I. -

"Porter, amener vers"

A. -

Apporter qqc. (à qqn/qq. part)

1.

[Une chose concr.]

a)

"Venir porter, présenter qqc. (au destinataire/à un endroit convenu)" : Si leur dist : "Alez sans targier (...) Et m'aportez oile a mon vueil, Car laver et baingnier me vueil." (MACH., C. ami, 1357, 6). Vezci pain, sire, que j'aporte, Cuit d'amatin. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 236). Lequel maistre d'ostel fist mettre la table, leur aporta à boire et à menger (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 44). Atant se taist Remondins, et lors apporta on mès a si grant planté que c'estoit merveilles a regarder. (ARRAS, c.1392-1393, 30). Ce jour, maistre Jehan Campion, secretaire de monseigneur le Dauphin, apporta à la Court les lettres seellées du grand seel de la Chancelerie du Roy (FAUQ., I, 1417-1420, 112). Celle, pour moy reconforter, Ung jour si me vint apporter Ung brain de ne m'oubliez mie (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 88). ...incontinent après le partement dudict cardinal, arriva devers ledict duc ung herault appellé Bretaigne, et luy apporta lettres des ducz de Normandie et de Bretaigne, contenans comme ilz avoient faict paix avecques le roy et renoncé à toutes les alliances, (COMM., I, 1489-1491, 22). ...la nuyt, ledit Voyau s'en alla en laditte ville par devers ung nommé Thienon Gillet, qui avoit en garde les clefz de ladite ville, et luy ordona fermer les portes de laditte ville et mettre guect et garde sur les murailles d'icelle, et print les clefz et les aporta audit chastel. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 180).

-

"Porter un objet à l'endroit où il va être utilisé" : A la quintaine voy Roulant le bacheler, Qui fait la quintaine devant nous apporter (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 178). Sirus, va t'en faire la croix, Et l'aporte quant sera faicte. (Pass. Auv., 1477, 176). Dès qu'ilz vindrent à la rivière, ilz y feirent mettre ces bateaulx qu'ilz avoyent apportez et gaignèrent une petite isle qui estoit comme au millieu (COMM., I, 1489-1491, 45).

-

Apporter monnaie. "Venir avec de l'argent pour le donner" : Assez bien contrefont le sourt Qui ne leur aporte monnoye. (S. fol, c.1480-1490, 7).

-

Prov. Bien à point vient celui qui apporte. "On est bien accueilli quand on ne vient pas les mains vides" : Toudis est mieux venuz, ce sa ge a ensÿant, Cieux qui le mieux aporte. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 20). Bienviegne qui aporte ! (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 406). ...Ariva au palais .I. gentil baceler Qui moult noble present vint au roy presenter Et Charle le vaut moult cierir et honnerer, Car bien ait qui aporte ! (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 657). Bien a point vien cil qui aporte. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192).

b)

En partic. [D'un enfant qui vient de naître] "Venir au monde en portant telle caractéristique, telle particularité" : L'ystoire tesmoingne que, ou cinquiesme an après, ot Melusigne un filz qui fu nommez Anthoine. Grant fu et bien formez de tous membres. Mais il apporta en la senestre joe une pate de lyon, et, ains que il eust VIIJ. ans, elle fu velue et les ongles trenchans, et fist cel Anthoine moult a doubter. (ARRAS, c.1392-1393, 79). Nul plus bel enfant ne povoit on veoir. Mais il n'apporta que un oeil sur terre ; mais il en veoit si cler qu'il veoit venir par mer les nefs, ou par terre autres choses, de trois veues, qui montent bien .XXJ. lieus. (ARRAS, c.1392-1393, 80). ...elle n'a porté enfant qui n'ait apporté quelque estrange signe sur terre. Ne veez la Oruble qui n'a pas .VIJ. ans acompliz, qui a ja occiz deux de mes escuiers, et avant qu'il eust trois ans, avoit il fait mourir deux de ses nourrices par force de mordre leurs mamelles ? (ARRAS, c.1392-1393, 253). On ne doit point donner aux femmes grosses a mengier de nulle teste de poisson, affin que par leur ymagination, leur fruit n'apporte sur terre la bouche plus relevee et plus aguë qu'il n'est de coustume. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 87).

2.

[Une chose abstr.]

a)

"Offrir une chose qui fait plaisir (au destinataire)" : Si que, dous amis, je t'aporte Joie et mercy. Or te conforte. (MACH., F. am., c.1361, 227). Pour quoi je te suppli sanz plus, S'il te plaist et non autrement, Qu'en recompensant seulement La virginité qu'apportay O toy quant ou palaiz entray, Laquelle ne puis remporter, Il te plaise a conmander Que l'en me laisse une chemise (Gris., 1395, 83). ...nostre chiere et redoubtee dame (...) amena et aporta entre nous et en Engleterre, honnour, pourfit, grace et tranqilité (FROISS., Chron. D., p.1400, 788). Jhesus apporta la clarté Qui de l'ombre l'a exarté (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 144). ...et là vint apporter maistre Guillaume Bische et autres l'obeissance de la ville de Peronne, dont il fut fort joyeux. (COMM., II, 1489-1491, 170). ...maintenant je t'aporte La delivrance de ta captivité, (Icy le portier mect dehors de la prison sainct Martin.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 255).

b)

"Amener des choses négatives, en être la cause" : Fuiez de cy, faulx traitre, vous me avez fait par vostre faulx traitre rapport parjurer contre la meilleur et la plus loyal dame qui oncques nasquist après celle qui porta Nostre Createur. Vous m'avez apporté toute doulour et emportez toute ma joye. (ARRAS, c.1392-1393, 242). Helaz, Amours, pourquoy m'apportes En foible cuer cent douleurs fortes, Dont cent devroient estre mortes ? (CHART., L. Dames, 1416, 244). Fortune ! sont ce de voz dons, Engoisses que vous aportés ? A present vous en deportés, Ce sont trop doloreux guerdons. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 442).

-

[De la fortune] : [Fortune] En riant meschëance aporte (MACH., R. Fort., c.1341, 43).

c)

En partic. "Venir et porter, transmettre, faire parvenir"

-

[Une information, un message] "Venir et porter (un message)" : Je vous apporte grandes nouvelles (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 55). Amis, je t'aporte nouvelle Qui est douce, plaisant et lie (MACH., L. dames, 1377, 190). ...ung ymage de Nostre Dame et l'ange lui apportant l'Annonciacion, en deux petiz ymages de boys, sans garnison. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1380, 284). Et Remond lui rendy son salu et lui demande dont il venoit ne quelles nouvelles il apporte. Par foy, dist le messagier, sire, ce poise moy que je ne les puis apporter meilleurs, car je les apporte moult piteuses. (ARRAS, c.1392-1393, 252). Est ce vers moy qu'envoyez ce souspir ? M'aporte il point quelque bonne nouvelle ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 318). ...j'entendiz la voix qui ceste joieuse nouvelle apporta (C.N.N., c.1456-1467, 100). ...car il donnoit voluntiers quelque chose à celuy qui premier luy apportoit quelques grans nouvelles sans oublier le messaiger. (COMM., II, 1489-1491, 158). Si s'en partit et s'en alla à Charluz, à deux lieues de Bort, où il trouva le conte de Dampmartin ; et quant il le vyt, si le tyra à part et luy demanda quelles nouvelles il avoit aportées. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 154).

-

[Un message de provocation] : [Le roi d'Ecosse] envoia desfiier le roi Edouwart et toute sa poissance, et aporta la desfiance uns heraus d'Escoce, lequel on nommoit Glas. (FROISS., Chron. D., p.1400, 110). [Les Anglais] furent consilliet, sus la response que il avoient faite as hiraus qui lor avoient aporté la bataille, que il n'attenderoient pas (FROISS., Chron. D., p.1400, 774).

-

[La bonne nouvelle, la foi] : Cestui fut premier qui apporta la saincte foy catholique en France, puis fut evesque de Paris, et puis pour la foy martire, lui et ses deux disciples. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 79 r°).

-

Apporter mariage à qqn. "Venir proposer le mariage à qqn" : En cestuy an meisme, aportat ons a Gaufroit, roy de Danemarche, pluiseurs mariaigez de tresnoblez femmez. Maiz Dieu luy amenat ung mult sainz et precieux, et le coratier fut ung tressaint preudhomme qui avoit nom Ythier et estoit ung jugleir de viele. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 4).

-

Apporter une maladie à un médecin. "Venir présenter les symptômes de la maladie" : Quelque maladie qu'on luy apportast ou denunçast, tousjours [le medecin] faisoit bailler clisteres. (C.N.N., c.1456-1467, 467).

-

[Du coeur] Apporter à qqn que. "Faire savoir, faire comprendre intuitivement à qqn que" : Quant elle oy la response du roy, et vey ses façons, prestement le ceur lui aporta qu'il avoit aucune malvaise voulenté. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 177).

3.

Qqc. apporte qqc.

a)

"Produire, procurer (des fruits, un gain, un profit)" : Ainssi les enfans par le sage vigneron, c'est Dieu commandant ou disposant, sont trenchiés par le sarcet de discipline, et de che ilz pleurent, mais ce fait affin que ilz fructifient plus habondanment, comme ou lieu dessus allegié est dit de Nostre Seigneur : "Tout rainseau non portant fruit en moy sera purgié, affin qu'il apporte fruit plus largement". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 210). Item, il est puissant de avoir et veult plus avoir possessions qui soient bonnes et honorables et ou il ait moins de fruit ou de gaing que celles qui aportent plus grant fruit et plus grant gaaing (ORESME, E.A., c.1370, 256). Et donques toutes foiz que monnoie apporte fruiz et gaing de monnoie et autrement que en la expensant en son usage naturel et que denier engendre denier, ce est chose desnaturele. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 67). Aussi est une seure chose Syrop, composé d'acétose, Qui est assez commune et fine, O du juz de pomme citrine, Ou de pommes de quelque sorte Que l'aigre grenadier apporte, Car il donne moult d'asséurance Contre fièvres de pestillence (LA HAYE, P. peste, 1426, 137). Congnoiz maintenant que oreison porte confort et proufit, et tieng tant de moy que oncquez oroison ne fut presentee de bon cueur a Dieu sans apporter fruit. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 152). Que apporte la constitution de non marier les prestres, si non tourner et eviter legitime generation pour convertir en advoultrise, et l'onneste cohabitation d'une seulle espouse en multiplication de escandee luxure. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 177). ...de beaux arbres portans bon fruitz ; si sont bien labourés et cultivés ilz apportent grant proffis (JUV. URS., D. Tours, 1468, 441). Le rosemarin, meu de pitié et comme vaincu de prieres, s'en alla avecq lui et se mist ou milieu du champ et, par son regime et gouvernement, le champ fut en brief temps tellement conforté et cultivé qu'il aporta fruit au centiesme double (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 126).

-

[D'un remède] "Transmettre, communiquer (son effet bénéfique)" : ...contre la boce actuele, Il la doit prendre [icelle bole d'Arménie] et recevoir Très fort pouldrée, à dire voir, O vin aigre et simple ptisaine, Qui en tel cas est bonne et saine, Ou sur vin blanc et eaue rose Mixtionnez sans autre chose, Pour sa vertu mieulx apporter Vers le cuer pour le conforter. (LA HAYE, P. peste, 1426, 131).

b)

"Provoquer qqc. (des effets négatifs), en être cause " : Car, quelque puissance qu'ilz ayent, se elle n'est conduitte par raison, elle apporte plus de confusion que de fruit. Et n'est aussi besoing de tousjours user de puissance, car, comme dit Cesar, le prince se doit conduire envers son ennemy ainsi que le medicin vers son patient. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 140).

-

[D'un élément naturel] : Car, à parler selon raison, L'air corrompu toute saison Apporte aux gens greigneur dommage Que mauvaiz mengier ne bevrage, Pour ce que l'air fort empiré Toudis attrait et inspiré, Avec son venim et malice, Moult pénétrant et plain de vice, S'en va au cuer soudainement (LA HAYE, P. peste, 1426, 43).

c)

"Comporter" : Or gart Diex Bauduin d'encombre celui mois ! Car une forte espreuve li met-on à sen cois ; Che n'est pas droite espreuve, point ne l'apporte lois. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 31).

d)

Empl. abs. Apporter/l'apporter

-

"Permettre, fournir l'occasion (de qqc.)" : ...nagièrent à plain voile, ensi que li tamps l'aportoit. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 8). ...un jour perdoient et l'autre jour gaaignoient enssi que les aventures aportoient (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 61). Lors ot ly roys moult grant joye ; mais sachiez qu'il monstroit meilleur semblant que le cuer ne lui apportoit, car il souffroit grant hachie, car le venin qui estoit en la plaie lui bruissoit tout le corps. (ARRAS, c.1392-1393, 121). Au fort elle s'asseura, et les receut comme sa contenance luy apporta. [D'une femme qui reçoit la visite de deux hommes venus lui demander des comptes] (C.N.N., c.1456-1467, 345).

-

"Présenter, donner à voir" : RAAB. Voicy l'omme dont je parloye. Oyez le parler, mes amis ! Dieu en luy tel scïence a mis Qu'en ses dictz n'a que verité. MICHËAS. Il est de grant auctorité Ad ce que son semblant apporte. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 158).

B. -

Apporter qqn

1.

[D'une mère] "Donner naissance (à un enfant)" : Il s'en vint devers le roy son pere, et lui dit : Ma dame la royne Presine, vostre femme, vous a apporté les trois plus belles filles qui oncques feussent veues. Sire, venez les veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 9). En ceste partie dit l'ystoire que Melusigne demoura puis environ deux ans sans porter enfant. Mais a la XJe annee, apporta un filz, le VIIJe, grant a merveille. (ARRAS, c.1392-1393, 80). Si vous conseille que attendez jusques a ce que ayez veu quel enfant elle [sa femme enceinte] vous aura apporte [l. apporté]. Alors que verrez la chose a delivre pourrez partir et fournir vostre emprise. (Gil. Tras. W., c.1450, 9).

-

Apporter en ce monde. "Mettre au monde" : Ainsi me vois le plus desconforté, Courcé, marry, dolent et tourmenté, Qui feust onques en ce monde aporté, Car j'ay perdu ma dame et ma maistresse (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 62).

2.

"Amener (un nourrisson, un jeune enfant)" : Je vous pri l'enfant m'alez querre Et le m'apportez ci bonne erre (Mir. Theod., 1357, 106). Vous nous pourveez bien de loing, Renier, qui m'aportez ici Trois enfans. (Mir. roy Thierry, c.1374, 269). [La nourrice :] Dame, je vueil faire tarir Mon lait et vostre fils rapporte ; Maiz en tel point le vous apporte, La mercy a Nostre Seigneur, Qu'enfant ne puet estre en meilleur. (Gris., 1395, 61).

-

Apporter (un enfant) sur les fonts. "Amener (un enfant) à l'église sur les fonts baptismaux" : ...promettons audit duc de Bretaigne sur nostre honneur et batesme que apourtasmes dessus les fons (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 361).

-

[D'un malade] Se faire apporter qq. part. "Se faire transporter qq. part" : ...maistre George Guy, prisonnier es prisons de monseigneur l'evesque de Paris pour occasion d'une calumpnieuse denunciation faicte à justice contre ledit maistre Amblart, et appellant du prevost de Paris à la Court de ceans, qui moult griefment estoit malade, se fit apporter en la sale du Palaiz devant l'uiz de la Chambre de Parlement, et me dit que, ou cas que l'en le voudroit envoier en l'Ostel Dieu, attendu sa maladie, il renunceroit à toutes appellations faictes en Parlement par lui, ce qui plut à la Court (BAYE, II, 1411-1417, 82).

3.

[D'un être surnaturel] "Amener, transporter qqn (qq. part)" : Ce fait, li angles reporta Abacuc que la aporta Et le mist en la propre place Ou pris l'avoit, en po d'espace. (MACH., C. ami, 1357, 43). Comment, dient les Allemans l'un a l'autre, a le deable apporté tant de ceulx de Lusegnen en ce pays ? Il n'est nouvelle que de eulx, ne entre Sarrasins, ne crestiens. (ARRAS, c.1392-1393, 284). Sy est adoubeit, car bien sceit que Servais le heit. "Le dyable, dist il, cy m'at apporteit ! Trestout monstreir me coviendrat ma chevalerie, ou le coeur me fauldrat !" (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 222). LUCIFFER. (...) Commant pourra estre apporté Ce paillart en nostre taynyere. (LA VIGNE, S.M., 1496, 483).

4.

[Du vent] "Pousser qqn (qui voyage sur un navire)" : Le vent tellement se tourna Que de Tarse me destourna Et m'apporta par la riviere Du Toivre cy a Romme arriére. (Mir. st Alexis, 1382, 365).

5.

P. méton. Apporter qqn par écrit à la justice. "Transmettre le nom de qqn aux autorités judiciaires, à des fins de contrôle" : Item, il fuit ordonnés en la cité que tuit estraingniés veudaissent hors, et les en fallit aller tout fuers ; et ne dobvoient les hostelliés nulluy habergier de gens estrainge qu'il ne les aportaissent tantost par escript à justice. (AUBRION, Journal L., 1476, 87).

6.

En partic. "Transporter (la dépouille d'un mort)" : Sire, du bain l'ostay [l'enfant mort], sanz doubte ; A jointes mains vous cri mercy, De bonne foy l'apportay cy, Or vous le veez. (Mir. enf. ress., 1353, 38). [Blanche de Castille] Apportée fut humblement A Maubuisson, et la repose. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 311). ...et contrefaisoit le mort, et tant qu'il fu aporté en la voye sur les quarreaulx. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 502). Comment les forestiers et les veneurs apportent le corps Emery et le porc mort, menans grans pleurs et grans criz. (ARRAS, c.1392-1393, 28). Si fu li corps mis sus un kar vesti de noir, et aportés a Valenchiennes (FROISS., Chron. D., p.1400, 29). ...à l'enterrement et funerailles de Ysabel de Baviere (...) laquelle doit huy après disner estre apportée en l'eglise Nostre-Dame de Paris (FAUQ., III, 1431-1435, 167). ...et [Dagobert] fit aporter le corps saint Hylaire a Saint Denis en France. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 103). ...et fut son corps [le duc de Guerles] apporté en ladicte ville de Tournay. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 54).

-

Inf. subst. : Le dueil y fu grant demené D'ambe .II . pars, ne homme né Ne vous sçaroit tout raconter Le dueil, qu'ilz font a l'apporter Des corps et dedens et dehors. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 321).

C. -

"Apporter, introduire qq. part (un animal)" : ...et semblablement, en la Provence dicte Aqueuse, de toute encienneté a ung lieu où nulle mouche ne peut vivre, et, si d'aventure elle y est apportée d'aucun lieu, tantost est morte. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 v°).

II. -

"Emporter qqc. avec soi, rapporter qqc. en revenant d'un lieu" : Et y mist les joyeaulx qu'il avoit apportés de Constantinoble ; et ordinat que de VII ans a aultrez qu'on les pouoit visenter et monst[r]eir a tout le peuple publement et overtement (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 85). Basin s'en vat dormir jusques au matin, qu'il est leveit et montat a cheval. Ne oncques n'aportat de tout l'avoir de la maison ung denier : le feu butat par tout, oncques ne demourat riens a ardre. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 222). Prenez de très bonne canele Et d'alipte muscade itele, De chascun, par équalité, De troiz dragmes une moité, Et de fin boiz d'aloès inde, Que l'en apporte du pais d'Inde, De fleur d'anthos, une herbe digne (LA HAYE, P. peste, 1426, 153). O crestiens que Dieu a eslevez parçonniers de vie pardurable, et qui aportastes du saint baptesme la merche et l'enseigne de Jhesu Crist (...), comme osez vous violler ce qu'il vous a laissié ça jus yci bas pour vostre sanctification et pour sa memoire ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 60). J'ay esperance d'apporter la toison Qui a jamais me sera proffitable. (LA VIGNE, S.M., 1496, 228).

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"Rapporter (l'image que reflète le miroir)" : Leur miroir est trouble et pali Tant que nul ne se mire en li, Qui (...) trouble face n'en apporte. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 171).

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"Rapporter (une parole prononcée ailleurs)" : Quant cestez paroles furent apporteez a Decius le consul, il, par grans journeez que il pot, s'en ala droit a Romme (BERS., I, 9, c.1354-1359, 41.10, 76).