C.N.R.S.
 
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     ASSEOIR     
FEW XI sedere
ASSEOIR, verbe
[T-L : asseoir/assis ; GD : asseoir/assis ; GDC : asseoir/assis ; AND : asseer ; DÉCT : assëoir ; FEW XI, 395b-399a : sedere ; TLF : III, 679b : asseoir]

I. -

[Idée de (se) mettre en position assise]

A. -

Asseoir qqn (qq. part)

 

1.

"Mettre qqn (qq. part) en position assise" : Lors asseirent [les mauvais esprits] le jenne chevalier sus le sommet de la montaigne, puis s'espardirent sus la marine. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 153). Fremine Fauvele dist (...) que quant une femme est acouchie d'une fille, il convient l'asseoir sur la poitrine de la mere en disant : "Dieu te face preudefemme", et jamais elle n'aura honte de son corps (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 110). Or l'assayon ycy decoste, En l'estat royal bien posé. (Ycy assient Jesus sur une basse selle assez pres De l'atache et assés loing de Pilate.) (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 364).

 

2.

"Inviter qqn à se mettre en position assise, inviter qqn à s'asseoir, faire s'asseoir qqn" : Il le prendera bien en gré [un lay], Et t'assera sus un degré A ses piés, ailleurs ne seras, Entrués que ton lay compteras (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 65). Si s'assist la dame en la plus haulte et preist le Chevalier du Papegau par la main destre et l'essist delés ly et de l'autre part le duc de Valfort. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 41). Englentine vint devers luy, luy disant que le bien fust il venu et "vous doinst tout ce que vostre ceur plus desire." Elle le prist par la main et l'assist emprés elle, sy luy dist... (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 69). Madame voult faire retirer la table pour l'asseoir, mais damp Abbés dist : "Ja Dieu ne plaise que la table en bouge ja pour moy" (LA SALE, J.S., 1456, 249).

 

-

Asseoir l'un par l'autre (des hommes et des femmes) "Placer en disposition alternée" : Ainsi dura la feste jusques au soupper. La royne souppa en salle. Les chevaliers et les dames furent assis l'un par l'autre (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 61).

 

-

[Dans un contexte métaph.] : La IIIIe question, a scavoir se les apostres au jour d'i a la recepcion du Saint Esperit sceurent toute science ? Je respon que oy, a parler de science qui estoit neccessaire au salut et a predicacion, et furent au jour d'ui maistrisiez et assis fermement en la chaire de vraye foy, et par avant avoient estez licenciez (GERS., Pent., p.1389, 83). Aucuns dient qu'il fut aussi cause et donna conseilh que le roy Cambises fist escorcher le faulx juge, sur la peau duquel il fist asseoir son filz en la chaise de justice ad ce qu'il advisast à sentencier droit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 r°).

 

-

"Donner à table telle place à qqn, selon son rang" : ...on lava pour seoir a table. On assist l'evesche de Lengres tout au dessus pour cause de prelation (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 15). Homs, qui voels venir a vaillance par Proece, considere conment on asciet a table dou roi, de duch et de conte le preu et on met arriere le couwart (FROISS., Chron. D., p.1400, 39). ...les aucuns vont ou milieu Et les autres en plus bas lieu, Selon ce qu'eür les assiet (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 122). Et les deux freres, qui s'estoient advisez de leur fait, asseirent la pucelle ou il appartenoit, et les neuf pucelles se seirent les cincq a l'un des lez de Cresille et les autres quatres a l'autre lez. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 256).

 

-

P. méton. Asseoir une table. "Disposer les personnes selon un ordre donné" : Ainsi fut la grant table assise et les autres duchesses, baronnesses, dames, damoiselles furent assises es autres tables, parmy la court, chascune en son deu. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 653).

B. -

(S)'asseoir. "Se mettre en position assise" : Si me mis outre la haiette Sus la fontainne clere et nette Ou mon vis lavay et mes yeus ; Et puis je m'assis (MACH., R. Fort., c.1341, 31). Si s'asist li rois et fist seoir d'encoste li et a sa table tous les chevaliers prisonniers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 873). ...ycellui de Gy s'estoit assis et s'efforçoit de seoir au dessus d'icellui Branlart en ladicte Chambre de Parlement (FAUQ., II, 1421-1430, 99). Asseon nous ; j'ay grant couraige De faire ennuyt chére gaillarde. (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 206). Je vous dy pour euvangile que nul qui veult gaignier au jeu de dez ne se doit jamais asseoir pour jouer son dos devers la lune ou qu'elle soit lors, ains lui doit tourner le visage, ou se ce non, jamais il n'en levera sans perte. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 97). ...lequel se mect en sa chaire et chascun s'asiet selon son degré (LA VIGNE, S.M., 1496, 330).

 

-

(S)'asseoir/faire asseoir qq. part : La dame a cuer moult esclairié S'assist sus un coussin de soie. (MACH., D. Lyon, 1342, 223). Et puis le fist asseoir delez lui et moult lui presenta son conseil et son aide, se il en avoit besoing, et aussi son hostel, se il lui plaisoit, en lui disant que mout estoit liez de sa venue et que bien s' en apparcevroit. (Bérinus, I, c.1350-1370, 40). Pour ç'a terre cy m'asserray, Et mon pechié cy gemiray Amérement. (Mir. Oton, c.1370, 370). ...ainsi comme ilz buvoient en une taverne en la ville d'Estrechy, tous à un escot, en l'ostel du prevost d'icelle ville, survindrent asseoir près d'iceulx, pour boire, deux compaignons à pié, marchans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 320). ...elle s'en ala asseoir sur le banc au feu (ARRAS, c.1392-1393, 309). ...lors la royne (...) S'en vait esbatre en un vergier, Qui devant la sale seoit, Ou le roy souvent s'asseoit Aux fenestres (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 267). Onques abbé ne fut si joyeux : une foiz se lieve et fait porter son escabel devant les dames et la aucun peu s'asiet, et puis va devant les damoiselles (LA SALE, J.S., 1456, 250). Medee le fist assir sus la terre pour soy reposer, puis lui ala querir des glans, des racynes (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 240). Tantost le soupper fust appareillé et les tables mises ; et puis le Roy envoya querir le Jouvencel à son logeiz et le fist venir au mengier et le fist asseoir viz à viz de sa dame (BUEIL, II, 1461-1466, 180).

 

-

S'asseoir a table, au manger... "Se mettre à table" : La ot grant joye demenee. Les tables furent mises et le disner prest. Ilz laverent, et s'assistrent a table, et furent moult noblement serviz. (ARRAS, c.1392-1393, 282). Adont laverent li signeur et se asissent a table. (FROISS., Chron. D., p.1400, 63). ...[il] devoit tantost aseoir au souper (FROISS., Chron. D., p.1400, 178). Et si conta devant la baronnie l'aventure et se mist en la mercy au roy, et on les honnora moult et les feist on assoir tous au mengier d'une part. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 89). Les dames a table s'assirent Et quant elles furent assises, Les plus gracïeux les servirent. (CHART., B. Dame, 1424, 334). On me fist assoir a la table, Comme ung roy ou ung connestable (Gaud. sot, c.1450, 12). Ilz s'assirent tous au menger, et bon mary print sa place en une chaize (C.N.N., c.1456-1467, 198).

C. -

(Estre) assis

 

1.

"(Être) en position assise" : Mais si tost qu'elle fu assise, Li lions qui moult l'aimme et prise Sus ses quatre piés se coucha (MACH., D. Lyon, 1342, 223). [le roi] En moult grant joie Estoit assis sur un tapis de soie (MACH., J. R. Nav., 1349, 113). ...pour li [l'evesque] compagnier assis A table près de li seront (Mir. march. juif, c.1377, 177). Item, il appert en exemple de ceulz qui sont assis a une table ronde, car se celui qui est a ma destre est en plus noble lieu que je ne sui et ainsi ensuianment des autres, donques, en procedant, il s'ensuit que je sui plus noblement assis que je meisme ne sui assis. (ORESME, C.M., c.1377, 348). ...soions diligens De regarder qu'entre les gens Que verrons estans ou assis Ou alans ne soit Alexis (Mir. st Alexis, 1382, 329). ...aval le paveillon avoit grant foison de tables drecies et moult de honnourables gens assiz. (ARRAS, c.1392-1393, 30). ...mon gros carreau à enregistrer aux jours de Plaidoiries miz sus le marchepiet de mon siege et moy assiz dessus. (BAYE, II, 1411-1417, 42). ...combien que nous tenons que ung juge assis doit donner sa sentence, toutesvoye il se esleva tout droit, en denotant que ung juge ne doit point flescher par dons ou prieres. (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 33). Par Nostre Dame de Boulongne, Je tien que le juge est assis, Car il se siet tousjours a six Heures, ou illec environ. (Path. D., c.1456-1469, 154). Ainsi le bon temps regretons, Entre nous [la belle Heaumière et les autres], povres vielles soctes, Assises bas, a crouppetons, Tout en ung tas, comme peloctes, A petit feu de chenevoctes, Tost alumees, tost estainctes... Et jadiz fusmes si mignotes ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 57). Je vouldroyz que fussiés assis. Raby, seés vous en bonne heure ! (Pass. Auv., 1477, 149). LE .I. SERGENT. Arrivéz sommes de saison Au pletz ; voy le prevost assis. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 117). Le duc de Berry, frère du roy, presidoyt, assis en chaire, et tous les autres seigneurs debout. (COMM., I, 1489-1491, 55).

 

2.

(Estre) assis + adv. marquant un degré. "Être plus ou moins bien placé à table" : Car il n'est nul si hault assis Que Fortune tost desassis Ne l'ait (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 88). ...j'ay espoir que brief ou paradis Des amoureux sera moult hault assis, Comme martir et treshonnoré saint, Qui a tenu de Loyaulté le cours (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 45). N[ost]re S[eigneu]r estoit assis aux nopces, no[n] pas avecques les plus grans mais avecques les plus petiz. Il ne vouloit point estre assis au plus hault, ne avecques les orguilleurs, mais se mist au plus bas lieu. (Vie J.-C. M.B., c.1429-1458, 45). ...quant on fait aucun plaisir au roy, ilz [des gens d'église] sont assis plus hault que ilz ne doivent (JUV. URS., Nescio, 1445, 512).

 

-

Faire du haut assis. "Dominer de façon tyrannique" : Sy dist aux bonnes gens : "Ou sont les traïttres qui sont du lignaige Darnant et qui en celle forest vuelent faire du haut assis ?..." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 934).

 

-

Arg. Les sires bas assis. "Les écus bien placés dans une bourse, ou couchés à plat lors de la frappe de fausses pièces" (Éd.) : Contres de la gaudisserie, Entervez tousjours blanc pour bis Et frappés en la hurterie Sur les beaulx sires bas assis. (VILLON, Ball. jarg. T., c.1455-1460, 337).

 

3.

P. méton. "Être en repos" : Jamais nul temps nous [nous, les pendus] ne sommes assis : Puis ça, puis la, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charie, Plus becquetez d'oyseaulx que dez a coudre. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 66).

 

-

Empl. subst. "Personne assise" : Pourquoy ledict Salomon fist assembler en ung convy mille de ses chevaliers d'une part et mille dames, leurs femmes d'autre et lui mesmes, par ordre commençant au premier assiz et finissant au derrenier, leur donna à tous à boire (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 r°).

II. -

P. ext. [Idée de (se) mettre dans telle ou telle position, de placer, d'installer]

A. -

[Une pers. ou un animal]

 

1.

Au propre

 

a)

Asseoir qqn. "Placer qqqn à tel ou tel endroit"

 

-

ART MILIT. "Placer, établir (des troupes) à tel endroit" : Tulles, quant il le sot, appela a soy l'ost des Albains, les[quiex] il cuidoit estre fealz compegnons et sugiz, et s'est mis aus chanz contre ceus de Fidene et a son ost assiz en celi lieu ou le fluve de Amene se adjoustet o le Tibre (BERS., I, 1, c.1354-1359, 27.4, 46). ...et li chevalier doré avoient cotez de diverses couleurs, ceulx d'argent cotez blanchez et de lin. Si furent ceux ci assis en destre corn de la bataille et li autre en senestre. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 40.3, 73).

 

-

CHASSE

 

.

"Poster qqn à l'affût" : Quant toute l'ordenance des gens [a] asseoir en leur gardes est faite, les veneurs doivent prendre la quarte partie de leur chiens, et doivent aler lessier courre et les autres envoier au hardouer, comme dist est. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 109). Et doivent aler chiens et deffanses et ameneurs ensamblez, et doit un aler devant a cheval qui doit asseoir ses archiers et deffensses, et doit clorre et taillier le buisson en la maniere que autre(s) fois vous a esté dit (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 123).

 

.

Asseoir [les chiens] "Poster à l'affût" : Or faut aseoir les levriers. Pren garde a l'autre bout de la haie, ou tu as tendu tez las, se il y a cler païs ou levriers puissent prendre, qui soit assez aventé, si y afuste tes levriers et les met en crochant et en cloant le buisson. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 107).

 

b)

S'asseoir. "Se placer, prendre place, s'installer à tel ou tel endroit"

 

-

"S'installer, se fixer (à un endroit)" : Et de Cicile il s'en vint par la mer jusquez en Ytalie et descendi a terre desus les chans d'une cité appelee Laurence, et illecques se assist et se loga (BERS., I, 1, c.1354-1359, 1.4, 4). ...ses autres hommes et femmes desdis gistes qui s'assient es villes de son pais de Rethelois (Trés. Reth. S.L., t.2, 1378, 267). Sire, la verité est telle Que nostre maistre, droicte voye, Icy devers vous nous envoye Pour l'amistié qu'il a a vous Et vous supplye, de par nous, Qu'il puist en vostre hostel asseoir Et faire sa Pasque ce soir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 234). Crispinien, frere tres chier, Arrivés sommes a Soissons, Pensons de querir et trachier Ung logis ou nous assoichons. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 97).

 

-

P. anal. [D'un oiseau] "Se poser, se percher" : ...seray com la turterelle Qui, quant a perdu son mari, Elle en a le cuer si marri Que depuis ne va ne ne ganche Ne ne s'assiet sur verte branche. (Mir. st Alexis, 1382, 315). Par tel aïr s'asist [le griffon] sur le duc Berengier, La maile du haubert lui ala despecher, Vers ses ongles ne vallent la monté d'un denier, Que toutes ne les face derompre et desmailer. (Galien D.B., c.1400-1500, 98). La teurtre est vng oysel doulx et simple et chaste et a doulx chant et a celle proprieté que quant elle pert sa compaignie, elle se tient sollitairement et fuit les gens et hante les desers et ne se assiet point sus chose verte qu'elle puisse et quiert gardins et lieux secretz et obscurs. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 486). Et l'aigle, roy des oyseaux, avecq les siens s'estoit mis et assiz dessus les arbres environ atout dars et sayettes et autres habillemens de guerre dont ilz se savoient aidier. Le griffon, passant par illecq et voyant ceste assemblee, lui en despleut a merveilles. Pour quoy il s'en alla asseoir sur une montaigne (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 214). ...c'estoit celui [Du Guesclin] duquel les livres de Merlin faisoient mencion, qui devoit apparoir en ce temps, qui portoit l'aigle à deux testes. à ceste cause ne tint gueres contre lui, ains lui ceda la place de Turgof, disant qu'il estoit de la condicion à l'estournel, c'est que là où il se asserroit, les autres tous se asserroient et faisoit tout vuider. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 141 v°).

 

.

[D'une mouche, d'un moustique] "Se poser" : Et pour ce vueil je que vous dites a vo seigneur que je lui loue que, se la mouche vient jamais asseoir sur lui et il la puet ataindre, que tantost l'ocie sanz espargnier, ne ja ne soit en doubtance pour le venin qui de lui ystra, car, puis qu'elle sera morte, ses venins n'ara pouoir de lui mal faire. (Bérinus, I, c.1350-1370, 143). ...j' ay veu aucunes foiz en plusieurs chambres que quant l'en estoit couchié l'en se trouvoit tout plain de tincenelles qui a la fumee de l'alaine se venoient asseoir sur le visage de ceulx qui dormoient, et les poingnoient si fort qu'il se couvenoit lever et alumer du foing, pour faire fumee pour laquelle il les escouvenoit fuir ou mourir. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 101). Les mouches y vendront asseoir et au soir soient prinses en ung sac. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 102).

 

c)

(Estre) assis

 

-

[D'une pers.] "Être installé, établi (en un endroit)" : ...et in Jerusalem potestas mea. (...) En la cité saintifiée Samblablement sui reposée Et en Jerusalem assise Et la en grant puissance mise. Et ces paroles peut dire la glorieuse Marie (Mir. march. larr., c.1349, 91). Elle [Marie] est sur touz en gloire assise et eslevée (Mir. march. larr., c.1349, 91). ...tant ès bonnes villes du royaume, où elle est allée, puis en une ville, puis en l'autre, que aus champs, où elle a esté assise lonc temps avec les autres filles de vie et de pechié (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 328). Et, quant vostre guet est en seureté et vostre logeiz departy et tous voz gens bien assiz, vous devez faire trenchées pour aller d'ung siège à autre (BUEIL, II, 1461-1466, 41). ...mais audit lieu ne usent de nulle aultre eaue, car ilz sont de touts poincts assis en la mer, et est l'eaue très bonne [il s'agit de Venise] (COMM., III, 1495-1498, 30).

 

-

[D'un oiseau] "Posé sur ses pattes" : Il doit avoir piez semblans a piés de butor, lons, deugiez, bien fandus et vers, et les onglez bien noirs et bien pointus et trenchans, et ne doit estre ne trop haut assis, ne trop bas ; et que la coulour du pié et la chire du bec soit une. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 175).

 

-

P. anal. [D'une réunion] "Se tenir, avoir lieu" : ...[nostre Saint Pere] se voloit disposer pour tirer devers Mantoie, la ou estoit assise la convention des princes crestiens. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 220). ...les roynes et monseigneur le dauphin, madame la dauphine et les autres princesses, dames et damoiselles, (...) tous s'en allèrent au lieu et place où le banquet estoit assis (Faits Lalaing K., c.1470, 62).

 

2.

Au fig. "Établir qqn, doter qqn, garantir une situation à qqn" : "Dame," ce dist la tierce, "or faites vo vouloir, Car je de moy le puis richement asseoir Si qu'il ne li chaura de tout vostre pooir. - Comment, dame !" dit elle, "avez vous .J. manoir La ou vous le ferés estre adès par estouvoir ?..." (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 35).

 

-

"Établir qqn (par le mariage)" : Quant le duc vey que pour chose que a sa fille seuist dire ne se voloit deporter d'amer Gerart, s'appensa en luy meismes qu'il luy donroit a maryage, en luy samblant que mieulx ne pooit estre assise. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 88). Or furent a païs et assis le duc et la duchesse, et bien le devoient estre, car de longtemps se estoient entre amez de bonne et loyalle amour, sans vilain fait ; si en eurent bon guerdon, tel que vous ouez. (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 153).

B. -

[Une chose ; dans la position de stabilité, d'équilibre... d'une chose qu'on pose, qu'on installe, qu'on construit]

 

1.

Asseoir qqc.

 

a)

"Poser, placer, disposer qqc." : ...et si luy fu decreté par le senat une statue a cheval, laquelle fu assise par devant le temple de Castor. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 43.22, 82). Or ça : ceste chaudiére ci Fault asseoir en ceste place. (Mir. st Panth., 1364, 354). ...posé que la roe fust assise autrement que elle n'estoit devant (ORESME, C.M., c.1377, 340). Et lors vint Uriiens devant le roy et se agenoilla devant le lit, et le roy prist la couronne et lui assist sur la teste et Uriiens l'en mercie. (ARRAS, c.1392-1393, 122). ...qant il pooit, en lançant, assir le croq et atachier, il tiroit a lui (FROISS., Chron. D., p.1400, 425). Une chayere haulte et chiere, De moult honorable maniere, Assirent en ce tabernacle (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 109). Item, six plates d'argent à faire six hanaps, six souages pour asseoir soubz lesdiz hanaps (BAYE, I, 1400-1410, 99). ...avecques une place ou lesdiz habitans avoient fait asseoir une croix (BAYE, II, 1411-1417, 96). ...je loe que chascun voist a sa dame, et pour la premiere foiz supplier que la visiere lui veulle sans plus a la main asseoir sur l'espaule senestre, sans la lyer autrement jusques au matin (LA SALE, J.S., 1456, 231). Il fault que vostre bon oeil soit couvert (...) une heure ou environ après que je aray assis l'emplastre (C.N.N., c.1456-1467, 504).

 

-

"Établir, installer (une chose abstr.)" : Et vierge fu après l'enfantement, Dont nature s'en esbahy conment En vierge fu un itel fait assis (Mir. ev. arced., c.1341, 144). Qui vouldroit honneur asseoir, Il seroit bien sur lui assis, Car il est vaillant et rassis ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 38).

 

-

Asseoir (des pierres). "Poser, appareiller" : ...et qui pot avoir puissance d'en tant amasser illec, veu qu'il n'en a nulles ou pays, et d'icelles pierres si noblement asseoir comme elles sont. (Voy. Jérus., c.1395, 66).

 

.

Asseoir (la premiere pierre de qqc.) : ...nostre très cher filz le duc de Normendie et de Guienne, qui de nostre commandement assit la premiere pierre en ladite eglise (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1350, 361).

 

-

Au fig. Asseoir les bornes de qqc. à qqc. "Limiter qqc. à qqc." : Maiz je dy que ceulx ne furent pas dignes de consuir la beatitude de l'autre vie, et les beneuretés dez esleux. Ains arresterent leur desir et assirent lez bournes de leur tendence au los de vertu et a l'onneur terrien. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 99).

 

-

Asseoir (un mets). "Servir à table" : Et quant damp Abbés et le maistre d'ostel furent venus et le premier mez assis, Madame dist a damp Abbés... (LA SALE, J.S., 1456, 249). ...[l'hoste et sa femme] servirent du premier mes. Quand le premier mes fut assis, l'oste, (...) dist a sa femme... (C.N.N., c.1456-1467, 321). Et fut cestuy souper fait en l'hostel de l'évesque de Châlon ; et là fut la viande assise en manière de banquet très-plantureux, et grand foison de viandes de plusieurs et diverses manières ; et là eut un entremets assis sur une table d'environ huit pieds de long et environ de six à sept pieds de large, là où à l'un des costés estoit la ville de Châlon pourtraite et eslevée (Faits Lalaing K., c.1470, 239). L'escuier de cuisine doibt venir après la viande, et devant le prince s'agenouille l'huissier en faisant place et voie, et puis le maistre d'hostel qui se met au bout de la table, où il doit demourer jusques à tant que la viande soit assise et assays fais, et doibt avoir tousjours l'oeil et le regart sur ce. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 23-24).

 

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Asseoir (du vin). "Installer le tonneau de vin sur le chantier" : Et ossi qu'il ne puist nuls de leur vins abattre jus des gantiers ne tourbler depuis qu'il seront assis, exceptet les nouviauls vins jusques au jour Saint Martin (Bans police H., 1379-1388, 36).

 

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Inf. subst. L'asseoir de qqc. "Mise en place de qqc. (ici des tables)" : ...si me suis appensee, a l'asseoir des tables, que demain, qui sera la voille du premier jour de may, vous donrez un tresbel soupper (LA SALE, J.S., 1456, 83).

 

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JEUX

 

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Asseoir les dés. "Faire tomber les dés de manière à éviter qu'ils ne roulent" : Que cuides tu qu'il sceust bien Deux dez asseoir et jetter (...) ? (Mir. st Alexis, 1382, 348). ...et incontinent prist ycelui Andrieu en sa bourse deux dez et les gecta sur la table, dont ilz se prinrent à jouer, et gaigna le dit Jehan Tassé une pinte de vin du dit Andrieu, la quelle en la presence il lui voult faire paier, mais ycelui Andrieu le contredist, disant qu'il avoit assis les dez (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 47-48). Je vous supply treshumblement, Amour, aprenez moy comment J'asserray les dez sans faillir ; Par quoy puisse, sans plus languir, Gaangnier le jeu entierement. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 69). Laissez moy jecter, faictes place Tant que j'aye les detz assis. Tenés de quoy, veez en la six. Il n'en fault plus tenir sermon : Ceste robe est myenne. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 415).

 

Rem. Cf. J.-M. Mehl, Les Jeux au royaume de Fr. du XIIIe au déb. du XVIe s., 1990, 87 : «Le fait d'asseoir les dés est une manière de tricher dans la mesure où cela signifie lancer les dés, avec une habileté certaine, de manière à éviter qu'ils ne roulent. De ce fait, il est possible avec un peu d'entraînement, d'arriver à faire "sortir" le chiffre désiré.»

 

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Empl. abs. [Jeu d'échec] Maniere d'asseoir de Lombardie. "Assise lombarde" : ...et pour ce que on peust raisonablement traire des eschez dessusdiz, pour ce convint il ordener qu'il y eust de poins vuis autant come de plains au commencier du gieu ; et par ainsy, il fu necessité qu'il y eust .LXIIIJ. poins en l'eschiquier, c'est assavoir .XXXIJ. plains de eschés et .XXXIJ. vuis, et c'est voir selon la maniere de asseoir de Lombardie qui vient de la premiere ymaginacion, ce samble, de ceulx qui trouverent le gieu premierement. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 608).

 

Rem. Possibilité qu'a la roi de «parcourir deux ou trois cases lors du premier mouvement, conformément à ce que Murray appelle l'assise lombarde, qui évoluera vers ce qui est maintenant le roque» (Éd., LXV) ; cf. aussi J.-M. Mehl, Les Jeux au royaume de Fr. du XIIIe au déb. du XVIe s., 1990, 128-129.

 

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Asseoir une lance. "Placer en arrêt, caler (une lance)" : Et apprez, devoient faire armes à cheval d'abondant, de lanches et d'espées l'ung contre l'autre, c'est à assavoir chascun d'une seule lance, fust assize ou non, et ce fait, ferir jusques à XXXI coups d'espée l'un sur l'autre, d'estoc ou de taille, comme bon leur sembleroit. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 91-92).

 

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Asseoir le feu. "Mettre" : Le feu font partout asseoir. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 52).

 

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Asseoir (une partie du corps, de la personne) "Poser, fixer (au propre et au fig.)"

 

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"Poser (ici, le pied)" : Si couvient qui par la chemine (...) qu'il assiee a droit son pié Ou se ce non mieulx d'un espié Lui vaulsist estre ou corps feru. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 115). ...ains vous fourvoiez, car vous cuidiez atteindre et monter hault, et vous descendez pour ce que le premier degré ou voulez asseoir vostre pié est orgueil, qui est tres basse et ville fosse. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 163). Mais quant elle parvint jusques a l'huis et elle deut entrer dedens, elle, qui tousjours regardoit ou elle asseoit son piet, fut aussi comme esbahie du pavement du temple quant elle vey le fons esmervillable et redoutable. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 551).

 

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Asseoir la main à qqc. "Saisir, faire saisir qqc." : ...se aucun veut aucune chose à gens de religion ou à gens qui ne puissent acquerir sanz admortir, se le seigneur dessoubz qui la chose est assise y met la main pour celle cause et le souverain y assiet sa main par dessus icelle, elle se doit lever (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 131). Nostre dit bailli a fait mectre et asseoir nostre main a tous leurs biens et les a fait adjourner par plusieurs fois a cry publique, comme criminelz, a comparoir a Poligny. (Arch. Nord, 1449, B 1684, f° 3, IGLF).

 

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Asseoir son coeur (en qqn). "Fixer ses sentiments sur qqn" : Est il femme ou vous aiez mis Vostre cuer ny assis, biau niés ? (Mir. chan., c.1361, 152). Belle sur toutes les belles, moult me tiens a eureux d'avoir grace de si noblement mon cuer avoir assis. (Guy Warwick, c.1400-1450. In : Chrestom. R., 96). Tout ainsi m'avint, sanz doubte, Car n'appercevoie goute La beauté, par ma folour, De ma Dame de valour Jusqu'a tant qu'Amours en voye Me mist, et ne desiroie Fors une tele vëoir Pour mon cuer y assëoir. (CHR. PIZ., Duc vrais amans F., a.1405, 74). ...avoye mis [mon cueur] en vostre mercy, cuidant a la verité que plus noblement ne en meilleur lieu asseoir ne le pourroie. (C.N.N., c.1456-1467, 233). La royne Ysiphile moult estoit joyeuse de veioir Jason et desiroit souverainement soy aprivoisier de lui. Si lui fist pluseurs samblans d'amours par pluseurs jours et par pluseurs fois. Mais Jason, qui son cuer avoit aultre part assiz, ne s'en pouoit donner garde. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 171-172).

 

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Asseoir son coeur à + inf. "Consacrer ses sentiments à" : O Paris (...), aures peus tu bien cognoistre ta grant folye et oultrecuidance, d'avoir creu ce que ton cuer te disoit ! Or has tu assis ton cuer a amer Vienne, qui est flour de toute beaulté et noblesse (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 156).

 

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[Du coeur] Estre assis (en qqn). "Avoir des sentiments amoureux pour qqn" : Je laisse aux amoureulx transis Jecter l'ueil tousjours es chassis Pour veoir par les troux et touranges Celle ou leur cueur si est assis, Puis, c'elle leur rit, estre transis Et rire atout par eulx aux anges. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 58).

 

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Asseoir l'oeil sur qqc. "Viser, avoir en vue" : Car après les faits et les exploits de la guerre dont on prend victoire, l'estat domestique c'est la première chose sur quoy on assied l'oeil, et qui plus est de nécessité aussy de le bien conduire et de le mettre en règle. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 364).

 

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Asseoir (son regard) sur qqn/en qqc. "Poser [le regard] sur qqn/qqc." : Bien n'avoie fors tant comme Je la pouoye vëoir Et mes yeulx fort assëoir Sur elle, dont ja lassez Je n'en feusse, n'estre assez Ne pouoye en sa presence (CHR. PIZ., Duc vrais amans F., a.1405, 107). Comme doncques me feusse arresté droit la longuement, penseux et qu'en ruant mes yeux a tous lez ne les peusse asseoir [var. ma vue] jamés qu'en nouvelleté non veue, m'apercheus comment au droit milieu de ce cimitere avoit ung temple haultement ediffié (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 15).

 

b)

"Fixer qqc. (sur qqc.)" : Pour ressouder les anses de 2 quartes, asseoir les couvercles, brunir et redrécier, rendues audit Pioche (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 126). Vrays Dieux, comment sont les merveilles que tu as laissiees ca jus en la vertu de ta chamberiere nature, merveilleuses et diverses en leur expedicion, se tu n'y espandoies ta grace divine, et especialment de ceste merveilleuse aventure que je voy ou cours des estoilles que tu as lassus assises dès le commencement du ciel (ARRAS, c.1392-1393, 19). A Aloys Colombe, brodeur, demourant à Dijon, pour avoir fait six escussons armoiez aux armes de MS, pour asseoir en trois vestemens de chappelle, c'est assavoir diacre, soubsdiacre et chasuble. (Comptes Lille L., t.1, 1433-1434, 339). A Enart de Trye, natier (...) la somme de 19 s. p. (...) pour avoir assis les nattes des deux chambres de ladicte ville qui avoient esté desnatées l'esté precedant (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1442-1443, 342).

 

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En partic. Asseoir [une pierre précieuse] "Enchâsser, sertir" : Toute sa teste ot arousée De couronnes monlt precïeuses Et de pierres monlt vertueuses, D'escarboucles et de rubis Qui dedens l'or furent assis. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 139). ...un annel d'or ou d'argent, ne scet lequel, sur lequel avoit assis un très groz pelle blanc et fin du groz d'un groz poiz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7). A lui, pour ung petit dyamant et pour l'or de la façon de asseoir icellui en ung fermail d'or assez grant de tour où a une seraine, où il en failloit ung qui estoit perdu, quatre frans (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 67).

 

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COST. Assis. "Ouverture à laquelle se fixent les manches d'un pourpoint" (synon. assise) : ...une robe longue à grans manches ouvertes pour mondit seigneur faicte à douze girons, colet et assiz, boutonnee devant, fourree de fin gris à dix tires, et une robe à mi jambes à grans manches closes decopees, dessoulz fourree du mesme gris, et deux grans chapperons doubles (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 78).

 

c)

[Idée de construire, d'installer une chose qui demande un montage]

 

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"Construire (un édifice, une ville...)" : Fondemens larges et parfons, Pour les murs asseoir au fons, A fait de marbre maçonner (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 58). Si est seurté que l'ostel soit Miz et assiz en tel endroit Que le vent de Sut nullement Ne puisse férir largement Dessuz le lieu ou habitacle, Pour aucun moïen ou obstacle, Pour lequel vent, qui forment nuit, Doit l'en clorre, de jour et nuit, Tous les huiz et toutes fenestres Devers Medi (LA HAYE, P. peste, 1426, 78). Vous lisez aussi d'Abraham, Comment Ysaac et Ysmael, Ses filz, luy firent ung tombel Bien riche et d'apparance grosse Et en quoy avoit double fosse, Lequel ou champ d'Effron assirent, Ouquel aprés sa mort le mirent. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 375). Ma mere, qui avoit celle hayne au roy Perceforest, commist encore pis, car elle fist assir ou milieu de la forest ung perron de marbre, puis commanda y escripre lettres qui disoient que quiconques dormoit une nuit au pres de ce perron, qu'il y trouveroit la creature au monde que il amoit le mieulx. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 140). Et, le dimenche ensuivant, premier jour de septembre, lesdiz Bourguignons mirent et assirent ung pont pour passer ladicte riviere audit Port à l'Anglois. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 97). Un pere de famille feu, Qui jadis sa vigne planta Et d'une haye l'environna, Fouÿt ens, et y fist asseoir Une tour et ung beau pressoir, Et le loua a laboureux Pour le gouverner tout par eulx (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 601-602). Cestui fut vray astrologien et le monstra bien à la construction de la cité de Epheson, qu'il assist sur le fleuve du Phar. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 v°).

 

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"Faire reposer" : ...la tour de bricque est pilotée, preste à asseoir la machonnerie. (Lettres Louis XI, V., t.6, 1476, 104).

 

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ART MILIT.

 

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Asseoir (ses tentes). "Établir son camp" : Mais par aventure perilz estoit que chascun de ceulz que j'ay nommé fust pereceux ou ignorans a couvenable lieu prendre pour asseoir ses tentes, a ordener de vivres et de garnisons, a soy garder de embuches et d'aguais (BERS., I, 9, c.1354-1359, 17.15, 32). Ne fut elle aussy assegee de Hanibal le victorieux duc de Cartage, quant aprés tant de notables batailles surmonteez en poy de jours, et la rommaine chevalerie occise, il assist ses tentes a tierce pierre prez de Romme ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 138).

 

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"Mettre en place, installer (un engin de siège)" : Et brief ensievant furent assis et affustés les grans engiens du Roy devant ung bolevert qui estoit au bout du pont, au costé devers ledit lieu de Maubuisson. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 7). Et, le lundi ensuivant [19 août], lesdiz Bretons et Bourguignons et autres de leurdicte compaignie vindrent devant le pont de Charenton, ouquel lieu ilz assirent plusieurs pieces d'artillerie, et d'icelle tirerent aucuns cops contre la tour dudit pont. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 85). Et lors s'en alla Piètres jusques au pié du mur, pour en adviser la haulteur et là où il asserroit son eschellement. (BUEIL, I, 1461-1466, 89). Aprez, vous devez faire trenchées pour approucher vostre artillerie, et, vostre artillerie assise, vous devez commencer à batre. (BUEIL, II, 1461-1466, 41).

 

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Asseoir (un siège) "Établir, mettre en place" : Or avient que sont faictes entreprinses ou sieges assis ou le ban des princes est crié et le jour souvent nommé pour les champs tenir (CHART., Q. inv., 1422, 56). Vous pourriez respondre sur cest article qu'ilz n'asserront leur siege que vous n'aiez assis le vostre, et que la place que vous assiegerez est bonne et forte et celle qu'ilz assiegeroient ne vault guieres (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 144).

 

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P. méton. Asseoir (une ville, une place-forte) "Établir un siège autour (d'une ville...)" : Ninus, quant Babilone assist, Oncques adone, si com on dist, Nulz homs n'avoit ville assegié, Ne devant ne s'estoit logié. Mais l'Ennemy le conseilla, Et cilz volentiers y veilla. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 86). Hue assist Uismes fierement Et eulz desfendent fortement, Si que outre ne pourent passer Ne lez murs nulement quasser. (Vie st Evroul S., c.1350, 114). Par celuy temps que cestez chosez se fesoient a Romme, Sutere estoit assise par les Etruriens. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 35.1, 64). Le grant Caraman de Turquie, Qui est un Turc que Dieux maudie, A ton chastel de Courc assis. (MACH., P. Alex., p.1369, 135). Dont assistrent Flamans le chastel de Courtray. (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 18). ...lequel gentil homme estoit moult vaillant homme d'armes et estoit dedens Lucembourc que le roy d'Aussay avoit assiz. (ARRAS, c.1392-1393, 147). ...[le roi d'Angleterre] avoit assis et environné la chité de Tournai (FROISS., Chron. D., p.1400, 462). ...c'est le tour De plusieurs (...) Que s'il leur failloit asseoir Par lonc sieges citez ou villes, Que ces coustumes inutiles Ne leur fussent trop dalmagiables (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 34). S'en fuÿ Aristonicus En une cité, qu'ilz assirent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 260).

 

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Inf. subst. "Siège" : Mais en yver son ost mut la Le roy et la roine, sa mere: En grant yver, par voye amere, Au duc Mauclerc mistrent le siege, Et au derrain fut prins au piege Par assault, par asseoir, par mine. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 308).

 

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A l'asseoir de un siège. "Lors de l'installation, de la mise en place du siège." : ...et eulx arrivez devers lui mirrent le siége au plus prez d'icelle place. Auquel asseoir y ot grosse saillie par ceulx de dedens (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 290).

 

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Au fig. "Faire le siège de qqn (moralement) pour le faire changer d'avis" : ...[Selon une convention solennelle, le château de Derval doit être remis aux Français dans un délai de quarante jours ; le châtelain, Robert Canolle prétend que ce traité fait sans son accord est sans valeur et refuse de rendre le château] Li dus d'Ango de ces responses estoit tous merancolieus. Si s'avisa une fois que il asseeroit monsigneur Robert par une aultre voie, et li manda bien acertes que, se il ne li rendoit le chastiel, ensi que drois et raisons le voloient, il fust tous seurs qu'il feroit mourir ses ostages. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 159).

 

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Asseoir [une embuscade] "Dresser un guet-apens, une embuscade" : Lors, quant le soudant ouy dire a Gieffroy qu'il fuioit pour un homme seul, si ot grant vergoingne. Et se voit a la corniere du bois prez de son ost, ou propre lieu ou Gieffroy avoit assise l'embusche la matinee. (ARRAS, c.1392-1393, 231). ...conme il fu consilliet il fu fait, et li enbusque asisse et mise couvertement desous le chastiel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 470). Pompee en l'encontre du duc Perpenna en Espaigne mist premierement compaignons en embusche, puis faignant d'avoir paour fist tant que en fuiant il tira les ennemis jusques la ou l'embusche estoit assise (JEAN DE ROUVROY, Stratag., c.1425. In : Chrestom. R., 103).

 

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"Emprisonner qqn, assiéger (dans une ville, un palais...)" : Donc les plus riches de l'empire Bientost contre li guerre empristrent Et dedens son palais l'assistrent Par assez malvese acheson (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 98). Lois d'Espagne et ses gens (...) avoient assis (...) la contesse de Montfort dedens Hainbon (FROISS., Chron. D., p.1400, 522).

 

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Asseoir son guet. "Monter la garde" : ...quand il fut a l'endroit ou il devoit asseoir son guet, il se tappit au coing d'une forte haye espesse (C.N.N., c.1456-1467, 442).

 

d)

P. anal. [Avec une idée de vitesse pour créer un impact]

 

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Asseoir (une arme, un objet) (sur/à qqn) : Quant li Bastars oï dire si lait reclain, L'esquiekier a drechiét en air a une main, Sus le chief li assist ; le coer ot d'aïr plain, Car li hons coureciés fait souvent tel mehain De coi il se repent durement l'endemain. (Bât. Bouillon C., c.1350, 131). Maiz Prudence et Humilité, Qui en maint estour ont esté, Telement ont sur lui assis Leurs glaives que a terre l'ont mis. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 244). Pluiseurs y prendoient plaisir, Quant venoit as lanches assir. (Joutes St-Ingl. P., c.1390, 65). ...Jacquet de Lalaing, qui au-dessus de tous congnoissoit le mestier des armes, luy assit sa lance droit au milieu de l'escu (Faits Lalaing K., c.1470, 55).

 

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Asseoir (un coup) "Asséner, porter" : Li sires d'Absur la courtine [du lit] (...) Tira, pour le roy mieux veoir, Et pour son cop mieux asseoir. (MACH., P. Alex., p.1369, 269). Et, si le sangler li vient courre sus visaige a visaige, il doit venir contre luy, non pas courrant mes trotant, les renes de sa bride bien courtes, et ne doit point regarder au sangler ne a ce qu'il fera mes penser et aviser par ou il pourra mieulx asseoir son coup. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 233). Pluiseurs aultres biaux caux assez Y assist, dont vous orés Le vérité dire plus à plain (Joutes St-Ingl. P., c.1390, 75). ...adont vint asseoir Alixandre un coup a Porrus (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 54). Fy du vray fol Beau sire, assiés luy sur le col Droictement ung beau hatiplart Tant qu'a ce villain papellart Faces toute la char fremir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 265). Sy estoient les devises telles : que ung chascun d'eulx devoit assir l'ung sur l'autre cinq coups de poux de lanche tout à piet ; et icelle accomplie, devoient combattre et asseoir comme dessus, jusques à unze coups d'espée, d'estoc (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 91-92). Messire Jehan de Rebremette guingna et barguingna de pres pour bien asseoir son cop (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 166). ANDALLUS. Je n'entens point ceste leçon ; Je croy qu'il dort ou qu'i sommeille. GRONGNART. Voulés vous point que je l'esveille D'une grant buffe bien assise ? (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 350). ...le dit Collart aura XVIII cops de verghes et le dit Hacquin XII et bien assiz. (Arch. Lille, 1494, 12118, f° 58, IGLF).

 

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Asseoir (le poing). "Abattre sur..." : Puis paix se fait et me fait ung groz pet [la Grosse Margot], Plus enffle q'un velimeux escarbot. Riant m'assiet son poing sur mon sommet, Gogo me dit, et me fiert le jambot ; Tous deux yvres dormons comme ung sabot. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 125).

 

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Empl. abs. Asseoir sur qqn. "Viser, toucher, frapper qqn" : Ly contes de Poictiers s'esmerveilla moult qui ce chevalier estoit. Si joint l'escu au pitz et s'en vint vers lui, lance baissiee. Mais Remondin, qui bien le congnut, s'en tourne d'autre part, et assiet sur un chevalier de Poictou et le fiert si roidement en la penne de l'escu qu'il le porta par terre, lui et le cheval. (ARRAS, c.1392-1393, 40). Et là attendoit le chevalier du pas, chascun coup qu'il faisoit ses démarches, lesquelles démarches fit toujours belles et grandes ; et puis alloit assir sur ledit Savoyen, lequel, comme dit est, ne se bougea oncques. (Faits Lalaing K., c.1470, 232).

 

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P. méton. "Attaquer, assaillir qqn" : Faussement a esté assis, Quant en son lit on l'a ocis [l'emperiére] Et en dormant. (Mir. st Lor., 1380, 145).

 

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[Dans un contexte grivois] "Entreprendre, assaillir qqn (par des attouchements)" : J'en prins dimenche l'adventure [vérifier les organes sexuels de son mari] Aussi tost que fusmes couvers, Il se couchoit droit à l'envers. Or estoye en grand esmoy ; Je l'embrassay parmy les rains, Et assis d'une de mes mains. Et aussi tost que luy euz mise, Il l'envelopa de sa chemise Et se tourna au coing du lit. (Nouv. mar. T., c.1490-1500, 93).

 

2.

[D'un vêtement] Asseoir à qqn. "Convenir" : Pour ce jour il estoit vestu et paré d'une moult riche robe de cramoisi fourrée de martres zébelines, qui bien luy asséoit (Faits Lalaing K., c.1470, 117).

 

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Être assis. "Convenir" : ...Mais se Jourdain les viest [les habits du vieux roi], il seront mieux assis, Car li plus biaux hons est qui de mere soit vis (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 148).

 

3.

(S')asseoir

 

a)

"Se déposer" : ...mectés arriere encor plus de belle eaue fresche et menés a la main ung pou ou a une cuiller jusques atant que ladicte farine se mesle avecques l'eaue, et puis couvrés ledit bacin d'un canton d'une belle et necte mappe et remectés encor resseoir et arrester la dicte farine, laquelle se ira asseoir au fons dudict bacin. Et entretant qu'elle se asserra au fons dudit bacin prennés de bonnes amendres grant quantité (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 190).

 

b)

[D'un projectile] "Tomber" : Ainsi conme Bertran recordoit son vouloir, Un carrel d'espringale vit lez lui asseoir, Mais a lui ne mesfist ne a son cheval noir. Ly cheval de fraiour s'ala tost remouvoir (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 89).

 

c)

Au passif. "Être posé, appliqué" : ...et où leur poinçon se pourra asseoir en telle maniere que l'en puisse congnoistre leur dit seing (FAUQ., II, 1421-1430, 303).

 

4.

(Être) assis

 

a)

[D'un lieu]

 

-

[D'un lieu construit] "(Être) placé, situé" : Et ceste cité est mout bien mise, et mout bien assise. (VIGNAY, Merv. Terre Outr. T., c.1331-1333, 5). En la monteigne Didemi, Ou assise est la maistre eglise De nostre dame (Mir. emp. Julien, 1351, 214). ...car li oulz rommainz (...) vint la tantost et de premiere venue prist la cité qui estoit assise aus champs et en lieu plain. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 26.2, 47). ...en un hostel assis en la rue aus Lombars (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 250). ...les maisons (...) estoient assises et ordonnees par rues, bien et faiticement (FROISS., Chron. D., p.1400, 745). La siet un hault chastel querré Assis trop merveilleusement (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 59). ...du long de la riviere sur laquelle estoient assis lesdictz hostel et molin du dit musnier (C.N.N., c.1456-1467, 38). Il fault presupposer une très forte place estre assise sur mer d'une part ou sur une grosse rivière, et forte et très difficille à prendre (BUEIL, II, 1461-1466, 46). C'est une ville assez loing de Grenoble, En beau pays situee et assise (LA VIGNE, V.N., p.1495, 156).

 

-

[D'une terre, d'une région] : Et ceste terre estoit mout bien assise. (VIGNAY, Merv. Terre Outr. T., c.1331-1333, 3). ...et li Voulque avoient coustivé l'isle de Poncie, laquelle estoit assise devant le rivage de leur mer. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 28.7, 52). ...de ladite Marguerite (...) et d'un homme qui estoit avec elle, il avoit d'eulx deux acheté environ demi-quartier de vigne qu'ilz avoyent ensamble pour indivis, assis ou terrouir d'Ivry (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 325). Mais nul ne croiroit le tresbel et tresnoble jardin que ce peut estre (...) consideré le desert lieu ou il est assis. (Voy. Jérus., c.1395, 53). Lequel paradiz est assiz es parties orientalles (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 137).

 

b)

[D'un objet manufacturé]

 

-

"Installé, monté" : ...parmi ce qu'il rendra tout prest et assiz à ses despens hors ferreures dedans la Toussaint prouchain venant (BAYE, I, 1400-1410, 155). ...monsr saint Martin de Tours, voult et ordonna estre fait ung grant treilliz d'argent tout autour de la chasse dudit saint Martin, lequel y fut fait, et pesoit de XVI à XVIIm mars d'argent, qui cousta, avant que estre prest et tout assis bien CCm frans. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 77).

 

-

"(Être) placé sur un support" : ...item, ung verre qui est assis en argent pour le miracle dudit saint [saint Antoine de Padoue] (Voy. Jérus., c.1395, 6). ...une petite seincture, qui fut à la royne Jehanne de Bourbon, assize sur bizecte, dont la boucle et le mordant sont d'or et garniz de perles. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 30). ...devant moy, un rondeau ou estoit assise une lampe d'oile pour enluminer sur mon euvre (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 82).

 

-

Assis de qqc. "Décoré de qqc." : Premièrement les sommiers qui entroient devant, estoient en nombre quarante-deux, tous couverts de velours figuré pendant près de terre et armoyé des armes du duc, assis de brodures avecques multitude de campanettes d'argent (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 44).

 

-

En partic. [D'une pierre précieuse] "(Être) enchâssé, serti, fixé sur qqc." : Premiers ly fin dyamant soy traihent tout al regarder, à coulour de fier poly, quant il sont assis en ouvrage. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 175). ...une petite verge greslette, où il a ung ruby ront, et fut à la royne Jehanne de Bourbon, et est assiz à crampons (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 81). Ung petit saphir carré, très fin, assiz à jour et à croisète sur une verge d'or tressée. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 83). ...par nuit obscure, l'esclere, Plus que cent torches ne feroient, Les escharboucles, qui la royent, Qui y sont assis par compas. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 259).

 

c)

[D'une partie du corps] "Placé, situé" : Prince doit estre humble, car il est aussi comme le chief qui est le plus hault assis par nature ; et toutesvoies c'est la partie de l'omme en laquele appert plus son humilité : car nous voions comment en soi humiliant homme descuevre et encline sa teste. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 355). ...eussiez vous, Dangier, cent yeulx Assis et derriere et devant, Ja n'yrez si prez regardant Que vostre propos en soit mieulx. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 237). [Que sont devenus (...)] Ces gentes espaulles menues [que j'avais moi, la belle Heaumière, dans ma jeunesse], Ces braz longs et ces mains traictisses, Petiz tetins, hanches charnues, Eslevees, propres et faictisses A tenir amoureuses lices, Ces larges reins, ce sadinet Assiz sur grosses fermes cuisses Dedens son petit jardinet ? (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 55).

 

d)

[D'un chose abstr.]

 

-

[D'un mot dans une phrase] "(Être) placé à tel endroit" : Maiz se ce mot "legiere" estoit ailleurs assiz ou aucun consonant aprés lui s'ensuivist, lors tenroit il le lieu de .IIJ. sillabes et osteroit simplement la mesure de la ryme, si comme se on disoit, "No foy a condempner legiere seroit." (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 77).

 

-

[D'un sentiment] "(Être) fixé, établi" : Et pour cela point ne regarde, Quant je preng un cuer en ma garde, S'il est parfais ou non parfais. Mais je te diray que je fais : Je regarde la grant franchise Qui en li est mise et assise, Et comment il vuet sans fausser En moy servir sa vie user (MACH., D. verg., a.1340, 29). Mes esperis Et mes paradis Estoient mis Et assis En toy (MACH., L. plour, 1349, 290). Ancore ne me puis je taire D'une largesce voluntaire Mal assise, qui adés court Communement en mainte court (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 28).

III. -

Au fig. [Idée de fixer, de déterminer, d'attribuer]

A. -

Asseoir qqc.

 

1.

"Fixer, déterminer qqc."

 

a)

[Un événement]

 

-

"Fixer (pour telle date, tel lieu)" : ...et furent chil parlement assis à la Close Pasque, en la chité de Tournai (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 208). Car ung jour devant que le tournoy fut assis, les hours furent tant bien parez de draps d'or, de pourpre et de samyt que toute la place en resplendissoit. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 445).

 

-

Asseoir qqc. à estre (à tel endroit) "Décider que qqc. aura lieu à..." : En che temps (...) fu uns parlemens assis et acordés à estre à Harlebècque (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 147). ...li rois de Behagne avoit fait criier I. tournoi et assis a estre sus le sabelon a Condet en Hainnau (FROISS., Chron. D., p.1400, 105).

 

-

[Un jour] "Choisir, fixer (le jour)" : Li rois de France (...) fist un très grant (...) mandement par tout son royaume que tout chevalier et escuier, entre l'eage de quinze ans et de soissante, fuissent à un certain jour que il y assist, en la cité d'Amiens (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 140). Et s'il ne veult ainsy faire, que ceulx de Romme assient jour de bataille oust contre oust, et qui serat vaincu sy soy retraye. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 46). Et par ainsi doncques la journée qui estoit assise à Bruges en avril, n'estoit possible à tenir, sans faire faute en ce qui estoit de plus grand astriction d'honneur (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 391).

 

-

[De la Fortune] "Fixer, décider qqc." : En la .Xme. et plus grevable Bataille fu Hector occis, Fortune ainsi l'avoit assis. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 97).

 

b)

[Un droit, une capacité juridique]

 

-

"Fixer, déterminer les conditions de" : Et sera assise ceste bourgeoisie par noz clers de Bourbonnois et par quatre des prodommes de la ville. Et aux quatre cas c'est assavoir : quant nous [Pierre, duc de Bourbonnois] ou noz successeurs ferons noz filz chevaliers ou marierons noz filhes ou irons oultre mer ou seroiens en prisons par fait de guerre, de quoy Dieux nous gart, en chascun de ces quatre cas quant il avendront il [li habitant] nous donront et paieront sexante livres de la monnoie qui corra en celui temps. (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1343, 403).

 

-

Asseoir tout droit à qqn. "Reconnaître tout pouvoir à qqn" : Pour tant le dy qu'un grant seigneur De Poitou, qui Dieu doint bon jour, Nommé sire de Partenay, Auquel tout droit jë asserray, Me commanda, n'a pas granment Et de son propre sentement. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 108).

 

c)

[Un jugement]

 

-

Asseoir (un jugement) (sur qqn). "Prononcer, établir" : Seigneurs, vezci un trop grant fait, De dire que juges soions, Ne que jugement asseons (Mir. ste Bauth., c.1376, 144). ...ledit mons. le prevost demanda ausdiz presens conseilliers (...) et aussi s'il y avoit assez procès fait et complect par quoy l'en les peust condempner et asseoir jugement sur eulx, et quel jugement. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 245). ...ledit mons. le prevost demanda ausdiz presens conseilliers leurs advis et oppinions qu'il estoit bon de faire d'icelle prisonniere, et quel jugement l'en avoit à asseoir sur elle. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 254). Ou mon desir s'assouvira Ou ma tristesse m'occira Par vous, belle, prouchainnement. Tout bien ou tout mal m'en yra Car, quant voustre bouche dira Ouÿ ou nenny seulement, El asserra le jugement Dont mon dueil ou moy finera. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 376). Sire, grant grace m'est donnee, Consideré mon grant oultraige ; Et par vostre subtil langaige, Ilz n'ont osé sur moy asseoir Leur sentence. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 183). ...nous voulons et vous mandons bien expressement que (...) vous voyez et visitez ledit procès, et sur icellui assez vostre arrest et jugement au prouffit de celle des parties qu'il appartiendra (Lettres Louis XI, V., t.6, 1478, 302).

 

-

Asseoir une peine. "Fixer" : ...quiconques avoit riens pris (...) en la ville de Jugon, tout fust restitué (...) sus une painne que on i asist. (FROISS., Chron. D., p.1400, 560).

 

-

Asseoir une élection. "Fixer son choix, choisir" : Ceste discrétion ne se trouve point en prince ignorant. Prince ignorant n'assiet nulle élection. Et si d'aventure il en assiet aucune, s'y l'assiet-il en ce qui est de sa nature, en chose vile et basse (CHASTELL., Avert. duc Ch. K., 1467, 319).

 

Rem. Dans l'ex. suivant, il convient prob. de lire une forme proche du verbe assayer (asseier ?) "déterminer, voir si" : Lessiee donques lors la concion, l'en ot conseil se l'en assegeroit Lucerie a toutes les copies ou se l'un des oulz s'en iroit en Puille pour asseoir et tempter comment celle gent estoit encore de volenté [doubteuse]. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 15.1, 26).L'ex. suivant de BERS. offre le même contexte : Pour verité, dist il, il temptoit et asseoit notre patiente [l. patience], afin que, se nous recevons son jouc, il nous peust grever et opprimer. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 50.4, 84).

 

2.

FIN.

 

a)

Asseoir (un impôt) (sur qqn/dessus un pays). "Établir, répartir (l'impôt) (sur qqn, sur un pays)" : ...[Les gens de La Rochelle veulent, pour reconnaître la souveraineté du roi de France, que celui-ci s'engage à ne jamais] mettre ne assir sus yaus (...) taille ne sousside, gabelle ne imposition nulle (...) se il ne l'acordoient ou donoient de grasce. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 82). Et pour en paier les fraiz et coustemens, mectés et asséés sur les habitans desdites villes telles aides comme bon vous semblera (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, Pièces diverses, 1378, 419). ...ladicte somme (...) vous asséez et imposez hastivement sur tous les habitans des mectes de ladicte recepte de Bayeux (Ch. VI, D., t.1, 1387, 85). ...desquelles choses faire Nous vous donnons pouvoir, autorité (...) et avec ce, de faire mettre sus et asseire ledit aide, et commettre à faire l'assiéte d'iceluy aide (Ordonn. rois Fr. S., t.9, 1404, 28). Mais n'y a maniere fors par plusieurs griefs et extorcions faire sur le peuple et y asseoir males toltes qui ne le laisse de paour qu'ilz se rebellassent ou que on peust perdre leur grace, dont pis peust venir. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 122). ...esleuz et commissaires, commis et à commettre, à mettre, asseoir et imposer les diz aides, tailles, subcides et subvencions quelxconques en la dicte ville et chastellenie de Poictiers, au maire present et avenir, et autres entremetteurs de guet et gardes des portes d'icelle ville (Doc. Poitou G., t.8, 1431, 23). ...en deffendant par cesdites présentes aulx Commissaires qui seront commis à mectre sus et asseoir les tailles et autres impostz qui seront (...) mis sus de par Nous, qu'ilz ne les [les Francs-archers] y asséent (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1448, 2). On asserra plus justement Les tributz desus les païs Selon ce qu'ilz seront fournis De peuple, sans aucun grever ; Bref ce n'est pour impost lever Mais pour paix entretenir. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 5).

 

b)

P. méton. Asseoir qqn (à un impôt) "Soumettre qqn (à un impôt)" : Et eu cas que les bonnez genz des villes et lieux du pays voudroient venir à composicion, tant de ce que il pourroient devoir à cause des dictes aides, que pour cause de ce à quey ilz pourroient estre assis pour le dit vuidement, si les y recevés par la manère que vous semblera estre à faire (Mand. Ch. V, D., 1365, 117). ...icelle ville de Lille, sans lesdiz supplians avoir esté présens à l'assiette faire ne y mis consentement, ait esté assise à la somme de neuf cens escuz de trente gros nouvelle monnoie de Flandres l'escu, qui est trop grande et excessive près de la moitié, selon l'estat et faculté de la dicte ville (Hist. Lille T., t.2, 1415, 493). ...nostre entencion n'est pas que au dit ayde soient assiz ne imposez noz amez et feaulx conseillers les presidens (Doc. Poitou G., t.7, 1423, 401). ...en deffendant par cesdites présentes aulx Commissaires qui seront commis à mectre sus et asseoir les tailles et autres impostz qui seront (...) mis sus de par Nous, qu'ilz ne les [les Francs-archers] y asséent (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1448, 2). Se par lesdits taux ou imposts desdites paroisses, lesdits Eleus ou commis voyent qu'il y ait aucunes personnes particulieres qui par hayne ayent esté trop assises et excessivement tauxées... (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1459, 486). ...ce neantmoins vous estes efforcez les fere asseoir et imposer es tailles, emprunstz et autres subsides de nostre ville de Lyon (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1485, 76).

 

-

"Impôt ; droit levé sur les marchandises" (synon. assise) : Charles, par la grace de Dieu roys de France, à nostre amé Jehan Gosse, prestre, receveur general de l'assis ordenné de lever pour le wuidement de la forteresse de Lyvarot, detenue nagaires par les ennemis du royaume, salut. (Mand. Ch. V, D., 1366, 169). ...[on peut transporter des marchandises] sanz pour ce paier aus maire, eschevins, jurez ou gouverneurs de la ville et commune de la Rochelle, ne à leurs gens, commis, fermiers ou officiers quelconques, aucune imposicion, taille, assis ou redevance aucune (Mand. Ch. V, D., 1377, 814). ...paieront assiz pour cause du dit grain par la fourme et maniere que s'il estoit vendu et acheté ou marchie d'icelle. (Vie urbaine Douai E., t.4, 1392, 670). A pluseurs taverniers de la ville de Courtray, pour vin beu et despendu au bail desdiz assiz, pour frommaige et fruit despendu à diverses fois audit bail fait comme dit est, 65 livres 8 solz (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 705). ...quant aux comptes des assis de la dicte ville, ilz les feront et asseront, tant en recepte comme en mise, par la maniere qu'il est accoustumé (Hist. dr. munic. E., t.2, 1422, 149). ...par lequel compte icellui argentier sera tenu de faire recepte entiere de toutes les rentes heritables es demaine que l'en nomme autrement le propre de nostre dite ville, et aussi des impostz, assiz, yssues et autres revenues (Hist. dr. munic. E., t.1, 1466,,, 111).

 

c)

Asseoir qqn à + inf. "Imposer à qqn de (à titre d'impôt)" : ...vous mandons et commettons que, (...) vous toutes les villes et parroisses des mettes du dit grenier, qui sont plus prochaines d'icelluy que d'autres, hors mise la dicte ville de Caen, composés et asseés à prendre sel eu dit grenier bien justement et loyalment (Mand. Ch. V, D., 1377, 746). ...tous les habitans des villes et parroisses de nostre royaume doient estre composez et assis à prendre ou plus prochain grenier à sel es pais où elles sont situées et assises, de trois mois en trois mois, telle quantité de sel comme iceulx habitans pevent despendre pour le gouvernement de leurs hostelz (Mand. Ch. V, D., 1378, 877).

 

-

Asseoir de + inf. : Et en effet, par tous les lieux de son royaume là où on soloit lever francs archers, il y assist de les lever au double nombre, plus que paravant. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 386).

 

3.

[Idée de donner, d'attribuer]

 

-

Asseoir (une rente, des terres...) "Assigner, donner" : ...deux cenz livres de terre à tornois, assises ou à asseoir selon la coustume du païs, ainssi toutevoies que elles ne soient pas de plus grant value ne de plus grant assise ou noblece que les autres deux cenz livres de rente (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 126). Philippe, par la grace de Dieu roys de France, à noz amez et feaux genz de noz comptes, salut et dilection. Comme nous soions tenuz à asseoir et assigner à nostre tres chere compaigne et espouse Jehanne de Bourgoigne, roÿne de France, en heritaige perpetuel, pour li, sez hoirs et ceux qui de li auront cause, sept cenz cinquante livrées de terre... (Comté Champ. Brie L., t.2, 1344, 58). Et adonc furent assises les terres ensuivant au dit roy de Navarre... (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, 1353, 2). Ou pais vous menray de France, Et si vous di bien sanz doubtance Je vous y asserray grant rente (Mir. Berthe, c.1373, 233). Pour asseoir terre en Bourgoingne convient regarder, ce c'est en hommes taillables à voulenté, combien a valu la taille en VII ans derrains passez et mettra on la somme de VII ans toute ensemble, et puis partie en VII parties, et sera assise pour la valeur de la VIIe partie (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 285). Comme le prieur et les frères prescheurs de Coustances fussent tenuz et obligiez a tournoir et assoir afin de héritage au priour et es frères de l'ostel Dieu de Coustances quarante et cinq solz tournois de rente chacun an à la feste Saint Michiel, comme plux a plain peut apparoir par un instrument sur ce fait, parmi lequel ces présentes sont annexées (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1391, 195). ...la cour condempne lesdiz ducs de Lorreinne, Henry et Charlot de Dueilly (...) à asseoir à la femme et enfans, ou ayans cause dudit feu J. Huel, cent libvres tournois de rente annuelle à vie (BAYE, II, 1411-1417, 76). ...De rente li assist .XX. livres son vivant. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 296).

 

-

Asseoir une rente en qqc. "Fonder sur qqc., affecter qqc. au paiement de la rente" : Et avec ce li donray rente Assise en maison, c'est m'entente, Pour son salaire. (Mir. st Alexis, 1382, 345).

 

-

Asseoir un prix. "Attribuer" : Si ert cilz eüreus qui avra tel povoir Que de donner biaus coups et puis du recevoir, Et c'om pourra le pris sur ses coups aseoir. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 71). Et benoit soit de Dieu qui le pris aserra Au meilleur qui i soit et qui le miex jousta, Car bien connois celui qui bien deservi l'a, Si que, a mon povoir, je croy le pris avra. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 81). De vert vestus a devise Furent .XX. aussi, qui tindrent La journeë, et y vindrent Les dames pour les vëoir Et pour le pris assëoir. (CHR. PIZ., Duc vrais amans F., a.1405, 105).

 

4.

[Idée de disposer, d'arranger qqc. d'une certaine façon]

 

a)

"Arranger (un propos) pour que l'expression soit correcte et juste" : Moult lui sëoit Son parler et bien l'assëoit, Car trestout deshonneur hëoit, Et doulcement me festëoit Quant il venoit (CHART., L. Dames, 1416, 219). Sainte Marie ! Comme bien assist son langage le noble conte d'Artois ! Il n'y ot adont celuy qu'il ne deist tout plainement qu'il avoit bien parlé (Comte Artois, c.1453-1467, 70).

 

-

"Formuler (un énoncé, un mot)" : Lamentez sa mort rigoreuse ; Le dolourer ne cessez mie, Mais advertissez Ysaÿe Qui de vous a telz vers assis En disant : Angeli pacis Dolentes amare flebunt. Tous ceulx qui furent et seront Ne se pourroient trop contraindre A sa mort lamenter et plaindre (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 348). Laquelle chose fut interprétée en mainte bouche estrangement, et machée et retournée en murmure contre luy. Et disoient lors les gens que c'estoit un haut mot, et dont le taire luy eust esté plus honneur que l'avoir là assis. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 347).

 

b)

"Disposer, associer (des couleurs)" : L'art de paintures fust premier trouvé en Egipte en pourtraiant le umbre d'un homme de lignes contre le mur. Et puis le firent de simples couleurs, et aprés ilz se estudierent a le faire de diverses couleurs, et ainsi pou a pou cel art a prouffité et trouvé la difference de couleurs et la maniere de les asseoir. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 384). Quant le chevalier vint au lez de la caverne, il regarde et voit l'une des merveilleuses bestes du monde, la plus terrible qu'il eut oncques veue. Celle beste avoit teste de serpent et le col d'une beste que les Sarrasins nomment dogglor, et estoit ce col tant merveilleux que toutes les couleurs du monde y apparoient ordonneement assises et compassees. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 215).

B. -

S'asseoir

 

1.

[D'une personne]

 

-

S'asseoir en qqc. "Se fonder sur qqc." : ...quant je m'assieds en toutes ces considérations, il est vray apparent que princes doivent administrer au peuple ce qu'ils ont de Dieu (CHASTELL., Livre paix K., 1468, 394).

 

-

S'asseoir [à une rançon] "S'engager à payer telle somme" : Le jeune homme manda à sa femme (...) la grant somme en quoy il s'estoit assis pour eschever la mort (Journal bourgeois Paris T., 1422, 171).

 

2.

[D'une chose abstr.] "S'installer" : Et depuis ceste provision et assegnement fet, les diz contes de Flandres et de Nevers mors, debas s'assist pour la succession de la conté de Flandres en Parlement. (Arch. Nord, 1330, B 4027, f° 6 v°, IGLF). Mais vous, qui si dur cuer portez En si beau corps, se dire l'os, Gaingnez le blasme et le deslos De crüaulté qui mal y siet, Se Pitié qui depart les los En voustre hault cuer ne s'assiet. (CHART., B. Dame, 1424, 355). Et don de prophecie se assiet sur lez humbles et sur lez innocens, et l'office de messagerie divine n'est jamaiz commis a celui dont la vie est contraire a sainte doctrine. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 119).

C. -

(Estre) assis

 

1.

[D'une pers.]

 

-

"Posé, de caractère mûr" : ...car il [des personnes âgées] sont expers et assis. D' autre partie, car il ne ont plus la force de chaleur qui les meuve a ouvrer selon leur passions et selon leurs desiriers. (ORESME, E.A.C., c.1370, 273).

 

-

[D'une chose personnifiée] "Calme, posé" : Par ces solutions et decisions catholiquez demoura Entendement assis et rendu en plus doulz repos de conscience, car des secrés de sa pensée furent baloiez tous scrupullez sur lez jugemens divins. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 85).

 

2.

[D'une expression, d'une façon de parler]

 

-

Bien assis

 

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"Bien tourné, bien formulé" : Tout Espaignol adont priserent moult les dis, Li uns a l'autre dist : "Cilz moz est bien assis ; Pour Pietre nostre roy a esté cis fais dis, Or fault qu'ilz soit boutez et tenuz annemis." (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 193). Seigneurs, Dieu vous donne sa grace ! Voila ung salut bien assis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 874).

 

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"Convenable, bienséant" (Éd.) : Madame, je n'ay veu es pucelles fors que toute courtoisie et honneur et leurs dictz et leurs fais sont si beaulx et sy bien assiz que jamais ne sera heure que mieulx n'en vaille. (Percef. II, R., t.2, c.1450 [c.1340], 126).

 

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Assis à point. "Bien tourné, bien formulé" : De vostre bouche ung mot ne volle Qui ne soit bien a point assis, Par quoy vous povez sans frivolle Percier ung cueur d'acier massis. (Chev. dames M., c.1462-1477, 60).

 

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[D'un nom] "Qui convient, qui s'applique bien (à qqn)" : Cil [Jésus] sera grant et agensiz De tout bien qui est en enfant ; Sera dit, par nom bien assis, Le filz du tres hault triumphant. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 51).

 

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Mal assis. "Déplacé, grossier" : Là estoit ly soudans de toille reviestis (...) Ung grant livre tenoit qui d'or estoit escrips : Là disoit et urloit des parlers mal assis. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 254). Willaume Piercheval, dou Castiel en Cambresis fu trouvés armés maudeuwement a Marlis en disant hautainnes paroles et mal assises. (Arch. Nord, 1362, B 11 684, f° 5, IGLF). Car en habondance de paroles ne peut estre qu'il n'en y ait aucunefoiz de mal assises aucunement (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 105). ...et luy estant entre eus, il se maintindre les aucuns si mal grasieusement et se li dirte aucuns rudes langages mal asis, quil [l. qu'il] ne prit point a leure [l. l'eure] trop bien en gre [l. gré], et outre plus tiendrete leur porte closse (JEAN DE HAYNIN, Mém. B., t.1, 1466-1477, 198). ...souvent d'une petite parolle mal assise advient ung grant dangier et grant noise. (MACHO, Esope R., c.1480, 103).

 

3.

[D'un chant] "Calme, posé" : La chantoient doulx chant assis, Selon le temps qu'adonc estoit. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 225).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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