C.N.R.S.
 
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     DÉDAIN     
FEW III dignare
DESDAIN, subst. masc.
[T-L : desdeing ; GDC : desdeing ; AND : dedeign ; DÉCT : desdeing ; FEW III, 78a : dignare ; TLF : VI, 901a : dédain]

A. -

"Mépris, dédain" : Et Dangiers qui despité M'a sans cause et si grevé Qu'il m'a par desdaing mené à desconfiture. (MACH., Motés, 1377, 512).

 

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Avoir qqc. en desdain : Et puis que Fortune ou Rudece Ne m'ont mie fait ce meshaing, Mais voustre tresbelle jeunece, Pourquoy l'avez vous en desdaing ? (CHART., B. Dame, 1424, 340). Les senateurs eurent ses dis en grant desdaing (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 4). [aussi p.236]

 

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Prendre qqc. en desdain : Si ne fu mies courouciet quant il oy dire et recorder le grant desplaisir que on avoit fait à son neveu le conte, et ossi en quel desdain il l'avoit pris, et ne le sentoit mies si souffrant que il vosist longement porter ceste villonnie. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 196). Sire, en desdain ne vueillez prendre Nostre demeure. (Mir. Clov., c.1381, 221). De regenter lieu si haultain, Incertain, Sans vostre aÿde ne pourroye, Car j'ay trop pris l'estat mondain En desdain (LA VIGNE, S.M., 1496, 419).

 

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Desdain de + inf. : [Le marquis] Et [mes barons] vont ensemble murmurant Depuis que tu eüz enfant, Car ilz ont desdaing et despit D'avoir dame de si petit Estrasse et si basse lignie (Gris., 1395, 52). Et quel plaisant chose cuides tu que ce soit au subgiet de quelque faculté ou estat qu'il soit quant il sent son seigneur si humain et tant debonnaire qu'il n'ara pas en desdaing d'ouir son humble requeste (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 116). Et se homme laisse le suffrage d'oreison, il contredaigne Dieu, ainsi que celuy qui pert les biens par desdaing de demander, et se rent trop non challant de sa perfection ou trop presumptueux de ses merites. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 152).

 

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[Lang. de l'amour] : Mais je n'ay en li trouvé En lieu d'amours que desdaing et durté (MACH., App., 1377, 653). Triste penser, cuer souspirant, Durté, desdaing, dangier et refus qu'ay M'ont ad ce mis que pour amer morray. (MACH., Bal., 1377, 539).

 

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P. personnif. : Il ha sept chiés, et vraiement, Chascuns à son tour contredit La grace, où mon vray desir tent, Dont mes cuers an doleur languit : Ce sont Refus, Desdaing, Despit, Honte, Paour, Durté, Dangier, Qui me blessent en l'esperit, Quant à ma dame merci quier. (MACH., Bal., 1377, 564). Dire, ma dame chiere, Pour ce que, quant descouvrir vueil M'amour et ma priere, Paour me fait deffense De dire ma grevance Et Desdains, qui se lance En vous, vostre presence Par Dangier me deffent. (MACH., Ch. bal., 1377, 581). Car pour li seul, qui endure mal maint, Pitié deffaut, où toute biauté maint ; Durtés y regne et Dangiers y remaint, Desdains y vit et Loyautés s'i faint Et Amours n'a de li ne de moy cure. (MACH., Motés, 1377, 501).

B. -

"Répugnance, indignation, ressentiment, dépit" : Mais elle (...) Refusa moy et mon langage, Dont j'oz tel dueil et tel desdaing Que je fis tant devers le naing Qu'avec la dame se coucha (Mir. marq. Gaudine, 1350, 167). Contre vous ne desdaing n'ataine N'euz je oncques ne n'y vueil avoir, Ne trop grant amour ne trop haine, Ne voustre priveté savoir. (CHART., B. Dame, 1424, 340). ...l'acier (...) par ire descendu, sy luy va trenchier le bras atout l'escu sy pres du col qu'il luy ouvry le costé. Et sy tost que le coeur senty le nouvel air, il ala crever de desdaing (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 648). He Dieu, mon createur souverain Je me plain A toy qui cognoiz mes doleurs ; De doleur j'ay le cuer tout vain, Par desdain, Des maulx qu'ont fait tous les pecheurs. (Pass. Auv., 1477, 197).

 

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Avoir/porter desdain de/que/ce que. "Avoir du dépit, du ressentiment, de l'indignation de/que/de ce que" : Mais trop hai desdaing et pesance Que tu desprises moi, gaiant, Pour amer un chetif noiant (MACH., Voir, 1364, 642). ...le roy d'Escoce, qui portoit en grant desdaing ce qu'il et ses chevaliers estoient ainsi fourmenez... (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 807). Se freres [nous, les pendus] vous clamons, pas n'en devez Avoir desdaing, quoy que fusmes occis Par justice... touteffois vous sçavez Que tous hommes n'ont pas le sens rassis. Excusez nous, puisque sommes transis, Envers le filz de la Vierge Marie, Que sa grace ne soit pour nous tarie (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 66).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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