C.N.R.S.
 
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     ARDRE     
FEW XXV ardere
ARDOIR, verbe
[T-L : ardre ; GD : ardoir/ardre ; GDC : ardoir/ardre ; FEW XXV, 140a : ardere]

I. -

Empl. trans.

A. -

Qqn art qqc.

 

1.

"Brûler qqc., y mettre le feu, détruire par le feu" : ...Que ses temples et ses ydoles Trebuche et arde conme foles, Et mes eglises restitue (Mir. st Sev., 1362, 202). Item ase, comme l'en dit, La malice de air amendrit Et défent de corruption De sa propre condition, Et qui sur les charbons mettroit Pièces de coins et les ardroit, Ilz chaceroint la mauvaité Du feu par leur propriété (LA HAYE, P. peste, 1426, 81). ...ardre et bruler tous les papiers qu'ilz trouverent sur le fait des aides (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 51).

 

-

[...des cadavres, des carcasses...] : Et endementiers on fera ensevelir les mors et ardoir les chevaulx mors. (ARRAS, c.1392-1393, 164). Et lors fist on crier par la cité que de chascun hostel alast un homme sur le champ pour assembler les Sarrasins mors sur une montaigne et y portast on grant foison bois, et feust le roy Selodus mis tout au dessus, et feussent tous couvers de bois, et feust le feu boutez dedens, et feussent tous les payens ars et bruiz, et tous les crestiens enseveliz et mis en terre saincte. (ARRAS, c.1392-1393, 186). Adont compta le roy d'Ausais aux deux freres comment le roy Fedric avoit esté mort en bataille et comment le roy de Craquo avoit fait ardoir le corps ou despit de toute crestienté ; et pour ce avoit il fait ardoir le roy Selodus et tous les Sarrasins. (ARRAS, c.1392-1393, 187).

 

2.

"Allumer (pour éclairer)" : ...rompirent et ardirent aussi les cierges et tout le luminaire dudit monstier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 224).

 

3.

"Incendier" : ...lezquellez [compagnies] firent tant de inhumanités et dez donmages, tant ez eglyses arsez et destruites, que ou propre demaine du royaume et en celluy dez subjés aussi, lezquelx ne pourroient estre humainement estimés (Songe verg. S., t.1, 1378, 276). ...et que puis XVIIJ ans a ou environ, ycellui chastel, par le temps des guerres qui ont esté ou pays, a esté du tout ars, destruit et abatu, et de present n'y a aucun edifice, mais que la place seulement. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 184). Nous leur ardismes, n'a pas plus de trois jours, tout leur navire. (ARRAS, c.1392-1393, 135). ...et leur comptent moult piteusement la destruction de Japhe, et comment crestiens ont tout mis a l'espee et arse la ville. (ARRAS, c.1392-1393, 226). Et ardirent li Englois toute l'Escoce jusques a la ville de Saint Jehan (FROISS., Chron. D., p.1400, 218). ...s'en retournerent par Cresci sus Sele et l'ardirent (FROISS., Chron. D., p.1400, 328). ...chevauchierent vers Abeville, ardans et essillans le pais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 705). A Priant vindrent les nouvelles (...) Comment Gregois orent (...) la cité toute pillee, Gastee et arse et exillee. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 56). Toutefoiz, dit la prophecie (...) Que cilz chasteaulx sera tous ars Et feu bouté de toutes pars. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 136). Ce sont ceulx qui voz peres et voz predecesseurs ont souvent guerroiez, ars et degastez voz champs et voz villes et qui de tele ligne sont issuz que naturelment convoitent anyentir du tout vostre generacion. (CHART., Q. inv., 1422, 18). Labourages Et villages, Bourgs, villes, chasteaulx, passages, Ars, destruis, et mis au bas ! (CHART., L. Paix, a.1426, 414). Neron, Neron, mal esploitas, Quant oultre droit or convoitas, Quant ta propre mere tuas, Quant d'une reyne t'empregnas, Quant home pour fame espousas, Quant Romme ardis, la gent grevas, Quant les apostres martiras, Quant en tout mal te demenas, Quant en rez d'or en mer peschas, Et or vousis et or buras. En or boullant boulu seras Et sans durer y dureras. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 156). ...destructions d'esglises, en ycelles bouter feulx et ardre le precieux corps Jhesu Crist, hommes, femmes et enfans dedans (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 256). ...Dieu sçet les maulx que le dit Edouart et ses aliés firent (...) comme de prendre, ardoir, destruire citez, villes et pays (JUV. URS., T. crest., c.1446, 116). Julius Cesar au Senat je [moi Fortune] vendiz, En Egipte Pompee je perdiz. En mer noyay Jazon en ung boullon Et une foys Romme et Rommains ardiz. Par mon conseil prens tout en gre, Villon ! (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 64). Maison arce par guere. Jugement (...) que dit que s'on airt une maison en ville foulement par cause de weire, il convient que cil a qui ons ont ladite maison laiee a cens refece, de pués qu'il doit ladite maison laixier en bon estait. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1365], 420-421). La nuyt que Troye fut arsse et consumee... (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 334).

 

4.

Empl. abs. [Valeur passive] : ...car il ont de luille doliue assez pour ardoir et pour mangier, et si en ont aussi par miracle de Dieu. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 260). Car, quant l'arbre bon fruyt ne rend, L'on le couppe si le prend Et est mys au feu pour ardoir. (Pac. Job M., c.1448-1478, 200). ...et au desloger abatirent toute la couverture dudit lieu, et en emporterent toutes les poultres, solives, huys, portes, fenestres et tout le portatif, pour eulx taudir et pour ardoir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 96).

 

-

"Se chauffer" : Les religieux, abbé et couvent de Notre Dame de l'Ille Dieu ont es forestz de Lions (...) usage à ediffier, ardoir et reparer, par livrée, à cause de leur dicte eglise. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 1).

B. -

Qqn art qqn [ou un animal]

 

1.

"Faire périr par le feu" : ...car li Samnicien, quant il les virent desarmez, les avironnerent et mistrent le feu de toutes pars et les ardirent (BERS., I, 9, c.1354-1359, 12.8, 22). ...elle avoit esté arse, en son hostel à Lysieux, par les Englois (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 74). Et de ceulx, dit uns appellez Gervaise, que les luitons vont de nuit et entrent dedens les maisons sans les huys rompre ne ouvrir, et ostent les enfans des berceulx et bestournent les membres ou les ardent. (ARRAS, c.1392-1393, 3). Lors yst hors et tyre les huys, et les ferme bien et fort, et fait a toute la mesnie de leans apporter fuerre et busche, et le fait getter avec les moynes, et jure Dieu qu'il les ardra tous la dedens. (ARRAS, c.1392-1393, 251). Monseigneur, il est verité que Gieffroy au grant dent, vostre filz, a prins telle merancolie et tel dueil de ce que Fromont, vostre filz, se estoit rendu a l'abbaye de Malleres, qu'il y est venu, et a trouvé l'abbé et tous les moines en chappitre. Sachiez qu'il a bouté le feu dedens et les a tous ars et bien la moitié de l'abbaye. (ARRAS, c.1392-1393, 252). ...il commanda a la royne (...) Que, soubz peine de vie perdre, Se fille avoit, la feïst ardre (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 44). Ainsi les ungs perissent par fer ; aultres sont ars, aultres contraints de sallir en l'eaue sans nulle merci (BUEIL, II, 1461-1466, 57).

 

-

[Un animal] : ...en chaude cole prindrent le porc et le porterent en la place devant la dicte eglise, et l'ardirent en un four qu'ilz firent de mottes de terre. (ARRAS, c.1392-1393, 29).

 

-

Ardoir [une partie de son corps] à qqn [ou une partie du corps de qqn] : Prueue moi sire et me tempte et examine, air et brule mes reins et mon cuer. (Psaut. lorr. A., 1365, 27).

 

.

[Formule de jurement] : Laissez hardiement. S'il entre ens, Je vueil qu'on m'arde le museau. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 328).

 

2.

En partic. "Brûler sur le bûcher, faire périr (un condamné) par le supplice du feu" : Bien cuida la danzelle que son temps feust allés Et que pour la hardoir feust le feu alumés (Tristan Nant. S., c.1350, 438). ...[frère Jean de Rochetaille, soupçonné d'hérésie] les preuves veritables dont il s'armoit le sauverent de non estre ars trop de fois. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 232). Veu lequel procès, et ouys lesdites opinions, ledit mons. le prevost, en la presence d'icelle prisonniere et des dessus diz, condempna icelle prisonniere à estre arse comme murdriere. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 268). ... et, pour ce, fu justicé et ars, et illec fini ses jours en l'an et jour dessus derrenierement dit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 567). [Robert d'Artois, accusé de faux, tombe en disgrace] Et fu celle lettre condampnee en parlement a Paris, et une damoiselle d'Artois arse (...) et messires Robers d'Artois jugiés à morir honteusement, se on l'euist tenu (FROISS., Chron. D., p.1400, 196). Par procès de l'Eglise, Jehanne, qui se faisoit appeller la Pucelle (...) a esté arse et brulée en la cité de Rouen. (FAUQ., III, 1431-1435, 13). C'est dommaige qu'on ne l'ardi Passé dix ans, ce faulx barteur. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 278). Alors le conte de Jarre, sans demander conseil a nul, fist prendre et saisir ma femme, en faisant serment moult grant que .VIII. mois luy donroit espace pour trouver champion pour son corps deffendre, ou se trouver ne se pouoit, le jour passé le feroit ardoir et bruyr. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 18). Et pour ce concluoit a l'encontre d'elle qu'elle feust condempnee a estre arse et brulee ou, a tout le moins, qu'on luy perçast la langue d'ung fer chault devant tout le monde (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 85). ...et sadicte fille fut arse à Maigny près Pontoise (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 166). Elle [la Vierge] estoit de la lignie sacerdotale, et teles estoient arses et bruslees. Les aultres adulteres estoient lapidees. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48).

 

-

Empl. abs. [Valeur passive] : ...dont elle fu condampnée a ardoir (Mir. femme roy Port., c.1342, 151). A mort est jugee. Maintenant sera amenee Ardoir (Mir. enf. ress., 1353, 57). ...il a envoyé querir ma damoiselle et getté sus elle sentence de mort aspre et honteuse comme d'ardoir (Comte Artois S., c.1453-1467, 49).

 

-

P. méton. Ardoir qqn. "Brûler à qqn toutes ses possessions" : Et orent celle nuit parlement li honme de Pois (...) au conte de Warvich (...) pour euls sauver de non estre ars [et ils rachètent leurs biens contre une certaine somme d'argent] (FROISS., Chron. D., p.1400, 703).

 

-

[Formule de jurement] : Toute vive je puisse estre arse Si je ne vous dis vérité ! (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 32). ...Mais, se j'en boy, je puisse estre ars ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 152). Car j'eusse plus cher qu'on m'eust arse Que de mener meschante vie. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 175).

C. -

Qqc. art qqn / qqc.

 

1.

[Du feu] "Brûler, consumer" : Cartage (...) qui jadis fut tant redoutable aux Rommains, ou a elle tourné sa grant gloire sinon en la cendre du feu dont elle fut arse et embrasee ? (CHART., Q. inv., 1422, 3). Et comme avint que le feu eut arses toutes les maisons d'environ icelle, ledit Guillem voyans les autres maisons cheoir toutes ardans contre icelle, et le feu devant et derriere entrant en icelle, se reclama et voua derechief a madame sainte Katherine de Fierboys (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 26).

 

-

Empl. abs. : Il est a scavoir que action ou operation ez choses divines comme ez choses materieles se partist en deux. L'une met dehors en la chose en laquelle elle euvre, comme la chaleur du feu, qui eschauffe ou ard. L'aultre ne met riens dehors (Somme abr., c.1477-1481, 166).

 

-

En partic. [Du feu de l'Enfer] : ...tu pues puisier et tirer du puis de ton cuer, qui est dedans toy, l'eaue pure et nette, pour estaindre le feu qui art tes amis en purgatoire (GERS., Déf., 1400, 229). Que Dieu (...) De mes pechiez ne se recorde Que la lasse [l'âme damnée] ne soit jugee Dë estrë arse ne brulee (Prières saints R., t.2, c.1400-1500, 505). Tu as beauté corporelle mais tantost les vers la rongeront. Tu as beauté corporelle, prens toy doncques garde que elle ne soit arse et bruie du feu pardurable, car dommaige seroit. (GERS., Concept., 1401, 417). O dolente et meschante fame, O des autres la plus infame, Par quel point pourras eviter La dure et destreteuse flame D'enfer ardant le corps et l'ame (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 185).

 

.

[Dans des formules de malédiction ou de mise en garde] : Or saillez dehors, faulce garce. Que du feu d'enffer soiez vous arce Tant nous avez donné de paine ! (Pac. Job M., c.1448-1478, 314). SATHAN. (...) Venez, dyables, m'aÿder A mon entreprinse Pour remedier. En telle maniere mise, Nostre marchandise Se pourra bien perdre. Saillez, venez en ceste place, Que le feu d'Enfer vous puist ardre ! (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 107). ...et te donne garde Que le grant feu d'enfer ne t'arde. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 41).

 

-

[Du feu du bûcher] : ...fu icelli Robin mis et lyé à l'atache avec les bourrées, et le feu illec print pour ardoir icelli Robin, lequel, estant en cest estat, continua en toutes les confessions cy-dessus escriptes, par lui faites (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 567).

 

2.

[Du soleil, de la chaleur qui brûle la terre] : ...nulz n'osoit chevaulchier pour la grant chaleur du soleil, se il ne voloit estre tous ars. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 84). ...estoient les terres dures et seiches et arses du soleil (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 84). ...le chault soleil (...) les ardera et les occhira [les Anglais, pense le roi de Castille] (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 92).

 

3.

P. anal.

 

a)

[De l'alcool] : ...les vins ardans (...) leur ardoient les foies et les poumons (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 84). Cuydes tu venir a valeur Pour estre de vins avaleur ? Boire par excés main et tard Ton ame en enfer maine et te ard Le foye, le cueur et les boyaulx (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 48).

 

-

"Brûler (le gosier)" : Veez cy du vin de la Cougnille Et du vin blanc de Pie Girard Advisez commë il fretille ; Il brusle le goisier et ard. (Bataille st Pens. A., a.1485, 21).

 

b)

[D'une maladie, d'un mal]

 

-

Empl. abs. : SYMON LE LEPREUX. Ma chair souefvement nourrie, De beaulté mondaine florie, Est moult corrumpue et deffaicte : (...) Je languis en moult dur esmoy Et n'est homme qui me sequeure ; Je me tiens ycy en aboy, Ars et brulé si je ne boy Et n'actens l'eure que je meure. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 123).

 

c)

(Le feu) saint Antoine art qqn. "L'ergotisme du seigle brûle qqn (érésipèle gangreneux très douloureux provoquant des sensations vives de brûlure ; on demandait à saint Antoine la guérison de ce mal)" : ...Qu'i ne soient ars et brulez Du cruel feu de saint Anthone. (Prières saints R., t.2, c.1400-1500, 48).

 

-

[Dans des formules de malédiction ou de jurement] : Item, laisse le Mortier d'or A Jehan, l'espicier, de la Garde, Une potence de sainct Mor, Pour faire ung broyer a moustarde. Et celluy qui fist l'avangarde Pour faire sur moy griefz exploiz : De par moy, saint Anthoine l'arde ! - Je ne luy feray autre laiz. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 27). Saint Anthoine arde la louve ! (C.N.N., c.1456-1467, 253). Sainct Anthoine arde le tripot ! (...) Sainct Anthoine arde la monture... (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 327). Car le feu Saint Anthoine m'arde S'il m'en challoit pas d'un ongnon (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 358). Pour hanter l'instrument de bas Je suis banny de saincte Croix, Sainct Anthoinë ard le cabas. (Sots, c.1480-1500, 265). Sainct Anthoine arde le vieillart ! (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 38). Je n'ay, ou sainct Anthoine m'ard, Pas ung [Éd. : «"Je n'ai pas un" (sous-entendre quelque nom de monnaie, comme sol)»]. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 136). Que le maulfeu de sainct Anthoyne t'arde (LA VIGNE, S.M., 1496, 221).

 

.

Le feu l'arde : Se tu le fais, ha ! le feu m'arde ! (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 451).

 

.

Mal feu l'arde : James ne se persist, il garde [l. Jamés ne se presist il garde] De leur amours, mes mal feu l'arde ! (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 162). Male Bouce, que mauls feus arge... (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 158). ...c'est Danemont, qui mal feux arde ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 56). Le [mau] feu arde tes conduys (Sots, c.1480-1500, 265).

 

4.

Au fig. Qqc. art qqn. "Qqc. consume qqn"

 

a)

[De l'amour, de l'ardeur d'amour, du regard d'amour...] : ...onques nuls homs Atains de l'amoureuse flame Qui nuit et jour m'art et enflame N'eut ses saisons Si douches ne les temps si bons Que j'averoie. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 133). Et tele amour n'art ne entame Cuer d'amant, ne ne fait doloir, Ains lui est plus douce que basme. (Cent ball. R., c.1388-1396, 178). Lors que mon oeil de veue vous erdera... (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 193). L'ardeur d'amour, qui les cuers art... (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 93). J'actens l'omosne de Douceur Par l'aumosnier de Doulz Regart, Espoir m'a promis de sa part Qu'i me fera toute faveur. En esperant que ma langueur Cessera qui tant mon cuer art... (Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 79).

 

-

Empl. abs. : Ardant desir de veoir ma maistresse A assailly de nouvel le logis De mon las cueur (...). J'ay essayé par lermes a largesse De l'estaindre, mais il n'en vault que pis ; C'est feu gregois, ce croy je, qui ne cesse D'ardre, s'il n'est estaint par bon avis. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 45).

 

-

RELIG. [De l'amour divin] : Son amour en meditation est comme feu ardant qui me brule et art (Disc. amour divine, 1470, 170).

 

.

Empl. abs. : Congnoistre Dieu art et incite En nous de charité l'ardour (DESCH., M.M., c.1385-1403, 206).

 

b)

[D'un vice, d'un désir, de l'argent...] : Ains me faut ensi tenir Et sentir L'ardant desir Dont je sui ars et bruïs (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 173). Car ainsi comme le pechié envenime et art le cuer de l'envieux... (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 40). Les unes sont livrees en la gueule des loups d'enfer pour estrangler. Les autres trebuschent es fosses de ire ou de impacience. Les autres sont arces ou eschaudees par la chaleur de mauvaise concupiscence. (GERS., P. Paul, a.1394, 491). On la garde que elle ne trebuche en la fosse d'orgueil, qu'elle ne se dessire par les espines d'ire, d'envie et de rancune, que elle ne soit roingneuse par paresce, arce par luxure, engelee par convoitise, et ainsy des autres vices. (GERS., Noël, p.1404, 297). L'embusche de Plaisir entra Parmy tes yeulx soutivement ; Jennesse ce mal pourchassa, Qui t'avoit en gouvernement Et puis bouta priveement Dedens ton logis l'estincelle D'Ardant Desir, qui tout ardy (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 91). Le feu d'avarice nul n'arde ! (Pass. Auv., 1477, 125). Il est escript ou .IXe. chappittre d'Ecclesiastique : "Les parolles de femme non chaste ardent et brulent comme feu." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 135). Ho, argent, qui brusle et art gent, Tant tu brusles et abetis Le cueur des grands et des petis Qui trop ardanment te desirent ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 339).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

Au propre

 

1.

[D'une chose]

 

a)

"Être en feu, en flammes, brûler, se consumer" : ...par ma mauvaise avarice Le basme qui tant bonne et belle Clarté rendoit en la chappelle Saint Pierre ay vendu : plus n'y art (Mir. pape, 1346, 369). Et soit tourné [le sanglier sur le feu], puis d'unne part, puis d'autre, tant que nul poill n'i demuere, mes soit gardé qu'il ne s'arde trop. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 186). ...il s'arresta sur la riviere, et fist la son logis en maniere de ung croissant, et le fist assez large, et y fist porter toute chose neccessaire qui povoit ardoir et assembler tout le bois et fist bouter le feu (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 49).

 

-

[Du Buisson ardent] : Et ce fu bien li buisson figurans Que Moyses vit ardoir et esprendre Sanz verdeur perdre en branche (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 246).

 

-

[Dans un cont. métaph.] "Se consumer" : ...Car, com plus vif, et plus m'enflame De vous li amoureuse flame. En mon coer s'art et estincelle La vive et ardans estincelle Qui ne prendera ja sejour Heure ne de nuit ne de jour. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 163). Hayne porte le feu dont elle s'art ; Qui n'a Amour et amis, il n'a rien. (CHART., B. Nobles, c.1424, 401).

 

.

"Se consumer, se perdre (?)" : - Venez vous ent. Avez argent n'ami ? - Oil, par Dieu, combien vous fault, lanssart ? - Soixante escus, ou votre procès s'art [Éd. : «s'allumer, commencer»]. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 30).

 

b)

[D'un cierge, d'une chandelle, d'une torche] "Se consumer en éclairant" : Je Jaiques de Vienne, sires de Longvi (...) vuis et ordene que le jour de mon obseque aucuns chevalx, espee, ernois ne soient offers, ne aucun orguil do monde demenex, mais soit couvars mes vaiz d'ung bon burel noir, doquel burel trente povres soient vestus de cotes et de chappirons, et tendra ung chascung desdiz povres en sa main une torche de quatre livres de cire tote ardan par le temps que l'on dira le derain office. (Test. Besanç. R., t.1, 1372, 459). ...après heure de cuevre-feu, se parti de son hostel ayant son mantel vestu et une chandele ardant en ses mains (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 256). Et y a en la chambre tant de richesse que c'est sans comparoison, comme chandelabres d'or et de riches pierres, torches, lampes qui y ardent jour et nuit. (ARRAS, c.1392-1393, 14). ...pour une ymaige d'argent, armoiée aux armes dudit Seigneur, que le dit Seigneur ordonna faire et mettre devant Notre-Dame de la Coronne, 60 fr. ; et une autre partie pour 4 florins de rente achetez, pour servir une lampe, pour ardoir devant ledit ymaige, 40 fr. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 135). ...en l'eglise de Paris, en laquelle ilz offreront et laisseront chascun son cierge ardant devant l'image Nostre Dame, devant laquelle ymage lesdis cierges ardront tant qu'ilz pourront durer. (FAUQ., I, 1417-1420, 377). ...tenant la chandelle ardant en sa main. (C.N.N., c.1456-1467, 113). En oultre, convient avoir grant nombre de pavoiz et de fallotz, tant grans que moyens avec tonneaulx de gresse pour faire ardre les fallotz dedans (BUEIL, II, 1461-1466, 48).

 

c)

"Être incendié" : ...et certes ce que il virrent les tentes ardoir les esmut plus fort, combien que le feu n'eust esté mis mais seulement es prouchainnes tentes et non mie partout (BERS., I, 9, c.1354-1359, 23.14, 43). Et la commenca fort le trait d'arbalestres et de canons. Mais la grant flote de noz gens vint sur eulx [les Sarrasins], et, par la force des ondes, la nef qui ardoit se bouta entre eulx. (ARRAS, c.1392-1393, 89). Et comme avint que le feu eut arses toutes les maisons d'environ icelle, ledit Guillem voyans les autres maisons cheoir toutes ardans contre icelle, et le feu devant et derriere entrant en icelle, se reclama et voua derechief a madame sainte Katherine de Fierboys (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 26).

 

d)

[Du feu] "Brûler" : Et le feu ardoit grant en la cheminee. (ARRAS, c.1392-1393, 308). Et, se il advient que le oeil attraire Veulle pour luy chose contraire Comme le soleil regarder, Ou que il voye le feu arder, Telz choses sont a l'eul perilz. (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 15). Et est assavoir qu'il est une manière de faire et composer certain feu, lequel aucuns appellent feu grec. Pour ce peult-il ainsi estre appellé : car trouvé fut par les Grecz estans au siège devant Troye, ainsi que dient aucuns. Celluy feu art, meismement en eaue, pierres, fer et toutes choses brouist, ne estre ne peut estaint fors par certaines mistions que on fait à l'estaindre, mais par eaue non. (BUEIL, II, 1461-1466, 57).

 

-

[Du feu de l'Enfer] : Au plus bas, est le hideux gouffre Tout de desesperance taint Ou, sans fin, art l'eternel souffre De feu qui jamais n'est estaint (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 210).

 

e)

[D'un volcan] "Être en activité" : On dit que cestui ala aux mons de Ethna, qui tousjours ardent sans diminuer, et y ala plus avant que homme n'avoit encore fait (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 r°).

 

f)

[D'un aliment]

 

-

"Rôtir"

 

.

[Dans un cont. métaph.] : De son corps fauldra faire un haste Ardent en flame. (Mir. femme, 1368, 213).

 

-

"Être soumis à une source excessive de chaleur" : Et, quant on verra qu'il aura boully, que on aye dez eufz entregetéz tres bien batus pour le lyer et que on ne le lye pas tropt chaud que lez eufz ardroient. (Recueil Riom L., c.1466, 74).

 

2.

[D'une pers.]

 

a)

"Se brûler" : ...et aussi plusieurs de cez bestes se ardoyent ou feu (WAUQUELIN, Conq. faits Alexandre, c.1448. In : Chrestom. R., 107).

 

-

Prov. : Tel se cuide chauffer qui s'art. (Liber Fort. G., 1346, 78). Pour ce vous loe eslongier le regart De vostre dame et tout son beau repaire, Quar qui plus est près du feu plus tost s'art. (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 343). On s'art qui est pres du feu (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 404).

 

b)

"Brûler" : Ainsi siet celle entre les flames, Sanz ardoir (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 20). Quelque vïande que je gouste, En moy ne remaint grain ne goute : Il semble que tout le corps me arde. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 183).

 

-

[De l'âme en Enfer] : Et qui vivra non dignement Il ardra pardurablement En la dolante compaignie. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 209).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : ...vous me voyéz arder en si aspre feu, et faictes semblant qu'il ne vous souvienge de mes soupirs ! (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 577).

 

c)

En partic. "Subir le supplice du bûcher" : Mais celle, voyant tous, ens ou feu se lança Et ardi de son gré ; tout le scien corps flamba. (Tristan Nant. S., c.1350, 61).

B. -

P. anal. [Du corps, d'une partie du corps ; avec un datif "éthique"] "Produire une sensation de brûlure" : Hee ! doulx filz, quant je vous regarde, Me sanble que tout le corps arde Du meschierfz et de la doleur Que faulx Juïfz par leur foleur Font par tout vostre corps souffrir. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 215-216). Courroux si m'a le corps usé, Mon corps en art plus fort que flame. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 38). Brief, on n'eust sceu en ce monde sercher Meilleur pïon pour boire tost et tart. Faictes entrer, quant vous orrez hucher, L'ame du bon feu maistre Jehan Cotart. Prince, il [maître Jehan Cotart] n'eust sceu jusqu'a terre cracher, Tousjours crioit : "Haro, la gorge m'art !" Et si ne sceust onc sa seuf estancher L'ame du bon feu maistre Jehan Cotart. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 103). Il me semble que la main m'art Si fort la m'advés vous cassee ! (Pass. Auv., 1477, 209).

C. -

Au fig.

 

1.

P. métaph. [Dans le domaine de l'amour] "Être épris d'amour" : ...Et pour mon coer assouffire, Qui a toute heure souspire, Frit et art (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 160). Dittes qu'on me viegne secourre, Car vraiement j'ars tous en pourre (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 154). J'escrie lors : "J'ars tous et flame !..." (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 154). Vecy le gallant qui la suyt, Qui art en amours comme flamme, Estant d'elle tresfort en ruyt. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 378).

 

2.

RELIG. "Éprouver l'amour divin" : A ensieuvre leur examplaire Fut saint Evroul grant luminaire, Au monde cler et reluisant De fez, de diz, a nul nuisant, Dedenz divinement ardant, Dehors de pechié soy gardant (Vie st Evroul S., c.1350, 38). Tu qui es cecy regardant, Jeunes, en l'amour Dieu ardant, Ceste bataille achieveras (Mir. st Lor., 1380, 163). Playse toy, Sire, que le mien cuer arde et se delite, ma pensee et tout mon entendement et tout l'esperit par le desirier de ta vision soit enflammee. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 44). ...il est ravis en esperit ou sus son esperit ; il a sa conversation es cieulx ; il vit d'amour ; il art plaisanment et paisiblement sans obscurté de fumée. (GERS., Montagne contempl. G., 1400, 30). Fay [Marie] mon cuer ardoir doulcement En amant Dieu Jhesu forment (Stabat H., III, c.1400-1450, 28). Hellas ! Nous ne l'aymons pas de telle amour en laquelle nous deussons continuer tant que noz cueurs n'en fussent pas tant seullement eschaufés, mais tous ars en son amour (Vie J.-C. M.B., c.1429-1458, 128). Et derrenierement voy je affuir vers toy la plus parfaitte de toutes, dame Charité, laquele pour mettre main en ta perfection et pour te faire estre non militant sans plus, mais glorieuse, triumphant championne sur toutes, se vient offrir droit cy et dist qu'elle est toute eslevee ou ciel par contemplation et qu'elle est toute distraite des choses terriennes par option de plus precieuses. Elle art et brulle en divin amour, ne quiert riens qui soit dehors, elle aime chascun comme soy mesmes, soeuffre tout par humilité, de riens n'a murmure, de riens envie ne dueil, de riens n'a angoisse ne clameur, for[s] de ce qui contourne a la gloire et a la sempiterne laudation divine, la ou elle pend en ame et en corpz. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 183). ...[l'esperit d'amour seraphique] tousjours art par amour et sainct desir sans refroidir et sans cesser de son amoureuse operation (Disc. amour divine, 1470, 346).

 

3.

"Être animé (d'un sentiment très vif)" : Dolant en fut Galaffre, le ceur lui frit et art. (Tristan Nant. S., c.1350, 205).

 

-

Ardoir de qqc. : Mais se de charité ardissent, La perte de mours plus cremissent ["si les clercs étaient animés de charité, ils craindraient (plus qu'ils ne le font) la perte des moeurs (chrétiennes)"] (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 121). Quant il scet, ce [l.scet ce,] vis est qu'il arde De liece et d'esbatement. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 186). Cil qui vueult bonté ensuir, Il doit envie moult fuir ; (...) Ainsi l'envieux tousjours art Du feu d'envie de toute part. (CH. D'ORLÉANS, L. péché C., 1404, 547).

 

-

"Être animé de l'envie, du désir de qqc." : Se amans aux biens passez regardent, Tant moins en ont et plus en ardent (CHART., L. Dames, 1416, 247). Il semble qu'il ayt l'engin rude. Mais il brusle et art en l'estude... (Maistre Mim. T., c.1480-1490, 252).

 

.

Ardoir de + inf. : Plus voit de lui suspeçonner, Plus de faire son vouloir art ["Plus la femme voit que (son mari) la soupçonne, et plus elle brûle de faire ce qu'elle désire"] (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 87). Le bon duc, qui tout ardoit de faire son voiage et d'executer ce qu'il avoit promis, fit diligenter son partement... (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 397).

III. -

Part. prés. en empl. adj. Ardant. V. ardent

IV. -

Part. passé en empl. adj. Ars

A. -

Au propre. "Brûlé" : LUCIFER. Or va doncques ! Que tous les noirs De l'orrible lieu desolé Te ramainent ars ou brullé ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 352).

 

-

"Entamé par le feu" : ...ungs ays d'or d'unes Heures, qui furent toutes arses ès quatre coings, desquelz ayz, et ou mylieu, sont les armes de France (Invent. mobilier Ch. V, L., 1380, 293).

 

-

Pain ars. "Pain grillé" : Puis broyez percil et pain ars, et coulez par l'estamine (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 221).

 

-

Ceinture / bottes... arses. "Ceinture, bottes en cuir brûlé, cuit" : Et tourjours boyvent come bottes [var. botes arses] (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 20). ...or lui fault restraindre son estat et croistre celui de sa femme ; or convendra qu'il se passe d'une robe en ung an et de deux paires de souliers, une pour les jours ouvrables et l'autre pour les festes, d'une sainture arse a deux ou trois ans. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 26).

 

-

[D'une terre brûlée par le soleil] : Car il songa telle adventure Qu'il vëoit, en une pasture Si arse, si seiche et si cuite Ou il n'avoit point d'herbe duite, Sept boeufz qui si tresgras estoient Que a grant paine se portoient (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 43). ...n'avoit depuis l'entrée d'avril nulle doulcheur descendu du ciel, ne pleuye, ne rousée, mais estoient les herbes touttes arses. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98).

B. -

P. anal. "Sec"

 

1.

[Des fumées (du lièvre, du cerf...)] : ...et les gietent [les fumées] plus arses et plus longueletes... (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 153).

 

2.

Cole / humeur arse : ...colle bruslee et arse (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 232). ...c'est signe que la colle est arse et corrosive (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 232). ...humeurs arses et brullees (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 232).

C. -

Au fig.

 

1.

"Consumé, enflammé" : Ses coers qui estoit amourous, Fiers et hardis comme lupars, Est a painnes d'aïr tous ars, Quant navrés ensi il se sent. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 258).

 

2.

"Réduit à rien" : Toute malice est en luy arsse ; En luy n'a que bien et doctrine. (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 89). Pareillement les rois de Tarse, Desquels la gloire n'est point arse, Offrirent a nostre Sauveur Dons de rice et doulce faveur (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 27).

V. -

Inf. subst. Ardoir

A. -

"Fait de brûler" : Lequel maistre doit estre presenté aud. prevost d'Estrutat, chacun an, la veille St Michiel, le temps durant de l'ardoir d'une chandelle, que l'en appelle La Chandelle du Roy, et faire de depry acoustumé en tel cas. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1425, 305).

B. -

"Bois qu'on brûle pour se chauffer ; chauffage" : Charles... Nous avons donné... à noz bien amez les frères meneurs du couvent de Rouen cinquante charretées de boys mort, contenantes chascune charretée quatre moules pour leur ardoir, à prendre et avoir en nostre forest de Roumare (Mand. Ch. V, D., 1366, 166). Beaulx seigneurs, faictes cy fonder vostre prieuré, et prennez tant de place que vous vouldrez. Je vous abandonne la forest pour prendre bois a charpenter, et, quant ly moyne y seront estably, je leur en donne pour leur ardoir, et tous leurs adherens et habitans. (ARRAS, c.1392-1393, 75). Les religieux, abbé et couvent de Cernay ont acoustumé d'avoir et prendre en ladicte forest boiz pour tout leur ardoir, hesbe[r]gier, maisonner et esdiffier, hors essende, à coupper en taille par livrée du verdier, exepté en Mortaigne, pour leurdit chauffaille. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 32).

C. -

"Droit de faire du bois de chauffage" : Si donnons en mandement au verdier ou garde de la dite forest, qui hores est et qui pour le temps avenir sera, que les diz freres, leurs diz hoirs et successeurs en ceste partie ils facent et laissent, se mestier est, joir et user de leurs diz ardoir et usage à touz jours mais dores en avant (Doc. Poitou G., t.2, 1344, 275).

 

Rem. Cf. FEW XXV, 142b, s.v. ardere.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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