C.N.R.S.
 
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     COUVRIR     
FEW II-2 cooperire
COUVRIR, verbe
[T-L : covrir ; GDC : couvrir ; AND : coverir ; DÉCT : covrir ; FEW II-2, 1140b : cooperire ; TLF : VI, 398a : couvrir1]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

[Verbe d'action supposant un agent : qqn couvre qqc. (de qqc.), d'où, par "symétrie", qqc. couvre qqc. - où le sujet n'est autre que l'obj. prép. de couvrir qqc. de qqc.]

 

a)

Qqn couvre qqc. (de qqc.). "Placer sur, disposer sur" : ...unes Heures ou livret couvert de soye (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 219). Ne nous mouvons tant que Hervy soit esloingniez, et puis nous ferons une biere de perches, et le couvrerons de ramssiaux, et porterons le corps devers le roy, en lui disant comment Hervy de Leon a murdry son nepveu en trahison. (ARRAS, c.1392-1393, 59). ...et face paste qui soit dure et fort, et gros morseaulx rontz du gros d'un oeuf de poule, et queuvre iceulx morseaulx de sang frez et les mecte sur les pierres ou tuillectes es lieux qu'il savra que loups et renars repaireront. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 131). ...et quant ce [potage] viendra au drecier si mectés voz faugrenon en vostre plat, et de la dicte poudre cruvissés [2e pers. impér. de cruvir, forme dialectale, cf. FEW II-2, 1141a] la moytié dudit potaige et l'autre moytié laissés descouverte et ainsi il sera parti. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 179). [Le roi] donna IIm frans, qu'il voult estre emploiez à faire des lampes d'argent devant l'autel de ladicte vierge, et aussi fist couvrir d'argent la chasse de monsr saint Fiacre, où il y fut employé de sept à huit vings marcs d'argent. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 76).

 

-

Couvrir le feu. "Mettre des cendres sur les braises pour les conserver" : ...quant vous avrez sceu par dame Agnes la beguine ou maistre Jehan le despensier que le feu des cheminees sera couvert par tout, donnez a voz gens pour leurs membres temps et espace de repos. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 136). Laquelle femme, pour ce qu'elle ne trouva point de feu en sa maison, combien qu'elle l'eust couvert quant elle s'estoit alée couchier avec sondit mary (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 183). ...cellui qui regarde sa femme couvrir le feu devant lui sans soy lever, sachiez que celle nuit il ne cessera de ronquier et de dormir, et se c'est une fille a marier, elle ne sera de l'annee mariee. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 94). Et qui au soir regarde en soy chaufant couvrir le feu, il ne sera marié en tout cel an. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 126).

 

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Part. passé en empl. adj. : ...on n'oyst pas Dieu tonner en une compaignie ou il fust ; et il se tient plus coy que ung feu couvert (C.N.N., c.1456-1467, 199).

 

-

Qqc. couvre qqc. "Revêtir qqc. (de qqc.) pour le protéger, garnir ou orner" : Pour IJ autres pièces de cendal vert, des larges, pesanz XLIJ onces, pour couvrir autres peliçons pour le Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 24). Pour IJ aunes et un quartier de fin veluyau vert et vermeil, pour couvrir IIIJ espées pour le Roy et monseigneur le Duc, les quelles couvertures furent broudées (...) Pour IIIJ aunes et demie de cendal vermeil, sanz greine, pesanz VJ onces, pour housser les dictes couvertures (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 33). ...pour une grant cuirie à couvrir le chariot de la fruicterie du Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 122).

 

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Part. passé en empl. adj. Char couvert : Ces trois ducoises amenèrent en cars couvers, si rices que il ne fait pas à demander, la jone dame Isabel de Baivière, la couronne ou chief qui valoit l'avoir d'un païs. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 236).

 

b)

En partic. CONSTR. "Édifier un toit au-dessus d'un bâtiment et le revêtir de qqc." : ...une autre ville à deux lieues près du Mens, où il y a un clochier couvert d'ardoise (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 429). ...et quant ilz queuvrent leurs maisons d'essenre au dessus de la parne, ilz doivent V s., et au dessoubs II s. VI d., et les menues faisances acoustumées (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 11). ...le moustier (...) estoit couvers de plonc (FROISS., Chron. D., p.1400, 428). ...li gentilhonme (...) fissent couvrir les maisons de cloies et d'estrain et de terre, pour brisier le ject des pieres qui ceoient sus les tois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 615). ...un toit couvert d'estrain et de terre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 615). DESGOUTTÉ. C'est bon temps pour couvrir de tuille Quant les maisons si se desceuvrent. (Est., p.1460, 22). Et n'estoient point les trouz entre les barreaulx plus grans que à y boutter le braz à son aise. Le dessus estoit couvert d'aiz seullement pour la pluye, si avant qu'il se povoit mettre dix ou douze personnes dessoubz de chascun costé. (COMM., II, 1489-1491, 60).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Recouvert (de)" : ...une autre ville à deux lieues près du Mens, où il y a un clochier couvert d'ardoise (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 429). ...une chambre à toit couverte (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 479). ...un toit couvert d'estrain et de terre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 615). ...vous menerez ung engin nommé mouton, qui est fait de merrien, en guise de maison couverte dessus ; et en la couverture et tout à l'environ sont clouez cuirs cruz et tous fraiz, qui en peult recouvrer, affin que feu ne s'y puisse prendre. (BUEIL, II, 1461-1466, 50).

 

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"Surmonté d'un toit" : ...à commencer au Chateau de bois, en venant tout autour jusques à la porte des Barrés devant les Celestins, avecques les loges et maisons, tant couvertes que descouvertes, estans en icelles bastides. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 15). Item en toute la cité n'y a pas de cent une maison couverte, maiz sont toutes a plat et peult on aler et cheminer dessus comme parmy les rues (BARBATRE, Voy. T.-C. P., 1480, 124).

 

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Toit couvert. "Abri couvert où l'on place en hivernage et où l'on radoube les navires tirés au sec, hangar (?)" : ...c'est le lieu [l'Arsenal de Venise] ou l'en fait les ouvrages de la cité, c'est assavoir les galées dont il y en auroit bien .IIIJxx. et dix, que vielz que neufves, a terre seiche et a tois couverts. (Voy. Jérus., c.1395, 98).

 

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Empl. abs. Couvrir sur qqc. "Mettre une couverture, une toiture sur une construction" : À Liepin, filz Michiel, couvreur de tieulle, et Jehan Harcelle, son varlet, pour 18 journees qu'ilz ont couvert sur les ediffices dudit chastel, tant sur la maison et estable des chevaux dudit capitaine comme sur la chappelle, et generalment sur le logiz des saudoiers (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 625). ...aud. Raoulin le Jeune, pour avoir couvert sus la court et sus les chambres des auditeurs de tesmoingz (Comptes Archev. Rouen J., 1460-1461, 307).

 

-

[Jeu de mots entre "pourvoir d'un toit" et "cacher"] : Demande. De quoy sont les eglises de Paris couvertes ? Response. De riens, car se elles estoient couvertes, on ne les pourroit veoir. (Devin. R., c.1470, 124).

 

Rem. Cf. K. Baldinger, Z. rom. Philol. 100, 1984, 271.

 

c)

"Répandre sur"

 

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[Choses] : Foy que tu dois Amours, qui est mes chiés, Pleure avec moy et complain ma dolour, Cuevre de plours ta face et ta coulour (MACH., Compl., 1340-1377, 253). Si n'ay confort, amis, fors que tant plour Que je cuevre ma face de mon plour. (MACH., Compl., 1340-1377, 255).

 

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Part. passé (Estre) couvert de. "(Être) recouvert de" : ...couvert sont d'or et d'argent, De pelles et de perrerie, Plus qu'image d'or entaillie. (MACH., C. ami, 1357, 131). Or fut moult fort grevée de si long travail. Si se retourna le visage couvert de larmes a l'entour de soy, comme desireuse de secours et contrainte par besoing. (CHART., Q. inv., 1422, 9). ...descouvry de dessoubz son mantel l'un de ses bras, couvert et paré de fleurs de lis (CHART., Q. inv., 1422, 9). ...estoient leurs heaumes et harnoys couvers d'or, d'argent et de pierres precieuses (JUV. URS., Verba, 1452, 247).

 

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"Recouvrir (pour dissimuler)" : Puis partirent du chasteau après porte fermée (...) et tindrent la manière de trayner ung rameau pour couvrir leur tract. (BUEIL, I, 1461-1466, 35).

 

d)

Couvrir qqn (ou une partie de son corps) (de qqc). "Couvrir qqn ou qqc. pour le protéger ou le dissimuler"

 

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[Ce qui couvre sert à habiller ou à protéger le corps] : ...Li autres a son corps couvert De camelin ou de fusteinne, De toile ou d'autre drap de leinne (MACH., C. ami, 1357, 131). Mais einsois de mon mantelet Le couvri pour le ventelet Qui ventoit, car la matinee Estoit pleinne de grant rousee (MACH., F. am., c.1361, 198). Li sergens qui l'uis nous ouvri De .II. mantellés nous couvri Et la fenestre cloÿ toute Et puis l'uis, si qu'on n'i vit goute. (MACH., Voir, 1364, 338). Couchiez vous, sire, et je de fait Vous couverray bien et a point. (Mir. emper. Romme, 1369, 256). ...ne li fault (...) Fors que son corps soit bien couvert. Baillez ça ce surcot de vert Et cel pelice. (Mir. Berthe, c.1373, 195). [Griseldis au marquis] Il te plaise a conmander Que l'en me laisse une chemise, A l'issue de ton service, De laquelle je couverray, Jusqu'a tant qu'a l'ostel venray, Le ventre ta femme jadiz. (Gris., 1395, 83). De sa vesture [de la dame] ne me puis je pas passer ne taire, et mesmement du mantel ou paille qui son corps couvroit, dont le merveilleux artifice fait a ramentevoir. De trois paires d'ouvraiges sembloit avoir esté tissu et assemblé. (CHART., Q. inv., 1422, 7). Item, je donne a maistre Jacques Raguier le Grant Godet de Greve, Pourveu qu'il paiera quatre placques, Deust il vendre, quoy qu'il lui griesve, Ce dont on coeuvre mol et greve, Aler nues jambes en chappin, Se sans moy boyt, assiet ne lieve Au trou de la Pomme de Pin. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 89).

 

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[Ce qui couvre sert à dissimuler le corps ou une partie du corps au regard] : Quant ly peres, qui moult l'ama, En cel estat le vit par voye, Merveilles en eult et grant joye, Dont, pour faindre et couvrir sen ris, Portoit se main devant sen vis. (Dit prunier B., c.1330-1350, 56). Mais ses barbiers, qui bien le sot, Maisement son maistre cela, Car il le dist et revela Que Mydos d'aumusses vermeilles Couvroit ses velues oreilles. (MACH., F. am., c.1361, 203). De ma main ma face couvri Quant je le vi, mais j'entrouvi Mes dois pour la mieus aviser Et pour mieus celle part viser... (MACH., F. am., c.1361, 203). Tout premiers il l'ensevelirent, Et le visage li couvrirent Pour ce que si mal atirez Estoit, et si deffigurez Qu'il n'i apparoit forme d'omme, Tant estoit plaiez ; c'est la somme. (MACH., P. Alex., p.1369, 271). Lors vostre mére sanz respit Me conmanda les enfans prendre Et qu'en l'eure sanz plus attendre Dedans la forest les portasse, Et la touz trois les estranglasse, Et puis les couvrisse de terre (Mir. roy Thierry, c.1374, 313). ... ausi comme un honme qui cuevre son visage de son chaperon. (ORESME, C.M., c.1377, 570). Et avoient iceulx batans chascuns vestu une cotte de toille, les visages couvers fors que tant que en droit leurs yeulx avoit pertuis pour veoir a eux conduire (Voy. Jérus., c.1395, 99). Et la avoit entre euls pluisseurs bacelers, liquel avoient casquns un oel couvert d'un petit de blance toille a maniere d'un plastriel, par quoi il n'en peuist veoir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 256). ...elle le fist bouter en la ruelle du lit, et puis le couvrit de ses robes (C.N.N., c.1456-1467, 243).

 

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"Revêtir (d'une couverture) les chevaux" : Et encores (...) li cheval, en la plus grant partie, quassé sus le dos ; et ne savoient de quoi cheuls ferrer qui estoient desferret, ne de quoi couvrir fors que de leurs tourniqiaus d'armes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 136).

 

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Part. passé en empl. adj. Cheval couvert./Destrier couvert. "Cheval qui est couvert d'une housse (gén. frappée aux armes de son propriétaire)" : ...il vist un seigneur derriere, richement monté et vestu de moult riches robes, et estoit son cheval couvert de campannes qui rendoient grant mellodie au sonner. (Bérinus, II, c.1350-1370, 32). Et estoient li signeur montés sus chevaulx couvers, parés de leurs armes, dont les sambues et li houcement aloient jusques en tière. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 261). Il fault roncins et granz chevaulx Couvers et armez richement (DESCH., M.M., c.1385-1403, 80). Après l'estandart viennent les paiges sur les destriers couvers et les chevaulz du roy, qui portent les tresriches hernoiz de teste. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 235). ...cinq dames richement aournées, lesquelles estoient montées sur cinq chevaulx de pris, et estoit chascun cheval couvert et habillé de riches couvertures, toutes aux armes d'icelle ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 25). Ledit de Ru fut monté et prest pour ses armes fournir, et estoit son destrier couvert et paré d'ung drap de damas blanc. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 312). ...monté sur ung cheval couvert de ses armes (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 121). ...puis venoient les deux freres de Thoulongeon, qui menoient le cheval, couvert des plaines armes du duc (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 59).

 

e)

[Domaine milit.]

 

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Couvrir qqn. "Protéger qqn (ou un pays) de l'attaque de l'ennemi" : Et ceulz s'aresteroient quant l'enseigne s'aresteroit, pour couvrir les gens de trait. (LA SALE, J.S., 1456, 216). Nation n'ot en monde qui puist contre eaux tenir [contre les Romains], Region ne paiis, ne par forche conrir [l. covrir] [d'apr. Scheler, Gloss., 76. L'Éd. a compris conraer, conreer dans le sens "se préparer au combat"] (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.1, a.1400, 590).

 

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Empl. abs. "Assurer la protection" : Mes nuls ne vient sus yauls couvrir, Anchois se tiennent en bataille (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 126).

 

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Couvrir qqc.

 

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"Recouvrir qqc. pour le protéger" : ...[pour assiéger une place, il faut...] treteaulx, clayes pour couvrir lesdiz treteaulx et faire bollevars, si besoing est (BUEIL, II, 1461-1466, 47).

 

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"Recouvrir qqc. pour le dissimuler" : Advisés bien que toutes leurs sallades soient couvertes, adfin qu'elles ne reluysent point (BUEIL, I, 1461-1466, 89).

 

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Part. passé en empl. adj.

 

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Mine couverte. "Couloir souterrain" : Et adonc descendirent leur grosse artillerie et commencerent fort à batre, et firent mines couvertes, qui entroient dans les fossez (BUEIL, I, 1461-1466, 164).

 

f)

[Idée dominante de disposition de qqc. sur qqc.]

 

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Couvrir un lit. "Préparer un lit" : ...se bouterent en une chambre au plus près, ou elles avoient fait couvrir chacune son lit. (C.N.N., c.1456-1467, 201). Va tout à haste et me cuevre un lit, car il convient que je repose et dorme un peu (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 266). [Loykin]...alla à coup faire lever sa femme, lui fit couvrir un lit (...) et que pour tant elle mist et tirast avant tout ce qu'elle avoit de bon, draps et robes, pour le couvrir, et de beaux oreilliers (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 267).

 

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Couvrir (la table / le souper). "Y disposer tout ce qui est nécessaire pour le repas, servir (les mets)" : Qant li heure dou souper fu venue, et que tout fu apparilliet et les tables couvertes, li rois d'Engleterre envoia querir par mesire Gautier de Manni ces chevaliers françois prisonniers (FROISS., Chron. D., p.1400, 873). Couvrons les tables par maniere Que nos seigneurs puissent soupper (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 47). ...le beau soupper fut en haste couvert et servy. (C.N.N., c.1456-1467, 25). Il les fist tantost conduire en une tresbelle chambre, et envoya couvrir la table (C.N.N., c.1456-1467, 173). Peleus (...) tout ce jour chevaulça jusques au soir qu'il prinst logis en la maison d'une dame ancienne qui le receupt a grant joye et Jason ossi. Et trouverent qu'elle couvroit la table pour festoier un chevalier estrangier qu'elle avoit logié par charité. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 132). Tantost les doubliers seront mis, Puisque il vous vient a plaisance. Sus ! Dyago, que on s'avance Couvrir les tables, il le fault. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 164).

 

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Empl. abs. : ...nous ne sçavions où loger, ne de quoy couvrir, ne où aler fourrager fors que es bruieres (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 69). ...messire Guillaume de Lignac et messire Gauthier de Pasach demourrerent avecques les chevaliers et les menerent en une belle chambre où on avoit couvert pour disner, et là disnerent tout ensamble. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 108). Et lors dist : Ma dame, il [le repas] est tout prest quant il vous plaira. Et la dame lui respond : Faictes couvrir quant il vous plaira. Lors fut tout appareillié, et laverent et s'assistrent. (ARRAS, c.1392-1393, 30). ...[le chevalier] voulut souper en sa chambre ou il s'estoit deshousé, et il fist couvrir sans aller en la salle. (C.N.N., c.1456-1467, 436).

 

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P. méton. empl. pronom. à sens passif. [D'un lieu] Se couvrir. "Être servi (en mets)" : ...et se couvroit celle salle à plusieurs fois, pour le grand nombre de gentilzhommes, archiers, paiges, officiers d'armes, trompettes, menestriers et joueurs d'instrumens qui estoient à icelle feste. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 117).

 

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Il est couvert. "Le repas est servi" : Quant le prince veult disner et qu'il est couvert, l'huissier de salle va querir le panetier qui doibt servir pour ce jour, et le maine en la paneterie. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 21).

 

g)

[Du mâle chez les animaux] "S'accoupler (avec une femelle)"

 

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P. plaisant. [D'un homme] : Demande. En quelz lieux est la croiz assise, ou elle a moins de reverence et d'honneur que autrement ? Response. En quatre lieux. (...) et sur la poittrine des croisiés de oultre mer, car souvent ilz en coeuvrent mainte folle femme. (Devin. R., c.1470, 160).

 

2.

[Verbe d'état : le fait que qqc. couvre qqc. ne résulte pas d'une "symétrie"]

 

a)

[De choses concr. ou abstr.] "Recouvrir, se poser sur (qqn ou qqc.)" : ...car telle sanie senefie que l'apostume est ou panicle qui cuevre le foye (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 101). ...mais venra le jour que je attremperay l'ardeur de justice par la pluie de misericorde, car je couverray le soleil de la nue. (Mir. st Ign., 1366, 72). Yver fait le souleil, es cieulx, Du mantel des nues couvrir ; Or maintenant, loué soit Dieux, Vous estes venu esclersir Toutes choses et embellir (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 130). De l'autre part fut la closture D'un pré gracïeux ou Nature Sema les fleurs sur la verdure, Blanches, jaunes, rouges et perses. D'arbres flouriz fut la ceincture, Aussi blans com se neige pure Les couvroit ; ce sembloit paincture, Tant y ot de couleurs diverses. (CHART., L. Dames, 1416, 200). ...nous ne actendons que l'ombre de la mort pour nous couvrir, enfouir et mectre en terre (JUV. URS., Loquar, 1440, 355). Mais la vanité de l'onneur mondain et le delit que l'erreur humain prent d'avoir povoir sur autrui aleche les folles pensees a tousjours vouloir rentrer en cest experimenté peril, comme l'oisel qui se fiert en la rethz ou il a veu les aultres surprendre et couvrir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 8). ...a quoy faire [conquérir l'Italie] je suis incité en songes par l'ame de mon pere Anchisés, laquelle toutes les foys que la nuyct obscure couvre les terres de ses umbres humides, que les estoilles assembleez font leur leveez, s'appert a moy soubz l'espece d'une terrible ymage fort indignee et contre moy esmeue. (Eneydes, 1483. In : Chrestom. R., 233).

 

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Au passif Estre couvert de. "Être recouvert de" : Il n'a pas un an que j'estoie En un lieu ou je m'esbatoie, Qui estoit d'arbrissiaus couvers Par tout (MACH., Voir, 1364, 42). ...et le demourant ou l'autre partie [de la terre] est envelopé en eaue et vestu et couvert de mer ausi comme d'un chaperon ou d'une coiffe (ORESME, C.M., c.1377, 568). ...semblables sont a la beauté des fiens couvers de noif, ou, comme dit Jhesu Crist, aux sepultures blanches et paintes (GERS., Concept., 1401, 416). Et doit on tousdiz refuser Toutes eaues et non user Des rivières et des fontaines Qui décourent parmi les vaines De souffre, métaulx et allume, Et couvertes de forte brume (LA HAYE, P. peste, 1426, 101).

 

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Part. passé en empl. adj. Air couvert. "Air rempli, rendu opaque" : ...fist lors transporter es contrées nubleuses, où a air bruineux et couvert pour la moisteur des palus essveux et terre roumatie d'ycellui pais, qui siet devers les parties de Flandres (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 109). Et se esvertuoient et employoient les archiers à tirer par telle façon d'un costé et d'autre que l'air estoit obscurcy et couvert par l'abondance des sayettes, des viretons et du traict, Qui voulloient sur les uns et sur les autres si espessement que à grant paine eust-on peu veoir la clarté de la lune reluire sur les harnoiz (BUEIL, I, 1461-1466, 108).

 

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Empl. pronom. à sens passif : Amour ne m'amoit ne je li, Ainçois ressambloie a celi Qu'on compere a une viez souche Qui en un grant marés se couche Et qui dou marés si se cuevre Que nulz ne la puet mettre en oeuvre, N'on ne la puet tirer de la Pour l'yaue qui couverte l'a. (MACH., Voir, 1364, 104).

 

b)

Part. passé en empl. adj. [D'un lieu] "Dont la surface est occupée de personnes, de végétaux ou de choses"

 

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[Idée de soustraire à la vue] "Qui est abrité par la végétation" : Et cevauçoient, tels fois estoit, ils et ses compagnons, vint ou trente lieues de nuit par voies couvertes, et venoient sus le point de un ajournement, la ou il voloient estre (FROISS., Chron. D., p.1400, 858). ...a ung tresbeau preau bien enclos de belles hayes, fortes et espesses, et au milieu ung grand poirier, qui rendent le lieu umbragé et couvert (C.N.N., c.1456-1467, 307).

 

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Chemin couvert. "Chemin creux (où l'on ne peut être vu)" : ...et quant il avoit yceulx [les Français] eslongiez tant qu'ilz povoient avoir perdu la veue de lui, il se retournoit tout court par un autre chemin, le plus couvert qui savoit, droit audit lieu de la Sousterrine, ou là où les Englois estoient embuschez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 57). ...siis mille honmes de piet (...) ceminerent tout le pas et les chemins couvers et vinrent sus un ajournement devant Courtrai. (FROISS., Chron. D., p.1400, 368).

 

-

Le pays couvert. "Le terrain boisé, la forêt" : Dains demeurent volentiers en sec païs et es hautes forez (...), et vont demourer en païs couvert, comme en feugerez ou en tel païs. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 66). En yver quant il gielle fort et que il fait noifs, l'en doit prendre garde ou il hante une grant volee de perdris, et u païs ou il hantent, soit em païs couvert ou aus chans, l'en doit faire une amorse ou deus (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 289). ...et doit l'en tousjours descouvrir tout le païz couvert avant que on passe passaige, ne gué, ne boys, ne chemin creux, ne riens là où gens se puissent musser. (BUEIL, I, 1461-1466, 214).

 

c)

[Avec une idée de masse]

 

-

[De pers.] "Recouvrir, être répandu sur" : Or le gart cils qui fist la nue ! Qu'einsois qu'eussent but ne mengié, Furent li anemy logié, Devant le viés port, à tel route, Qu'il couvroient la terre toute. Bien estoient plus de C. mille, Et s'en yssoit hors de la ville, Tant et si mervilleusement Que nuls homs nombrer bonnement Ne le peüst en verité... (MACH., P. Alex., p.1369, 67).

 

.

Au passif : La chasse longuement dura. Tant en ocist et acora Li rois et sa gent en la chace Que couverte en estoit la place ; Et tant d'ocis en y avoit Que nulz le nombre n'en saroit ; Et gisoient, gueules baées, Entre la ville et les galées. (MACH., P. Alex., p.1369, 208). Car sachiez que veez cy tant de crestiens venir que tous les champs en sont couvers. (ARRAS, c.1392-1393, 183). ...tous les camps estoient couvers de gens et de charoi (FROISS., Chron. D., p.1400, 706). ...et en abatit tant de sa large coignee que tout le champ en estoit couvert (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 110).

 

.

Part. passé en empl. adj. Être terre couverte. "Remplir l'espace à perte de vue" : ...et, là où il vit ses ennemis, qui estoient terre couverte [sic], à pié et à cheval aprez les courreurs, qui les menoient si chaudement que ja en avoient priz de beaulx et de bons, Gervaise donne dedans au beau millieu (BUEIL, II, 1461-1466, 17).

B. -

Au fig.

 

1.

Couvrir qqc. (à qqn). "Cacher, dissimuler (une action, une attitude, un sentiment...) (à qqn)" : Et elle, com franche et honneste, A oy et fait ta requeste, Car elle a dit et descouvert L'amour que tu as tant couvert A ta dame... (MACH., R. Fort., c.1341, 62). C'est usages qui endottrine Maint cuer de celer et couvrir Sa penance au monde (Mir. parr., 1356, 9). Encor y ot une cautelle Qui est de traïson ancelle, Pour mieux la fausseté couvrir, Que je vueil dire et descouvrir. (MACH., P. Alex., p.1369, 185). Mais pour couvrir leur fause arquemie, ilz dient qu'ilz ont trop bien servi le roy a leurs tres grans despens. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 459). ...elle monstra, dit et enseigna à icelle divine ces choses, pour couvrir son pechié, mauvaistié et hayne par elle conceue contre sondit mary (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 335). ...elles sont tenues de garder son honneur et couvrir sa honte, et se a autres en ouoyent mesdire, d'abaissier les parolles. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 145). Qui son dueil coeuvre Trop fort, double mal en recoeuvre, Car tristour est d'une tel oeuvre Qu'elle descroist, qui la descoeuvre Ou il affiert, Et qui trop la coeuvre, elle fiert Le cuer et dedens se refiert (CHART., L. Dames, 1416, 230). Quant il fut haulte matinee, il se lieve et se appreste et s'en va à court avecques les autres. Ainsi passe temps et queuvre son pencer au mieulx que il puet. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 24). ...elle fut bien joyeuse de ceste ambassade (...) mais pour couvrir sa volunté, elle en fist l'excusance et le refus a sa maistresse. (C.N.N., c.1456-1467, 270). ...comme prince saige, prudent et ayant la vertu de force, print et reçeut tout en gré, en couvrant et dissimullant son dueil gratieusement, sans provoquer l'yre de Dieu par desespoir ou impacience. (BUEIL, I, 1461-1466, 28). J'ay peur que ses disciples et gens Pour covrir leur malices grans L'emportent [le corps de Jésus] pour faire entendent Au peuple son succistement, Et pour ce selon mon advis Seroit bon que fussent commis Aulcunes gens pour le garder. (Pass. Auv., 1477, 271). ...ce qu'il faisoit estoit par dissimulacion et pour couvrir et celler son entreprinse et invahir nostre royaume (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1486, 114). ...vous vueil bien faire sçavoir que si aucuns invocateurs, nigromanciens, abuseurs ou divins, pour couvrir leurs mauvais ars, ont contrefait et contreffont les astrologiens (...), il ne s'ensuit pas pourtant que la très noble et excellante science de astrologie et les purs astrologiens en doyent estre blasmés (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 2 r°).

 

-

"Cacher jusqu'à effacer (une action ou la connaissance de cette action)" : ...il ne s'est aucunement repenti de son larrecin et pechié fait par la maniere que dit est, mais de son povoir vouloit aidier à couvrir et estaindre la vraye cognoissance dudit larrecin, en tant que pendant son eslargissement il portoit vendre la chose furtive, et ce qu'il savoit bien (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 408). ...toutesfois toutes les raisons que je pourroye alleguer en ceste matière ne sauroient couvrir la faulte de foy et d'honneur que ledict duc commist en baillant bon et loyal sauf-conduit audict connestable et neantmoins le prendre et vendre par avarice (COMM., II, 1489-1491, 139).

 

-

Couvrir sa réponse. "Répondre d'une manière obscure et ambigue" : ...et de la vient que par obscures paroles ilz cueuvrent leurs responses afin que, quant ilz seront trouvéz menteurs et faux disanz, ilz puissent d'aucune couverture deffendre leur fallace. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 188).

 

Rem. Voir aussi réponse couverte, adj.

 

2.

[D'un mot] Couvrir qqc. "Comprendre, englober qqc. (par sa signification)" : Doncques ce n'est mie le nom de concquereur qui lui souffit [au roi Charles VII défunt] droit cy (...), mes est cely de vertu, qui tout comprent et qui toutes ceuvre et encerne ses diverses qualitéz par divers regars soubz ung tiltre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 322).

 

3.

DR. FÉOD. Couvrir le fief. "En cas de mutation de vassal, faire l'hommage, ou offrir de le faire, au seigneur, pour rendre cette mutation effective" : Et ne sont point tenuz les subgetz s'ilz ne veullent d'aller à l'assignacion des hommages du seigneur, hors la banlieue du lieu où elle est deue. Et s'ilz ne vont à ladicte assignacion, ilz cuevrent le fief en faissant après icelle assignacion les diligences dessusdictes. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 175).

 

Rem. Cf.A.-M. Dupin, E. Laboulaye, Gloss. de l'anc. droit fr., 1846, 40a et Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], 153.

II. -

Empl. pronom.

A. -

Au propre

 

1.

"Se vêtir" : ...à son couchier, lui fu baillé, par la dame de l'ostel où il estoit logiez, une coste hardie de drap pers sengle, à usage d'omme, pour soy couvrir la nuit, et laquelle fu mise sur son lit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 147). Qui se veult couchier chauldement D'yver quant il fait grant froidure, Se puet bien couvrir bauldement De robes ou d'aultre vesture. Celluy se queuvre a l'aventure Qui, comme d'aulcuns jouvanceaulx, Par deffaulte de couverture, Fait couverte de grumisseaulx. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 68).

 

-

[Formule de bienvenue à un visiteur] Couvrez-vous. "Restez couvert, gardez votre couvre-chef" : PILATE. Couvrez vous, Annas, je vous prie. Vous soiez le tres bien trouvé. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 150). Dieu te gard, mon valletonnet ! Coeuvre-toy, coeuvre. (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 302).

 

2.

"Ne pas se montrer, s'isoler" : Le conte de Foeis entra lors en grant ymaginacion et se couvry jusques à l'heure du disner, et lava et s'assist, comme les autres jours, en sa salle, à table. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 84).

 

3.

"Se protéger (des coups de l'ennemi)"

 

-

Se couvrir (de + subst. désignant une arme ou un autre moyen de protection). "Se protéger (avec qqc.), se mettre à l'abri derrière qqc." : Les portes coururent ouvrir. Lors ne s'en porent plus couvrir : Tout l'ost est par dedens entrés. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 159). Moult hardiement se combat ; Quan qu'il attaint tue et abat. Riens n'est qui contre ses cops dure ; S'espée, qui est bonne et dure Et taillant, scet bien mettre en ouevre ; Bien se deffent et bien se cuevre. (MACH., P. Alex., p.1369, 73). "Nous ne les poons avoir tous nombrés, car il se sont couvert et fortefiiet de la haie. Se nous ne savons se il en i a otretant dela la haie que nous en avons veu decha." (FROISS., Chron. D., p.1400, 775). Et se ne feust qu'il se couvroit de son espée, le dit Pontenier et son dit varlet, qui de bien près le servoient et suyvoient, l'eussent tué. (Doc. Poitou G., t.8, 1445, 228). ...il n'y eut celui qui ne prisast son compaignon et doubtast plus que devant et rendist toute paine a soy couvrir, car les cops qui estoient atains a descouvert ne s'en raloient point sans grant peril. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 304). ...il se couvry de son escu et bon besoing luy fu, pour ce qu'il le coppa en deux partiez. (Comte Artois S., c.1453-1467, 56). ...mais tost il print sa grant espee d'armes qui a son destre costé a un croichet pendoit, et de celle se combatoit et se couvroit tresvaillanment. (LA SALE, J.S., 1456, 186).

 

-

Au passif : Tout en assallant, il fisent emplir ces fossés de ces mairiens et velourdes, tant que qui estoit couvers il pooit bien aler jusques as murs, combien que cil dou chastiel se deffendesissent (...) bien et (...) vassaument. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 109).

 

4.

Se couvrir de qqn. "Se mettre à l'abri derrière qqn." : ...et derriere icellui d'Assigny avoit deux ou trois grosses arbalestes bendées : pour laquelle cause ledit Voyau se couvrit de son cheval et dist audit conte qu'il se couvrist dudit Cueur (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 180).

B. -

Au fig.

 

1.

"Se dissimuler, cacher ses intentions" : ...Car Faus Samblans s'est couvers et tapis En dous regart et en plaisant viaire... (MACH., L. dames, 1377, 188). Gens qui cuident estre si sages Qu'il pensent plusieurs abestir, Si bien ne se sauront couvrir Qu'on n'aperçoive leurs courages. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 311). ...et de créer et constituer Charles, le mainsné fils, successeur de la couronne, soubs lequel leur espoir estoit de eux couvrir et sauver, et de fortraire par ce moien au duc de Bourgongne l'attente que pourroit avoir en l'autre. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 441).

 

-

"Cacher son émotion" : Quant il le vit en telle voye, Sy fu trestous desesperez, Sy honteux et sy abomez Que riens nulle ne respondy. Sans parler d'illoec se party, Fors que tant par devant le gent Se couvry gracieusement Et au departir s'enclina. (Dit prunier B., c.1330-1350, 79). Certes, je ne le sçay, ne je ne voy remede fors tant que couvertement me faulr couvrir et porter mes douleurs (Guy Warwick, c.1400-1450. In : Chrestom. R., 96).

 

-

Se couvrir de / envers qqn. "Dissimuler (ses pensées, ses intentions) à qqn" : Et nepourquant [sa douleur] se couvre elle si bien envers toute sa gent que nul ne s'en puet apercevoir (Chev. papegau H., c.1400-1500, 26). Et quant Paris vist son pere en tel sossy, il en eust grant pitie, si le reconforta de parolles le plus doulcement qu'il peust. Mes bien cogneust messire Jacques que tout ce que Paris dysoit n'estoit que pour soy covrir de luy (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 117).

 

-

Se couvrir de fausseté. "Se dissimuler derrière de fausses apparences" : La souvraine et droicte science De loys, c'est (...) de vertus ta bouche ouvrir, Sanz de faulseté te couvrir. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 112).

 

-

Se couvrir du manteau d'hypocrisie. "Se dissimuler derrière de fausses apparences" : Les tiers dyent la patenostre du papelart pour soy couvrir du mantel d'ypocrisie et de faintise, et on les congnoist aux oeuvres. (GERS., Noël, p.1404, 299).

 

2.

"Se protéger"

 

-

"Se protéger (des critiques)" : Et sur ce et autres choses eussent esté faictes audit d'Alençon plussieurs remonstrances par lesquelles eust apparu que c'estoit chose controuvée par lui, pour soy cuider couvrir et donner coulleur à sa charge. (Doc. 1458. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 106).

 

-

Se couvrir de qqc.

 

.

"Prendre prétexte de qqc." : L'escuier (...) se doubta tantost que ce bon chevalier vouloit aller courre, et qu'il se couvroit des besoignes de lendemain pour luy donner congié (C.N.N., c.1456-1467, 208).

 

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"Se protéger par qqc." : ...J'ai tel desir Que toutdis ma dame servir et a son coumant obeïr ; Et s'il avient Que ja je ne voie avenir Que de refus se puist couvrir Il me couvient Son commandement prendre en gré. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 142).

 

-

Se couvrir de faire qqc. "Se garder de faire qqc." : Chil doi baron, qui sage et pourveu estoient, se couvrirent moult bien deviers li de dire. Pluisseurs paroles disoit on de li en France et a Paris, mais s'en dissimulerent (FROISS., Chron. D., p.1400, 483).

 

-

Se couvrir que (+ subj.). "Se garder que" : Et s'estoient [les yeux] clungnetant par mesure, Fendus a point, sans trop grant ouverture, Tout acquerant par leur douce pointure ; N'a l'entrouvrir Ne se peüst nuls homs qui soit couvrir Qu'en mi le cuer ne l'alassent ferir, S'il leur pleüst, et pour euls retenir. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 69).

 

-

Ne se couvrir que (+ subj.). "Ne pas s'empêcher de (+ inf.)" : Quant Gaufroit l'oyt, sy fut sy courociéz qu'il ne se poult covrir qu'il ne desist : "Par ma foy, qui ce fait requere a my n'est mie proudhomez, et repentir s'en pourat vostre roy..." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 24).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

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