I. -

Au propre [Dans un contexte guerrier ou en champ clos, ou bien dans une querelle, une rixe] "Se battre (physiquement) avec qqn"

A. -

Empl. trans.

1.

[Dans un contexte guerrier ou en champ clos]

a)

Combattre qqn. "Livrer combat à qqn (ou à une armée)" : Et ne vous desencusez mie que je ne soie assez gentils hom pour vous combatre, car je me tien aussi gentis hom de pere et de mere comme vous estes ; et en vous n'a de noblesse plus qu'en moy, fors que vous avez une couronne de roy, laquelle j'ay oy dire à mains preus hommes que nuls homs n'est dignes de la porter qui soit faus et mauvais et mensongier, si comme vous estes. (MACH., P. Alex., p.1369, 231). Aprés l'en doit penser, querir et trouver les moiens prouchains de venir a telle fin, comme seroit ou traictier as ennemis ou les combatre ou ordener son pays et gouverner, si que il n'y puissent mal faire. (ORESME, E.A.C., c.1370, 191). Il ne convient ja qu'il nous combatent, car ce royaulme d'Espaingne n'est pas doulce terre ne amiable à chevaulchier ne à traveiller si comme le royaulme de France est (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 86). ...il se sont en place mis Pour nous combatre. (Mir. ste Bauth., c.1376, 140). ...scet que (...) les treves faillies, et le roy de France ou ses gens pour lui se boutent et mettent fors les premiers oudit pays de Guienne, qu'ilz feront en ycellui pays et auront toute tele obeissance qu'ilz vouldront, et ne trouveront homme nul dudit pays qui les combate (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 197). Quant le roy entendy ceste parole, si fu moult courroucié, et respondy haultement : Par Dieu, Olivier, ce n'avendra, tant comme je vive, en ma court, que ung seul chevalier combate deux autres pour une mesme querelle. (ARRAS, c.1392-1393, 60). Si ouy la noise et bouta son chief hors a une fenestre, et appercoit la bataille fiere et mortelle. Bien congnoist que c'est Anthoine et Regnault qui sont venus combatre le roy et sa gent. (ARRAS, c.1392-1393, 162). Et Gieffroy est au pertuiz ou il combat a force d'espee ses ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 204). ...le duc de Bourgongne avoit levé le siege qu'il tenoit devant la ville de Saint-Riquier pour aler combatre ses ennemis qui venoient contre lui (FAUQ., II, 1421-1430, 24). ...en son amour tant fort le boutoit qu'il eust pour elle ung Ogier combatu (C.N.N., c.1456-1467, 455). Mais, par monseigneur saint Gregoire, J'ay beu d'ung trespuant bruvaige, Je te combas, voyla mon gaige. (Tr. Men., c.1480-1500, 293). ...puis fist mourir et bruler Cercyon, le pire homme de Grèce, et combatit Cerberus, que l'on disoit portier d'enfer. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 27 r°). En laditte année mil IIIIcLXX, le roy mist en conseil assavoir se Mons. de Bourgoigne seroit combatu dedans son parc et s'il seroit possible de le deffaire (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 271).

-

Combattre qqn de qqc. (à cause de qqc.) : Par l'ayde et accointtance de ces deux vous ferez appeller Josselin du Pont le Leon par devant le roy, et lui mettrez sus de fait comment il fist la trahison de quoy le nepveu du roy vint courir sus a vostre pere. Et saichiez que ses filz Oliviers du Pont le Leon vous en combatra. Mais assez brief le desconfirez, et seront le pere et le filz condempnez a estre penduz. (ARRAS, c.1392-1393, 50).

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Combattre l'un l'autre : ...si faisons tant Que l'un soit l'autre combatant (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 249).

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Combattre qqn à outrance. "Se battre avec qqn jusqu'à la mort" : ...un Sarrasin, fier et de grant monstre, s'avança entre les deux batailles et vint semondre aucuns des crestiens pour le combattre à outrance, ne lui chailloit qui. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 355). ...ung chevalier lombart, nommé messire Boufile, qui avoit esté defié d'estre combatu à oultrance et en lisse de pié par ung autre chevalier (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 2).

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[Contexte métaph.] : En la querelle de Plaisance, J'ay veu le rencontre des yeulx Qui estoient, ainsi m'aid Dieux, Tous pres de combatre a oultrance. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 338).

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Combattre qqn corps à corps. V. corps : Si s'avisa finablement Pour lui vengier plus hautement, Pleins de forsen et de desroy, Qu'en champ appelleroit le roy, Pour lui combattre corps à corps à li ; là fu tous ses accors. (MACH., P. Alex., p.1369, 227).

-

Estre combattu. "S'être battu" : ...ilz encontrerent quatre chevaliers (...) et ilz le cogneurent bien, pour ce qu'il sembloit bien qu'il estoit combatu (Chev. papegau H., c.1400-1500, 18).

b)

Combattre à / contre qqn : S'en disoient : "Ja Dieu ne place Qu'il nous chassent de ceste place, Einsois nous les en chasserons Ou à eaus nous combaterons." (MACH., P. Alex., p.1369, 165). ...s'il y avoit nul Ebrieu qui vousist combatre a lui, seul a seul (Voy. Jérus., c.1395, 4). Et n'avoient pas li Escoçois entension que d'atendre le roi d' Engleterre, et de combatre a lui poissance contre poissance, car il n'avoient pas gens pour resister encontre les Englois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 209). ...et que a ce estoit plus couvenable que a combatre arresteement a ses ennemis. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 472). Et quant cellui l'empressa moult, il lui mist devant ung vaillant gladiateur, viel et de petite estature, et lui dist : combas toy a cestui, et sy tu le vaincs, je combateray a toi. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 62). ...y a il quatre qui veullent Combattre a moy ? (Fr. arch. B., c.1468-1480, 29). ATTROPOS. O vous n'iray pas toute nue, Mais armée et le gleve a main, Pour m'en aller de nue en nue Combatre contre gerre humain. (Cene dieux, c.1492, 129).

-

P. métaph. Combattre au diable : Car elle [la verité de theologie] enseigne amer Dieu, combatre et resister au deable et labourer par excercites vertueuses acquerir charité pour amer Dieu parfaitement. (Somme abr., c.1477-1481, 99). Et avec ce, c'est une fontaine procedant et issant du lieu de plaisance, atouchant le paradis de l'eglise militante, la presente eglise catholique, qui milite en combatant contre ses adversaires, qui sont le deable, le monde et la char. (Somme abr., c.1477-1481, 99).

c)

Combattre qqc.

-

Combattre le pouvoir de qqn. "Se battre pour réduire la puissance militaire de qqn" : Lequel Sforce obeïst tresliement et vint a XII^c chevaulz et II^c enffans a piet combactre le povoir dudit roy d'Arragon, qu'il trouva a cheval (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 196).

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"Se battre pour obtenir, pour s'emparer de qqc." : Et celle battaille desconffite, incontinent les murs dudit mont combatus et prins... (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 28). La chose n'est pas trop fort seure ; Nous sommes trois pour la combatre [la tunique du Christ]. De ces trois des me veulx esbatre. (Pass. Auv., 1477, 203).

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[Avec un obj. interne] Bataille bien / fort... combattue. "Bataille où l'on se bat (de telle ou telle manière)" : Ceste bataille dont je vous parole, fu durement bien combatue et longement dura (FROISS., Chron. D., p.1400, 406). Et la ot grant bataille et dure et fort combatue (FROISS., Chron. D., p.1400, 643). ...voyant leur bataille sy fiere et sy bien combatue (LA SALE, J.S. E., 1456, 282). ...et fut ceste bataille fort combattue (COMM., I, 1489-1491, 215).

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Querelle combattue. "Querelle décidée par les armes" : ...en ceste nouvelle querelle (...) qui oncques ne fu combatue, hélas ! monstrons nouvelle vertu et nouvelle hautesse de courage. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 92).

d)

Empl. abs. "Se battre, lutter les armes à la main" : Et se resgardés yes de l'autre ["Et si tu es visé par un autre"], Garde toy ; car lance seur fautre, Se vient encontre toy combatre ["s'il vient contre toi (pour) se battre" ; var. embatre], Pour toy de toute honneur abatre, Sans menasse et sans deffier ; Si que tu ne t'i dois fier, Ne qu'en baston d'un champion. (MACH., R. Fort., c.1341, 88). ...mais quant il seront En champ, jamais n'en ysteront Sanz combatre (Mir. Amis, c.1365, 37). Adont une moult grant partie Des Sarrazins qui s'en aloient Au Caraman se ralioient. Samblant de combatre feïrent Et en bataille se meïrent, Mais po de talent en avoient Et tout le contraire pensoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 166). Et se là ne le puet ataindre, Au roy de France s'ira pleindre, Et en sa court le metera S'il puet ; et si combatera De hache, de glaive ou d'espée. (MACH., P. Alex., p.1369, 227). Il appert, par example, car l'en fait armeüres pour armer, l'en se arme pour combatre, l'en se combat pour avoir victoire, l'en quiert victoire pour paix avoir, l'en quiert paix pour bien humain. (ORESME, E.A.C., c.1370, 104). Nous serons maishuy gent assez, Se sommes ensemble amassez, Pour bien combatre. (Mir. fille roy, c.1379, 73). Mais que les citoyens tenissent Leurs portes closes, ne n'ississent, Ja ne leur besongnast combatre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 181). ...le roy, qui moult estoit las et afflict, et qui n'avoit cessé de combatre et faire grans armes toute la journée sans boire et sans menger (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 67). Et vint en icelle place ledit Boufile, tout armé de son harnois et en l'estat qu'il devoit combatre, sa hache ou poing (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 3).

Rem. Sur champ à combattre "champ de bataille", cf. Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 299.

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Mourir en combattant : ...plusieurs ont esté qui aymoient mieulx mourir en combatant que fuyr à leur deshonneur. (BUEIL, I, 1461-1466, 51).

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Combattre à outrance. "Se battre jusqu'à la mort" : Et, sur ce, ses amyz demanderent justice en disant qu'il avoit vaincu son homme et qu'il avoit protesté en entrant au champ qu'il combatroit comme deffendeur. Et combatoient à toute oultrance (BUEIL, II, 1461-1466, 111).

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Combattre en gage de mort. "Se battre jusqu'à la mort" : ...car sambleroit chose estrange à maintes nations que deux vallets, et encore en telle façon, dussent combattre en gage de mort, qui est député et encore à grant dur à nobles hommes et pour singulières causes. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 38).

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Empl. impers. : ...et tant fut combatu que le roy eut victoire (JUV. URS., Exort., 1458, 416).

2.

[Dans une querelle, une rixe] Combattre qqn. "Se battre avec qqn, attaquer, frapper qqn" : ...et audit disner ledit Sardain trouva ladite tasse qui avoit esté emblée à Molins, laquele tasse ledit Sardain print, et dist qu'il l'avoit païée la valeur qu'elle valoit et que ledit Pierre estoit lierres et traitres, et que se il feust en la ville il le combatroit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 444). L'USURIER. Sang bieu, la vielle macquerelle Combatray a droit ou a tort ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 528).

-

"Attaquer" : Combatons le de grans injures (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 265). [Autre ex. p.305, v.22792]

B. -

Empl. pronom. [Dans un contexte guerrier ou en champ clos, ou bien dans une querelle, une rixe]

1.

Empl. pronom. réciproque "Se battre (l'un contre l'autre, les uns contre les autres)" : ...s'il avient c'on s'en combate, Touz les plus preuz et plus hardiz Fera brief estre acouardiz (Mir. st Lor., 1380, 150). ...ilz s'estoient par plusieurs fois combatus les uns aus autres, pour occasion desquelx debas il avoit esté prisonnier audit lieu de Prouvins, ès prisons du roy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 89). Lors vire et dist le patron a noz gens, et premierement a Gieffroy dist que chascun feust tous prests, car ilz avoient veu grant gent, et croy que ce sont noz gens et Sarrasins qui se combatent (ARRAS, c.1392-1393, 217). Et, quant les batailhes furent apprepiez, ilh soy corirent sus aviséement et de grant ordinanche, et soy kebatirent asseis longement (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 13). A cely temps des werres, et encors par l'espasse de X ans après les pais faites, tos chevaliers et escuwiers d'oneur soy kebatoiient sor diestriers ou sor coursirs de teile bonteit qu'il soy powissent sus assegureir. (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 39). Encores se combatoient et escarmuçoient les François et les Englois et les Bretons sus les fosses (FROISS., Chron. D., p.1400, 553). ...la, se combatent Et s'entroccient et abatent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 225). Et, ung peu avant dedens ladicte ville, estoient à la fontaine du Ponceau hommes et femmes sauvages, qui se combatoient et faisoient plusieurs contenances. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 27).

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Se combattre ensemble : ...et lui qui parle et cellui desdiz compaignons qui l'avoit feru et navré se combatirent ensamble par tele maniere, que icellui compaignon demoura illec en la place moult navré. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 146).

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[D'animaux] : A chienz avient aussi qu'ilz se combatent et sont plaiez. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 123). Ceste beste hait le renart et souvent se combatent entr'eulx. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 204).

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[De choses personnifiées] : Pareillement l'Umidité Et la Sécheur en vérité Se combatent mutuement Et en oultre, certainement, Force de chaleur, jour et nuit, Gaste l'umeur et la destruit, Et l'umeur quiert souvent, sans faindre, La chaleur gaster et extaindre (LA HAYE, P. peste, 1426, 65).

2.

Empl. pronom. réfl.

a)

"Se battre, lutter les armes à la main" : Je sui prest de l'espée traire Et moy combatre. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 163). Et s'il avient que tu t'embates En tel lieu ou tu te combates Et que Dieus te donne victoire, Biaus amis, ne t'en donne gloire, Mais loe Dieu, car de li vient, Nom pas de toy. (MACH., C. ami, 1357, 112). ...s'il veult riens dire Contre moy, je sui tout prest, sire, De m'en combatre. (Mir. Amis, c.1365, 37). Encor peut l'en bien mectre senz fortitude politique ou dire que elle [la vertu] se estent a ceulz qui se combatent pour ce que ilz sont contrains de leur princes par menaces. (ORESME, E.A., c.1370, 211). Il appert, par example, car l'en fait armeüres pour armer, l'en se arme pour combatre, l'en se combat pour avoir victoire, l'en quiert victoire pour paix avoir, l'en quiert paix pour bien humain. (ORESME, E.A.C., c.1370, 104). Pour ce, le jour saint Michel il se combatit et, pour ce, fut desconffit, lui et ses gens, devant le chastel d'Aulroy à IIII lieues de Vennes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 v°).

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Se combattre de telle ou telle manière : Li roys seoit sus son destrier, Et tenoit le piet en l'estrier, Fort et ferme et seürement. Là se combat si durement D'une hache bien enferrée Que riens à ses cops n'a durée. (MACH., P. Alex., p.1369, 94). Il fiert, il boute, il sache, il tire, Et si fierement se combat Qu'il tue tout quanqu'il abat. (MACH., P. Alex., p.1369, 207). Et quant vient ou fait, il esmeuvent et adjoustent fureur et yre affin que ilz puissent plus asprement et plus continuelment soy combatre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 214). Lors sault Gieffroy dedens le vaissel du roy et commence a faire grant occision de Sarrasins, et ses gens (...) se combatent si vaillaument qu'il n'y ot Sarrasin qui osast monstrer deffense. (ARRAS, c.1392-1393, 218). ...de luy n'ara il garde, Se corps a corps se peut combatre (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 53). Fabius Maximus, doubtant que ses gens ne se combatissent pas bien souffissamment, pour la fiance des logis fors que ilz avoient, les fist ardoir ainchoiz qu'ilz se combattissent. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 55). Et, les nefz approuchées, les vaillans hommes d'armes qui en leurs vertuz se fient, joinctes les nefz ensemble, avalent les ponts et passent ès nefs adversaires et là, à bonnes espées, haches et dagues, se combattent main à main. (BUEIL, II, 1461-1466, 56). Mal se combat qui n'est armé pour batillier et bien paré. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 269).

-

P. métaph.

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[De choses] : Ce fu grant biauté de veoir entrer ou havre de La Calongne ces galées et ces nefs (...) et de oïr ces trompettes et claronciaux qui sonnoient à tous lez. Et les trompettes du chastel de la ville resonnoient à l'encontre et se combatoient et esbatoient l'un contre l'autre. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 310).

.

[Au jeu (ici au jeu de dés)] : De me conbatre n'ay pas onte ! Or sa, Malque, recontons donc. (Pass. Auv., 1477, 204).

b)

Se combattre à / avec / contre / encontre qqn : ...dont Anthenor par le conmandement de Nostre Dame s'en combati a l'oncle et le desconfit en champ. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 123). ...certes l'en le reputoit estre semblable en courage et en hardement au grant Alexandre et couvenable a soy combatre a lui (BERS., I, 9, c.1354-1359, 16.19, 30). Par dedens estoit la bataille, Comment Achillès en l'estour Se combatoit encontre Hectour, Mais n'i pooit rien conquester N'a ses mortels cops contrester (MACH., F. am., c.1361, 190). Il perdi honneur et victoire ; Et d'un chevalier desconfi, On en doit partout dire fi ; N'à li combatre ne se doit Nuls chevaliers, tant ait bon droit ; Ne ja ne nous combaterons à li, mais nous vous requerons Qu'il soit jugiez selonc la loy De Chipre (MACH., P. Alex., p.1369, 251). Aussi qu'avons eu bataille Aux paiens, il a la merdaille De ceens si s'est combatu (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 59). Beaulx seigneurs, or tost a cheval. Gieffroy se combat a ses ennemis et a grant besoin de aide. (ARRAS, c.1392-1393, 202). Quant les Espaignoz se combatirent contre Almicar, duc de Cartaige, ilz eurent grant plenté de boeufz trayans et les acoupplerent deux a deux (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 51). Et quant cellui l'empressa moult, il lui mist devant ung vaillant gladiateur, viel et de petite estature, et lui dist : combas toy a cestui, et sy tu le vaincs, je combateray a toi. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 62). Ha ! monseigneur de Saintré, je ne suis batillier ne homme d'armes pour moy combatre avecques vous (LA SALE, J.S., 1456, 279). ...par la mor bieu, j'enraige Que je n'ay a qui me combattre. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 29). ...comme prevoïant des choses advenir, desconseilla à son maistre de non soy combattre contre messire Jehan de Montfort, dont il ne fut pas creu. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 v°). Icy les larrons se combatent aux aultres et tirent espees, faisant merveilles. (LA VIGNE, S.M., 1496, 310).

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P. métaph. : Mes esperis se combat à Nature Dedens mon corps, dont trop sui esbahis, Car se Nature est à desconfiture, Durer ne puet en moy mes esperis. (MACH., L. dames, 1377, 226).

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Se combattre au diable : ...ce a esté le deable, a qui je me suis tant combatu que j'en suis tout hors d'alaine (C.N.N., c.1456-1467, 429). En la fasson qu'avez oy se combatit ce bon chevalier au dyable (C.N.N., c.1456-1467, 430).

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Se combattre à un animal : Item, ung Sanson Fortin, de cassidoyne, qui se combat au lyon, en ung tabernacle d'or (Invent. mobilier Ch. V, L., 1380, 288-289).

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[De choses plus ou moins personnifiées] : ...elle [nature] se combat encontre son ennemi (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 244). Car Chaleur, je vous asséure, Se combat encontre Froidure, Et Froidure par sa valeur à son povoir vaint la Chaleur (LA HAYE, P. peste, 1426, 65).

c)

Se combattre qqn (?). "Se battre contre qqn (?)" : Quant Herculès se combati Atheleüs, qu'il abati, Pour la bele Deyamire, Qui estoit tant belle, a droit dire, Qu'autre dame ne damoiselle N'estoit si gente ne si belle - Atheleüs avoit maniere Tele qu'en une grant riviere Se muoit ou en un serpent (MACH., C. ami, 1357, 95). [Ou se mis pour si "ainsi" ?]

C. -

Part. prés. en empl. adj. ou subst.

1.

Empl. adj.

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"Qui se bat" : Nous serons lasques gens et mal conbatant, se chil doi baron de Bretagne ne nous demeurent, qant nous avons si grant avantage sus euls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 584).

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"Capable de se battre" : ...et n'avoit avec luy que ung seul compagnon combatant (TRING., c.1477-1483, 285).

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"Vaillant au combat" : Il est voire qu'il fut mult bon chevalier et combattans, preux et hardis (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 60). Mesire Ustase, je vous donne ce capelet pour le mieuls combatant de toute la journee (FROISS., Chron. D., p.1400, 874). ...la belle Flandrine dont il eut douze enfans, lesquelz il vit tous chevaliers hardis et combatans (Doolin de Mayence V, P., 1501, 8).

-

[D'un animal] "Combatif, agressif" : Quant une femme a son cocq lent et niche, elle par force lui doibt faire mengier des aulz, dont ilz deviennent hardis, furieuz et fort combatans. Et quant telz sont devenus, mieulz en gardent leurs droits et en sont amez et cremus de leurs gelines. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 140).

2.

Empl. subst. "Celui qui se bat, guerrier" : ...la nue fait aide aus combatans (Mir. st Ign., 1366, 74). Tous furent de l'accord et se cueillierent plus de mille combatans, et aprouchierent Saint-Fagon et entrerent en la ville sans nul gait que les chitoiens firent sur eulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 130). En batailles et en barrieres Les sons des trompes si enflament Les combatans (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 117). Et puis que Dieu ne t'a donné force de corps ne usaige d'armes, sers a la chose publique de ce que tu pués, car autant exaulça la gloire des Rommains et renforça leurs couraiges a vertu la plume et la langue des orateurs comme les glaives des combatans. (CHART., Q. inv., 1422, 65). Ce jour, après mienuit, par faulte de bon guet, entrerent en la ville de Saint-Denis les capitaines de Meleun et de Laigny, acompaignez, comme on disoit, de IIJc ou IIIJc combatans, gens de guerre. (FAUQ., III, 1431-1435, 156). ...souventesfois tu [l'Angleterre] y as eu de bien grandes et notables choses, mez tousjours tu les pers et delaisses honteusement, et y demeurent tes vaillans combatans, et demeure tousjours, tout consideré, la perte sur toy (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 270). Comment les pavillons des combatans doivent estre mis. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 136). [Contexte grivois] ...quand il oyt le tamburch et noise des combatans, esracha bandeaulx et emplastres (C.N.N., c.1456-1467, 505). Et avecques lui moururent oudit champ bien six vins barons, chevaliers, escuiers et gens de nom dudit royaume et grant nombre d'autres gens de guerre, que bien on estimoit de IX à Xm combatans. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 15). ...luy, entrepreneur, garde et deffendeur d icelluy noble pas, enluminoit et eslevoit si haut la renommée dudit pas, qu'il desiroit, sur tous les biens qu' il povoit jamais acquerir, donner confort à la dame de Plours, estre du très heureux nombre des combatans en ceste emprinse, et soy esprouver à l'encontre de luy (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 175).

Rem. ARRAS, c.1392-1393, 108 ; GERS., Annonc., a.1400, 238 ; CHART., L. Esp., c.1429-1430, 136 ; Comte Artois S., c.1453-1467, 34 ; 40 ; 83 ; Lettres Louis XI, V., t.5, 1472, 33...

-

"Celui qui est vaillant au combat, vaillant guerrier" : Ne, sans li, homs n'ara tans pris, S'il ne l'a, qu'il n'en soit repris, Neïs Hector le combatant, Car je t'en puis bien dire tant Qu'elle est legiere, et point, et taille Moult souvent d'estoc et de taille, Quant un homme vaillant la porte, Qui en batillier se deporte. (MACH., P. Alex., p.1369, 15). Onques mais ne fu en assault Ou veisse tel combatant. (Mir. fille roy, c.1379, 76).

D. -

Inf. subst. "Combat, lutte, bataille" : ...Et te vosissent faire guerre En ton païs et en ta terre, Qu'einsi te peüssent abatre Si tost, par scens ne par combatre, Com Fortune t'a abatu Qui en sa roiz t'a embatu, Et la te bat de ses flaiaus Qui sont mauvais et desloiaus. (MACH., C. ami, 1357, 67). Ne fauldra pas que vous faingniez, Mareschal, s'il vient au combatre, De ces paiens par terre abatre (Mir. fille roy, c.1379, 73). ...on doit tousjours mener ses gens ensemble jusques au combatre (BUEIL, I, 1461-1466, 148).

II. -

P. métaph. [Domaine érotique] : Et elle, qui demandoit estre assaillie et combatue, ne laissa pas pourtant l'emprinse encommancée (C.N.N., c.1456-1467, 151). ...en mains d'heure qu'il n'avoit esté avecques sa dame il en eust bien combatu telles troys, et venu au dessus d'elles a son honneur. (C.N.N., c.1456-1467, 195).

-

Combattre à une femme : ...tantdiz que monseigneur aux Sarrazins fait guerre, l'escuier a madame combat (C.N.N., c.1456-1467, 110).

-

Empl. abs. : ...se coula tout doulcement jus de son lit, et s'en alla combattre ou lit de sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 366).

-

Part. prés. en empl. subst. : CUPIDO. A ! par le corps bieu, elle est femme Pour recepvoir ung combatant, Et pour ce regardés contant Qui frappera a la quintaine. (P. moyne, a.1500, 46).

-

Inf. subst. : [Contexte grivois] Vous savés bien que le conbatre Vault mieulx cent foiz que bataillier (Barbes brayes A., a.1450, 255).

III. -

Au fig.

A. -

Empl. trans.

1.

Combattre qqn. "S'opposer à qqn (par la parole)" : Les armes sont criees et les estendars levez contre les ennemis, mais les esploiz sont contre moy a la destruction de ma povre substance et de ma miserable vie. Les ennemis sont combatuz de parolle et je le suys de fait. (CHART., Q. inv., 1422, 21). ...et me faisoit combattre de ce propoz par monsr du Lude et par autres. Il ne me appartenoit pas de l'arguer ne parler contre son plaisir (COMM., II, 1489-1491, 170).

-

Combattre à qqn : Thitron aprés qui mect fin es debats Et cestuy cy, quant a nul je combas, De plusieurs maulx et dangers me revocque ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 145).

2.

Combattre qqc. "Lutter contre qqc., s'opposer à qqc." : Combatez, d'estoc et de taille, Vostre dure merencolie, Et reprenez, commant qu'il aille, Espoir, confort et chiere lie. (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 274). ...il [le chef] ne se doit desmouvoir de son entencion et doit avoir grant vertu de tenir ferme à l'encontre de ceulx qui l'abbayent, tendans à leurs fins. Et a bien Dieu à amy qui en eschappe ; et doit bien le chief qui a à combatre ceste matière, se seigner de la bonne main ; car bien peu en sont, à qui on ne facent rompre leur propotz, dont le plus souvent mal en advient. (BUEIL, II, 1461-1466, 205). De cella ne fault plus debatre, Et s'il advient a le conbatre De force, je te certiffie Car j'aray tous de ma partie Les mariés plus prest que mouche, Car la querelle leur atouche De trop pres. (Lord. Tart Ab. L., a.1465, 177).

-

Combattre à qqc. : Et semblablement dit il des femmes ; car, pour la molesce et fragilité de elles, raison n'est pas en elles si forte que elle puisse combatre ou resister a concupiscences communelement. (ORESME, E.A.C., c.1370, 382).

-

Combattre contre qqc. : ...et ne ont combatu ne ne combastent contre les vices et pechiés qui sont ennemis de Paix et de ses aliees (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 248). Encores voullons et ordonnons que, se l'en combact contre les coustumes contenues en nosdictes lettres, tout ce qui sera fait au contraire porra estre rappellé. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 210).

3.

Empl. abs. "Lutter, se donner de la peine" : Ame ne m'escoute ; Ma teste pour neant combat. (Ycy chemine Jesus sans dire mot). (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 170).

-

Combattre pour qqn / pour le droit de qqn. "Lutter pour qqn" : ...il n'est nulz qui debate Mon fait ne qui pour moy combate, Se toy non, pére omnipotent (Mir. st Ign., 1366, 101). Dame serez de mon cueur sans debat, Entierement, jusques mort me consume, Lorrier soüef qui pour mon droit combat, Olivier franc m'otant toute amertume (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111).

B. -

Empl. pronom.

1.

Empl. pronom. réciproque

-

[De pers.] "Se battre, s'opposer" : ...et vit que cordeliers se combatoient pour cause de ce provincialité (BAYE, II, 1411-1417, 55).

2.

Empl. pronom. réfl.

a)

Se combattre à qqc. "Lutter contre qqc." : Item, comme disoit Eraclitus le philosophe, c'est plus forte chose de soy combatre et resister a concupiscence que ce n'est a yre. (ORESME, E.A., c.1370, 155). Ilz savent bien que me combas A la mort ["que je me bats contre la mort"] (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 86).

-

P. plaisant. "S'attaquer à qqc. (ici de la nourriture)" : Monseigneur l'abbé, je me combas a tant de bonnes viandes et de bons vins que je voy devant moy que je n'ay lesir d'autre chose faire. (LA SALE, J.S., 1456, 276).

b)

Se combattre

-

"Se battre (pour ou contre qqn ou qqc.)" : Mais a present Dieu pour toy se combat Et se monstre du tout de ta partie (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 157).

-

"Se tourmenter, s'affliger, se donner du souci" : Et quant a par moy debatus Me fui assez et combatus, Et fait ma pleinte et ma clamour De Fortune amere et d'Amour, Des grans doleurs et des meschiés Dont j'estoie et sui entichiés (MACH., R. Fort., c.1341, 54). Je ne me cesse de combatre. On en deust avoir pendu quatre De puis que nous sommes party. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 325). MARIE. (...) Aprés le menirent a Herode Et pour derision luy vesta une blanche robe, Et puis a Pilate fut randuz, Las, pour estre en la croix panduz, Le quel le rompit tou de batre. Las, je n'ay pas tort de moy combatre ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 121). De la chose qui en riens ne moleste ne te combatz. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 220).

Rem. Dans un contexte peu clair, apparemment sens de "se débattre, ne pas se laisser faire" : JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 151, 904 (et note de l'éd.).

-

[De choses] "S'opposer" : Ainsi debatent Deux maulx qui en moy se combatent Et pour mon cuer gaignier s'embatent (CHART., L. Dames, 1416, 265).