C.N.R.S.
 
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     ABAISSER     
FEW I *bassiare
ABAISSER, verbe
[T-L : abaissier ; GD : abaissier ; GDC : abaissier ; AND : abesser ; DÉCT : abaissier ; FEW I, 273a : *bassiare ; TLF : I, 33b : abaisser]

I. -

Au propre [Dans l'espace, idée de mouvement vers le bas]

A. -

[Mouvement vers le bas d'une pers. ou d'une chose]

 

1.

Empl. trans. Abaisser qqc.

 

a)

"Ramener vers le bas" : ...et s'en vinrent tout nagant par mer (...) et s'ordonnerent por prendre terre, et abaisierent les voiles (FROISS., Chron. D., p.1400, 275). La premiere [intention] de l'esguallement de l'os est complete a estandre deuement le membre et a eslever l'os deprimé et a abesser l'os eslevé sans douleur jusquez que les chefz des os soient ramenez en leur naturel estat. (PANIS, Guidon, 1478, tr.V, doct.1, chap.1).

 

b)

En partic.

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une arme] "Pointer à l'horizontale" : Lors poingnent tous trois a lui, les lances abaissiees. Les deux l'enferrent sur le comble de l'escu, et ly autre en la couppe du bacinet, et tant rudement le fierent qu'ilz portent lui et le cheval par terre, et passerent oultre. (ARRAS, c.1392-1393, 72). ...Gieffroy lui escrie [au géant] : Deffend toy, je te deffy. Puis broche le cheval des esperons, et abaisse la lance, et fiert le jayant enmy le pitz si raidement qu'il le fait voler par terre, les jambes contre mont. (ARRAS, c.1392-1393, 263). ...conmenchierent a escriier "Hainnau !" et abaisierent les glaves, et se bouterent entre euls (FROISS., Chron. D., p.1400, 431). ...les Englois vinrent, lances abaisies, et conmencierent a asallir ces François (FROISS., Chron. D., p.1400, 604).

 

.

Inf. subst. À l'abaisser [des armes] : Et a l'abaissier de sa lance, Tout outre parmi le cors lance Sa lanche au premier qui vint. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 195). A l'abaissier des lances ot grant abbateiz, et, d'un costé et d'autre, de mors et de navrez grant foison. (ARRAS, c.1392-1393, 183).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne un engin, un appareil] : Item au mast de la nef doit avoir fort attachié un tref, lequel soit ferré de l'une part et de l'autre, et là miz par tel engin que on le puisse haulcer et abaisser et en ferir grans coups, qui viennent hurter contre la nef des ennemiz ; et, par ce, peut estre despeciée ; si peult servir comme le mouton dessus dit. (BUEIL, II, 1461-1466, 58).

 

.

[Un pont] : Et Clarembaut, qui cuida que ce feussent amis, fist abaissier le pont, et ouvry la porte, et vint, lui XIJe, tous armez, sur le pont. (ARRAS, c.1392-1393, 203).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom.

 

a)

[D'une pers.]

 

-

"Descendre, aller vers le bas" : Je voy puis ça, puis la me boute : Une heure hausse, une autre abesse. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 63).

 

-

"Aller plus bas" : Tant leur agree et plaist la place Que cil n'y a, a qui il place D'oïr parler de la laisser, Ne en plus bas siege abbaisser (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 5).

 

.

"Aller plus bas (ici dans l'eau, par pudeur)" : Sy regarda que ou mylieu appercheu une moult belle et clere fontaine, ou dedans veoit une moult belle pucelle, toutte eschevelee, en l'eawe jusques au col. Oncques de chose que Gerart euist jamais veu ne fu plus esmervelliés. (...) Quant elle vey Gerart, elle prist couleur a muer, sy s'abaissa et fu ung pou honteuse, sy dist : "Sire, bon jour vous doinst Dieu." (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 100).

 

b)

[D'une chose]

 

-

"Se diriger vers le bas" : Je desire vous embrasser De plus grand cuer qu'onques ne fis. O croix, veulhe toy abaisser ! Rens moy ma doulce fleur de lys ! (Pass. Auv., 1477, 220).

 

-

"Descendre à un niveau plus bas" : Toutes vallees empliront, Et touz les mons s'abesseront (Liber Fort. G., 1346, 111). Item, J poulpite entaillé en bas, qui se hausse et abaisse (Invent. N. Baye T., 1419, LX).

 

-

[Du soleil] "Baisser" : ...et a tant ce jour chevauché que le soloil est abaissié. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 72).

B. -

[Mouvement vers le bas du corps ou d'une partie du corps]

 

1.

Empl. trans. [Le compl. d'obj. désigne la tête, le visage] "Incliner, diriger vers le bas" : Sus un lit cheoir se laissa, Son chief et son vis abaissa (MACH., Voir, 1364, 8446). Donnés des eaulx, Yeulx, en seaulx - en toute place. Il fault que j'abaisse ma face, Puis que voy mon bon seigneur, Celluy que les pechés esface. Je croy que c'est mon redempteur. (Pass. Auv., 1477, 152).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom.

 

a)

[D'une pers.]

 

-

"Se pencher" : Adont me mis sans detrier A genous pour li mercier. Mais elle tantost s'abaissa Vers moy et pas ne m'i laissa (MACH., R. Fort., c.1341, 141). Mes secretaires (...) ala Cueillir une verde fueillette Et la mist dessus sa bouchette Et me dist : "Baisiés ceste fueille". Adonc Amour, veuille ou ne veuille, Me fist en riant abaissier Pour ceste feuillette baisier (MACH., Voir, 1364, 2420). Mais, avant que le jayant peust ravoir son coup, le fery Gieffroy de l'espee sur le costé tellement qu'il lui fist le levier saillir des poings, et en sailly une grant piece. Moult fu le jayant doulent quant il voit son levier ainsi et par telle maniere froez, et gesir sur la place, car il ne se ose abaissier pour le prendre. Lors sault a Gieffroy et lui donna si grant coup du poing sur le bacinet qu'il l'estonna tout. (ARRAS, c.1392-1393, 264). La dame morte avoit son visage enflé et pale, si que nul ne la sçavoit recongnoistre. (...) elle s'esvuida de son sang par le conduit de la bouche, comme se ce fust un ruisseau de sang. Quant Argos vey ce, il s'abaissa pour mettre sus le vestement de ceste dame une piesce de drap affin qu'il ne fust ordoyé de ce sang (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 218).

 

.

Inf. subst. À l'abaisser. "Au moment de se pencher" : Et jura Remondin que Jossellin avoit faicte la trahison, et s'agenoilla, et baisa les sains, et puis se rassist en sa chayere. Et Jossellin jura après. Mais a l'abaissier pour baisier les sains, il chancella tellement qu'il n'y pot oncques touchier. Et Oliviers jura après moult laschement, et se rassist en sa chaiere. (ARRAS, c.1392-1393, 62).

 

-

La teste li abaisse. "La tête penche" : Et, quant il [le cerf] ot passé l'accours De demie lieue le cours, Celle teste li abaissa ["signe que le cerf est vaincu" (éd.)], Et le col fort li aloigna, Si sent bien qu'il est eschauffé Et qu'assés tost sera lassé. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 378).

 

-

"S'affaisser" : Paris (...) dreyssa son espee contre mont et s'en vint comme ung homme forcené vers le chivalier et le ferist de si grant copt sur le heaume, que le chevalier ne se peust tenir, qu'il ne se abaissast sur le col de son cheval. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 88).

 

b)

[D'arbres] "Plier" : Et si chantoit si doucement Que les grans arbres s'abaissoient Et les rivieres retournoient Pour li oïr et escouter (MACH., Prol., c.1377, 10).

II. -

P. anal.

A. -

Empl. trans.

 

1.

"Réduire, détruire" : En l'un des ruisseaulx sont laissées Ordes taiches et abaissées, En l'autre (,) sont les choses mondes (DESCH., M.M., c.1385-1403, 217). [Seul ex.]

 

2.

"Amaigrir" : L'en ne paist l'octour que une foiz le jour en yver, en esté deux. Ung cuer de mouton est assez a paistre l'octour une foiz et le tient en estat. Item, d'une rouelle de mouton. Item, d'un pigon, perdriz, etc. Ung cuer de porc engresse, et dit l'en hausse ; ung cuer de chievre ou de bouc abaisse, id est [amaigrit]. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 167). Le faucon lannier est dit villain pource qu'il se paist de toutes chars, comme beuf, mouton, chievre. (Et nota que chievre abaisse.) (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 168).

B. -

Empl. intrans. ou pronom.

 

-

[De la rosée] "S'évaporer" : Et ains que ycelle rousee fust abaissee, en celle journee vint le seigneur de La Tour, homme gent et chevallereux, quy avoit oÿ nouvellez du tournoy. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 92).

 

-

"Diminuer (en acuité)" : Les yeulx des hommes abayssent, quant ilz ne voient point devant eulx les examples des choses passees (LA SALE, Sale D., 1451, 154).

III. -

Au fig.

A. -

[À propos d'une pers.]

 

1.

Empl. trans. Abaisser qqn

 

a)

"Ramener qqn à un degré inférieur" : Qui hante lez chetifs povreté va quirant, Qui s'acrout on le va tout adez abaissant. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 106). ...Fortune abaissa Les uns et les autres haulça. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 189). ...pour recongnoistre et recompensser les bons et pugnir et abaissier les malvais, chascun selon ses merites. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 9). ...il [le conte d'Artois] luy dit [au roy d'Arragon] en telle maniere : "C'est trop abaissié personne de roy, sire," fait il, "de venir devers celuy a qui il puet commander son bon plaisir comme a son petit serviteur et pardonnez ; car tost euisse esté en vostre palaix et, se j'ay trop attendu, ce poise moy." (Comte Artois S., c.1453-1467, 61). Ains que cueur lasche nulz de voz gens abesse (LA VIGNE, V.N., p.1495, 153).

 

-

Abaisser qqn de son honneur : [Après la mort du roi Ferrant de Portugal qui lui avait pris sa femme, Jean de Coigne reçoit ce conseil] "Jehan, ja ne vous aviengne que nul samblant vous faciez du demander ne ravoir ne reprendre, car vous vous fourferiez trop grandement, et abaisseriez la dame de son honneur et aussi la royne de Castille" (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 260).

 

-

Abaisser qqn sous / au dessous de. "Faire descendre en plaçant sous la domination de, ou en mettant en état d'infériorité par rapport à" : ...comme par pechié [un homme] s'est eslevé contre la benigne seigneurie de Dieu, par punition est il foullé et abaissié soubz la dure tyrannie de pechié. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 42). ...[Foi s'adresse aux prêtres] pour la transgression de vostre saint estat vous serés abaissiez et foullez au dessoubz dez aultres, et chacun vous courra sus, et mesprisera (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 55).

 

-

"Faire céder qqn" : Geta crient, laist le menacier ["Geta a peur, qu'il délaisse la menace"], Quant cellui ne puet abaissier Par ce (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 233).

 

b)

"Dénigrer, déprécier qqn (par la parole)" : "[C'est Envie qui parle] Mais saras tu bien ensievir Mon commandement et tenir ?" "Oïl," dis je, "On m'a compté Que je doy Mesdit maintenir, Les boins qui l'abaissent haïr..." (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 42). Malement, ce semble, m'abaisses Et ma valeur et ma biauté. (Mir. chan., c.1361, 168). Mon seigneur le marquis oublie Vostre bonté et vuelt avoir Femme plus noble et plus d'avoir : Si en a envoié a Romme Pour empetrer du pape comme Il puist prendre autre et vous laissier Pour vous de tous poins abaissier ; J'en ay veu la bulle scellee. (Gris., 1395, 75).

 

-

Empl. abs. : Vous gardonnez en abaissant. (Sots gard., a.1488, 113).

 

c)

"Rabaisser, humilier qqn" : Si te pri que tant abaissiee Ne soie de toy (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 270). De ton enfant ainsi blessé Qui pour moy est tant abessé Fay moy sentir la passion. (Stabat H., IV, c.1450-1500, 293).

 

-

Abaisser le coeur de qqn. "Humilier" : Et lour cuer ait esteit humilieit et abassieit en grief traueil et en labour. (Psaut. lorr. A., 1365, 112).

 

.

Abaisser son coeur. "S'humilier" : Hommes d'onneur, chevalereux, Gentilz, saiges, loyaulx et preux, Nen sauroient leur cuer abaisser De tousjours ces dons demander, Mais hommes baz, de neant venus, Qui vueullent le bas monter sus, N'ont honte de riens demander. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 56). Te pry, fol, delaisse, laisse, Ton maulvais cueur enflé abesse[.] Parler contre la haulte puissance ! (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 349).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom. [D'une pers. (ou de son coeur)]

 

a)

"S'abaisser, condescendre vers qqn" : Et me tint tele compaingnie, Quant elle y fu acompaingnie, Que po ne point ne me laissa, Et de tant pour moy s'abaissa Qu'elle me prist a chastïer, Pour mon cuer d'erreur eslongier (MACH., D. Aler., a.1349, 341).

 

-

"S'humilier" : ...qui s'abaisse Dieux l'acrout (DESCH., M.M., c.1385-1403, 300). Qui ["Ce qui"] estoit bien cause assouffisance [l. a ssouffisance], S'elle eust voulu telle vengence, De me faire bien abaisser. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 38). Que nous nous devons abaissier et ensieuvir Jhesucrist par sa croix. (Internele consol. P., 1447, 248).

 

-

S'abaisser vers qqn. "S'humilier devant qqn" : [Entendement s'adresse à Foi] A ! haulte vertu divine, Vers qui s'abaysse et incline Estude, sens et doctrine D'entendre si haultement ! (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 29).

 

b)

"Descendre (de la contemplation des réalités divines à des préoccupations humaines)" : ...et [l'esprit humain] s'abesse et souvent rechiet en bas es choses corporelles et temporelles pour la pesanteur de sa nature. (Disc. amour divine, 1470, 348).

 

c)

"Descendre d'un rang élevé, se dégrader" : ...el me feroit Mourir quant me refuseroit ; Son treshault cuer mien ne seroit Jamaiz, car trop s'abesseroit. (CHART., L. Dames, 1416, 301).

 

d)

"S'avilir, se compromettre" : Mais Jason Medea laissa Pour Creusa, dont moult s'abaissa (MACH., J. R. Nav., 1349, 232).

 

-

(S') abaisser de qqc. "Se rendre indigne de qqc." : Luxure si est deshonneste Peché, car la vie de beste Prendre souvent fait, et laissier La nature et abaissier De l'amour de Dieu ["Elle fait qu'on s'abaisse, c'est-à-dire qu'on se rend indigne de l'amour de Dieu"] (CH. D'ORLÉANS, L. péché C., 1404, 547).

 

-

S'abaisser de tout honneur. "Perdre son honneur" : ...et se vous [les nobles] ne le [aimer et honorer le roi] faictes ce seroyt vous abaissier de tout honneur. (JUV. URS., T. rever., 1433, 87).

 

-

S'abaisser de + inf. "S'avilir, se compromettre par le fait de" + inf. : ...d'autre amer mon cuer s'abesseroit. (CHART., Compl., 1424, 323). ...faulser sa foy et soy ainsi abaisser de delaisser la propre fille ainsnée du roy, son souverain seigneur, pour cuider avoir et prendre la fille dudit de Bourgongne, subject et vassal du roy. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 265).

B. -

[À propos d'une chose]

 

1.

Empl. trans. Abaisser qqc. "Limiter l'importance de, restreindre, ramener à un degré moindre" : En tous lieus ou il saveroit Votre deshonneur, il iroit Liement et de bon corage, Pour abaissier vostre damage Et essaussier vostre profit (MACH., D. Aler., a.1349, 315). Ycelle sobrece, qui est la premiere, ne s'estendra pas seulement en boire ne en mengier, mais en toutes aultres choses esquelles elle pourra servir et restraindre et abaicier superfluitéz. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 43).

 

-

Abaisser honneur : Mais onques chose si honteuse Ne fu, ne si mau gracieuse, Ne dont honneur tant abaissons, Se ceste fort cité laissons. (MACH., P. Alex., p.1369, 106).

 

-

Abaisser le prix, le los... : De bouce mainne grant estor Et dit que si bien le fera Que le grant los abaissera Du Beau Chevalier au Lyon (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 284). Ains mourray [c'est une des dames qui parle] (...) De joie nue, Sans estre a Fortune tenue N'a Amours, qui d'une venue Pas une esperance menue Ne me delaissent, Car en toute douleur me laissent, Dont leur pris grandement abaissent [le tour met en relief le rôle de l'agent dans la dégradation évoquée] (CHART., L. Dames, 1416, 229).

 

-

Empl. abs. "Baisser le prix, la valeur de qqc." : Item pareillement mettre tous vivres a pris par les jurisdictions ordinaires selon les adventures seurvenans, et les hostilliers ce qu'ilz devront avoir pour cheval, et haussier et abaissier selon ce qu'ilz verront a faire (JUV. URS., Nescio, 1445, 546).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom. "Décliner" : ...ou se la diete ne suffise pas et que il ne deffaille premierement, ou se la maladie deffauldra avant et s'abesse. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 55). A cel temps comenchat (si com lisant trovons) L'engliese à abassier d'avoir teils campions (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 657).

 

-

Le bec t'en abaissera. "Ton caquet sera rabaissé, tu devras en rabattre, tu t'en repentiras" v. bec

 

-

Qqc. s'abaisse de prix. "Diminuer en coût" : ...et semblablement le fromment, et avant qu'il fust mur, et le vendoient le plus cher qu'ilz povoient ; et si ladite marchandise s'abbessoit de pris, contraignoient le peuple de le reprendre (COMM., III, 1495-1498, 79).

 

Rem. Dans tous les ex. cités, le pron. se a valeur d'obj. dir. Il semble être obj. indir. ("à soi-même") dans l'ex. suiv. : : Ceste que saint Pere visite Ne se tint de nulle merite, Mais uncore l'onnour s'abesse, Quant el se tint pour pecheresse. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 97).

 

3.

Empl. trans. "Réduire l'intensité de, atténuer, calmer qqc." : Seur ce propos ci m'acorday Et par raison m'en recorday, Qui avec Amours me moustroit Les causes et amenistroit, Pour mes souffrances abaissier, Comment je devoie laissier Le gemir et le guermenter. (MACH., D. Aler., a.1349, 292). ...abaissier tençon et noise (MACH., J. R. Nav., 1349, 278). Pour la noise abaissier (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 472). ...pour abaisser la noise et a son aise mieulx dire sa volunté, elle ouvrit l'huys. (C.N.N., c.1456-1467, 28). Tous saiges et prudens hommes doivent la ire et fureur de leur amy abaissier et non pas enflamber ne avancier. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 97). Pour ce y devez totallement resister et remedier, en abaissant la desordonnée presumpcion et detravée arrogance desdicts ignorans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 r°). Nabusgodonozor fut en ce temps appellé Main forte, pour ce qu'il fut incité de Dieu pour abaisser l'orgueil des Juifz en Babillonie, dont il tenoit le resne. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).

 

-

"Faire cesser" : Nobles puigneours, mal conseilhe at fait faire maintez grans folliez ; et bon conseille ainssy abaise maintez feloniez. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 212).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne des mots, des débats] "Calmer" : A dame, dist ly faux, abaissiés vo langaige ! (Belle Hélène Const. R., c.1350, 501). Amis, ce dist l'otesse, abaissiés vo sermon (Belle Hélène Const. R., c.1350, 716). ...et si grant clameur sourdi entre elles, qu'on ne savoit a laquelle entendre. Toutesfois dame Transeline, comme presidente pour ceste nuitié, leur imposa silence affin qu'elle peust paisiblement parfaire sa lecture, laquelle chose elle obtint a tres grande paine. (...) Mes voisines, pour muer propos et abaissier voz debas, je vous dy pour euvangile que... (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 90).

 

.

Abaisser ses mots. "Se taire" v. mot

 

4.

Empl. intrans. ou pronom. "Se calmer" : ...li orages et la tempeste estoient abaissiez et la mer rassegrisiee. (Bérinus, I, c.1350-1370, 205). Quant la force fu abaissié Dou grant feu, la chevalerie Et trestout l'ost entierement, Avec le roy joieusement, Entrerent dedans la cité. (MACH., P. Alex., p.1369, 89).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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