme Vegece le racompte, Saige Rommain, grant conseillier, Ou autrement on se mescompte... (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 11).

 

.

Prendre le frein aux dents : Mais pas n'avoie bien apris Tous ses tours, quant l'amer empris ; Si faurra que je les aprengne Et que le frein a mes dens prengne, Se je vueil vivre en son servage. (MACH., R. Fort., c.1341, 32). Je vueil prendre le frain aus dens, Et si me bouteray dedens (Mir. Berthe, c.1373, 213). Or nous faut prendre le frain as dens ; or vera on les sages et les hardis (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 213). Ceste contesse prist le frain a dens et ne fu noient esbahie, et manda tantos chevaliers et esquiers et ceuls dont elle pensoit a estre amee, aidie et servie. (FROISS., Chron. D., p.1400, 502). Si ne voy pas que noz contentions ou noz parolles semees en appert ou en secret des ungs contre les autres nous puissent gecter de ce dangereux pas, ains fault tirer au collier et prendre aux dens le frain vertueusement (CHART., Q. inv., 1422, 44).

 

f)

[Par allusion aux dents du chien, d'un animal sauvage, marquant l'agressivité, la combativité...]

 

-

Au propre : [De chiots] ...et pour vray tous deviennent mauvaiz ou sont dangereuz du dent. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 139).

 

-

Montrer la dent à qqn / Montrer les dents. "Menacer, braver, intimider qqn" : Et lui monstra les dens, faisant laide estature. (Tristan Nant. S., c.1350, 153). ...à ces Sarrasin irons moustrer le dent (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 365). Contre les Sarrasin vont criant laidement. Mais ly roys des Taffurs leur a moustré le dent (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 491). A plus brief que pouray leur monstreray la dent. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 383). SOCTIN. Ilz m'ont monstray les dens. TESTE CREUSE. Mais qui ? (Sots Magn., a.1488, 201).

 

-

Morceler les dents. "Montrer les dents, les faire grincer" : ...ilz virent ung porc senglier grant et merveilleux, qui s'en venoit, escumant et morcelant les dens, vers eulx moult horriblement. (ARRAS, c.1392-1393, 21).

 

-

Dent de detraction : Qui verront ce petit dité, Qu'il leur plaise, par amité, L'aviser et véoir par ordre, Avant que la chose remordre Par les dens de détraction, Ou pour quelque présomption (LA HAYE, P. peste, 1426, 166). Gardez que ne rompez la corde De vraye amour et union Par les dents de detraction (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 105).

 

-

Avoir la dent / les dents à /sur qqn. "Éprouver de la haine pour qqn" : ...de murdres dont j'ai sor toi le dent. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 344). Oncques n'o tel talent de mengier nullement Que j'ay de moy combatre a celuy proprement Que je voy a deffence mettre si noblement. Essaier m'y convient, car j'ay a lui la dent (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 77). Et lors ledit Pierre, qui avoit fort la dent sur ledit suppliant, quant aucun venoit devers eulx demander après aucunes gens, ruoit après iceulx plateaulx ou autres choses, en leur disant desplaisir (Doc. 1439. In : Ch. Petit-Dutaillis, Doc. nouv., 1908, 16). Mais le Roy de France, qui tousjours avoit la dent sur le duc de Bourgoingne, le guerroyoit (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 138). Je suis bien seure qu'ilz ont sur vous les dens Et nuyt et jour sur voz paÿs tendens Pour vous destruyre et bouter a ruÿne (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 116).

 

Rem. Cf. DI STEF., 239b.

 

-

Avoir la dent sur qqc. "S'acharner sur qqc." : Car moult avoient la dent sur ladite les deux roys, et souverainement le duc de Bourgongne, pour cause du piteux fait qui y fut commis. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 141).

 

-

Prov. : ...tels esquigne du dent (...) qui n'a de rire nul talent. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 345). Tel rechine des dens qui n'a talent de mordre. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 599). De felon dent trouve on griefve morsure. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 170).

 

3.

[Dans des jurons (par les dents de Dieu)]

 

-

Jurer la dent Dieu que : Gieffroy fu grant et parcreux pour lors, et ouy nouvelles qu'il avoit en Yrlande un peuple qui pas ne vouloit obeir en ce qu'ilz devoient a son pere. Lors jura Gieffroy la dent Dieu qu'il les feroit venir a raison. (ARRAS, c.1392-1393, 197).

 

-

Par les dents Dieu : Mais vous ne m'eschapperés point, Ne vous, ne vous, par les dens Dé, Si en saray la verité (Mir. femme, 1368, 201). Par les dens Dieu, je n'y menray seulement que dix chevaliers de mon hostel pour moy tenir compaignie, non pas pour aide que j'en veulle avoir contre lui, mais pour moy acompaignier pour honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 240).

B. -

P. méton. "Les dents"

 

-

"Rangée de dents" : La brebis est dite bident [lat. bidens "qui a sa double rangée de dents"] Pource que ele a double dent. En ces deus dens par excellence Paien metoient leur fiance [lors des sacrifices] (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 31).

 

-

Arroser la dent. "Boire un coup" : [Du vin] Pour arrouser la dent (Serm. bien boire K., c.1500, 563).

 

-

Mettre qqc. à sa dent. "Se mettre qqc. sous la dent" : Au jour d'uy n'ay de quoy puisse mestre a mon dent (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 261).

C. -

P. anal.

 

1.

"Défense (de l'éléphant, du sanglier...)"

 

a)

"Défense (de l'éléphant)" : Item, il lui sault [à l'éléphant] de la gueulle deux dents a maniere d'un sanglier, lesquelles sont tresgrandes et grosses (Voy. Jérus., c.1395, 62).

 

b)

"Défense (du sanglier)" : Assez tost aprez vendront les veneurs et de ses gens qui apporteront le conte mort en une lettiere ; et semblera a tous que la plaie soit faicte des dens du porc, et diront tuit que le senglier l'a mis mort (ARRAS, c.1392-1393, 27). Le senglier rompt des dens corps, linge ou lange. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 177). ...il [le sanglier] fery de son dent mon cheval (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 778).

 

-

[Cont. métaph.] : "...Or est ainsi, ma treshonnouree dame," dist Allegresse, "que ces Noirs Sangliers, qui cy sont, en voulente vivans de sang humain espandre et souverains ennemis de ma forge, au Blanc Jeune Sanglier, auquel n'apparent aucunes dens, pour hurter leur propre seigneur naturel ilz ont lie les mains par telle maniere que contre son franc arbitre et ma precieuse forge, il ne puet plus forgier..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 399).

 

2.

"Corne, éperon des poissons (du type narval)" : Item vaisseaulx d'argent (...) ; item de bons camelos de Chippre ; item aucunes dens de poisson moult estranges (Doc. 1403. In : H. Moranvillé, Bibl. Éc. Chartes 55, 1894, 464).

 

3.

"Élément pointu de certains instruments (p. ex. une fourche) ou de certains mécanismes (p. ex. une roue dentée)" : Sa crine [du géant Polyphème] locue et diverse Pigne des gros dens d'une herce. (MACH., Voir, 1364, 620). Premerement il est a dire de la roe du mouvement qui fait tourner la roue du foliot et en laquelle est le contrepois ; et est dicte du mouvement pour ce qu'elle fait tourner toutes les aultres ; en laquelle roue doit avoir 128 dens ou 144 ou 192, ou plusieurs aultres nombres que on pourroit ymaginer. (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 275-276). Et est assavoir que en ladite roue du foliot doivent les dens estre toujours non per affin que au rencontre, quant elle fiert a une des dens, elle puisse eschapper par entre les aultres dens qui sont à l'opposite d'icy (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 276). ...une fourche de boys de deux denz (Doc. Poitou G., t.5, 1386, 288). J'ay esservelee la teste ; Encor m'a il pis advenu, Qu'il m'a entré ou trou du cul, Le poitron Dieu, une dan d'arche ["une dent de herse"]. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 155). Ve cy des jons marins agus (...) Plus poingnans sont que dens d'espines [l. des pines "des peignes"]. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 168). Item leur fault avoir un autre engin, qu'on appelle loup, auquel a ung fer courbé, qui très fortes dens a et agües, qui soit assiz de telle manière sur le mur qu'il vienne engouller le tref du mouton et le tiendra si fort qu'il ne pourra tirer n'avant n'arrière (BUEIL, II, 1461-1466, 52). Sur la terre n'a herbe ne plante, A chault et froit la laissent descouverte, Faulx et courtes parmy la terre on plante. Par dens de herces et rateaux est ouvree Tant quë Athlas soubz sa charge pesante Ont rendu las qui faisoit si grant serte, Et n'y a plus beste en terre vivante Que les humains (ne) destruissent sans desserte. (Cene dieux, c.1492, 109).

 

Rem. Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 613 ("alluchon d'un rouet", nombreux doc. de 1390 à 1459 ; "fuseau d'une lanterne", doc.1393 ; "chacune des pointes de la fourche du (gros) fer de meule", doc. 1401). Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], J. Everett, M. fr. 22, 1988, 101 (une dant arche ; une dan d'arche "une dent de herse").

 

4.

"Gousse (d'ail)" : ...dedans ceste playe soit ensevelie ceste dent d'ail (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, V, 2).

REM. Une précédente version de cet article a été rédigée par Bernadette Suty.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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