A. -

Desferrer qqn

1.

"Ôter les fers à (un prisonnier)" : S'il [l'homme] chiet, s'il fault ou s'il erre Luy mesmez tout vif s'enterre Et pert toute sa deserre Et le bien qu'il devoit querre. Dont a il besoing de croirre D'adorer et de requerre Sans cesser et sans recroire Cil qui les secretz desserre Et les enferrés defferre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 169). ..."Prenés," dist Paris, "les limes et les escampres que je fitz faire davant yer et vous en alés en la prison et deferrés touz les prisoniers et les admenés ycy..." (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 273). Et tantost qu'elle fut defferré, elle dist et proposa aus diz officiers qu'elle estoit grosse d'enfant, et adonc fut laissiée en la dicte prison et derechief enferrée, où elle est encores en grant misere (Doc. Poitou G., t.8, 1447, 421). Geolier, tost et sans deffault Que cest homme soit defferrer Diligemment, car enmener Le nous convient a l'empereur (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 122). L'endemain, bien matin, le roy parla à luy. Après qu'il l'eust ouy, il le feït desferrer ; mais encores demoura gardé. (COMM., II, 1489-1491, 40). Aussi à l'umeur peccante vit la disposicion du ciel convenable pour y fere applicacion et le fist, au moïen de laquelle, le roy Daire, qui longtemps avoit esté sans avoir reppox nuyt ne jour, perdit incontinent toute doulleur et fut gary, si le fist defferrer et fut liberé avec grans dons et honneurs. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 52 v°).

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 360.

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Se desferrer : Et au regart du defferrer, dit qu'il se defferra soy mesmes, car les fers estoient mal cloués (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 297).

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Inf. subst. : Et au regart du defferrer, dit qu'il se defferra soy mesmes, car les fers estoient mal cloués (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 297).

2.

Desferrer (un blessé). "Retirer une flèche (fichée dans le corps d'un blessé)" : Quant li mort furent enterré Et tuit li navré defferré Des viretons et des sajettes Que li Turc leur avoient traites, Et que leurs plaies remuées Furent, lavées et bendées, Le prince et sa gent reposerent... (MACH., P. Alex., p.1369, 169). ...je leur voys dire que ilz essaient à defferrer vostre frere et de le oster de la paine en quoy il est. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 510). Je voeuil que ceste vengence demeure en remembrance .CC. ans a tous ceulx qui cy passeront et que nul vivant ne leur puist donner autre sepulture ne les corps defferrer ne remouvoir jusques au temps qui est dit. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 229).

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

3.

"Retirer à (un chevalier, un soldat) son armure, ses armes"

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Desferrer des fers : ...faictes le deslyer et deferrer des fers et le amenez icy (...) Et lors coururent tous, sergens et chevaliers, querir Doolin et le firent incontinent deferrer des fers et venir devant le roy Dannemont (Doolin de Mayence V, P2., a.1500, 220).

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Au fig. "Mettre hors de combat" : Nulluy ne se doit esmouvoir Des grans fortunes de la guerre ; C'est pour y perdre ou pour avoir ; Nulluy n'est point sceur y conquerre. A qui y survient la tonnerre Ne se peut de ce garantir ; C'est la planete qui defferre Les combatans a son plaisir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 482).

B. -

Desferrer un cheval/un asne... "Enlever les fers à (un cheval, un âne...)" : Et que leur cheval encloé Fussent tuit d'un piet ou de deus, Et que tuit li mauvais piet d'eus Fussent defferré tuit ensamble (MACH., D. Lyon, 1342, 204).

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Empl. pronom. [D'un cheval, d'un âne] "Perdre ses fers" : ...le cheval dudit prevost se defferra (Lettres rémission René II P.D.H., 1490, 204). [aussi p. 206]

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Part. passé en empl. adj. [D'un cheval, d'un âne] "Qui n'a plus ses fers" : Sire, il est voirs comme evangile Que li contes de Tanquarville M'envoia une haguenée Sans selle, à bride renouée, D'un piet et d'un oueil desferrée, Qui est de tous poins aveuglée ; Si que je sui à piet sans lance. (MACH., Compl., 1340-1377, 262). Mez qui seront ceulx que nous metterons en leur lieux ? certes, bestes vestues, asnes defferrés, soient de Limoges ou d'Auvergne, de la Ricordaine ou d'autre partie de Guyenne, sanz lettreüre et sanz aucune discipline (Songe verg. S., t.1, 1378, 97). Dezquellez choses nous povons conclurre, tres clerement, que teulx freres [les mendiants] ne sont mie tenus de laysier lez euvres devant dittes et leur contemplacion pour labourer euvres manueles, car, ainssi, ilz s'appliqueroient aux choses vilez et larraient lez plus dignes, ou tres grant detriment et domage dez amez a qui ilz prechent et enseignent la parole de Dieu, et trop miex que ne sçaroient faire leurs curés, asnez defferez de Lymoges, ou d'Auvergne [Pour le sens métaph. de asne desferré, v. asne]. (Songe verg. S., t.2, 1378, 232). Et (...) furent (...) li cheval, en la plus grant partie, quassé sus le dos ; et ne savoient de quoi cheuls ferrer qui estoient desferret, ne de quoi couvrir (FROISS., Chron. D., p.1400, 136). Ainçois jeunoient leurs chevaulx le plus du temps ; par quoy ilz estoient vains, chetifz et mesgres. Si estoient les plusieurs defferrez et falloit qu'ilz attendissent le mareschal, qu'ilz n'avoient pas à toutes heures. (BUEIL, I, 1461-1466, 22).

C. -

Desferrer qqc.

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Part. passé en empl. adj.

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[D'une charrette] "Qui n'est pas garni de fer" : ...la chareté de blé, de saul, de oignons et d'aulx, se elle est ferrée ; VIII deniers doit ; et se elle est defferrée, IIII deniers. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 2). ...l'en prent tant que la foire dure le rouage des charretes, et non pas en autre temps, c'est assavoir des charretes qui mainent vin, merrien esquarré, laine, draps, fer, acier, mitaille, toiles, de chascune charrete ferrée qui menera les choses dessus dites VI deniers ; et de la charrete qui sera defferrée, III deniers (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 32).

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[D'une flèche] "Sans pointe de fer" : Et pour ce qui est tenu [le dit] escuier faire le tiers de XL jours de service d'un homme armé, c'est assavoir d'une cote gamboisie, coeffe de fer, avequez une arbalestre et douze flisons fesferrés [l. desferrés], au chastel de Chierebourc en temps de guerre quant il en sera requis, par ainssi que le roy doit trouver la fereure des dis flissons. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 130). ...qui fut tué dedans la dicte ville de Craiel d'une flesche à la volée toute desferrée. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 87).

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(Truble) desferré. "(Pelle de bois) sans garniture de fer" : Et sy sont tenus à aidier à curer et nestier la salle du dit lieu du Bur entre les quatre pilliers par une foiz ou deux l'an à ballay et truble defferrey. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 83).