C.N.R.S.
 
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     ACCOTER     
FEW XXIV accubitare
ACCOTER, verbe
[T-L : acoter ; GD : acoter ; GDC : accoter ; AND : acuter1 ; DÉCT : acoter ; FEW XXIV, 88b : accubitare ; TLF : I, 425 : accoter]

I. -

Empl. pronom.

A. -

"S'appuyer, s'accouder"

 

-

[Avec un compl. prép. indiquant le point d'appui, introd. par sur, sus ou à] : Ce disant, au mur s'acouta. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 106). Lors Raisons un po s'arresta Et puis sus destre s'acota, En regardant devers senestre, Pour mieus aviser de mon estre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 267). Et Clarinde la belle est allee aceuter As fenestres de mabre, sy print a regarder Aprés le scien seigneur s'y vourroit retourner (Tristan Nant. S., c.1350, 52). As fenestres s'acoute, devant lui regarda (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 435). Si me mena par la main destre Acouter sur une fenestre Et sur un coussin s'acouta (MACH., Voir, 1364, 7215). Et sus son chevés s'acouta (MACH., P. Alex., p.1369, 63). C'est bien dit, or nous reposon Cy se acoubtent sur la table comme se ilz dormissent (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 134). Le franc Champion les escoute A ferme propos arresté, Comme fait cellui qui s'accouste Au bord du naveau tempesté, Laissant au vent sa volenté Faire, ains qu'es piez il se ressourde (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 140). Sy nous reposons jusques a ce que nous avrons reprins force, et puis nous recommencerons nostre bataille. (...) Adont se tirerent arriere l'un de l'autre, puis s'acouterent sus leurs escus. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 131).

 

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S'accoter sur qqn. "S'appuyer sur qqn" : A Honneur resembloit trop fort, Aussy faisoit elle a Noblesse, Une dame de grant confort La quelle on appelloit Largesse ; Emprez elle seant Prouesse Sur Diligence s'accoustoit (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 21).

 

-

[Avec un compl. prép. indiquant la pers. à côté de laquelle on se trouve] "S'approcher, s'appuyer (?)" : Nullement de paour de mesdire, Jamaiz je ne l'ose desdire [ma dame] : A son gré parler je l'escoute, Puis auprès d'elle je m'acoute, Sans luy vouloir rien contredire (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 63). Quoy que je lui voulsisse dire [à la femme aimée], Elle estoit preste d'escouter Sans m'acorder ne contredire. Qui plus, me souffroit acouter Joingnant d'elle, pres sacouter... Et ainsi m'aloit amusant Et me souffroit tout raconter, Mais ce n'estoit qu'en m'abusant. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 67).

 

Rem. Sens incertain. Il s'agit peut-être ici du v. accoster. Cf., pour l'ex. de Villon : Burger, 32 ; R.H., Comment. Test., 100 ; Thiry, 144.

 

-

[Sans compl. prép.] : Lors m'assis et se m'acoutay (MACH., D. Aler., a.1349, 269). Car haulte estoit [la chaire] et eslevee (...) Toute de pierres precieuses Estoit, nobles et gracieuses, Et comme il a chieux les royaux, Tout a l'environ ot quarriaux, Qu'a acouter on ne se blece. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 101). Si pert a coup celle grant joye toute, Se deult et plaint plus que s'il eust la goute. Il va, il vient, il se couche, il s'accoute, Il fuit les gens. Il vient a l'uis et puis rentre dedens (CHART., D. Fort., 1412-1413, 162). Or vous seez et acoutez Et oiez sen que vueil retraire ! (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 66). JOSEPH. Ce bast je mettray en ce lieu, Pour vous acouster est propice. MARIE. Vous me faictez tant de service Que rendre ne le vous sçairoye. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 216). A maistre Nicole Lefrançois, charpentier (...) pour avoir faict (...) une apuye pour soy acouster devant la porte (Comptes Archev. Rouen J., 1474-1475, 361).

 

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En partic. [L'accoudement est envisagé comme une attitude de paresse, d'oisiveté] : Item, s'en une hostellerie, Pour loger, vous fault transporter, S'il y a feste ou mommerie, Trop bien vous y pourrés bouter ; Mais, se voyés grain s'acouter Le varlet et la chamberiére, Fuyés vous en, sans arrester, Par l'uys de devant ou derriére. (Amant cord. M., 1490, 72).

B. -

"Se coucher, s'étendre" : Sur une cote riche et quiere S'aqueusterent entre eux deux, Et la pucelle assez loins d'eux S'ala sagement asseïr, Car pas ne les voloit oÿr. (Dit prunier B., c.1330-1350, 77). ...nous avons laissé Le chemin de l'omme lassé Qui près a trouvé la fontaine Belle, reluisant, clere et saine : Si s'est sur la rive acousté, La a estendu son costé (DESCH., M.M., c.1385-1403, 219).

 

Rem. Dans ces ex. non plus, il n'est pas à exclure qu'il s'agisse de accoster.

II. -

(Estre) accoté

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"(Être) appuyé, accoudé"

 

-

[Avec un compl. prép. indiquant le point d'appui, introd. par sur ou à] : Ung jour estoit li belz au crenialz acoustéz Et voit environ lui lez tentez et lez trés. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 718). Belle suer, allez et me prenez trois ou quatre aulnes de toille blanche, si la portez a ce chevalier la dehors, qui est acouté sur son escu, car il est durement navrez (Bérinus, II, c.1350-1370, 9). Il ala chevauchant entour les fremetés, Si ot des chevaliers a la tour [a]queutés, Qui regardent aval par devers les fossés (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 122). ...Ciperis estoit ung jour monté Au plus hault de la tour adz crestiaux aquenté [l. aqueuté] (Cip. Vignevaux W., p.1400, 95). En celle dollente penssee ainsi que j'estoye, la teste baissiee comme personne honteuse, les yeulx plains de larmes, tenant ma main soubz ma joe acoudee sur le pommel de ma chayere, soubdainement sus mon giron vy descendre un ray de lumiere (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 621). Il est sur l'autel accoustez, Contrefaisant le bon Moyse, Et dist : "Escoutez, escoutez, Huy sont les pardons de l'eglise ! Servez la dame sans faintise !..." (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 54). Et puis il vit Nostre Dame accoutée au chevet de la povre vieillote, suant et traveillant pour la mort, mais la mere de Dieu luy assuoit à ses blanches mains la grant sueur de dessus son visage à toute une touaille blanche et necte (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 120).

 

-

[Sans compl. prép.] : Combien que tant au preschement Ne va l'omme pour escouter Se le prescheur qui presche ment Que pour soy dormir ascoutez, A qui ne scayt le bien gouter Ne fault pas dessus son court til Pierres gecter en son courtil. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 55).

 

2.

"(Être) couché, étendu" : Or me dite, amie, l'avés vous amenér ? - Oyr, s'ai dit Marie qui ot sa vollanteit, Et si l'ait coiement en vo chambre enferméz, Et le laissait droit la sur vous lit acouttéz. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 189). Blanchandine la belle est ens ou lit entree, Delés ung des corons est la belle acoustee. La endroit s'endormy dolante et esploree (Tristan Nant. S., c.1350, 515). ...me trouvai U gardin dont devant dit ai Acouté dessouz le pommier Dont le pié m'estoit orellier (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 360). ...le roy Alexandre estoit aqueuté sur ung perron par dedens le temple pour dormir (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 132).

B. -

[D'un bâtiment] "Prendre appui" : Par ce costé tost deffaudroit Le lieu, mais Nature, de droit, Cellui chastel en point soustient Et par sa vertu le maintient Et le remaçonne souvent, Mais tout chiet a un poy de vent, Et, toutefois, sur ce costé Est tout le chastel acosté Et tout panché sur celle face (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 102). Car coulonnes d'argent y mist (...) Sur quoy les voultes accoutees Sont de la sale haulte et clere (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 259). ...deux apuis de bois contre le mur des prisons qui est acauté vers le jardin (Comptes Archev. Rouen J., 1450-1451, 256).

III. -

Empl. intrans. [Attitude dénotant la nonchalance, la paresse] "S'accouder" : ...il se porta sagement En tous les cas a ce disner, Sans cromboiier ne aqueuster, Car Amours, qui le mesuroit, Cremir et doubter le faisoit Que la dame en lui ne veïst Chose dont elle le haïst. (Dit prunier B., c.1330-1350, 61). ...et les admonnestés [les serviteurs] de menger fort et boire bien et largement ; car c'est raison qu'ilz mengussent d'une tire, sans seoir a oultrage, et a une alaine, sans reposer sur leur viande ou arrester ou acouster sur la table. Et sitost qu'ilz commenceront a compter des comptes ou des raisons, ou a eulx repposer sur leurs coustes, commandez la beguine que on les face lever et oster leur table. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 135).

V. aussi accoté
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

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