Assermenter qqn

I. -

Empl. factitif

A. -

"Faire prêter serment, faire prendre (à qqn) un engagement solennel"

1.

[À celui qui va entrer dans un corps de métier] : ...et representans la communaulté des soixante vendeurs de vins jurez et assermentez de par nous, en nostre ville de Paris (Mét. corp. Paris L., t.1, 1410, 649).

2.

[À un prisonnier] : Neantmoings les gens de messire Guillaume Boucqueton et du Mareschal de Crathor les prindrent et assermenterent de nouvel [des prisonniers contestés] et disoient que ceulx qui les avoient assermentez n'avoient point de puissance ; car, puisque ung homme a donné sa foy, il ne peult plus prendre la foy d'ung aultre. (BUEIL, II, 1461-1466, 213).

Rem. Le prisonnier dont on s'assure en l'assermentant, en recevant "sa foi", devient l'esclave de celui à qui il s'est lié par serment.

3.

Assermenté au roi. "Qui a prêté serment au roi" : ...le Roy eslira certains preudommes notables non suspetz ne pensionaires, mais seulement asserementez au Roy (Ch. VI, D., t.1, 1410, 332).

4.

Assermenter qqn de + inf. "Mettre qqn en demeure de, sommer qqn de" : Lesquelles choses sont venues a la congnoissance du lieutenant du cappitaine de Vire, qui pour ladite cause est de fait venu en l'hostel dudit suppliant et l'a assermenté de lui enseignier et dire où estoit ladite eschielle. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 215). ...si comme ilz dirent et rapporterent, eulz sur ce requiz et asserementez de par ladicte Court de dire verité (FAUQ., III, 1431-1435, 20).

B. -

En partic. DR.

1.

Assermenter qqn. "Faire prêter serment (à qqn) avant sa déposition"

-

[Un vassal] : Et scey ses choses estre vrayes pour ce que, quant le conte de Dampmartin fut retourné en la bonne grace du roy, il en fut assermenté et estoye present quant il nomma au roy les dessusditz qui luy avoient fait service après son eschappement. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 176).

-

Faire assermenter qqn. "Faire prêter serment à qqn avant déposition"

Rem. Doc. 1412-1413 (Aube, et fait jurer et asserementer sur ce par mon dict sieur monseigneur l'evesque) ds GD I, 439b.

2.

Assermenter qqn dessus un crible. "Faire passer le témoignage (de qqn) au crible, examiner avec soin" (d'apr. Éd.) : Noble homme, hault, puissant et preux, Messire Enguerrant l'Oultrageux, Seigneur sur poulain entravé, En petis fais advantageulx, Cappitaine de plusieurs lieux, Et chevalier sur le pavé Pour servir de gibier a pié, (...) Assermenté dessus ung crible Respondit : "Que homme ne bouge, Vous orrés une droicte bible !" (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 69).

Rem. Comme il s'agit de la présentation d'un témoin dans un texte qui parodie un débat judiciaire, l'expr. est peut-être iron. et désigne un serment frivole. Cf. LA CURNE, s.v. assermenter.

II. -

Empl. trans. "Faire des promesses insistantes (à qqn)" : ...et lui disoit ces parrolles affin qu'elle lui deist plus hardiement. Donaïfs lui dist : - Adonc, beau frere, puisque vous m'avez tant essermentee, je le vous diray. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 582).
 

"Propre à un sacrement"

Rem. MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 282, confession publique et sacramentable, var. de confession sacramentale.
 

"Qui appartient à un sacrement, qui est de l'ordre du sacrement" : ...ilz en sont dampnez pour leurs pechiez secrez, desquelx ilz sont privez de sacramentale confession (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 282). La loy de Moÿse ancienne En tant qu'elle est judiciale, N'oblige Robin ne Jouenne Vivans en la sacramentale, Se par decret ou decretale Telx choses lors accoustumees Pour quelque fin especiale Ne sont de nouvel confermees. (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.4, 1440-1442, 96). ...non obstant qu'y soient oings des onctions sacramentales (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 281). Selon la quatriesme maniere de prendre ce nom Pere a cause de redemption non seulement faite de fait, mais aussi qui se fait par mistere sacramental et par le moyen des sacremens seulement compete a la personne du Filz (Somme abr., c.1477-1481, 108).

Rem. JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, gloss.

-

Mots/parolles/signes sacramentaux. "Paroles, signes religieux institués par l'Église" : ...ja soit ce que aucuns signes soient ordenés et establis de la volanté dyvine, conme sont lez signes sacramentaux, toutevoies te[l]z signes [damnables comme art magique] ne le sont mie. (Songe verg. S., t.1, 1378, 388). Ils prononçoient les sainctes parolles sacramentales (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 262). ...mots sacramentaulx (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 195).

V. aussi sacramentel
 

RELIG. "Par le sacrement, d'une manière sacramentelle"

Rem. GRÉBAN, Pass., c.1450, 18106, ds GDC X, 607a.

V. aussi sacramentellement
 

"Qui appartient à un sacrement, qui est de l'ordre du sacrement" : Car lez sains mos sacramentés de baptesme que sainte Eglise et aussi la sainte Evangile sont telx : je te baptize en nom du Père et du Fil et du saint Esprit (JEAN LE LONG, Voy. Bieul B., 1351, 304). ...on ordonna que confession sacramentelle ne fut point deniee aux jugiez a mort (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1183). La seconde parenté, cognation et affinité est nommee cognation espirituele et une propinquité provenant de dation ou addition sacramentele. (Sacr. mar., c.1477-1481, 54). Item il est apellé Pere par renouvellement sacramentel, qui se fait par le mistere des sacremens. (Somme abr., c.1477-1481, 107).

Rem. JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, gloss.

-

Reception sacramentele. "Réception d'un sacrement" : Comme ainsy soit dont que c'est chose plus excellente, ou au moins non mendre, de avoir Jhesus espirituelement que sacramentelement - pour ce que sacramentelement le peuent recepvoir les maulvais et espirituelement ne le reçoivent sinon les bons - et aussy la reception sacramentele est ordonnee a l'espirituele comme a sa fin (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 170).

V. aussi sacramental
 

RELIG. "Par le sacrement, d'une manière sacramentelle" : ...ce sacrement ouquel est vrayement contenu Nostre Seigneur Jhesu Crist (...) il est bien convenable recepvoir a la messe (...). Mais aux autres qui ne le reçoipvent pas sacramentellement et qui par aventure ne pensent pas a l'eure au sacrement et qui n'oient pas par aventure la messe la ou il est celebré, il leur prouffite comme sacrifice en tant qu'il est offert pour leur salut. (CIB., Qui manducat me M., 1446, 65). ...les anglez de paradis sont repuz et refectionnez dune mesme viande comme nous, mais la maniere est differente, car ilz la prennent visiblement [par la vue] par glorieuse fruition, et les bons cretiens, sacramentellement, par foy et dilection (CIB., Traité du Saint Sacrement de l'autel M., c.1450. In : Romania 86, 1985, 367). Comme ainsy soit dont que c'est chose plus excellente, ou au moins non mendre, de avoir Jhesus espirituelement que sacramentelement - pour ce que sacramentelement le peuent recepvoir les maulvais et espirituelement ne le reçoivent sinon les bons - et aussy la reception sacramentele est ordonnee a l'espirituele comme a sa fin (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 170-171). Touteffois, avant le partir, A tous vous vouldray departir Mon corps sacramentellement, Et faire le saint sacrement Qui a vostre salut vauldra (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 652). [GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 240, v.18061, sacramentelement]

Rem. JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, gloss. (sacramentelment). Aussi FRIBOIS, Abr. chron. Fr. D.L., 1459, 105/7 (sacrementelement).

V. aussi sacramentalement
 

A. -

"Serment" : SECOND CHANOINE. (...) Ho ! cy, sire, faire vous fault Le sacrement. L'EVESQUE ARCEDIACRE. Voulentiers, seigneurs, vraiement : Je vous jur que, tant que vivray, Contre voz franchises n'yray (Mir. ev. arced., c.1341, 128). Et encor li dist il : "Biaus sire, Par tous les sacremens qu'on fait, Je les vi en present meffait. A vous le di, je y sui tenus, Car pour ce sui je cy venus." (MACH., Voir, 1364, 700). Le jour precedent me dist Madame que l'evesque de Jaurin à Focalquier li fist sacrement sur les sains Ewangiles de li estre loyal conseiller (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 304). Ce jour firent sacrement les officiaulz qui s'ensuivent : le president de la chambre (...), les maistres racionalz, les notaires de la chambre et des appelacions (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 453). ...mais demanda ung homme du conseil auquel il peüst son advis declairier, avecques sacrement de non estre point acusé (LA SALE, Sale D., 1451, 89). Et ne firent ilz grant folie, Dy, par ta foy ? (...) Sy firent, par mon sacrement, Car telz morisques ne tels dances Ne se font pas sans grans despenses Ne sans grant coust oultre mesure. Sés tu c'on dit "mesure dure" ? (Lord. Tart Ab. L., a.1465, 170). Quant a moy, par mon sacrement, Meurdre ne fis onc qu'en poullaille. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 43). ...quoy que la Simple ayt dit, Pour vouloir monstrer, par effort, Qu'elle est vraye dame, seulle amie, Par mon sacrement je luy nie ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 30).

B. -

"Sacrifice"

-

Mettre qqn au sacrement. "Tuer qqn comme un animal qu'on sacrifie" : NESTOR. Sire croyes certainement Que se je le puis rancontrer Je le mettray au sacrement Comme ung poulet sans resister. (MILET, Destruct. Troye S., c.1450-1453, 163).

C. -

"Sacre (d'un roi)" : Si devons bien aller en grans liesse Devers le roy courtois et plain d'umblesse, Quant luy a pleu nous fere mandement, Pour aller aveq lui faire son sacrement. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 659).

D. -

RELIG.

1.

"Chacun des rites sacrés (au nombre de sept) dans lesquels se manifeste le rôle du Christ pour le salut de l'âme" : Le tiers bien du mariage espirituel est le bien de sacrement, c'est a dire la pardurable estableté de l'ame et qu'elle doit avoir a Dieu, c'est assavoir que, pour nulle adversité ne tribulacion, l'ame ne se doit separer de Dieu. (Mir. femme roy Port., c.1342, 150). Est establi sept sacremens, Qui ont bonnes vertuz et grans De ces sept vices effacier. (Liber Fort. G., 1346, 128). Et si est contre l'evangile, Qui dit que c'est chose si vile De haïr ; et c'est un mors tel Com de vivre en pechie mortel ; Qu'on passe les commandemens De Dieu, qui est nos sacremens ; Dont la fin est tele sans fable Qu'on en pert gloire pardurable. (MACH., P. Alex., p.1369, 237). ...Clos virginal, qui par divin secré L'arbre rendy de quoy nous sont donné Sept sacremens de salut par creance (Mir. Berthe, c.1373, 253). Les .VIJ. sacremens de l'Esglise sont baptesme, confirmation, penitance, ordre de prestre et de clergie, ordre de mariage, le Sacrement de l'autel, c'est assavoir le corps de nostre Seigneur Jesu Crist, et unction derraine. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 254). Et savez comment il [Jhesucrist] a premierement souffert la crueuse mort pour nous racheter des paines d'enfer. Dont, veu qu'il nous a fait ceste grace, nous ne devons pas ressoingnier la mort ou l'adventure qu'il lui plaira a nous donner, pour soustenir les sains sacremens qu'il nous a administrez pour le salut de noz ames... (ARRAS, c.1392-1393, 108). ...c'est un des VIJ. sacremens de Sainte Eglise (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 176). ...les sept sacremens de l'Esglise sont remedes souffisans pour transmuer l'omme en spirituelle creature, mais plus especialement le sacrement de l'autel qui est proprement dit sacrement d'amour (Déclar. Hyst. S., a.1449, 196). ...[le diable] m'eust estranglé et devoré, se a ceste heure ne me fust souvenu de mon baptesme et du hault mistere de ce saint sacrement (C.N.N., c.1456-1467, 429).

2.

En partic.

a)

"Les sacrements donnés à un mourant : pénitence, eucharistie, extrême-onction" : Il [le roi] a ja fait son testament, et donne a ses serviteurs tant que chascun s'en tient a bien paiez, et est confez, et a recu son Createur et tous ses sacremens. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Mon amy, se tu ne m'eusses faussee, je estoye gettee et exemptee de paine et de tourment, et eusse vescu le cours naturel comme femme naturelle, et feusse morte naturelement, et eu tous mes sacremens, et eusse esté ensevelie et enterree en l'eglise de Nostre Dame de Lusegnen, et eust on fait mon unniversaire bien et deuement. (ARRAS, c.1392-1393, 256). Et depuis, lui voyant sa malladie rengrégée et ses jours abrégier, receult bien et dévotement tous ses sacremens (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 113). ...receut bien et devotement tous ses sacremens et fist ses derrenieres ordonnances et laiz (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 416). Il se meurt : cecy nous enseigne Qu'il fault ses derniers sacremens. (Path. D., c.1456-1469, 134).

-

[D'un mourant] Recevoir les sacrements : Trois sepmaines aprèz, acoucha malade et, aprèz avoir fait ses ordonnances et rechupt les sacremens de Sainte Eglise, rendi l'ame a son createur (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 369).

b)

[Sacrements particuliers]

-

(Saint) sacrement de l'autel/de la messe. "Sacrement de l'Eucharistie" : LA DAME. Au saint sacrement de l'autel Conmans en garde ma porteure. (Mir. enf. diable, c.1339, 17). Mais a voir dire le sacrement de l'autel est le principal car de lui principalment est venu et yssu le ray et le fondement de l'amour divine. (Horloge de sapience S., c.1389, 121). Encor veul et vous commande que fermement vous creez les VIJ sacremens de l'Eglise ; c'est assavoir : au saint baptisme, en la sainte confirmacion, en la vraie penitence, au tres saint sacrement de l'autel, aux saintes ordres, au saint ordre de mariaige, et en la saincte unction. (LA SALE, J.S., 1456, 40). Du sacrement de l'aultel. (...) De la dignité de l'eukaristie du sacrement de l'aultel. (...) De l'effect d'eukaristie et du saint sacrement de l'aultel. (Somme abr., c.1477-1481, 95).

.

Le sacrement qu'on célèbre à la messe. "L'Eucharistie, le corps et le sang du Christ" : Vierge portant, sans rompture encourir, Le sacrement c'on celebre a la messe : En ceste foy je vueil vivre et mourir. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 79).

-

[Dans une formule de jurement] Par le sacrement Dieu/de l'autel/de la messe/des messes : Par le sacrement de l'autel, De ce suis je moult esbahiz. (Mir. abbeesse, 1340, 78). Par le sacrement Dieu, jamés bouche de homme ne toucheroit a la moye. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 10). -- Et par le sacrement Dieu, ainxin ne ira pas ! (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 47). Mais, par le sacrement des messes, Ce sont, qui bien les nommeroit, Larrons d'amoureuses richesses, Faisant des bourdes a largesses, Que chascun fuïr se devroit. (Narcissus, p.1426, 306). Par le sacrement de la messe, Et par le vantre tieu ausi, Je suis joyeulx, je vous affy, Plus qu'omques, mes [l. qu'omques mes.] (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 71). Je vous prie qu'il ne vous desplaise, Car je cuidoye fermement... [ Encore ], par le sacrement Dieu ! (Path. D., c.1456-1469, 114). BEAUCOP. (...) En chemise sur la perchette Je fuz trois heures et demy. (...) Ce fut pour avoir son amour, Quant son mary vint a l'hostel, Elle me donna ce bon jour. Joyeulx soudain, le cas fut tel. JOYEULX. Par le sacrement de l'hostel, Vela terrible fiction. BEAUCOP. Je fuz bien sallé de gros sel, C'estoit toute mon unction. (B. veoir, p.1480, 20). Par le sacrement de la messe, Ce m'estoit une fievre lente. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 143). Vous avés tresbien ordonné, Par le sacrement de la messe ! (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 218). Sacrement de la messe ! Vous n'en aurez meshuy ja mains. (P. Jouh. D.R., a.1488, 31).

-

Dernier sacrement. "Sacrement de l'extrême onction" : Vous me commandastes que, sanz attendre au desrain besoing, je vous ramenteusse le derrain sacrement (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 188). La bonne Anne requist moult humblement Qu'on luy donnast son dernier sacrement Qui s'appelle dernierë unxion (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 184). La mort m'a jecté sa saiecte, Siques vueil toust que l'en tresmecte Querir mon dernier sacrement (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 84). Mis m'ont au dernier sacrement. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 199).

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Sacrement de huile : Le VIe est mariage, et le septiesme est la dernière unxion, que nous nommons sacrement de huille (JEAN LE LONG, Lettres Khan Benoît XII, B., 1351, 354).

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P. iron. [En parlant d'un meurtre] : Regardez le bien hardiement, Car pour son darrier sacrement Il fault qu'il passe par mes mains. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 356).

-

Sacrement de baptesme : ...le sacrement de baptesme recevez (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 247). ...le sacrement de baptesme recevez, et a li seul [Dieu] voz cuers par charité donnez. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 247). ...lequel, après ung certain voyaige par lui fait, fist veu de jamais faire le signe de la croix, par la tresferme foy et credence qu'il avoit ou saint sacrement de baptesme, en laquelle credence il combastit le dyable, comme vous orrez. (C.N.N., c.1456-1467, 15). Et quant tu auras ceste creance moyen le saint sacrement de baptisme, qui est sur ce estably, tu pourras parvenir a gloire eternelle. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 40).

-

Sacrement de confirmation : Item se l'enfant de ta femme qu'elle a engendré d'aultre espeux, aucune femme a levé de fons ou aura tenu au sacrement de confirmation devant l'evesque, celle femme est la commere de ta femme et non la tienne. (Sacr. mar., c.1477-1481, 58).

-

Sacrement de mariage : ...et aussi, se tu offres le sacrement de mariage entierement, tu en avras aussi guerredon. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 249). ...commençons pour l'onneur du vendredy ouquel nous sommes, a parler du sainct sacrement de mariage, car j'ay esté sept fois mariee (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 107). ...et, sans avoir reghart au saint sacrement de mariaige, à la doute de Dieu, ne à la honte du monde, il la fist sa femme et la maintint pour Royne de Portugal. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 109). Witimement et finablement afin que les Juiz ne persecutassent Jhesu Crist comme illegitime et que a la loy qui commande le sacrement de mariage Dieu ne fu pas contraire. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48). Vous arés benediction En ce lieu de divin parage, Pour la noble conjonction Du sacrement de marïage. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 35).

-

Sacrement de penitence : ...et ot la souveraine auctorité de clorre et ovrir paradis par la vertu et par les clefs du saint sacrement de penitence qui enclost confession. (GERS., P. Paul, a.1394, 486). Aprés et avec s'ansuit l'onccions du saint sacrement de penitance, qu'est nommez vraie confession. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 283). Du sacrement de penitance. (Somme abr., c.1477-1481, 95).

3.

P. anal. [À propos de la circoncision] : Jhesus, veulx tu a ton pouoir La circoncision avoir ? S'ainsi est, je le te donray Et le sacrement te feray Si comme il est acoustumé. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 32).

B. -

[Rituel, liturgie]

1.

[Religion paienne]

a)

"Objet consacré" : DYOCLESIEN. Faicte luy faire le serment Devant l'imaige et sacrement D'une glorieuse statue. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 12).

b)

"Pratique sacrée, rituel" : Ces choses saintes ou sacremens a receu Romulus seulement de toutes les solennitez que on faisoit parmi le monde aux dieux estranges, pour ce que desja Hercules avoit acquis la vertu de immortalité a laquele menoient ledit Romulus ses destinees -- c'est a dire car Herculez fu creuz des simples gens estre non morteux et deifiez en ciel (BERS., I, 1, c.1354-1359, 7.15, 13). Numa li roys ordena mout d'autres sacremens et solennités, et les lieus pour les faire, lesquels les evesques appeloient Argeos, a dedié a ce. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 21.5, 34).

-

"Rituel sacrificiel" : Les Romains autrement pour cause de cestes choses merveilleuses receurent un sacrement et une solennité novele apelé la solennité novendial, c'est de neuf jorns, pour ce tant duroit; laquele il receurent ou par cause de la vois celeste oÿe en la montegne albaine, comme dit est, ou par amonestement des aruspicez, c'est dez devineurs. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 31.4, 53).

2.

[Religion chrétienne]

a)

(Saint) sacrement. "Hostie consacrée placée dans la custode ou le ciboire, sur l'autel" : ...par laquelle maniere le corps Jhesu Crist est soubz le sacrement, car il est totalement et entierement dessoubz toute l'ostie sans restrainte ou restriction des membres corporelz. (Somme abr., c.1477-1481, 137). ...ledict duc d'Autriche en personne, en la presence des ambaxadeurs de nostredict seigneur et pere, a sollennellement et sur le sainct sacrement de l'autel promis et juré entretenir icelle paix (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 276).

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Vaisseau au sacrement : Quant Rollant l'entent, sy dist : "Or, le jureiz, beau sire." Atant at ons apporteit la vassail au sacrement et Jehan at jureit ys[ne]l qu'il yrat a Paris faire ce que dit est. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 212).

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[Dans le rite de la communion] Donner/porter/recevoir le saint sacrement (de l'autel). "Donner, apporter la communion, communier" : Sire, pour Dieu, que me donnez, S'il vous plaist, le saint sacrement De l'autel, et je vraiement Vous promet qu'ains nonne verrez Celle en qui fustes engendrez Et dont nasquistes. (Mir. st J. Cris., c.1344, 305). Et si vous vuil tous hordener Aprester, et vous vuil donner Le Saint Sacrement de l'autel ; Et chascun die et face autel. (Myst. Pass. N.S., fragm. Troyes R., c.1350-1370, 278). Tout aussi qui vuet recevoir Le saint sacrement et avoir, Lui et son cuer doit ordonner, Et sa maniere, à pardonner Toutes rancunes, tous meffais, Qu'on li a pourchacié et fais. (MACH., P. Alex., p.1369, 241). De par toy porté li sera Le saint sacrement, c'est raison. Et ne te part de la maison Devant qu'il sera enterré. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 27). "...Je ne dy pas pour ce, Beau Filz," dist la royne, "que tu ne puisses bien recevoir le saint sacrement aucunesfoiz et souvent en ta chappelle royalle, voire en publique, du prelat, du prestre ou de ton confesseur, et non pas a mucemaille, comme font ceulx qui sus l'espece d'une honte ou d'une devocion - Dieu veuille qu'elle soit bien ordonnee - a pasques recoivent le saint sacrement secretement en une chappelle..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 265).

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[La communion peut être donnée par des laïcs sous forme de trois brins d'herbe "cliché des épopées et des romans chevaleresques" (Note 1337 de l'Éd.)] : Atant le seingnat III foys et luy donnat III(I) pois d'herbe en nom de sacrement (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 40).

-

Feste/jour du saint sacrement (du corps Dieu). "Fête du Saint-Sacrement ou Fête-Dieu" : Jeudi (XVe jour de juin), feste du Saint Sacrement, Curia vacat. (FAUQ., I, 1417-1420, 300). Et trespassa de ce siecle li rois Robers de Brus en l'an de grasce Nostre Signeur .MCCCXXVIII., le .VIIe. jour dou mois de jullé, qui fu la nuit dou Saint Sacrement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 166). Et est à savoir que, le jour qu'il arriva, fut mené loger en la rue Saint-Honoré, à l'enseigne du Lion d'argent. Et, ledit jour dudit Saint- Sacrement, après souper, aussi à ladicte heure d'entre IX et X heures au soir, fut mené et conduit ledit seigneur audit chasteau du Louvre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 297). ...environ le jour du saint Sacrement de cest an (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 320). Predist aussi le tremblement de terre et la sterilité de la terre et la famine subsequente et la mortalité par famine, et fut le motif de faire instituer la feste du Saint Sacrement du corps de Dieu, l'an [mille] IIIcXVIII, et les hommes advertiz firent leurs provoyances et eurent remedes et preservatifz à l'encontre des influences et les autres ignares non (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 132 v°). Le dit jour du Sainct Sacrement, au dit Pontgipond, le roy se monstra vray catholique et ferme pillier de la foy (LA VIGNE, V.N., p.1495, 273).

b)

"Messe"

-

"Messe des morts" : Je vien de l'eglise prese[nt] Ou m'[en] [fu]s oyr le [sacr]ement D'ung [voisi]nt qui est trespassé. (Janot Jan. A., c.1450-1500, 145).

-

Sonner au sacrement. "Appeler à la messe par la sonnerie des cloches" : Ainsi que nagueres monseigneur le seneschal de Boulennois chevauchoit parmy le païs d'une ville en l'aultre, en passant par ung hamelet l'on y sonnoit au sacrement. Et pource qu'il avoit doubté de non povoir venir a la ville ou il contendoit en temps pour oyr messe, car l'heure estoit près de midy, il s'advisa qu'il descendroit audit hamelet pour veoir Dieu en passant. (C.N.N., c.1456-1467, 447).

c)

"Objet sacré" : La .VIIe. branche d'avarice si est symonnie. C'estadire quant les sacremens de Sainte Eglise sont venduz ou achetez, ou les prebendes des eglises. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 34). Et si vint on en chasuble et en chappe Avec tout autre exquis habillement De croix, reliques, precïeux sacrement Comme davant j'ay cent fois relaté, Luy presenter moult liberallement Et de bon cueur les clefz de la cité. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 227).
 

I. -

"Acte par lequel on prend Dieu à témoin de ce qu'on promet, de ce qu'on affirme"

A. -

[Comme acte officiel]

1.

[Selon un rituel convenu (on jure sur un objet symbolique, la Bible, des reliques...)] : Et se fait (...) Robin et Cuignet eussent juré et fait serment l'un envers l'autre, sur le pain et le vin, que de chosse qu'il avoient à faire ensemble, ilz ne révèleroyent ne accuseroyent l'un l'autre, pour mourir. (Ch. VI, D., t.2, 1417, 202). ...car ils avoient fait serment sur les saincts Évangiles de Dieu d'estre bons et loyaulx au roy et à la couronne de France (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 331). Fera le roy à l'entrée de ladite ville de Bourdeaulx (...) le serment sur le livre et sur la croix, ainsi qu'il est accoustumé, de tenir et maintenir les bourgeois, marchands, manans et habitans de ladite ville de Bourdeaulx et du païs de Bourdelois (...) en leurs franchises, privilèges, libertez (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1451,,, 283). ...j'envoye le seigneur de Montagu le Blanc à Angiers pour faire le serment sur la vraye croix de monseigneur Saint Laux, de me estre doresavant bon et loyal (Lettres Louis XI, V., t.6, 1476, 54).

Rem. Dict. encyclop. du Moy. Âge, t.2, 1997, 1425.

2.

En partic.

a)

[Féodalité] "Serment de fidélité que prête un vassal à son seigneur" : Et avec ce li revela Li princes, et y appella Monsigneur Jehan de Gaverelles, Qui fu à dire ces nouvelles Sans plus, pour porter tesmognage Par tous païs, que son hommage, Foy, serement, fraternité Avoit vers le roy acquité. (MACH., P. Alex., p.1369, 255). Et adoncques le conte de Duraine fist les feaultés et serment au roy Cleriadus tout ainsi que il appartient. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 533). ...Pierre de Laval, archevesque et duc de Reims, nous a aujourd'huiz fait en nostre personne le serment de féaulté, que tenu nous estoit de faire à cause de la temporalité dudict archevesché (Cartul. Laval B., t.3, 1474, 272).

Rem. F.L. Ganshof, Féodalité, 3e éd., 1957, 44 et suiv.

-

Serment corporel. "Serment que le vassal non lige fait en levant la main (à la différence de celui que le vassal lige fait en touchant les évangiles)" : ...Ysabiaulz Patrie, jadis femme feu Piere du Rivau, (...) nous a dit et revelé et afermet par son serement corporel, lequel nous avons receu de la dicte Ysabeau, sur ce que li diz feu Pieres, ou temps qu'il vivoit, ot et prist, à cause de prest à usure, de Jehan Phelippe, lombart (Doc. Poitou G., t.3, 1351, 64).

-

Avoir le serment à / de qqn : [Le seigneur de Simay, ambassadeur du duc de Bourgogne, au roi de France :] Je suis vostre homme et ay le serment a vous. Aussy messire Simon et moi nous sommes chevaliers et ne vouldrions dire chose que veritable. Et par la foy que je vous doy et sur nostre honneur, nous vous certiffions que monsieur le duc ne sceust onques de ladicte venue (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 59).

-

Faire le serment à qqn : Et s'appelloit la ville Monfortin, Appartenant a seigneur Jacques Conte, De qui personne ne doit tenir nul conte, Car il avoit fait au roy le serment Et se fÿoit en luy si grandement Que, pour garder de faire ung tel desordre, Il l'avoit fait des chevaliers de l'ordre. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 242).

b)

[En justice] : ...après ce qu'il orent juré aus sains Evangiles de Dieu de dire verité, cogneurent et affermerent par leurs sermens que ilz sont nez de la ville de Houdan, à une petite lieue dudit lieu de Heudouville (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 285). Lequel juif present, juré par le serment acoustumé à faire en sa loy, en mettant la main sur sa teste, dit et afferma, en la presence dudit prisonnier, que verité est (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 132).

c)

[Dans une situation d'hostilité, de conflit ; domaine militaire, à la guerre, au combat, au tournoi...] : Cy apprès s'enssievent les troiz sermens que sont tenus de faire les combatans. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 217). Et quant ilz furent en leurs pavillons et qu'ilz eurent faiz leurs serremens, et puis de leurs pavillons boutez hors (...) alors se partent comme lyons deschainez. (LA SALE, J.S., 1456, 184). Mais comment seront elles certaines de la mort de leurs espoux ? Response : par le serement et jurement de cellui soubz qui ilz ont milité et des compaignons qui ont bien congneu la mort d'eulz. (Sacr. mar., c.1477-1481, 72). Et, pour plus grant fermeté, nous en bailla en plege nostre très chier et très amé frere le duc de Bourbonnois et d'Auvergne, et avec ce nous en bailla son scellé. Non obstant tous lesquelz sermens, seuretés et promesses, et en venant directement contre iceulx, ledit de Nemours a de rechief contendu par tous moyens à luy possibles de soubsciter nouvelles divisions et mettre sedition en nostredit royaulme par plusieurs dampnables moyens (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 243).

Rem. J. P. Jourdan, Pas d'armes, joutes et tourn. ... au XVe s., 1981, 59 ; 179.

-

Faire serment de + inf. : Et semblablement monseigneur de Bourgongne fist serement pareil de servir loyaument le Roy et obeir à lui (FAUQ., I, 1417-1420, 157).

-

Prendre / recevoir le serment de qqn. "En recevoir un engagement solennel de fidélité" : Après lequel appoinctement ainsi fait, le roy envoya audit lieu monsr le cardinal de Bourbon, monsr le chancellier, messire Guiot Pot, bailly de Vermendois, messire Phelippe de Crevecuer, seigneur de Cordes, gouverneur de ladicte ville, et autres nobles hommes, pour prendre et recevoir les seremens des habitans dudit Arras. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 46). Et aprés soupper, le roy print le serment des ditz pays, puis s'en alla coucher en son logis. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 267). Et de rechief les dictz ambassadeurs venyciens refirent arriere le serment comme le roy l'avoit faict, disans que les ennemys du roy estoient les leurs, et qu'ilz vouloient servir le roy de cueur, de corps et de biens. Monsieur d'Angiers receult leurs sermens, presens monsieurs de Cornouaille, monsieur d'Ambrun avec autres prelatz. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 320).

d)

[Selon le statut social qui exige un engagement par serment] : ...que nuls varlés ne aultres, quelz que il soit, ne se melleche de mieure waranche ne de ouvrer en mollin de waranche, dessy atant qu'il ait fait serment es mains des dis maïeurs (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1382, 24). Ce sont les sermens que doivent faire les conseillers et advocas en chacun Eschiquier et au commencement d'icellui (Echiq. Normandie S., 1390, 59). Le samedi 4 mai 1415, Jehan du Brueil (...) fist le serment pour estre sergant ou messier au lieu de La Chapelle, en tel cas acoustumé, en la main de maistre Jehan de Breban, licencié en loix, garde d'icelle juridiction de La Chapelle pour les religieux de Saint-Martin (Livre raison St-Martin-de-Pontoise D., 1415, 165). Ce jour, maistre Robert de Saulz a esté receu en office de conseillier clerc en ladicte Chambre des Enquestes et a fait le serement acoustumé. (FAUQ., I, 1417-1420, 157).

-

[À propos d'une pers.] De serment. "Assujetti par son statut social à un engagement par serment" : ...aprés alloient par ordonnance les arbalestriers, archiers, canonniers et autres gens de serment d'icelle ville (Entrées roy. G.L., p.1464, 192).

.

[P. allus. au serment que prête un membre d'un ordre de chevalerie de respecter les statuts de cet ordre] Frere de serment. V. frere

B. -

P. ext.

1.

"Promesse faite à qqn, engagement pris auprès de qqn en prenant Dieu à témoin" : ...laquelle chose n'est autre riens ne mais coulourer de faulceté, tricherie et barat par dire mençonges par grans sermans parjurés afermeement. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 165). ...pour les causes dessus dictes, elle se tient pour acquittée et desobligée de son serment et promesse qu'elle jadiz luy fist. (C.N.N., c.1456-1467, 179). Lui promist ledit roy qu'il le feroit et le mist contre son serment en une forteresse pour le faire besongner à force, lequel lui fist l'or, duquel furent faiz les vielz nobles d'Angleterre, ainsi que on dit pour tout vray en Engleterre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 128 r°).

-

Affirmation de serment : ...que la parolle yssant de la bouche dudit prince soit creue sans affirmacion de serment (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 164).

-

S'acquitter de son serment. "Tenir ses engagements" : "...N'est merveille se vous vous esmaiez, Car bien est drois que dolente soiez. Mais vraiement On trouveroit plus tost aligement En vostre mal qu'en mien". - "Sire, et comment ? Dites le moy, et de vo sairement [var. serment] Vous aquitez." - "Moult voulentiers, mais que vous m'escoutez, Et que vo cuer de tristesse gettez, Par quoy toute vostre entente mettez A moy oïr." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 66).

-

Dire / jurer / promettre qqc. par son serment : ...et aussi fut présent Jehan de la Halle, sergent pour le temps, qui nous dist par son serment que, ou temps et au terme dessus diz, ledit viconte l'avoit charché de... (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1333, 160). Je vous jure par mon serment Que... (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 74). Je te promet par mon serment Que (Lord. Tart Ab. L., a.1465, 161). Ledit jour vint en la chapelle de ceans, Jehan Minot (...) qui disoit par son serment que... (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 13). ...messire Remon Guerin (...) jura par son serment que... (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 20).

-

Errer contre son serment. "Enfreindre son serment" : Par foy, dame, s'il se puet excuser qu'il n'ait pas erré contre son serement ne faussé ne enfraint l'ommage que il doit, j'en seray tous liez, et seray cellui qui voulentiers le recevray en ses excusacions, lui et ses complices. (ARRAS, c.1392-1393, 209).

-

Faire serment de qqc. "Promettre solennellement qqc." : Conte, je vous fas assavoir, Puis que j'en ay fait serement, Je le tenray certainement (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 4). Et je vous fas bien assavoir, Puis que serement en ay fait Et veu, je le tenray de fait (Mir. fille roy, c.1379, 39).

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Faire son serment de + inf. : Et après ce convient qu'ilz facent serment de garder les dames et pucelles du royaume et de deffendre toutes justices et querelles dont ilz seront appelez pour les soustenir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 56).

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Faire son serment que. "Faire le serment de" : L'ystoire dit que le gallaffre de Bandas et le soudant de Barbarie et le roy Anthenor d'Anthioche et l'admiral de Cordes, ces quatre avoient fait leur serement que jamais ne fineroient jusques a temps qu'ilz auroient destruit le roy Uriien de Chippre et le roy Guion d'Armenie, son frere. (ARRAS, c.1392-1393, 213).

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Froisser son serment. "Enfreindre son serment" : Eneas jut soubz sa courtine Et tant y fut qu'il l'engroissa Et que son serement froissa. (LE FÈVRE, Leesce V.H., c.1380-1387, 77).

-

Jurer / promettre un serement : Quant li corbiaus vid l'avoutire, Il les commença a maudire Et si jura grant serement Qu'il yroit dire ynelement A Phebus la grant lecherie Qu'il a veü en son amie. (MACH., Voir, 1364, 688). ...les sairmens que tu as iureit et promis aux lignies de ton pueple (Psaut. lorr. A., 1365, 152). Li roys s'en coursa durement, Et jura moult grant sairement Qu'il n'avoit homme en son païs, Tant fust grans, osés ne hardis, Ne frere, n'autre, tant l'amast, S'il le coursoit, qu'il ne coursast. (MACH., P. Alex., p.1369, 260).

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Jurer sur tous les serments : Vous me [Mélusine] jurerez sur tous les seremens que preudoms doit faire, que le samedi vous ne mettrez jamais peine a moy veoir ne enquerre ou je seray. (ARRAS, c.1392-1393, 26).

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Rompre un serment. "Enfreindre un serment" : ...qu'il ne voulloit point ronpre son serment qu'il m'a fait (Lettres Louis XI, V., t.9, 1481, 71).

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Sauver un serment. V. sauver "Tenir ses engagements" : Non obstant, puis que l'ay promis, Il me fault mon serment sauver, A cest don ne veul contrester Pour l'honneur de ces princes cy. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 85).

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Serment (de) Mahon. "Serment sans valeur" : Je croy que vous venés savoir no porcion, Vous pensés a tenir le sairement Mahon (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 51).

2.

[Comme affirmation forte de la véracité d'une parole] : ...[le mari] afferma par ung bien grand serment que jamais n'avoit veu chose si tresbien ressembler le cul de sa femme (C.N.N., c.1456-1467, 26).

-

Mon serment : Mon serment ! c'est ung bel ymage Pourtrait et paint à son debvoir (ARCEL., Vieill. C., c.1480-1520, 604). POVRE. Mon serment, Homme n'est soubz le firmament Qui m'ait donné chose du monde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 546).

-

Par mon serment : Il respondi moult doucement : "Dous amis, par mon serement, Vous soiez li tres bien venus. Longuement vous estes tenus De moy viseter et vëoir...." (MACH., F. am., c.1361, 188). Mon amy, ne dites pas une aultre foiz que je vous aye fait mettre vostre argent, car, par mon serment, je ne donne pas de robe qui soit au monde une maille, mais que je soye chaudement. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 12). Par mon serment, il me sembloit Que mes boiaulx deussent saillir. (Narcissus, p.1426, 284). Lors, dist l'Empereur, par mon serment jamais je ne veis advenir une telle merveille. (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 118). ...par mon serment, a dire entre vous et moy, mon plus grant regret si est qu'il fault que je meure avant que savoir et sentir des biens de ce monde. (C.N.N., c.1456-1467, 347). Grant mal sera, par mon serment, De faire morir Jehan babtiste. Il n'est homme que n'en soit triste. (Pass. Auv., 1477, 97). FRIPPIER. Par mon serement, Prenez la et vous en allez ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 550).

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[Dans un cont. judiciaire] : "...Je croy trop bien qu'il ne partit pas sans proye, mais qu'il y eust entré a force, par mon serment, non eust. - Est il ainsi ? dit le prevost. - Oy, par mon serment, dit le bon compaignon..." (C.N.N., c.1456-1467, 160).

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[Formule exprimant sans plus une grande surprise] : Et qu'est cecy, par mon serment ? Je cuide que je l'ay actaint. Le baston ma lance en est taint. Je croy que veez cy de son sang. (Pass. Auv., 1477, 231). Happe cousin, happe cela : Par mon serment, voicy merveille. (P. Jouh. D.R., a.1488, 35).

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Pour mon serment : Atrampez ung peu vo corage, Mon seignieur, car, pour mon serment, Mon maistre ne sçay pas comment Il est perdu (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 95). [Seul ex.]

-

Serment de la messe : Serment de la messe, Vessi une ostesse ! (OLIOU, Mess. Arg. A., c.1470, 489).

3.

[Comme acte blasphématoire]

-

Jurer le vilain serment. "Prendre Dieu à témoin de façon sacrilège ou impie ; blasphémer, proférer un jurement" : ...dit fu et deliberé que, pour le delit commis par icellui prisonnier en jurant icellui villain serement, il soit condempné, mis et tourné ou pilory, ès hales, puis heure de prime jusques à heure de nonne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 357).

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Jurer le vilain serment de Dieu : ...par temptacion de l'ennemi, jura une foiz le vilain serement de Dieu, en disant qu'ilz ne entreroient pas en ycelle chambre. (Ch. VI, D., t.2, 1388, 174).

II. -

P. méton. "Groupe de personnes ayant prêté le même serment et formant un ensemble organisé sur le plan professionnel, corporation, corps, métier, communauté"

A. -

"Corporation, corps, métier" : ...les colleges et sermens des arbalestriers, archiers et canonniers (Entrées roy. G.L., 1463,,, 187).

-

En partic. "Les monnayeurs" : ...oye la supplicacion de Martin Masse, monnoier du serement de France, homme de bonne vie et de bonne renommée (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1347, 289). De la partie de noz amez les Prevostz, Ouvriers et Monnoyers de noz Monnoyes du serment de France, Nous a esté humblement exposé... (Ordonn. rois Fr. V.B., t.11, 1419, 1). ...en certaine cause pendant ceans entre les ouvriers et monnoiers du serement de l'Empire, d'une part, et les ouvriers et monnoiers du serement de France, d'autre part (FAUQ., II, 1421-1430, 354). ...et quant au surplus, qui touche le general debat d'entre lesdiz du serement de France et du serement de l'Empire, la Court dit que les ouvriers et monnoiers dudit serement de l'Empire, jà receuz et qui ont fait leur espreuve en la monnoie de Paris ou en autre monnoie royal du royaume de France, pourront ouvrer et monnoier es monnoies royaulz d'icellui royaume monnoie blanche et noire, pareillement que ceulz dudit serement de France. (FAUQ., II, 1421-1430, 359).

Rem. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.2, 1958, 250.

B. -

"Communauté" : ...ledit bailli [de Rouen] a refusé de rendre et baillier audit archevesque l'evesque d'Avranches, bachelier en theologie, maistre Jehan Basset, prebstre, maistre en ars, licencié en decret, Jehan de Laleu, licencié en lois, Jehan Segneur, clers non mariez, estans du serement de ladicte Université, et pluiseurs autres clers et prebstres, prisonniers audit lieu de Rouen (FAUQ., III, 1431-1435, 90).

REM. Forme seurement, par croisement avec sûr : BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 225 (...ilz doivent garder le seurement qu'ilz ont fait a leur seigneur).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

Sermenter qqn. "Recevoir qqn à serment, en partic. faire prêter à qqn le serment requis pour l'exercice d'une charge" : ...se par nostre bailli ou chastellain estoit imposé à aucun bourgeois ou autre d'avoir mis main violente à la personne de nostre dit bailli ou d'aucun sergent ou officier serementé de par nous en nostre dite ville, (...) tenu seroient nos dis bailli ou chastellain de mettre le cas a congnoissance sommierement et de plain et sans figure de jugement par devant les dis maire et eschevins (Hist. dr. munic. E., t.1, 1374,,, 94). Si furent serementé comme prisonniers ... li chevalier et escuier englès et gascon, qui pris avoient esté le journée (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 27). Adont fu il... amenés ou marchiet et là sermentés ; et il sermenta ossi les maieurs et les eschievins et tous les doiens de Gaind. Enssi fu Phelippes d'Artevelle souverains cappitains de Gaind (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 86). ...en laquelle maison et appartenances d'icelle ledit Guiot a haute justice, moyenne et basse, et y puet mettre sergent, lequel sera serementé au molin de Baalon... (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409, 589).

-

Part. passé en empl. adj. "Assermenté, qui a prêté serment" : Et, al cause de sa reception, ilh doit (...) à cascun de ses coneskevins, II stiers de bon vin ; aux saingnours qui sont de leur conseilh, atretant ; et, à leur clers, à leurs changeur sermenteis et à leur chambrelains, à cascun d'eaux, I stier (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 96). ...I des anneis esquevins ou ly covellier sermenteit doit tenir et porteir le patron (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 119). Item, quant ons fait l'assay des pois et des olnes (...), ly cherier doit avoir I oirfevre sermenteis, qui doit aidier remodrer les pois, soit de regrandier, soit del amenrir. (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 120). ...ledit Jehan Courson, qui estoit sergent sermenté d'iceuls religieux de Saint Magloire (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1375, 456). Et paraillement ont mis leurs seaulx à ceste presente confession lesdit prevost de Saint-Quentin et le clerc sermenté et home feal du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 381). ...comme il touche les mortemains, confiscations, actrayeres, biens vaccans et eschoites de bastards, (...) ilz seront inventoriéz par ledit mayeur et les eschevins et clerc sermenté de ladite ville (Trés. Reth. S.L., t.2, 1399, 466).

-

Part. passé en empl. subst. : ...toutes personnes, bourgeois et sermentés de le ville de Saint-Pol de le draperie poront prendre et arester toutes denrées de leur mestier, la ù il vairront qu'il y ara à [dire], et tauxer les amendes. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1383, 340).

B. -

Sermenter qqc.

-

Sermenter que. "Faire le serment que, jurer que" : ...il les faisoit fort à sermenter que bons et loyaulx lui seroient (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 140).

II. -

Empl. intrans. "Prêter serment" : Le roy manda messire Robert de Flandres et fist sermenter et jurer avec luy. (Chron. anon. K., t.1, c.1375-1400, 607). Amauri tout premier i ala sermenter (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 14).
 

"Celui qui a prêté serment"

REM. Doc. 1346 (Tournai, voelt ["veux"] et ordonne que Wattiers Wettins, mes fiuls, ait et doie avoir, s'il voet, le maison de le Vigne par juste pris de sermenteurs) ds GD VII, 393a.
 

"Assermenté"

REM. Doc. 1352 (le clerc sermentois de le dicte court) ds GD VII, 393a.