C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ALLER     
FEW XIV 116b vadere FEW XXIV 414a ambulare
ALLER, verbe
[T-L : aler/tresaler ; GD : alant1/alant2 ; GDC : aler ; AND : aler1 ; DÉCT : aler ; FEW XIV, 116b : vadere ; FEW XXIV, 414a : ambulare ; TLF : II, 553b : aller1/aller2]

I. -

Empl. intrans.

A. -

[Verbe de mouvement, sans indication de terme ou de direction, sans compl. "interne"]

 

1.

[D'un être animé] "Se mouvoir, se déplacer" : Oultre ilz ne pevent tenir ordonnance en allant ; ilz trouveront tant de hayes, de passaiges, de chemins, par quoy il fault que les premiers soient les derreniers. (BUEIL, I, 1461-1466, 199).

 

-

Ne faire qu'aller. "Ne faire que se déplacer, aller et venir, sans rien d'autre" : Il me met sus grant mesprison, Et dit que je ne fais qu'aler ! (DESCH., M.M., c.1385-1403, 103).

 

-

Il n'y a qu'à aller : Les chevaliers prindrent congé du seigneur du chastel et s'en retournerent en leur païs, car il ne y avoit que a aller, car près estoit l'un de l'autre. (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 106).

 

-

Prov. Qui va, il leche, qui repose, il seche (J. Morawski, Prov. fr., 1925, n° 2144, 78 ; N. Dupire, Jean Molinet, la vie, les oeuvres, 1932, 206 ; Prov. H., 243) : Qui va, il lesche ; qui siet, il secche. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198).

 

-

[Avec un compl. de manière, de moyen...] : ...ordonneement, ensi que gens d'armes doient aler. (FROISS., Chron. D., p.1400, 589). Et Lucius Tucius fut condempné a aller nuz piez sans compaignie parmy l'ost (CHART., Q. inv., 1422, 55). Et [Maguelonne] monta sur une haquenee d'Angleterre qui alloit moult bien. Et puis Pierre monta sur son cheval qui estoit bien legier pour chevaucher et s'en allerent prestement toute la nuyt (Belle Maguel. C., 1453, 29). Si alloient moult bellement et coyement. Et n'eurent gueres chevauchié en ceste manière que vecy venir le compaignon de Gervaise (BUEIL, I, 1461-1466, 66). Car, se nous marchons de nuyt, il faudra peu de gens en cest effroy pour nous rompre et à nous desconfire. Mais, quant le jour sera levé, nous verrons qui nous assauldra et pourront aller plus sceurement. (BUEIL, I, 1461-1466, 71). Et est vray que le Jouvencel ne mettoit jamaiz nulz coureurs devant, sinon gens desarmez, qui alloient en tappinaige et en façon qu'on ne les appercevoit point à leur povoir. Et, se on les véoit, ilz alloient par telle manière que leurs ennemiz ne se effraioient point. (BUEIL, I, 1461-1466, 147). ...tant estoient serrez et alloyent en belle ordonnance. (BUEIL, I, 1461-1466, 215). Et incontinent le Jouvencel envoya devers le roy Amidas ung balinier equippé de gens de guerre ce qu'il en peust porter, pour plus seurement aller, par lequel il manda sa venue (BUEIL, II, 1461-1466, 177). Se les aucuns vont par sursum corda ["pompeusement"] (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 190). De moy jour et nuytee Ja tant l'ay agistee Qu'aller la feray droict. (Sots mal., c.1480, 90). Partir veulx ains qu'il soit plus tart Ne ne (ne) sera chose forfaicte En moy, quoy que voise a l'escart. (LA VIGNE, S.M., 1496, 375).

 

.

Aller à pied / à cheval / sur un cheval : ...mais alloient très souvent deux à deux sur ung cheval, et la pluspart alloient à pié. (BUEIL, I, 1461-1466, 23). ...il iroit desoremaiz à cheval. (BUEIL, I, 1461-1466, 25). Et, quant vous retournez, vous le devez mettre devant et les lances derrière, tant que vous estes à cheval. Et, quant vous allez à pié, tout le contraire : vous devez mettre votre traict devant avec quelque peu de gens d'armes ou front, pour leur tenir pié et soustenir le faix. (BUEIL, I, 1461-1466, 186). Se voullez aller a cheval Et estre homme de grant affaire (Sots triumph., c.1475, 45). Du monde la nature est telle ; Traÿson y est et cautelle, Qui sans celle Vont a cheval par tout paÿs. (Pass. Auv., 1477, 111). ...car j'ay veü un duc de Cestre aller à pied sans chausses (COMM., I, 1489-1491, 191).

 

.

Aller le grant / le petit trot / l'amble / l'amblure / aller grand amble / aller son beau pas... : Et atant [Garnier] se part par une faulse poterne, monte sur un appert coursier, et prent le couvert des fossez, et passe joint a joint des logeiz, que oncques ne fu congneuz, mais cuidierent que ce feust un de leurs chevaliers qui se alast esbatre, car il aloit tout le petit trot. Mais quant il fu un pou esloingniez, si fiert le cheval des esperons tant comme il puet, et le cheval l'emporte moult raidement. (ARRAS, c.1392-1393, 206). A lui [Adenin], qu'il a paié à Henry de Conflans pour les despens d'une haquenée, qui fu messire Regnier, qui a demouré en l'ostel dudit Henry, depuis le XXVIIIe jour de mars jusques au XIIIe jour d'avril ensuivant tout inclus, aprendre à aler l'ambleure, par XVII jours, à 2 s. 6 d. t. par jour, valent : 2 fr. 2 s. 6 d. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 38). Aussi de peur de tresbucher Il alloit son beau pas : tric, trac. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 37). ...nous mismes au chemin pour aller au roy, que ne savions où il estoit, et allasmes le grant trot. (COMM., III, 1495-1498, 189).

 

-

[Avec un compl. de durée, d'intensité...] : Tant a allé le duc qu'en la forest antie Entra ung samedi ung peu aprés complie. (Tristan Nant. S., c.1350, 329). Mon coer voelt que toutdis je erre Et, com plus voi, et plus m'enserre En estat ou ne puis conquerre Un seul frelin. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 110). ...car elle [Mélusine transformée en serpent] s'en vient, tel doulour menant, et faisant si grant escroiz que c'estoit grant hideur a veoir et a l'ouïr. Et en estoient les gens du pays tous esbahiz. Et tant ala qu'elle vint a Lusegnen (ARRAS, c.1392-1393, 260). ...tant alerent que il ariverent assés priés de Camperle (FROISS., Chron. D., p.1400, 539). Messires Carles de Blois (...) avoit ses messages alans et cevauçans nuit et jour (FROISS., Chron. D., p.1400, 569). ...XXXIII ans et demi ala Dieus Jhesu Cris par terre (FROISS., Chron. D., p.1400, 894). J'ay tant allé, la Dieu mercy, Que j'ay trouvé le lieu et l'estre Du noble paradis terrestre. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 29).

 

.

Empl. impers. : Tant fu alé, parlementé et trettié [qu'on conclut une trève] (FROISS., Chron. D., p.1400, 592).

 

-

[Avec un compl. de lieu] : Quant vous verray Ençainte aler par my la voye, Tous li cuers me rira de joye ! (DESCH., M.M., c.1385-1403, 125).

 

.

Aller loin : N'ont gueres loings allé par la forest antie, Quant ilz ont encontré Tristan, chere hardie. (Tristan Nant. S., c.1350, 331). De sa bonne adventure, il n'eut pas loing allé quand il trouva ses bons disciples (C.N.N., c.1456-1467, 158). Elles ne furent gueres loing allées qu'en plaine rue la voisine (...) dist a sa compaigne qu'elle vouloit avoir sa part de leur don. (C.N.N., c.1456-1467, 523).

 

.

Aller par / parmi... "Parcourir" : Lors envoya deux chevaliers de hault affaire devers Remondin, assavoir mon qu'il queroit en alant par my le pays de Bretaigne ainsi armez, ne se il vouloit point de mal au roy ne a son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 51). Et touteffoiz le roy de Bretaigne scot que telz gens aloient armez par son pays. Si ne scot que penser (ARRAS, c.1392-1393, 51). Et [Geoffroy] ala par le pays, visitant les fors et les villes. (ARRAS, c.1392-1393, 211).

 

.

Aller en voie. "Emprunter un chemin" : Et aprés, se mist a aleir en voye jusques a Paris (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 222).

 

2.

En partic.

 

a)

"Marcher" : ...les autres [mouvements] sont faiz par vertu d'ame de beste ou de homme, si comme aler, voler, noer (ORESME, C.M., c.1377, 414).

 

-

[D'un enfant] : ...quant l'enffant commence a aller ; les enffans qui ne pevent encore aller (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 227). Lors fut esbahie la gent De si jeune enfant qui parloit, Qui a paines encores aloit (DESCH., M.M., c.1385-1403, 147). Car combien que l'enfant qui de nouvel est apris a aler ait de ce faire le povoir de soy, si a il tousjours l'oeil et le cueur vers sa mere, pour doubte qu'il a de trebuchier par son impotence (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 152). Jason doncquez crut de beauté en plus grande beaulté, son pere prinst grant plaisir a le nourrir. Tamps se passa, Jason crut et sceut aler et parler (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 126).

 

b)

"Cheminer" : Melusigne prist congié du conte et de la contesse et de la baronnie moult honnourablement, et s'en retourna a moult belle et noble compaignie. Remondin convoya tousjours le conte. Et en alant le conte lui dist :... (ARRAS, c.1392-1393, 43).

 

-

[Suj. personnifié] Aller par la voie : Triste plaisir et douloureuse joye, Aspre doulceur, reconfort ennuyeux. Triste plaisir et douloureuse joye Sont avec moy en allant par la voye Et si semble que je soye joyeux (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 155).

 

c)

"Naviguer" : ...ilz furent tous noyéz fors Ythier, a cuy Dieu fist miracle, car il alit sus une planche que le conduisit droit a Malgarnie (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 5). Si rencontré, par plusieurs foiz, Vaisseaux, ainsi que je passoye, Qui singloient leur droicte voye Et aloient legierement, Pour ce qu'eurent, comme veoye, A plaisir et a gré le vent. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 154). ...comme la nef degetee par tempeste de mer qui va la voille baissee ou le vent et les vagues la dechacent. (CHART., Q. inv., 1422, 13).

 

3.

[Avec un compl. d'accompagnement] Aller avec qqn / à qqn / o qqn

 

a)

"Accompagner" : Par foy, dist le duc, je me donne merveille quelz gens ce sont. Se le roy d'Ausaiz n'eust esté l'autrier desconfit devant Lucembourc, je pensasse que ce feust il qui alast aidier le roy Fedric, son frere, contre les Sarrasins. Et, par mon chief, se ce feust il, je alasse avecques lui pour le secourir. (ARRAS, c.1392-1393, 178). Monseigneur, le duc Oste de Baviere si m'envoye par devers vous savoir mon que vous querez en son pays et se vous lui voulez se bien non ; et aussi qui vous estes qui menez si noble compaignie comme je voy cy assemblee, car il scet bien que vous n'alez mie a tel route que vous n'aiez grant affaire. (ARRAS, c.1392-1393, 179). A ces parolles s'accordent ses compaignons d'aller avec lui (BUEIL, I, 1461-1466, 61). Et moy aussi, sans plus d'espace, Maintenant avec luy yray (LA VIGNE, S.M., 1496, 555).

 

b)

"Fréquenter" : O les chevaliers va ma femme souventefoys. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 555).

 

4.

Aller après / avant / devant...

 

a)

Aller après. "Suivre" : Et un deciple lors avoit [S. Jean Baptiste] Qui Andrieu appelé estoit (...) [lequel] tost ala Apres li [Jésus] et pelerina, Et appela et fist venir Pierre, son frere, et li süir. Et l'endemain Jhesus trouva Phelippe qu'ausi appela. Et furent les premiers ces troiz Ses deciples a celle foiz. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 141). Ainsi qu'il alloit aprez ledit Guillaume, ledit Guillaume lui monstra ledit messire Jehan Helphy et lui dist... (BUEIL, II, 1461-1466, 238).

 

b)

Aller devant. "Précéder" : Daniel (...) Dit qu'en ma mesaventure N'est aïdeur que toi [S. Michel] ëu ; Dont faut il, se t'ai desplëu, Que je commence avant hëu Pour ma tresgrant mespreisure Que placebo, qui est scëu Devant aler comme t. u. Va devant en apressure. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 38). Ilz ont prié au Chevalier du Papegau qu'il luy plaise que ung d'eulx aille davant pour conter les nouvelles a leur dame. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 18). Devant sont allez mes fourriers Pour appareiller mon logeis (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 165). Gervaise et son compaignon iroient devant et les deux autres après environ la longueur d'un ject de pierre. (BUEIL, I, 1461-1466, 65).

 

-

Aller devant. "Se présenter" : Que chascune son droit deffende par son advocat et se taise, sans que l'une a l'autre contende, car nous n'aurions meshuy que noise, qui doibt aller devant, y voise. (Cene dieux, c.1492, 109).

 

c)

Aller avant. "S'avancer, se présenter" : Charlez le voit, sy alait avant [forme de parfait], luy et ses barons, et ilz luy ont dit le fait. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 165). Quelquonques personne aille avant Est receüe sanz dongier (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 136).

 

5.

[Mouvement d'éloignement]

 

a)

[P. oppos. à venir] : ...et, ce fait, s'en retourna coucher en l'ostel de sadite mere, ala et vint parmi la ville de Paris le landemain dudit fait advenu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 276). Pour savoir qu'il voet dire, maint prinche y auera, Et tout à son voloir bon sauf-conduit auera Pour aler et venir et pour demorer là. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 311). Ahay, Jhesu Crist, trop est fort ; Contre toy ne vault nul effort. Tu m'as trop lourdement coyssy. Je suis tout roups et tout froyssy. Je ne puis aler ne venir, De male mort me fault mourir. Ou feu d'enfer m'en fault aler. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 132). ...justice soit gardée entre nous et loyaulté tenue tant à amys que à ennemys, en tant que touche les saulfconduitz et sceuretés (...), adfin que les marchans et gens de labeur puissent aller et venir entour nous sans destourbier. (BUEIL, I, 1461-1466, 95). Pour aussy vray que nous sommes icy assises, dist une autre filerresse, moult de fois puis dix ans, quant de nuit j'aloie a la serie, je rencontroie mon chat qui me venoit au devant, et si oioye aprés lui friente comme de ours ou de vache alant et venant de loing aprés moy. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 142). ...car jà y avoit gens de la cité allans et venans pour appoincter. (COMM., I, 1489-1491, 147). Pour maintenant nous allons et venons, Mais a la fin trop y aura a dire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 143).

 

-

Prov. Bien va qui s'en revient. S'il est qui va, il est qui vient. (Prov. H., 243).

 

-

Usage d'aller et venir (qq. part). "Droit de passage (qq. part)" : Item, une aultre lettre soubz ledit seel de Chastellet, par laquelle il appert que Gilete la Castelle, veufve de feu Richart Castel, demourant à Vanves, a vendu audit deffunct maistre Nicole un quartier de vigne, en une piece, assez près du jardin de l'une des maisons dudit deffunct, avec l'uzage d'aler et venir par la ruelle Jehan de la Croix. (Invent. N. Baye T., 1419, C).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Par lez portes dez yeulx et dez oreilles, Que chascun doit bien sagement garder, Plaisir Mondain va et vient, sans cesser, Et raporte de diverses merveilles. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 332).

 

b)

[P. oppos. à reculer, retourner...] : Se je puis seurté trouver Pour aler et retourner, Il fault qu'en haste la quiere (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 143).

 

-

Prov. Celui va loin qui jamais ne retourne (Prov. H., 243).

 

.

Prov. : Nullui ne doit si loing aller dont il ne sache retourner. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 190).

 

c)

Aller avant. "Avancer, aller plus loin" : Et ly vint chevaliers vont Honoree menant, Mais ne savoient mye ce qu'elle aloit pensant, Car së ilz le seüssent, n'allassent plus avant, Ains feussent retourné et Guy feussent tuant. (Tristan Nant. S., c.1350, 95). Et leur pria Remondin comment ilz le recommandassent au roy de Bretaigne, et aux barons, et a Alain, leur pere. Et print congié d'eulx, dont ilz furent moult doulens de ce qu'il ne les laissa plus avant aler. (ARRAS, c.1392-1393, 74). ...qant il quidoient aler avant, li vens les ramenoit, maugré euls (FROISS., Chron. D., p.1400, 88). Item ayent foyson de sayettes à large fer, qui soient traictes ou voille et percie tellement qui le deschireront qu'il ne pourra vent retenir ; si ne pourront avant aller. (BUEIL, II, 1461-1466, 58).

 

-

Aller arriere. "Reculer" : L'un ploure, l'autre fait la moe, L'un sault, l'autre dance devant, L'un va arrier et l'autre avant (DESCH., M.M., c.1385-1403, 284).

 

d)

Aller dehors. "Partir en voyage, aller loin de chez soi" : Autre mise de deniers delivrez par l'ordonnance de Adenin Geolier et par sa certification (...). Comme nous vous aions ordonné et commis à recevoir, pour nous et en nostre nom, certaines finances lesquelles par nostre ordonnance ne devez pas despensser, se sur ce n'avez lettres de mandement de nous ; et il soit ainsi que pour ce que nous entendons aler dehors au plaisir de Dieu, et ne porrions pourveoir à noz besongnes qui entre deux porroient survenir, qui nous porroient tourner à préjudice et dommage, nous vous mandons que toutes les choses que nostre bien amé clerc, Adenin Geolier, vous dira et ordonnera de bailler pour noz affaires et besongnes, vous paiez, baillez et delivrez sans aucun deffaut (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 31).

 

e)

En aller. "Partir" : Quant les deux chevaliers se furent esloingniez d'une veue de Remondin, si dirent l'un a l'autre : Par foy, veez la moult honnourable gent. Certes ilz ne viennent pas en ce pays sans grant affaire. Alons en par Quemeninguingant, et dirons leur venue a Alain. (ARRAS, c.1392-1393, 52). Atant est venus a ses gens, qui bien veoient qu'il ne revient pas si freschement qu'il en ala (ARRAS, c.1392-1393, 306). ...chil signeur, liquel s'en devoient aler avoecques monsigneur Carle de Blois (...) en alerent les uns apriés les aultres (FROISS., Chron. D., p.1400, 492). Ma seur, je l'en ay veu aler, Droit ches Simon le phariseu. (Pass. Auv., 1477, 151).

 

6.

[D'une chose]

 

a)

[D'une chose concr.] "Se mouvoir" : Item, se ceste ligne fluoit et aloit ou estoit meue et elle lessast aprés soy une estrace, ce seroit superfice qui seroit longue et lee sanz parfondeur ou sans spissitude (ORESME, C.M., c.1377, 46). Faire te fault une grant arche De bois ligier cy que mieulx aille Dessus l'eaul quant temps sera. Chanbrettes la dedans ara, De poil et de cymant l'oindras ; De trois cens couldes la feras De long, et de large cinquante, Et la hauteur sera de trencte (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 27). Quant je voy que desrunément La charue va devant les beufz Et qu'on forge ces nobles neufz, Je pers tout mon entendement. (ALECIS, Passetemps Alecis frères P.P., a.1451, 16).

 

-

Aller et venir : De plus en plus, Tout vient et va. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 484).

 

.

De va et de vient. "Dans un sens et dans l'autre, dans tous les sens" : [S]e leurs portes ne sont fermees, Tout y court, de va et de vien. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 509).

 

-

[Du vent] "Souffler" : ...un vent fraiz gentement alens qu'ainsi faisoit la marine fremir. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 103).

 

-

[De l'eau] "Couler" : Sept fontaines d'Israel sont, Qui toudis decourent et vont Et arrousent par leur douceur Les amis de Nostre Seigneur (DESCH., M.M., c.1385-1403, 213).

 

-

P. compar. : ...nous allons comme la nef sans gouvernail et comme le cheval sans frain. (CHART., Q. inv., 1422, 56).

 

b)

[D'une chose abstr.] "Se propager" : Et tant ala la nouvelle par le pays que Uriiens le scot. (ARRAS, c.1392-1393, 81).

 

7.

Laisser aller

 

a)

Laisser aller qqc. "Laisser partir qqc." : Par les fenestres de mes yeulx Le chault d'Amours souloit passer ; Mais maintenant que deviens vieulx, (...) Fermees les feray tenir, Lessant le chault du jour aler Avant que je les face ouvrir. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 151).

 

-

"Lâcher" : Semblablement celui qui a laissié aler et jecte une pierre, il ne li est pas possible de la remuer, arrester ou retraire (ORESME, E.A., c.1370, 200). ...comme yceulx deux compoingnons s'en vouloient retourner audit leu de Louveceines, et que ledit Olivier ot laissié aler la lance que tenoit ycelui Eustace, ledit Eustace recula en la court de lui qui parle, et d'escourse vint ferir ledit Cristot en la poitrinne de ycelle lance (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 417). Quant Charles vit ce, sy prist ses II gans. Des saintez fleurs I des gans emplissoit et sy donat a Turpin, qui ne prist point, car il ne le vit mie. Et le roy le lait alleir, qui cuidoit que Turpin le tenist (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 82).

 

-

[Un projectile] "Tirer" : Et cilz tendent leurs arbalestres, et mettent bons viretons en coche, et laissent aler tout a une foiz, et en mirent mors a ce poindre sur le pont jusques a XIJ. (ARRAS, c.1392-1393, 101).

 

b)

Laisser aller un animal. "Lâcher un animal" : Et, à l'eure que le roy passa, on laissa voler parmy ledit pont plus de CC douzaines d'oiseaulx de diverses sortes et façons que les oiseleurs de Paris laisserent aler comme ilz sont tenus de ce faire (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 29).

 

-

CHASSE "Laisser poursuivre" : ...et lesse aler deus ou trois de tes plus sages chiens (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 69). Et puis doit laissier aler un chien sanz plus sanz dire mot, et le chien qui aura le vent des sanglers, quar il sera au dessoubz du vent, les ira tantost abaier. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 235).

 

c)

Laisser aller qqn

 

-

"Ne pas le retenir" : Et lors monta Remondin a cheval moult legierement, et prist la lance. Et, d'autre part, monta Oliviers moult vistement, et prist la lance au fer trenchant. Et lors cria un herault par trois foiz : Laissiez les aler, faictes vostre devoir, faictes vostre devoir. (ARRAS, c.1392-1393, 62). Laissez moy aller, je me rens. (Sots gard., a.1488, 103).

 

-

"Le libérer" : Sire, pour Dieu, lessiez-moy aler ! (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 43). ...et que partant il feust mis hors de prison et leissié aler. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 279).

 

d)

Qqc. laisse aller qqc. "Laisser échapper" : ...si [l'estomac] lesse aller la viande avant qu'elle soit digeree (...) ; elle [la vessie] les lesse aller [humeurs pongnens et aguës] malgré soy (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 227).

 

8.

À l'impér.

 

a)

[Avec idée de mouvement, plus ou moins marquée] : Alons, alons, nous trouverons en ce villaige assez à fourer, tant que nous serons tous riche. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). Va, la Mayne la jument sanz deffaulte, Et fay que mes chevaulx l'assaulte Secretement. Va et revien, Et n'en di a personne rien. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 15). Et alez, amis, et ne vous doubtez de rien. Atant s'entracollent et baisent. Et se part Remondin d'elle, et monte a cheval. (ARRAS, c.1392-1393, 36). Allez, a coup, pencez de cheminer ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 370).

 

-

Allez à / en la garde Dieu / de par Dieu... : Beaulx seigneurs, dist Remondin, alez en la garde de Dieu, qui vous conduise, et me vueilliez recommander au roy tres humblement. (ARRAS, c.1392-1393, 52). Et le chevalier luy respond : Alez, de par Dieu. Atant se part le roy Uriien et a tant exploictié qu'il approucha de l'ost (ARRAS, c.1392-1393, 135). Alez a la garde de Dieu, dist Anthoine. L'escuier se part et vint en la cité (ARRAS, c.1392-1393, 179).

 

-

CHASSE [Cri du chasseur pour exciter le chien à la poursuite] Va la / vauci / va avant... : A son levrier chascun dit a : Va la, va la, va la, va la ! (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 405). La, vaulcy, va avant, Briffault ! (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 46).

 

.

[Cri pour exhorter le chien à poursuivre le cerf fuyant] Vau le fui : Si, [si] fuyra, chiens ! Vau lou fuy ! (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 38).

 

-

Va-lui-dire. V. dire "Messager"

 

Rem. C.N.N., c.1456-1467, 24, 47.

 

b)

[P. affaiblissement, comme forme exhortative] : Vecy la tierce fois que nous avons parlé de ceste entreprinse et tousjours y avons trouvé quelque chose meilleure que devant. Or, allons ! De par Dieu, nostre entreprinse est bien entendue, ainsi qu'il me semble. (BUEIL, I, 1461-1466, 132). Or allés, Mort, qui mort et rue, Faictes donc ceste diligence Car de mercy ne d'indulgence Ne fault plus parler es humains. (Cene dieux, c.1492, 127). Allons, allons, il en est temps ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 181).

 

-

Di va. "Allons !" : La biauté te deçut, dy, va (DESCH., M.M., c.1385-1403, 148). Dis va, Françoys, par le tien Dieu, qui est le prince qui est de telle proesse et qui est le miedre du monde ? (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 189).

B. -

[Verbe de mouvement, avec indication de terme ou de direction]

 

1.

Qqn va qq. part

 

a)

Aller à. "Se diriger vers, se rendre à"

 

-

[+ subst. de lieu] : De laquelle église, oudit jour, il se parti et vint à Paris, et d'ilec ala à Saint-Marcel-lez-Paris, en une taverne (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 4). ...au departyr de Saint-Arnoul, il print son chemin à aler droit au Mans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 429). Alain manda grant foison de ses amis, et se mirent en grant estat pour aler a la court du roy, et partirent a un mardy devant la veille de Penthecouste. (ARRAS, c.1392-1393, 54). Et, depuis ce, le roy envoya en la ville de Mante grant quantité de gens de guerre et de frans archers. En ce temps, le roy fist aler la royne à Orleans, qui lors estoit à Amboise. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 131). Gervaise (...) alla et vint plusieurs foys à Escallon pour celle finance payer. (BUEIL, II, 1461-1466, 123).

 

.

Aller à Montpipeau [sur piper] "Piper, tromper" : Se vous alez a Montpipeau Ou a Rüel, gardez la peau ["veillez à votre peau"] (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129).

 

.

Aller à Rueil [sur ruer]. "Escroquer (sans doute par vol accompagné de violence)" : Se vous alez a Montpipeau Ou a Rüel, gardez la peau ["veillez à votre peau"] (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129).

 

Rem. Cf. M. Roques, Romania 43, 1914, 102-105.

 

.

Aller à Mortaigne [sur mort] : : ...ung soir, comme en son lit en l'ostel d'elle estoit couchée, tant fort oppressée de mal qu'on cuidoit bien qu'elle allast à Mortaigne (C.N.N., c.1456-1467, 458).

 

Rem. Cf. FEW VI-3, 147b ; Z. rom. Philol. 100, 1984, 273, n. 187 ; Trav. Ling. Philol. 33-34, 1995-1996, 34.

 

.

[+ subst. désignant un objet] : ...et ala à un coffre, lequel il en cuida deffermer et ouvrir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 20). ...il (...) ala au lit de la dame, et à sa petite cote print les clefs (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 32). ...maistre Estienne Chevalier (...) et aussi maistre Dreux Budé, audiencier de la chancellerie de France, se partirent de la ville de Paris pour aler au corps dudit defunct audit lieu de Meun (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 19).

 

.

CHASSE Laisser (l'oiseau) aller au leurre : ...celui qui tendra le faucon pour le lessier aler au loirre doit estre a pié (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 186).

 

.

[+ subst. désignant une pers.] : ...se ly at dit qu'il vouse [pour voise] A noble roy franchois (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 564).

 

-

[+ subst. désignant le lieu où se déroule une activité ou bien + subst. d'action ou subst. équivalent] : Pour ce vueil que congié lui donne D'aler, quant temps le requerra, Aux festes, ou elle verra Les honeurs et les courtoisies, Et celles qui seront proisies De sens (DESCH., M.M., c.1385-1403, 108). Le dimenche vint, chascun s'appareilla pour aler aux nopces. (ARRAS, c.1392-1393, 37). Lors fist crier a la trompe que tout gentil homme, de quelque pays que ilz feussent, qui vouldroient aler aux gaiges d'Anthoine et de Regnault de Luseignen se traisissent dedens un jour nommé a Lusignen, et la seroient paiez pour un an de leurs gaiges. (ARRAS, c.1392-1393, 151). Parlons de chevauchier et d'aller à la guerre (BUEIL, I, 1461-1466, 45). Et ainsi alerent à la messe au plus matin. (BUEIL, I, 1461-1466, 189). ...et, se n'estoit le butin que le cappitaine y met, les gens se desroyeroient pour aller au pillaige (BUEIL, II, 1461-1466, 216).

 

.

Aller à l'ecole. "Suivre un enseignement" : ...lequel evesque lui demanda s'il savoit lire ; et il et sesdiz amis respondirent que non, et promistrent audit evesque qu'il le feroient aler à l'escolle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 94). Vieulx suis pour a l'escolle aller : J'entans assés bien mon latin (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 324). En la cité de Bourges le jour de pasques le filz d'un Juif ala a l'eglise avec ses compaignons, enfans de Crestiens, avec les quelx il aloit a l'escolle. (Fils Juif W., c.1450-1500, 124).

 

-

Aller à confesse, à confession : Quant je vueil aller à confesse, J'attens qu'il y ait bien grant presse (C. Riffl., c.1480-1520, 58). Qui ne doit juner en caresme Et aller a confession. (C. Riffl., c.1480-1520, 58).

 

-

[+ subst. désignant une chose que l'on veut se procurer] : Or s'en va a la relevée D'une gisant nouvel levée ; Or va aux souppes, ore aux baings, Ore aux pastés (DESCH., M.M., c.1385-1403, 119). Car pensez que cela est laid Qu'il fault que tousjours je voyse Au vin et à la cervoyse, Comme une pauvre chambriere. (Bad. loue T., c.1500, 38). Yrai-ge au vin ? Je voy bien que Monsieur a soif. (Gent. Naudet T., c.1500, 274).

 

-

[Avec une indication de point de départ] : ...traitieur et moiien alant de l'un a l'autre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 832). Messeigneurs, je vous ay dit aux champs la manière de vostre logeiz pour aller d'icy à Crathor. (BUEIL, I, 1461-1466, 180). ...vous devez faire trenchées pour aller d'ung siège à autre (BUEIL, II, 1461-1466, 41).

 

.

En aller à. "Partir pour" : Finablement, le lendemain au matin en alerent a Charlon aprés messe (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 3).

 

b)

Aller en. "Se rendre en"

 

-

[+ subst. de lieu] : ...il qui parle se absenta de ladite ville de Paris, ala ès païs de Laon, Soissons, Noyon, Meaulx et environ (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 276). Et avoit coustume qu'il aloit tous les matins en la forest qui joint a la forteresse, disant ses heures tous seulz. (ARRAS, c.1392-1393, 58). ...car ce jour estoit passé une damoyselle par Callaix, qui alloit en France devers madame de Clarance, laquelle portoit ouverture de paix de par le roy Edouard. (COMM., I, 1489-1491, 199). Saiches que pas ne mefferas Si a la loy de Dieu t'adonne, Ains a la fin es cieulx yras. (LA VIGNE, S.M., 1496, 450).

 

.

Aller en prison. "Être mis en prison" : LE SERGENT. Se je ne suis pendu en croix, Avec luy en prison iras. LA LAITIERE. Par la croix bieu, tu mentiras, Je n'iray pas pour ta puissance. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 34).

 

.

Aller en paradis : Veez la ma fin, n'autre chose desire Qu'en paradis nous deux voions ensemble. ["allions" ; l'interprétation par "voir" comme le propose l'éd. en note, paraît peu crédible] (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 66).

 

-

[+ subst. d'action ou subst. équivalent] : ...pour moy aler en essil, Je le feray comme ton fil (DESCH., M.M., c.1385-1403, 39). Mon propre mari me diffame, Qui ne me laist en compaignie Aler (DESCH., M.M., c.1385-1403, 59). ...environ l'an quatrevins et un, que le roy nostre sire ala premierement en la guerre de Flandres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7). Lors dist aux ambassadeurs de Norhombellande : Seigneurs, il fault que vous m'attendez ycy tant que je revendray, car il me fault aler en un mien affaire qui forment me touche. (ARRAS, c.1392-1393, 250). Item, comment Agamenon (...) precha tant Achillés qu'il consenti ses gens aler en la bataille. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 3). ...voulut partir pour aller en ceste entreprinse du seigneur Constantin qui l'attendoit (COMM., III, 1495-1498, 105). ...je vous veulx requerre (...) Que vous me donnez la licence D'aller, par vraye obedïence, En ung devost pellerinage (LA VIGNE, S.M., 1496, 374).

 

.

Aller en pelerinage : ...environ le jour de l'an darrenierement passé, il ala en pellerinage à Nostre-Dame de Pontoise, et de là à Chambly, où il fu un jour et une nuit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 17).

 

.

Aller de ... en : Et sachiez que c'estoit grant beauté a veoir de la bonne contenance des gens d'armes et des deux freres, qui aloient de bataille en bataille, et ou il y avoit faulte d'ordonnance, ilz lui mettoient. (ARRAS, c.1392-1393, 156).

 

c)

[Autre prép.]

 

-

Aller après : Ceulx qui s'en rusent, A jeu de dez, ou pis, souvent s'amusent (...), Ou a chacer corps, temps et robes usent. Le corps leur sue D'aler aprés la povre beste mue (CHART., D. Fort., 1412-1413, 177). ...et se print à crier : "Petillano, Petillano !" et alla après ceulx qui fuyoient (COMM., III, 1495-1498, 193).

 

-

Aller autour (de). "Faire le tour (de)" : Mais il advint une adventure de quoy les freres furent moult esbahiz, car la serpente se monstra sur les murs, si que tous la povoient veoir, et ala tout autour par trois foiz. (ARRAS, c.1392-1393, 288).

 

-

Aller jusqu'à : Beau doux sire, vous yrez bien en deux petites journez jusques au chastel perilleux (Chev. papegau H., c.1400-1500, 70). Aprez la messe et que chascun se fut myz en bon estat, alerent, en la manière que j'ay dit, jusques à Crathor. (BUEIL, I, 1461-1466, 189). Ainsi allerent jusques à la porte de la ville (BUEIL, II, 1461-1466, 179).

 

-

Aller outre : Alors chargay en la nef d'Esperance Tous mes souhaitz, en leur priant d'aler Oultre la mer, sans faire demourance (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 122).

 

-

Aller par : Quant les deux chevaliers se furent esloingniez d'une veue de Remondin, si dirent l'un a l'autre : Par foy, veez la moult honnourable gent. Certes ilz ne viennent pas en ce pays sans grant affaire. Alons en par Quemeninguingant, et dirons leur venue a Alain. (ARRAS, c.1392-1393, 52). Et [Geoffroy] ala par le pays, visitant les fors et les villes. (ARRAS, c.1392-1393, 211).

 

-

Aller sur : Ledict duc alla sur le marché et monta en une maison pour parler à eulx. (COMM., I, 1489-1491, 118).

 

-

Aller vers : Je di que, selon droit ordre de mouvement circulaire, sa destre main doit aler ou mouver vers le devant de lui et la palme de sa main destre devant le dos de celle meisme main destre (ORESME, C.M., c.1377, 340). Et encore appert autrement ceste chose, car (...) se cest honme aloit tout droit vers le pole arctique et passast outre tout droit vers les antipodes, le soleil et les estoilles lievent a sa destre (ORESME, C.M., c.1377, 572).

 

-

Aller par terre. "Tomber" : Mais Remondin lui gette l'estrier par grant air, et attaint le cheval ou front de si grant force que le chanfrain d'acier fu effondré, et convint le cheval par la force du coup aler par terre des jarrez derriere. (ARRAS, c.1392-1393, 63).

 

-

Aller pour son pain. "Mendier" : Qui porroit trouver, dist Marotte Ridee, l'erbe qui resveille les niches maris, j'en donroie jusques a ma chemise, et deusse aller pour mon pain. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 103).

 

-

Aller pour ses faits. "Aller s'occuper de ses affaires" : Va pour tes fays et me laisse ester. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 174).

 

d)

Aller + adv. ou loc. adv.

 

-

Aller (de)hors. "Sortir" : ...et lors li dist ledit visconte que s'il se sentoit proudome, il faisoit folie de prendre francise de l'eglise, et qu'il alast hors et parlast à luy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 382). ...et retourna audit deffunct, qui estoit à son huis, et le mist dedens son hostel, et fist traire une choppine de vin, affin de le desmouvoir, et qu'il ne alast hors (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 413). Va hors, va ! (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 220). ...pensons d'aller dehors et de travaillier. (BUEIL, I, 1461-1466, 150).

 

.

Aller hors. "Évacuer le ventre" : [Titre] Une autre maladie que chiens ont qui sont costuvez, et ne peuent aler hors et desechent. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 101).

 

-

Aller par là. "Passer par là" : Par foy, dist Gieffroy, cy est le plus court chemin pour aler en Arragon, mais puis que mon pere ala par la, nous yrons aussi. (ARRAS, c.1392-1393, 275).

 

-

Aller partout : S'ilz meurent, c'est tristesse et plour, Courroux de cuer et desconfort ; S'ilz sont nourriz et ilz sont fort Grant, parcreu et par tout voisent, Et ilz batent, tancent ou noisent, Que leur nature soit mauvaise, Jamais jour tu ne seras aise (DESCH., M.M., c.1385-1403, 70).

 

-

Aller autre part : Je vous pry qu'aultre part allez (LA VIGNE, S.M., 1496, 406).

 

-

Y aller : Et sachiez que mon compaignon et moy vouldrions bien avoir trouvé qui y voulzist aler en telle compaignie que vous dictes, et nous y deussions prendre l'aventure avecques lui. (ARRAS, c.1392-1393, 82). Il y en alla par adventure vingt. (COMM., I, 1489-1491, 35). LISON. Va querir du boys, Maumysert, Que je mettes le feu au four. NAUDET. Bien, je y voys. (Gent. Naudet T., c.1500, 269).

 

.

Prov. Qui n'y va n'y chiet (Prov. H., 243).

 

e)

[Avec un mot indéf., interr. ou relatif] : Or dit l'ystoire que tant porta le cheval Remondin, ainsi pensif et plein d'ennuy et de meschief qui lui estoit advenu, qu'il ne savoit ou il aloit, ne il ne conduisoit pas le cheval, mais le portoit partout la ou il lui plaisoit a aler, sans ce que il lui tournast le frain a dextre ne a senestre ; ne Remondin ne voit ne oit ne entent. (ARRAS, c.1392-1393, 24). Et lui demanda tantost Anthoine, pour le bien qu'il avoit ouy retraire de lui, se il lui plairoit a aler avec lui et avec Regnault, son frere, en voyage, la ou ilz avoient intencion d'aler, et il en seroit bien guerredonnez. (ARRAS, c.1392-1393, 149). ...car ceulx qui sont retournez ne lui scevent a dire quel part il ala, ne en quel region. (ARRAS, c.1392-1393, 274). Laboureux ont du mal foison Car ilz n'ont borde ne maison Ou ilz se sachent maintenir, Ilz ne scevent que devenir, Në ou aller, në eulx tenir. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 61). Or allez la où il vous plaira A vostre plaisir, doulce amye. (P. Jouh. D.R., a.1488, 26). allez vous ainsi ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 27).

 

-

Prov. Va où tu veux, meurs où tu dois (Prov. H., 243) : Va ou tu pues, muers ou tu dois. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 199).

 

f)

Empl. impers. [D'une chose] : Plus va de pierres a la tour Par l'engin, plus se froisse entour Que quant une seule la fiert. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 344).

 

g)

Empl. abs. : Et, quant chascun eust ouy parler le Roy si bien, si loyaulment, si cordialement et de si bonne amour, chascun dist : "Je yray" (BUEIL, II, 1461-1466, 168). Ledict duc Jehan avoit ung grant amatz et alloit en intention de lever ce siège qui estoit devant Rouen (COMM., II, 1489-1491, 61).

 

-

Prov. : C'est bien allé quant on revient. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192).

 

2.

Qqn va à / au devant de / à l'encontre de / contre / sur / vers / par devers qqn. "Aller à la rencontre de qqn"

 

a)

[Sans intention hostile] : ...et fut ordonné de aler à l'encontre de luy aussi honnourablement et grandement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 78). Enfans, montez a cheval et alez au devant de ces estrangiers, et les recevez tres honnourablement (ARRAS, c.1392-1393, 52). Et quant Guyon scot sa venue, si ala contre et s'entrefirent grant reverence. (ARRAS, c.1392-1393, 125). Remond fist grant et noble appareil pour recevoir son frere, et moult estoit liez de sa venue. Quant Remond scot que il fu prez, il lui ala a l'encontre et le bienviengna moult liement. (ARRAS, c.1392-1393, 241). ...il ne trouvoient qui lor alast au devant. (FROISS., Chron. D., p.1400, 745). ...[ayant appris la victoire de la flotte anglaise, la reine fit] alumer fallos et tortis et widier gens a force pour aler contre son signour et ses enfans et les aultres qui venoient (FROISS., Chron. D., p.1400, 890). ...se parti ledit Bobache dudit de Bourgongne et ala pardevers le duc de Bretaigne, duquel il se disoit estre parent (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 12). ...quant il avoit esté a saincte Katherine du mont de Sinay, que en passant les desers avoi perdu par mortalité toute sa compaignie, il vey de loing une creature a laquelle il ala et lui demanda son chemin en flameng. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 116). Il est tart, frere ; il nous fault Aler vers ce bon Jhesus. (Pass. Auv., 1477, 135). Comme le roy approcha de la ville de Peronne ledict duc luy alla au devant, bien fort accompaigné (COMM., I, 1489-1491, 126).

 

-

Aller à une femme. "Avoir des relations sexuelles avec une femme" : Exemple d'ung homme marié fort devocieux, mais par la voluptuosité de la chair aloit a sa femme en autre maniere que nature ne l'enseigne (Fleur command. Dieu, c.1450-1500, l2 vº). Car tel pechié [inceste] a bestes ressembler Fait la personne, qui ne scevent garder Sanguinité, mais va le frere a la sueur (BAUDOUIN, Instruct. vie mortelle B., c.1431-1439, v.5059).

 

-

[D'un animal] Aller [à la femelle]. "Rechercher la femelle, s'accoupler avec elle" : Quant le connill veult aler a la connille, il fiert si grant coup de pié en terre que c'est grant merveille, et en cela s'eschaufe et puis saut sus. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 82). La saison de l'ours commence en may et dure jusques a tant qu'il vet as ourses. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 87). Si devise du sangler et de toute sa nature. Ilz vont en leur amour as truyes environ la Saint Andrieu et durent en leur grant chaleur trois semaines (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 88).

 

-

Aller à tous les diables. "Être damné" : Son ame ala a tous les dyables (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 53).

 

b)

[Avec une intention hostile] : ...[les Escoçois] ne quidoient pas que nuls ne lor deuist aler au devant ne resister lor cemin (FROISS., Chron. D., p.1400, 772). Et, pour ce, on ne doibt envoyer nulles gens devant, quant on va sur ses ennemyz, qui ne les envoye en tappinaige ou en maniere qu'on ne les voye point. (BUEIL, II, 1461-1466, 92). Et manda au Jouvencel qu'il allast au devant d'eulx, lequel y alla et les rencontra et destroussa (BUEIL, II, 1461-1466, 131).

 

-

"Attaquer" : C'est Richer et Anthoine qui bien scevent aller Sur la gent sarrasine que Dieu puist craventer ! (Tristan Nant. S., c.1350, 113). Adont fist assembler son host, Et aler sur les Juïfs volt (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 229). [Titre] Ci dit le grant ost, que assembla le roy Adrastus, pour aler sus la cité de Thebes. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 301). ...li rois Phelippes avoit celle devotion de convertir ces armes et esbatemens a aler sus les incredules et conquerre la sainte chité de Jherusalem (FROISS., Chron. D., p.1400, 240). ...comme vous savez, beaux oncles de Bourgongne a intencion de brief aller sur le Turc à la deffence de la foy catholicque (Lettres Louis XI, C., t.1, 1456, 77).

 

3.

Qqc. va qq. part

 

-

Prov. : Tant va le pot a leau qui brise (MART. D'AUV., La Dance des Femmes, éd. L. Götz, 1460-1508. In : Z. frz. Spr. Lit. 57, 1933, 328).

 

-

[D'une voie de communication, d'un chemin] "Conduire qq. part" : ...nous venismes sus ung chemin croisiet (...) où il y avoit deux voies, dont l'une alloit à Tours en Touraine où je tendoie à aller et l'autre à Mailli où il vouloit aler (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 12). ...car il n'a voie ne sentier en ceste forest que je ne saiche bien ou ilz vont, et vous fiez tout seurement en moy. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Aprés si ont serchié son chemin qu'il faisoit quant il venoit en la contree, si troverent que son chemin aloit en mer tout droit. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 24).

 

-

Qqc. va à qqn. "Qqc. revient à qqn" : ...car c'est plus convenable chose que les biens voisent aux prochins que aux estranges. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 62). ...ancien patrimoine des comtes de Flandres, et qui de tout temps avoit acoustumé de aller à filles comme à filz. (COMM., II, 1489-1491, 163).

C. -

[Verbe de mouvement, avec compl. "interne"]

 

1.

Aller sa voie / le chemin (de / que)... "Cheminer" : Ainsis que les piez portent l'omme En alant le chemin de Romme Ou ailleurs a sa voulenté (DESCH., M.M., c.1385-1403, 220). ...et ainsi comme ilz furent alez ensemble environ demie lieue, aconceurent un homme de pié qui aloit le chemin devant eulx (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 134). ...en alant en laquelle ville, ainsi qu'il furent à demie lieue loings de Veily, et qu'ilz passerent l'eaue, virent et aperceurent un homme de village qui aloit devant eulx le chemin qu'il aloyent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 155). Sire, dist ly uns, vous estes bien ou chemin ; il n'y a pas plus de cinq lieues de cy. Et sachiez que vous y trouverez Alain de Leon, qui vous fera bonne chiere, et si trouverez deux chevaliers, qui sont ses filz, qui sont moult honnourables et gens de bien et d'onneur. Et vous en alez tout ce chemin, vous ne povez faillir ; et nous en alons a vostre congié. (ARRAS, c.1392-1393, 52). Point nous n'allions le chemin large, Errer nous convint toute nuyt. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 10). Allons nous en, il en est temps Et le laissons aller sa voye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 348).

 

-

Aller qq. part la plus courte voie. "Se rendre qq. part par le chemin le plus court" : Or y alons la plus courte voye ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 127).

 

-

Aller toudis la voie. "Continuer son chemin" : Amys, dist Ogier, aleiz toudis la voie, vous encontreiz le roy (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 228).

 

-

[Avec un verbe de commandement] Aller sa voie. "S'en aller" : ...et alat a l'oust des paiens en disant qu'ilz en allassent leur voie, car la batailhe estoit vencue (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 80). Maiz Carahus les at commandeit d'aler leur voye (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 186).

 

-

Aller le bois. "Aller à travers bois, parcourir les bois" : Et tout dis le bois alions Et les flourettes quellions. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 75).

 

2.

Aller une lieue : Par dela Advignon avoit esploité tant Qu'il ot allé .VII. lieues, par le mien essïent (Tristan Nant. S., c.1350, 675). ...et si truis Qu'a cel yssir a tel meslée Qu'on aroit une lieue alée Avant qu'om soit hors de cel estre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 112). ...si n'a pas alé une lieue en sus de l'eaue quant il se pasma pour l'angoisse du venin qui le destraingnoit (Chev. papegau H., c.1400-1500, 68).

D. -

Aller + inf.

 

1.

[L'inf. est intrans., trans. indir., trans. dir. en empl. abs.] : Au jour d'ui suy alée orer (DESCH., M.M., c.1385-1403, 188). ...lui estant couchié en l'ostel de la Clef, près Saint-Eustace, en une chambre (...) se leva de son lit pour aler pissier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 168). ...alons disner quant il vous plaira. (ARRAS, c.1392-1393, 277). Mon seigneur, si vous est agreable D'aler disner, nous vous suivrons. (Pass. Auv., 1477, 90). Presentement je yray sçavoir De nostre eglise (LA VIGNE, S.M., 1496, 360).

 

2.

[L'inf. est trans.] : Or ne poet il pas tout dis ensi estre Que je vous oie ou voie a la fenestre, Ne hors ne ens esbatre alant vo corps. (FROISS., Orl., 1368, 103). ...une eschelle qu'il ala querre assez prez de l'ostel dudit chevalier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 32). Remondin ala ouïr messe a l'abbaye du Moustier, et la pria Dieu qu'il lui laissast son fait achever (ARRAS, c.1392-1393, 33). Mon amy, dist il au chevalier, alez dire ces bonnes nouvelles a ma fille. (ARRAS, c.1392-1393, 103). ...et les fist entrer en mer pour aler savoir se ilz orroient nouvelles que Sarrasins remeissent armee sus pour venir sur son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 123). ...pour doubte qu'il n'alast combatre le jayant (ARRAS, c.1392-1393, 239). Madame est alee ce matin a l'abbaye oïr messe et puis disner la. (LA SALE, J.S., 1456, 271). Nous deux allons veoir les esbatz. (Sots, c.1480-1500, 275). Toutesfois ledict conte de Charroloys alla passer la rivière et loger au pont Sainct Clou. (COMM., I, 1489-1491, 17).

 

3.

[L'inf. est pronom.] : Mais les bestes sauvages se combatent pour tristece et pour les plaies que ilz ont ou pour la paour de les avoir ; car se ilz estoient ou bois ou en une palu, ils ne s'en mouvoient pas pour eulz aler combatre (ORESME, E.A., c.1370, 214). Mais sur tous ceulx qui a celle feste furent on portoit le pris a Remondin d'estre ly plus beaulx et des meilleures contenances. Et ainsi passa jusques a la nuit, que chascuns se ala reposer. (ARRAS, c.1392-1393, 33). Ledit conte se alla monstrer devant Paris et y eut très grand escarmouche (COMM., I, 1489-1491, 15).

 

4.

Y aller : Or sus, qu'elle soit tantost preste ! Va y [faire la croix], tu et tes compaignhons. (Pass. Auv., 1477, 176).

E. -

Au fig.

 

1.

[Sans terme indiqué, transposition fig. de l'idée de mouvement]

 

a)

Qqc. va qq. part. "Qqc. a lieu qq. part" : ...pour en entretenir d'autres qui estoient à Arras quant le siège y alla (COMM., II, 1489-1491, 206).

 

b)

Il ne va point. "Ça ne va pas" : Seth, mon enfant, il ne va point : Vieillesse m'a fort assailly (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 27).

 

c)

Laisser aller

 

-

Laisser aller qqc.

 

.

"Se désintéresser de qqc." : ...[discours de Robert d'Artois au roi d'Angleterre sur ses droits au trône de France] se vous estiiés de vostre peuple reprociés que, par defaute de corage et par paour, vous averiés laissiet aler le vostre, (...) il le vous tourneroient en grant prejudisce (FROISS., Chron. D., p.1400, 230).

 

.

Laissez aller : ...[les Français se soucient peu d'une défaite des Gascons] "Ha ! Dieus ! Laissiés aler. Ces Gascons sont Englois a moitiet ; il ne desirent a avoir aultre signeur que le roi d'Engleterre." (FROISS., Chron. D., p.1400, 622).

 

.

"Se défaire de qqc." : ...veulliez laissier ce dueil aler, et je vous en pry. Quant Remond entendy parler Melusigne, si scet bien qu'elle lui dit voir de quanqu'elle lui avoit dit, et que c'est le meilleur selon raison. Mais il fu si tresperciez et oultrez de yre que raison naturelle s'en estoit fuye de lui. (ARRAS, c.1392-1393, 255).

 

.

"Laisser qqc. se rabaisser, se dégrader" : Dame aler doit et damoiselle Devant les bourgois et bourgoises, Et se telz gens sont plus courtoises Et laissent leur honeur aler, On ne les doit point ravaler, Mais leur doit on plus faire honour. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 297).

 

.

"Laisser passer (du temps)" : Bon fait laissier aler un espace de ton brief aage pour toy preserver de cheoir en viellesse et povreté. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 20).

 

-

Laisser aller qqn. "Laisser qqn tranquille" : Laissez moy aller, je me rens. (Sots gard., a.1488, 103).

 

d)

Aller + adv.

 

-

Aller bien : ...tant que il ait le conseil qu'il tient delez lui, les choses ne puevent bien aler, car ung royaulme ne puet estre bien gouverné (...) de mescheans gens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 19). Par vo conseil riens bien aler Ne puet (DESCH., M.M., c.1385-1403, 356). Car partout fault ung maistre, ou la besongne n'yra ja bien. (BUEIL, II, 1461-1466, 4). Se Dieu plaist, nostre besongne ira bien. (BUEIL, II, 1461-1466, 127). ...tout bien yra Et a l'empereur parlerons Qui de rien ne nous desdira. (LA VIGNE, S.M., 1496, 503).

 

.

C'est bien allé ! "Quel beau coup !" : C'est bien alé ! Le beau nisi Ou ung brevet y ont oeuvré (Path. D., c.1456-1469, 84).

 

.

Empl. impers. : Il va bien, mais il ne vient rien (P. Jouh. D.R., a.1488, 28).

 

-

Aller mal : ...il vit que tout aloit mal (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 195). DAME BERNOLINE. Il me semble que j'ay ouÿ Mon seignieur plandre : qui y a ? L'ESCUIER. Hélas ! ma dame, trés mal va. Bernard s'en est alez anuyt. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 90). La Chose publicque a mon aage Si tresmal aller je ne vids. (Sots mal., c.1480, 86). Et sembloit bien audict duc que le faict d'Angleterre ne povoit aller mal pour luy (COMM., I, 1489-1491, 212).

 

.

Aller mal à point : Principal, dictes mon seigneur, Aprés toutes choses bien veuz Il fault que voz gens soient pourveuz Ou la chose ira mal a point. (Sots gard., a.1488, 111). Ton cas yra trop mal a poinct Se tu es de mes mains tenu. (LA VIGNE, S.M., 1496, 293). Luciffer, tout va mal a poinct, Tout est perdu, tout est gasté (LA VIGNE, S.M., 1496, 486).

 

.

Aller malement : Fille, se dist ly rois, il vous va mallement ; Vous estes toute ensainte, bien le sçay proprement. (Tristan Nant. S., c.1350, 10).

 

.

Aller meschamment : La chose va trop meschamment [il s'agit d'un vêtement] (P. Jouh. D.R., a.1488, 125).

 

-

Aller ainsi : Ainsi en ala de ceste aventure (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 195). Ensi ala de ceuls de Saint-Amant (FROISS., Chron. D., p.1400, 428). Et ainsy va de guerre ! Lez uns en sont povrez, lassez et traveilliez et lez aultres richez et sy duis que c'est tout leur joieulx repoz et ne demanderoient a fin souhait aultre mestier faire (Comte Artois S., c.1453-1467, 33). Dieu a voullu qu'il en soit allé ainsi (BUEIL, II, 1461-1466, 150).

 

-

Aller autrement : Mais autrement va des barons Et des aultres qui prannent femmes (DESCH., M.M., c.1385-1403, 54). ...car elle veoit bien que le meschief que Gieffroy avoit fait ne povoit pour le present autrement aler. (ARRAS, c.1392-1393, 254). ...pour lors l'en tenoit les vielles gens en grant reverence. Glose : Mais maintenant, la chose va tout autrement. Les jennes se presument devant les vieulx et se moquent de ceulx qui sont parvenus en viellesse, disans qu'ilz sont esvuidiez de sens. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 157). ...qu'ilz eussent mieulx aymé que le fait dudit duc fust allé autrement. (COMM., II, 1489-1491, 161).

 

-

Aller comme / comment. "Se dérouler de telle manière" : ...en eulx mandant comment la chose estoit alee de son oncle (ARRAS, c.1392-1393, 67). ...mesires Ainmeris (...) li remonstra toute la besongne, conment elle aloit et demenee elle estoit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 862). ...mais il se determina enfin qu'il yra devers la dame, gouverneresse de la fille du roy, et savra illecq comment il alloit a la verité de tout son caz (Comte Artois S., c.1453-1467, 148). ...le bon homme racompta l'ystoire comme elle alloit (C.N.N., c.1456-1467, 544). Et du fait du roy d'Angleterre ne leur challoit au demourant comme il en allast, mais qu'ilz en feïssent leurs besongnes bonnes. (COMM., II, 1489-1491, 44). Aha ! par la foy de mon corps, je sçay comment il va de tout (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 393).

 

.

Comment y allez vous ! "Comme vous y allez !" : Hé Dieu ! comment y allez vous ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 30).

 

.

Comme / comment qu'il aille. "Quoi qu'il en soit, quoi qu'il advienne" : Or vient son mari et deffent Que l'en ne face nulle noise A sa femme, comment qu'il voise, Et qu'om seuffre sa voulenté Jusques ara elle enfenté (DESCH., M.M., c.1385-1403, 125). Certes, chiers sire, il me semble Qu'i veult guerroyé les Romains, Lesquelx sont d'orgueil trestous plains, Sy que pour fornir la bataille Vous fault haster, comme qu'il aille, Car, il vous veult tel chose dire Qu'i ne vous a peü rescripre. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 16). A mal gibet me puet om pandre Se je ne fiers, conment qu'il aille, Encontre eulx d'estoch et de taille, Sans ung tout seul pas desmarchier ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 20). Savoir le veulx, voire commant qu'il voise, Car ton parler ung peu trop fort me poise (LA VIGNE, S.M., 1496, 334).

 

.

Aille comme / comment (en) pourra (aller) : En voise comment il pourra (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 258). Aille comme en pourra aller ! Je voy les Anglois la devant ; Ne cessent eulx appareiller Et se fortiffient la dedans. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 336).

 

.

Comment il en ira. "Ce qu'il en sera" : Une foiz vous'n arés du pis, Et croy que Dieu vous punira. Bien voy coment il en iré. Plaise a Dieu de garder les bons ! (Pass. Auv., 1477, 269).

 

.

Comment va ? : Dieu vos veul[e] gardeir d'anoy, Foy et Loyalté, coment va ? (All. foi C., c.1350-1400 [p.1478], 255). Or vient au lit de sa maistresse : "Comment va ? - En si grant destresse L'ay mis qu'il venrra tantost cy Pour vous crier de tout mercy." (DESCH., M.M., c.1385-1403, 122). Bonjour, Aultruy, comment va ? (Jehan A., c.1400-1500, 131).

 

.

Comment leur / vous va ? : Amis, pour Dieu, commant vous va ? (Tristan Nant. S., c.1350, 302). A monseigneur et a ma dame Comment leur va ? (Pac. Job M., c.1448-1478, 195). Commant vous va, quelle est vostre lïesse ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 188).

 

.

Comment en va ? "Qu'est-ce qu'il en est ?" : Est tout perdu ? Comment en va ? A yl tout pillié de part en part ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 351).

 

-

Aller [+ autre adv. ou compl. circ.] : Ton fait ira tout ce devant derriere (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 39). Le diable y ait part : Que vous y allez rudement. (P. Jouh. D.R., a.1488, 18). Tout yroit sen devant deriere. (Gent. moun. T., c.1500, 335).

 

.

Aller avant. "Avancer en âge, vivre" : Je croy que cest homme rassote, Plus va avant et tant mains vault. (P. Jouh. D.R., a.1488, 17). Le sang bieu ! plus allez avant Et plus estes fricque et jolye. (P. Jouh. D.R., a.1488, 28).

 

.

Aller avant en qqc. "S'engager dans qqc." : Monseigneur, dist Remondin, ne vous en vueille desplaire, car amours a tant de puissance que il fait faire les choses ainsi qu'il lui plaist, et je suis si avant alé en ce marchié que je n'en puis reculer ; et, se je povoie, bien pour certain ne le feroye je pas. (ARRAS, c.1392-1393, 36).

 

.

Aller avant de qqc. "Continuer à agir selon qqc. ; faire aboutir (ce qui avait été convenu)" : Jugement (...) que dit que une jonne fille fut minse a maistre a annee et .XL. lbz. avec lei, par tel que, au chief des annee, on li debvoit rendre les .XL. lbz. ; maix ansoit que les annee fuxent fuer, la fillaitte fut fianciee a filz son maistre et les semonte faicte a l'esglise, et pués reffurent departis par devant l'official ainsois que la messe fut chantee, se volt on ravoir lez .XL. lbz. ; et on s'en deffendoit en disant que la departie des enffans n'estoit mie par lui, ains volloit bien aller avant dez convenance. Li maistre-eschevin dit qu'il l'ait bien a paier. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1337], 156-157).

 

.

[Désigne un contrat, un accord] Aller devant. "Prévaloir, l'emporter sur" : Cens par escript d'airche. Jugement (...) que dit coment les cens par escript vont devant que lez cens sans escriptz. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1330], 80). Premieres obligations precedent. Jugement de l'abei de Sainct-Arnoult d'une pairt, et don segneur Estenne, de Nommenei, le prebtre, d'aultre pairt, faisant mention que les premier obligation vont devant. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1340], 197). Jugement de Gererdin, de Friaville, d'une pairt, et de Poincignon-Guenerdin d'autre pairt. Ledit Gererdin disoit que ledit Poincignon li avoit affaire paiement de sertainne estaies et aidras d'un .VI. sols .III. mailles de cens qu'il disoit avoir par vertus de sertainnes parsons sur heritaige ; et ledit Poincignon disoit que son cens estoit allant devant le cens dondit Gererdin par vertus d'alcuns escript. Il fut dit que le cens ledit Gererdin alloit devant le cens de Poincignon (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1346], 253).

 

e)

Aller autour de. "Éviter d'aborder (une question, un problème)" : Et pour non longuement aller autour de ceste matiere et venir au fondement de la possibilité de mectre fin en ces griefves discentions (...), considerons que a prince qui maine guerre et a puissance de gens convient avoir trois choses principales (CHART., Q. inv., 1422, 45).

 

f)

[P. oppos. à venir] "Disparaître" : ...le mouvement du ciel fust venu en cressant par temps infini passé et que il alast en retardant par temps infini a venir. (ORESME, C.M., c.1377, 424).

 

-

[P. oppos. à reculer] "Avancer" : Son procés n'en va ne recule (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 41).

 

-

[P. oppos. à retourner] : Toutesvoyes veult la loy d'amitié que son emolument soit reciproque, et doit retourner a celui dont il vient par egal gratitude. Or est le tien allé sans retourner. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 9).

 

g)

Tout est allé. "Tout est fini" : ROUSSIGNOL. N'en parlons plus. SOTIN. Tout est allé. (Sots Magn., a.1488, 211).

 

h)

Aller de soi. "Fonctionner de soi-même" : Et pour ce que li orloges ne poet Aler de soi, ne noient ne se moet, Se il n'a qui le garde et qui en songne, Pour ce li fault a sa propre besongne Un orlogier avoir, qui tart et tempre Diligamment l'aministre et attempre (FROISS., Orl., 1368, 105).

 

2.

[Avec terme indiqué]

 

a)

Aller de... à + subst. : ...s'il avenoit chose que li contes Regnault de Guerles alast de vie a trepas... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 150). ...un nommé Thiebaut qui ouvroit avecques eulx esdiz aigoux, fu par ycellui Perrin, qui lors avoit hayne audit Thibaut, fait cheoir en yceulx aigoux, esquelx il ala de vie à trespassement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 13). ...le roy d'Armenie avoit une tres belle fille qu'il avoit eu de sa moillier, laquelle estoit alee de vie a trespassement n'avoit pas encores deux ans (ARRAS, c.1392-1393, 126). ...une maladie qui lui fut incurable, dont et de laquelle maladie il ala de vie à trespas (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 16). ...se ung lieutenant ou officier du Roy avoit donné aucuns saufconduiz et le lieutenant ou officier alloit de vie à trespassement (BUEIL, II, 1461-1466, 29).

 

-

Aller de deux en trois. "Chercher midi à quatorze heures" : ...ne luy cela gueres ce qu'il avoit sur le cueur, et, sans aller de deux en trois, luy demanda l'aumosne amoureuse. (C.N.N., c.1456-1467, 120).

 

-

Aller de mal en pire : Ha ! Dieu, je vois de Mal en Pire ! (Gens nouv. T., c.1461-1500, 339).

 

-

Aller de main à main. "Passer de main à main" : Ceste noble forteresse de Lusegnen en Poictou est depuis, tant alee de main en main qu'elle est venue en la main, par raison et par conqueste d'espee, de hault, noble et tres puissant prince Jehan, filz du roy de France (ARRAS, c.1392-1393, 307).

 

-

Aller de vie par mort. "Mourir" : Et le roy son pere ala tantost aprés de vie par mort (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 17). Celui Nabin estoit alé de vye par mort (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 581).

 

b)

Aller à + subst.

 

-

[De pers.] "Évoluer vers un certain état ou résultat" : Et par la coulpe des pasteurs, Sont les ouailles en peril D'aler a perte et a essil (DESCH., M.M., c.1385-1403, 169). ...li doulz Dieu se rapaise Et nous soit si larges et doulz Que sa fille n'ait qu'un espoux, Qui tant est a declin alée, Sique qu'adultere clamée Ne soit de ce jour en avant (DESCH., M.M., c.1385-1403, 172). Nous sommes nez soubz justice ; nous vivons soubz justice et à la fin nous allons à justice. (BUEIL, II, 1461-1466, 33). Je voy aller à dampnation et à deshonneur l'ung de ces deulx. (BUEIL, II, 1461-1466, 107). Car, quant je pence maintes fois Qu'il fault aller a pourriture, L'ame me tremble plusieurs foys De sa perilleuse adventure. (LA VIGNE, S.M., 1496, 415).

 

.

Aller au contraire à qqn. "Contredire, s'opposer à qqn" : Or sui ge venu a mon droit Car je suis maistre orendroit. Quil m'en peul aler au contraire ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 8).

 

.

Aller au contraire (de qqc.). "Agir à l'opposé de qqc." : ...ceulx qui seroient trouvez avoir fait ou alé au contraire feussent griefment punis (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 219).

 

.

Aller à l'encontre de qqc. : Et ainsi eut tel feauté a ses subgés, et tel amour a tenir ce qu'il avoit promis, que il eslut avant la mort qu'il alast a l'encontre [d'une servitude]. (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 138). Le roy Amydas entendit bien son conseil, ses amyz, conseillers et serviteurs et ne voullut pas aller à l'encontre ; car il estoit homme qui vouloit user tousjours par conseil (BUEIL, II, 1461-1466, 230).

 

-

Aller au devant de qqc. "Aborder qqc." : ...le roy estoit jonne (...) et en voulenté de traveillier et bien l'avoit monstré en Flandres et ailleurs, comment de bonne voulenté il aloit au devant de ses besoingnes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 229).

 

.

"Prendre les devants" : ...[il s'agit des cruautés du roi Jean] Et n'i eut baron ne chevalier en France (...) qui osast aler au devant ne dire "C'est mal fait" (FROISS., Chron. D., p.1400, 594).

 

.

Aller au devant (dans une situation difficile) : ...la contesse de Montfort, qui bien avoit coer d'onme et de lion, aloit trop fort au devant (...) et au jour que son mari fu pris (...) ne fu noient esbahie, et manda (...) ceuls dont elle pensoit a estre amee, aidie et servie. (FROISS., Chron. D., p.1400, 501).

 

-

Aller à qqc. "Se tourner vers qqc." : Je ne dy pas cecy sans cause ; voise chascun a sa conscience. (GERS., Noël, p.1404, 297).

 

.

"Aborder (une question)" : Mes neentmoins, celui qui veult avoir aucun art et estre en tel art operatif et speculatif, il doit aler as propocisions universeles selon ce que il est possible (ORESME, E.A., c.1370, 535).

 

-

[De choses]

 

.

"S'étendre jusqu'à" : Il at tant alleit qu'il at assiegeit Grippage, qui siet sur la haulte mere, qui luy vat aux murs. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 102).

 

.

"Évoluer vers un certain résultat" : Le temporel va a declin Par mort, ou par aultre ordonnance, Ou par fortunele puissance ; Mais l'espirituel demeure Perpetuel (DESCH., M.M., c.1385-1403, 240). ...chacun y fu si en hait Et si ala tout a souhaid Que me dos [l. dois ?] de cel lieu louer, Ou me volt Fortune alouer. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 39). Mon ame yra a l'aventure. (LA VIGNE, S.M., 1496, 316).

 

.

Aller à neant. "Se réduire à rien" : Si se degasta ceste ordenance et ala toute a noient (FROISS., Chron. D., p.1400, 895).

 

.

Aller à rebours : Il [Cupido] fait aydance aux vrays amans, J'auray de luy aucun secours, Mon fait ira fort a rebours, S'aucun petit ne m'en depart. (P. moyne, a.1500, 45).

 

c)

Y aller. "Y procéder" : Mais il luy fut conseillé qu'il y devoit aller [entreprendre une guerre] par aultre moyen et que il y devoit envoyer premierement ses ambaxadeurs. (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 52). C'est une trop grant lascheté D'y aller par ce moyen cy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 528).

 

d)

Aller + autre prép. ou loc. adv. : ...[il s'agit du jeune duc de Normandie, furieux que son père, le roi Jean, veuille faire pendre Gautier de Mauni] ce estoit la cose dou monde qui pour ces jours li aloit plus priés dou coer (FROISS., Chron. D., p.1400, 757). Ainsi le trop qui va d'une part n'a point de contrepois, si ne peut la balance soy tenir droicte ne la mesure estre gardee. (CHART., Q. inv., 1422, 51). ...se Dieu ne vous aimoit, la commune renommée ne iroit pas de vous en bien (BUEIL, II, 1461-1466, 25). Helas, qui ne les congnoistroit Qu'elle voise en devotïon, Quant telle est leur entencïon Il n'y aura si bon couvent Qui ne soit visité souvent (P. Jouh. D.R., a.1488, 33). ...mais leur congnoissance n'alloit point jusques là. (COMM., II, 1489-1491, 207). ...et qu'ilz ne pouvoient faire ceste ligue, dont on parloit, que ce ne fust allé contre leur promesse. (COMM., III, 1495-1498, 120).

 

-

Aller en [telle année de son âge]. "Y entrer" : Sy avoit d'eaige XIIII ans et aloit en la XVe. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 60).

 

-

Aller contre qqc. "S'opposer à qqc." : Dix commandemens par moy te mande A garder sans point trespasser ; Garde, peuple de les casser. Quil contre ceste loy ira, Cil de son peuple perira. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 39-40). Dieu ayme bien ceulx qui exposent leur corps à vouloir faire la guerre et faire la raison aux ingratz et descongneuz, aux prosternés et orgueilleux, et qui vont contre bonne equité. Ceulx qui se peinent de les reprimer sont à louer. (BUEIL, II, 1461-1466, 20).

 

.

Aller contre [un serment, une promesse]. "Renier" : ...pour avoir alé contre leurs sermens et feaultez à nous fais par cy devant (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 70).

 

-

[D'une chose]

 

.

Aller dans. "Convenir à" : ...[la clef] aloit [dans la serrure] (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 215).

 

.

Aller entre [des pers.]. "S'installer, avoir cours" : Que quant nostre gent bien saura Ce descort qui entre vous va, Ilz n'auront doubte ne paour De crestianté mettre en cremour (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 20).

 

.

Allers vers. "Se trouver, s'étendre" : ...vers medis vat la grant mere d'Affricque (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 93).

 

3.

Aller autre chemin. "Se passer autrement" : Il serat pendus, n'yrait aultre chemin. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 31).

 

4.

Aller + inf. : Si ce jeune prince fol ou enraigé s'est allé perdre, ne perdons pas sa maison ne le fait de son père ne le nostre. (COMM., I, 1489-1491, 83).

 

5.

Il y va de qqc. "Qqc. y est en cause" : Mais sans nulle doubte, là où il y alloit de l'honneur, il n'eust point voulu estre reprins de couhardise. (COMM., I, 1489-1491, 160).

II. -

Empl. pronom. S'(en) aller

A. -

S'en aller

 

1.

"Quitter le lieu où l'on se trouve pour se rendre ailleurs, partir" : Et, sur ce, parti et s'en ala (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 287). Et atant s'en ala (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 287). Et print congié ly contes et la contesse, et toute la baronnie pour eulx en aler. (ARRAS, c.1392-1393, 43). Et ceulx se partent de lui grant dueil demenant, car il [Remondin] ne leur voult oncques dire quel chemin il feroit. Mais sachiez qu'il s'en ala bien garny de finance, et tant chemina qu'il vint en Nerbonne. (ARRAS, c.1392-1393, 271). Ains pouez crerre Que pour honte de ceste guerre, S'aler ne s'en peüst grant erre (CHART., L. Dames, 1416, 294). ...lequel s'en alla sans dire adieu à son maistre, pour la craincte de sa personne (COMM., I, 1489-1491, 11). Pencez tost de vous en aller ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 578).

 

-

S'en aller de qq. part : ...de quoi raconte Josephus que, devant la destruction de Jerusalem, l'en ouït voiz disantes ; alons nous en de ci (ORESME, C.M., c.1377, 294). ...il mit la selle sur ledit cheval et s'en ala d'icelle abbaye, et avecques lui emmena ycellui cheval (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 4). ...ledit duc de Bourgongne (...) s'en parti et s'en ala de nuit et honteusement de devant icelle ville sans l'avoir peu conquerir (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 340). Sus, ma mie, va t'en de ce lieu En bonne paix de ta conscience ! (Pass. Auv., 1477, 156).

 

-

S'en aller de lieu en lieu : Et ainsi s'en ala Uriien de lieu en lieu par my son royaume. (ARRAS, c.1392-1393, 124).

 

-

S'en aller devant. "Partir en avant" : Lors commence a penser a la beauté de la dame, et la print si fort a amer que il ne scot quel contenance prendre et dist a ses gens : Alez vous en devant, et je vous suivray assez tost. Et cilz s'en vont qui bien apperceurent que ly roys avoit trouvé quelque chose. (ARRAS, c.1392-1393, 8).

 

-

CHASSE S'en aller devant les chiens / les levriers. "Fuir poursuivi par les chiens, les lévriers" : ...ilz [les chiens] ne peuent mie si bien assentir de hautes erres comme ilz font au matin quant une beste s'en va devant eulx. ["fuir poursuivi par les chiens, les lévriers"] (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 210).

 

-

Se aller. "Partir" : Et le duc le vit, sy luy dist : "Alons nous." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 148). ...se ala et (...) feri ceval des esporons (FROISS., Chron. D., p.1400, 435).

 

-

S'aller que + subj.. "Être sur le point de (?)" : ...prestement apprez mon dit seigneur le duc, s'alant qu'il se retenriast ["étant sur le point de s'émouvoir" ?], dist : "Vous tous meseigneurs je ay esté vostre seigneur [l'espace] environ de 63 ans..." (Actes Etats gén. Pays-Bas C., t.1, 1464, 90).

 

2.

[D'une chose] "Disparaître" : Quant tumeurs apperent en aucun corps en vulneres, ilz se spasment pou, ne si n'encheent pas en manie ; et quant telles tumeurs s'en vont soudainement, se telles vulneres sont en la partie derriere, la pacient enchiet en spasme et en thethane (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 88). Et ainsi s'en va leur chevance, Et leur commence leur meschance. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 52).

 

-

[Du jour] "Décliner" : ...le jour s'en va. (BUEIL, II, 1461-1466, 194).

 

-

[Du temps] "S'écouler" : Le temps s'en va sanz revenir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 6).

B. -

[Avec idée de terme]

 

1.

S'en aller qq. part : L'ystoire nous dit que, quant Presine party de Elinas atout ses trois filles, qu'elle s'en ala atout elles en Avalon, nommé l'Ille Perdue, pour ce que nulz homs, tant y eust esté de foiz, n'y sauroit rassegner, fors par aventure. (ARRAS, c.1392-1393, 10). ...[le] conte de Forez, qui s'en ala en son pays atout ses deux filz ainsnez et sa mesnie (ARRAS, c.1392-1393, 16). ...l'un [des espies] se party et s'en ala vers le recept ou le chastellain et le lignaige Jossellin estoit. (ARRAS, c.1392-1393, 69). Et si advint en ce temps audit lieu de Paris que une belle jeune femme nommée Jehanne du Bois, femme d'un notaire du Chastellet dudit lieu de Paris, se party et absenta hors de la maison de sondit mary et s'en ala où bon lui sembla, et depuis par long temps fut perdue. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 33). ...et à ceste cause s'en parti dudit pays de Picardie et s'en ala à Rouen et autres lieux de Normandie. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 35). Les ungs s'en vont en enffer, les aultres autour de l'oratoire saint Martin ou il [prie] (LA VIGNE, S.M., 1496, 370).

 

-

S'en aller qq. part par terre / par mer : Et puis, après disner, rentra ledit Warwik esdiz basteaulx, et s'en ala ledit Warwik par la riviere de Seine, et le roy s'en ala par terre lui et sa compaignie jusques audit Rouen. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 170).

 

2.

S'en aller + subst. d'action ou subst. désignant le lieu d'une action : Et la nouvelle est espandue par le pays comment Remond s'en estoit alez en essil pour le grant dueil qu'il avoit eu de sa moillier qu'il avoit perdue. (ARRAS, c.1392-1393, 274). Ainsi se despartirent d'une part et d'aultre, et s'en alla chascun à son affaire, le conte devers le Roy et les aultres à la ville. (BUEIL, II, 1461-1466, 7). Cependant sourdit grant differand entre ledit seigneur Ludovic et seigneur Robert de Sainct-Severin, comme est bien de coustume : car deux gros ne se peuvent endurer ; et demoura le pré audit seigneur Ludovic, et l'autre s'en alla au service des Venitiens. (COMM., III, 1495-1498, 14). Car je m'en voys à mon affaire. (Bad. loue T., c.1500, 46).

 

3.

S'en aller à qqn / vers qqn / devers qqn : Alez vous ent devers mon frere et lui dictes que je me desloge pour aler combatre les ennemis de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 134). Guyon, il fault que nous en allons devers le conte. (BUEIL, I, 1461-1466, 207). Ilz s'en vont a l'empereur. (LA VIGNE, S.M., 1496, 500). O ! que la tenir sus un lict Pou [l. pour] la ribaulder quinze jours ! Vers elle m'en voys tout le cours (Gent. moun. T., c.1500, 342).

 

-

S'en aller après qqn. "Suivre le même chemin que lui, partir à sa recherche" : Madame, je m'en vueil aler aprez monseigneur mon frere, faictes moy avoir quelque bon maronnier qui bien sache la contree de ceste mer, par quoy je ne faille pas a trouver mon frere, et je vous en pry tant comme je puis ne scay. (ARRAS, c.1392-1393, 216).

C. -

S'en aller son / le chemin / sa voie. "Cheminer" : ...à quoy le dit exposant recuilloit le plus qu'il povoit et s'en aloit touzjours son chemin, en lui disant qu'il le laissast en payx et qu'il auroit raison de lui par justice, et qu'il faisoit mal de le assaillir. (Doc. Poitou G., t.5, 1385, 265). Sire, dist ly uns, vous estes bien ou chemin ; il n'y a pas plus de cinq lieues de cy. Et sachiez que vous y trouverez Alain de Leon, qui vous fera bonne chiere, et si trouverez deux chevaliers, qui sont ses filz, qui sont moult honnourables et gens de bien et d'onneur. Et vous en alez tout ce chemin, vous ne povez faillir ; et nous en alons a vostre congié. (ARRAS, c.1392-1393, 52). Puys sont partis et s'en vont leurs chemin (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 141). ...je lui dy [à Souci] : Dieu te convoye, Lesse m'en paix, va t'en ta voye (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 337).

D. -

S'en aller + inf. : ...il lessa icelui conte de Savoye, et s'en ala chevauchier comme gros varlet en la compaignie dudit messire Amaurry. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 116). ...il s'estoit absentez d'icelle ville, et avoit dit qu'il s'en aloit gaignier à soyer là où il pourroit trouver à gaignier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 251). Et s'en alla chascun retraire en sa maison. (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 72). Et ainsi s'en ala faire son oroison en l'eglise Nostre-Dame de Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 29). Pinselardon, verse a boere, Et puis t'en va querir la viande. (Pass. Auv., 1477, 90). Sirus, va t'en faire la croix, Et l'aporte quant sera faicte. (Pass. Auv., 1477, 176). Et s'en alla loger en un villaige près Paris, appelé Longeumeau (COMM., I, 1489-1491, 19).

 

-

S'y en aller [où y représente un synt. inf.] : CALBAIN. M'amye, je ne veulx plus chanter ; Mais donnez moy doncques à boire. LA FEMME. Je m'y en voys sans accessoire ["sans tarder"] ; Vous en aurez tout maintenant. CALBAIN. J'en auray à boire, vrayement ? (Sav. Calb. T., c.1475-1500, 157). NICODEMUS. Il fault doncques premierement A Pilate le corps demander. JOSEP. Je m'en y vays. (Pass. Auv., 1477, 234). Monseigneur, auray acomply Vostre messaige incontinant. Je m'y en voys, adieu vous dy, Sans arrester ne tant ne quant. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 189). Il y a long temps que n'issy Hors du logis, pour aler veoir Mais gens et faire mon debvoir. Je m'y en voy tout maintenant. (Mère Ofic. T., c.1500, 95).

E. -

Au fig.

 

1.

"Mourir" : Et a ce mot clouy les yeulx et s'en ala si doulcement qu'il leur sembla qu'il feust endormis. Mais quant ils se apperceurent qu'il fu mort, lors commenca grant la douleur. (ARRAS, c.1392-1393, 123).

 

-

S'en aller mort : Je m'en yroye Tout fin droit heurter a sa porte, Et en pleurant je luy diroye Que brief ma femme s'en va morte (LA VIGNE, S.M., 1496, 408).

 

2.

[De choses abstr.]

 

a)

"Disparaître" : Donc, quant vices sont des gens hors, Lors entrent vertus en leurs corps, Non pas quant les vices y sont, Car adonc les vertus s'en vont (DESCH., M.M., c.1385-1403, 238). ...car communement choses qui viennent legierement et en pou de temps, aussy s'en vont legierement et en pou d'eure. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 64).

 

b)

S'en aller à. "Évoluer vers" : Tout s'en va a dempnacion, A payne et tribulacion, A misere et a grant tourment (LA VIGNE, S.M., 1496, 294).

 

Rem. Allons m'en. Sans doute s'agit-il au départ de en aller, employé avec la désinence -on, -ons, -omes (FEW XXIV, 418a, 428b, n. 24bis et R. Ling. rom. 46, 1982, 196). Palsgrave y voit le pendant au cas régime de je pour nous (j'allons bien). Allons m'en peut s'expliquer par le croisement de allons-en et je m'en vois : : De ce grant deul vous fault tenir. Pour Dieu, ma dame, cessés vous. Alons man, ma dame au cueur doulx, Vous sçavéz bien qu'il [Jésus] nous a dist Briefment arons joie sans respit ; Bien sçay qu'il nous conffortera. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 227). Frere, alment, je vous en pry, Estudier ceste matere, Car c'est pour nous grant vitupere Que nostre loy est deffoulee. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 112). BRUYANT .IIe. sergent. Alons m'en faire noz approches, Portons noz battons contre bas. ESTONNÉ IIIe. sergent. A quoy faire ? BRUYANT. Pour les debaz ! Que scet on du rencontrement ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 536-537). Allons m'en. (Sots Magn., a.1488, 199).

III. -

[Empl. périphrastiques]

A. -

Aller + gérondif (périphrase durative)

 

1.

[Avec idée de mouvement, plus ou moins perceptible]

 

-

[D'êtres animés]

 

.

[Gérondif intrans. ou trans. en empl. abs.] : Quant les chars furent eschaufées, Si commencerent a puir, Et les ennemis a courir Pour femmes prandre et violer, Pour pillier et pour desrober : Ly uns robe, ly autres taste, Trassant vont par la cité d'Aste (DESCH., M.M., c.1385-1403, 336). ...et allerent devisant tant qu'ilz virent Callibor (BUEIL, II, 1461-1466, 178).

 

.

[Gérondif trans.] : Que vous iroy-je serchant ? Moy qui porte armes, à qui me dois-je combatre, sinon à ung homme d'armes ? (BUEIL, II, 1461-1466, 81).

 

.

[Gérondif pronom.] : Quant aux vieulx leur humeur perie, Au jeune est forme reperie. Ainsi se vont renouvellent ; Et li oiselet ne sont lent Chascun an de leurs niz viser Et par nature eulx aviser De pondre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 7).

 

.

S'en aller + gérondif : Ensi s'en va chevauchant le Chevalier du Papegau et sa damoiselle (Chev. papegau H., c.1400-1500, 12). Doleur, Desplaisir et Tristesse S'en vont fuiant ; ilz n'osent demourer Ne se trouver en vostre compaignie (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 58). ...les seigneurs s'en vont chevaulchant devant et sainct Martin les suyt de loing. (LA VIGNE, S.M., 1496, 194).

 

-

[De choses] : Uns enfes devient tantost sage, Croist ou devient malicieus Et jouvencel, et puis est vyeux, Et puis est tantost decrepis, Et n'a lors bras, jambes ne pis, Cuisses, costez, teste, forcelle Qui ne lui dueille, et sur sa celle Tuit si membre vont deffluant, Et est lors en estat d'enfant (DESCH., M.M., c.1385-1403, 209). Allez vous musser maintenant, Ennuyeuse Merencolye, Regardez la saison jolye Qui par tout vous va reboutant. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 439). Puisque mort vous va assaillant (LA VIGNE, S.M., 1496, 563).

 

2.

[Sans idée de mouvement]

 

-

[D'être animés]

 

.

[Gérondif intrans. ou trans. en empl. abs.] : Cuidiés vous que je voisse dormant ? (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 73). Je seroye riche marchant, Ha seurement g'iroye marchant Parmy les rues de Paris, Faisant monsieur du gros bis... (S. fol, c.1480-1490, 7). ...sur tout le sciecle empirant Qu'en aspirant, En respirant Soit gerre humain Poison tirant, Aille mourant, Riant, plorant, Sans faire point de demourant. (Cene dieux, c.1492, 132).

 

.

[Gérondif trans.] : ...Quar belle estoit et bien nourrie, Riche d'avoir et d'eritage, Dame delie, de jenne aage Et de maint hault baron requise Qui l'alloient en mainte guise Escommovant et regardant. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 92). Au lit sa dame le mena Et ycelle lui assena Qui estoit ja couchée nue. Dedenz se boute de venue, Et celle le va attendant (DESCH., M.M., c.1385-1403, 96). Ainsi alla resconfortant la compaignie. (COMM., I, 1489-1491, 73). Mais la pratique dessusdicte s'entretenoit entre le roy et ledict seigneur de Charroloys ; et alloient envoyans gens de l'un à l'autre, nonobstant qu'il fust guerre. (COMM., I, 1489-1491, 77). Tu va hurlant, cryant : patic, patac ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 138).

 

.

[Gérondif pronom.] : Car, se la belle au corps vaillant, Pour qui je me voi travillant, Trouvoie mariee ou morte... (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 139).

 

-

[De choses] : La raison se delite en tant Que la pensée contemplant Va par le ray de discipline (DESCH., M.M., c.1385-1403, 217). Endoctriner je vous vueil maintenant Et demonstrer ma grant begnivolence Qui, en substance, va ces motz contenant... (LA VIGNE, S.M., 1496, 163). Durer ne puis, tant me va boursoufflant Et, sans cesser, plus c'un crapault enfflant, Le villain cueur qui est dedens ma pence. (LA VIGNE, S.M., 1496, 350). Pis c'un dragon ta langue va sifflant (LA VIGNE, S.M., 1496, 350).

 

.

Empl. impers. : Vous l'arés, dist le roy, quoy qu'i voise coustant. (Tristan Nant. S., c.1350, 691).

B. -

Aller + inf.

 

1.

[Aller est au prés.]

 

a)

[Va + inf. est l'équivalent d'un passé simple (surtout dans les textes proches du domaine provençal ou franco-provençal ; fréq. pour introduire le discours dir. : et lui va dire...)] : Et le mena en la ville et vont entrer en la cave d'un riche homme, laquelle estoit remplie de tous biens. (MACHO, Esope R., c.1480, 85).

 

-

[L'inf. est un verbe déclaratif] : Et son levrier le regardant piteusement tout courroucié se va escrier d'ung cry tout esroué et luy va dire en ceste maniere :... (ROB. HERL., Déb. fauc. lévr. H., c.1470-1500, 29). Si (...) le roy d'Espaigne (...) va commancer a dire (...) criant a haulte voix (Jehan de Paris W., 1494-1495, 4). Et la royne, qui moult sage dame estoit, va dire telles parolles (Jehan de Paris W., 1494-1495, 11).

 

Rem. V. aussi G. Hasenohr, Vie de nostre benoit saulveur Jhesus Crist, Romania 102, 1981, 368 : ...et le tres saige enffant vit que c'estoit pour prendre congié, si leur bailla la main a baiser et leur va rire (...) quant saint Jehan vit la volonté de Nostre Seigneur, il luy va obbeir a son plaisir, si le baptiza.

 

b)

[Va + inf. est l'équivalent d'un prés. (prés. historique ou autre)] : Adont se vont leveir roys, cuens, et ducs, qui en cestuy oust avoient ameneiz IIIIxx milz hommez (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 48). ...maiz la mere se vat avironner la cité sy qu'on n'y peult aller. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 167). A ses parrolles, va venir le roy et entre en la salle ; si se taist messire Cleriadus et ses compaignons que plus ne parlent de la chose. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 74). Et, tandis que le taisson quiert sa proye, le renart entre en sa caverne et lui va pourpisser et faire son ordure partout et mesmes en son giste. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 204).

 

c)

[À la première pers., aller + inf. semble avoir déjà la valeur de fut. proche qu'il a en fr. mod.] : Je voys faire bouillir le pot Pour soupper, dont il me remort. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 127). Helas ! besoing, je les vois frire, Et si (je) vois allumer le feu. (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 109). Se faict mon que tuer le vouée. [Éd. : "Il est certain que je vais le tuer"] (Gent. moun. T., c.1500, 377).

 

-

[À la forme nég.] : Pren bien a loysir ton repas Et regarde qu'en maulvais pas Ne voise tumber [var. Je n'aille tumber] par tes fais ! (Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 108). Je n'y voys plus du cul frotter ["hésiter"] (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 90).

 

-

S'en aller + inf. : Je m'en vois fere occire devant vous d'un glouton (Tristan Nant. S., c.1350, 116).

 

2.

[Aller est au passé simple. Périphrase inchoative, marquant la soudaineté] : Par devers le jone honme ala Et ly peres s'ala partir (Dit prunier B., c.1330-1350, 50). Maz Gerait de Fraite baise la lance et broche. Il alat brochier contre luy Griffons d'Aultrefueilhe (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 29). ...li rois Carles ala mourir la nuit de la Pentecouste (FROISS., Chron. D., p.1400, 174). Or avint que messires Jehans d'Eltem (...) ala morir assés soudainnement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 182). Qant messires Ainmeris de Pavie oy parler de messire Joffroi et des François, se li revinrent toutes angousses au devant ; et li ala souvenir dou vendage que fait avoit dou chastiel de Calais, et les avoit decheus (FROISS., Chron. D., p.1400, 893). ...il luy alla souvenir que folz, yvres et enfans ont de coustume de vray dire (C.N.N., c.1456-1467, 153). ...et madamoiselle alla dire : "Or, monseigneur, vous avez perdu la gaigeure..." (C.N.N., c.1456-1467, 185).

 

Rem. Cf. G. Gougenheim, Étude sur les périphrases verbales, 1929, 92-97.

 

3.

[Aller est à l'imp. Périphrase de l'action imminente] : Ainsis que l'en l'aloit jugier, Et la mener a son tourment, Estes vous un petit enfent... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 146). Sans bieu ! y ne s'en falut guere Que je ne mise au pertuys. Sans une de deriere l'huys, J'alés mesler mes deulx genoulx. ["faire l'acte charnel"] (Gent. moun. T., c.1500, 382).

IV. -

Part. prés. en empl. adj. ou subst.

A. -

Empl. adj.

 

1.

Allant et venant. "Qui vient et qui repart" : ...et s'aucun des freres de ladicte priouré ou autre quelconque personne y estoit mis pour garder ledit moullin, il lui appartendra mort bois sans livrée pour chauffer, et herbages à ses bestes en ladicte forest allantes et venantes par ladicte haie d'Ambenay, sans contradiction. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 283).

 

-

Venant et allant : L'ostellerie de Pensee, Plaine de venans et alans Soussis, soient petis ou grans, A chascun est habandonnee. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 481).

 

-

Marchand allant et venant. "Marchand itinérant" : Et outre, avons octroyé et accordé, octroyons et accordons par ces présentes que lesdites foires, et chacunes d'icelles, et Marchans allans et venans, demourans et séjournans en icelles, soyent privilégiées, usent et jouissent de tels et semblables priviléges que les foires de Champagne, de Brie et du Lendit, et tous les Marchans et autres allans et venans, demeurans et séjournans en icelles foires et marchez publiques, nous avons prins et mis, prenons et mettons d'abondant par ces présentes en la seure et spéciale sauvegarde et conduicte de mondit Seigneur et de nous (Ordonn. rois Fr. V.B., t.11, 1419, 47).

 

-

Allant et retournant : ...il luy manda qu'il luy feist avoir de chascune ville de son pays de Hollande deux barges pour la conduitte de son armee par mer ; compris battelaige et cariage alant et retournant. (Comptes argentier Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/1, 1470, 172).

 

2.

Bien allant / tost allant. "Qui se déplace vite, qui court vite" : Bon chien est viste et tost alant, Et si est tost appercevant. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 292). Car uns homs, qui bien scet le fait Du deduit de la leverrie, Les fait rengier et ne faut mie A prendre de tres bons levriers Pour lievre, vistes et legiers, Bien alans et tres bien prenans, Et aussi sont il bien suyvans. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 398). ...coursiers bien alans (FROISS., Chron. D., p.1400, 386). Eslisez asnes bien allans Et legiers, sur lesquelz montez (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 220).

B. -

Empl. subst.

 

1.

[À propos d'une chose]

 

a)

Allant. "Élément qui tourne, rouage" ( (cf. Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 469 ; ex. de 1388 et 1404))

 

b)

"Distance" : Le maire (...) faict sonner a journe haute le grand sain de la commune, bien l'alent d'une lieue (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1373, 679). [GD I, 210a]

 

c)

Sauf allant. "Sauf-conduit" : Li rois a moult grant gent, ja n'ert par moy ochie, Sauf alant manderay en se tente jolie (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 857). Faittes venir à court le fort roy Corbarant Et tous les crestyens, car il ont sauf-alant (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 299).

 

-

Sauf allant et (sauf) venant. "Sauf-conduit" : De tous les Sarrasin qui cy sont habitant, Je vous feray donner sauf alant et venant (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 487). Par foy, dame, s'il [Glaude de Sion] se puet excuser qu'il n'ait pas erré contre son serement ne faussé ne enfraint l'ommage que il doit, j'en seray tous liez, et seray cellui qui voulentiers le recevray en ses excusacions, lui et ses complices. Et viengnent seurement. Je lui donne sauf alant et sauf venant de cy a huit jours, lui LXme. (ARRAS, c.1392-1393, 209).

 

2.

"Celui qui va"

 

a)

Les allants et venants. "Ceux qui vont et viennent, les passants, plus partic. les clients d'un marché, d'une foire" : Derechief, au Roy appartient en tout son royaume, seul et pour le tout, et non a aultres, donner et ottroïer toutes foyres et touz marchiés, et lez alans, demorans et [l. en ?] retencion sont en sa sauvegarde et proteccion. (Songe verg. S., t.2, 1378, 201). La XIIIe reigle du chevetaine si est que les marchans et alans et venans en l'ost soient bien gardez de toute oppression et des ennemis aussi par certainnes gens d'armes de l'ost, qui seront a ce ordonnez (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 517). Et quant elle se vist au chemin, elle se retourna prestement dedens les boys et cercha ung lieu qui estoit hault et ramé dedens les arbres et se bouta dedens. Et d'illec veoyt les allans et venans et nully ne la povoit veoir. (Belle Maguel. C., 1453, 38).

 

b)

Un allant. "Celui qui s'agite, qui est fin et rusé" : DENTART. Dieu, quelz gallans ! GADIFFER. Quelx quatre levriés ! ROULLART. Quelx allans Pour secourre ung vilain de champs ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 258).

 

-

En partic. "Homme rusé et coureur de femmes" : LE MARY. Ho, ho ! quel bonnet est-ce là ? C'est le bonnet en grand gallant. LE BADIN. C'est mon, c'est mon : c'est un alland. Il a luyté à ma maistresse ; Mais de la premiere luyte adresse ["directement, sans tarder (?)" (Éd.)], Il la vous a couchée en bas. (Bad. loue T., c.1500, 62).

 

Rem. Dans l'ex. suiv., alans est sans doute un part. prés., mais il n'est pas exclu qu'il s'agisse d'un subst. ("Homme rusé" - ou "vagabond" GD I, 210b ?) : : Chantres chantans a plaisances, sans loy, Galans, rians, plaisans en faiz et diz, Coureux alans francs de faulx or, d'aloy, Gens d'esperit, ung petit estourdiz, Trop demourez, car il meurt entandiz. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68).

 

c)

"Celui qui va qq. part" : ...il (...) s'apoya a une fenestre qui regardoit en la court du palais (...) et là (...) veoit les alans et retournans (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 53). Or tous vous compaignons vagans, Aultres hommes subtilz vagans, Courez, courez et convoions : La nef s'en va, nous le voions. Beguines, suivons ses allans, Soions ce grant mer devallans (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 809).

 

-

"Messager"

 

Rem. GD I, 210a.

 

d)

Au fig. Allant contre : Oudit temps 1456, le pape, voulant pourvoir de quelque remède pour contribuer en quelque sorte, de son costé, à la destruction et ruine des mescréans Turcs et autres allans contre la foy de Jésus-Christ, donna et octroya des indulgences et pardons, exprimez en certaines bulles, en faveur de ceux qui combatroient contre eux, lesquelles bulles il envoya par toute la chrestienté. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 57).

V. -

Part. passé en empl. adj. ou subst.

A. -

Empl. adj. au fig. "Qui a fait son temps, qui n'a plus cours (?)" : Combien que tu ne le vois mie Et que tu l'appelles amye, N'est t'amye certainement, Ains est ton propre dampnement ; Car elle t'apport par flaterie Perte de corps, d'ame et de vie, Et tu cruelment te dechois Quant tu point vielle putain crois. Ne vois comme elle est tresalée, La vielle qui sent la fumée ? Quel soulas as en lui taster ? Quel coeur te tient de lui amer ? [Éd. : "Qui a de l'allant"] (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 31).

 

Rem. Il faut comprendre "C'est mal allé" (ou "c'est mal aller" ?) dans l'ex. suiv. : : Nous aurons [donc] Picque devant, C'est mal allay, par Nostre Dame. (Berg. agn. France L., 1485, 42).

B. -

Empl. subst.

 

1.

Subst. masc. Retourner son allé. "Faire demi tour, revenir sur ses pas" : Adonc sonnent leurs trompes et soy sont rassemblés, Tous en eulx deffendant retournent leurs allés (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 302).

 

2.

Subst. fém. V. allée

VI. -

Inf. subst.

A. -

"Le fait de se déplacer, de se mouvoir" : Chaussemente fault et solers, Pour les venues, pour les alers (DESCH., M.M., c.1385-1403, 48). ...il estoit si grant qu'il ne trouvoit chevaul que pourter le peust puis qu'il fust armé ; et mieulx va a pié et plus tost que nulle beste sauvage, et pour ce ne pourtoit il mie ses chausses de fer, car elles luy casseroient les piés a l'aler. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 46). ...ceulx qui les voient et vont aprez et concevent à l'oeil leur aller et leur marcher (BUEIL, I, 1461-1466, 200).

 

-

A tout aller. "À toute allure" : ...le marissal de Gey et aultres conducteurs experimentéz des subtilitéz de guerre avoyent preparé leurs embusches pour empeschier leur entrée et se portèrent sy vaillamment qu'ilz separèrent les Bourgoignons et donnèrent dedens à tout aller. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 188).

B. -

"Action d'aller, le fait d'aller qq. part" : ...Ains ait l'avis si prest et si seür Qu'en tous ses fes on le voie meür, Soit en aler, venir, parler ou taire, Selonc l'estat qui li est neccessaire. (FROISS., Orl., 1368, 92). Or pense de l'aler ; Fuy t'en tost : tu verras merveilles, Onques ne furent les pareilles. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 89). Ainsi fault conclure que ce voyage fut conduict de Dieu tant à l'aller que au tourner (COMM., III, 1495-1498, 3).

 

-

L'aller hors : Se tu l'aler hors leur deffens, Qu'elles aient petis enfans (DESCH., M.M., c.1385-1403, 100).

 

-

A l'aller coucher. "Au moment du coucher" : Item por celui qui n'oit pais bin cleir, R. saïn d'enwilhe et lait de femme et feules de poriaus, se broies tot ensemble, et puis en meteis en l'oïe a l'aleir kouchiir et le stopeis de laine a tot le sure, et che fait sovent. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 203).

 

-

(Passer qqn) de haut aller. "En allant très haut ; monter plus haut que qqn" : Car avec l'autre vint voller Et le passer de hault aler, Combien qu'il feust pres de la nue (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 428).

 

-

D'aller ou de venir. "En avant ou en arrière" : Et se ton limier n'encontre d'aler ou de venir, tu pues bien savoir qu'il est demouré en ton enchainte, et c'est a dire destorné de pres. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 30).

C. -

P. méton.

 

1.

"Faculté de se déplacer" : Tu appelleras le nom de luy Jhesus, c'est le nom qui donne aux aveugles clarté, aux sourds l'ouyr, aux boiteux le aler, aux muetz parler (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 195).

 

2.

"Chemin pour aller à un endroit donné" : ..les deux premièrez tenans ensemble et joingnans l'un à l'autre (...) butent à Jehan Aumont, le coustour, sauf et exepté le coulombier et l'aller et venir à icellui, par où il est accoustumé, et lieu et place convenable auprez d'icellui coulombier pour mettre matierez et allours à icellui repparer, touteffoiz que mestier en sera, et le mailleiz d'icellui et d'autre costé au mur desdiz religieux (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1431, 248).

D. -

Au fig.

 

-

Au bref aller. "Bientôt, très vite" : Et lors vint la grosse flote de noz gens, et leur coururent sus de tous costez. La ot grant occision et, au brief aler, Sarrasins furent desconfiz et leur navire pris et eulx gectez a bort. Et estoit le navire plain de moult de biens. (ARRAS, c.1392-1393, 124).

 

-

Au fort aller. "De toute façon, quoi qu'il en soit" : N'ai ge bon droit se de toy me marris, Quant contre moy d'arguer tu ne cesse ? Au fort aller, j'escuse ta jeunesse Et de legier me fault passer ce poinct (LA VIGNE, S.M., 1496, 166). LE MARQUIS. Il le vous fault avecques noz trois mectre Si vous voulez que quelque chose vaille. LE DUC. Au fort aller, monsieur, vaille que vaille, Je suis certain qu'il n'en peult valoir pis. (LA VIGNE, S.M., 1496, 187). De compaignye je suis bien en soucy ; Au fort aller, Martin n'est pas trop loing ; Notiffier je luy voys tout cecy (LA VIGNE, S.M., 1496, 238). Nostre fait ne vault une maille, Car la dedens poinct n'entrerons Au fort aller, vaille que vaille, Puisqu'a ce coup rien ne ferons. ["Même dans le meilleur des cas"] (LA VIGNE, S.M., 1496, 502).

 

-

Au long aller. "À la longue, finalement" : Et, si comme l'ystoire dit, il [Remondin] y trouva un jour, sur une fontaine, une belle dame qui lui dist aucques toute s'aventure. Et, au long aler, ilz s'entramerent, et lui fist la dame moult de confors. (ARRAS, c.1392-1393, 15). ...au lonc aler (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 23). En ce temps, les Brughelins qui se sentoient grandement avoir offensé vers le duc de Bourgongne leur seigneur (...) se commencèrent fort à esmayer et avoir doubte que au long aler ne peussent résister ne eulx deffendre contre le dessusdit duc. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 307). Et ne creez que, se ainsin est, que au long aler, qui qu'elle soit, se elle n'est sur toutes la plus cruelle (...) que elle ne ait cognoissance, pitié, mercy et misericorde de vous ou qu'elle ne vous en saiche tresbon gré (LA SALE, J.S., 1456, 16). Puis au long aller fut faicte composicion, et se rendirent les Angloys, leurs vies sauves et leurs biens, et encores eurent-ilz de l'argent. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 201). Lendemain les assegies tristes en ceur de ceste adventure, doubtans que au long aller ne peussent garder la ville pour sa grant circuite, firent retraire les biens dycelle au marchie (WAVRIN, Chron. H., t.2, p.1471, 393). Au long aler par mes mains passer fault. (LA MARCHE, Déb. Cuid. Fort. H., 1477, 285).

 

-

Au par aller. "À la fin, finalement" : Poittevins sont fors et durs, aspres et fiers comme lyon, et leurs deux seigneurs si puissans que nulz ne les ose actendre. Et voit bien le roy au par aler qu'il ne puet souffrir leur force. Mais le roy, qui moult par fu vaillans homs et fort et roides, cria en hault : Ausaiz ! Avant, seigneurs barons, ne vous esbahissiez pas, la journee est a nous. (ARRAS, c.1392-1393, 161). Je leur prometz qu'au par aler, Quant leur chaleur est refroidie, Ils trouveront que, sans doubter, Ce [Amour] n'est [fors que plaisant folie.] (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 147). Mais il fauldra qu'au par aller, Commant qu'il en doye tarder, Que nous, ou eulx, en pleure ou rie : (...) Or ça, il fault parachever (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 542).

 

-

Au pis aller. "Dans le cas le plus défavorable" : L'ospital [ne] nous peut faillir ; [Au] pis aller c'est ung refuge. (Gaut. Mart. A., c.1480-1500, 187).

 

-

Par long aller. "À la fin, à la longue" : ...je pour certain cuydant venir du tout à bout de mes travaulx par long aller et peine prendre, me suys au laberinthe mys de tous dangiers (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 182).

 

Rem. Dans l'ex. suiv. c'est à l'aller est dit à propos de la mort. Peut-être faut-il comprendre "c'est imminent" : : Car sachiés que je muir, venés moi acoler ! Le mort sens, dous amis, hélas c'est à l'aler. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 221).

REM. Dans les formes composées, l'auxiliaire peut être avoir : ...pour pareillement avoir allé en ladite ambassade ledit 26e jour de jenvier (Actes Etats gén. Pays-Bas C., t.1, 1477, 325).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

Fermer la fenêtre