C.N.R.S.
 
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     CONSENTIR     
FEW II-2 consentire
CONSENTIR, verbe
[T-L : consentir ; GD : consentir ; GDC : consentir ; AND : consentir ; DÉCT : consentir ; FEW II-2, 1062b : consentire ; TLF : V, 1380b : consentant ; TLF : V, 1381a : consentir]

I. -

"Laisser faire qqn ou qqc., donner son accord à qqn ou qqc."

A. -

[L'obj. (dir. ou indir.) désigne une chose] (Se) consentir (à) qqc.

 

1.

"Laisser faire qqc., permettre qqc., donner son accord à qqc. (une chose qui est voulue ou souhaitée par autrui, en partic. une chose blâmable qu'on laisse faire alors qu'on pourrait s'y opposer ou la dénoncer)"

 

a)

Consentir qqc. : Si tien que Dieu ce mariage Veult et consent. (Mir. ste Bauth., c.1376, 90). ...c'est chose Qu'a faire conseillier je n'ose, Ne ne consens. (Mir. ste Bauth., c.1376, 144). S'il n'en peüst qu'à moy seul mesvenir, Je fusse tous conseillés de choisir ; Maiz ma dame en pourroit grant mal sentir Et sanz raison son oïr reprochier, Et ce mes cuers ne pourroit consentir. (MACH., Lays, 1377, 471). Maistre J. Hoiguart, procureur de l'Université de Paris ceans, a consenti l'enterinement de certeinnes lettres royaulx (BAYE, I, 1400-1410, 175). Nous tous consentons vraiement Sa mort, et ainsi le volons. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 111). ...mais oncques ne le voult consentir. (LA SALE, Sale D., 1451, 255). ...j'eusse trop mieulx amé la mort que d'avoir de moy mesmes consenty ne acordé ce meschef. (C.N.N., c.1456-1467, 52). ...comme il avoit le derriere regardé, aussi fait il le devant, ce que la bonne simple femme ne veult pour rien consentir (C.N.N., c.1456-1467, 89). Si s'advisa, comme Dieu le voult, ou comme Fortune le consentit que sa femme devoit aller a unes nopces (C.N.N., c.1456-1467, 311). ...ce gentil homme consentit le mariage de sa seur et du bergier (C.N.N., c.1456-1467, 360).

 

-

Dieu ne veuille ja ce consentir. "Que Dieu (nous, vous...) en préserve" : Et se vous faictes le contraire, vous et voz hoirs decherront petit a petit, et la terre que vous tendrez alors que vous ferez la faulte, se il est ainsi que vous le faciez, ce que Dieu ne veulle ja consentir, ne sera jamais tenue par nul de voz hoirs ensemble. (ARRAS, c.1392-1393, 42).

 

-

[Des pensées] : ...mon fils, oncques vrai amoureux ne fut paresseux; car les très-douces et amoureuses pensées qu'il a nuit et jour, pour acquérir la très-désirée grâce de sa très-belle dame, ne le pourroient consentir : car soit pour chanter, soit pour danser, sur tous les autres il est le plus diligent et le plus joyeux à lever matin, dire ses heures, oyr la messe dévotement, aller à la chasse ou au gibier (Faits Lalaing K., c.1470, 20).

 

-

Consentir que : Et ja Ihesu Cris ne consente Qu'en fil de roy traïson s'ente, Car mieus vaurroit mort par honnour Que vivre à tele deshonnour (MACH., P. Alex., p.1369, 264). Vierge sur toutes pure et monde, Ne consentez ja qu'il appére Que je soie femme mon pére (Mir. fille roy, c.1379, 44). ...lesquelx pourceaulx il print de nuit ; et de l'ostel dudit Blont, pour ce que il ne volt consentir qu'ilz feussent tuez ne brulez oudit hostel, icellui Berthaut les mena en l'ostel de Jehan Lestalon, son frere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 504). Hee, doulce contree, j'ay eu en toy tant de soulas et de recreacion, et y estoit ma beneurté, se Dieu n'eust consentu que je n'eusse esté ainsi faulsement trahie. (ARRAS, c.1392-1393, 259). Et tu, Verité, nostre secretaire, despesche les lettres sans sejourner. Nous consentons en surplus, voulons et commandons, que selon que offert l'avez, vous espandez et habandonnez toute vostre cure, pouoir et estude a ma mie toute belle composer, aourner et douer. (GERS., Concept., 1401, 405). Si est bien digne, ce me semble, Que toutes consentiez ensemble Qu'il soit du monde couronné (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 140). Ce jour, la Court a ordonné et consenti que maistre Jehan Rommain, conseillier de Parlement, puist prendre et avoir ses gaiges de conseillier sans venir ceans, durant sa maladie. (FAUQ., I, 1417-1420, 300). Lors furent les seigneurs et barons cy devant nommez, qui ensemble furent a l'empereur supplier qu'il lui pleust consentir qu'ilz les delivrassent, et l'empereur voluntiers leur octroia. (LA SALE, J.S., 1456, 264).

 

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Estre consentant que : Après, Doubtance de meffaire Dit qu'a nul fuer de tel affaire Entremettre ne se vorroit, Et que mieus mourir ameroit Que ce qu'elle fust consentans Que nuls en la joie partans Fust, qui seur toutes est loée Douce, plaisant et affinée. (MACH., D. verg., a.1340, 42).

 

-

Consentir + prop. inf. : ...aucuns avoient fait publier, contre verité, que la Court de Parlement avoit consenti et accordé ladicte taille estre levée, dont il n'estoit rien. (FAUQ., I, 1417-1420, 334). ...il m'a habandonnee des le jour que consentis faire morir Pelleus en vengance de ce que trahiteusement lui avoit voulu la mort advancier (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 235).

 

-

[D'une chose] Estre à consentir. "Être acceptable" : ...ce n'estoit pas cose à consentir (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 87).

 

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Ne faire mie à consentir : ...ce ne faisoit mies à consentir (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 123).

 

b)

Consentir à qqc./Estre consentant de qqc. : Ce jour, la Court a consenti et consent à la vente faicte à maistre Giles Veau, clerc des Comptes du Roy, par les executeurs et surroguez à l'execucion de feu maistre Guy Coustel, de certain hostel et vignes sis à Lay (FAUQ., II, 1421-1430, 107). Scelont mon senz Qui est petit, je y consente. Mais que ung sache ung peu de l'entente De nostre fillie Marguerite. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 24). Je le feiz [rompre la très amoureuse prison] en telle façon, Voyant celle devant mes yeulx Consentant a ma deffaçon Sans ce que ja luy en fust mieulx ; Dont je me dueil et plains aux cieulx, En requerant d'elle vengence A tous les dieux venerïeux, Et du grief d'amours allegence (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 12). ...pour chose du monde a ce ne vouldroit consentir (C.N.N., c.1456-1467, 386). ...car (...) n'estoient point toutevoies tous consentans à la guerre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 439). Mais quoy que j'aye broillé ne barboillé, N'a consentu a nulz de mes acors (LA VIGNE, S.M., 1496, 482). ...n'auroit ou prendroit aucun traicté, practicque ou intelligence avec aucun d'eulx et ne consentiroit à aucune machinacion qui fust ou puisse estre faitte à l'encontre de nous, noz royaulme, pays, seigneuries et subjectz (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 243).

 

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[D'une faculté humaine] : ...yre est une fureur briefve qui passe comme une nuee, mais, se tu vois qu'elle se arreste et que elle veulle tourbler ton entendement, ne seuffre ton entendement y consentir (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 245).

 

-

Consentir à + inf. : ...de faire Grieux consentir A de ce siege deppartir Lui semble adés legier a faire (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 117). Et veulent dire aucuns qu'il en fut prins dix mil escus pour faire consentir ledit seigneur Charles à delesser la conté de Poitou, laquelle le roy estoit content de luy delesser par avant ledit appointement. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 219).

 

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Estre consentant de qqc. "Laisser faire qqc., en partic. être complice de qqc." : ...or en faites tant Que ne soiez pas consentant De son meffait. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 140). Et de ses freres li dist tant, Qu'il en estoient consentant. Encor li dist il autre chose Que je nullement croire n'ose, Car il li dist que la royne Estoit amie et concubine à monsigneur Jehan de Mors... (MACH., P. Alex., p.1369, 249). Estienne Blondel (...) prisonnier detenu oudit Chastellet, et admené en la compaignie du dessus dit Cousin, pour souspeçon qu'il ne soit compaignon, complice et consentant des larrecins faites par ycellui Cousin, fu fait venir et attaint en jugement sur les carreaux (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 93). Et dist, sur ce requis, que oncques jour de sa vie il ne fu faisant, participant ou consentant d'autre murdre ou larrecin que icellui dessus dit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 156). ...et, nonobstant ladite confession, le firent l'andemain remettre par deux fois en gehaynne, pour savoir et enquerir se desdites poisons il savoit autre chose que confessé n'avoit, ne se il savoit aucuns autres qui en feussent consentans ou coulpables (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 463). Tres chiers sires, nous sommes cy venus par devers vous pour la cause qu'on vous a donné a entendre que vous estiez informez contre nous, et vous a on rapporté que nous estions consentans de la mauvaistié que Glaude de Sion, qui estoit nostre cousin, vouloit et avoit commencié a faire devers nostre droit seigneur naturel monseigneur vostre pere. (ARRAS, c.1392-1393, 210). ...lesquelz ilz disoient avoir esté favorisans au feu conte d'Armaignac et avoir esté coulpables et consentans du mauvais gouvernement qui avoit esté en ce royaume et de la desolacion d'icellui (FAUQ., I, 1417-1420, 150). ...on peut dire que par ses trois manieres vous et ceulx qui sont autour de vous et les princes soyés consentans des maulx que on fait. (JUV. URS., Loquar, 1440, 367). C'est assavoir que, aprez la mort de Julius Cesar, Anthoine (...) persecuta ung grant temps tous ceulx qui avoient esté consentans de sa mort. (LA SALE, Sale D., 1451, 162). Sire, se vostre treshaulte maiesté peut trouver que je soye en nulle maniere consentant de cestuy fait, je suis contente de mourir de la plus cruelle mort qui vostre court saura deviser... (Belle Maguel. C., 1453, 30). ...avez esté consentant et pou près requerant de ce qu'il a fait. (C.N.N., c.1456-1467, 161). ...ilz pugnirent bien arriere ceulx qui estoyent demeurez consentans de ceste besongne (LA VIGNE, V.N., p.1495, 272). Et fut dit audit monseigneur Charles que ledit duc de Bretaigne avoit entreprins de le prandre et ramener en Bretaigne, et disoit on que de ce estoit consentant le conte de Dampmartin (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 199).

 

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Estre consentant de + inf. : Ne dit on pas que vous mesmes fistes prendre [,] ou fustes consentant de prendre, l'evesque de Laon et de mettre la main a luy, et ne fut delivré jusques ad ce qu il fut composé a argent, qui ne vint point a vostre proffit ? (JUV. URS., Verba, 1452, 353).

 

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Estre consentant de + prop. inf. : ...il dist que sa femme ne la femme dudit Jehan Le Camus n'estoient point consentens des larrecins dessus avoir esté faiz, mais bien savoient que ilz avoient esté faiz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 509).

 

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Part. prés. en empl. subst. "Complice, partisan" : ...tiercement les consentans a son imitacion remunerant. (Mir. st Panth., 1364, 307). Vous quil estes ses consantans [de Lucifer], Ne vous tienne heure ne temps, La juz descendréz en l'abisme. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 9). Vous quil estes ses consantans [de Lucifer], Ne vous tienne heure ne temps, La juz descendréz en l'abisme. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 9). ...car en non faisant justice a vostre peuple et en non mectant remede aux maulx qui seuffre vous estes reputé comme consentant (JUV. URS., Loquar, 1440, 418). ...tous leurs consentans et adherens (Lettres Louis XI, V., t.5, 1473, 187).

 

c)

Se consentir à qqc. : ...Et qu'il l'a heüe et tenue Cent fois, en ses bras, toute nue. Et, par Dieu, je croy qu'il mentoit, Pour ce que la royne estoit Si vaillant et si preude femme, Et en tous cas si bonne dame, Que jamais ne s'i consentist, N'au roy son signeur ne mentist. (MACH., P. Alex., p.1369, 249). ...il envoya en la ville d'Orliens une procuracion à un sien ami, duquel il n'est record du nom, et li manda qu'il se consentist à la delivrance dudit Courtaillon, lequel, assez tost après, fu mis hors de prison, si comme il a depuis oy dire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 515). Gervaise propre nous met en exemple d'un chevalier nommé Rogier du Chastel de Rousset, en la province d'Auxci, qui trouva une faee et la voult avoir a femme. Elle s'i consenty par tel convenant que jamais nue ne la verroit. (ARRAS, c.1392-1393, 4). ...et [le roi] leur dist que, aprez Dieu, ilz estoient ceulx de quoy il et son royaume estoit ressuscitez de plus crueulx trespas que de la mort, car, se ilz ne feussent, les Sarrazins les eussent tous destruiz ou tournez a leur loy, qui vaulsist piz que mort corporelle, car ceulx qui a ce se feussent consentu de bon cuer eussent eu dampnacion perpetuelle. (ARRAS, c.1392-1393, 118). J'ay bien trouvé en mon registre Que Caÿffas a bien le sens De l'estre [évêque] et je m'y consens ; Que tout bien vous en adviendra. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 152). A sa mort du tout me consens Se de ce estes tous contens, L'ung en responde sans tarder. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 148). Alors les dames et damoiselles et aucunement le maistre d'ostel, qui jeunoient et avoient bon appetit, pensans que trop mieulz disneroient que de l'ordinaire de l'ostel, l'une guinant et boutant l'autre, tant prierent pour la premiere requeste de damp Abbés que Madame s'i consenti. (LA SALE, J.S., 1456, 248). ...cuida mener sa seur ad ce qu'elle s'i consentist [un mariage] luy remonstrant ce qu'on scet faire en tel cas (C.N.N., c.1456-1467, 359). Item, je donne aux .XV. Vings - Qu'autant vauldroit nommer Troys Cens - De Paris, non pas de Prouvins, Car a eulx tenu je me sens ; Ilz auront, et je m'y consens, Sans les estuiz mes grans lunectes, Pour mectre a part, aux Innocens, Les gens de bien des deshonnestes. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 132). De tout ce testament (...) Je lui (...) donne faculté [à Jehan de Calaiz, notaire au Châtelet] De le gloser et commenter, De le diffinir et descripre, Diminuer ou augmenter, De le canceller et perscripre De sa main, et ne sceut escripre, Interpreter et donner sens A son plaisir, meilleur ou pire, A tout cecy je m'y consens. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 140). Dy leur, apres digner, baillerons Deux de noz gens emmy la pree, Et que nous nous y consentons Aujourd'uy, en ceste journee, Que bataille leur sera livree A deux contre deux seullement (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 311). Pas ne suis si mal advisé De m'y consentir touteffois (LA VIGNE, S.M., 1496, 415).

 

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Se consentir que : ...en tant que je m'assenti A li croire et me consenti Qu'a ma femme feist grief lors, Doulx Dieu (...) Pardon vous requier (Mir. roy Thierry, c.1374, 301). Et s'Amour loyal se consent Que ma douce dame au corps gent Me vueille son ami clamer, Je sçai De vray Que j'arai, sans finer, Joie qu'Amour à fin amant Doit pour ses maus guerredonner. (MACH., Motés, 1377, 483). Item, je vueil et ordene et me consens que Philipot de Corbye, mon filz naturel, soit legitimé par le roy nostre seigneur. (Test. Parlem. Paris T., 1399, 289). ...se ledit Karles se consentoit que nostredit chevalier et sesdis hoirs (...) eussent ledit hostel... (Paris domin. angl. L., 1425, 148). Puis qu'i vous semble que soit bon Abatre tout le Portereau, Qu'i soit fait nous nous consenton, Et tout jusques au rees de l'eau Combien que ce noble joyau Nous fait mal des Augustins ; Mais nous le referons de plus beau S'i plaist a Dieu et a ses sains. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 149). MERCURE. Et moy aussi, j'en ay lavé mes mains Et me consens qu'un tout seul n'en eschappe. (Cene dieux, c.1492, 117).

 

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Empl. abs. Se consentir. "Se montrer complice" : Prince, tu [Venise] t'es tournee et consentye De tous costez pour estre garantye, Quant en noz pars as veu guerre levee (LA VIGNE, Libelle cinq villes B., 1509, 181).

 

d)

Empl. abs. Faire consentir qqn / son franc arbitre. "Faire céder qqn" : ...il nest pas en leur puissance extorquer ne faire consentir ton franc arbitre en quelconques chose grande ou petite se tu ne veulx et se tu ny tournes ta voulente... (CIB., p.1451, 223).

 

e)

Part. prés. Consentant. "Qui laisse faire, qui donne son accord" : Quolibet, mettez le cas que le seigneur commande aucune chose a son serf, et a celle heure la femme demande le deu de mariage, distinction ["il convient de distinguer plusieurs cas"] ou le serviteur a contrait le seigneur consentant ou ignorant ou contradisant. (Sacr. mar., c.1477-1481, 50).

 

2.

En partic. [Celui qui consent a le rôle de patient] "Laisser faire qqc. sur soi-même, supporter qqc. de pénible (qui vous arrive, que d'autres vous font subir)"

 

-

Consentir estre + part. passé : Et promet ledit monsr de Lisieux paier lesdictes sommes auxdiz termes, et à ce welt et consent estre contraint par la prise de son temporel et par toutes autres voies deues et raisonnables. (BAYE, II, 1411-1417, 256). ...et consentirent leur plus chier et naturel adournement estre converti en rude mistere (CHART., Q. inv., 1422, 31). Comme as tu si lasche vouloir De consentir estre deffaitz, Par infection mise en l'air, Ceulx qui par ta dextre sont faictz ? (Cene dieux, c.1492, 131).

 

-

Estre consentant : En tant Me vont d'un accort tourmentant, Dont mon vouloir est consentant, Et mon cuer n'en est repentant (CHART., L. Dames, 1416, 249).

 

3.

P. ext. [Idée d'approbation] "Approuver qqc. (une opinion, un jugement, un accord...), le juger bon" : Dame, a ce traitié Que vous avés fait et traitié Moult volentiers je me consens (MACH., Voir, 1364, 380). ...et dit ainsi. "Garde que tu n'ensuives la tourbe ou multitude a faire mal, et ne consent pas en jugement a la sentence de pluseurs en tele maniere que tu denies [l. devies] et voises hors de verité." (ORESME, E.A.C., c.1370, 319). ...les Englois n'avoient point trop grande affection a la bataille, car il ne se veoient point tant de gens d'armes de trop que li François estoient ; si consentoient assés les trettiés que li doi cardinal faisoient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 592). ...et estoit grant deshonneur au dit Edouart de venir contre ce qu'il avoit approuvé et consentu [tres] expressement en plusieurs et diverses manieres (JUV. URS., T. crest., c.1446, 30). ...Et me suis assez consentu A l'opinion que tenez (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 74). Mon filz qui es le premier né, J'ay apparmoy determiné Que ayes, comme j'ay consentu, De l'arbre le droit et tortu ; De bon courage le te donne. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 343). ...tout le monde commença à louer et consentir ce qu'il avoit dit (BUEIL, I, 1461-1466, 98). A laquelle responce tous les assistens se consentirent. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 199).

 

-

Consentir que. "Admettre que" : Et quant Lion de Bourge celle parrolle antant, Dont consent a son cuer mallecieusement Que Trouvér fuit ou boix que ver Florance apant, Si dit a soy meisme : ... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 145). ...et assez consens Que vostre oppinion soit bonne. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 75). ...raison moult inevitable nouz contraint de dire et de consentir que... (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 219). Je veulx bien consentir et bien aprouvoir que nulx homs en ceste mortel vie ne puet par son entendement ouvrir si haulte matiere ne declairier si parfont secret entierement (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 235).

 

-

Se consentir que. "Admettre que" : Je respon, et me semble premierement, que entendement humain aussi comme naturelment se consent que hors le ciel et hors le monde qui n'est pas infiny est aucune espace quelle que elle soit, et ne puet bonnement concevoir le contraire. (ORESME, C.M., c.1377, 176).

 

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[D'une faculté humaine] : ...la naturelle Raison bien petit se consent Que ung pére mette a mort cruelle Son seul filz (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 25).

 

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Empl. abs. : ...car il [celui qui flatte le prince] destruit son nom [celui du prince] Se mal consent (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 167). [LXIX]

B. -

[L'obj. (dir. ou indir.) désigne une pers.]

 

1.

Consentir qqn à + inf. "Permettre à qqn de" : ...celluy que les Romains n'avoient voulu a les bien gouverner consentir... (LA SALE, Sale D., 1451, 104).

 

-

[D'une pers.] Estre consenti à qqc. : Là ou Bruges seroit consentie à courir de ces Bretons et autres gens, elle seroit à tousjours mais perdue sans recouvrier. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 62).

 

2.

(Se) consentir à / avec qqn. "Laisser faire qqn, accepter ce qu'il propose (en partic. de blâmable), s'accorder avec qqn, se rallier à qqn, se trouver en sympathie, en harmonie avec qqn"

 

a)

Consentir à / avec qqn : Amours est crüel losengier, Aspre en fait et doulx a mentir, Et se scet bien de ceulx venger Qui cuident ses secrez sentir : Il les fait a soy consentir Par une entree de chierté (CHART., B. Dame, 1424, 342). Et consentiroye assez tost Avec vous, Marc Anthonïus. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 369). ...saray pour quoy et quelle raison vous n'avez voulu consentir a vostre mary. [Ici, dans un cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 500). Chascun de vous vault ce qu'i vault, On congnoist voz faiz et voz diz Et, se n'estiez hommes hardiz, Vous n'eussiés pas eu ceste charge De quoy Centurïon vous charge Au commandement du prevost. Et consentiroye assez tost Avec vous, Marc Anthonïus. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 763). ...Et aussi l'amour maternel, Qui me fait a luy consentir... (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 176).

 

Rem. Cf. aussi Scheler, Gloss. Geste Liège, 77 (v. 4813 : Or s'en vat sains Servais, cui damme Deu consente).

 

b)

(Se) consentir à qqn ou à sa volonté : ...la dame de Valbruiant, qui moult fu saige et soubtive, et moult vaillant dame ; et avoit tousjours blasmé son mary de ce qu'il s'estoit oncques consenty a Glaude ne a ses freres. Celle dame avoit une fille, la quelle povoit bien avoir environ de VIIJ. a IX. ans, qui moult estoit belle et gracieuse, et ung filz, qui en avoit environ X., et moult estoit beaulx et bien doctrinez. (ARRAS, c.1392-1393, 207). Comment la marquise respondi au marquis en merveilleuse constance, et se consenti liement a sa voulenté (Gris., 1395, 81). Sire, comme avés clere face, Sire, com grant povoir avéz ! Monseigneur, trop de biens sçavéz ; Trestous a vous nous consentons, Cy grant et cy fort vous sentons, Chascun vostre plessir fera. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 6). NOSTRE DAME. Mon filz, de ma voulenté toute, A vous je me vueil consentir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 221). ...trop legierement [l'homme] se consenti au deable quant il pecha - de quoy il encourust la paine justement de mortalité (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 200). ...aussi l'omme presuma de prendre la similitude de Dieu quant il consenti au deable qui luy dit : «Mengeue de la pomme et seras comme Dieu» (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 219). Mais le saige qui a Dieu se consent... (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 22). Mon cher filz, de voulenté toute, A vous je me vueil consentir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 585). Le religieux (...) proposa plus tost vouloir morir de mille mors que a jamais se consentir aux dyables ne aussi a leurs temptacions. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 156).

 

-

Se consentir à soi-mesme. "Se trouver en harmonie avec soi-même" : Et cestui qui est vertueus se consent et s'acorde a soy meïsme et appete ou desire unes meïsmes choses selon chascune partie de son ame. (ORESME, E.A., c.1370, 464).

 

3.

P. ext. [De plusieurs pers., idée d'accord] "S'accorder"

 

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Consentir que. "S'accorder que, convenir que" : S'avons consentu, sur ce point, Que vous les tendrés en voz mains... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 445). Avez vous bien esté d'accord Et consenty qu'en vostre hostel On me trompast ainsi a tort ? (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 214).

 

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Se consentir à / en qqc. "S'accorder sur qqc." : A ce conseil se sont consentu tuit communement, et en vindrent a Berinus et dirent qu'il vouloient faire paix a lui (Bérinus, I, c.1350-1370, 102). Item, concorde n'est pas quant pluseurs qui s'entrecognoissent se consentent en quelconque chose et sont d'un opinion (ORESME, E.A., c.1370, 470). ...la devise En quoy nous sommes consentu. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 329). Je croy bien qu'ilz en ont engaigne Et ne s'i sont point consentu (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 430). ...humain jugement doit cy estre conforme aveuc celluy de Dieu et se consentent Dieu et homme en ceste loy que ainsy se doit faire. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 151).

C. -

Consentir qqc. (à qqn). "Permettre que qqn dispose de qqc., bénéficie de qqc., accorder qqc. (à qqn)" : Cerchier m'en vois tant près et loing Qu'aie conseil de mon besoin ; Et li vrais Diex le me consente ! (Mir. parr., 1356, 4). ...Se Dieu sanz plus le me consent. (Gris., 1395, 19). ...se Dieus m'a volut consentir si grant grace que il m'a volut envoiier et mis entre mes mains le roi d'Escoce, et je l'ai conquis en bataille par fait d'armes, on n'en doit point avoir envie ne ranqune sus moi. (FROISS., Chron. D., p.1400, 790). La tierce chose est que voz subgez et toutes gens vous doyez pacianment et benignement leur respondre, et, sans delay ou tout le mains que vous pourrez, les choses justement demandees consentir et accorder. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 21). Il m'a sa grace consentu (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 419).

 

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Consentir à qqn que : ...et oultre, [le comte] lui accorda et consenti qu'il peust faire son prouffit partout là où il porroit et sauroit, sauf en sa terre. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 200).

 

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Consentir à qqn à + inf. "Permettre à qqn de" : Et comment, gars ordouls, as tu esté si ossés que sus la deffense que je avoie fait, tu leur as consenti à chevauchier et as esté en leur compaignie ? (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 184).

 

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Part. passé. [D'une chose] Consentu. "Accordé, consenti" : Il ne m'est mïe consentu Ce qui consentu par honneur Seroit d'un povre laboureur. (Gris., 1395, 80). ...par mandement de mondit seigneur donné VIIe jour dudit mois oudit an consentu au doz par Jehan de Noident estre aloué es comptes dudit Fraignot 100 fr. (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 605).

 

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Inf. subst. : Car le oïr benignement est signe de bon entendement, et le respondre doulcement est aux escoutans tresagreable et porte signe de discrecion, et le consentir en raison est justice, de laquelle despendent toutes aultres vertus. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 13).

II. -

[Celui qui consent est agent] (Se) consentir (à) qqc. "Accepter de faire qqc. ; en partic., accepter de faire qqc. de blâmable, se laisser aller à qqc. de répréhensible"

A. -

"Accepter de faire qqc., de tenir telle fonction, tel rôle..."

 

1.

Consentir qqc. : ...Eins doubtoit l'inconveniant Qui vient d'estre povres ou riches : Car trop y a baras et triches, N'il n'est chose que povre gent Ne consentissent pour argent ; Et li riche font encor pis, Car il portent dedens lor pis Tant de mal et de felonnie, D'orgueil, d'avarice et d'envie, Qu'on ne le te porroit nombrer. (MACH., C. ami, 1357, 71). Et pour ce dit Aristote "celui qui la fait [l'ayde] ou en ce consentant ["qui le fait librement, en adhérant pleinement à ce qu'il fait"]." (ORESME, E.A.C., c.1370, 176).

 

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Consentir que : Le bel, le bon, le sage, Qui Fils de Dieu le Pere estoit, Qui consentoit Et qui voloit Que fourme et char humeinne aroit Et qu'il morroit Et getteroit D'enfer l'umein lignage. (MACH., Lays, 1377, 409).

 

-

Empl. abs. : ...Vouloir sans vueil et sans gré consentir (CHART., D. Fort., 1412-1413, 191).

 

2.

Consentir à qqc.

 

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Consentir à / de + inf. : ...il tint sa parolle et son serement, car voirement, tant que le roy Charles de France vesqui, il ne porta nul dommaige, ne consenti à porter à l'encontre de la couronne de France (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 178). ...et luy dist (...) qu'il feroit bien de luy oster de sa gresse ; et assés se consenti le roy de ce faire (JUV. URS., Loquar, 1440, 349).

 

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Estre consentant de + inf. "Accepter de" : Car a vo dit souffrez, si com j'entens, Plus mal que moy, mais ne suis consentens De croire que nul ait pis, et par temps Le voir sarez (CHR. PIZ., Dit Poissy R., 1400, 191). Heber, duquel print le nom la langue hebraïcque, qui ne fut point muée pour ce que lui, ne nul de sa lignée, ne furent consentens de fere icelle tour, vivoit encores en ce temps (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 16 r°).

 

-

Estre consentant de qqc. "Accepter d'avouer qqc." : Car tres peu sont qui s'en confessent parfaittement ; et qui pis est, aucuns empeschent a confesser ceulx et celles qui sont consentens de [dire (Éd.)] leurs pechiez. (GERS., Pent., p.1389, 77).

 

3.

Se consentir à qqc. : Ou je pris un courtois deport, Li quels me mena au droit port Pour passer de doleur en joie, Si comme autre fois fait avoie. Quant ce dous passage senti Et que mes cuers se consenti Au penser debonnairement, Je congnu mon aligement. (MACH., D. Aler., a.1349, 384). Ou quant tous veulent que un tel soit leur prince et il li plaist, et s'i consent. (ORESME, E.A., c.1370, 471). ...toutesvoies il n'est pas de pure neccessité soy consentir en tel cas a la conclusion (ORESME, E.A.C., c.1370, 374). ...je me consenti A son service [au service d'Amour] (CHART., L. Dames, 1416, 266).

 

-

Se consentir à + inf. : Sire, de bon cuer me consens A y aler. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 75). A ceste besoigne faire se consenti l'aronde (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 163).

 

-

Se consentir que : Quar quant la dame se consent Que son trés dous regart descent Seur les bestes qui eu pourpris Sont, li lions est si despris, Si las, si tristes, si dolens... (MACH., D. Lyon, 1342, 182).

 

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[D'une femme] Se consentir à qqn. "Accorder ses faveurs à qqn" : Ennement, estes le premier A qui ja mais me consenty. (P. Jouh. D.R., a.1488, 29). Herchambault (...) ne c'estoit pas voulu consentir à lui (Doolin de Mayence V, P., 1501, 5-3a).

B. -

En partic. "Se laisser aller à qqc. de répréhensible"

 

1.

Consentir (à) qqc. : DYABLE. Homme, tu seras hault monté, Puis qu'a Pechié as consenti. (Moralité st Antoine B.B., 1427, 62).

 

-

Consentir + inf. : Lequel mondit seigneur de Bourbon dist et respondit audit de l'Escluse qu'il n'en feroit riens et qu'il aimeroit mieulx estre mort et avoir perdu son vaillant et devenir en aussi grant captivité et povreté que fut onques Job, que de consentir faire ne estre fait quelque chose que ce feust qui fust au dommage ou prejudice du roy ; et à tant s'en retourna ledit Hector sans autre chose faire. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 364).

 

2.

Se consentir à qqc. : En icellui paradiz furent creez et fourmez noz premiers parens, Adam et Eve, de la main de nostre vray Dieu createur. Lesquelz, incontinent que ilz se consentirent a pechié de desobeïssance, furent subitement chassiez dudit lieu de paradiz que Dieu avoit sacré. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 138).

 

-

Se consentir à + inf. : Après dient isnellement Honte et Paour couardement Que deshonnourées seroient, S'a ce faire se consentoient (MACH., D. verg., a.1340, 43). Li roys moult fort se repenti, Quant onques il se consenti A faire ce qu'il avoit fait. Forment se repent de ce fait, Car c'est chose trop deshonneste, Laide, villeinne, et scens de beste (MACH., P. Alex., p.1369, 262). Lequel conte dist qu'il ne se consentiroit jamais à faire ledit murtre, car en Dieu gisoit tout son esperance et que, en ce faisant, le mettroit contre luy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 169).

 

3.

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui se laisse aller à faire qqc. de blâmable" : ...tu cuidez que celui seul fait l' offence a Dieu qui comme en appert fait l'excecution de pechié. Aultrement va. Certes lez consentans, ou qui de leur povoir n'y resistent, et les aultres qui blandissent a la fortune dez pecheurs, suyvent leur bruit et conjouissent a leur vanité, sont parsonniers et nourrisseurs de leur pechié, et donnent le hardement de mal faire et l'ostination d'y continuer (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 52).

III. -

[Empl. factitif] Consentir qqn à qqc. "Faire que qqn permette qqc. de répréhensible, qu'il s'y rallie, ou qu'il se laisse aller à qqc. de blâmable" : S'aucuns villain vous est courtois, Gardez vous du contrepoix, Quart au derrier vous traÿra. Puis qu'il est saiges et adrois, Nature qui garde ses drois A barat le consentira [var. Le consentira au barat ; Le fait consentir a barat] (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 140). Veulle moy de si pres tenir, Que l'ennemi de cy en avant Ne me puisse a mal consentir (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 521).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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