"Voleur, pillard" : ...tu as moult le coer traïttres et gaignart. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 211). Un evesque out a Lomgres qui havoit nom Regnart, Il pourta bien som nom qu'il out le cuer guegnart Et fel et fier et fort et foul et orguillous (Gir. Ross. H., c.1334, 294). Las ! Je cuidai avoir tuét .J. achopart, Car il avoit les armes d'un Sarrasin gaignart (Bât. Bouillon C., c.1350, 29). Regnault, ce dist Richart, cuer avés de lanier Qu'a fel et orgueilleux vous voulés supplier : Car a felon guengniart ne vault riens supplier ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 381). Bien sont .LX. mille orguelleux et gaignart. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 145). Il y eust un coquart Qui m'appelloit : "A Dieu, gaynart ! Ha ! hay ! passion d'Antioche !" (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 285).
 

I. -

Subst. masc.

A. -

"Dogue, mâtin, chien de basse cour (gén. peu estimé)" : La me faisoit savoir - que vous cheleroit on ? - Qu'elle s'estoit ajute d'une layde faichon, On ne sçavoit a dire che ch'estoient wignon. (Belle Hélène Const. R., c.1350, 424). Matabrune la vielle qui a fait traïson Ses enfans li canga a se maleïchon, Et y mist siept ciens engenrés d'un gaigon. (Chev. cygne P., c.1356, 53). Chascun portoit sa houlette Et du pain en sa lourette ; Maiz trop fist le compaignon, A tout sa menue cornette, Brehiers et pour Marsonnette, Qui li menoit son guaignon. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 234). Tu qui pers orendroit, dy moy, Sont les dieux plus tenuz à toy Qu'ilz ne sont à ton compaignon, Que leur en est preu d'un gaingnon. (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 70).

-

Loc. prov. : «Sire Gaufroi», dist-il, «on norist tel wagnon Qui puis ceurt sus son maistre et l'ahiert au menton.» (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 194).

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[Dans une comparaison] : Trahi m'ont par lor trahisons Et engigniet com li gaignons Qui mort les gens par fausseté. (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 71). Quant tu verras venir Orgueil Regardant en travers de l'ueil, Avecque lui Desrision (...), Et tous ses autres compaignons Qui cueurs ont pires que gaignons, Vers toi, banière desployé, Si pren tantost de ton aye Humilité, Devotion... (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 9). Quant yssus fut du sens a guise de wagon, Si ami qui savoient de sa confession Le firent aporter liez conme un larron (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 148). Vers l'amiral s'en vont huant come gaignons, A ung pré le trouverent vers le soleil escons Ou il ot comandé tendre ses pavoillons (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 570). ...Nuds et harlés de froidure et de fain, Chains de cordes, de lisiere ou de fain, Flairans les aulx, le briemart et oignons, Urlans, braians, comme josnes waignons... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 734).

B. -

[Terme d'injure] "Homme méprisable, misérable, chien" : En la terre de Valerie, Qui est d'Ytaille une partie, Ot jadis .I. de ces gaignons Que l'en clame bons compaignons, Et si n'a en lor compaignie Fors malvestié et villennie (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 103). A nostre loy fait grant diffame. Avec luy va .XII. gaignons, Que il tient pour sez conpaignons (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 113). ...je revois batre Avec Haquin, mon conpaignon, Dessus l'eschine a ce gaignon. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 189). Adonc l'abbé Guerin pour querre L'abbé Noël a prins son erre Tout seul, et sez .II. compagnons Lessa ovec lez feulz gaignons Qui au premier mont lez douterent (Vie st Evroul S., c.1350, 146). Il [Polyphème] va hullant com beste mue, Il brait, il crie, il huche, il mue ; Mais assés puet braire pour voir, Car son oeil ne puet il ravoir. Ulixes menace formant, Qui embla son oeil en dormant ; Et aussi font si compagnon, Qui estoient mauvais gaignon. (MACH., Voir, 1364, 624). En Hardré a si fel gaignon Et traistre... (Mir. Amis, c.1365, 43). Bathidés, plain de renardie, Et Alchismus son compaignon, Qui furent .ij. mauvais gaingnon, par leur pourchas a mort le mirent Et par leur aguet le vainquirent. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 126). Fil a putain, mauvais gaignon, Traïtes et villains puant, Desloial, vil, sale et truant (Jour Jug. R., c.1380-1400, 233). Dist Carahus : "Taiseiz, sire wangnons, car vous ne cognissiéz le noble baron : il est miedre que Charlez l'empereur." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 186). Ne il ne t'est mie mestier Que a Cerberus, le portier D'enfer, tu coppes les chayennes, Ne a ceulx d'enfer prendre ateines, Qui trop sont desloyaulx gaignons, Comme il fist pour ses compaignons (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 160). Comme Achillés doit venir, si ne Faille pas et ait compaignons Avec lui, tant que li gaignons Desloyal soit mis a martire, Par qui tant de grief doulour tire. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 135). Mais les faulx gaignons qui oncques ne l'orent en pensee, (...) orent trouvé autre conseil (Bouciquaut L., 1408-1409, 317).

II. -

Empl. adj. "Vil et méchant" : Certes, c'est un bon chevalier Et courtois, n'est fel ne gaignon (Mir. Amis, c.1365, 19).

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"Malin, fin (comme un limier)" : Sus cellui monta l'arc herere, Au matin, o ses compaignons, Qui pas n'estoient si gaignons Que la decevance apperceussent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 235).

REM. DEAF G, 44 : «...nous proposons de rattacher gaignon directement à la famille WIN- (FEW 14, 649a).». Mot présent également ds FEW XXII-1, 135b et XXII-2, 6b. Cf. FEW XXII-2, 6b.
 

Empl. intrans. [Même mot que wigner] "Crier, grogner" : ...et fist aporter ung petit pourchelet et le prist par les oreilles et le fist wignier si fort que li pourchiel de le grande porquerie y acoururent les gheulles baées, que chil qui les wardoyent, ne les porent tenir (Hist. chron. Flandres K., t.1, c.1342-1383, 245). Et pour Dieu, dist la dame, quelle beste esse que vous amenés avoec vous, qui la fait weignier che quiennet ? (Ysaÿe Triste G., p.1400, 348). Et s'assemblerent proprement Comme pourceaulx quant l'ung d'eulx wigne. (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.4, 1440-1442, 106).

V. aussi wigner
 

A. -

"Pousser des cris perçants" : ...et commencha [l'enfant Hercule] a fraper de ses II pames, quant quil pot fraper, desus les testes de ces II serpens, et tant frapa quil les tua tou deus ; et crioite et wignoite au morir (JEAN DE HAYNIN, Mém. B., t.2, 1466-1477, 44).

B. -

[De la roue d'une charrette] "Grincer"

Rem. Doc. 1482 (Pour ce que la charrete dudit exposant pignoit, qui est a dire selon le langage du pays [Paluau] huignoit, ledit Colin...) ds GD IV, 484a s.v. hogner que FEW XIV, 649a rattache également à win-.

V. aussi hogner