C.N.R.S.
 
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 Article 1/80 
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     APARTIR     
FEW VII partire
APARTIR, verbe
[T-L : apartir ; GD : apartir ; FEW VII, 686b : partire]

I. -

Empl. pronom.

A. -

[Idée de partage]

 

1.

S'apartir à qqc. (une proposition, une suggestion...). "Être d'accord avec qqc." : DEUXIESME SERGENT. (...) or le lyons, amis, Si qu'il ne puist n'avant n'arriére Soy mouvoir en nulle maniére Au feu sentir. PREMIER SERGENT. Soit : a ce me vueil apartir. (Mir. st Lor., 1380, 189).

 

2.

S'apartir de + inf. "Se résoudre à, prendre le parti de" : Sire, mon braz deslieray, Si verrez dont elle [ma main] parti Quant de la coper m'aparti. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 86). BERTHE. Certes de dueil le cuer me part Ce departir. PREMIER CHEVALIER FRANÇOIS. D'aler nous convient appartir. (Mir. Berthe, c.1373, 160).

 

3.

S'apartir. "Se mettre de la partie (?)" : Besoing tout premier m'assailly, A moy prandre point ne failly ; De ses bras si fort me destraint Que j'en eu le corps si estraint Qu'à poi le cuer ne me party. Nécessité lors s'apparti [Éd : «se montrer»] Moult angoisseuse et plaine d'ire, Par le col me print sans mot dire (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 5).

B. -

[Idée de départ]

 

1.

"Partir" : Sire, j'ay pensé qu'appartir Nous deussions, car il me semble Bon qu'alissons nous deux ensemble Encore au conte (Mir. st Guill., c.1347, 41). Michiel, il te fault appartir. Va t'en tantost par my ces rens Conforter mon ami Lorens (Mir. st Lor., 1380, 182).

 

2.

S'apartir de qq. part. "Quitter un lieu" : Trestut les meultz qe je puisse faire, C'est qe m'aparte de sa terre. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 117).

II. -

Empl. intrans. [Du coeur] "Se briser, éclater (sous le coup de la douleur)" : ELIPHAT. (...) Hellas ! Messeigneurs, je le voy [Job]. Or regardez, quelle pitié ! BALDACH. Le cueur m'apart [l. me part ?] en verité Quant je regarde sa douleur. (Pac. Job M., c.1448-1478, 338).

 

Rem. Plusieurs var. donnent me part ; le verbe partir est très fréquemment empl. dans ce sens. (cf. FEW VII, 679a, s.v. partire). Ici, var. de espartir, avec substitution de préf.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 2/80 
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     BIENPARTIE     
FEW VII partire
BIENPARTIE, subst. fém.
[GD : bienpartie ; FEW VII, 681b : partire]

"Partie qui a un avantage"

REM. Percef. (éd. 1528 ; la bienpartie qui victoire avoit) ds GD I, 646b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 3/80 
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     BIPARTI     
FEW VII partire
BIPARTI, adj.
[FEW VII, 689a : partire ; TLF : IV, 528a-b : biparti]

"Divisé en deux" : ...affin que feisse ton empire biparti, c'est à dire party en deux. (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXXXII).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 4/80 
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     COMPARTIR     
FEW VII partire
COMPARTIR, verbe
[FEW VII, 688b : partire]

"Partager" : En prumiere tu commandes Les povres nuz de revestir. Mais d'aultre part j'ay des demandes De mes serviteurs pour vestir : Là me fault mes biens departir, Car d'eux je ne me puis deffandre. Du mien le me fault compartir : Je ne puis pas à tout entendre. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 31).

 

-

Compartir à qqc. "Apporter sa part à qqc., contribuer à qqc." : ...le duc Philippe l'avoit tousjours affranchie [la ville de Huy] de toutes amendes et réparations que le pays de Liège devoit faire à luy et à l'évesque son neveu, sans riens y compartir, ne contribuer. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 315).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 5/80 
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     CONTREPARTI     
*FEW VII partire
CONTREPARTI, subst. masc.
[*FEW VII, 679a, 680a : partire]

HÉRALD. "Division perpendiculaire en plusieurs parties alternant le métal et la couleur (?)" : Party est comme vne robe mypartie de deulx couleurs (...). Contre party et tout ce qui se appelle contre ont celle mesme senefiance et connoit on le contre party quant il va au contraire du party ou quant il se part plus d'une fois. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 510).

Rem. Aussi Un traité d'héraldique inédit, éd. L. Houwen, M. Gosman, c.1435-1449. In : Romania 112, 1991, 508.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/80 
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     CONTREPARTIE     
FEW VII partire
CONTREPARTIE, subst. fém.
[GDC : contrepartie ; FEW VII, 681b : partire ; TLF : VI, 93a : contrepartie]

I. -

"Double d'un document" : Liquele cose leur fu otriié, jusques au rappiel et le volentet dou Conseil Mgr et dou Conseil de le ville, si qu'il appert par escrit qui en fait plus clere mention ; dou quel escrit, li Consaus Mgr en avoit une contre-partie et li halle l'autre. (Drap. Valenc. E., 1344, 312).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.

II. -

"Partie adverse, adversaire" : ...en aultres deffenses ne excusances il n'en eust jamais esté oys ne receuz, car ses contreparties estoient trop grandes et trop fortes. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 43).

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss. ; Myst. process. Lille K., t.2, a.1485, gloss. WAVRIN (p.1471) ds GDC IX, 184c.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 7/80 
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     CONTREPARTURE     
*FEW VII partire
CONTREPARTURE, subst. fém.
[*FEW VII, 686b : partire]

COST. "Partie du vêtement mi-parti d'une couleur s'opposant à la parture" : ...nous avons fait acheter (...) pour notre livrée que nous entendons à faire prochainement : (...) 8 draps de couleur de folet pour parture de nos escuiers et pour vestir noz femmez de chambre (...), pour un autre sanlable drap et de sanlable couleur aux 8 precedens (...), pour quatre draps vers pour le contreparture de noz dis escuiers (...), pour deux autres sanlables draps vers pour la dicte contreparture, chascun drap 29 frans : soit 58 frans. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1381, 321). ...je Jehan Le Cambier, varlet de garde-robe (...), de pluiseurs marchans de Saint-Omer, dix et sept draps entiers de la faichon de la dicte ville : est assavoir noeuf draps de couleur de folet tant pour parture d'escuiers comme pour les femmes de chambre, et les aultres huit de vert pour la contre-parture des dis escuiers ; lesquelz ont este achetéz de eux par les gens de ma dicte dame pour sa livrée de ceste année presente. Et yceulx draps ay mis en sa garde robe. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1381, 322).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 8/80 
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     DÉPART     
FEW VII 685a, 688a partire
DEPART, subst. masc.
[T-L : depart ; GD : depart ; GDC : depart ; AND : depart1 ; FEW VII, 685a, 688a : partire ; TLF : VII, 1134a, 1134b : départ1/départ2]

A. -

"Division, séparation ; partage, distribution"

 

1.

"Division, séparation"

 

-

À depart. "En séparant (des parties, des aspects de qqc.)"

 

Rem. Boece en rime A., c.1350-1375 (J. K. Atkinson, R. Ling. rom. t.73, 2009, 185-186 ; 189-193).

 

-

Sans depart. "Sans division, sans séparation"

 

Rem. Boece en rime A., c.1350-1375 (J. K. Atkinson, R. Ling. rom. t.73, 2009, 186-188).

 

-

Faire depart de qqc. "Séparer des choses (pour en faire le compte)" : Tu [Hérodiade] as bien monstré devant tous Que tu ne crains Dieu ne le monde ; Tu es tant vile, tant immonde Que la fin en sera maulvaise Et ay grant peur que la fournaise D'enfer en face le depart. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 44). Come se tire le garetier souvent Du mesmes drap dont la chausse est taillee, Ferme propos nous procede et descent D'autres vertus. Ovide s'y assent Qui des vices fait depart et meslee. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 12).

 

2.

"Partage, distribution" : Melyador estoit a part Trais, et n'ot mies quel depart De biens Florée la ordonne, Et quoiement les seme et donne Pour li, afin que mieulz en vaille (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 225).

 

-

Sans depart. "Sans partage" : ...et pour che, voir, je l'ains Sans nul depart (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 217). ...Et ha chascuns sa joye sans descroys, sans depart (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 58).

 

-

Faire depart de qqc. "Faire le partage d'un bien (ici pour se l'approprier)" : ...Plusieurs avec moy ont heu part Et me suis fïé d'aultre part Trop en aucuns de mon avoir Qui en on fait pour eulx despart Sans le me faire assavoir. (GARIN, Compl., 1460, 58).

B. -

"Fait de partir, séparation" : ...ma joye fault perir (...) Pour le depart de ma dame jolie (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 248). La fu moult piteux le depart ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 108). ...celluy n'y a qui se lasse De respandre larmes a masse Pour sy tres douloureux depart. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 204). Combien que le depart [d'avec cette femme] me soit Dur, si fault il que je l'eslongne (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 14). ...le dur depart de nous deux (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 231). En luy priant sur le depart Qu'il vous doinct s'amour et sa grace. (LA VIGNE, S.M., 1496, 442).

 

-

En partic. [Dans le mariage] "Séparation (de corps)" : S'il n'y a formel ribaudie Prouvee et confesse par li [la femme], Il a a sa cause failli. Et encore s'il a ce prouvé, Le depart lui est reprouvé Qui n'est que de biens et personne. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 23).

 

-

Faire (le) depart. "S'en aller" : Il est temps de faire depart Et de nous aler habiller (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 68). [Autres ex. p.65, v.4614 et p.285, v.21260] Allons nous en, faisons depart. (Rapp., c.1480, 70). Faiz a coup de ce lieu depart ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 288). S'il n'eust tantost faict le depart, Je l'eusse moult bien adoubé. (LA VIGNE, S.M., 1496, 435).

 

.

"Quitter" : Nostre vouloir se delibere A ce tres glorïeux mistere Pousuïr jusqu'a celle part Que le corps aura fait depart De la croix, par ses bons amis, Pour estre en son sepulcre mis. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 268).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 9/80 
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     DÉPARTABLE     
FEW VII partire
DEPARTABLE, adj.
[GD : departable ; AND : departable ; FEW VII, 685b : partire]

"Qui peut être divisé, partagé" : Dividuus (...) : qui divise ou qui est departable, divisible (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 92).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 10/80 
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     DÉPARTABLETÉ     
*FEW VII partire
DEPARTABLETÉ, subst. fém.
[*FEW VII, 685b : partire]

"Caractère de ce qui se prête au partage, à la répartition" : Dividuitas (...) : divisableté, dessemblableté, departableté, segregation (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 92).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 11/80 
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     DÉPARTANCE     
FEW VII partire
DEPARTANCE, subst. fém.
[T-L : departance ; GD : departance ; FEW VII, 685b : partire]

"Partage" : Distributio : departance (Abavus IV, R., c.1350, 315).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 12/80 
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     DÉPARTEMENT     
FEW VII partire
DEPARTEMENT, subst. masc.
[T-L : departement ; GD : departement ; AND : departement ; FEW VII, 688a : partire ; TLF : VI, 1135a : département]

A. -

[Correspond à departir II B]

 

1.

"Partage" : Advint que ces II. freres, le roy de Castille et le conte de Portingal, eurent guerre mortelle ensamble pour le departement des terres. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 283).

 

-

Sans (faire) departement. "Sans partage" : Et elle aussi me jura et plevi Moult durement Qu'a tous jours mais m'ameroit loiaument, Sans moy guerpir et sans departement. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 82). Vous savez aussi qu'humblement L'aim, serf, crein, desir loyaument Plus qu'autre, ne moy proprement, Et que siens sui si ligement Que c'est sans nul departement Et sans muence. (MACH., R. Fort., c.1341, 122). Et a cheli donnast entirement [la dame] Son coer, s'amour, sans nul departement (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 209). Vueil devotement Loer humblement Et mercier hautement Amours en mon lay, Quant elle m'a franchement, Sans departement, Donné ligement Pour ma dame loyaument Servir de cuer vray. (MACH., Les lays, 1377, 331). Je sui vostre, sans nul departement ; Vous me povez de mes maulx conforter (GARENC., Poésies N., 1390-1400, 19). Par vous soit doncques honnouree Et servie soingneusement, Tant comme vous aurez duree, Sans point faire departement (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 54).

 

2.

"Frontière" : Mais puis .I. mois, en liu estragne, Au departement de Bretagne, En une moult obscure lande, Sus les plains de Northombrelande, Avoit jousté de fier de lance, Par ahatie contenance, A Camel c'on dist de Camois (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 154). Et puis s'en vint logier ou val de Sorie, sus le departement d'Espagne, de Navare et d'Arragon. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 60). ...une grosse abbaye de noirs moisnes qui siet sour la rivière de Thuide et le departement des deux roiaulmes. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 37). Si fisent leur mandement tantost et sans delai à estre à un certain jour à la Mourlane. Là est li departemens auques d'Escoce et d'Engleterre. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 29).

B. -

[Correspond à departir III]

 

1.

"Départ"

 

a)

[À propos d'une pers.] : ...à leur departement on comptoit à eulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 110). ...le roy de Castille veoit plus voulentiers le departement des Anglois que l'aprochement, car il luy sambloit que sa guerre estoit finée (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 116). ...ledit Girart estoit logiez en l'ostel de la Levriere-Blanche (...) ouquel hostel il print et embla à son departement deux draps linges qui estoient ou lit où il avoit jeu (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 461). Requis pourquoy elle se departi de sondit hostel, ne de quoy elle a vescu depuis le departement, dit que il lui donna congié, pour tant que elle ne savoit pas bien appareillier la viande ne appareillier ce qui estoit neccessaire parmi l'ostel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 527). ...il avoit intencion de partir prochainement de Paris, et n'estoit mie certain se avant l'eure de son departement il auroit bonne oportunité de retourner en ladicte Chambre (FAUQ., III, 1431-1435, 95). Et a ces parolles Saintré reprent congié et a son departement Madame ne se peust tenir de larmoyer. (LA SALE, J.S., 1456, 98). ...[le clerc appelé à Rome] avant son departement disposa de ses besoignes bien et surement. (C.N.N., c.1456-1467, 283). ...si tost que les jeunes gens sceurent du departement de son mary, ilz la vindrent visiter [une belle jeune femme] (C.N.N., c.1456-1467, 567). ...le Roy estoit seurement dedans sa ville, bien fourny de vivres et de tout ce qu'il lui failloit et eust attendu le despartement des seigneurs tant qu'il lui eust pleu [lors de la Ligue du Bien public]. (BUEIL, II, 1461-1466, 234). ...se aucuns des dicts confrères et compaignons [archiers se] vouloient departir et yssir de la dicte confraternité de leur voulenté, [ils seroient] tenus de payer aus dicts compaignons archiers ou à leur dict maistre dix sols [tournois] pour leur département. (Archives servit. Louis XI, T., 1476, 89). GLORIEULX. Baisez moy, mon doulx plaisir, Au moins a vo departement. (P. Jouh. D.R., a.1488, 32). Donnez moy, au departement, La vostre benedicion. (LA VIGNE, S.M., 1496, 276).

 

-

Les trompettes de departement. "Les trompettes qui donnent le signal du départ" : ...apriés messe et boire, les tronpetes de departement sonnerent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 624).

 

-

Signifier le departement à qqn : Messire Jehans de Viane (...) dist que il estoit tamps de chevauchier, et que trop avoient sejourné : si fu li departemens segnefiiés à toutes gens. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 255).

 

-

Faire departement. "Partir" : Oncques ne peus trouver la beste nullement Qu'a moy voulsist combatre ainsy në aultrement ; Je l'ay laissee coye, s'ay fait departement. Eslongons le païs, puis que nous avons vent (Tristan Nant. S., c.1350, 154). "Roys de Romme et de France, dist Ogier, je ay fait tout en l'eure departiment del estour, ou Jehan estoit pour nous et vous destruire et occire, s'il poulsist..." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 234). ...que l'endemain du tournoy ilz facent departement et s'en viengnent envers les pors de Royalville pour resister aux Rommains. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 335). A l'autre foiz au monument Où fut sa ressurection Et où fit son departement Le jour de son ascension. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 105).

 

-

P. anal. "Mort" : Plourez tresdoloreusement Ma dame et son tresbel corps gent Que la mort a fait deffiner (...). Helas ! il n'estoit pas saison Si tost de son departement. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 184).

 

.

Derrain departement : Plaise vous [Diex] m'ame si secourre A ce derrain despartement Qu'elle ait de vous sanz finement La vision. (Mir. st Ign., 1366, 111).

 

.

[De la mort] Faire le departement de qqn. "Causer la mort de qqn" : Jamais homme ne aima tant femme Que je te ay, ne si loyaument. Faulse mort, tu es bien infame D'en avoir fait departement ! (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 299).

 

b)

[À propos d'une chose]

 

-

Departement du jour. "Crépuscule" : Sy actendismes le soir que le dieu avoit acoustumé d'achiever pluiseurs desirs a ses plus prouchaines amies, dont il advint au departement du jour. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 873).

 

-

ASTR. [trad. le lat. recessio] "Mouvement d'accès et de recès de la huitième sphère ou sphère des étoiles fixes (trépidation)" : Toutes les esperes qui sont puis le 8e espere en aval ou mouvement d'aprochement et de departement qui est appiellés mouvemens de le 8e espere. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 73).

 

Rem. V. aussi approchement

 

-

P. ext. "Fin (de qqc.)" : A tels jeus ai je bien esté Plus marris au departement Que ne fuisse au commencement : Vis m'estoit qu'on me faisoit tort Quant on m'avoit du jeu estort. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 54). ...ne se reposoit point, ainchois fist tant que au departement du tournoy le loz et le pris des hieraulx avec l'honneur fut tout environ lui (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 324). BRAYART (à Jésus sur la croix). Tes euvres n'ont pas esté saines : On le voit au departement Et, se tu les soustiens, tu mens Quant, pour elles, sueuffres telz paines. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 337). ...pour racompter partie des adventures qui leur advindrent aprés le departement de la feste du Dieu Souverain. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 154).

 

2.

"Séparation"

 

a)

Au propre : ...le departement de vous diaux s'aprocheit pur un temps, le qel temps vous semboit estre mult longe (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 139). Oncq ensemble n'avïons riens parti Mais un desir, un vouloir, un parti, Un cuer entier de deux cuers miparti, Pareil plaisir et commun sentement. Mort, or as tu fait le departement Dont j'ay pardu mon bien entierement (CHART., Compl., 1424, 326). ...le departement du Jouvencel et de nous nous est si dur que nous ne le povons porter (BUEIL, II, 1461-1466, 175).

 

-

Faire le departement de qqc. : Mon pere, respondre vous fault : Il me desplaist certainement Qu'il faut faire departement Des creances d'entre nous deux ; James je ne fu si joyeux Que si vous vous voulez tourner A Jhesu, mon dieu, aourer (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 513).

 

-

[De deux choses] Faire leur departement. "Se séparer" : ...mon ame het son corps Et le corps l'ame, et sont concords De faire leur departement villainement et putement, A douleur, a honte, a diffame. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 290).

 

-

Departement de mariage. "Divorce" : Divorcium (...) : departemens de mariage (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 130). Departement de mariage : divorcium (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 207).

 

-

Faire departement de qqn. "S'éloigner de qqn, quitter qqn" : Pour ce que vers moy, en tous lieux, J'ay trouvé plaisir ennuieux Trop fort, puis le departement Que de vous fis derrainnement (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 209). SAINCT MARTIN [à son père]. (...) la grace divine De sa doulceur tellement m'enlumyne Que brief de vous feray departement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 274).

 

b)

Au fig. Faire departement de qqc. "Renoncer à qqc." : Ne pour grief mal qui me faille souffrir D'amours feray aucun departement. (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 124). Mors ! vien à moy, si me prent, je t'apelle, Car j'aim trop miex morir prochainnement Que recevoir si crueuse nouvelle, Com de m'amour faire departement (MACH., L. dames, 1377, 28).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 13/80 
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     DÉPARTERESSE     
*FEW VII partire
DEPARTERESSE, subst. fém.
[T-L : departerresse ; GD : departeor (departeresse) ; *FEW VII, 685b : partire]

"Celle qui donne, qui distribue" : ...et que par moi Passez qui departeresse Du relief sui et don(n)eresse (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 82).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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     DÉPARTEUR     
FEW VII partire
DEPARTEUR, subst. masc.
[T-L : departëor ; GD : departeor ; FEW VII, 685b : partire]

A. -

"Celui qui trie, sépare (des choses)"

 

1.

"Celui qui fait les parts, celui qui distribue, répartit" : ...de tout fust gouverneur, Maistre, sires et departeur. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 214). ...Bertrans, que renoms escrie, Grant departeur de lopins. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 334). Et le gouverneur dudit banc ou change par sa main au vendeur et a l'achapteur a chacun satisfait, car il a tout devers lui. Il tout seul est maistre des comptes, tresorier et receveur, et departeur aussi comme de tout l'avoir de Venise. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 460). [Platon] fu homme de bonne disposition (...) et grant departeur de ses biens a ses parenz et estranges. (GUILL. TIGNONV., Ditz moraulx philos. E., a.1402, 951).

 

Rem. Doc. 1379-1380 (Aube) ds GD II, 511a.

 

2.

"Ouvrier qui dépure, qui affine certains métaux, en particulier l'or et l'argent, en les séparant d'autres substances métalliques" : A conseillier l'arrest d'entre les affineurs et departeurs d'or et d'argent de la ville de Paris, d'une part, et le procureur du Roy, d'autre part (FAUQ., III, 1431-1435, 58).

B. -

"Celui qui s'en va, qui quitte sa ville, son pays" : Mais contr'eulx [mains terriens seigneurs] couroit clamours De braieurs Et chetis ; (...) maint se sont sanz delay Ne esmay Departi par telz crieurs ["calomniateurs"], Dont veu bien advenir n'ay, Fors que j'ay Veu conquerir honeurs Maintefois aux departeurs, Qui ailleurs Avoient proufit et glay (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 350).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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     DÉPARTIE     
FEW VII partire
DEPARTIE, subst. fém.
[T-L : departie ; GD : departie ; AND : departie1 ; FEW VII, 685a : partire ; TLF : VI, 1136a : départie]

A. -

[Idée de fractionnement, de division ; correspond à departir I]

 

1.

"Division"

 

-

Au fig. "Distinction" : Guillaume, le musage Avez bien paié ci endroit, Par dehors la voie de droit, Au mains en aucune partie. S'en vorray faire departie, C'est assavoir, devision Par voie de distinction Des choses qui ne font a croire Et d'aucunes qui la victoire Puelent avoir d'estre creües... (MACH., J. R. Nav., 1349, 216).

 

2.

"Partage"

 

-

Sans (faire) departie. "Sans partage" : Car cils l'amera loiaument Et se la croira fermement Sans erreur et sans nulle doubte, Car il cuidera s'amour toute Avoir acquis toute sa vie, Sans jamais faire departie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 171). Qu'adès croistera l'ardour Qui sejour Fait en moy sans departie... (MACH., Ch. bal., 1377, 608). ...sy m'en doy tenir Pour heüreuse et maintenir Que puisque j'ay bonne partie En Amours et sans departie Je le doy loyaulment amer De tout mon cueur (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 63). Puis qu'Espoir s'est de moy party Pour plus ne tenir ma partie, Dueil et Soucy, sans departie, Desormais tendront mon party. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 255). Quant on a son cuer bien assis En bonne et loyale partie, Il doit estre entier et rassis A tousjours mais sans departie. Si tost qu'amours est mypartie, Tout le hault plaisir en est hors ; Si ne sera par moy partie, Tant que l'ame me bate ou corps. (CHART., B. Dame, 1424, 353). Du monde la riche partie Est vostre [à Dioclétien] et a voz sourvenanz, Car vous estes sans departie Roy des rois, regnant des regnans. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 13).

B. -

[Idée d'attribution (d'une chose divisée en parts) ; correspond à départir II] : Dieu grant solas en fit a l'homme [de la femme], Au premier qui manga la pomme, Quant luy bailla par compagnie. Estrange n'est la departie : Toute chose tent a sa fin Pour quoy est faicte jusques a fin Que deffaillir il peut Nature (GARIN, Compl., 1460, 119).

 

-

[En compl. d'objet interne] : Vierge, com doulce departie Dieu scet de ses biens departir ! (Mir. enf. diable, c.1339, 41).

 

-

Faire sa/ses departie(s) (de qqc.). "Répartir qqc. (entre des personnes)" : Et de tous les biens qu'Amours donne, Plaisance les lieus en ordonne, Tant qu'il sont net et affranchi Et des dons d'Amours enrichi. Et en faisant sa departie Affranchist chascune partie, Premiers ceuls de qui li dons viennent, Puis ceuls qui riches en deviennent. (MACH., D. Aler., a.1349, 324). La tient elle [Bonneürté] honneur en ses mains. A l'un plus et a l'autre meins En fait ses larges departies ; S'en donne les plus grans parties A ceuls qui tiennent mieus l'adresse Ou Bonneürtez les adresse. (MACH., J. R. Nav., 1349, 272).

C. -

[Idée de séparation spatiale ou de rupture dans le temps ; correspond à departir III]

 

1.

"Séparation, départ"

 

a)

[À propos d'une pers.] : Certes, il le faudroit partir, Se de li se vëoit partir, Car autre nulle en li ne part Fors celle qui en tous biens part. Pour ce n'en quier faire partie, Car trop seroit grief departie De ma trés douce dame chiere... (MACH., D. verg., a.1340, 54). ...j'aim tant vostre compaignie Que dure m'iert la departie (MACH., F. am., c.1361, 241). Il les ouvri [les lettres] et prist à lire, Et puis commensa à sousrire, Et dist qu'il ne li en chaloit Se plus servir ne le voloit, Et qu'aussi ne le vuet il mie : Si que bonne est la departie ; Mais ce forment li desplaisoit Que rudement li escrivoit Et qu'il li disoit villenie, Ce que faire ne deüst mie. (MACH., P. Alex., p.1369, 231). BLANCHEFLOUR. (...) A Dieu, chier sire ! LE ROY. Dame, je ne vous say que dire : Vostre departie me griéve Tant qu'avis m'est le cuer me créve (Mir. Berthe, c.1373, 225). Remondin print congié du roy et des barons, et mercia moult le roy de la bonne justice que il lui avoit faicte en sa court, et se party moult honnourablement d'eulx tous. Et sachiez que le roy et pluseurs des barons furent doulens de sa departie. (ARRAS, c.1392-1393, 68). Sa departie fu si brieve Qu'on ne sçot onques qu'il devint. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 44). Or est vérité qu'en ce temps, Charles, roy de France, partant de Paris acompaigné des roys de Cécile et de Navarre, de la Royne, sa femme (...) fut conduit et mené en la cité de Tours en Touraine, pour là faire sa demeure et sa résidence. Laquelle départie despleut moult aux bourgois et habitans de Paris et en furent fort troublez et esmeuz, et tant qu'ilz tendirent leurs chaynes. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 390). Quant vins a congié demander, Trop mal me fist la departie Et ne cessoye de pleurer. (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 114). Adont s'entracollerent les deux amans et se commencerent a mener grant duel. Pour ce qu'il convenoit que la departie se feist, la pucelle lui dist... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 121). Longuement parlerent ensemble de ceste departie que trop seroit longue a racompter. A la fin, après plusieurs parolles, pleurs et regretz, prinrent congié les ungs des aultres. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 93). Et ainsi partit de la ville, comme bien conseillé, o l'aide dudit Paul Orsin, qui fut une piteuse departie pour luy, car en puissance et en biens il avoit esté esgal aux grans princes, et luy et ses predecesseurs, depuis Cosme, qui fut le chief. (COMM., III, 1495-1498, 63). Et devez savoir que alors que le duc de Berry se partit de Poictiers, le roy estoit allé en pelerinage à Nostre-Dame du Pont en Lymosin, et avoit laissé à Poictiers sondit frere Mons. de Berry. Et, quant le roy sceut la departie de sondit frere, il en fut merveilleusement marry, et tost après sceut la conspiration que les seigneurs de son royaulme avoient faicte contre luy, lesqueulx s'en estoient tous retournés en leurs païs pour faire leur amast et tachoient de attraire à eulx tous les autres seigneurs du royaulme. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 164).

 

-

Prov. Il n'est si grieve departie que celle d'ami et d'amie : Car il n'est, pour voir l'affie, Nulle si grief departie, Com c'est d'ami et d'amie. (MACH., Motés, 1377, 488).

 

-

Faire (la) departie de qqn. "Se séparer de qqn, quitter qqn" : Quant de ce point ci les remort, S'en metteront il a la mort ? Je di qu'il feroient folie ; Mais facent d'elles departie, Plus qu'il puelent, courtoisement. (MACH., D. Aler., a.1349, 389). La rentra Honoree qui estoit courroucie Qu'i lui convint de Guy fere la departie (Tristan Nant. S., c.1350, 101). Ha, Fortune, c'est tout party Qu'il [Espoir] a fait de moy departye, Dont tel doulleur m'est departie Qu'a peu que mon cueur n'est party. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 255). Serviteur plus de vous, Merancolie, Je ne seray, car trop fort y traveille. Se de vous puis faire la departie, Et il seurvient quelque estrange merveille, Legierement passera par l'oreille ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 446).

 

.

[D'une chose] "S'éloigner de qqn, abandonner qqn" : Mais honneur, chevalerie Et tes renons qui s'espart Par le monde en mainte part Ont fait de nous departie. (MACH., L. plour, 1349, 291).

 

-

[D'une personnif.] Faire (la) departie de personnes. "Séparer (des personnes)" : ...et [Raymond et Mélusine] s'entrebaisent, et orent entre eulx deux si tres grande douleur qu'ilz cheirent eulx deux pasmez sur l'aire de la chambre. Et qui lors veist dames, damoiselles, chevaliers et escuiers plourer et mener douleur, et disoient tous de commun : Faulse fortune, comment es tu si faulse et si perverse que de faire la departie de ces deux loyaulx amans ? (ARRAS, c.1392-1393, 257). Et quant ly hons avec ce la voit telle qu'il la juge a ly propice et convenable, adonc est ce sa rose especial, a laquelle il se arreste et y met sy son cuer aucunesfoiz et s'amour et s'entente, et elle aussi par avanture en ly, qu'il n'est riens en ce monde, fors la mort seulement qui en peust la departie faire. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 580). LA MORT. Jeune femme, entendez à my, Laissiez vous fault joie mondaine, Car de vous et de vostre amy Feray departie soudaine. (Ex. 1468. In : F.- Ed. Schneegans, Romania 46, 1920, 568).

 

-

"Départ en voyage, déplacement" : Madame, quand eust oÿes ces parolles, tresgrandement se couroussa et ne le voult plus approuchier, puis lui dist : "Avez vous levee emprinse et departie ça et la, sans mon sceu et congié ? Jamais tant que je vive de bon cuer ne vous ameray." (LA SALE, J.S., 1456, 233).

 

-

En partic. "Mort" : Je meurs a juste jugement : J'ay tres bien la mort desservie. Pour moy, Jhesus, doulx fruit de vie, Qui ton paradis me prometz, A ceste dure departie, Mon ame en ta garde commetz. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 354). Et quant venra la departie, Qu'il faura a Dieu l'ame rendre, Et le corps retourner en cendre, Puissiens avoir remission, Par la vostre intercession (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 463).

 

.

La derraine departie : A la desrainne departie Mon esprit voeulliés recepvoir (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 333).

 

.

Faire departie de ce siecle : Aprés a moult bonne esperance Fist de ce secle departie. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 99).

 

-

[De plusieurs pers.] Faire departie. "Se séparer (et partir chacun de son côté)" : JOSEPH (à Marie) ...Nous ferons icy departie : Vous en yrez d'une partie Et je yray d'autre part sçavoir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 125).

 

-

Faire departie d'un lieu : Et se la guerre est faillie Departie Fay tost de cellui païs (Cent ball. R., c.1388-1396, 25). Atant ont tous les oust de là fait departie (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 492). Mes amis, faisons departie D'icy et faisons nostre allee Oultre la mer de Gallilee (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 169). A ta requeste si sera entendu Ains que d'icy je face departie, Car du manteau qu'est sur moy estendu Tu en auras la plus grande partie. (LA VIGNE, S.M., 1496, 197).

 

b)

[À propos d'une troupe] "Dispersion, débandade" : Car quant les anemis voient ainsi la dite proie et le gaing derriere demourer, et que cil qui la mainent ne vont pas bien ordeneement, et voient la fole et vile departie, desconvenable et mal ordenee, il s'enforcent et s'estudient a faire leur domage (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 77).

 

c)

[À propos d'une chose] Faire departie. "Sortir, ici s'écouler, jaillir" : Celle verge de char poissant et pure Fu jusqu'a mort ploiée en la croiz dure, Dont rouge mer de sanc fist despartie (Mir. st J. Paulu, c.1372, 150).

 

2.

P. ext. "Fin, issue (de qqc.)" : Diex nous doint a la departie [du combat] L'onneur avoir. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 55). Et atant se taist l'ystoire a parler d'eulx, et parole de Remondin et de sa femme, comment ilz firent aprez la departie de la feste. (ARRAS, c.1392-1393, 45). Ainsi comme je vous racompte s'aprivoiserent les deux amans de tant parfaitte amour que oncques depuis n'en fut departie. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 115).

 

-

Faire departie à qqc. "Mettre fin à qqc." : Quant tu verras faire folie, Se n'y puis mettre departie, Senz arrester t'en dois saillir. Cilz qu'est present a l'estoutie, L'on presume senz garantie Qu'il l'a voulu ou consentir. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 188).

 

-

"Rupture (de qqc.)" : Et se celui qui reçoit ne retribue semblablement, l'autre le complaindra et l'acusera comme celui qui est cause de la dissolucion ou departie de tele amistié. (ORESME, E.A., c.1370, 447).

 

-

[D'une chose] Faire departie. "Cesser, prendre fin" : Et aussy fera departie Guerre d'entre eulx, je l'adevine ; Et puis Paix par grace divine Avecques les bons adherens Sera entre amis et parens (TAILLEV., Moral. D., 1435, 94).

 

-

Faire departie de + inf. "Cesser de" : Helas, humblement vous requier Que je l'aye de ma partie [mon enfant] Et ja n'en face departie de le baisier et acoller tant que mon cueur se puist saouller (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 361).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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     DÉPARTIR     
FEW VII partire
DEPARTIR, verbe
[T-L : departir ; GD : departir ; GDC : departir ; AND : departir ; DÉCT : departir ; FEW VII, 684, 688a : partire ; TLF : VI, 1136a : départir]

I. -

[Idée de fractionnement, de division]

A. -

"Fendre, diviser, séparer"

 

1.

"Fendre, couper"

 

-

Departir qqn. "Couper qqn en deux" : SALOMON. ...Femmes, j'advise pour le mieulx Que cest enfançon, ce poupart Sera couppé, party en deux, Et chacune en aura sa part. LE PREMIER TIRANT. Je le vois departir gaillart. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 326).

 

-

"Mettre qqn en pièces" : Ilz seront ars en fus, Esquartelés, mutilés, departis (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 71).

 

.

Departir qqn/des membres par pieces : Je voeul et commande, dist Aroès, que tu departes ce chevalier par pieces et que tu emportes son ame en enffer (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 112). ...la pugnicion y est si grande qu'on ne sauroit dire, et non pas seulement sont telz gens qui batent et frapent leurs dames dignes de mort acoustumee, mais doit l'on departir et detrencher leurs membres par pieces (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 216).

 

-

Au fig. [Du coeur] Departir. "Se fendre" : O cueur, y pourrois tu durer ? Te sçaroit Constance deffendre ? Nennil, douleur te feroit fendre Et departir par le millieu. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 219).

 

2.

"Diviser qqc. (en parties, en parts, en sous-ensembles)"

 

a)

Departir qqc.

 

-

Departir (un espace) "Diviser (un espace) en plusieurs parties" : Et comment qu'il [l'enfer] soit departy, Chascune des pars assez nuyt : Ou enffer est peine s'ensuit. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 210).

 

-

Departir (un discours, un élément de discours) "Établir des subdivisions (dans un discours)" : Et pour ce, devant que commance A vous declarer cy leur vie, Laquelle sera departye En deux [parties] dont la premiere Vous fera mention planiere Comment furent martyrisez Et puis aprés canonisez (Serm. st Jamb. K., c.1460, 50). ...et moult loerent la sage dame Ysengrine qui si hautement avoit continuee son euvangile, et departi par .XXVI. articles qui tous estoient de grant sens et de grande importance (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 88).

 

b)

(Se) departir. "Se diviser"

 

-

[D'une voie, d'un cours d'eau] : Chascun ruissel en deux se part Par quoy leur cours lors se depart (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 76).

 

-

[D'un ensemble de choses ; p. réf. à l'épisode des langues de feu de la Pentecôte, Actes des apôtres II, 3] : ...il m'est avis Que tu, qui leur ensegneras Les lengages et aprendras Et pour les quiex seras parleur Et miex dit lengue que la leur, Fourme de lengues departans Et vers divers päis tendans Devras prendre (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 348).

 

3.

"Séparer des choses, des personnes"

 

a)

[À propos de choses] Departir des choses

 

-

[D'un obstacle géographique] "Séparer (deux territoires), faire frontière entre (deux territoires)" : ...Singlent contremont la Saverne, Une riviere grosse et bonne, Qui depart, ensi c'une bonne ["borne"] Est sus la marce d'une terre, Depart Galles et Engleterre. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 22). Et fu ceste hystoire averie Au vray effect en Lombardie, Droit es confines de Pieumont, Aussi comme au pié de grant mont Qui depart France et Ytalie (Gris., 1395, 3). ...la rivière de Sartre (...) depart le Maine et Ango. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 280). ...la riviere de la Saverne (...) depart le roiaulme de Galles et Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 81). ...li Escoçois avoient passet la riviere dou Thin amont viers les montagnes qui departent Galles et Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 113). C'est assavoir es parties deça le far de Messine, qui deppart les royaumes de Sicile et de l'isle de Trinacle (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 170). Cestui ala en maintes terres et conquesta plusieurs regions, comme Grece et Asye, passa Bosforus, ung braz de mer qui depart Asye et mist en sa subjection depuis Grece jusques au fleuve de Euffrate et fist la terre nommer Perse. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 r°).

 

-

Departir (un domaine) d'un autre domaine : ...ou cas que il départiroit le dit dommaine de la Broce d'o le dit dommaine de les Dobiaye, il ne pourroit porter point de l'usement de la dicte forest au dit domaynne de la Broce, que il ne cheist en forfecture, nez gressuns nez autres chouses de les Dorbiaye. (Cartul. Laval B., t.2, 1332, 167).

 

-

"Séparer un texte d'un autre texte" : Et pour ce ne vueil je mie son livre estrippeller [le livre de J. Bruyant La Voie de Povreté et de Richesse], ne n'en oster un coippel ne le departir du remenant (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 117).

 

-

[D'une chose] "Séparer (des choses)" : Item, dire que feu est de tele figure pour ce que de sa nature il divise les choses, ce est une derision, car sa nature est plus congreger et assembler que separer ne diviser, car il depart et separe les choses qui ne sont pas d'une espece ou d'une maniere et assemble celles qui sont d'une nature. (ORESME, C.M., c.1377, 652).

 

-

Departir qqc. de qqn. "Séparer, éloigner qqc. de qqn" : Boutons ce batel si qu'il flote. Ho ! la mer de nous le depart. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 60).

 

-

Departir qqc. d'avec qqc. : Et ce premier statut departy pieça l'Eglise grecque d'avecquez la latine. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 177).

 

b)

[À propos de de pers. ou d'animaux] Departir qqn/un animal

 

-

Departir un couple, l'union de deux pers. "Séparer un couple, une union, faire qu'un couple, qu'une union se défait" : Sy c'une personne est Dieu et homme sans mentir, Ceste conjonction ne peut nuls departir. (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 63). Mort, dure Mort, Dieu te maudie ! Et comment es tu si hardie Que noz deux cuers a l'estourdie As departy Et l'un loing de l'autre esparty, Quant point n'assemblerent par ty Ce qui estoit un seul party ? (CHART., L. Dames, 1416, 215). Pourquoy ne me prent elle doncques, Ou qu'el ne me print des adonques, Sans departir pour rien quelconques Nostre joincture ? (CHART., L. Dames, 1416, 217). Et puis qu'il plaist au Dieu Souverain et que nous avons telle amour enssamble que jamais ne peut estre departie, nous devons vouloir le bien et l'onneur l'un de l'autre (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 117). Jugement (...) que dit que une jonne fille fut minse a maistre a annee et .XL. lbz. avec lei, par tel que, au chief des annee, on li debvoit rendre les .XL. lbz. ; maix ansoit que les annee fuxent fuer, la fillaitte fut fianciee a filz son maistre et les semonte faicte a l'esglise, et pués reffurent departis par devant l'official ainsois que la messe fut chantee, se volt on ravoir lez .XL. lbz. ; et on s'en deffendoit en disant que la departie des enffans n'estoit mie par lui, ains volloit bien aller avant dez convenance. Li maistre-eschevin dit qu'il l'ait bien a paier. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1337], 156-157).

 

-

[De pers. mariées] Departir. "Se séparer" : Car anciennement ilz [les mariéz steriles] povoient departir quant ilz ne povoient avoir ligniee (ORESME, E.A.C., c.1370, 445).

 

.

Departir de (son conjoint) : [Une mère à propos de son gendre] Tout à force luy vouloit faire. Et maintenant qu'il le peult bien, Se trahistre cy ne luy fait rien. Par Dieu, elle en departira (Nouv. mar. T., c.1490-1500, 102).

 

-

"Séparer (des combattants)" : ...si les departons maintenant s'il vous vient à gré, car je n'auray jamais joye jusques atant qu'ilz seront raccordez (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 83).

 

-

Séparer (des armées) : Après ces armées departies, le roy s'en alla en Touraine et le duc de Guyenne en son pays et le duc de Bourgongne au sien. (COMM., I, 1489-1491, 188).

 

.

Séparer (une armée) en deux parties : Consilliet fu que il departiroient lor hoost en deus parties : li une des pars demoroit devant Hainbon ; et li aultre (...) iroient metre le siege devant Auroi. (FROISS., Chron. D., p.1400, 520).

 

-

[D'une troupe] Se departir en (tant de parties). "Se séparer, se scinder (en tant de parties)" : Quant il se veirent si grant fuison sus les camps, si eurent conseil que il se departiroient en trois pars, pour plus tost constraindre leurs ennemis. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 136). Et furent sus un estat une espasse, que il se departiroient en deus chevaucies pour yaus trouver plus prestement. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 185).

 

-

Empl. factitif [D'un obstacle sur le chemin d'une troupe en marche] "Séparer, disloquer (une troupe)" : Et (...) une bataille à pié ne doit point marcher ; mais doit tousjours attendre ses ennemiz pié coy. Car, quant ilz marchent, ilz ne sont pas tous d'une force, ilz ne pevent pas tenir ordonnance. Il ne fault que ung buysson pour les despartir. (BUEIL, II, 1461-1466, 63).

 

-

Departir qqn de/d'avec qqn. "Séparer qqn de qqn." : Se le mary a des enfans D'autre femme, et sont mendres d'ans, Petitement seront partis ["lotis"], Mais bien tost seront departis De la marrastre après la mort [du mari] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 67). Après que ces gens de Gand eurent fait cest exploict, ilz departirent d'avecques elle monsr de Ravastin et la douairière, femme du duc Charles (COMM., II, 1489-1491, 203).

 

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[De la mort] : Ce que je fais doit estre pardonné : Je ne suis plus cellui que je souloye, N'il ne me chaut qu'on cuide que je soye, Puis que la mort m'a departy de celle Que tant valoit que tous furent en elle Les biens qu'autres choisiroient pour eulx. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 387). ...s'i fault que mort vous departe D'avecques my et que moy, mere, Vous voye souffrir mort amere Pour saulver l'homme, je vous pri Que je soye lors comme ravie Et soit ma triste ame suspence Pour lors de toute congnoisçance En vertus intellectuelles Et en puissances corporelles (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 233).

 

-

En partic.

 

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DR. Departir (les parties). "Départager (les parties dans un procès)" : L'OFFICIAL. Vraiment, tu m'en as bien compté, Faictes aprocher les parties. LA MERE. Et bien, seront nous departyes ? Avons nous bien prouvé le cas ? (Mère Ofic. T., c.1500, 123).

 

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CHASSE [Du chien] Departir (un animal) hors du change. "Séparer la bête lancée d'avec le change" : Et, se la beste qu'il chasce se met en change d'autre beste, soient cerfs, ou autres bestes, quelles que elles soient, il doit chascier sa beste touz jours, criant a plaine guele, que ja pour change ne doit laissier de crier. Mais, quant il aura sevré et desparti sa beste hors dou change, lors doit il doubler sa guele. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 132).

 

4.

P. ext.

 

a)

"Disperser"

 

-

[qqc.] : Adés prent la petite chevance des povres pour adjouster au grant monceau des plus riches, puis depart soudainement ce monceau, si qu'il n'y reste que la place vuyde. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 8). Certes, comme en gettant ses rez sur la terre le beau soleil abat et depart les broullas, et rent le jour cler, ainsi le roy droicturier confont et deprime toute iniquité par l'esgart de sa prudence, et radresse toutez choses a honnesteté par l'onneur de ses justes faitz et renommee. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 45).

 

.

Empl. pronom. à sens passif [De biens] Se departir. "Être divisé et dispersé" : ...toute et quanteffoiz que deux persones sont aliez en amours et l'une va de vie a trespas, les biens qui estoient communs ensemble se departent et sont estains, ne n'y peuent les heritiers succeder, car telz biens sont personnelz et n'ont point de suite. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 59).

 

-

[qqn] : Departie et desassemblée Est ja la gent de vostre feste. (Mir. chan., c.1361, 170). Devant moy vas (...) Et ces gens depars et demasse, Si qu'aye voie. (Mir. ste Bauth., c.1376, 91).

 

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[D'un élément naturel] : Or advint que par la grace de Dieu que fortune se leva en la mer, et uns orages et tempeste si horrible que Sarrasins furent moult esbahiz. Et les departy tellement la tempeste que ilz ne scorent en gueres de temps que bien VIIJ. de leurs vaisseaux furent devenus. (ARRAS, c.1392-1393, 128).

 

b)

"Supprimer qqc."

 

-

[De la mort] : Prince, je dy que c'est peu de richesse De ce monde ne de tout son plaisir : La mort depart ce qu'on tient a largesse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 169). Se Mort, qui espart Et qui tout depart, Me prent pour sa part[,] Mon dueil se depart Et ma vie languoree. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 338).

B. -

"Partager qqc."

 

1.

Departir qqc. "Partager (une chose, un ensemble de choses) en lots, en parts (en vue de les distribuer)" : Gaigné avons le vestement ["l'ensemble des vêtements"] Jhesu ; je lo que le departe, Avant que je de ci me parte. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 197). ...lesdites poudres ainsy departies par entre eulx (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 456). ...il reçurent sur ycelle vente la somme de XVIIJ s. par. en or, qu'il et ledit Cousin departirent ensemble par moitié. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 71). Comme il soit ainsi, ce dit il, Que la vertu noble et gentil De justice es larrons reluise, Quant entr'eulx tel droit leur aduise Que leurs despouilles ilz departent Egaument et les s'entrepartent : Par plus fort raison le prince estre Doit vray justicier en tout estre, Qui la chose publique garde Et du commun corps a la garde. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 246). Jugeons les plus grans et difficilles choses par les doubtes que nous appercevons es maindres, si saurons que nulle communité ou compaignie ne se peut maintenir sans justice et mesmement entre les larrons, pour continuer ensemble et departir leurs proyes, fault il une maniere de justice garder et l'un vers l'autre, combien que justice ne soit ce pas, pour faulceté de la matiere et de l'entencion, sinon qu'elle est ainsi dicte par similitude. (CHART., Q. inv., 1422, 55). Aprez fut baillée la charge et police de despartir les vivres au Maistre des arbalestriers et au viel cappitaine de Crathor. (BUEIL, I, 1461-1466, 202). Encore n'est pas viande preste. Luccifer, laisse la roustir, Et puis nous l'irons despartir Et la devorarons trestous. (Pass. Auv., 1477, 249). L'esmerillon et l'esprivier, une fois, s'accompaignerent ensemble et promirent que, de toute la proye qu'ilz prendroient, ilz la departiroient ensemble socialement. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 173). Retournant audictz ducz de Normandie et de Bretaigne, qui estoient alléz prendre possession de la duché de Normandie, dès ce que leur entrée fut faicte à Rouen ilz se commencèrent à diviser quant ce vint à departir le butin (COMM., I, 1489-1491, 88). Pour tant, affin qu'elle soit my partie Et que ta chair descouverte ne soit, Prens par ung bout si sera departie (LA VIGNE, S.M., 1496, 197).

 

-

"Répartir qqc. (dans des endroits différents)" : Pierre Bascle et Ferrando arrivèrent à Chierebourcq à tout grans pourveances de vins, de vivres et d'arteillerie. Si departirent ces pourveances en pluisieurs lieux ens es villes et ens es castiaux dou roi (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 55). ...le soleil ses raiz envoyoit et departoit par la terre paincte et brodée de belles fleurs. (C.N.N., c.1456-1467, 88). Et principallement qu'ilz ne congnoissoyent pas bien que toutes ces graces leur procedoyent de Dieu qui les depart là où il luy plaist. (COMM., I, 1489-1491, 14).

 

-

Loc. N'avoir rien à departir. "N'avoir rien à partager, d'où n'avoir aucun motif de division à propos de qqc." : Pour continuer ce propoz que la veüe des princes n'est point necessaire, ces deux icy n'avoient jamais eu different ne riens à departir (COMM., I, 1489-1491, 136).

 

-

[Dans le langage amoureux] Sans departir. "Sans partager (son coeur), en restant loyal et fidèle" : Sy fay ge, et pour ce humblement vous presente, Sens departir, en quelque lieu que je soye, Mon cuer, m'amour, m'esperance et ma joye. (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 95). Las ! mes on a mon deduit transmué En grant tristour, et bien l'ai esprouvé De puissedi Que de ma dame et dou lieu me parti Ou je fui nes et ou on me nouri Et ou dou tout donnai mon coer a lui Sans departir. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 158). En ce temps que mon coer donnai Sans departir tout a ma dame Par amours, qui les coers entame... (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 81). Dame d'onneur, vo beaulté qui resplent M'a si souspris que tout vostre me tiens ; Sans departir a vous seule me rent (Cent ball. R., c.1388-1396, 227). Et par un doulz pensser, venir Je sens en mon cueur un volloir Pour tout le bon plaisir volloir De ma dame de hautain pris, A qui mon cueur se rent pourpris Entierement, sans departir (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 116). Vous savez que, par Franc Desir Et Loyal Amour conseillee, Me deistes que, sans departir, De m'amer estiés fermee (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 77).

 

2.

"Répartir (des hommes de troupe)"

 

-

Se departir (des hommes de troupe). "Répartir (des hommes de troupe) à son avantage" : Si fu dit et consilliet a messire Carle de Blois que il se departesist ses gens et pourveist fortereces et garnisons de gens d'armes, et mesist et establesist partout bons capitainnes (FROISS., Chron. D., p.1400, 555).

II. -

[Idée d'attribution (d'une chose divisée en parts)] "Donner, attribuer qqc. (à qqn)"

A. -

Departir qqc. (à qqn). "Donner distribuer, attribuer qqc (à qqn/à un animal)"

 

-

[Des choses concr.] : Dieu, qui touz biens donne et depart... (Mir. parr., 1356, 6). ...je souhede a part Que tous les biens, qu'elle donne et depart, Soient a nous desploiiet et espart (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 216). Il a brisé en deux son pain, Et s'en a au chien departi La plus grant part, quant l'a parti (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 53). ...tous chevaliers et escuiers qui retournoient par la terre du conte de Foix (...) estoient de luy si bien venu, et leur departoit larguement de ses biens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 128). ...che saint cardinal (...) tout donnoit et departoit aux povres gens, riens ne retenoit des biens de l'Eglise fors que pour simplement tenir son estat. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 183). ...et est assavoir que ledit seigneur ne voult pas que les robes communes de drap, lesquelles il vest tous les jours, soient mises ne escriptes en ce présent inventoire, pour ce que il les donne et départ à ses officiers et autre part, toutes et quantes foiz que bon luy semble. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 355). Je le vous feray apporter [tresor], Afin que, sanz vous deporter, Le departez aux povres gens Par vostre dyacre Lorens. (Mir. st Lor., 1380, 156). ...et qui receustes ses dons de grace en especial au jour d'ui avec les apostres tres habundamment, non mie pour vous seulement a souffisance, mais pour les departir aux povres indigens et a vos povres voisins (GERS., Pent., p.1389, 72). Et fu moult bien rafreschy des biens de la ville, car le duc les fist despartir tant que chascun en ot largement. (ARRAS, c.1392-1393, 176). Et à dire que est justice, c'est si comme une loyalle despensiere qui distribue et depart à un chascun tel part et porcion qui lui est due par ses faiz, soit de bien ou de mal (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 95). ...li rois de France, avoecques ce que il osta la vie au signeur de Cliçon, il saisi tous ses hiretages de Bretagne et de Poito et les donna et departi aillours a sa plaisance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 600). ...si ont esté donnez leurs offices, prins leurs biens, abutinez, donnez, departiz ou vendus. (BAYE, II, 1411-1417, 85). D'un autre inconvenient ne me puis je pas taire, c'est que aucuns chiefs et conditeurs de gens prennent l'argent des gaiges de leurs souldoiers sans le leur departir, en les faisant vivre sur le peuple, si encourent la villaine tache de larrecin farcie de desloiaulté, et en soy continuant comme les grans larrons qui emblent a la seigneurie, nourrissent et soustiennent une niee d'autres larronceaux pour rober sur le peuple. (CHART., Q. inv., 1422, 52). ...ceulx qui sont maleureux Et ne sont aucunement dignes D'avoir les doulces medicines Qu'Amours depart a ses servans (Narcissus, p.1426, 295). Encores veul et vous commande que des pouvres soiés piteux, et ne diffamez autrui pouvreté, et, selon vostre puissance, de voz biens leur departez (LA SALE, J.S., 1456, 46). ...il convint qu'il fit bon à toutes les bandes où il s'estoit abutiné de son butin. Car la première bande voulut avoir part à tout ce qu'il avoit gaigné et voullurent que son gaing fust departy à six ou sept qu'ilz estoient, et disoient qu'il n'avoit pas puissance de abutiner les autres en leur part. (BUEIL, II, 1461-1466, 96). Les aultres qui s'en vouldroient aller à leur nacion, je escripray voullentiers à leurs princes l'honneur et la vaillance d'eux et le bon service qu'ilz m'ont fait, et les recommenderay et leur departiray de mes biens. (BUEIL, II, 1461-1466, 166).

 

-

[Une chose plus ou moins abstr.] : Si [vous, le marquis] avrez [dans le mariage], se Dieu plaist, partie Par qui vous sera departie Bonne amour, lÿece et plaisance, Qu'assez avez senz et puissance De la choisir plaisant et bonne Selon vostre noble personne (Gris., 1395, 15). Pleust a Dieu que bien feust escript en voz souvenances combien proufite a l'exaussement de seigneurie savoir saigement departir le guerdon des bons et la punicion des mauvais, sans suivre le bruit ou l'affection (CHART., Q. inv., 1422, 17). Or, Dieu nous veullie departir Son amour et sa grace prester (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 419). Pour obvier a ses dangers [aux exigences, aux hauteurs de la femme que j'aimais], Mon mieulx est, ce croy, de partir. A Dieu ! Je m'en vois a Angers, Puis qu'el ne me veult impartir Sa grace ne me departir. Par elle meurs, les menbres sains ; Au fort, je suys amant martir, Du nombre des amoureux sains. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 13). ...et sembloit bien que Dieu en elle seule trop plus que es autres avoit departy de sa grace divine (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 10). ...et departent leur autorité à ceulx qui plus leurs sont agreables et pour l'aage qui leur est plus sortable ou pour estre comprins en leurs oppinions ou aucunes fois sont manyéz par ceulx qui sçavent et conduysent leurs petiz plaisirs. (COMM., I, 1489-1491, 78).

 

-

"Attribuer pour une mission limitée dans le temps (un terrain d'action) à qqn" : Tantost le sire de Rocqueton despartit à tous ceulx qui devoient faire les escoutes, le payz où ilz devoient aller, et leur bailla guides pour ce faire. (BUEIL, I, 1461-1466, 203).

 

-

En partic.

 

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"Donner, distribuer (des coups)" : Nompourquant je vueil encor dire, Pour ce qu'il fait a ma matire : S'armez estoie sus les champs, Et les anemis aprochans Vëoie pour cops departir, Se je m'en pooie partir Ou demourer dedens l'estour, Foy que je doy mon creatour ! (MACH., F. am., c.1361, 147). N'en y a nul qui ne depart Grans horïons a sen espée. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 218). ...si leur départoit si grans cops que ceulx qui en estoient actains estoient portez jus sans remède. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1425-1440, 62). ...et alors qu'il ot son espee tiree, il commencha a ferir et deppartir lez copz sy pesans qu'il n'encontroit chevalier ne escuier qui demorast en selle devant luy (Comte Artois, c.1453-1467, 11).

 

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"Administrer (un sacrement)" : Prestre, a ce pecheur cy depart Et donne absolte (Mir. parr., 1356, 61).

 

-

[D'une femme] Se departir à qqn. "Se donner à qqn, accorder ses faveurs à qqn" : Madamme, dist le roy, vous aveiz peu de memoire de sy grande honnesteteit, quant vous m'aveiz deshonnoret que mal femme, quant vostre corps a mon nain soy depart. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 119).

B. -

Departir qqn de qqc. "Donner à qqn sa part de qqc." : Chils dus se tenoit communement à Paris, et subportoit desous ses elles les Parisiiens, pour la cause de ce il avoient grant finance, et contendoit à ce que il en fust aidiés et departis, pour aidier à faire son fait et son voiage. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 170).

 

-

Estre departi de qqc. "Être loti de qqc." : Trop m'est changiez li temps et la maniere Depuis le jour que je me departi De vo douçour, tresdouce dame chiere, Car onques puis je n'os joyeux parti. Pour mon depart ainçois suy departi De griefs pensées et de divers dolours (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 357).

III. -

[Idée de séparation spatiale ou de rupture dans le temps] Departir/se departir

A. -

[Idée de séparation spatiale] (Se) departir (de)

 

1.

(Se) departir (d'un lieu). "S'en aller (d'un lieu), quitter (un lieu)" : C'est l'ennemi qui de ce lieu Ci se depart. (Mir. mère pape, c.1355, 389). Cilz departirent de Brouxelles quant leurs lettres de creance estoient escriptes et seellées, et se mistrent au chemin et vindrent à Paris. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 181). ...il qui parle et ladite son amie Museau de Brebis se departirent dudit lieu de Verberie, et vindrent demourer en la ville de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 147). Et partant, lui qui parle et ceulx de sa compaignie se departirent dudit fort et le rendirent audit conte ou ses gens (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 205). Et ainsi se sont departiz de la montaigne et fist chascun d'eulx ce que le roy avoit ordonné. (ARRAS, c.1392-1393, 137). ...avant ce que mesires Robers d'Artois et la contesse de Montfort se departesissent dou havene de Plumude, uns grans tourmens se mist sus mer (FROISS., Chron. D., p.1400, 567). ...pour ce, departir se veulent De la cité, dont fort se duelent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 217). Et a tant se departirent lesdiz deputez de ladicte Chambre de Parlement. (FAUQ., I, 1417-1420, 71). Ce jour, se departirent les gens du Roy du siege de Montlehery. (FAUQ., I, 1417-1420, 165). ...tel expedient que Tribulacion, Douleur et Affliccion se departiroient dudit royaulme de France (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 153). Et, le jeudi ensuivant, monseigneur de Berry, monseigneur de Charrolois et autres se departirent de devant Paris et s'en alerent en divers lieux (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 136). ...icelle Estiennete se departy de son hostel de Paris qu'elle laissa et habandonna, ensemble sondit mary, ses enfans, pere, mere, freres et seurs et tous ses parens et amis (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 222).

 

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P. anal. Departir de ce siecle. "Mourir" : ...quant de ce siecle departent, Ne sont leurs corps las (...) Couvers fors des plus viez drapiaux (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 269).

 

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Departir par mort : ...quant vient le jour qu'ilz departent Par mort, qui sur eulx frappe et maille, llz n'emportent denier ne maille. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 44).

 

-

(Se) departir + adv. de lieu/loc. adv. : Ainsi se despartirent d'une part et d'aultre, et s'en alla chascun à son affaire, le conte devers le Roy et les aultres à la ville. (BUEIL, II, 1461-1466, 7). Il seroit bon a mon semblant, Mere, d'icy nous despartir, Car ces bons seigneurs maintenent Veulent le corps ensevelir. (Pass. Auv., 1477, 247). Lors respondi l'ours au loup : "Mon compaignon, sciez toy icy delez moy se tu le veulz et te leche comme tu vois que je fay ou, autrement, departz de cy et t'en va" (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 249).

 

2.

(Se) departir de qqn

 

-

(Se) departir de qqn/hors de qqn/d'avec/de devant qqn/de la compagnie de qqn. "Quitter qqn, se séparer de qqn" : ...combien plus s'est il adjoint a ceste vierge en laquelle il prist nostre humanité, qui souverainement a Dieu s'aherdi ne oncques ne s'en departi. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 92). Si me dist (...) Que me departisse bonne erre Hors de mon pére et de sa terre (Mir. fille roy, c.1379, 112). Mais sachiez tantost se parti Et d'avec moy se departi Et s'en ala. (Mir. st Alexis, 1382, 309). ...fu requis par icellui Thevenin qu'il le delivra[st] d'icelle fille, disant qu'il ne povoit avoir bien avecques elle, et aussi qu'il ne s'en povoit departir. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 109). ...quant lesdiz trois compaignons furent descendus de ladite chambre, ilz dirent à lui qui parle, et audit Favas son compaignon, qu'il avoient très bien batu ledit Cloz. Et, ce fait, se departirent l'un de l'autre, et lui et ledit Favas alerent celle nuit esbatre parmi la ville de Paris, sanz fere aucun mal, jusques au lendemain matin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 102). Ainsi se departirent les parties de devant le roy. (ARRAS, c.1392-1393, 61). Et lors appella Melusigne ses enfans en disant ainsi : Enfans, vous vous departez de la compaignie de monseigneur vostre pere et de moy et est adventure que je vous revoie jamais par de ca [l. ça]. (ARRAS, c.1392-1393, 152). ...mon biau cousin Edouwars d'Engleterre se depart de moi (FROISS., Chron. D., p.1400, 70). ...la compaignie des vraiz amans s'esveilla, et se despartirent l'un de l'aultre amoureusement. (C.N.N., c.1456-1467, 367). Ainsi se despartirent du Roy le cappitaine de Crathor et ses compaignons et s'en allerent en la ville au logeiz du conte de Parvanchières (BUEIL, II, 1461-1466, 141). Touteffoiz ceste amour se part, Car celle qui n'en avoit q'um De celluy s'eslongne et depart Et ayme mieulx aimer chascun. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 62). LA MERE. Voila un homme bien mauldit. Par Dieu vous en departirez (Nouv. mar. T., c.1490-1500, 95). Et, en soy departant dudit Gillet, icelluy dist audit Voyau que, se ledit conte de Dampmartin estoit dilligent, il recouvreroit bien Saint-Morice. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 180).

 

3.

[D'une chose]

 

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[D'un territoire] Se departir de qq. part. "Prendre son point de départ à partir de (tel endroit)" : Miauros est une abbeie de Saint Benoit, et la se depart, a une petite riviere qui i court, li roiaulmes d'Escoce d'un lés et li roiaulmes d'Engleterre d'aultre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 217).

 

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"Partir (d'un point donné)" : ...car nous veons que toutes les lignes du cercle se ressamblent en ung ou centre, c'est a dire ou point indivisible qui est ou moyen du cercle, et toutevoies en departant et eslongant dudit centre, ilz se divisent l'un de l'aultre. (Somme abr., c.1477-1481, 158).

 

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"S'écarter (d'une autre chose)" : Les nefs estoient acroqies et atachies les unes as aultres, et ne se pooient departir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 408).

 

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"Sortir (de qq. part)" : ...elle [la panthère] fait ung cry auquel toutes les bestes qui la oyent se assemblent et ensiuent la suavité de l'odeur qui depart de sa bouche (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 259). Regarde les gouctes couller De sueur penible a merveille, De sueur comme sang vermeille, Qui de tout le corps me depart. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 249). J'ay souffert (...) Mon costé percier de la lance, Sang et ëaue en departir, Mon corps mourir, l'ame partir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 453).

 

-

"Procéder (de qqn)" : Mais la bestialité des princes et leur ignorance est bien dangereuse et à craindre, car d'eulx depart le bien et le mal de leurs seigneuries. (COMM., II, 1489-1491, 213).

 

-

Empl. abs. "Se séparer" : Cedit jour, au soir, se commencerent les glasses à departir et avaler aval à grant impetuosité. (BAYE, I, 1400-1410, 213).

 

-

Au fig. "S'éloigner, diverger (de qqc.)" : Derechief, il est une aultre debonaireté, qui est appellee misericorde, mez c'est improprement, laquelle depart, de tous poins, de justice, et ceste debonaireté doit estre plus proprement appellee neglygence que misericorde ne pitié, et si est reprouvee en droit (Songe verg. S., t.1, 1378, 344).

 

4.

Se departir de qqc.

 

a)

"Se séparer (d'un bien), faire abandon (d'un bien)" : Et pour bonne foy et equité il se departist du butin, et sembla advis à beaucoup de gens qu'il fist son honneur et son devoir. (BUEIL, II, 1461-1466, 241).

 

b)

"Renoncer à qqc." : Et pour ce, ceuls qui pour contrainte ne pour paour ne se departent de leur bon jugement et ne laissent leur bon propos, il sont a loer et les autres a vituperer. (ORESME, E.A., c.1370, 178). Ilz se departent de raison ou temps de la temptacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 374). ...des maintenant les dessus diz bourgois et habitans de ladite ville du Chesne se sont departiz et departent du reclain et poursuite des gens venuz ou à venir desdites villes des gistes assis en ladite ville du Chesne (Trés. Reth. S.L., t.2, 1378, 267). Fay, moy, Sire, s'il te plaist, que je ne soye de ceulz qui croyent et ont contricion en temps, et en temps s'en despartent. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 41). ...desplesirs, descors, divisions et dissencions (...) remectent et délessent et s'en départent et déportent du tout. (Ch. VI, D., t.1, 1402, 223). ...au jour d'uy, maistre J. du Tour, procureur dudit de Gaucourt, s'est desisté et departi dudit procès et du droit qu'il reclamoit à avoir oudit office (BAYE, II, 1411-1417, 169). Et disoient les dessusdiz, ainsi assemblez que dit est, que ilz ne se desisteroient ou departiroient de leur entreprise (FAUQ., I, 1417-1420, 150). Saige est qui folie encommence Quant deppartir s'en scet et veult ; Mais il a faulte de scïence Qui la veult conduire et ne puet. (CHART., B. Dame, 1424, 349). Sire, tout le corps et les biens sont au commandement du roy mon chier seigneur et vous serviray par tout jusques a la mort, combien que je ne me departis oncques mais d'emprinse a tel meschief comme je fais de celle que j'avoie maintenant encommencie. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 330). Et entre autres choses fut dit et récité comment lesdiz de Bourgongne et de Saint-Pol avoient envoyé, de la partie d'icellui de Bourgongne, messire Philippe Bouton et messire Philippe Pot, chevaliers, et, de la partie dudit connestable, Hector de l'Escluse, pardevers monseigneur le duc de Bourbon, afin de esmouvoir mondit seigneur de Bourbon de soy eslever et estre contre le roy et soy departir de sa bonne loyaulté. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 363). ...lesquelz, si tost qu'ilz sont eslevez et remplis de biens superflus, ilz se departent de vertu et deviennent oisifz et negligens (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 65).

 

-

Se departir à/de + inf. "Renoncer à" : Et apres quant vient as perilz et leur premier mouvement est passé et refroidie [l. refroidié] ou destaint comme une legiere flambe ou comme une fumee, adonques le cuer ou le pouoir leur fault et se departent ou delaissent a ouvrer. (ORESME, E.A.C., c.1370, 209). Car tantost comme ilz ne sont encore ou delitables ou utiles, lors ceuls qui pour ce les amoient, cessent et se departent de les amer. (ORESME, E.A., c.1370, 418). Et les autres pour paour de labour et par peresce se departent et delaissent a faire les choses qui leur semblent selon raison estre bonnes. (ORESME, E.A., c.1370, 467). ...[il] se prenoit et tenoit au chariot d'icelle damoiselle de Harecourt faignant qu'il feust son serviteur et lequel prisonnier ne s'estoit voulu departir de tenir à ycellui chariot, pour commandement que lui eussent fait yceulz maistres d'ostel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 457).

 

-

"Se dispenser de qqc" : Auquel duc de Lenclastre, et en sa main, il fist lors serement, et par la foy de son corps promist et s'obliga servir bien et loyalment le roy d'Engleterre et ledit duc de Lenclastre à tousjours mais, envers et contre toutes personnes quelconques, sanz soy departir dudit service aucunement sanz le congié d'iceulx (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 186). ...à laquele deposant icelle Macete dist : Puisque tu le aymes tant, je te aprendray bien et monsterray la maniere comment, avant qu'il soit XV jours, que vueille ou non, il te espousera, et ne s'en pourra departir, en lui faisant les choses qui ensuivent. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 307).

 

-

"Ne pas tenir compte de qqc., faire abstraction de qqc." : Nota, maistre Jehan, que, es festes de Flandres, se vous avez barguaigné et sceu le pris d'un cheval et vous demandez a le veoir courre, eo ipso vous vous departez de toutes les autres vices ; tellement que s'il est bon a l'esperon et qu'il queure il est vostre, quelque autre tache qu'il ait. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 140).

 

-

"Se soustraire à qqc." : Ainsi pourrez departir du povoir Du Dieu d'Amours, sans avoir charge aucune. (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 101).

 

5.

"Quitter le lieu où l'on est"

 

a)

Departir : Aussi que d'un costé depart Mon clerc, je m'en vois d'autre part (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 264). ...et commanda audit Milon qu'il feist widier et departir les sergens qu'il avoit mis en garnison oudit hostel. (FAUQ., I, 1417-1420, 176). Vindrent nouvelles de la prinse de Pontoise par les Anglois, qui monterent par eschieles sur les murs d'icelle ville, entre IIII et V heures au matin, après ce que les gens qui avoient fait le guet furent departiz. (FAUQ., I, 1417-1420, 309). Ainsi departit nostre derrenier venu. [Une femme vient d'apaiser la colère de son amant, jaloux de son "prédécesseur"] (C.N.N., c.1456-1467, 232). L'yver approuchoit ; les vivres se mengeoient sur les champs ; on ne trouvoit plus gueres comme riens et force estoit qu'ilz despartissent. Et, se ainsi eust esté qu'ilz se fussent partiz de devant le Roy et sa puissance, il failloit qu'ilz tournassent le doz au Roy pour eulx en aller. (BUEIL, II, 1461-1466, 234). LE PREMIER. A Dieu, hau, nous prenons congié, (Noz) Rapporteurs avons mis en train. LE SECOND. Deppartons, car c'est trop songé. LE TIERS. A Dieu, hau ! (Rapp., c.1480, 70). Ceste commecte ne fut aperceue en plusieurs lieux et s'apparut assez tost après que l'armée qui estoit devant Paris fut despartie et, j'ay qui parle, m'en cuide rememorer, car lors estoye avecques le premier president, maistre Mathieu de Nanterre, demourant. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 158 v°). Pençons doncques de departir Et devers l'empereur aller (LA VIGNE, S.M., 1496, 487).

 

-

P. anal. "Mourir" : Tel est ennuit qui demain si n'est pas : Aussi bien fault il tost ou tard departir. (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 65).

 

-

Prov. Il n'est si belle compagnie qu'il ne convienne departir : Or dit uns proverbes Communs lequel je ramentois comme uns Seuls amans en signe d'umblesse, Qu'il n'est cours, tant soit de noblesse, Qu'il ne couvegne departir. (MACH., D. Aler., a.1349, 366). Il n'est si belle compaignie Qu'il ne conviengne departir (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 67). Sy dist on communement que sy belle compaignie n'est qu'il ne couviengne deppartir ne chose quy ne prengne fin (Comte Artois, c.1453-1467, 21). Il nest [l. n'est] si belle compagnie Qui ne departe bien le scauez (Myst. st Martin K., a.1500, 235).

 

-

Se departir : ...quant il y ot sejourné VIII. jours et il fut raffreschis, il se departi et se mist au chemin (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 120). ...li demorans de vostres gens se departiront dedens quatre jours, puisque partir voellent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 96). ...et après disner se departi le duc de Bretaigne pour retourner à Brye Conte Robert, pour ce qu'il y avoit mortalité à Corbueil. (FAUQ., I, 1417-1420, 169). Deshors ! Deshors ! Il vous faut deslogier, Desir sans joye et Pensee d'Amours. Je vous receu un peu trop de legier. Departez vous ! Alez logier ailleurs ! N'aprouchez plus de mon cuer les forsbours ! Trop ay vescu soubz voustre dur dangier. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 380). ...Angleterre, et Orgueil et Ambicion qui estoient ensemble, se commencerent a eschauffer et dire que "jameis" ne se departiroient, et vouloient soustenir leur fait devant dit (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 216). Et a ces parolles la royne toute pensive se departi, non cuidant que Madame ainsin mespreist ou voulsist mesprendre ne faire faulte (LA SALE, J.S., 1456, 262). Je te conseille que tantost te departes ou autrement de nous serras terriblement batuz et confroissiez. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 96).

 

b)

[De plusieurs pers., d'un collectif de pers.]

 

-

"Se séparer (et partir chacun de son côté)" : Lors s'entrebaisent les freres et se departent. (ARRAS, c.1392-1393, 193). Et leur compte toute la maniere de leur bataille et des paroles, et comment il lui cuida tollir la bourse, et comment ilz se sont departiz, ne sur quelles convenances, et comment il vint soubdainement et s'en rala pareillement. (ARRAS, c.1392-1393, 299). Ensi se departirent tout chil signeur d'Alemagne et retournerent casquns en lors lieus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 458). ...et yceulx venus, par le commendement du Roy se departirent et alerent hors de la Chambre tous, hors le Roy, lesdiz ducs et moy N. de Baye, graphier de ceste Court (BAYE, II, 1411-1417, 129). ...et ce fait, se departi le Conseil, qui fu continué à lendemain et jours ensuivans. (FAUQ., I, 1417-1420, 69). Grant chemin fismes Tant qu'a un quarrefour venismes Et la endroit nous departismes, Car plus un chemin ne tenismes. (CHART., L. Dames, 1416, 302). ...furent depuis ne sçay quants jours a Envers ; et après se despartirent sans avoir leurs chemises [Plusieurs amis, réunis pour quelques jours, se sont fait voler leurs chemises] (C.N.N., c.1456-1467, 400). Et le roy, croiant ces choses, s'en ala oudit pays de Normandie, et là mena avecques lui monseigneur l'admiral et Vc lances avecques les nobles et francs archers de Normandie. Et, à ceste cause, se departi l'armée et s'en ala chascun en son logeis. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 333). ...et que, au regard de ceulx qui ainsi estoient assemblez audit lieu des Cordeliers, incontinent après le cry se departissent et alassent chascun en sa maison sur lesdictes peines ; et aux maris qu'ilz feissent defense à leurs femmes de plus aler ne eulx tenir esdictes assemblées. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 72).

 

-

Empl. factitif Departir (un groupe de personnes).

 

.

"Donner congé (à des serviteurs)" : L'endemain, par matin, departy Melusigne ses gens qui s'en alerent, et en remest de ceulx que il lui plot. (ARRAS, c.1392-1393, 45).

 

.

"Démobiliser, renvoyer (une troupe)" : Assés tost apriès le revenue dou conte Derbi à Bourdiaus, il departi toutes ses gens d'armes et envoia cescun en se garnison. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 96). ...le roy Charlez banissoit tous les parens Jehan : aidiet luy avoient. Et puys revint en France, ou il departit ses oustz. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 235). ...ceulx de Crathor et de tout le payz lui prioient qu'il ne se departist point tant que le duc Baudoin eust ses gens ensemble ; et au conte moult despleust qu'il ne faisoit quelque chose ; car il estoit moult bon chevalier. Touteffoys il failloit qu'il se tenist à la plus grant oppinion, et accorda à ceulx de la ville de ne departir point son armée, tant que le duc Baudouin auroit la sienne entière (BUEIL, I, 1461-1466, 220).

 

6.

Inf. subst.

 

-

Le departir. "Le départ" : Et après le departir d'elle, qui lui aida en son premier gouvernement a faire les forteresses et les villes et habiter le pays, il ot la serour d'un qui pour lors gouvernoit la conté de Poictiers, et en ot pluseurs enfans (ARRAS, c.1392-1393, 50). Il est heure dou departir, car toutes nostres emprisses sont achievees. (FROISS., Chron. D., p.1400, 95). C'est pour la pointe De Desir dont je suy si pointe, Et s'a la demourer m'appointe, De nul confort ne suis acointe. Le departir M'est fort (CHART., L. Dames, 1416, 272). Et tant d'autres auctoritez, mon ami, se trouveroient tres longues a dire, que pour le departir me fault laissier. (LA SALE, J.S., 1456, 23). ...tant luy despleut [à la jeune fille] ce dolent departir qu'oncques mot ne sceut dire [Deux amants sont contraints de se séparer] (C.N.N., c.1456-1467, 145). ...je di, Monseigneur, que vous devez laisser partir et aller devant ces gens icy. Se vous voyez à l'oeil que vous leur doyez courrir sus dès le despartir, vous le ferez, ou en chemin, si vous voyez qu'il soit affaire. (BUEIL, I, 1461-1466, 200). A Dieu, m'amye. Ma dame et tres chere maistresse ; Le departir de vous m'ennuye. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 174).

 

-

Au departir. "Au moment du départ, de la séparation" : Au departir, fille, te doing Ma beneiçon ; vaz a Dieu ! (Mir. femme, 1368, 206). ...le conte de Foix (...) le tint deux jours delez luy, et au departir il luy donna IIc. flourins (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 119). Et de ceulx, dit uns appellez Gervaise, que les luitons vont de nuit et entrent dedens les maisons sans les huys rompre ne ouvrir, et ostent les enfans des berceulx et bestournent les membres ou les ardent. Et, au departir, les laissent aussi sains comme devant, et a aucuns donnent grant eur en ce monde. (ARRAS, c.1392-1393, 3). Riens n'emportent au departir. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 106). Tant labourerent Et ma dame tant honnourerent Qu'en son jugement demourerent. Au departir de moy plourerent Et me tendoient Les mains, et bien me commandoient Dire que se recommandoient A elle et raison demandoient. (CHART., L. Dames, 1416, 301). C'est a dire, mon ami, que luxure est ardeur a l'assembler, puantise au departir, briefve delectacion du corps, et de l'ame destruccion. (LA SALE, J.S., 1456, 28). ...quand vint au departir, elles vestirent leurs habiz qu'on leur avoit appareillez [Deux femmes quittent leurs amants] (C.N.N., c.1456-1467, 374). ...et remercièrent le Jouvencel de ce qu'il les avoit fait gaigner, et lui dirent qu'ilz estoient tousjours à son commandement et, toutes les foys qu'il lui plairoit les mander, qu'ilz seroient tousjours prestz et appareilliez de venir. Et, au departir, parla à tous les cappitaines, chevaliers et escuiers qui estoient là (BUEIL, II, 1461-1466, 97). LE PRESTRE [au juif et à son valet qu'il vient de baptiser et aux assitants]. Au departir, tous je vous pry Que vous ayez intelligence Des sainctz faictz en vostre presence. Honnorez le sainct et doubtez Et de l'offencer redoubtez (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 156).

 

.

"Au moment de mourir" : Prince gent comme esmerillon, Saichiez qu'il [Villon] fist au departir : Ung traict but de vin morillon, Quant de ce monde voult partir. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 151).

 

.

Prov. Au departir il faut compter à l'hoste. "Quand on s'en va il faut régler ce qu'on doit à l'hôte " : Vos pillars ont pilliet, par grans effrois, Comme je croidz et chascun le raconte, Dieu, roy et conte et vicaire et viconte (...), Au departir faulra conter a l'hoste. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 143). [Autre ex. p.164]

 

-

Au departir de

 

.

Au departir (d'un lieu) : Les mieulx montez au departir de Clermont estoient devant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 222).

 

.

Au departir (d'une action, d'un événement.) "À l'arrêt, à la fin de qqc." : Henriz li Marquis, de Lysseu, tesmoins juriéz. R., dit que il vit que li diz Girart et ses filz ferirent le dit Thomas jusques a effusion de sanc. R. dou dit Est., dit que il vit le dit Estienot venir à la riote dou dit Thomas et de cels qui le batoient et vit que, au departir de la dite riote, il hot une grant plaie en la teste (Echevin. Dijon L., 1341, 33).

B. -

Empl. abs. [Idée de rupture dans le temps ; d'une chose]

 

-

(Se) departir. "Se terminer, prendre fin" : Quant la feste fust departie Si appella sa baronnie (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 7). Li tournois ja se departoit, Car pluseurs blechiés y avoit Des fors cops au Beau Chevalier. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 288). Le roy, quant il ot fait sa demande, requist qu'il fut respondu. Ilz demanderent à avoir conseil et pour parler ensemble. Il leur donna XV. jours de conseil à estre là (...) La chose se departi sus cel estat. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 186). Là ot (...) pluseurs abattus sus le sablon (...) et ne se fuist point la chose departie ainsi pour une jouste, que il n'y eust aultre estourmie (...) mais la pourriere du delié sablon commencha à lever (...) si très grande (...) que point ilz ne voient l'un l'autre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 95). En ceste partie dist l'ystoire que, quant la feste fu departie, et que Melusigne ot donné a partie de ses gens congié, que tantost après fist venir grant foison d'ouvriers (ARRAS, c.1392-1393, 45). Lors furent fianciez et le lendemain furent espousez a grant solennité, et fu la feste grant et noble et dura XV. jours. Et avant que la feste departist, tous les barons firent hommage au roy Guyon. (ARRAS, c.1392-1393, 144). Et se departy la feste moult amiablement, et se retraist chascun en son lieu. (ARRAS, c.1392-1393, 151). Et dura bien la feste VIIJ. jours, et au IXe departy, et se tint chascun pour content. (ARRAS, c.1392-1393, 239). Adont fu chils consauls ouvers (...) Et fu tout ce publiiet generaulment. Et se departi li consauls sus celle entente et volenté que li jones Edouwars seroit rois enoins et sacrés le jour de la Nativité Nostre Signeur. (FROISS., Chron. D., p.1400, 102). C'est amittié qui trop tost se depart, Quant elle fault des qu'on ne dit plus : "Tien". Prïez donq Dieu que de ce mal vous gart ; Qui n'a Amour et amis, il n'a rien. (CHART., B. Nobles, c.1424, 402). Mais sy tost que le tournoy fut departi, le Chevalier au Noir Lyon se rebouta en la forest pour ce qu'il ne voulloit point estre congneu (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 320). ...et ja estoient les caroles departies et les mariees retraites avecques leurs maris (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 401). ...dont n'y avoit celluy qui bien et vaillamment ne se acquitast en sa charge et qui ne montrast bien, avant que le jeu départist, que char de Bourgongnon et de Picard n'estoit pas molle en adverse fortune, mais fière et de grant pris (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 95). Il ara pis, Devant que nostre geu desparte. (Pass. Auv., 1477, 192).

 

-

Sans departir. "Sans cesser" : ...Quar touz ses desirers tiroient A la parfaicte envoiseüre Du ciel, qui sans departir dure Et sans ennui et sans moleste. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 83). Vostre plaisir faire querons, Sire, sans jamais departir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 148).

 

-

[D'une chose] "Disparaître" : Les maladies podagres qui sont causees de chaude matiere, ou quarantieme jour se departent. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 95).

 

.

Au fig. : Car universelment verité est que tele passion ne se depart pas par parolles mais pour violence. (ORESME, E.A., c.1370, 532). Et se lez aultres vertus se departent, si remains tu seulle contre malle fortune. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 90).

 

.

Empl. factitif Departir qqc. : Or sont venus meschans devins, Sorceliers, arquimans, coquins, Qui cuident par art d'invoquer Sans Dieu les malades saner. Et quant ne puent a ce venir Pour paix et amour departir Entre prouchoins et parens chiers, Treuvent cas orribles et fiers Pour troubler les cuers des menus (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 12).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 17/80 
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     DÉPARTIS     
*FEW VII partire
DEPARTIS, (?)
[*FEW VII, 685b : partire]
 

-

À departis. "De côté (?)" : Vous sçavez, mes bons aprentis, Quant mismez fin a noz leçons, Nous laissasmes a departis Des pactes, des conventions. D'acordz, traictiez et pactions De toutes façons et contraulx, On trouve les dessisions Sur ce tiltre en noz droitz nouveaulx. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 195).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 18/80 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DÉPARTISÉ     
FEW VII partire
DESPARTISÉ, adj.
[GD : despartisé ; FEW VII, 685b : partire]

"Déguisé" : Quant il vint au coing de la rue aux Lombars, là joua ung homme despartisé le plus habillement que on avoit oncques veu. (Journal bourgeois Paris T., 1424, 200). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Synthèse Denis Lalande

 Article 19/80 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DÉPARTISON     
FEW VII partire
DEPARTISON, subst. fém.
[T-L : departison ; GD : departison ; AND : departison ; FEW VII, 685b : partire]

[Surtout dans les textes épiques]

A. -

"Partage" ; d'où "lot échu par partage" : ...Monglanne me donnastes en ma departison Et je le conquestay au fer et au baston (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 211). Aÿ ! Regnault, dist il, veés si depertison A perte et a dommage : il ne m'est mie bon ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 337).

B. -

"Départ" : Grande fu li honneurs a le departison. Or se party li cours dont je vous voy parlant. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 158). Et la nef de l'enffant dont je fais mencïon, C'est esquipee en mer, pour ce que ly glouton L'osterent hors du havre a leur departison. (Tristan Nant. S., c.1350, 85). ...J'ay ma dévoscion Que de parler à lui, ains ma départison (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 50).

 

-

Faire departison. "Partir" : Bauduins, li gentis, en fist départison. O lui .iiij. escuier, d'icelle région, Du païs se parti. Assez le convoi-on (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 223). Puis que je fis l'autruier de vous departison, Trouvay le vostre filz qui Tristan a a non (Tristan Nant. S., c.1350, 176). Et aprés le dinner ont fait departison. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 263). Dont fally parlemens et font departison (Hugues Capet Lab., c.1358, 235).

 

.

Faire departison du siecle. "Mourir" : ...Je sench au coer le mort, n'i a autre ocoison, Du siecle me convient faire departison. (Bât. Bouillon C., c.1350, 212).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 20/80 
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     DÉPARTISSEMENT     
*FEW VII partire
DEPARTISSEMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : departissement ; GD : departissement ; *FEW VII, 685b : partire]

A. -

"Partage, tri"

 

Rem. Ex. de Pierre Garcie dit Ferrande ds GD II, 512c (1483), mais dans une éd. de 1520 (pour la discussion de la date, cf. FEW XVI, 720a, n.1).

B. -

"Affinage de certains métaux, en particulier de l'or et de l'argent, séparés d'autres substances métalliques" : ...ledit departissement et affinaige (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1403, 613).

V. aussi departeur
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 21/80 
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     DÉPARTISSEUR     
FEW VII partire
DEPARTISSEUR, subst. masc.
[GD : departisseur ; FEW VII, 685b : partire]

"Celui qui attribue en partage" : ...nostre dit Sauveur, donneur de pardon et departisseur de grace, nous admonneste de nostre sauvement (Mirouer pech. B., p.1400, 187).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 22/80 
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     DÉPARTURE     
FEW VII partire
DEPARTURE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : departëure ; GD : departeure ; AND : departure ; FEW VII, 685b : partire]

Région. (anglo-normand) "Départ"

Rem. Cf.  ; AND : departure.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 23/80 
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     DESSEMPARTIR     
*FEW VII partire
DESSEMPARTIR, verbe
[GD : dessempartir ; *FEW VII, 688b : partire]

"Séparer" : ...se leva un vent fort que fist ferir nostre nef du chasteau d'avant a l'autre sur le chief derrier si grant cop qu'il enporta les chambres secretes en la mer et pluseurs autres tables de l'une nef et de l'autre et elles si entrelacees que l'on ne les povoit dessoupartir (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 26).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 24/80 
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     DISPARTEMENT     
*FEW VII 688a partire
DISPARTEMENT, subst. masc.
[*FEW VII, 688a : partire]

"Départ" (synon. département) : ...et déclarant que, avant son dispartement, il pourverroit a... (Actes Etats gén. Pays-Bas C., t.1, 1464, 100).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 25/80 
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     EMPARTIMENT     
FEW VII partire
EMPARTIMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : empartiment ; GD : empartiment ; FEW VII, 686b : partire]

"Rempart" (GD)

REM. Doc. 1375 (que des dites bastides soient ostez les esclusses et empartimenz, et soient mises en l'estat qu'elles estoient avant qu'elles fuissent enforcez) ds GD III, 54b. Prob. erreur de lecture pour emparement.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 26/80 
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     EMPARTIR1          EMPARTIR2     
FEW VII 686b, partire
EMPARTIR, verbe
[T-L : empartir1 ; GD : empartir1 ; AND : empartir ; FEW VII, 686b, : partire]

Empl. intrans. ou pronom. "Partir, s'éloigner" : ...Ne savon quant empartiron Ne quel partie nous iron. (Vie st Evroul S., c.1350, 54). Le joedi après le Noel vint Messires a Mons pour aler avoek Monsr le senescaut par deviers le duk de Braibant, si s'empartirent le matin et y demorerent jusques au mardi (Arch. Nord, 1362, B 10290, f° 9, IGLF). D'eulx enpartir chascun s'efforce Si que Dangier n'ait tant de dueil, Par quoy souvent les fait a force Demourer (VAILLANT, Oeuvres D., c.1445-1470, 130).

REM. Empartir1 n'est peut-être rien d'autre que en partir (inde).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 27/80 
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     EMPARTIR1          EMPARTIR2     
FEW VII partire
EMPARTIR, verbe
[GD : empartir2 ; AND : empartir ; FEW VII, 688b : partire]

Empl. trans. Empartir qqn de qqc. "Gratifier qqn de qqc." : ...Et ne scet art [mon coeur, touché par un regard] De prendre esgart Pour confort. Las ! j'en vaus mains. De che l'enpart Très grande part Fortune a ses propres mains, Et li espart Comme a poupart Devant lui tous ses complains. (FROISS., Lays am. M., c.1362-1394, 75).

V. aussi impartir
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 28/80 
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     ENTREPARTIR     
FEW VII partire
ENTREPARTIR, verbe
[GD : entrepartir ; FEW VII, 686b : partire]

Empl. pronom. réciproque "Se partager qqc." : ...Que leurs despouilles ilz departent Egaument et les s'entrepartent. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 246).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Mêlé" : J'ay choisy bergiere Qui chapeau de may Me fait par maniere. Dieu, bon gré l'en sçay. Et me fait de deux coulours Gans qui sont entreparty, Sy qu'il n'y a, bien le dy, Jusqu'a Tours Bergier qui ait autressy Gens atours. (Pastor. B., c.1422-1425, 79).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 29/80 
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     ESPART     
FEW VII partire
ESPART, subst. masc.
[T-L : espart ; GD : espart ; AND : espart ; DÉCT : espart ; FEW VII, 684a : partire]

I. -

[Idée d'éclair, de lueur]

A. -

"Éclair" : Je soushaide que tels gens fussent En païs ou il ne sceüssent Chemin, ne voie, ne sentier (...) Et que d'aucune mortel guerre Fussent espandu par la terre Tout environ li annemi, Et ceste gent fussent enmi, Et que les feus de toutes pars Boutassent, si que des espars Veïssent en lieu de lanterne. (MACH., D. Lyon, 1342, 204). Et quant li vent orent congié, Et Jupiter ot tout forgié, Foudres, tempestes et espars, Qui lors veïst de toutes pars Espartir mervilleusement Et tonner trés horriblement, Venter, gresler, et fort plouvoir (...) C'estoit chose trop mervilleuse, Trop doubtable et trop perilleuse ! (MACH., J. R. Nav., 1349, 147). Car ou il gist et ou habite Le vent y cuert de toutes pars, Pluie, gresil, tonnerre, espars (Mir. Theod., 1357, 115). Tourmente moult grant commença Et ravine d'eaue versa Si grant, avec ton et espart Que moulliez fu de toute part Pollinicés (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 297). Et ung ange quil mout esclaire, Quil du viz resanble espart, Quil ce siert sur la dextre part De la pierre quil est levee, Dist qu'il [Jésus] est ja en Gualillee Et la le trouverés en vie [Réf. à Matth. 28, 2-7] (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 251). Souventesfoiz là sus en l'air Feux volans, resemblans estoilles Ou lampes ardans ou chandoilles, Et d'autres en maintes manières, Selon les estaz des matières Comme tonnoirre, fouldre [,] espars, Resplendissans de toutes pars, Et la matière du tonnoirre Souventesfoiz se tourne en pierre (LA HAYE, P. peste, 1426, 7).

 

-

P. compar. : Li quars [soleil] estoit resplendissans, Et s'estoit rouges comme sans. Li quins fu d'estrange maniere : Or tenebreus et obscurs yere, Or regettoit une clarté Comme espars dessous obscurté. Li sisiemes estoit a double Assez plus tenebreus et trouble, S'avoit en mi un aguillon Comme queue d'escorpion. (MACH., F. am., c.1361, 238). Et la cyre art, Qui alume le monde main et tart Plus que ne fait du tounoire l'espart (MACH., Voir, 1364, 548).

B. -

P. anal. [À propos des yeux, du regard] "Lueur, flamme, éclat" : ...Que tu me vueilles tost deffaire Et que le dart Mortel faces dedens moy traire Par son dous regart debonnaire, Qui mon dolent cuer plus n'esclaire De son espart. (MACH., Compl., 1340-1377, 245). Nompourquant, quant de son regart Sentoie le trés dous espart [var. esgart], Je perdoie toute vigour Par sa force et par sa rigour, Et me faisoit teindre et palir, Fremir, trambler et tressaillir. (MACH., R. Fort., c.1341, 14). Et se ma dame, que Dieus gart, Deingne descendre son regart Seur moy, a moitié ou a quart, Je vous pri qu'aie scens ou art Pour congnoistre de son espart La difference, S'il vient d'amours ou d'autre part Car se son dous oueil me repart Par amours de l'amoureus dart, De riens n'arai jamais regart. (MACH., R. Fort., c.1341, 122). Tu dois en ton cuer concevoir, Ymaginer, penser, pourtraire La biauté de son dous viaire Et ses crins d'or, crespes et longs, Qui li batent jusqu'aus talons, Et de ses dous yeus les espars, Seur toy mignotement espars... (MACH., C. ami, 1357, 77). Vie n'ay pas, n'a tiers n'a quart, Se de voz plaisans yeux l'espart Doucement vers moy n'envoiez. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 230). Mais au depart moult me parti Grandement de son douls espart. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 78). ...toutdis estoit mes espars Et mon regart dessus ma dame, Pour qui Amours le coer m'entame (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 151). Quar quant je senti l'espart Dou regart qui mon cuer art, Ne perdi, à tiers n'à quart, Sens et contenence, Mais tout : maniere et puissance. (MACH., Les lays, 1377, 426).

II. -

[Sur partir] "Impulsion donnée" : ...disant que l'an 17e dudit Thibere fut ung merveilleux mouvement de terre et innondation d'eaue ensemble meuz d'un espart tellement que douze cités d'Asie corruerent en une nuyt et furent prosternées (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 73 v°).

 

-

"Ce qui incite à, aiguillon" : ...gouverner doit chascun par bon art, Et seignourir ; sapience est l'espart De mal fuir, d'estre bonne nommée [la gloire] (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 177).

III. -

[Sur partir, mais plus ou moins croisé avec espardre] "Dispersion, déroute, massacre" : D'aultre part de la bataille (...) estoient monsgr Fouques, monsgr Seguin et Bouchars (...) qui à force et à puissance se combatoient en décopant testes, bras et mains et en faisant ung tel épart de Françoys que nul homme ne le vous sauroit dire (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447). ...tout tuent et ochient sans point d'epargnison (...). La firent tel espart, si con lisant troev'on, Ainz que nuz encontre yaux presis lance ou pyignon (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 393).

 

Rem. Absent de FEW VII : partire et de FEW XII : spargere.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin / Pierre Cromer

 Article 30/80 
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     ESPARTEMENT     
FEW VII partire
ESPARTEMENT, subst. masc.
[GD : espartement1 ; FEW VII, 683b : partire]

"Action de se répandre" : ...et par les nerfz devantdis l'esperit sensible est espandu du tout par le corps, et par l'espartement de cest esperit par les parties du corps tout le corps si est habile a soy mouvoir et aux aulres oeuvres de vie (CORBECHON, Propr. choses, 1485-1486 [1372], l.III, chap.9 [BnF/Gallica]). ...la matiere de alopicie ne se espart point ne dissoult sinon par la vertus qui est dessus la vertus de sa resolution et espartement. (Jardin santé, c.1500, f° 127c [BnF/Gallica]).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 31/80 
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     ESPARTIEMENT     
FEW VII partire
ESPARTIEMENT, adv.
[GD : espartiement ; FEW VII, 683b : partire]

"De façon dispersée, en des endroits différents" : T. Et la ou il advient que la region a tele position ou est ainsi assise que elle est espartie loing de la cité, ce est legiere chose de faire en tel lieu bonne democracie et bonne police ; car la multitude est contrainte plus a faire habitacles. G. par villages et par hameaus ou par tabernacles espartiement. Et par ce, il conversent moins ensemble et ne sunt pas si de legier assemblés. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 264). Et pour ce, si comme l'en peut dire, pluseurs estatus legals sunt mis espartiement vers pluseurs gens et en pluseurs nations. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 280).

Rem. Éd. 1489 (la multitude est contraincte plus a faire habitacles par villages et par hameaulx ou par tabernacles espartiement) ds GD III, 514a.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 32/80 
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     ESPARTIR     
FEW VII partire
ESPARTIR, verbe
[T-L : espartir ; GD : espartir ; DÉCT : espartir ; FEW VII, 683b : partire]

I. -

[Sur espart] "Faire des éclairs" : Et quant li vent orent congié, Et Jupiter ot tout forgié, Foudres, tempestes et espars, Qui lors veïst de toutes pars Espartir mervilleusement Et tonner trés horriblement, Venter, gresler, et fort plouvoir (...) C'estoit chose trop mervilleuse, Trop doubtable et trop perilleuse ! (MACH., J. R. Nav., 1349, 147). Le temps se prist si a troubler, Obscurcir, touner, espartir (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 220). ...environ huit heures après disner, gresla, venta, tonna, espartit le plus fort que homme qui adonq fust eust oncques veu. (Journal bourgeois Paris T., 1411, 11). Item, ce jour Sainct Laurens, tonna et esparty le plus terriblement et le plus longuement que on eust veu d'aage de homme (Journal bourgeois Paris T., 1419, 129). ...et commença a tonner et a espartir si orriblement qu'il n'est cuer d'omme qui n'en deust avoir grant paour (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 42). ...il tonnoit, esclairoit et espartissoit de tous costez (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 206).

II. -

[Sur partir (idée de partition, de répartition, de part prise à qqc. ou bien de séparation)]

A. -

[Idée de partition, de répartition]

 

1.

Empl. trans. "Répartir" : ...Et ces fames vont toutes deschauciees. Et portent une autre maniere de vestement qui avient jusqu'a terre ; et ne portent nul treceoir aussi comme en Lombardie, mes leur cheveulz sont espartiz ça et la (VIGNAY, Merv. Terre Outr. T., c.1331-1333, 9). ...et en la fin il met une autre auctorité de Johannice, qui dit que par (le poulmon Ypocras entent) les cannes espartis par le poulmon, il entent la gorge ou la trachee artere (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 190). Ains voulut Dieu, nostre seigneur, A l'homme donner sens greigneur. Ce fut du tast et sentement Quy en son corps fist mouvement, Car par le corps est esparty (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 20). ...et dessus est assis diapreure faicte(s) par rondesce et espartye entour et dedens la rondesce aigles et lyons fais de couleur d'or qui senefie royalle haultesce. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 505).

 

-

Espartir en. "Répartir en " : Et ce que nous disons, il le convient entendre et ymaginer ausi comme se la terre eust esté faite en la maniere que aucuns disoient que au commencement elle estoit partout espartie en menues parcelles. (ORESME, C.M., c.1377, 558). ...et eulx, a pou de gens espartiz en deulx lieux, desconfirent les deux a une foys, et a grant crainte gaignerent louenge et la force sur leurs orgueilleux menaceurs (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 147).

 

2.

Empl. pronom. [De choses] "Se répartir" : Apres ce, je pouse que en la partie ou porcion appellee ..a.. soit egualment esparti le poys ou la pesanteur de demie-livre (ORESME, C.M., c.1377, 110).

B. -

Empl. pronom. [D'une pers. ; idée de part prise à qqc.]

 

-

S'espartir à/de + inf. "Se décider à" : Plaise vous un po espartir A vous de ci endroit partir (Mir. roy Thierry, c.1374, 259). Avant : d'aler nous espartons. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 49).

C. -

[Idée de séparation spatiale]

 

-

Espartir de. "Séparer de" : Et comment es tu si hardie Que noz deux cuers a l'estourdie As departy Et l'un loing de l'autre esparty, Quant point n'assemblerent par ty Ce qui estoit un seul party (CHART., L. Dames, 1416, 215).

 

-

Empl. pronom. [De choses] "Se séparer, s'écarter" : ...les esperis se dilatent et espartent, et par ce est plus fieble la chaleur dedens les corps. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 337). Tremelliere est faitte de III. iambes toutes entieres qui au plit du genoul ne sont que vne et s'espartent comme les pointes d'une molette d'esperon et y sont les cuisses les piez et les esperons. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 511).

III. -

[Sur partir, mais plus ou moins croisé avec espardre]

A. -

Empl. trans.

 

-

"Répandre, disperser" : Derechief, il a une vertu purifiant, car en espartant ses rays, il fait l'air plus delié et degaste les fumees qui corrompent, et en chassant l'air qui est cause de pestillance. (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 348). ...et les autres [bestes] sunt separees et esparties et dispersees (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 60). Ma fïole sera esperte [l. esparte] Sur le siege a la male Beste Et sur toute la pute geste. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 241). Trop dur espart est sur moy esparty, Quant esgaré me treuve et departy D'un per sans per, qui oncques ne party En faintise n'en legier pensement (CHART., Compl., 1424, 326). Maiz ce fut par une si haulte grace espartie en deulx lieux, que l'exploit du pere contre l'empereur, et du filz contre lez Engloys, semblerent une mesme recomblee victoire. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 147). Premierement, par franches agillitéz, Le feu ara la plus haulte partye, Et l'air aprés, qui tient ses limitéz, Ara sa place dessoubz lui departye ; L'eaue, en aprés, qui est toute espartie, Sera plus bas pour le feu eslongner (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 4).

 

-

"Mettre en déroute" : Faulse Fortune, c'est party, Car tu m'as sy fort esparty Que je suis occis de ton dart. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 252).

B. -

Empl. pronom. [De pers. ou de choses] "Se répandre" : Lez chevances mal acquises mettent l'acquerent en mesaise et en peril, et, en soy espartant comme elles vindrent, laissent tousjours lui ou ses hoirs reprouchés et souffreteux. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 50). J'ay le cueur plain de dueil et d'ire Parquoy ne se peult espartir (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 37). Dont le sensitif [puisque Mémoire a repris toutes les facultés intellectuelles] s'esveilla Et esvertua Fantasie, Qui les organes resveilla Et tint la souveraine partie En suspens et comme mortie Par oppressïon d'oubliance, Qui en moy s'estoit espartie Pour monstrer de Sens la lïance. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 29). ...par les villes et villages souvent s'espartent les religieux mendians (C.N.N., c.1456-1467, 485).

 

-

"Se disperser" : A Gacié vint et demoura Et iliques mont laboura Mont mal labour, et sa mesnie S'est ça et la espartie. (Vie st Evroul S., c.1350, 115). Et ceste instance faisoit Democritus contre soy, mais il y soult et respont fieblement, car il disoit que teles exalacions et vapeurs, quant elles viennent et sont en l'aer, elles se espartissent et pour ce elles ne ont pas force de soustenir les choses pesantes et laees. (ORESME, C.M., c.1377, 712).

C. -

Part. passé en empl. adj. Esparti

 

-

[P. oppos. à comprimé] : ...item, une quantité de laine ou une fuylle de or est plus pesante comprimee que espartie. (ORESME, C.M., c.1377, 634).

 

-

"Dispersé, épars" : ...en pluseurs hystores esparties l'en treuve diverses manieres et voies par quoy aucuns ont aquises pecunes (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 69). ...en peincture sunt concuilies en un ymage les beautés qui sunt esparties en pluseurs choses vives (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 134). Et tu que jugeras de la multiplication dez femmez sarrazines avec ung seul mary, et de la diversité discordable dez enfans, si non amour espartie, lignee doubteuse, nourreture non chalue, et enseignement de sedition entre les filz d'un mesme pere ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 130).

 

-

"Répandu, mis au grand jour, ouvert" : ...car un nuisement enclos fait plus grant affliccion que quant il est ouvert et esparti. (ORESME, E.A.C., c.1370, 491).

 

-

"Étendu" : ...l'ancienne seigneurie de France fut si grande et si espartie qu'elle s'estendit de sa premiere institucion jusques a tresgrant partie de Europe (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 371).

 

-

Faire chere espartie à qqn. "Montrer un visage ouvert à qqn, lui réserver un accueil favorable" : LE PÉRE. Panthaleon, chiére espartie, Biau filz, faites ce seigneur cy (Mir. st Panth., 1364, 312).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin / Pierre Cromer

 Article 33/80 
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     ESPARTISSEMENT     
FEW VII partire
ESPARTISSEMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : espartissement ; GD : espartissement ; FEW VII, 684a : partire]

"Éclair" : Car quant on s'efforce d'y entendre et que on tourne son oeil espirituel hors du miroir de l'ame, on ne voit riens, se non par especial miracle ou tres soudainement, comme est l'epartissement du tonnoirre [«Epartissement du tonnerre : image de la vision rapide» (Éd., 116)]. (GERS., Trin., 1402, 169). Et, le vendredi saint et aouré, vint et yssy du ciel plusieurs grans esclas de tonnoirre, espartissemens et merveilleuse pluye, qui esbahit beaucop de gens, pour ce que les anciens dient tousjours que "nul ne doit dire hélas ! s'il n'a oy tonner en mars". (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 226).

Rem. Ex. d'a.fr. et Gloss., Paris B.N. lat. 7679, c.1400-1500 (espartissement), ds GD III, 514c-515a.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 34/80 
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     IMPARTI     
*FEW VII partire
IMPARTI, adj.
[*FEW VII, 678b : partire]

"Indivis" : Dieu tout puissant, o clarté supernelle, Pure, eternelle, immobile, impartie, Donne a mes yeulx force spirituelle (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 310).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 35/80 
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     IMPARTIBLE     
FEW VII partire
IMPARTIBLE, adj.
[GD : impartible ; FEW VII, 688b : partire]

"Indivisible" : Et ainsy le tesmoigne Aristote et prouve en sa philosophie ou il nous aprend oultre qu'il [Dieu] est indivisibles et impartibles et sanz aucune corporelle grandeur, et qu'il est infinis et perdurables. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 227). Non pas qu'il [que Dieu] soit membré de fait [qu'il ait des membres], Car il est simple et impartible... (Moralité cincq pers. B., 1484, 47).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 36/80 
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     IMPARTIBLEMENT     
FEW VII partire
IMPARTIBLEMENT, adv.
[FEW VII, 688b : partire]

"De manière indivisible" : Impertibiliter (...) : impertiblement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 157).

REM. Cf. GD IV, 551b : impartible (XVIe s.) et HUG. IV, 561b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 37/80 
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     IMPARTIR1          IMPARTIR2     
*FEW VII partire
IMPARTIR, verbe
[*FEW VII, 678b : partire]

Part. passé en empl. adj. "Fendu en deux" : Mais moult estoit merveilleux a regarder, car il pendoit aux deux lez de la selle ung chevalier miparty [var. imparty] jusques aux rains. (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 150). ...le corps demoura aussi fres qu'i estoit le premier jour qu'il fust trenchié [var. le corps, qui estoit imparty sus le cheval des le premier jour qu'il fut trenché, demoura long temps sans empirer (p.459)] (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 151). [Pour d'autres ex. du même texte, cf. note de la p. 540]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 38/80 
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     IMPARTISSEMENT     
*FEW VII partire
IMPARTISSEMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : impartissement ; GD : impartissement ; *FEW VII, 678b : partire]

[Sur impartir2] "Part, partie"

Rem. GUILL. DIGULL. (impr. XVIe s.) ds GD IV, 551b (impartissement) ; mais leçon mipartissement ds GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 269.

V. aussi impartissure
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 39/80 
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     IMPARTISSURE     
*FEW VII partire
IMPARTISSURE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : impartissëure ; GD : impartisseure ; *FEW VII, 678b : partire]

[Sur impartir2] "Répartition"

Rem. GUILL. DIGULL. (impr. XVIe s.) ds GD IV, 551c (impartisseure).

V. aussi impartissement
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 40/80 
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     MALPART     
FEW VII partire
MALPART, subst. masc.
[GD : malpart ; FEW VII, 687a : partire]

"Mauvaise répartition"

REM. Doc. 1483 (Nevers, cinquante livres tournois pour survenir ausdictz maulpart et evaluacion des monnoyes de l'impost) ds GD V, 126b. FEW, 691a, n. 42, corrige GD qui fait du mot un subst. fém.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 41/80 
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     MALPARTI     
FEW VII partire
MALPARTI, adj.
[GD : malparti1 ; FEW VII, 687a : partire]

"Inégal" : "Sauvage, dist le roy, le jeu est malpartis ; Paiens nous ont enclos et nos barons malmis..." (Tristan Nant. S., c.1350, 297). Mais li jeux estoit malpartiz, car sur toutes les choses du monde il haioit les femmes et avoit en despit. (Bérinus, I, c.1350-1370, 115).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 42/80 
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     MÉPARTIR     
FEW VII partire
MESPARTIR, verbe
[T-L : mespartir ; GD : mespartir ; FEW VII, 686a : partire]

Empl. trans. "Séparer, diviser" : Tout l'éritaige qu'est dessuz la rivière de la Tille, dès le Vex de la Grange Noire jusques à la Varanne, de feu dit Gestraul de Vulley, en laquelle a une bonne ["borne"] que ["qui"] mépart les deux finaiges, est tout du finaige Saint Légier. (Chartes communes Bourg. G., t.2, 1418, 441).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Partagé, divisé" : Pres duquel escu avoit au tour par de hors ou tableau ou estoit ledit escu assis petitz fouzilz sur pierres, dont sailloient estincelles de feu, lesquielz estoient tresgentement semez par lieux, qui fort embellissoient le tableau qui estoit mesparty par quartiers de noir et de gris seulement (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 134).

 

-

Mespartir (plusieurs personnes) "Effectuer un partage égal entre plusieurs personnes" : [Parole adressée à deux bourreaux qui se disputent les vêtements d'un condamné] Pandu soye je a malle art Si je ne vous mespars tresbien. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 239).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 43/80 
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     MI-PARTI     
FEW VII 686b partire
MI-PARTI, adj.
[T-L : mipartir ; GD : mipartir (miparti) ; FEW VII, 686b : partire]

A. -

"Partagé, mélangé"

 

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

 

-

[D'un vêtement, d'un tissu...] Mi-parti. "Qui est composé de deux parties de couleurs différentes" : ...et là dedans [la chambre] print ledit chapperon mi-parti et les autres choses dessus nommées, excepté la demi aulne de brunette (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 18).

 

-

Empl. subst. "Vêtement dont chaque moitié est d'une étoffe différente ou d'une couleur différente" : Et en printemps tousjours la vest (,) De miparti et de roié [rayé] (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 222).

B. -

[Du soleil] "Pour partie déjà levé, pour partie encore caché, levé à moitié" : Quant ce vint a l'endemain que soleil estoit my party qui de ses rais la terre enluminoit et rendoit clareté, adont... (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 393).

REM. V. partir I A 2..
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 44/80 
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     MI-PARTIR     
FEW VII partire
MI-PARTIR, verbe
[T-L : mipartir ; GD : mipartir ; AND : mipartir ; FEW VII, 686b : partire ; TLF : XI, 868a : mi-partir]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Diviser, partager en deux" : L'on doit mypartir son mengier De quoy le povre hait sustance. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 204). LE FOL. (...) La moitié de mon destre flanc Est mipartie de travers : Je m'en vois vestir a l'envers, Ou que soit, de viez parchemin. (Mir. parr., 1356, 30).

 

-

En partic. "Composer qqc. de deux moitiés égales mais de couleurs différentes" : ...pour cinq quartiers de blanc pour mypartir ledit harnois à la devise dudit seigneur XVII s. (Comptes roi René A., t.2, 1451, 177).

B. -

Mi-partir qqc. de. "Pourvoir qqc. pour partie de" : Les grans seigneurs (...) Estoyent pres (...) ; Qui fut la bende si tres bien assortie De grant richesse et d'avoir my partie Pour en triumphe et bruyt les exaulcer, Qu'on n'en sçauroit la centiesme partye En quatre moys escrire ne penser. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 217).

II. -

Empl. pronom. Se mi-partir. "Se partager, se séparer, se répartir (en deux groupes)" : Et quant Chandos vint de l'autre costé, les François se miepartirent, l'une partie defendit le bout du pont devers Chandos (...) et l'autre partie defendit l'autre bout du pont avec Caraloet (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 194).

V. aussi mi-parti
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 45/80 
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     MI-PARTISSEMENT     
FEW VII partire
MIPARTISSEMENT, subst. masc.
[FEW VII, 687a : partire]
 

-

[À propos d'une chose] "Partage, part par deux moitiés égales, mais dissemblables"

 

.

[Dans un cont. métaph.] : Pou sont de menestereux qui N'aient grant mipartissement [var. mespartissement] De fer [,] de [éd. et] terre aucunement. La matiere ou leur labeur fait Est, [éd. [est]] de terre ou elle en naist, Et les pluseurs a mon advis De fer ont mains de leur oustis. C'est .I. grant mipartissement [var. mespartissement] (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 8259, 8265).

REM. Première attest. du mot, rare par ailleurs, occasionnée par la rime ? À la première occurrence correspond celle de GD IV, 551b, s.v. impartissement (Impr. c.1500), où impartissement doit être daté de c.1500. À ajouter à FEW IV, 577b, s.v. impartire.
 

DMF 2020 - Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 46/80 
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     MI-PARTISSURE     
FEW VII partire
MIPARTISSURE, subst. fém.
[GD : mipartisseure ; FEW VII, 687a : partire]
 

-

[À propos d'une chose] "Partage par deux moitiés égales, mais dissemblables" : Tiex pies de fer [c'est-à-dire les forgerons comparés aux pieds de la statue, image du gouvernement] moult soustiennent Tout le royaume et maintiennent Selon la porcion qu'il ont Et que mipartisseure [var. impartisseure, impartissement] font (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 8308).

REM. Attesté uniquement chez GUILL. DIGULL. À cette citation correspond celle de GD IV, 551c, s.v. impartisseure (Impr. c.1500 : impartisseure) où, il est clair, se pose la question de la confusion des jambages. À ajouter à FEW IV, 577b, s.v. impartire. Par ailleurs GD V, 339a enregistre une autre attestation du mot chez GUILL. DIGULL. (Impr. c.1500 : mypartisseure), d'où la date isolée de c. 1350 ds FEW ; il s'agit en fait d'un ajout après PelVie 11513 qui se lit dans PelVie2 12833 (ms BNF, fr. 377 : mipartisseure et ms 12466 : mipartissure), qu'il faut dater de 1355
 

DMF 2020 - Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 47/80 
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     NON-PARTABLE     
*FEW VII partire
NON-PARTABLE, adj.
[*FEW VII, 683b : partire]

"Qui ne peut pas être partagé" : ...que nul ne se puisse excessivement acroistre en richeces, si comme seroit par aventure que les feous ou demeines non partables ne fussent pas trop grans et que un homme n'en peust tenir oultre certaine quantité ne par don ne par achat ne par succession (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 144).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 48/80 
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     PART1          PART2          PART3     
*FEW VII partire
PART, subst. masc.
[GD : part2 ; *FEW VII, 687b : partire (?)]

"Premier jet de boule en partant du but, au jeu de quilles" (GD)

REM. Ex. de DESCH., ms., ds GD VI, 3a. Masc. comme l'est depart ?
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 49/80 
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     PARTABLE     
FEW VII partire
PARTABLE, adj.
[T-L : partable ; GD : partable ; FEW VII, 683b : partire]

"Susceptible de partage, divisible" : De justice particuliere sont deux especes ou .II. manieres : une est celle qui est en distribucion de honeurs ou de pecunes ou de quelzconques autres choses qui sont partables entre eulz qui communiquent en une civilité ou policie. (ORESME, E.A., c.1370, 283). ...le meuble que la mère avoit gaingné depuis la mort de ses II seigneurs seroit partable entre les premiers enfanz et les derriers. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 342). Et si entre le pere et la darreniere femme avoient esté faiz achactz et conquestz ensemble durant leur mariaige, les enffans de la darreniere femme y auroint la moctié par raison de la mere, et l'autre moctié sera partable entre les premiers et les derreniers enffans (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 178). ...Pou perspesif, plain propos penetrable, Povoir partable, prescript, pris, properable, Party plorable, prevention portable, Pacificable, postulant, pris, parvers, Ceste opusculle fist lugubrer par vers. (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 388).

Rem. Chasse am. W., a.1509, gloss.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 50/80 
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     PARTABLEMENT     
*FEW VII partire
PARTABLEMENT, adv.
[*FEW VII, 683b : partire]

"De manière partable, en partage" : ...qui tiennent certaines terres roturierement et partablement à foy et hommaige du duc (Actes Jean V Bret. B., t.1, 1405, 32).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 51/80 
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     PARTAGE     
FEW VII 682a partire
PARTAGE, subst. masc.
[T-L : partage ; GD : partage ; GDC : partage ; FEW VII, 682a : partire]

I. -

[Idée de séparation] "Départ, séparation" (synon. partement) : Ne le deust on pas accuser A celle fin qu'il fust lÿé, Prins, murdry et expedÿé Pour en despescher le partaige ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 658).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

II. -

[Idée de répartition]

A. -

"Division en parts, répartition, partage" : Sur le debat du partage d'entre J. de Poiz, d'une part, et sa mere, d'autre part (BAYE, I, 1400-1410, 229). ...Voilles de sobre pour courre aux advantaiges Des tripotaiges, s'il survient nulz partaiges D'aucuns ostages d'entreprises gentilles, Proyes fertilles d'invencions subtilles, Drogues utiles pour fournir aux castilles D'orbes bastilles quant la mer est carmee Et qu'on y fait main a main quelque armee. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 134). Premierement, le roy donna à Mons. de Guienne toute la confiscation des terres dudit conte d'Armignac estans es terres de Mons. de Guienne, tant deçà la riviere de Garonne que delà, selon le partaige et limites arresté de tous poins audit lieu de Coulonges. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 232).

 

-

Faire partage de qqc. à qqn. "Attribuer à qqn la part qui lui revient" : Le grant Galiffre avoit une ramace Disant ainsi : "J'acumulle et amasse En mes dangiers les foibles [et] les fors ; Ou qu'il me plaist, je monstre mes renfors Et ceulx qui ont besoing de mes consors, S'a gré me vient, partaige leur en foys". Puis il avoit ung grant tas de ressors Qui demonstroyent comme on met aux essors Ceulx que l'on veult pugnir aucunes fois. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 161).

 

-

Donner qqc. pour partage. "Donner qqc. en partage" : Si me donnez pour partage Vie ou mort, joye ou destresce. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 38).

B. -

En partic. "Répartition, part d'un héritage" : ...contez ne duchez ne doit estre partie ; Il n'a point d'ainzneece - si com dïent li saige - En partaige de femmes, ce tenons pour usaige (Gir. Ross. H., c.1334, 132). ...inventaire, partaige et division des biens demourez du decés et qui communs estoient entre ladicte vefve et ledit deffunct aux jour et heure qu'il ala de vie a trespassement (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1399, 758). ...il sera dit que les partages faiz par maistre Oudart Baillet demourront en l'estat qui sont, comme bons et valables, et sortiront leur plain effect et sera tenus ledit J. de Poiz de choisir l'un d'iceulx partages dedans le XVJe jour de juin prouchain venant pour tous delaiz et prefixions, et l'autre rendre à sa dicte mere pour joir d'icellui par forme de doaire (BAYE, I, 1400-1410, 229). Et par avant le conte d'Alençon n'avoit point demandé ne prins son partaige tel ne si grant comme il lui devoit appartenir par l'eschaite de la couronne qui estoit eschaite et venue au roy Phellipe de Valoys, son frere, et à lui. (CAGNY, Chron. M., 1436-1438, 5). Et en ce temps estoit l'archiduchié departie en pluseurs mains, par partaige d'enffans, successeurs chascun en son droit (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 23). Les demandes des seigneurs estoient grandes, par especial pour ce que le duc de Berry vouloit Normandie pour son partaige, ce que le roy ne vouloit accorder. (COMM., I, 1489-1491, 74). Cependant que ces traictiez se menoient par voyes d'assemblées et que l'on povoit communiquer les ungs avec les autres, en lieu de traicter paix, se traicta par aucuns que le duché de Normandie se mectroit entre les mains du duc de Berry, seul frère du roy, et que là il prendroit son partaige et laisseroit Berry au roy. (COMM., I, 1489-1491, 80). Ce fut Pluton, qui par son droit partage, Eut la terrestre empire et heritaige (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 277). [autres ex., cf. gloss. de l'éd.]

 

-

"Part de ce que l'on mérite, rétribution au mérite" : Ainsi muèrent les autres degréz d'Angleterre, et division se mist entre eulx, qui a duré jusques aujourduy ou peu s'en fault, en usurpant ceulx de la maison d'Iort ce royaulme, ou l'eurent à bon tiltre : je ne scay lequel, car de telles choses le partaige s'en faict au ciel. (COMM., I, 1489-1491, 24).

C. -

Au fig. : Et tout malheur m'est en partaige escheu. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 14).

 

-

Choir au partage de qqn. "Être l'affaire de qqn" : Fay du tien (,) du tout à te guise, Il n'y chiet point à leur partage [cela ne les regarde pas] (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 110).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 52/80 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     PARTAGER     
FEW VII partire
PARTAGER, verbe
[T-L : partagier ; GD : partagier ; GDC : partager ; FEW VII, 682b, 688a : partire ; TLF : XII, 1044a : partager]

"Mettre [une embarcation] en partance" : ... que (...) aucun empeschement soit fait (...) en la charge et partement d'une nef (...) qu'il ne la puissent faire partaigier (...) et partir de là ou elle est (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1398, 293).

REM. Dérivé de partage au sens de "départ".
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 53/80 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     PARTANCE     
FEW VII partire
PARTANCE, subst. fém.
[T-L : partance ; GD : partance ; FEW VII, 687b : partire ; TLF : XII, 1046a : partance]

"Départ"

REM. CHR. PIZ. (Oeuvres, éd. M. Roy, t.3, 189). Cf. aussi H. Lewicka, La Dér., 1960, 61-62.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 54/80 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     PARTANT1          PARTANT2     
FEW VII partire
PARTANT, subst. masc.
[FEW VII, 687b : partire ; TLF : XII, 1046b : partant1]

"Celui qui part, qui est parti" : Encores voullons et ordonnons que, se aucune des parties se departoit de nostre court apprès les gaiges gettez et receuz, sans nostre congiet, icellui partant voullons et ordonnons qu'il soit tenu et prononcié pour recreant et convaincu (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 212).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 55/80 
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     PARTEMENT     
FEW VII partire
PARTEMENT, subst. masc.
[T-L : partement ; GD : partement ; FEW VII, 687b : partire]

"Départ" : Si m'en alai bouter en cage Pour faire mon pellerinage ; Mais nonpourquant le partement De nous m'anoioit durement, Car tous mes cuers li demouroit, Qui la servoit et aouroit (MACH., Voir, 1364, 260). Et se vous dittes que vous ressoingniés le partement, je ne cuide mie que vous le ressoingniés plus de moy, car j'en ai tant de pensees que, en l'eure qu'il m'en souvient, je ne puis bien avoir (MACH., Voir, 1364, 286). Aprez le partement de ceste chevauchiée que les oncles du roy fissent vers Asquessuffort contre le duc d'Irlande et que touttes manieres de gens furent retrait en leurs manoirs, se tindrent le duc d'Yorth et le duc de Glocestre et l'archevesque de Cantorbie en la cité d'Asquesuffort, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 74). Desesperez En sui et si forcenez, Quant si mal sui fortunez, Qu'à grief tourment M'ocira vo partement. Dire l'orrés, S'excusé ne m'en tenez Entierement. Dame, mon cuer emportez. (MACH., Ch. bal., 1377, 623). ...il print ladite sainture et la mist auprès de lui sur le banc ou sur la fourme sur lequel il s'estoit deschaussé, en entencion et voulenté de la prendre et trouver au lieu où mise l'avoit, afin que au matin à son partement il peust icelle prendre et emporter avec soy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 364). Nous avons entendu depuiz nostre partement de nostre ville d'Arras que on met suz une taille en ce royaume (BAYE, I, 1400-1410, 35). À Perrenet Boilet, qui, ledit jour, environ deux heures aprez le partement dudit Jehan Dyee, se parti pour hastivement de nuit et de jour à chevaulz de relais porter lettres closes de par mondit seigneur aux cappitaines tenans le siege devant Estan Saint Germain (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 464). ...je loe et veul que avant vostre partement un mois vous envoiez un roy d'armes ou herault a la court (LA SALE, J.S., 1456, 81). Et quant ils estoient au preau assemblé, dont pour le tres brief partement estoient mains durs soupirs et maintes larmes gectees. (LA SALE, J.S., 1456, 94). Aprés le partment de ces seigneurs de Poulaine, Saintré fut bien a lesir festoié du roy, de la royne, des dames, et de toute la court. (LA SALE, J.S., 1456, 172). ...il ordonna son partement et print congé de sa dame. (C.N.N., c.1456-1467, 145). ...puis son partement jusques a son retour, oncques son pere ne sa mere n'en eurent une seule nouvelle (C.N.N., c.1456-1467, 324). Et, si s'en alerent audit pays de Bretaigne, après ledit partement, aucuns particuliers pardevers mondit seigneur de Berry. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 38). Et, quant lesdictes monstres furent faictes, le roy s'en retourna à Paris par eaue. Et, avant son partement et en sa presence, ledit seigneur de Charrolois dist à tous sesdictes gens de guerre ces motz : "Messeigneurs, vous tous et moy sommes au roy mon souverain seigneur, qui cy est present, pour le servir toutes les foiz que mestier en aura." (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 130). Et si perdi durant icellui temps grant quantité de son artillerie, que ceulx de la garnison d'Amiens pour le roy gaignerent dessus lesdiz Bourguignons. Et, depuis ledit partement desdiz Bourguignons, ilz s'en alerent boutans les feux es blez et es villages partout où ilz passoient ; et vindrent devant Saint-Walery lez le Crotoy, qui leur fut rendu par ceulx de dedens, pour ce qu'ilz n'estoient pas assez gens et que la place n'estoit point de tenir contre sa puissance. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 281). Sy me souvient bien, Dieu mercis, Que je feiz a mon partement Certains laiz, l'an cinquante six, Qu'aucuns, sans mon consentement, Voulurent nommer testament ; Leur plaisir fut, non pas le myen. Mais quoy ! on dit communement Qu'ung chacun n'est maistre du scien. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 71). Guillaume de Pontoise, archediacre de Rouen, homme de bonne licterature, fut envoyay en Espaigne et, avant son partement et depuis, prenostica par la science des estoilles la grande intemperance de l'air et les grandes pluyes que furent si vehementes que les blez demourerent germez et grenez aux champs. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 119 r°). Avecques cestui j'ay conversé souvent et ay veu par experience qu'il estoit bon astrologien et de subtil engin et lui feiz son partement ["je lui préparai son départ"] pour soy retirer à Romme, pour les envies que aucuns du Daulphiné orent contre lui (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 162 v°). Et aussi comme le roy partit de son royaulme, quelz ordonnances il fist avant son partement, quelz gens il mena, quel train et comment il estoit ordonné. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 129). Mais avant, le roy avoit prins d'assaut la ville et le chasteau Saint-Amant l'Alier, environ le jour de l'Ascencion. Et dimenche, XIIe jour de may audit an, après le partement de Mons. le duc de Berry, qui fut mené en Bretaigne par Odet d'Arrie, seigneur d'Escun, fut fait une ballade par escript, dont la teneur s'ensuit : Remettez sus chiens et oyseaulx, Aussi toute gaudisserie, Jusquez ad ce que Ode d'Airie Aura remis sus jeulx nouveaulx, Lesqueulx ne seront trouvez beaulx (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 165). Hier arriva Mons. le president en ceste ville ; et depuis son partement de devers le roy est aussi retourné ung de mes gens, qui aussi arriva du jour de hier, par lequel j'ay sceu qu'il y a treves en Bretaigne pour six sepmaines, esquelles est comprins monseigneur de Bourgoigne, se comprins y veult estre (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 321).

 

-

Faire partement de qqn. "Quitter qqn" : ...et, au partement de la compoignie que firent ensamble iceulx Robinet et lui qui parle, icellui Robinet descompta en la presence de lui qui parle, et mist en sa charge, par devers icelle Alips, iceulx X ou XIJ frans, n'est record lequel (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 491).

 

-

Faire partement (d'un lieu). "Quitter (un lieu), s'éloigner de" : Et est voir que sur le partement que firent iceulx mariez de la ville de Paris pour aller ou pays de Caux, où ilz sont demourans, il qui deppose se trait devers ladite dame et lui exposa les choses dessus dictes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 360).

 

-

Estre sur son partement. "Être sur le départ" : ...[il] pria et requist son dit seigneur, qui estoit sur son partement, que icelle sainture il voulsist faire porter et rendre à icelle dame de Saumon (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 363).

 

-

"Départ de la vie, fin" : Je plains le temps de ma jeunesse, Ouquel j'ay plus qu'autre gallé Jusqu'a l'entree de viellesse, Qui son partement m'a cellé : Il ne s'en est a pié alé N'a cheval, helas ! comment don ? Soudainement s'en est vollé Et ne m'a laissié quelque don. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 34).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 56/80 
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FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PARTEUR     
FEW VII partire
PARTEUR, subst. masc.
[T-L : partëor ; FEW VII, 683b : partire]

"Celui qui répartit, qui partage" : Mors est li plus loiaus donnéres, Mors est li plus loiaus partéres (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 56). Partitor (...) : parteur (Aalma R., c.1380, 300).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 57/80 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PARTI     
FEW VII partire
PARTI, subst. masc.
[T-L : parti ; GD : parti ; GDC : parti ; FEW VII, 679b, 680a : partire ; TLF : XII, 1050a : parti]

I. -

"Situation, état ; manière, moyen"

A. -

"Situation, état" : En trop dur parti Seroit, et son tamps ossi Plorroit a chiere esbahie. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 132). Ainçois les a si asproyé [les gens de France] Et contre eulx s'est si deffenduz Qu'a li pour moy se sont renduz, Et les a mis en tel parti Qu'a son honneur s'est d'eulx parti (Mir. st Lor., 1380, 133). ...a l'endroit ou li arbalestrier traioient et ensonnioient ceuls dou fort, il ronpirent le mur et i fissent un grant petruis et entrerent dedens a force, car il estoient grant gent. Qant li compagnon se veirent en ce parti, il se vodrent rendre salve lors vies, (FROISS., Chron. D., p.1400, 532). Bien monstra la li gentils rois Edouwars que il avoit grant desir de conbatre et amour as armes, qant il s'estoit mis en tel parti et tant humeliiés que desous le pennon mesire Gautier de Manni, son chevalier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 870). ...Dont suis en tel parti Souvent, quant a droit m'en remembre, Que cuer et corps et tuit li membre Me vont tremblant (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 97). Si n'estoit pas petit l'esbahissement de eulx trouver en tel parti, sans chief, entre les mains des Sarrasins (Bouciquaut L., 1406-1409, 117). ...si ne sceust plus que dire, ne comment soy excuser. Lors Madame, qui le vist en tel parti, en soubsriant a ses femmes dist : "Que direz vous d'un failli escuier, qui par deux foiz a donnee sa foy a une dame... ?" (LA SALE, J.S., 1456, 12). L'Anglois le mena en une place assez près de la et en prison le bouta. Le François, voyant ce party, tout son estat a grand haste au capitaine manda (C.N.N., c.1456-1467, 55). JUSTICE. (...) Je vueil qu'i me soit presenté En l'arbre de la croix pendu, Fixé, cloué, mort estandu, Tant que l'ame a son pere rende, Et n'est amende que j'en prende Tant qu'en ce party le verray. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 689). Nous estions en tel party Et en sy grant perplexité Qu'il nous sembla que la cité Et toute la terre trembla. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 883).

 

-

En ce parti. "En cet état, ainsi" : ...tant porta le cheval Remondin, ainsi pensif et plein d'ennuy et de meschief qui lui estoit advenu, qu'il ne savoit ou il aloit, ne il ne conduisoit pas le cheval, mais le portoit partout la ou il lui plaisoit a aler, sans ce que il lui tournast le frain a dextre ne a senestre ; ne Remondin ne voit ne oit ne entent. En ce party passa par devant la fontaine ou les trois dames estoient, sans ce qu'il les veist, et ly chevaulx l'emporte grant aleure. (ARRAS, c.1392-1393, 24). Lors fu menez en la chambre ou Clerembaut, son frere, estoit, et tous les autres prisonniers. Lors, quant il les appercoit liez et gardez en ce party, si fu moult doulent. (ARRAS, c.1392-1393, 205). ...devindrent les leurs [chemises], leurs couvrechefs et petiz draps, bien sales, et a grand regret leur venoit d'eulx trouver en ce party, car il faisoit bien chault (C.N.N., c.1456-1467, 397).

 

-

En parti de + inf./En parti que de/ pour + inf. : Et si avoient li Escoçois lors deus premieres batailles establi sus deus crupes de montagne, la ou nuls ne pooit bonnement monter ne ramper pour euls assallir ; mais estoient en parti que pour les assallans tous confroissier (FROISS., Chron. D., p.1400, 142). "Nous sonmes en parti de tout perdre, car il n'i a point de bonne ordenance en nous." (FROISS., Chron. D., p.1400, 726). "Ha ! dist li Monnes de Basele, ... on n'a point tenu ne creu mon ordenance. Si sons sus un parti que de tout perdre." . (FROISS., Chron. D., p.1400, 730).

 

-

Parti d'armes : Monseigneur, quant on est en tel parti d'armes que nous estioins pour ces jours en la garnison de Bourbourcq, ... on doibt de deux voies ou de troys prendre la plus pourffitable en adamaigant ses ennemis. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 37). "Et oultre", dist messire Guillaume Heltem, "pour moi nettoier et purgier de tout blasme, ... je suy tout prest de lever le gaige et de mettre mon corps en abandon et ou parti d'armes, et de prouver le contraire, ainsi que les juges ad ce deputez et ordonnez l'ordonneroient." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 39).

 

-

Avoir mal parti. "Être en mauvaise situation" : LE ROY. (...) Dites moy que fait la royne Et ses deux filz. PREMIER CHEVALIER. Sire, soiez certainz et fiz, Quant est d'elle, elle a mal parti ; Ses filz de touz poins departi Se sont d'elle et de son conseil. (Mir. ste Bauth., c.1376, 130).

 

.

Demeurer en ce parti. "S'en tenir là, rester sans réagir" : Quant le duc Anthoine scot le meschief que les Sarrasins font au roy, si en ot grant pitié et jure en son cuer que pas ne demourra en ce party et que Sarrasins acheteront la peine que ilz font souffrir aux Crestiens. (ARRAS, c.1392-1393, 172).

 

-

Faire à qqn mauvais parti. "Réserver un mauvais sort à qqn, le maltraiter" : Ledit connestable, doubtant la fureur dudit seigneur et considerant en luy que, s'il estoit tenu et prins, il auroit et luy feroit on quelque mauvais parti, affin de soy remettre par quelque bonne maniere en la bonne grace du roy, voulant pour ce faire employer ses amys (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 347).

 

.

Laisser qqn en tel ou tel parti. "Laisser qqn en telle ou telle situation, sans réagir" : ...et leur compta toute l'aventure, et comment Jossellins et ses filz avoient esté pendus, et qu'ilz avoient en pensé d'en faire, ou de lui vengier de Remondin qui lui avoit pourchacié cest ennuy, et a eulx fait si grant blasme et si grant hontage, ou de le laissier en ce party. Lors respondi, pour tout le lignaige, un moult estous chevalier (...) : Chastellains, nous voulons bien que vous sachiez que ainsi ne demourra pas, car nous sommes tous en voulenté de mettre mort cellui qui nous a fait si grant vitupere et si grant deshonneur. (ARRAS, c.1392-1393, 68).

 

-

[D'une chose] Estre en bon parti. "Aller bien, prendre bonne tournure" : Et le roy lui dist : Ma belle niepce, Dieu mercy, voz besoingnes sont en bon party, et vostre pays est delivré du dangier des Sarrasins par la puissance de Dieu et des deux freres de Lusegnen. (ARRAS, c.1392-1393, 188).

B. -

"Manière, moyen" : Il vous ont tant courechiet de faire morir vos honmes sus mer, et ossi chi tenu tant longement et fait despendre vostre argent, que dur est a ce pardonner ne euls prendre par le parti que ils le voellent avoir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 839). Joseph, respondez, est il vray ? L'avez vous fait en ce party ? (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 225). ...parlé avec luy sur le fait de son ouvrage et me ouvrit plusieurs partiz et appoinctemens de fondre et affiner tant l'argent que le plomb et cuivre. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 296). ...à sondit retour d'Escosse il descendit et print terre à l'Ecluse avec sa marchandise, laquelle il fist mener jusques à Bourges et fist illec diligence de trouver voicture pour mener et conduire lesdictes laynes et sept balles de draps par terre jusques en ladicte ville de Rouen. Maiz pour ce qu'il ne povoit trouver party raisonnable, et lui demandoit l'en autant de voiture comme valoient lesdictes laynes et draps, ilz les fist chargier sur vaisseaux (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 510). Quand Montbleru eut confessé ce larrecin, et qu'il eut trouvé sa quictance par le party qu'avez oy, il ne fault pas demander si [les autres] (...) furent bien esbahiz (C.N.N., c.1456-1467, 401). J'ay mieulx gardé de mon costé Que vous, et de meilleur party. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 842).

 

-

Par ce parti. "De cette manière" : : Dont dist Geronnet, ... "...venez par ycy et faictes apporter vos eschielles cordées ; nul ne le vous debatera l'entrer ne le monter." - "Entens, Geronnet", dist Perros, "tu me dois mettre en la ville ; mais, par ce parti que tu me monstrez, je n'y entreray ja fors que par la porte." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 213). Et lors dist le roy ces paroles : Anthoine, frans et nobles chevaliers, les barons de ceste contree ont regardé et consideré la grant honneur que vous avez fait a leur dame, a son pays et a eulx, et aussi que vous ne voulez riens avoir du leur, ne de leur dame. Si ont advisé que par ce party vostre raison y seroit trop petitement gardee. Et pour tant ilz vous supplient qu'il vous plaise que vous leur accordez un don qu'ilz vous demanderont, et si sera sans vostre coustenge. (ARRAS, c.1392-1393, 169). Montons amont, car il vous demandent et se voellent rendre. Vous poriés par ce parti moult tos avoir une bonne journee. (FROISS., Chron. D., p.1400, 692).

 

-

Par tel parti. "D'une telle façon" : Si fu feru par tel parti D'une maladie cruele (...) Qu'il n'en pot estre secouru (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 230).

 

.

Par tel parti que. "De telle façon que" : Et sachiez que il [le roi Selodus] fist trop grant dommage de crestiens, et ravigora ses gens par tel party qu'ilz se deffendent asprement. (ARRAS, c.1392-1393, 185). Pere Noé qui plantastes la vingne, Vous aussi, Loth, qui bustes ou rocher, Par tel party qu'Amours, qui gens engingne, De voz filles si vous fist approucher - Pas ne le dy pour le vous reproucher -, Archedeclin qui bien seustes cest art, Tous troys vous pry que vous vueilliez prescher L'ame du bon feu maistre Jehan Cotart. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 102).

II. -

"Cause défendue par qqn ; p. méton. ceux qui défendent cette cause"

A. -

"Cause défendue par qqn" : ...la somme de quatre cens frans que mondit seigneur lui a donnez tant pour consideracion de plusieurs et agreables services qu'il lui a faiz et en recompensacion de plusieurs pertes et dommaiges qu'il a soustenuz pour soustenir son party contre ses adversaires (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 62). ...pour le aydier à relever aucunement de pluseurs grans et inreparables dommaiges qu'il avoit supporté et soustenus de la partie des ennemis de mondit feu seigneur pour avoir tenu et porté son party et le favourisié de tout son povoir en ladicte ville de Troyes (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 393).

 

-

Estre du parti à qqn. "Défendre la cause de qqn, se montrer constamment favorable à qqn" : Et quant le roy fut en sa chambre, le seigneur de Saintré au roy en riant si dist : "Sire, pour nostre bien venue, je vous supplie que ce soir avec la royne dormez." Le roy, qui tres gracieux prince estoit et qui tant l'amoit, en riant lui dist : "Toudiz fust et serez tres gracieux et du parti aux dames..." (LA SALE, J.S., 1456, 225).

 

-

Prendre le parti de qqn. "Se déclarer pour qqn" : ...au temps que par le feu roi Jehan le pays de Limosin fu baillié et livré aus Engleiz, le pere de lui qui parle se tourna et print le parti du roy de France (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 185).

 

-

Tenir le parti de qqn. "Suivre, favoriser, appuyer la cause de qqn, être dans le camp de qqn, se ranger parmi ses partisans" : ...Gautier Spridligton, anglois et tenant le parti de Edoart d'Angleterre et du dit prince, son filz, et demourant soubz leur juridicion et destroit, courant et robant en armes jour et nuyt pluseurs parties de nostre royaume (Doc. Poitou G., t.4, 1369, 5). Et dit que tous ceulx dudit pays de Limosin tenans le parti des Englois qui povoient savoir l'entreprinse de lui qui parle, en avoient très-grant joye, et que s'est le fort d'environ tout ledit pays de Limosin de la prinse duquel ilz auroient la plus grant joye. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 190). ...il encontra le conte de Peraude, lequel tenoit le parti de Lancelau (Bouciquaut L., 1406-1409, 135). ...un bon homme rural et ancien, prisonnier en la garnison de Yenville en Beaulce tenens le parti du duc d'Orleans (BAYE, II, 1411-1417, 66). ...aucuns pillars et autres tenans le parti des Armignacs (...) avoient discouru le pays, prins, pillié et robé plusieurs noz subgez (Ch. VI, D., t.2, 1420, 40). Ceulz qui y furent de ladicte marche, tenens le parti anglois, que pour estre a celle tressainte journee, vouldrent honorer et passer soubs la banniere du roy. (LA SALE, J.S., 1456, 193). Et le mercredi, tiers jours de fevrier oudit an mil CCCCLX, furent leues (...) les lettres patentes du roy par lesquelles il declairoit son plaisir estre tel que, par tout ledit pays de Normandie et les pors de mer d'icellui, feussent laissez paisiblement descendre tous Anglois et Anglesches, de quelque estat qu'ilz feussent et en tel habit que bon leur sembleroit, tenans et advoans le parti dudit roy Henry d'Angleterre et de la royne sa femme, sans aucun sauf conduit avoir de lui, et de les laisser converser par tout son royaume. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 16). ...et la cause fut pource qu'il vouloit formellement tenir le party du roy Alphons de Napples encontre le roy (LA VIGNE, V.N., p.1495, 269). Tous lesquelz dessusditz nommez furent fort joyeulx d'avoir trouvé ledit conte, pour ce qu'[ils] [tenoient] le party du duc de Berry, et le servirent en son affaire. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 176). Feict aussi ledit grant maistre prandre et declaira confisquez au roy les biens de ceulx qui tenoient le party dudit conte d'Armignac et estoient rebelles et desobeïssans au roy et aux commandemens qu'il avoit fait faire. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 250).

 

-

Tenir parti contraire de qqn. "Être du camp adverse à qqn" : ...il a este parle oudit eschevinage des (...) habitans de Montdidier, Corbie, Roye et Doullens qui estoient venus a refuge en la dite ville damiens, a cause de ce que leurs villes avoient este demolies (...) de par le roy, pour ce quelles tenoient parti contraire du roy (Comptes Doullens W., 1475, 17).

 

.

Maintenir le parti de qqn : Semblablement, vous vous entretiendrez Avecques tous bons et loyaulx gendarmes Et, au surplus, le party maintiendrez, Ou que soyez, des gorgïases dames (LA VIGNE, S.M., 1496, 191).

B. -

P. méton.

 

1.

"Groupe de personnes liées par une cause commune, par des intérêts communs, camp" : ...car c'estoit la nacion de toute Ytalie qui depuis le sisme plus soustenoit en fais et dis le parti de l'antipape (Bouciquaut L., 1406-1409, 308). ...d'aucuns perilz et inconveniens qui pourroient avenir par le fait d'aucuns du parti d'Armaignac (FAUQ., I, 1417-1420, 374). Le seigneur d'Auras, qui portoit d'or a un lyon d'azur, a la bende d'argent, et crioit "Auras !" et plusieurs autres chevaliers et escuiers dudit parti et marches d'Acquitaine. (LA SALE, J.S., 1456, 193). Et soubz vostre saufconduit, monseigneur, je m'en aloye devers ceulx de nostre party pour querir ma renson. [Un Français fait prisonnier par un Anglais] (C.N.N., c.1456-1467, 56). Au temps de la guerre des deux partiz, les ungs nommez Bourgoignons, les aultres Ermignacs, advint a Troyes, en Champaigne, une assez gracieuse adventure (C.N.N., c.1456-1467, 449). Oudit moys d'octobre furent aucunes gens de guerre du parti dudit de Bourgongne devant la ville de Beauvais, pour sommer les prelat et populaire d'icelle de eulx rendre et mettre es mains dudit seigneur de Bourgongne, et ladicte place aussi. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 128). ...lesquelz [habitans des villes] (...) furent oyz par le roy et son conseil, et, sur ce qu'ilz vouldrent dire, à grande et meure deliberacion fut appoincté entre le roy et lesdiz Maximian et Flamens que la guerre qui lors estoit oudit pays surserroit jusques à ung an, pendant lequel yroient seurement de chascun des deux costez toutes personnes de l'un party en l'autre et que toute marchandise auroit son plein cours. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 75). Cestui fut moult honnoré du pappe Benedict en Advignon, devers lequel souvant il aloit pour ledict duc d'Orleans et tant que il inclina icelui pappe à estre et tenir le parti dudict duc d'Orleans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 148 r°). Maistre Germain de Tibouville, docteur en medicine, souverain astrologien, estant du parti du Dauphin en la compagnie de Barbazan. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 153 v°). Lors, aprés que le roy et son conseil eurent advisé leur cas, ilz firent venir les dictz ambassadeurs qui estoyent ceulx cy : premierement le conte Galiach, l'evesque de Come messire Francisque et plusieurs autres de leur party, qui conclurent plusieurs articles entre eulx, touchant principallement la paix et union des parties. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 308). Et luy dy que tu vas pour querre Les gens d'armes de ce party. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 134). Mons. le grant maistre, je me recommande à vous tant comme je puis. Pour ce que le bruit de mon habandonnement court tousjours de plus en plus et en suis chascun jour adverti tant d'un parti que d'autre, j'ay presentement, et depuis mes lettres à vous escriptes, envoyé devers le roy le seigneur de Moy, mon lieutenant, pour luy remonstrer mon cas, affin que son bon plaisir soit y donner provision. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 347). Et pour ce je vous faitz responce que si aucunes choses avés à me demander, que quant vostre plaisir sera de vous trouver en mon party et devant mon juge et que vous m'en accuserez que vous y respondré ainsi que en tel cas ung gentilhomme doit faire et en façon que, au plaisir de Dieu, mon honneur y sera bien gardé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 356).

 

-

En partic.

 

.

"Hommes appartenant au même camp lors d'un combat chevaleresque" : Et quant [les lances] furent mesurees et a chascun party livrees, le roy manda a Saintré qu'il saillist le premier, et ainsin fist il. (LA SALE, J.S., 1456, 114). Lors lui envoya le roy d'armes de la Jarretiere comis a juge pour leur parti, et avec lui quatre heraulz (LA SALE, J.S., 1456, 176).

 

.

"Personnes qui souhaitent la victoire d'un même champion" : Dont, en combatant Saintré contre messire Nicole, par meschief a Saintré sa haiche lui voula a terre. Et n'est pas a doubter se Madame et tout le parti furent espoentez. (LA SALE, J.S., 1456, 184).

 

2.

"Lieu où se tient tel ou tel camp, lieu" : Las, [m]oult grant bien pour luy seroit, Se Jhesus en feust adverty, Mais il n'est pas en ce party, Par quoy ne le peut venir voir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 486). Puisqu'il ne vient en ces partiz, Retournons devers noz seigneurs. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 545). Jhesus, or es tu party Et verty Hors de nostre compaignie. En quel lieu n'en quel party Es sorty ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 810). Mais le roy a entreprins guerre Contre eulx et contre leur armee Et a la journee termee Devant la cité de Coulongne A la my may ; c'est la besongne Qui m'amaine en ce party. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 137).

 

-

"Territoire affecté à chaque camp (en partic. lors d'un combat chevaleresque)" : Mais pour ce que vous, messeigneurs les François, par voz vaillances avez sans desmarchier tenue la bataille sur le parti et terrain de messeigneurs les Allemens, l'empereur veult, juge et ordonne que pour ce ilz se acquictent et vous paient les premiers (LA SALE, J.S., 1456, 268).

C. -

"Décision, résolution" : ...et diray du dueil que Madame maynne, et d'un aultre nouvel party. (LA SALE, J.S. E., 1456, 358).

 

-

Prendre tel parti : Si ne sorent autre parti prendre fors de retourner arriere devers le mareschal (Bouciquaut L., 1406-1409, 137). ...et la vous prenderez parti a vostre fait [éd. "et là vous prendrez les décisions que vous jugerez opportunes pour votre affaire"] (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 156). Du grant dueil de Madame et du parti que elle prinst. (LA SALE, J.S. E., 1456, 359).

 

-

Tenir un parti. "Se ranger à un avis" : JHESUS. (...) Et n'ayés pas mis en obly De vous transporter cy aprés En Gallilee (...) St ANDRY. En ce n'y aura point de faulte : Sire, nous tiendrons ce party. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 968).

III. -

"Partie, fragment, morceau" : Et puis, enfans, que farons nous De la grant robe que veez cy ? Que chascun 'n ara ung party, Riens ne vous approffitera [Réf. à Jean 19, 23-24] (Pass. Auv., 1477, 201).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 58/80 
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     PARTIBLE     
FEW VII partire
PARTIBLE, adj.
[T-L (renvoi) : partible ; GD : partible ; FEW VII, 688b : partire]

[D'une chose] "Qui peut être divisé, séparé" : Forces a aussi l'âme sensibles Et par les .V. sens partibles Qui a .I. commun sens quë ont Toutes cinq ramenees sont, Aussi com cinq dois a la main Qui en juge comme souvrain. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 235). Car mouvement et generacion ne sont pas dis de toutes choses, mais tant seulement de choses partibles qui sont faites partie aprés partie et non pas de choses qui sont faites tout ensemble soudainement (ORESME, E.A., c.1370, 506). Et donques se point est pesant, il est espés et se il est legier, il est cler et, par consequent, il est divisible et partible, car il a en equale quantité plus ou moins de parties de matiere. (ORESME, C.M., c.1377, 592).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 59/80 
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     PARTIE     
FEW VII 680, 681 partire
PARTIE, subst. fém.
[T-L : partie ; GD : partie ; GDC : partie ; DÉCT : partie ; FEW VII, 680, 681 : partire ; TLF : XII, 1060b : partie]

I. -

"Partage"

A. -

"Partage (de qqc.)"

 

1.

[d'un bien] : Car aussi en jugement contencieus, le juge corrumpu qui a jugié injustement un champ a la partie, il ne prent pas pour soy le champ, mais il prent argent. (ORESME, E.A., c.1370, 315).

 

-

Avoir en partie. "Avoir en partage" : [Je souhede] qu'on euïst en partie ses gres De che qui est pure necessités. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 210).

 

-

Eschoir en partie à qqn. "Échoir en partage à qqn" : ...Il avint qu'a un des plus riches Escheü Johan en partie, Qui de par la Virge Marie, Que Johan servoit humblement, Le traicta debonnairement Plus que les autres ne faisoit (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 12).

 

-

Faire partie (de qqc.). "Partager qqc. (pour un héritage)" : LA MÉRE ANTHURE. Belle fille, je te diray : Demain noz amis manderons, Et quant touz ensemble serons, Adonques ferons nous partie Pour toy et pour l'enfant. (Mir. st J. Cris., c.1344, 260). LA MÉRE ANTHURE. (...) Il fault que partie se face Des biens, dont il y a grant masse, Filz, pour vous deux. (Mir. st J. Cris., c.1344, 262).

 

-

P. ext. "Portion d'héritage, d'un bien, après partage" : Puis disoit a ses trois filles en plourant : Filles, veez vous la le pays ou vous fustes neez et ou vous eussiez eu vostre partie, ne feust la fausseté de vostre pere, qui vous et moy a mis en grant misere sans fin (ARRAS, c.1392-1393, 11). Pour ce ne prindrent point les prestres de la ligne de Levi partie en la terre de promission quant l'eritage fut departy aux lignees d'Israël, ains receurent de l'univers peuple lez dismes et offrendes. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 172). S'il a des biens plus qu'oncques a partir, Vous, ce lyon, (en) avrés la meilleur part. (...) Donc n'est-ce pas signe de despartie ; C'est don de Dieu d'avoir bonne partie. (Compl. lion G., c.1470, 302). Cayus Falcidius fut en ce temps, homme ayment la chose publicque, et ayma moult la science des estoilles, et pour ce qu'il congneut par les astres, les parens en son temps estre inclinez à faire plus grans legacions que la raison ne estoit, ordonna que nul ne fist testament, que la quarte partie ne fust reservée pour les heritiers. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 68 v°).

 

2.

[d'une activité]

 

-

Donner partie de qqc. à qqn. "Partager qqc. avec qqn, laisser participer qqn à (une activité)" : A homme appartiennent telx faiz [entre autres, la chasse aux grands animaux], Toutevoie ne di je mie Qu'il n'en puisse donner partie Aux dames et aux damoiselles (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 457).

 

3.

Au fig.

 

-

"Ce qui est donné en partage"

 

.

La partie de + inf. : Si li sembla que la partie D'estre ci .I. poi en mesaise Pour estre après touz temps a ese Valoit mieulx sans compareison Qu'avoir ses bons en une saison Pour estre après en la plenté De toutes doleurs tourmenté (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 84).

 

-

Avoir partie parmi telle catégorie de personnes. "Partager le destin de, appartenir à telle catégorie de personnes, avoir la même valeur que..." : Musart par folle baerie Ne fait ne ne dit courtoisie Et ne porte honneur a nulz homme. Es riches cuide avoir partie. Il cuide bien par sa folie Valoir l'apostoile de Romme. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 127).

B. -

[En amour] Sans partie

 

1.

"Sans partage, totalement" : Se vous suppli de cuer devost, Chiere dame, puis qu'elle vost Et vuet encor que sans partie Aiés mon cuer, mon corps, ma vie, Que vous ne la vueilliez desdire De ce qu'elle m'a volu dire. (MACH., R. Fort., c.1341, 135). Si que, dous amis, ne te doubte, Car tu ne dois pas estre en doubte Que je ne soie tienne toute Et sans partie, N'en moy n'a de traïson goute, Pour ce qu'elle est trop male gloute. (MACH., F. am., c.1361, 225). ...et li dirés Que je sui tous siens sans partie, Et qu'elle est ma mort et ma vie (MACH., Voir, 1364, 82).

 

2.

"Sans qu'il y ait réciprocité, sans être payé de retour" : Par Dieu, dist Bauduins, or voi tout clèrement, Que l'aimme sans partie ; mais je n'en puis noient. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 260). ...Et je voel que de par moi on li die Que jamais jour n'amera sans partie. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 151). Pour ce du cuer humblement lui supply Que mon amour ne soit point sans partie. Car tout suy sien et sanz point de demy (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 352). ...Mays, las, j'ay amé sans partie (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 363). ...elle n'avoit vouloir de l'aimer pour le present. Par quoy le dit galant aimoit sans partie (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 119). Fin de compte le roy Ignorin l'espousa et luy fut baillee par son pere et il la retint debonnairement, comme celle du monde que mieulx aymoit, mais ce fut sans partie car oncques la damoiselle ne l'ayma (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 52).

II. -

"Fragment d'un tout, d'un ensemble"

A. -

[Le tout ou l'ensemble est une réalité comptable]

 

1.

[Ensemble de personnes] : ...semblablement les premieres parties de maison ou d'ostel sont le mari et la femme. (ORESME, E.A.C., c.1370, 443). ...le duc de Glocestre, quoyque ce fut le plus joenne des filz du bon roy Edouart, si estoit-il le plus ancien ens es besoingnes qui touchoient au pays et là où la plus sainne partie des nobles, des prelats et des communaultez se rapportoient et retraioient. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 36). Selon l'advis que je ay, je vous dy tout premierement que je ne puis croire, et ja ne creray, que la greingneur partie des Londriens en amour et faveur ne s'enclinent devers le roy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 60). Et s'entenderez le parler Et de la dame et du seigneur Et de la partie greigneur De la mesnie. (Mir. fille roy, c.1379, 61). Et assez tost après qu'ilz orent souppé, se partirent ensamble jusques au nombre de XIJ compaignons, la plus grant partie desquelz estoyent bocherons, et demouroyent en icelle ville (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 319). ...que à iceulx chevaliers et escuïers par lui nommez, (...) [il] se asseure et affie en yceulx, pour ce que la plus grant et saine partie d'iceus sont, li uns son frère, les autres ses oncles, serourges, cousins germains (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 209). Beaulx amis, je donray demain congié a la plus grant partie de noz gens qui sont icy venuz a nostre feste, car il nous fauldra ordonner autre chose que vous verrez assez prouchainement. (ARRAS, c.1392-1393, 45). La fleur des crestiens vous vient a secours ; ce sont les deux damoisiaux de Lusignen, qui ont ja desconfit sur mer une partie des gens du soudant (ARRAS, c.1392-1393, 96). Et aviserent que il departiroient lor hoost en quatre parties, desquelles la premiere partie asaudroit dou matin jusques a prime, la seconde de prime jusques a midi, la tierce de miedi jusques a vespres, et la quarte des vespres jusques a la nuit (FROISS., Chron. D., p.1400, 661). ...et s'adreça une partie desdictes gens à l'ostel du Roy à Saint Pol, et là demourerent pour la garde du Roy (FAUQ., I, 1417-1420, 126). ...et encores estoient d'oppinion la plus grande partie des plus saiges du royaulme que ledit Jacques Cueur devoit perdre le corps et les biens. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 158).

 

-

Se diviser en deux parties : Et audit lieu de Villebon, ainsi comme à un point du jour, alerent tous cinq, et eulx estans audit lieu de Villebon se diviserent en deux parties, c'est assavoir : ledit escuïer, en sa compaignie ledit Guillot, et lui qui parle, et lesdiz Jehannin et Hennequin en un autre lieu, c'est assavoir entre la court et les jardins (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 405).

 

.

La plus partie (d'un ensemble d'animaux). "La plus grande partie..." : ...La brebis infecte ou pourrie Est pour guaster la plus partie Des aultres (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 107).

 

-

Tous ou en partie : ... le roy Charles ... s'en retourna en Bretaingne et mist jus et livra ung jour une grosse bataille contre ce roy Aquin ; et y furent mort et desconfis tous les sarrasins, ou en partie, qui là estoient et convint ce roy Acquin fuir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 10).

 

2.

[Ensemble de choses concrètes ou abstr.]

 

a)

[Choses quelconques] "Certaine quantité, portion...(de qqc.)" : Lesquelz biens ainsi par eulx prins ilz mirent partie en gaignes sur aucuns marchans lombars demourans en ladite ville d'Avignon. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 249). ...en laquelle eglise partie des offenses et malefices proposez par l'Université furent faiz (BAYE, I, 1400-1410, 112). Parties prinses par Perrin de Paroy, broudeur et garde des garnisons de ma dicte Dame, pour faire un autre Paveillon en guise de Chambre, à tendre sus le lit de ma dicte dame. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 29). Environ XV. jours fut le conte d'Estampes en la cité de Vennes et en la marche de Vennes delez le duc de Bretaigne qui luy monstroit très grant amour et grant compaignie, et luy monstra le bel et le plaisant chastiel de l'Ermine, qui siet assez prez de Vennes, lequel le duc avoit fait nouvellement edefier, machonner et ouvrer et y prendre une partie de ses delis. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 236). Dist oultre, et congnut, et print sur l'arme de lui, et la mort qu'il attendoit à avoir et souffrir presentement, que à toutes les larrecins cy-dessus desclairées et devisées, il a ycelles faites toutes, ou la plus grant partie d'icelles, de nuit, lui seul. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 34). Et afferma le contenu en icelle supplicacion estre vray et que partie des biens desclairés en ladite supplicacion il a trouvez en la possession de Jehan Le Flament, chauderonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 431). ...tous les ans, le derrenier jour d'aoust, venoit une grant main, et prenoit le pommel de la Tour Poictevine, et l'en esrachoit, si fort qu'il abatoit grant partie de la couverture de la tour, et coustoit, tous les ans, XX. ou XXX. livres a reffaire. (ARRAS, c.1392-1393, 296). Parlerent aussi de certaines lettres qu'ilz dient avoir esté escriptes de par le Prevost des Marchans et eschevins de la ville de Paris par tout ce royaume ou la plus grant partie (BAYE, II, 1411-1417, 120). ...en especial par celle partie de Seinne qui flut à Paris par dessoubz les petis pons (BAYE, I, 1400-1410, 213). Pareillement aussi cedit jour, chut partie des changes de dessus le Grant Pont et peu dudit pont (BAYE, I, 1400-1410, 214). Aussi prenez du fruit de pin, Mondifié, plaisant et fin, De fistiques et roisins secz, Purgiez des arilles et netz, De tous, par égale partie, Une juste dragme et demie. (LA HAYE, P. peste, 1426, 156). Tous lesquelz, pour ce que le roy leur failli de secours et qu'ilz veoient clerement leur destruction advenue, se rendirent audit de Charrolois, ensemble toutes leurs villes, avecques lequel ilz prindrent composition, et, pour ce faire et avoir, lui donnerent et baillerent grant somme d'or, et si orent une partie de leurs portes et murailles abatues. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 194). Dieu pere, souveraine vie, De bon cuer vous obeyrey. Une partie destruirey De ce temple. (Pass. Auv., 1477, 224). LE MARQUIS. Et je vous prometz Qu'il [saint Martin] a donné pour entremetz De son manteau, comme ung taquin, Une partie. (LA VIGNE, S.M., 1496, 198).

 

-

La ne partie de qqc. : Nulz ne pourroit la centisme partie Dire des biens dont Diex vous fist le don (Mir. st Ign., 1366, 117). ...et autant lui en dist ledit confesseur augustin des enfans de leur maison. Et, pour tous les appaiser, dist et respondi icellui defunct connestable à sesdiz confesseurs qu'il prioit à tous lesdiz quatre confesseurs que chascun d'eulx en prensist la quarte partie et que en leurs consciences la distribuassent là où ils verroient qu'il seroit bien employé. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 365).

 

-

Par (menues) parties. "En petites pièces" : ...et l'argent dudit relique vendi à pusieurs et par menues parties, ledit Jehannin d'Estain, la somme de XXIIIJ s., si comme il leur dist, lesquelx ilz departirent ensemble, comme compaignons font en tel cas l'un à l'autre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 92). Veez la partie de ce que je vous ay a dire ; reste a savoir (C.N.N., c.1456-1467, 224).

 

-

(Synon. de degré) : Tout cercle tant grant comme petit sont devisé en 360 parties et en 12 signes. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 73). Et entour le tous [de l'astrolabe] est atachié un cercle reont espés, nommé le "lymbe" qui comprent les tables, et est parti en 360 parties. (PÈLER. PRUSSE, Astrolabe L.F., 1362, 34).

 

-

"Un des deux éléments d'un vêtement mi-parti" : Pierre de la Courtneuve, drapier, pour 6 aunes de royé (...), pour faire la partie de 2 paire de robes pour Poupart et pour Robinet, son filz, varlet de chambre mons. le Dauphin (...) Robert Lescrivain, drapier, pour 5 aunes et demie de drap merlé sur le vert, à partir contre ledit royé (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 156).

 

-

"Élément d'un compte, article de compte" : Ce sont les parties que ma dame la contesse de Bar et dame de Cassel doit as Caoursins a Lesines. (Rég. jur. Belg. B., 1365,,, 356). Estienne Seguier (...) est aujourd'uy venu vers moy et, ainsi que je luy avoye ordonné, m'a baillié, par escript signé de sa main, ses parties qu'il dit qu'il a paiées à Jacques Cuer et que icelluy Cuer a reçeues pour luy en Languedoc et ailleurs, et aussi aucunes parties que il dit luy estre deues par le Roy (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 132).

 

.

"Part (d'une somme à payer)" : Parties paieés tant de voiages et messageries (...) pour les besongnes et affaires de mondit seigneur et pour le bien et proufit de ses païs et subgiez de Bourgoingne (Ecorch. Ch. VII, T., 1444-1445, 48).

 

-

"Part (d'une tâche) qui incombe à qqn"

 

.

Faire partie de qqc. "Accomplir sa part (d'une tâche)" : ...il avoit et a acoustumé d'aler souvant [à l'ostel de Michel le Moyne], tant pour boire, pour ce qu'il vent vin à taverne, comme pour ce qu'il fait partie de ses vingnes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 17). ...contre lequel prisonnier les gens dudit escuïer avoient souspeçon, tant pour ce qu'il ne frequentoit mès les ateliers et compaignons charpentiers qui faisoient partie des euvres encommencées audit Villebon, comme pour ce qu'il ne ouvroit mais comme pou ou neant dudit mestier de charpenterie (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 402).

 

-

[À propos d'une femme qui accouche] Faire deux parties de son corps : ...je doubt bien que deux parties De mon corps faire ne me faille. Ha ! Diex, vraiement je travaille D'enfant (Mir. roy Thierry, c.1374, 259).

 

-

Par parties. "Par morceaux, par fragments" : ...et que les glaces se fussent dissolues par parties et glaçons (BAYE, I, 1400-1410, 216).

 

b)

En partic.

 

-

"Chacune des subdivisions d'une oeuvre, d'un récit..." : ...ce livre contient deux parties, l'une est apelee proheme ou prologue et la seconde est apellee execution ou traictié (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 377). En ceste partie nous dit l'ystoire que, quant Remondin vint a l'encontre du senglier pour destourner qu'il ne venist sur son seigneur, que alors que le sengler l'apperceut, il se destourna de sa voie et vint vers le conte grant aleure. (ARRAS, c.1392-1393, 21). Item, la .IIe. partie parle du chastel de Fortune, ou et comment il est situé, les estages qui y sont, et quieulx gens y sont logiez. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 3). ...la seconde partie du livre appellé la Mutacion de Fortune. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 57). Et mesmes sur ton ame tu trouueras encores plus grant latitude et plus diuerses choses desquelles tu aras en partie congnoissance par ce qui a este [esté] dit en la premiere partie. (CIB., p.1451, 186).

 

-

"Branche (d'une science)" : Cestui Ayot traicta sur toutes les parties de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 r°). Cestui Wuellius composa livres sur toutes les huit parties de astrologie, excepté sur la theorique (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 33 r°). Cestui fut le plus renommé sçavoir de la science des estoilles que nul vivant sur terre, et a bien monstré sa profundité ès livres qu'il en a composez sur les quatre principalles parties, c'est assavoir sur les nativitez, revolucions, ellections et interrogacions (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 81 v°). Cestui fut souverain clerc et escripvit en astrologie Liber de secretis occulte nature et ung autre De judiciis et aussi en traicte en sa Somme contra gentilles, en plusieurs lieux, où il confesse plainement la partie judicative. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 126 v°).

 

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Partie d'oraison. "Catégorie grammaticale" : Quant parties d'oreison sont ? Huit. Lesquelz huit ? Ly nom, ly pronom, ly verbe, ly adverbe, ly participe, ly conjunction, ly preposition et ly interjection. (Donat S S., a.1436, 126).

 

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Les parties du monde. "Les éléments" : Et lors aura monstré le feu comme par la puissance de son seigneur [Dieu] aura surmonté toutes les parties du monde. Si sera la mer de la substance seiche et l'air changé en tonnerre et ecler et vapeurs merveilleuses... (Abuzé D., c.1450-1470, 22).

 

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GÉOM. "Portion" : Aultres figures sont lesquelles sont d'ung costé en maniere de reond et de l'aultre sont droictes, ainsi comme est ung quartier ou aultre partie d'une figure circulaire. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 129).

 

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"Segment de droite" : Je veulx diviser la ligne .a.b. en 6 parties egales. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 389).

 

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ALG. [Dans une équation] "Membre" : En la rigle des premiers sont tousiours requises deux parties dont lune [l. l'une] est egale ou semblant a laultre [l. l'aultre] non pas de egale quantité mais de egale qualité ou aultrement de semblable raison et dune [l. d'une] mesme intencion (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 743).

 

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ARITHM.

 

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"Fraction, partie" : Plus 5/7 quelle partie cest [l. c'est] de 20/21 (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 616).

 

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Partie aliquote. "Facteur" : Les parties aliquotes de .6. sont .1.2.3. qui joinctes ensemble font .6.. Les parties aliquotes de .28. sont .1.2.4.7.14. qui assemblees font .28. (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 619).

 

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Loc. adv. La plus partie (d'une durée). "Durant la plus grande partie (de qqc.)" : Item, au chevallier du guet Je donne deux beaux petiz paiges, Philebert et le groz Marcquet [deux vieux sergents royaux], Lesquelz servy, dont sont plus saiges, La plus partie de leurs aages, Ont le prevost des mareschaulx. Helas ! s'ilz sont cassez de gaiges, Aler les fauldra tous deschaulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 139).

 

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Par fois et par parties. "À plusieurs reprises" : Si lui fu par le dit duc de Bourgongne et sa compaignie par fois et par parties porté maint dommage (Bouciquaut L., 1406-1409, 23).

 

c)

THÉOL. [À propos de n'importe quelle chose créée] "Élément d'une composition (p. oppos. à Dieu qui est unité)" : Ainsy m'a respondu toute chose sensible et corporelle. Toutes m'ont affermé que elles ne sont pas dignes de estre appellees Dieu, car elles ont pluseurs imperfections : elles ont en soy parties grandes et petites, et sont muables ; et si convient que Dieu soit tout parfait et immuable et sans partie[s]. Pourquoy sans partie[s] ? Car le tout est plus perfait que n'est sa partie, et par ainsy aucune chose seroit Dieu qui n'auroit mie toute [toute] perfection : c'est a scavoir telle partie ne seroit mie si perfaicte comme son tout. (GERS., Trin., 1402, 156). [L'Âme parlant à Raison :] "...Reviens avec moy et me regarde moy, qui suis chose espirituelle et sans partie[s], se d'aventure tu en oïras aucunes nouvelles." "Mon Ame, je l'ay desja ainsy fait. J'ay regardé et advisé du tout en tout quelle tu es, comme grande est ta memoire, clere ton intelligence, franche ta voulenté, ton essence immortelle, ta vie espirituelle ; neantmoins tu n'es pas Dieu, ne parties de Dieu, selon la mensonge des manichiens..." (GERS., Trin., 1402, 156-157).

 

3.

P. ext. JEUX

 

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"Ensemble de coups qu'il faut jouer pour désigner un vainqueur suivant le nombre de points obtenus" : Et lui venu au jeu, se feust mis en partie pour traire et jouer dudit esbatement et mis un double audit jeu (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 277).

 

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Une partie en tel jeu : Une partie en jeu de paulme Vis par songe la nuyt passee, Qui fut bien jouee, c'estoit baulme. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 43).

 

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Perdre sa partie : Veez la trois as [aux dés] ! J'en ay ja perdu ma partie ! (Pass. Auv., 1477, 201).

 

Rem. Premières attest. de ce sens (1611 COTGR. ds FEW VII, 681a, s.v. partire ; 1589 ds TLF).

 

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Savoir sa partie. "Savoir jouer" : Des tables et des des [l. dés] savoit bien sa partie, Et du jiu des esquiés savoit il le maistrie. (Bât. Bouillon C., c.1350, 130).

B. -

[Le tout ou l'ensemble est une réalité non-comptable] : Diex, en tes mains Au jour d'uy m'ame reconmans. (...) Fais que de ta gloire ait partie Es cieulx sanz fin. (Mir. st Guill., c.1347, 51). ...en voit bien avenir Partie de ce que l'en songe, Combien que l'autre soit mençonge (Mir. ev. N.D., c.1348, 66). Or s'avisa le duc que, pour savoir une partie de la voulenté de ceulx de Londres, il envoieroit messire Nicolas Braube ... ou chastel de Londres, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 63). Et fut le duc troix jours à Ortais, et y ot des biaulx disners et des grans souppers, et monstra le conte de Foix au duc de Bourbon une partie de son estat (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 127). Desquieulx treize frans, il qui parle, environ IIJ ou IIIJ jours après ce que dit est, acheta certain bestail par lui nagueires vendu, et duquel, ou partie d'icellui, ledit Cristot lui doit encores de reste environ XXVJ frans. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 564). ...une mittre d'or, semée de perles, garnie de pierrerie, en laquelle fault en la partie de derriere cinq pierres et en la partie de devant trois (FAUQ., II, 1421-1430, 116). Prenez de faufel [l. fanfel], c'est à dire De poivre noir, selon maint Mire, De rouge et blanc sandal louable, De chascun partie semblable (LA HAYE, P. peste, 1426, 151). Hier [vous] victes une partie De notre ystoire, et de quel vie Et estat estoit sainct Bernard (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 85). Aprés plusieurs parolles me rendirent partie de mon argent. (COMM., Lettres B., c.1476-1511, 162).

 

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La ne partie de qqc. : Et si grant dueil [Remondin] va demenant qu'il n'est corps de creature qui vous sceust dire la dixiesme partie de sa doulour. (ARRAS, c.1392-1393, 23). ...les dolens mariz en furent si joyeux qu'on ne vous saroit dire n'escripre la dixiesme partie de leur lyesse. (C.N.N., c.1456-1467, 406).

 

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"Partie d'une durée" : ...et, oultre ce, veue la personne dudit prisonnier qui est vacabond et oiseux, et lequel, par la confession d'icellui prisonnier, et aussi de ladite Marion, s'est, partie du temps dessus dit, vesqu et gouverné de la gaigne d'icelle Marion (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 383). ...mais la plus grant partie du temps ilz ouvrerent de leurdit mestier d'orfaverie. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 482). Sachiez que j'ay pery mon chemin la plus grant partie du jour jusques a maintenant. (ARRAS, c.1392-1393, 25). En oultre, j'ay esté par aucun temps en la case nostre en repos durant une partie de la brumal froidure. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 117).

 

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"Chacune des trois espèces de puissance de l'âme qui sont la végétative, la sensitive et la rationnelle ou intellective" : Or es conjoint a corps humain pour gouverner la partie vegetative despotiquement et l'appetit sensitif par seigneurie royal et politique. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 24). Tourne toy apres a mediter les puissances de lame [l'ame], tant en la partie vegetatiue que en la sensitiue que aussi en lintellectiue, et pense quelle diuersite [l. diuersité] il y a de vertus et comment ton ame a diuerses puissances en diuerses operacions. (CIB., p.1451, 186).

 

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[Ici, par rapport au sensitif, désigne la raison] La souveraine partie : Dont le sensitif [puisque Mémoire a repris toutes les facultés intellectuelles] s'esveilla Et esvertua Fantasie, Qui les organes resveilla Et tint la souveraine partie En suspens et comme mortie Par oppressïon d'oubliance, Qui en moy s'estoit espartie Pour monstrer de Sens la lïance. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 29).

 

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"Chacune des vertus ou tendances fondamentales de l'âme" : En l'ame selon qu'elle est concupiscible, c'est a dire convoiteuse, appetissante, desireuse, est comme bonité. En la partie de l'ame qui s'appelle irascible est comme pitié ou piteux. La partie irascible est en maniere dicte, car par icelle, l'homme courrouchié par bonne jalousie enflammee d'une fervente amour d'aucune chose juste, honneste, grande, prouffitable et salutaire se expose pour l'apprehender en pugnissant et en deboutant ce qui est injuste (Somme abr., c.1477-1481, 138). Item quant l'homme peche, il erre aucunement infinitement sans fin selon les parties de lui qui est raisonnable, irascible et concupiscible. (Somme abr., c.1477-1481, 176).

 

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Dire quelque partie de qqc. "Dire quelques mots de qqc." : ...Chascun de les veoir se resjoye Et print plaisir a escoutter Ce qu'ilz voulurent racompter Depuis leur dure departie, Dont avons dict quelque partie Sans longuement y arrester. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 216).

 

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Loc. adv.

 

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En partie. "Partiellement" : Je congnois ore en partie et par semblance et aussi conme en mireoir, mais lors congnoistrai je aussi que je sui congneuz. (Mir. st Guill., c.1347, 4). NOSTRE DAME. (...) Je le te voulray desservir, Ains que de toy soie partie, Non pas du tout, mais en partie. (Mir. ev. N.D., c.1348, 79). Et donques le mouvement qui seroit selonc quelconque autre ligne droite ou en travers ou en biés ne seroit pas symple, mais seroit composé de circulaire en tant comme aucunement et en partie il est environ le centre du monde, et seroit composé de mouvement droit en tant comme il est aucunement en approchant ou esloingnant du centre si comme le mouvement qui seroit selonc la ligne .cd. (ORESME, C.M., c.1377, 60). Remondin, qui avoit alumé le feu, et qui bien avoit ouy ce que ly conte Aymery avoit dit, en partie, lui dist : Monseigneur, le feu est esprins, venez vous chauffer. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Et ce que je diray est en partie pour vostre prouffit et honneur, car roy qui est acompaigniez de traicteur n'est mie bien logiez, ne ne doit pas estre trop asseur. (ARRAS, c.1392-1393, 56). ...et supposé que subtraction ne ly [au pape] seroit faicte en tout, toutevoie, attendu son gouvernement, lui doit estre faicte subtraction en partie (BAYE, I, 1400-1410, 172). La desconfiture de ce cappitaine fut en partie pour la barrière qu'il avoit faicte devant luy (BUEIL, II, 1461-1466, 249).

 

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En tout ou en partie. "Plus ou moins complètement" : Avecques luy fist venir sa partye, Qui de Ferrare fille du duc estoit ; De fin drap d'or en tout ou en partie De jour en jour voluntiers se vestoit : Chaynes, coliers, affiquetz, pierrerie Ainsi qu'on dit en ung commun proverbe, Tant en avoit que c'estoit deablerie : Brief, mieulx valloit le lÿen que la gerbe ! (LA VIGNE, V.N., p.1495, 175).

 

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Partie..., partie. "Pour une partie..., pour l'autre partie, en partie..., en partie, moitié..., moitié" : Je respon que, par aventure, l'en pourroit dire que le mouvement de cest tantet d'air, ou cas dessus mis, en descendant est naturel jusques a tant que cest air soit endroit la region ou est le lieu naturel de cest element, et apres cest air descent encor en bas par violence parce que le feu qui est plus legier le foule et le met dessous soy. Et ainsi ceste descendue est partie naturele et partie violente. (ORESME, C.M., c.1377, 70). Et quartement : de ce que la terre est ronde comme dit est, il s'ensuit que se un honme povoit aler d'une cité a autre sans monter et sans avaler, l'en peut ymaginer une autre voie plus brieve qui est partie en devalant et partie en montant. Car la voie qui est sans monter et sans avaler est aussi comme un arc, et la voie droite qui seroit comme la corde est plus basse et plus pres du centre ou milieu que es bouz. (ORESME, C.M., c.1377, 576). ...et ainsi partie par cremeur, partie par raison et honneur qui le conseilloit, il lui rendy et mist entre mains tout, excepté deux places (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 226). Et lui pleut [au duc de Bourgogne], partie de sa bonté, partie aussi par le devoir en quel l'aultre se presentoit et se mettoit devers ly, le rappeller et le recepvoir en sa bienveullance comme son bon parent et subgect (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 212).

 

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Partie après partie. "Peu à peu" : L'en doit savoir que delectacion est un repos de l'ame en la chose qui lui est conveniente, et delectacion puet croistre de moins en plus, partie aprés partie par succession de temps, et dure ou demeure par temps continuel, et est conservee ou gardee par la chose delitable ou par autre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 506).

 

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Partie après autre/par partie à autre. "Peu à peu" : Et doit souffire quant a cest propos supposer que tout mouvement ne puet estre fait ensemble, mais est fait successivement partie aprés autre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 505).

 

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Pour la plus grande partie : Les autres choses sont ou aviennent pour la plus grant partie, et de telles sont aucunes sciences natureles et celles de moralité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 106). Donques l'en doit espargnier les biens des quiex l'en a a faire par neccessité, et leur ajouster aucune chose pour les acroistre a fin que par partie a autre l'en ne deschiee du tout. (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 233).

 

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D'une partie et d'autre. "D'une part et d'autre, d'un côté et d'autre" : Si se combati on d'unne partie et d'autre tres asprement a venture non certaine (BERS., I, 9, c.1354-1359, 38.8, 70). Pour ce que je voy tant de raisons d'une partie et d'autre que tout un jour ne me souffiroit mie a escripvre, toutteffoys neantmains je diray mon oppinion en brievves parollez (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 534). Et quant ilz eurent tous allegué leurs raisons d'une partie et d'autre ilz furent comme obstinés (JUV. URS., Loquar, 1440, 341).

C. -

[Le tout et/ou les parties sont un espace, ou se définissent par des termes relatifs à l'espace]

 

1.

Les quatre parties du monde. "Les quatre points cardinaux" : Le 16e chappitre pour congnoistre les 4 parties du monde, c'est assavoir orient, occident, midi et septentrion. (...) ordonnez doncques l'alidade de l'astralabe a 20 degrez pres de l'armille vers orient, et puis couchez l'astralabe tout equidistant a l'orizon et le tournez tant que l'ombre de l'armille chié tout droit sur son costé de l'alidade, et adoncques vous avez les 4 parties du monde par la croysée qui est au dos de l'astralabe (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 119). Il faut envoyer de nous gens Es quatres parties du monde, Et que tous crestïens a grant honte Soient pris et bien lïés, Et qu'il soient presentés Par devant nous. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 68).

 

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Parties du ciel : ...car, selon les diverses parties du ciel, sont changées les faces des hommes, les coulleurs et les diversitez des courages. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 1 v°).

 

2.

"Portion quelconque d'un espace, d'un territoire" : ...la plus grant partie du pays de Guerrande estoit a lui [à Remondin]. (ARRAS, c.1392-1393, 67). Par foy, ces enfans sont bien tailliez de conquerre encores une grant partie du monde. (ARRAS, c.1392-1393, 156). Et quant ainsi, par leur effors, Orent conquise grant partie D'Eüroppe (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 10). Enviz entreprendriez les conquestes de voz predecesseurs qui sommistrent grant partie de Grece en leur subjection laquelle de leur nom s'appelle encores Gallogrecie et conquisrent Romme jusques au Capitole (CHART., Q. inv., 1422, 19).

 

-

La plus partie de. "La plus grande partie de" : ...car par sa faveur la plus partie du païs de France, Normandie, Brie, Champagne et les environs furent par eulx despeuplés, églises brulées et du tout destruites, innumérables hommes mors desconfès, femmes et filles violées, et gens inhumainement et cruellement tourmentés. (RAOULET, Chron. Ch. VII, V., c.1461-1467, 167).

 

3.

"Lieu, endroit, région"

 

a)

[Dans l'espace géographique] : ...le duc de Jullers et messire Edouart de Guerles (...) veirent que le duc de Braibant avoit celle haulte seignourie que de estre sire et regard souverain de par l'empereur de la Langue-Frise (...) qui est une partie ens leurs terres. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 160). Et dit, sur ce requis, qu'il ne lui escripvoit autre chose dont il soit record, ne aussi en quel partie du royaume il descendroit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 196). Nous avons oy raconter a noz anciens que en pluseurs parties sont apparues a pluseurs, tres famillierement, choses lesquelles aucuns appelloient luitons, aucuns autres les faes, aucuns autres les bonnes dames, qui vont de nuit. (ARRAS, c.1392-1393, 3). Mais or me dictes en quel partie vous voulez aler, pour y pourveoir de ce qu'il vous fauldra. Lors respondy Uriiens : Ma dame, nous avons ouy dire que le roy de Chippre est assegiez du soudant de Damas en la cité de Famagosse, et la avons nous intencion de aler pour lui secourir des faulx Sarrasins. (ARRAS, c.1392-1393, 83). Tout le païs de Gaule est divisé en trois parties, desquelles les Belges en habitent l'unne, les Aquitaniens l'autre... (GAGUIN, Comment. César, 1485. In : Chrestom. R., 250). En quel partie L'a il mis [le corps de Jésus] et de quel licence ? (Pass. Auv., 1477, 266).

 

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Au plur. "Pays, région, province" : Messire Bertaut Jobelin, commis et député de par le roy nostre seigneur es parties de Costentin pour acheter vivres et garnisons pour la neccessité du Chastel Cornet, sur le fait de l'imposition de 20 s. pour tonnel et sur le fait de l'arriereban, pour ses despenz et des genz de sa compagnie (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341-1342, 58). Au Bidaut, par mandement de Monseigneur signé de sa main, donné XIIIIe jour de juin, pour aler es parties de France pour les besoignes de mon dit seigneur (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 376). Syconie et Argos estoient .II. citez es parties de Grece. (ORESME, E.A.C., c.1370, 216). ...ralons men sanz attente En mon palays, dont nous partismes Quant en ces parties venismes Pour les des Sarrasins deffendre (Mir. roy Thierry, c.1374, 325). OSANNE. Mon treschier seigneur, s'il vous plaist, Ne vous puis longues tenir plait ; Plaise vous un po espartir A vous de ci endroit partir Et aler en autres parties... (Mir. roy Thierry, c.1374, 259). Messire Jehan de Blois (...) avoit tousjours esté nourris ens es parties de Hollandes et de Zellandes, car il y tenoit bel hiretaige (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 154). Premier, un nommé Hange, qui fu pallefrainier de madame de Saint-Pol, et va en estat de varlet pour espier et savoir l'estat, comme dit est, ès parties de la conté de Retelle et de Champaingne (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 384). En ceste partie dit l'ystoire que ens es parties de Allemaigne, entre l'Ostheriche et Ardeine, avoit en ce temps une moult noble terre nommee la terre de la conté de Lucembourc, qui ores est appellee duchié. (ARRAS, c.1392-1393, 146). Ce jour, la Court a donné congié à me Nycholas Maignien d'aler es parties de Breteigne jusques à la S. Martin (BAYE, I, 1400-1410, 71). ...Gautier de Blandecque, huissier ceans et commiz à recevoir XL mil frans octroiez au Roy par les marchans frequentans la marchandie de sel es parties de Languedoil sur icelle marchandie (BAYE, I, 1400-1410, 251). ...ainsi qu'ilz aloient vers les parties d'Ailli, eussent rencontré le herault Paluel, renommé de reciter et administrer vivres a nosdiz adverseres (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1433, 249). ...se peut (...) ce present livre intituler de Cent Nouvelles nouvelles, jasoit que advenues soient es parties de France, d'Alemaigne, d'Angleterre, de Haynau, de Brabant et aultres lieux (C.N.N., c.1456-1467, 22). ...en l'estat que vous me voiez icy m'a il laissée et abandonnée pour mener a marchandise es parties d'Alixandrie (C.N.N., c.1456-1467, 573). Cycrops, premier roy de Athenes, fut aussi environ ce temps moult expert en la science des estoilles et, pour l'onneur de Jupiter, immola premier en icelles parties ung beuf. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 r°). Predist aussi par icelle conjunction les grans pluyes et augmetacions de fleuves ès parties occidentalles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°). En ce temps les François des parties de Sens prinrent Romme jusques au Capitol. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 55 r°). Severe, XXIe empereur de Romme, homme cler et à memorer, fut en ce temps grant astrologien et philozophe naturel et, comme recite Mamerus son astrologien, au moïen de la science des estoilles fist de moult belles conquestes et en diverses parties. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 81 r°).

 

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D'autre partie. "En un autre endroit, ailleurs" : Richars li Restorés estoit d'autre partie, Ou il se combatoit a le gent paienie. (Bât. Bouillon C., c.1350, 30). Et le roy d'Ausaiz et le duc Oste de Baviere se logierent avec leur baronnie environ les tentes des dames, et Anthoine et Regnault, d'autre partie. (ARRAS, c.1392-1393, 191).

 

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Estre en sa partie. "Être dans son pays, chez soi" : Il ne fault plus riens qu'argent Pour avancer tost mon passage (...) Car se je suis en ma partie Et oultre la mer franchement, Dieu mercy, point ne me soussie Que n'aye des biens largement. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 148).

 

b)

"Endroit (du corps)" : La partie dollent pourra atraire les superfluitez des humeurs, et ainsi causer apostume es corps qui sont en convalescence. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 75). Et atant se partirent de ladite taverne, c'est assavoir ledit Bruyeres le premier, lequel Bruïeres, d'un coustel qu'il avoit sur lui, feri et navra icellui sergent, ne scet en quelle partie de son corps, parce qu'il estoit nuit, comme dit est. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 181). Et aprés grant foiblesse, longue jeusne, apre douleur et estonnement de mon cerveil, que dame Melencolie tormentoit entre ses dures mains, senti ouvrir, crouller et remouvoir la partie qui au meillieu de la teste siet en la region de l'ymaginative, que aucuns appellent fantasie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 5).

 

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Les parties d'en bas. "Les parties génitales" : ...parties d'en bas c'est es parties honteuses (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 316). ...en ce disant, vint soudainement audit suppliant en le prenant par ses genitoires par telle maniere qu'il cheut à terre et elle sur lui ; lequel suppliant soy sentant ainsi tenu par les parties d'embas commença moult fort à crier (Paris domin. angl. L., 1431, 328).

 

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Les basses parties : Le vin engendre le sanc tres pur et purifie le sanc trouble, et euvre la bouche des vaines et tresperce tout pour nettoier les basses parties par sa soubtillité (CORBECHON, Propr. choses H., 1372, 60).

 

.

Les parties honteuses : ...parties d'en bas c'est es parties honteuses (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 316).

 

c)

En partic. ASTR. "Point virtuel ayant une signification particulière, calculé en ajoutant à la longitude d'un point important de la carte du ciel (par exemple l'ascendant) l'écart angulaire séparant deux planètes ou deux autres points" ( (Éd.)) (synon. part) : Partie est la distance d'entre 2 significateurs qui de leur nature senefient aucune chose, laquelle distance doit estre comptee de aucune place en la figure, laquelle senefie aussi la chose par nature ; et en quel lieu le compte devendra est la partie (PELERIN, Traité des elections, 1361, I, ms. Oxford, St John's College 164, f° 59 v°). ...entre autres, il fist sur la part future et sur les autres parties qui se gectent par les maisons et dist que c'estoit la part qui signiffioit choses secretes et abscondites et par laquelle se precongnoissoient les choses advenir (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 v°).

 

Rem. Cf. FUR. 1690, s.v. partie : «la partie de fortune est l'horoscope lunaire, c'est à dire le point d'où sort la Lune, en même temps que le Soleil est au point ascendant de l'Orient. On prétend que le Soleil à l'ascendant donne la vie, et la Lune dispose l'humide radical, et est une cause de la fortune» ; FEW VII, 680b : «Fur 1690 - Trév 1771».

 

4.

"Côté ; direction"

 

a)

Au propre : Et semblablement .VI. autres pyramides mis desouz et encontre ces .VI. desouz ceste superfice exagone ne rëempliroient pas toute l'espace corporele qui est pres de ce point de l'autre partie. (ORESME, C.M., c.1377, 648).

 

-

Dextre/senestre partie

 

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À la dextre/senestre partie (de qqn). "À la droite/à la gauche (de qqn)" : Donques alés tout entour [du lièvre qui se cache], en le tenant a la senestre partie, vostre arc tendu (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 138). ...elle est (...) Sanz fin assise a la destre partie Dieu (Mir. st Sev., 1362, 238).

 

-

La dextre partie du corps : ...la seconde fut d'une cicatrice à cause de la plaie qu'il eut à la rencontre de Montlehery en la gorge, en la partie dextre (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 41).

 

.

[À propos d'un membre du corps hum.] Partie domestique/partie silvestre. "Côté interne/côté externe" : ...et pour ce [la veine baselique] est saignié es passions pectorales, et du foie, et es aultres semblable, et en pleuresie, et commence es asselles tirant vers la partie domestique du bras. (Rég. santé corps C., 1480, 167). Et la vaine sciatique attire par especial des hanches, et des rains, et des membres situés vers la partie silvestre. La sophene de la matrice est des parties environ situees vers la partie domestique, jaçoice qu'il soient branchés d'une mesme vaine au milieu du front, c'est une vaine laquelle vaine on saigne es passions antiques de la teste et de la face, comme en morphee, et en serpignir et es passions des yeulx. (Rég. santé corps C., 1480, 168-169).

 

-

[À propos d'un instrument] Espee tranchante de deux parties. "Épée à double tranchant" : Son trosne estoit feu ardant et de sa face yssoit ung fleuve de feu roide et violent, et de sa bouche ysoit une espee trenchant de deux parties. (Horloge de sapience S., c.1389, 95).

 

-

[Circonstant sans prép.]

 

.

Aller/traire telle partie. "Aller dans telle direction" : Et la partie que vous verrés que il trera, si le parsuiez (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 94). ...il ne vous fault fors Mander leur quel chemin tenront Et quelle partie il yront (Mir. Oton, c.1370, 365).

 

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Autre partie. "Ailleurs" : SECOND COMPAIGNON. (...) Eschevons le [le fol], si ferons sens. (...) Alons jouer touz deux ensemble Autre partie. PREMIER COMPAIGNON. De li me plaist la departie ; Vous dites bien. (Mir. parr., 1356, 29).

 

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Ceste partie. "De ce côté-ci, par ici" : Bien viengne tu ceste partie, Gentil messager ; comment va ? (Myst. st Laur. S.W., 1499, 137).

 

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D'une partie et d'autre. "D'un côté et de l'autre" : Là ot, je vous dy, forte jouste et rade et pluseurs abattus sus le sablon, d'une partie et d'aultre, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 95).

 

-

Par les quatre parties d'un espace. "Dans les quatre directions d'un espace" : Et la doit tuer un cheval ou un buef ou autre beste grosse et prendre les quatre membres, cuisses et espaules et les porter et non pas trayner es grans forestz par les quatre parties du buisson. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 236).

 

b)

Au fig. "Côté, point de vue"

 

-

(Chacun) à/de sa partie. "(Chacun) de son côté, pour sa part" : LE PÉRE. (...) Venez ent jusques en maison : Vous le verrez. MAISTRE MORIN. Alons, ja desdit n'en serez De ma partie. (Mir. st Panth., 1364, 312). C'est le miex, et je m'i assens De ma partie. (Mir. st Val., c.1367, 137). "Je conselle de ma partie que ceste besongne soit mise en sousfrance tant que li rois nostres sires ait soufissans honmes de son roiaulme envoiiet par de dela la mer pour parler au conte de Hainnau..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 233). ...par longue espace vous n'avez eu rapport ne nouvelle, chacun de sa partie, que par la relacion de voz yeulx [Adresse à deux amants séparés] (C.N.N., c.1456-1467, 165). ...il ne restoit que temps et lieu pour dire et faire, chascun a sa partie, la chose au monde que plus luy pourroit plaire. (C.N.N., c.1456-1467, 192).

 

-

D'autre partie. "D'un autre côté, d'autre part" : D'autre partie, l'estude de tous livres engenre et embat, ou acroist es cuers de ceuls qui y entendent, affeccion et amour au bien publique, qui est la meilleur qui puisse estre en prince et en ses conseilliers, aprés l'amour de Dieu. (ORESME, E.A., c.1370, 99).

 

-

De ma/ta partie. "Pour ma/ta part, quant à moi/toi" : Mes chieres seurs, or regardez la grant griefté et misere ou nostre pere a mis nous et nostre mere, qui eussiemes esté en si grant aise et en si grant honnour. Or n'en est il bon a faire ? Quant a moy, de ma partie, je m'en pense a vengier, car aussi pou de soulaz qu'il a empetré a nostre mere par sa faulseté, je lui pense a faire. (ARRAS, c.1392-1393, 11). De la corde luy fault donner Deux tours, Janus, de ta partie. (Pass. Auv., 1477, 208).

 

-

Quant de ma partie. "Selon mon point de vue" : Lors assaillie Suis de Penser qui m'a baillie Sa doulce ymage et entaillie En ma pensee travaillie Et que tollir Ne l'en puet nul, në abolir, Oster, effacer, ne polir Sans corps et vouloir demollir, Car departie N'en sera, quant de ma partie, Tant que l'ame soit hors partie. (CHART., L. Dames, 1416, 246).

 

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Tant que pour ma partie. "En ce qui me concerne" : Cascune flours a par lui son merite, Mais je vous di, tant que pour ma partie, Sur toutes flours j'aimme la margerite. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 80).

 

-

"Choix" : Et pour ce que l'appellacion et nominacion est faite selon le plus et c'est la mauvaise partie, selon ce est reprouvé justement celui qui est communelment appellé phylautos, c'est a dire soy amant ou amy de soy. (ORESME, E.A., c.1370, 478).

 

-

Faire fait et partie de qqc. "Être d'avis en faveur de qqc." : ...li pais et roiaulmes d'Engleterre faisoit fait et partie dou calenge et dou proceder avant (FROISS., Chron. D., p.1400, 216).

III. -

[À propos de personnes, de groupes de personnes engagés dans des rapports d'affinité ou d'antagonisme]

A. -

DR.

 

1.

"Chacune des personnes qui est engagée dans un procès soit comme demandeur, soit comme défenseur" : Veues lesqueles accusacions, confessions et denegacions faites par une chascune des parties cy-dessus escriptes, comme il est escript, ce que en la presence d'icelles parties Henry Cousin prisonnier oudit Chastellet (...) a congneu et confessé par serement [ceci] (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 512). Chascun est attrait par sa vo[lup]té c'est a dire par son plaisir. J'ay doncques trop dure partie, trop puissant advocat encontre moy, qui a [tellement desja] plaidoyé sa cause que presques tout le monde le croit. (GERS., Déf., 1400, 222). Une partie, comme vous scavez, ne doit mie estre t[ost] creue ou receue sans ouyr l'autre : Audi partem etc... Je vueil soustenir la contraire partie de [Plaisir mondain et prouveray que maudis sont ceulz qui l'ensuivent]. (GERS., Déf., 1400, 222). ...et ce qui pour le debat des parties estoit en le main du Roy comme souveraine sera remis en main de partie, et les dis conte, maire et jurés, chascun pour sa portion, avons condempné es despens de dis religieus par le dit jugement pour ce encourus (Hist. dr. munic. E., t.2, 1340, 29). ...la Court fera si bien justice et raison telement que parties s'en tendront pour contens. (BAYE, I, 1400-1410, 108). Ce jour, maistre Rasse Panier, procureur de la contesse de Nevers, passa l'acord, dont dessus est faicte mencion ou registre du jour precedent, et condempna la Court les parties à tenir ledit acord. (FAUQ., I, 1417-1420, 249). Ce jour, a esté receu l'accord d'entre les executeurs de feu Augustin Ysebarre, d'une part, et Marc Gaudichon, d'autre part, parmi paiant par chascune partie dix livres parisis, font vingt livres parisis (FAUQ., II, 1421-1430, 251). ...ce nouvel proces (...) beaucop pleut aux seigneurs du dit parlement, tant pour la nouvelleté du cas que pour les allegations et argumens des parties devant eulz debatans (C.N.N., c.1456-1467, 37). Quand le jour fut venu, les parties se presenterent en temps et lieu. Ilz furent huchez a dire et plaidoyer leur cause. (C.N.N., c.1456-1467, 499). ...dedans le tiers jour après, icelluy compaignon ala de vie à trespassement. Et a ledit suppliant depuis satisfait à partie. (Doc. Poitou G., t.11, 1466, 48).

 

-

"Partie adverse, adversaire dans un procès" : Tous lesquieulx, veu l'estat dudit prisonnier (...), l'informacion dessus dite et accusacion de partie, delibererent et furent d'oppinion que, pour savoir par sa bouche la verité des cas dessus diz, icelli prisonnier feust mis à question (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 561). ...et que, ces choses ainsi faites, tous iceulx prisonniers feussent ramenez soubz seure garde prisonniers oudit Chastellet, et illec tenir prison jusques ad ce que parties seroient d'eulx contentes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 247). Et quant à la dicte somme disoit que l'obligation dont partie se ventoit avoit esté faicte ou temps de son enfance ou juenesce (BAYE, I, 1400-1410, 187). Quand [le curé] (...) fut devant monseigneur l'official, sa partie, le promoteur, lui compta sa legende au long (C.N.N., c.1456-1467, 530). ...il fust condempné en amende honorable ainsi que partie l'avoit requis, et pour amende proufitable au double. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 208). MATHATIEL. Ouÿ, seurement. Cent escus d'or sur son serment [le juif] Luy a prestés [au chrétien] sans aultre gaige. L'ADVOCAT. Audi partem. Vous dictes raige ! Vous sçavés bien que la partie Du tout en tout si vous le nie. Attendés ung peu. LE CRESTIEN. Sire juge, Que nul de sa cause ne juge, Car je luy nie tout en effect. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 129).

 

-

Prov. Bien aise plaidoie qui parle sans partie. "Il est facile de plaider sans adversaire" : Mais tantost par aventure on me dira le proverbe commun : "Bien aise plaidoye qui parle sans partie !", car il semble que nulz ne parle ou doye parler contre moy. Voulsist Dieu que ainsy fust et que on ne trouvast advocat ou plaidoyeur faisant partie contre ceste verité ! Mais, helaz ! autrement va ! (GERS., Déf., 1400, 221).

 

.

Partie adverse : ...ou il est vehemente presumpcion contre le deffendeur et, adonques, selon l'ordre de Droit et selon rayson, l'en doit proceder aux tormens (...) ou le demandeur ne preuve aucunement son entente ne si n'a pour luy aucune presumpcion et, adonques, selon Droit et selon rayson, la partie deffenderesse doit estre absoubse de la demande de la partie averse (Songe verg. S., t.1, 1378, 351). ...avant ce qu'ilz respondent aux articles de partie adverse (FAUQ., II, 1421-1430, 255). ...je monstreray comment partie adverse, pour six raisons, a péché tellement qu'il est fort et à peine impossible d'estre réparé. (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 271). Touteffoys, au conseil, il fut dit que l'homme du duc Baudoyn avoit dit aprez toutes parolles à son adverse partie : "Voulez-vous rien dire sur cecy ?" (BUEIL, II, 1461-1466, 106). LE JUGE. Contre vous nully mot ne sonne ; Qui est vostre adverse partye ? L'USURIER. Affin que responce on vous donne, Vella cy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 518).

 

-

"Accusé" : L'evesque d'Arras dit au contraire que partie, c'est assavoir Haton, est accusez et souspeçonnez crimine pessimo dont s'est rendu coulpable (BAYE, I, 1400-1410, 149).

 

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De la partie de. "Personne proche de celui qui est en procès" : Savoir faisons (...) que de la partie de Jehannin Regnout, povre laboureur de bras (...) nous a exposé (Ch. VI, D., t.2, 1383, 4).

 

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Droit de partie : ...remettons par ces presentes le fait dessus dit, ainsi comme il est exposé, et toute paine criminele et civile, et confiscacion de biens que le dit chevalier a ou puet avoir encouru en aucune maniere, pour celui fait, envers le roy nostre seigneur ; sauf et reservé le droit de partie à poursuivre civilement (Doc. Poitou G., t.3, 1361, 307). ...pardonnons ou cas dessus dit, (...) et les restituons au païs, à leur bonne renommée, se pour ce est amenrie, et à leurs biens quelxconques, sauf le droit de partie à poursuir civilement. (Doc. Poitou G., t.4, 1374, 336). ...sauf que il [le Pape] est tenu de garder lez ordenances justes et raysonables de sez predec[ess]eurs et lezquelles touchent droit de partie, lezquelles il ne puet ne ne doit muer ne changer sanz cause raysonnable (Songe verg. S., t.1, 1378, 198).

 

-

Partie appelant. "Celui des deux plaideurs qui fait appel" : ...que la partie appelant estoit decheue de defense et auroit à prouver l'appellacion (FAUQ., II, 1421-1430, 256).

 

-

Partie defenderesse. "Celui qui est défendu par un avocat ; accusé" : ...ou il est vehemente presumpcion contre le deffendeur et, adonques, selon l'ordre de Droit et selon rayson, l'en doit proceder aux tormens (...) ou le demandeur ne preuve aucunement son entente ne si n'a pour luy aucune presumpcion et, adonques, selon Droit et selon rayson, la partie deffenderesse doit estre absoubse de la demande de la partie averse (Songe verg. S., t.1, 1378, 351).

 

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Partie demanderesse. "Celui qui plaide contre qqn" : ...il appiert que tel champ soit deffendu, car, ou vous me dirés que tel champ est lysible en cause criminele, ou en cause civile. (...) En cause criminele, non, car, ou la partie demanderesse preuve clerement son entante et, adonques, sa partie adverse doit estre condempnee (Songe verg. S., t.1, 1378, 351).

 

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Partie formee contre/à l'encontre de qqn/qqc. "Partie civile constituée contre qqn pour demander réparation" : Mon propos doncques, a l'aide de Dieu, est me faire partie fourmee contre les vices publiques, tant pour acquerir grace et pardon de mes pechies envers Dieu mon pere, comme pour desservir a avoir vous oroisons. O bon peuple, j'ay bon mestier de gaigner, et autre loyer n'en demande je. (GERS., Gourm. I, G., 1402, 795). Pour quoy nous, les choses dessusdictes considerées et que à l'encontre dudit Mignon n'y a aucune partie formée ne poursuivant, fors seulement les officiers de la justice, pour adverer et actaindre ledit cas, la verité duquel ne peut estre sceue, (...) la voye de misericorde et de doulceur estre à eslire et preferer à rigueur de justice (Doc. Poitou G., t.10, 1459, 94).

 

-

Partie formelle. "Partie civile qui pousse son intérêt contre l'accusé" : ...et ce que [l'université] proposa hier et ancor propose, ce ne fait pas ne ne fit comme partie formelle qui se face contre Savoisy, maiz comme denunciant les excès qui lui ont esté faiz par ledit Savoisy, pour en avoir justice et y estre procedé souverenement et de plain (BAYE, I, 1400-1410, 110). La devant Dieu suivray ceste querelle Et monstreray qu'elle n'estoit point mortelle Ne que n'avoit autre partie formelle Que toy mesmes qui l'as fait martirer. (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 60). JUSTICE. ...des ores, me fais partie Formelle et vueil tenir la main Contre tout le lignaige humain Et sa delivrance empeschier. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 38). ...il luy semble que son maistre [le prince] se monstre partie formelle contre luy a qui il est autant tenu que a l'autre [serviteur], pour quoy ledit prince y doit bien adviser avant le faire et s'il y a deux de ses ses bons serviteurs en question et debbat que les face appoincter ensemble (Traité politique C., c.1492-1493, 153).

 

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[De celui qui s'estime lésé] Avoir partie formelle contre qqn. "Intenter une procédure accusatoire publique, orale et formaliste" : Et laquelle amonicion il fist publier en l'église parrochial de Braye et autres parroisses voisines ; ce que venu à la notice et congnoissance dudit Olivier suppliant, il se transporta par devers ledit official de Poictiers et de lui obtint lettres d'absolucion cum retencione et jusques à ce qu'il eust partie formelle contre lui. (Doc. Poitou G., t.12, 1480, 328).

 

Rem. Cf. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969, 377.

 

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Partie intimee. "Partie contre laquelle a été engagée une procédure d'appel" : Ce jour, fut plaidoiée une cause d'appel d'entre maistre Jehan d'Aigny, contreroleur de la Chambre aux Deniers, appelant des gens de la Chambre des Comptes, d'une part, et maistre Aymery Tesson, partie intimée, d'autre part (BAYE, I, 1400-1410, 23).

 

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Accorder les parties : LE .I. SERGENT. Pour bien adjourner d'ung accord Et faire accorder les parties, N'est que moy. LE .II. SERGENT. Mais aux departies, Tes adjournemens faiz sans verge. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 99).

 

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Appeler partie. "Faire un procès" : NOSTRE DAME. Filz, ce mort par moy vous requiert Que partie soit appellée Et par devant vous adjournée Encontre li. (Mir. ev. arced., c.1341, 134). DIEU. Dame, c'est voir ; mais vous savez (...) Que vous fault appeller partie Qui le fait vous confesse ou nye (Mir. ev. arced., c.1341, 134). ...icelle damoiselle pourra de son auctorité, et sans partie appeler, prendre et soy ensaisiner d'icelle terre et seigneurie de Rex et en joir comme douairière sans ce que les héritiers desdits sires de Combour et de Derval le lui puissent contrarier (Cartul. Laval B., t.3, 1450, 138).

 

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(Se) faire/constituer partie (contre/encontre qqn/qqc.). "Entreprendre un procès contre qqn, se constituer partie civile" : ...pluseurs jornées sur ce assignées au dit Pierre, aus quels jours ny à autres nul ne s'aparut par devant nous qui se vosist faire partie contre le dit Pierre par voie d'acusacion ou denonciacion applegiée, ou autrement par maniere deue, selonc l'us et coustume du païs (Doc. Poitou G., t.1, 1330, 356). "Et sur toutes choses que tu auras a faire, se tu es prelat ou juge, ne soies pas de legiere creance, ne ne adjouste pas legierement foy a ceulx qui ont a coustume de faire partie..." (Horloge de sapience S., c.1389, 91). Mais tantost par aventure on me dira le proverbe commun : "Bien aise plaidoye qui parle sans partie !", car il semble que nulz ne parle ou doye parler contre moy. Voulsist Dieu que ainsy fust et que on ne trouvast advocat ou plaidoyeur faisant partie contre ceste verité ! Mais, helaz ! autrement va ! Je regarde que mile et mile advocaz, par lesquelz j'entens les vices et pechiez, font partie et ont fait des pieca pour retraire les gens de croire ceste verité (GERS., Déf., 1400, 221). ...la maniere et propos de l'Université n'est pas accoustumée, c'est assavoir que la Court à la seule denunciation d'une partie face droit, maiz se doit ycelle Université constituer partie, autrement pourroit gaigner contre raison (BAYE, I, 1400-1410, 111). ...pour ce qu'elle [l'université] protestoit qu'elle ne se faisoit, ne ne voloit faire partie, maiz requeroit ex nobili officio Curie estre satisfaite et reparée desdiz crimes et malefices (BAYE, I, 1400-1410, 112). ...et dient qu'il y a assez matiere pour mouvoir le regent à se faire partie contre Overton (FAUQ., III, 1431-1435, 98).

 

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Estre juge et partie : Mais ma dame a trop l'avantaige, Dont la chose est pis departie, Car el garde mon cuer pour gage Et fault qu'el soit juge et partie. (CHART., D. Rev., a.1424, 315). Pire partie ne pouoit prendre, Sa cause [de Jésus] en est pis assortye, Car nous serons juge et partye Pour cercher sa mort, s'y le fault. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 414). ...mais, d'avoir raison de telz gens ignorans, je ne voy moyen que le vostre, mesmement sur leur fumier, qui veullent estre juges et parties en chose qui riens ne leur touche (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 v°). Mon Dieu, quant tu m'as donc créé, Tu as esté juge et partie (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 40).

 

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Se faire juge et partie : NOSTRE DAME. Vous estes un fol diable estout, Qui vous faites juge et partie. (Mir. enf. diable, c.1339, 48).

 

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Ouïr partie. "Entendre le témoignage de la défense" : ...obstant ladicte opposicion et consideré ce que autresfois avoit esté advisé en ladicte Court par les gens du Conseil du Roy, on ne povoit faire la requeste desdis recteur et deputez sans oïr partie. (FAUQ., I, 1417-1420, 304). ...[la Court] n'a point acoustumé de faire aucun jugement ou appoinctement sans oïr partie. (FAUQ., II, 1421-1430, 103).

 

2.

P. méton. "Affaire juridique, procès en cours" : ...confessions par lui faites en la ville d'Orleans et prisons dudit lieu, par devant les dessus nommez maistres Jehan Truquam et Gerart de La Haye, commissaires du roy nostre sire en ceste partie, desqueles la teneur ensuit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 457). Et dit que tele est la verité des choses dessus dittes, et que c'est le premier larrecin qu'il ait fait, et auquel il a esté prins et apprehendé par justice, requerant lui estre sur ce, par ledit mons. le prevost, piteables et misericors, et, avec ce, sa grace lui estre estendue et faite en ceste partie. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 371). Et ce fait, se leva ledit barbier, et tous quatre s'en alerent ensemble et afferma par serement le fait estre avenu et les excès crimes et deliz et force par icellui prisonnier, et les autres ses compaignons et complices en ceste partie avoir esté commis et perpetrez en sa personne par la forme et maniere qu'il est cy-dessus dit et escript. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 511). Ce saint Martin, presentement Qu'avocas font commencement De plaidier les faiz de la loy, Prenez bon conseil, je vous prie : Ne faictez desbat ne partie Sans savoir la cause pourquoy. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 185). ...et, en oultre, lesdis prevost et eschevins requirent l'adjunction du procureur du Roy en ceste partie et demanderent distribucion de Conseil. (FAUQ., I, 1417-1420, 303).

 

-

Surmonter sa partie. "Gagner sa cause" : Et s'il est besoing de prouver Les faiz que viens de reciter J'offre tant de tesmoings trouver Qu'il souffira pour en pourter Guaing de cause et surmonter Ma partie (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 102).

 

-

Droit de partie. "Droit d'engager des poursuites judiciaires"

 

.

En partic. "Droit d'engager un duel judiciaire" : ...et se le roy luy en fait telle grace qu'il ne preingne mort, ja pour ce ne lui a remis qu'il lui donne point le droit de la partie ["le roi n'est pas allé dans le pardon jusqu'à lui accorder le droit d'engager un duel judiciaire"] (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 530).

 

-

P. ext.

 

.

"Querelle" : Et ainssi fut sanée la grosse playe qui estoit en saincte Église, par l'union qui a esté mise en icelle par le moyen, pourchas et excessive dilligence que le très-chrestien roy de France a fait en ceste partie. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 60).

 

.

"N'importe quelle affaire concernant personnellement qqn" : ...ainsi doncques (...) acheva le gentil compaignon sa queste en ceste partie, par la maniere que dit est. (C.N.N., c.1456-1467, 372). ...il se tappit au coing d'une forte haye espesse, duquel lieu luy apparoient toutes les entrées de la maison au dit marchant, dont il estoit serviteur et grand amy en ceste partie. (C.N.N., c.1456-1467, 442). Es mesmes jours que se faisoient ces argumentacions pour la partie de nostre belle damoiselle (...) ung tressage jeune clerc arriva (C.N.N., c.1456-1467, 568).

B. -

[Situations variées : rapports bienveillants, neutres ou hostiles]

 

1.

[Dans une liaison amoureuse, dans un couple marié]

 

-

"Chaque membre du couple, épouse, époux , maîtresse, amant..." : ...je ne poy oncques trouver partie Ou mes cuers puist joieusement partir ["avoir part"]. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 263). Aurelian li maine l'espousée et dit : AURELIAN. Sire, vez ci vostre partie Que vous amaine et que vous lais. Vostre femme est dès ore mais (Mir. Clov., c.1381, 229). ...on enmena l'espousee couchier en un tres merveilleusement riche paveillon (...). Et lors la contesse de Poictiers et les autres grans dames vindrent, qui l'enmenerent la dedens, et lui administrerent ce qu'elles devoient, combien qu'elle feust assez pourveue de sens. (...) vint un chevalier, que les dames envoierent (...) Et ly chevaliers leur dist : Beaulx seigneurs, admenez Remondin, car les dames le demandent. Sa partie est toute preste. (ARRAS, c.1392-1393, 41). Leal amoureux, sans partie Me treuve et en tel desconfort Qu'en moy ne voy nul reconfort (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 51). Mon lëal cueur a entrepris party De vous amer, ma loyalle partie (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 180). D'aultre costé le mary lamentoit, Qui regretoit Sa tresdoulce partie (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 203). ...en si jeunes jours perdi [la contesse de Nevers] sa bonne partie, [Phelippe], conte de Nevers, filz de Phelippe, duc de Bourgoingne (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 39). Quant on a son cuer bien assis En bonne et loyale partie, Il doit estre entier et rassis A tousjours mais sans departie. (CHART., B. Dame, 1424, 353). ...pource que je sçay a la verité que ceste allyance seroit le bien des parties, je m'y veil emploier [Il s'agit d'un mariage] (C.N.N., c.1456-1467, 296). ...[les "amourettes"] estoient si parfond enracinées es cueurs des ambedeux parties (...) que impossible estoit les desrompre (C.N.N., c.1456-1467, 441). LA FEMME. ...Plourer fault et que plus ne chante Puis que j'ay perdu ma partie. Or, est bien ma vie esmortie De joye et mise en piteux termes. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 143). Avecques luy fist venir sa partye, Qui de Ferrare fille du duc estoit (LA VIGNE, V.N., p.1495, 175).

 

-

[À propos d'un animal] : ...Je [le roi des abeilles] vis de vie non lubrique, J'ayme ma seulle partie unique Et porte myel sans eguillon. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 122).

 

2.

[Dans un contrat] "Chacun des partenaires" : Et d'amistié pour utilité legal, l'une est par convencion ou convenances des parties et comme en marchandant de main en main (ORESME, E.A., c.1370, 447).

 

3.

[Dans une situation de conflit]

 

a)

"Participant, combattant, belligérant" : Entrementiers que la murmure estoit, ly roy des Bretons, qui fu saiges et soubtilz, pour doubte que les parties estoient de grant lignaige et que par ce aucun inconvenient n'en peust encourir, envoya soubdainement fermer les portes, que nulz n'en peust yssir, et garder par gens bien armez (ARRAS, c.1392-1393, 60). Et lors dist le roy : Or entendez, biaulx seigneurs, avisez vous. Ceste querelle cy n'est mie petite, car c'est pour la vie et pour le deshonneur a tousjours mais, d'une des parties. Et sachiez que je ne doy ne ne vueil reffuser a faire droit en ma court. (ARRAS, c.1392-1393, 60). Ne faictez ja long traictié a voz ennemis, car en longs traictiez gist aucunes foiz grant decepcion et grant perte pour la plus puissant partie, car les saiges reculent pour plus loing saillir. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Or alez, dist Gieffroy, mais, qui qu'ilz soient, je aideray a la plus feble partie, voire se ce ne sont mes freres. (ARRAS, c.1392-1393, 217). Tant fu alé, parlementé et trettié entre ces parties que unes trieuves furent prisses a durer trois ans, c'est a entendre, entre mesire Carle de Blois, ses aidans et confortans, et la contesse de Montfort, qui chief se faisoit de la gerre pour son fil (FROISS., Chron. D., p.1400, 592). Et quant le roy et la royne furent tous en leurs hours reposez, lors par l'ordonnance du roy les roys d'armes et heraulz porterent aux deux parties le commandement de faire leurs devoirs. (LA SALE, J.S., 1456, 110). ...ainsi se commença la bataille, qui dura assez longuement. Combien que les deux parties fussent dispareilles, ce bon chevalier vaincquit (C.N.N., c.1456-1467, 551). Et audit jour XXVIe de decembre, qui estoit assigné ausdittes parties, ledit grant maistre, comme lieutenant du roy, se trouva en personne en laditte ville de Paris et place de Greve, en laquelle estoient ordonnés et faictes lices convenables pour les parties pour faire leurs armes à oultrance, echaffaulx pour ledit grant maistre et autres notables personnes, gens en armes commis et deputés pour gardes, et autres choses neccessaires pour faire faiz d'armes. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 357).

 

-

Avoir à faire à forte partie : Mais j'ay sur moy maint adversaire Et a forte partie a faire. (LE FÈVRE, Leesce V.H., c.1380-1387, 24). Dont, veu qu'il [Jésus-Christ] nous a fait ceste grace, nous ne devons pas ressoingnier la mort ou l'adventure qu'il lui plaira a nous donner, pour soustenir les sains sacremens qu'il nous a administrez pour le salut de noz ames, combien que nous ayons a forte partie a faire, car noz ennemis [les Sarrasins] sont bien dix contre un de nous. (ARRAS, c.1392-1393, 108). Bertran à son voloir venir ne pooit mie, Car souvent ot afaire contre forte partie (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, 1430-1440, 130).

 

.

Avoir dure partie : De jour en jour toute merencolye Lye mon cuer, cer riens n'est de mon fait ; Fait ne sera, trop ay dure partie. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 77).

 

-

D'une partie et d'autre. "Dans les deux camps" : Et envoya commencier l'escarmouche devant la barriere, et y ot foison de mors et de navrez d'une partie et d'autre, et firent reculer les Sarrasins par force, et y ot moult d'occiz et de mehaigniez. (ARRAS, c.1392-1393, 96).

 

-

[Dans une querelle, un débat] : [Débat sur le judaïsme et le christianisme] Seigneurs, voulez vous establir Deux juges, s'il sont deux paiens Juifs ne sont ne chrestiens : Si orront chascune partie (Mir. st Sev., 1362, 224). LE ROY. (...) et li mans [à Bautheuch] Qu'a Dieu de cuer prie (...) Que (...) Entre les enfans et moy pére Juge tellement qu'il appére La querelle estre si partie Que de l'une et l'autre partie Soit le prouffit. (Mir. ste Bauth., c.1376, 135).

 

b)

"Combat"

 

-

Livre partie à qqn. "Se mesure à qqn" : ...se il y avoit aucuns d'eulx qui voulsissent la bataille, il leur ottroyoit, et que a leur voulenté prensissent jour tant que il l'eust fait a savoir a son compaignon ; et ancore plus fort, se ilz vouloient estre plus grant nombre, il se faisoit fort de leur livrer partie tant que ilz vouldroient estre (Bouciquaut L., 1406-1409, 57).

 

4.

"Parti, camp, faction..." : Mais quant ilz font entr'elx parties, La partie qui veult entendre A Dieu bien servir, est trop mendre Que n'est celi qui n'en fait conte (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 120).

 

-

La partie de qqn : Celle verge de char poissant et pure Fu jusqu'a mort ploiée en la croiz dure, Dont rouge mer de sanc fist despartie, Par laquelle touz ceulz de sa partie Fist franchement hors de servage traire (Mir. st J. Paulu, c.1372, 150). La, ot si diverse escremie Que de la partie Pompee Furent trestuit mis a l'espee (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 26). Requerront les diz messages d'Angleterre que de leur part facent réparer les attemptas fais de leur partie contre la teneur des trèves derrainement prises avecques le roy Richart d'Engleterre jusques à XXVIII ans (Ch. VI, D., t.1, 1401, 216). ...ilz avoient aggréables l'ordenance, prononciacion, appoinctement et déterminacion de nous (...) et promistrent (...) les avoir et tenir fermes et estables chascun de sa partie, sans jamès aler ne faire aucunement encontre. (Ch. VI, D., t.1, 1402, 226).

 

-

De la partie de qqn. "Au nom, de la part de qqn" : De la partie de la duchesse d'Orleans et du duc d'Orleans fu proposé au Louvre par la bouche de l'abbé de Chesy par escript à l'encontre des justifications proposées de la partie du duc de Bourgoigne sur la mort du feu duc d'Orleans (BAYE, I, 1400-1410, 241).

 

-

Avoir qqn à/de sa partie. "Avoir qqn de son côté, avec soi" : L'ERMITE. (...) Nous serons compaignons ensemble. La doulce vierge, ce me semble, Vous veult avoir a sa partie (Mir. march. larr., c.1349, 117). A celle porte, des partens Du chastel y a en tout temps, Mais dure en est la departie A qui n'a Dieu de sa partie ! (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 106).

 

-

Estre de la partie de qqn. "Être du côté de qqn, être l'allié de qqn" : ...le roy estoit esmeus contre ses oncles et les plus haulx de toutte Angleterre et cilz encontre le roy, et grant foison de nobles, qui estoient de sa partie (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 50). Et quant la dame l'appercoit, si scot bien qu'il ne l'avoit pas encores apperceue, et lui dist tout en riant : Sire vassaulx, a qui voulez vous commencier la bataille ? Voz ennemis ne sont pas cy present. Beau sire, je suis de vostre partie. (ARRAS, c.1392-1393, 24).

 

.

[Dans le langage amoureux] "Aimer qqn" : Et quant en vous gist ma mort et ma vie Et ma santé, douce dame jolie, Se vous daingniez estre de ma partie, Je sui garis. (MACH., F. am., c.1361, 155).

 

-

Faire partie avec qqn. "Prendre parti pour qqn" : Et tres dont se conmenchierent a engendrer et nourir haines entre les Alemans et les François ; car li uns voloit d'un et li aultres d'aultre. Et faisoient partie avoecques le roi de France et les François, li Sains Peres Benedic et tout li cardinal. (FROISS., Chron. D., p.1400, 243).

 

-

Se faire partie (envers qqn/ pour qqn). "Prendre parti (pour qqn en s'opposant à qqn d'autre)" : [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] Si est vray que j'ay oÿ ce que m'avez dit (...) touchant le bon voloir et affection que beau frere de Bourgoingne a envers moy, meismement pour appaiser ceste matere. Je l'en mercye. Aussi je n'ay ne n'eulx onques ymagination (...) qu'il se voulsist faire partie envers moy pour yceluy [Loÿs], car ce seroit trop estrange chose de soustenir le filz contre le pere (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 70). [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] Et au regart de beau frere de Bourgoigne, qui s'est offert et offre soy employer en ceste matiere, je l'en mercye, et luy prie qu'il y vueille besongnier tellement que Loÿs viengne vers moy, et ne se face partie, et montre par effect le bon voloir qu'il a (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 71).

 

-

Porter partie (à l'encontre de). "Prendre parti contre qqn ; rester impartial" : Et devés savoir que je ai ce livre cronisiet et historiiet, ditté et ordonné apriés et sus la relation faite des desus dis, a mon loial pooir, sans faire fait ne porter partie ne coulourer non plus l'un que l'autre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 35). ...messires Hues li Espensiers avoit ja acquis tant d'amis par ses dons et presens, lesquels il avoit donnés et la envoiiés et envoioit encores tous les jours, que toute dissimulation estoit en place et portoient trop fort partie a l'encontre de la roine d'Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 56). ... chil la, tant que des rices homes de Gant, ...ne faisoient point partie a l'encontre dou conte. (FROISS., Chron. D., p.1400, 177).

 

-

Prendre qqn de sa partie. "Enrôler qqn dans son camp" : Et, pour ce que les loups faisoient trop grant guerre aux brebis, les brebis alors prindrent les chiens et les moutons de leur partie pour resister contre les loupz (MACHO, Esope R., c.1480, 123).

 

-

Tenir la partie de qqn. "Être du côté de qqn, être fidèle à qqn ; être du même avis que qqn" : ...pluseurs personnes, tant gens d'eglise comme autres qui sont subgiez, aliez, adherens ou amis et qui tiennent la partie dez dessus nommez en la dicte guerre encontre nous (Doc. Poitou G., t.3, 1369, 414). ...et pour ce fist prendre le capitainne du dit lieu de Mirebeau la dite suppliante et ycelle emprisonner, et a depuis le dit capitaine tenue et encores detient la dite povre suppliante prisonnière, soubz umbre de ce qu'il dit son dit mary tenir la partie du dit prince (Doc. Poitou G., t.4, 1369, 15). ...et dist que il fist serment en la main dudit seigneur d'estre Englès et de tenir la partie des Englès (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 387). Il [Geoffroy] prist congié de son pere, qui moult en fu doulent, et enmena jusques a Vc. hommes d'armes et cent arbalestiers, et s'en vint en Yllande, et enquist ou les desobeissans estoient, et ceulx qui tenoient la partie de Remond lui enseignerent les forteresses des diz desobeissans. (ARRAS, c.1392-1393, 197). Et pour ce que riens n'en fu fait, s'esleverent les gerres en Bretagne par le confort et aide que li rois d'Engleterre fist a ceuls et a celles qui tenoient la partie dou conte de Montfort (FROISS., Chron. D., p.1400, 501). ...et quant ilz [des paysans] en povoient aucuns prendre [des Anglais], ledit Tabari leur copoit les gorges, et pareillement faisoit à ceulx tenans la partie du Daulphin. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 283). VÉRITÉ. (...) Et je tiens assez la partie De Misericorde m'amie, Et maintieng que se Dieu vouloit Devenir homme, bien feroit Et tout par raison le racat (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 5).

 

.

Tenir partie contre qqn. "Être d'un avis opposé à celui de qqn" : PAIX. (...) Aucunement, en faveur d'elle [Miséricorde], Je tins contre vous partye, Mais, a la nostre departye Et la fin de toute querelle, Justice toute bonne et belle, Ung baiser requerir vous vueil. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1084).

 

.

Tenir qqn de sa partie. "Accepter qqn dans son groupe, dans son camp" : JUDAS. Comment as tu tant pervertye Ta conscïence, pour gaigner, Que de frauder et enguigner Cil qui te tint de sa partie ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 289).

 

.

Se tenir de la partie de qqn : Et pour tant, comme dit est, que le roy avoit peur de cestui parlement tenu à Calais et qu'encore iceluy [le duc de Warwick ?] se tenoit de la partie du duc d'York, qui plus se déclinoit vers la Bourgongne que vers France (...) pour ceste cause différoit le roy sa convention (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 428).

IV. -

[Corresp. au sens "s'en aller" de partir ; rare] "Départ" : Que fera le mien cueur aprés sa partie, fors languir nuit et jour sans avoir nulle joye ne repoz ? (Ponthus Sidoine C., c.1400, 85). Et les freres estoient forment dolens de sa partie [de saint Dominique]. Et lui, confortant yceulx doulcement, dist : "Mes amis, la corporelle despartie ne vous trouble point, car vous m'aurez plus prouffitable mort que vif." (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 707).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 60/80 
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FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PARTIETTE     
FEW VII partire
PARTIETTE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : partïete ; GD : partiete ; FEW VII, 681b : partire]

"Petite partie" : ...mais convient que chascune partiete, tant soit petite, du corps compost soit mixte des .IIII. elemens, car autrement tel corps ne seroit pas proprement un. (ORESME, C.M., c.1377, 616). Item, se les elemens estoient figurés en la maniere que il mettent, l'en ne feroit des elemens ne char ne os ne autre corps mixte qui fust un corps continu, et non feroit l'en se les elemens estoient composts de superfices, car il seroient ou corps mixte mesléz par petites partietes les unes emprés les autres. Et ainsi, a droit dire, ce ne seroit pas generacion. (ORESME, C.M., c.1377, 644).
 

DMF 2020 - Synthèse Charles Brucker

 Article 61/80 
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FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PARTIMENT     
FEW VII partire
PARTIMENT, subst. masc.
[GD : partiment ; FEW VII, 681b : partire]

ARITHM. "Division" : Et doit on savoir que si aprés le partiment il reste aulcun nombre il doit estre moindre du partiteur ou aultrement ce seroit signe de faulte (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 601).

V. aussi partissement1
 

DMF 2020 - Synthèse Claude Thomasset / Danièle Jacquart

 Article 62/80 
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     PARTIR     
FEW VII 678b, 679a partire
PARTIR, verbe
[T-L : partir ; GD : partir ; GDC : partir ; DÉCT : partir ; FEW VII, 678b, 679a : partire ; TLF : XII, 1065b,1066a : partir1/partir2]

I. -

Empl. trans. [Idée de fractionnement, de partition]

A. -

"Fendre, diviser, séparer"

 

1.

"Fendre, rompre"

 

a)

"Fendre, rompre, découper qqc." : Mais, dame, en ce me reconfort Qu'il l'a si rompu et parti [le cierge] Que le plus m'en a departi (Mir. femme, 1368, 230). Il a brisé en deux son pain, Et s'en a au chien departi La plus grant part, quant l'a parti (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 53). ...quant Fabius Labeo eust vaincu le roy Anthiocus de Surie et, par le traictié qui fut entre eulz, il devoit prendre a son choiz la moictié de toutes les nefz et aultres fustes marinieres qu'il avoit. Et quant elles furent toutes assemblees, sy les fist toutes partir par le milieu, adfin de le affoiblir et desheriter de tout son povoir par mer. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 26). Aprés ceste bataille (...) viendrent une aultre maniere de bestes qui avoent lez doz si durs qu'il sembloit quant on frappoit dessuz que ce fussent enclumes, ne nullement les chevaliers ne leur pouvoient partir la peau (WAUQUELIN, Conq. faits Alexandre, c.1448. In : Chrestom. R., 107). Partiré le cuir bien a point Sans y espergner nerf ne vaine. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 191).

 

-

[De la mort] "Fendre, fracasser qqn" : Ha ! Mort, pour quoy [donc] ne me pars En mille pars (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 57).

 

-

Empl. intrans. ou pronom. "Se fendre, se briser" : Vis m'est que mon coer pour l'ire Se parte parmi [var. par mi "au milieu"] (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 141). ...elle [la montagne] partiroit ains qu'il fust deux jours en quatre quartiers et fonderoit en abisme (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 100). Perseverance fait escheller les chieulx. En la laissant vertus sont separees, L'onneur se part, les ames sont grevees. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 9). [Var. se pert de perdre (qui est peut-être la bonne leçon)]

 

b)

Partir le coeur. "Fendre, briser le coeur"

 

-

Au propre : Et cil o la lance asprement Le piz et le cuer li parti (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 35). ...grans coups sont donneit sur les escus, maiz le Sarasin at briseit sa lance et le Danois luy vat le coeur partir (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 148). [l. 4739] Et griefz tourmens le puissent assaillir, Le vilain cuer qui vous veult tel nuysance. Tonnoirre agu, fouldres impetueuses, Glesves trenchans si le puissent partir. (Neuf unica du ms. de Stockholm, éd. F. Lecoy, c.1400-1500. In : Trav. Ling. Litt. 16-1, 1978, 294). ...vous me partirez ainchois le cuer parmy le milieu que telle villonnie ysse de ma bouche ! (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 300).

 

-

Au fig. : Vostre folie le coeur me part. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 119). Tout nostre tresor est perdu. Se briefment il ne m'est rendu, Courroux me partira le cueur. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 125). Douleur le cueur vous partiroit (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 324).

 

-

[Du coeur] "Se fendre, se briser, éclater (de douleur, de chagrin)" : E ! Diex, mon cuer pourquoy ne part Et créve afin que je morusse... ? (Mir. femme, 1368, 211). Quant de moy l'ay veu partir, Je cuiday bien qu'en deux partir Deust mon cuer pour s'amistié (Mir. fille roy, c.1379, 13). Voz douleurs font mon cueur partir (Pac. Job M., c.1448-1478, 338). Sus donc, je requiers qu'on se haste Ou mon cueur partira de raige. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 293).

 

.

Le coeur me part : Le cueur me part (Prières saints R., t.1, 1432,,, 105). Je suis en tel perplexité Qu'a peu que le cueur ne me part. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 129). Le cueur me part de toutes pars. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 197). Le cueur en deux me partiroit (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 206). Las, quant je voy mon filz panduz En la croix et son costé fanduz Et son sang a terre apenchier, Bien m'an doit le cueur partir, Las, pourter en doit grant doleur. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 114).

 

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Avoir le coeur parti. V. coeur : Ne vous doubtez Que j'ay le cueur de dueil party De veoir mon frere en ce party (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 111).

 

c)

Empl. intrans. "Se fendre, se déchirer" : [Indication scénique] Icy encline Jhesus le chief et rend l'esperit, et doit trembler la terre, et le voille du temple doit partir en deux, et se doivent fendre les pierres en deux parties. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 346).

 

-

Partir de joie. "Éclater de joie" : Faicte ciel et terre partir De joye et de bruyt triumphant. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 28).

 

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Partir de deuil. "Être déchiré par le dépit" : Frere, dit il, par Dieu, poy que de deul ne pars ! (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 477).

 

2.

"Diviser"

 

a)

"Diviser qqc. (en parties, en parts, en sous-ensembles)" : Et tenoit d'ivore un trechoir Dont ses cevelés demi lons Partissoit (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 126). Nous pouons bien aussy partir les six sillabes par trois et trois et la faire, sur trois, une pause legiere, comme dit est, car trois et trois font six, qui comparez a chascune moitié font proporcion double et la consonancie de dyapason. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 74). ...et fault lesditz oefs partir, et mectre les cleyres d'une part et les moyoux d'autre (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 140). Et, pour le fait débatre mieulx Furent partiz quatre des Dieux, Deux et deux de chacun costé, Comme ailleurs est trop mieulx noté, Dont Saturnus avecques Mars, Pour leurs faulx et mauvaiz regars Furent tous deux d'une partie (LA HAYE, P. peste, 1426, 34). ...chascun de leurs chiefz de guerre avoit charge de dix mille et partoyent leurs ordonnances cent a cent (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 224). Il veoit la mer estre par le mylieu partye (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 239).

 

-

Partir le tournoi. "Diviser, séparer les combattants du tournoi en deux camps opposés" : ...quant ils furent assamblez et tous venus et que les maistres du tournoy l'eurent party, il n'y eut plus d'arrest. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 27).

 

-

ARITHM. "Diviser" : Arismetique, ars de nombrer, En toutes choses necessaire, Plusieurs nombres bien assemble[r] Il enseigne pour en ung faire ; Multiplier, partir, substraire, Ces termes tous ensemble vont Pour generalement parfaire Tous comptes que possibles sont. (GARIN, Compl., 1460, 78). Partir est diviser ou mettre ung nombre en plusieurs parties egales (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 599).

 

-

Empl. pronom. [D'une chose] "Se diviser" : Party est comme vne robe mypartie de deulx couleurs. Et senefie que cellui qui premier le porta en armes estoit homme loyal et vouloit faire partye loyalle a tous ceulx a qui il estoit tenu. Contre party et tout ce qui se appelle contre ont celle mesme senefiance et connoit on le contre party quant il va au contraire du party ou quant il se part plus d'une fois. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 510). Item la chose qui est une est, car estre et estre ung sont ung et se convertissent comme dit est. Ce qu'on dist ung se dist et partist en deux manieres. La premiere maniere si est de dire ung comme commencement de nombre. (Somme abr., c.1477-1481, 102). Il est a scavoir que action ou operation ez choses divines comme ez choses materieles se partist en deux. L'une met dehors en la chose en laquelle elle euvre, comme la chaleur du feu, qui eschauffe ou ard. L'aultre ne met riens dehors, comme vision au regard de chose visible. (Somme abr., c.1477-1481, 166).

 

-

Empl. intrans. ou pronom. [D'un chemin, d'un ruisseau...] (Se) partir en deux. "Se diviser en deux" : Chascun ruissel en deux se part (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 76). Et n'eurent gaires chevauchié quant ilz trouverent ung chemin qui se partoit en deux. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 297). ...ilz trouverent un grant chemin qui partoit en deux. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 850).

 

-

Part. passé en empl. adj. [D'une chose] "Divisé, réparti" : Nostre orïent tousjours devise Le ciel en II. egaulx parties Qui fussent aultrement parties, Se la terre eüst quantité D'aucune sensibilité Vers la grandeur du firmament (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 101). ...quant il [Platon] ot dit l'ame estre composee de substance partie et non partie et la deist estre formee de une meismes nature et de diverses... (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 114). Or metons tout en la balance, Et bien et mal, en ij. partiez ; Si verrés comment sont parties, Et laquelle part plus fort tire. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 85). Du partaige. Elle et moy n'eussiens riens party, Car ce n'estoit que ung corps party De nous deux en ung seulement (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 53).

 

-

Mi partir. "Diviser en deux" : ...il ne scet sa force my partir pour le coup donner a l'un des lez et pour recepvoir a l'autre (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 794).

 

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Mi parti. "Divisé en deux" : [P. oppos. à entier] Quant on a son cuer bien assis En bonne et loyale partie, Il doit estre entier et rassis A tousjours mais sans departie. Si tost qu'amours est mypartie [l. my partie], Tout le hault plaisir en est hors ; Si ne sera par moy partie, Tant que l'ame me bate ou corps. (CHART., B. Dame, 1424, 353). ...Dedans lequel [l'écu] Y aura ung cueur my party (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 71). Ad cella me veulx ordonner Et, sans plus me desordonner D'abitz my partis ny entiers, Je veulx le monde habandonner Pour frequenter les lieux cloistriers. (LA VIGNE, S.M., 1496, 257).

 

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Mi parti de ... et de. "Divisé pour moitié de... et de..." : ...il a esté trouvé saisi d'un chapperon double, mi-parti de brunette d'un costé, et de l'autre rouge et brunette, que ledit Jaques dit estre sien. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 15). Pour douze cens de fin gris à 10 tires, dont on a fourré le corps de deux houppelandes à mi jambes mi parties de veluyau noir pour mondit seigneur, broichié de feulles d'or et de satin noir figuré de plusieurs coleurs broché de cabas d'or, et l'autre de veluyau velu hault et bas poil, l'un noir et l'autre de coleur de col de malart (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 85). ...deux pieces et demie de satin cramoisy figure de fueillaige mi parti de deux vers et de petites fleuretes blanches dont on a fait une houppelande longue à grans menches (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 175). Item, ung autre carreau, my parti de satin vermeil et de toille ouvrée (Doc. 1422. In : J. Guiffrey, Bibl. Éc. Chartes 48, 1887, 85). Party est comme vne robe mypartie [l. my partie] de deulx couleurs. Et senefie que cellui qui premier le porta en armes estoit homme loyal et vouloit faire partye loyalle a tous ceulx a qui il estoit tenu. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 510). ...ung escu miparty [l. mi party] de blanc et de noir (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 321). Me semble voi le cy venir, Que je voy la ung estandart De roige et d'asur my parti, Et ou millieu a ung liepart. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 247).

 

-

Au fig. Mi parti de mensonges. "Traversé de mensonges"

 

Rem. Livre Regnart S.-H., c.1460, gloss.

 

b)

Partir qqc. en. "Diviser qqc. en parts, en parties" : Dieu qui parti en deux la rouge mer... (Mir. st Val., c.1367, 172). L'en ne doit pas partir ses pechiez en deux parties pour dire l'une partie a ung confesseur et l'autre partie a ung autre (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 19). ...je n'ay mais que soixante jours, lesquelx, si c'est vostre plaisir, je partiray en deux parties. (C.N.N., c.1456-1467, 576). ...et que chascun meist en double son esquadre et la partist en deux rens, l'un devant l'autre. (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 225). ...il partist son host en douze pars (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 247).

 

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"Diviser (une chose abstraite) en plusieurs éléments" : Il partit l'an en dix mois et le fist commancer en mars pour l'onneur de son dieu Mars et pour ce qu'il disoit femme porter IX mois et se delivrer au Xe (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 v°).

 

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[D'une chose] "Divisé en" : ...Philosophie est partie En plusieurs branches et sciences (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 133). Notables chenoynes de Greve, Ma collacion sera briefve, Laquelle en deux poins est partie. (Serm. Choppinerie K., c.1462, 145). ...trouvay que party et parchonné estoit cest attre en triangle (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 13).

 

c)

Partir qqc. contre / encontre. "Diviser qqc. pour partie en une couleur, pour partie en une autre" : ...cinc aunes d'un autre drap meslé de grainne, (...) pour doubler ledit manteaul. (...) Item, pour doubler un chaperon de violete de graine pour nous (...). Item, pour six aunes de vert meslé pour partir encontre (...). Item, pour six aunes pour un manteaul double pour nous à vestir sus notre arnois (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1338, 295). Pierre de la Courtneuve, drapier, pour 6 aunes de royé (...), pour faire la partie de 2 paire de robes pour Poupart et pour Robinet, son filz, varlet de chambre mons. le Dauphin (...) Robert Lescrivain, drapier, pour 5 aunes et demie de drap merlé sur le vert, à partir contre ledit royé (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 156). ...5 aulnes de drap fin blanc de Bruxelles, de grant moison (...). C'est assavoir, IIIJ aulnes pour faire chausses à partir contre vermeilles, pour le Roy et monseigneur le duc de Thouraine, et une aulne pour faire chaussons pour ledit seigneur (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 120).

 

d)

Part. passé en empl. adj. [D'une étoffe, d'un vêtement] "Pour partie d'une couleur, pour partie d'une autre" : Une robe partie avoit (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 14). ...IJ pièces de fin veluyel, l'un quenelé et l'autre eschiqueté d'or et d'argent, pour faire corsez partiz pour les diz seigneurs, lesquiex furent fourrez de menu vair (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 25). L'ERMITE. (...) La doulce vierge, ce me semble, Vous veult avoir a sa partie : Ostez celle robe partie. Il vous fault vestir autrement. J'ay de burel un garnement... [Un ermite invite un larron converti à quitter sa robe partie pour revêtir une bure, donc un habit d'une seule teinte] (Mir. march. larr., c.1349, 117). Doulce amye, Vestir vous convendra d'une robe partie (Tristan Nant. S., c.1350, 441).

 

-

Parti de ... et de : Ledit Robert, pour fourrer un seurcot ouvert, parti d'un marbré et d'une escarlatte sanguine (...) pour le corps dudit seigneur, une fourreure de menuvair, tenant 200 ventres (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 101). Parties furent ses parures De blanch et de vert, ce me samble. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 87). ...Un chaperon (...) Qui estoit de rouge et de pers Parti au long (DESCH., M.M., c.1385-1403, 369). Aprés, fist faire robes de draps de soye bleu et vert partie, pour luy et ses filz (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 9). ...une damoiselle vestue d'une robe partie de pourpre et d'escarlate (Chev. papegau H., c.1400-1500, 74). ...deux pieces et demie de satin cramoisy figure de fueillaige mi parti de deux vers et de petites fleuretes blanches dont on a fait une houppelande longue à grans menches (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 175). ...drap d'argent, party de rouge et de bleu (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 309).

 

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[D'un plat] Parti de couleurs : ...pour ung blanc mangier parti de .iiie. couleurs tout en [ung] plat, c'est assavoir d'or, d'azur, de goules et d'argent (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 144).

 

-

Parti contre : ...nous avons veu un escript qu'il vous pleut à nous envoier par le voiturier, et les cinc escantillons qui ens estoient, liquilz escript fait mention que nous envoiaissions une roebe pour Philippe Monseigneur d'un pers azuré parti contre une blanque escallate (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1340, 296).

 

-

[D'un vêtement] Mi-parti. "Partagé en deux moitiés de couleur dissemblable" v. mi-parti

 

e)

HÉRALD. "Diviser (l'écu) par des lignes verticales, horizontales ou diagonales"

 

-

[De l'écu, d'une pièce ou d'une figure] "Qui est divisé verticalement en deux parties égales" : Party est comme vne robe mypartie de deulx couleurs. Et senefie que cellui qui premier le porta en armes estoit homme loyal et vouloit faire partye loyalle a tous ceulx a qui il estoit tenu. Contre party et tout ce qui se appelle contre ont celle mesme senefiance et connoit on le contre party quant il va au contraire du party ou quant il se part plus d'une fois. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 510). Le premier jour de la darraine sepmaine vint en tresbel et grant estat le conte de Norffort, qui semblablement fist mectre sa banniere, qui estoit parti en pal d'or et de sinople a un lyon de gueulles, a une faisse d'or sur le tout armé d'argent, et crioit "Saint George ! Norffort !" (LA SALE, J.S., 1456, 178).

 

Rem. FEW VII, 680a : «1644 - Trév 1771».

 

-

Contre-parti. "Qui est divisé en plusieurs parties à partir d'un même point (ou coupé horizontalement ?)" : Party est comme vne robe mypartie de deulx couleurs. Et senefie que cellui qui premier le porta en armes estoit homme loyal et vouloit faire partye loyalle a tous ceulx a qui il estoit tenu. Contre party et tout ce qui se appelle contre ont celle mesme senefiance et connoit on le contre party quant il va au contraire du party ou quant il se part plus d'une fois. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 510).

 

Rem. Contre-parti ne semble pas att. par les dict. hérald.

 

f)

Or parti. "Or mélangé avec de l'argent" : ...la houssure des deux chevaulx qui ont porté les banière et panon de MdS chargié d'or party (Comptes Lille L., t.1, 1438-1439, 370).

 

-

[D'une chose] Parti de ... et de. "Mêlé de ... et de" : Ce fait, de moy se departi Et me laissa a cuer parti De maladie et de leesse (MACH., Voir, 1364, 64).

 

g)

Au fig. "Diviser (un pays, une ville), y faire régner la discorde" : Dont pour venir a mon propos, (...) Romme estoit par ceste guerre ainsi que tout partie ; car le filz estoit contre le pere, et le frere contre l'aultre frere (LA SALE, Sale D., 1451, 156).

 

-

"Mettre en discorde" : Ma soer, vous et moy n'avons riens party, noz fais et volentés sont ungs, ce que volés je veul. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 126).

 

3.

"Séparer"

 

a)

Partir qqc. de qqc. "Séparer qqc. de qqc." : Puis que mon cuer du vostre a partir hai, Sans cuer, dolens, de vous departirai. (MACH., Voir, 1364, 262). Premierement misericorde est interpretee come partissant ou dividant la misere du cuer, et en tele signification est elle prinse en celle auctorité : les angeles et ceulz qui sont en paradis n'ont besoing de misericorde, car en eulz nulle misere est. (Somme abr., c.1477-1481, 178).

 

-

Partir qqc. hors de qqc. "Séparer qqc. de qqc." : ...Qu'il prengne le prevost Estienne (...) et le maine En purgatoire pour son vice (...) Et le face a peine partir Sanz l'ame hors du corps partir (Mir. prev., 1352, 245).

 

-

Partir qqc. "Enlever qqc., séparer qqc. (du lieu où est cette chose)" : Quant on a son cuer bien assis En bonne et loyale partie, Il doit estre entier et rassis A tousjours mais sans departie. Si tost qu'amours est mypartie, Tout le hault plaisir en est hors ; Si ne sera par moy partie, Tant que l'ame me bate ou corps. (CHART., B. Dame, 1424, 353).

 

-

Partir qqc. de + inf. "Empêcher qqc. de + inf." : Pour ce ne vueil mon cuer partir De lui servir tout mon vivant, Car pieça li ay convenant (Mir. prev., 1352, 234).

 

b)

[D'une chose] Partir qqn de qqc. "Séparer qqn de qqc." : A cel temps .I. homme manoit Ou moustier par devocion Qui avoit tel dillection Au corps du glorïeux martir Qu'il ne poait de li partir, Se necessité de nature Ne l'en partist (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 30).

 

c)

[De la mort] Partir qqn de qqn. "Séparer qqn de qqn" : ...Mere du filz estre par mort partie, Quel dur remort ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 408).

B. -

Partir qqc. "Partager, répartir qqc."

 

1.

"Partager qqc. (en parts)" : Et quant la praye fut partie Entre ceulx qui pris les avoient... (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 12). Nous la devons partir a droit [la robe] : Checung sa part en doit avoir. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 202). Du partaige. Elle et moy n'eussiens riens party, Car ce n'estoit que ung corps party De nous deux en ung seulement (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 53). Mais adés m'en fault le butin Partir et de tout rendre compte. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 63). Allons partir nostre butin (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 406). ...ilz partirent le solleil ["lors d'un combat, l'exposition au soleil"] a moitié par acord. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 299). ...quant les deux parties furent rengies l'un contre l'autre sus le champ et qu'ilz eurent le soleil parti... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 452). ...soiez contente que la divorce et separacion soit faicte de nous deux, et que amoureusement partissons noz biens communs par egale porcion. (C.N.N., c.1456-1467, 445). ...la dame choisit la chaudiere, puis le mary ung aultre meuble, puis elle ung aultre, et ainsi consequemment jusques ad ce que tout fut party et porcionné. (C.N.N., c.1456-1467, 445). Car de tout ce que nous gaignons, Justement nous le partissons. (Pasté T., c.1475-1500, 206). Le manteau partirons premier ; Or en faisons donc piesses quatre. (Pass. Auv., 1477, 200). Et, quant le pere fut mort, les freres convindrent ensemble devant le juge pour partir leur heritaige. (MACHO, Esope R., c.1480, 178).

 

-

Partir qqc. ensemble, entre soi : ...durant la feste de ladite royne, il ont prins et emblé, par plusieurs et diverses fois, environ XX escuelles d'estain, qu'il ont vendues, en ladite ville, aus potiers d'estain, et l'argent ont parti ensemble par moitié. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 96). ...après ce que une sienne femme fu alée de vie à trespassement, et qu'il et les heritiers d'elle orent parti leurs biens ensamble, il qui parle ot à sa part iceli lit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 31). Tout lequel argent ilz apporterent ensamble à Paris mardi derrenierement passé, en entencion de le vendre, et l'argent d'icellui partir entre eux. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 397). Nous partiron son desjeuner Ensemble (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 119).

 

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Empl. pronom. [D'une chose] "Se partager" : Par argent se part et devise Dignitez, grandes prelatures (GARIN, Compl., 1460, 116). Or [les fillettes] firent selon ce decret Leurs amys, et bien y appert : Ilz amoient en lieu secret, Car autre d'eulx n'y avoit part. Touteffoiz ceste amour se part, Car celle qui n'en avoit q'um De celluy s'eslongne et depart Et ayme mieulx aimer chascun. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 62).

 

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[De la part qui est faite] Bien parti. "Bien partagé" : Mais pour chacun [les biens d'Amour] ne sont pas bien partis (TAILLEV., Edif. hôt. am. D., p.1440, 271).

 

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Mal parti

 

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[De la part qui est faite] "Mal partagé" : Mais la parchon n'estoit point egale, ains estoit mal partie. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 164).

 

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[D'une chose] "Inégal" : La bataille estoit mal partie (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 47). Mais quant le roy vey l'estour tant fier et sy mal parti, il escrya ses ennemis et dist : ... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 213). ...je pense a la bataille qu'il me fault furnir, combien qu'elle soit mal partie pour moy (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 257).

 

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Jeu mal parti : Ainsy fist chilz, dont je vous conte, Son grant damaige et sa grant honte, Tant qu'encor en dure le blame, Pour faire forche a une fame, Ou il n'ot plaisanche ne bien, Car li delis ne valu rien, Quant gieu y ot si mal parti, Que la dame au gieu ne parti. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 195). ...et combien que le jeu fust tres mal parti ["bien que les chances fussent très inégales"] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 629).

 

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Sentir trop mal parti son jeu. "Se rendre compte qu'on se trouve en mauvaise posture"

 

Rem. LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, I, 1495 (G. Hasenohr, M. fr. 14-15, 1984, 272).

 

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Empl. abs. : Au roy donne sa part asseiz honestement : oncques ne vis sy cortoisement partir. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 235).

 

2.

"Partager qqc. (qui est en parts ; avec qqn, avec d'autres), avoir en partage" : Ha ! frére, qui estes partans Les biens Dieu, vous orrez par temps Des nouvelles d'un vostre amy. (Mir. enf. diable, c.1339, 42). Pour bien Prudence et Justice partir, Aussi Force, doibt homme comparer Ceste vertu qui sçaura reparer Tout fait extreme Et t'aprendra aymer Dieu et ton presme (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 79).

 

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Empl. abs. "Prendre sa part (des biens du monde ?)" : [Les mauvais] ou ciel mains partiront Quant du secle departiront (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 70). Car qui a de l'avoir, il a moult bien parti. (Bât. Bouillon C., c.1350, 68). [T-L VII, 384, l.28-32 : "bei der Teilung gut wegkommen" ; éd., 239 : "il a prodigué des largesses [Scheler], il a fait des pourboires généreux" ; peu vraisemblable]

 

-

Partir qqc. contre qqn. "Partager qqc. avec qqn, avoir qqc. en partage avec qqn" : ...la moitié de la ville de la Grant Ayvelle et lez appartenances en ban, en justice et en toutes autres seignouries haultes, moyennes et basses, partant par indivis contre Jehan de Luzy, a cause de Jehanne d'Avennes, sa femme. (Trés. Reth. L., t.3, 1438, 165).

 

-

[D'une chose] "Être réparti, être en partage" : ...semblablement est il de la volenté ou affeccion qui est partie en pluseurs. (ORESME, E.A.C., c.1370, 490). Et ainsi est l'avoir du mond, Mais il n'est pas tout en un mont, Ains est parti diversement (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 142).

 

-

[Le compl. désigne une pers.] : Tel cuide avoir femme touz seulx Qu'a li ["qu'avec lui"] partissent plus de deux (Mir. Oton, c.1370, 341).

 

3.

Partir qqc. à qqn. "Partager qqc. avec qqn, lui en donner une part, une partie" : GABRIEL. Honoré, soies bauz et liez De par la royne honnorée, Qui veult que ta manne doublée Soit, si la t'envoie par my, Pour partir a un sien ami, Qui par cy assez tost venra. (Mir. enf. diable, c.1339, 42).

 

4.

Empl. abs. Partir avec qqn.

 

a)

"Partager le sort, l'état de qqn" : Saint Estiene primier martyr, Fay nous tous avec toy partyr. (Prières saints R., t.1, 1400-1500, 116).

 

b)

"Partager l'opinion de qqn, être de son parti" : SAPÏENCE. Justice a cause Et me tiens assez de sa part Se Verité avec nous part. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 46).

 

5.

Sans partir. "Sans partager, sans partage" : ...onques Lancelos ne ama Genevre ne Paris Helaine ne Tristan Yseult plus leaulment que vous serés de moi amee et servie, et sans partir (MACH., Voir, 1364, 154). ...n'onques mais dame ne fu tant amee ne si loialment desiree come je vous aim et desir sans partir ne muer. (MACH., Voir, 1364, 314). Toute ma vie sans partir Vous amerai, Ne pour aultre ne vous lairai (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 23). ...celle qui le cuer sien Vous ara doné sans partir (Cent ball. R., c.1388-1396, 177).

 

Rem. Inf. subst. ? Peut-être faut-il comprendre "sans cesser". V. infra IIIC2b.

 

6.

Inf. subst. "Partage" : Se j'eusse esté bien advisee, J'eusse choisi autre partir, Mais c'est trop tart de repentir. (Compl. Dinant T., 1466, 30).

 

-

Au mieux partir. "Au meilleur partage" : Tu n'emporteras sanz mentir De ce monde a ton departir Que bien fait, bonne renommée ; Encor sera ce au mieulx partir. Le bien fait yert pour repartir L'ame en la gloire bonneurée. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 284).

C. -

"Trancher"

 

1.

Partir (un débat, une querelle, une chose en débat) "Trancher, résoudre par une décision" : Seigneurs, voulez vous establir Deux juges (...) : Si orront chascune partie ; Puis sera la chose partie Par eulz, et en rendront sentence. (Mir. st Sev., 1362, 224). ...Que [Dieu] Entre les enfans et moy pére Juge tellement qu'il appére La querelle estre si partie Que de l'une et l'autre partie Soit le prouffit. (Mir. ste Bauth., c.1376, 135). Puis qu'il fault parler a la l[ett]re, La chose soit ainsy partye : Rendez Joseph d'Arimathie Que vous avez, sans mesprisons, Enfermé dedans voz prisons, Se sur ce nous voulez comprendre : Nous nous faisons fort de vous rendre Jhesus que nous avons gardé Ou sepulcre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 887). [Même contexte ds GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 401, v. 30104]

 

-

Le partir : Vien hors de ton hostel, traictre villain, je ne demourray pas ainsi batu, et le partiron toy et moy. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 67).

 

-

Jeu parti. "Alternative"

 

Rem. Ex. d'a. fr. et LA TOUR LANDRY ds GD VI, 11c.

 

.

Faire à qqn un jeu parti. "Donner un choix à qqn, lui présenter une alternative" : Je vous fas ce jeu parti tel : (...) Se pour miex garder de diffame Mon honneur et mon pucellage Vous me voulez par mariage Prendre et le plevir par la foy, Mon corps et m'amour vous ottroy ; Autrement non. (Mir. nonne, 1345, 320).

 

.

"Chanson dialoguée dans laquelle on pose un problème amoureux, une alternative galante" : Les autres, qui avoient souppé ensemble, disoient des chançons, des fables, des contes, des jeux partis. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 53).

 

-

Partir de deux jeux (à qqn). "Présenter une alternative à qqn" : Puis te fist devant lui venir, De deux jeus t'ala on partir, Que tu feisses sa volenté Ou d'avoir vive le chief trenché. (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 149).

 

2.

Partir un procès. "Trancher provisoirement, en laissant en suspens un procès sur lequel les avis sont partagés" : Et survint me Erart Gherbode pour rapporter l'advis et deliberacion des presidens et conseilliers de la Chambre des Enquestes sur le procès d'entre Jehan et Pierre les Joules et l'evesque de Theroenne, d'une part, et Jehan d'Aubigny, escuier, capitaine de Bray-sur-Somme, defendeur, d'autre part, pour y prendre conclusion final, lequel procès avoit esté party en ladicte Chambre des Enquestes et ceans. (FAUQ., II, 1421-1430, 259).

 

-

Procès parti : ...et survindrent me J. Filleul et J. de Longueil le jeune pour conseillier et jugier ung procès parti en la Chambre des Enquestes d'entre Tassart Fervagu, d'une part, et Martin Le Pipre, d'autre part. (FAUQ., II, 1421-1430, 214).

 

-

Partir (des pers.) en procès. "Dans un procès, trancher provisoirement, en laissant (les parties) en division, en désaccord" : Au jour d'ui, a ancores esté miz suz l'arrest d'entre monsr de Berry, d'une part, et le sr de Chauvigny, d'autre part, sur lequel avoient esté parti en la Chambre des Enquestes et puiz iterum en la Grant Chambre, et demum ce present jour, ont esté XXX d'une oppinion ou XXXJ d'une autre, à compter les oppinions de messieurs qui les autres jours cy devent en dirent, et par ce demeurent ancores parti. (BAYE, I, 1400-1410, 25). Ce jour, a esté visité le procès d'entre Pierre Amiot, d'une part, et J. Prevost, dit Merveillier, d'autre part, sur quoy ont esté parti en la Chambre des Enquestes, et ancores ont esté parti en la Grant Chambre. (BAYE, I, 1400-1410, 312). Cedit jour, a esté conseillié un procès de la Chambre des Enquestes, où estoient parti les seigneurs d'icelle Chambre. (BAYE, II, 1411-1417, 183).

II. -

[Idée d'attribution d'une part, de participation à qqc.]

A. -

Empl. trans.

 

1.

Partir qqn. "Pourvoir qqn d'une part"

 

a)

Partir qqn de qqc. : Congiet pris et de la parti ; Mais au depart moult me parti Grandement de son douls espart. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 76). Mes se ma dame y regart Et de sa douchour me part, Confort arai (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 165). Partez quant vous voudrez partir Affin que nous puissions partir Aux biens dont on vous partira. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 125). ...tant est l'amour que je vous porte que vous vouldroie en tous endrois le plus vaillant et le meilleur, esperant en Dieu que il vous partira de l'onneur. (LA SALE, J.S., 1456, 146). Partez devant quant vous vouldrés, Afin que partir nous puissiés Des biens dont on vous partira. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 974).

 

-

Estre parti de qqc. "Être loti de qqc. (de positif ou de négatif)" : ...povrement parti Des biens que ilz tout desiroient. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 49). Ma belle mestresse, Doulcement vous pry, Ostez la tristresse Dont je suis party (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 367). Et Narcisus en tel party En son temps d'Amours abusa Car d'orgueil fut sy bien party Que l'amour Equo refusa (TAILLEV., Congé am. D., p.1440, 254). Et n'estes vous pas bien vestue, bien logée, bien servye, et de tout ce que gens de nostre estat pevent par raison desirer bien convenablement partie ? (C.N.N., c.1456-1467, 470). ...il cuidoit aussi bien estre party de l'instrument naturel que voisin qu'il eust (C.N.N., c.1456-1467, 471). Princes hardis, appaisiez vos partis, Soyez partis de grace sans decours (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 145). Lors fu de peu de biens parti (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 773).

 

b)

Partir qqn + adv. "Attribuer à qqn sa part (de telle ou telle manière)" : "...Je vous feray tousjours ce change quand vous vouldrez. - Quel change ? dist il. - D'une vieille ja toute passée, deshonneste et desloyale, a une belle, bonne et fresche jeune fille ; ainsi m'avez vous party, la vostre mercy." [Le mari a découvert que sa femme, pour rejoindre son amant, a mis la jeune chambrière dans le lit conjugal] (C.N.N., c.1456-1467, 250). Et vrayement, dit il, je vous en mercie beaucop. Je ne me doy pas plaindre, vous m'avez tres bien party [Une femme donne tout son corps à son amant, sauf le derrière, réservé au mari] (C.N.N., c.1456-1467, 321).

 

-

Estre parti + adv. "Avoir reçu sa part, être pourvu (de telle ou telle manière), être loti" : En jeu party suy si estrangement Que je me rens et n'y voy sauvement (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 83). Entens, homme, sans sommeillier, Entens comme tu fus parti : ... (Moralité st Antoine B.B., 1427, 36). Tenez, dit il, veez la vache et le veau : suis je pas bien party ? [Une jeune mariée accouche le soir de ses noces, à la surprise du mari] (C.N.N., c.1456-1467, 200). Vous savez que vous n'avez esté que une foiz avecques le chanoine, et moy deux foiz ; et pardieu, ce n'est mie raison que vous soiez partie aussi avant que moy. (C.N.N., c.1456-1467, 523). Tant de bien viennent par ty, Que c'est chose merveilleuse. Trespiteuse De veoir oeuvre dommaigeuse, Mais joyeuse Que l'homme soit bien party. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 78).

 

.

Estre le mieux parti. "Être le mieux loti" : ...il se doit travaillier par toutes bonnes manieres que, sans enfraindre le decret et la loy de chevalerie touchant cellui cas, les vaillans hommes d'armes de tous estaz au butin et ailleurs soient le mieulx partiz, affin que les autres mains vaillans ayent occasion d'admander leur lance et leur espee. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 516). Par dieu ! vous estes la mieulx partie de nous toutes, ce croy je. [Des femmes comparent les qualités viriles de leurs époux] (C.N.N., c.1456-1467, 472).

 

.

Estre le mieux parti du jeu : ...si d'adventure mon maistre ou ma maistresse venoient icy (...) je seroie perdue et gastée, et vous ne seriez pas le mieulx party du jeu. (C.N.N., c.1456-1467, 122).

 

.

Estre mal parti. "Être lésé dans un partage, être mal loti" : CAYN. Povres laboureurs ont le pis, Par quoy je suis tres mal party, Mais j'en aray fin, se je puis, Avant que laisse ce party. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 98).

 

.

Estre le pis parti. "Être le plus mal loti" : ...il estoit le pis party, mais il n'en resta pas qu'il n'en fust le mieulx servi. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 312). Mais les Bretons estoient les pis partis (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 627).

 

c)

Partir qqn à qqc. "Faire participer qqn à qqc." : Frere, venés vous ent, sy lessés se bocage, Car je vous partiray a mon grant heritage (Tristan Nant. S., c.1350, 684).

 

d)

Partir qqn de qqn. "Doter qqn de qqn" : ...sa queste en amours doit estre bien finée quand amours l'ont party de la nonpareille des aultres (C.N.N., c.1456-1467, 80).

 

e)

Se partir. "Prendre sa part, se charger de sa part" : Car chevalier contre pion Ne se partist honnestement (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 28).

 

-

Se partir de qqc. "Prendre sa part de qqc." : Qui ne se peult dez biens partir Ja n'en avera bonne partie. J'en preïsse voulentiers Par devers moy la milleur part (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 24).

 

-

Se partir de + inf. "Se mettre en mesure de faire qqc." : Enseigne moy par quel maniére De ton vouloir faire me parte, Afin qu'a ta grace je parte Et qu'a t'amour je puisse aerdre. (Mir. mère pape, c.1355, 380).

 

2.

Partir qqc. à qqn. "Donner, réserver qqc. (de positif ou de négatif) à qqn" : Oncques puis que je me party De celle a qui mon cueur party Avoye et donné sy grant part, Ne me trouvay en nulle part Ou j'eusse quelque bon party. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 251). ...Pour mal que l'on lui eust party (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 356). [Éd. : "quelque mal que l'on lui eût fait"] Dieu part sa grace A tous nous aultres qui maintenons la trace De ces vertus (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 91). Aux povres part de sa substance Et avec eux se veult logier (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 28).

 

3.

Partir qqc. à qqc. "Attribuer, affecter, consarer qqc. à qqc." : Et des chieulx est une partie A chascun element partie (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 38).

B. -

Empl. trans. indir. Partir à / en

 

1.

Partir à qqc. "Avoir part, prendre part à qqc."

 

a)

[À une chose concr.] : Frerez, venez moy compaignier Hardiment, je le vous commande, Sy partirés a la vÿande Que je vous ay cy aprestee. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 423). [Même contexte ds Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 966] Le ribault veult tout emporter Et je dis que g'y partiray. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 122). S'il y en a plus, que g'y parte ! Faictes, faictes luy de la tarte, S'il vient, pour servir de dessert. (Gent. Naudet T., c.1500, 269).

 

-

Se partir à qqc. "Prendre une part de qqc." : Et, quant il fut guery, il se partit a tout ce qu'il avoit en disant : " (...) aujourduy, je mengeray de viandes delicieuses..." (MACHO, Esope R., c.1480, 170).

 

b)

[À une chose abstr.] : Et si veult que nous partissions A sa gloire (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 77). Dieu vout mourir pour ta redemption. Et se tu paines ta char pour l'amour de lui, aussi comme il fist la siene pour l'amor de toi, tu partiras a chelle grant gloire. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 88). ...et seroi bien courchié se honneur y avez quant je n'i part. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 103). Enseigne moy par quel maniére De ton vouloir faire me parte, Afin qu'a ta grace je parte Et qu'a t'amour je puisse aerdre. (Mir. mère pape, c.1355, 380). ...quar qui fait autrement Il fault pardurablement A la haulte participacion Dont li saint ange ont recreacion, Et qui la sert il part a leur peuture. (Mir. femme, 1368, 235). Ainsy fist chilz, dont je vous conte, Son grant damaige et sa grant honte, Tant qu'encor en dure le blame, Pour faire forche a une fame, Ou il n'ot plaisanche ne bien, Car li delis ne valu rien, Quant gieu y ot si mal parti, Que la dame au gieu ne parti. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 195). Mais je ne poy oncques trouver partie ["partage"] Ou mes cuers puist joieusement partir. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 263). Puis qu'ainsi est, mettez vous a enchiere : J'offeray tant que j'y devray partir. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 87). Vous ne poueiz avoir se honneur non et partir a son fait d'armez. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 96). A cestui jour, pour maintenir l'usage Des amoureux auquel je dois partir, Je vous retien de rechief, belle et sage. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 103). Partez quant vous voudrez partir Affin que nous puissions partir Aux biens dont on vous partira. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 125). C'est ung maleureux, ce dist Estonné. Voulez vous partir a sa perte ? (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 350). C'est comment ung seigneur doibt estre, Large, liberal, non pas mettre En tresor mais tout espartir, Que chacun y puisse partir. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 36). ...force vous euist contraint a partir a leur doleur. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 18). ...ce n'est pas mon coeur ne moy, mais est honneur qui ad ce tous nous y confforte, en laquelle vous y partez. (LA SALE, J.S. E., 1456, 355). ...crians et disans qu'avecques luy vivroient et mourroient ; et tant et si avant qu'il plairoit à Dieu luy envoyer, fust dur, fust mol, ils y partiroient et ne le derelainquiroient ne en mort, ne en vie (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 508). Et ne devois-tu point partir Aussi bien au mal comme au bien ? (Pasté T., c.1475-1500, 211).

 

-

P. iron. : LE SERGENT D'ARMES. Vuidiez de ci ysnellement ; Avant : il vous convient partir, S'aux biens faiz ne voulez partir De ceste mace. (Mir. Amis, c.1365, 17).

 

2.

Partir en qqc. "Avoir part, prendre part à qqc." : Car en ce faisant il acomplist son mauvais plaisir combien que il ne parte pas en la distribucion (ORESME, E.A.C., c.1370, 315). Et si vous avez si bonne ame Que ne partez en mon peché... (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 159).

 

-

[D'une chose] Estre parti en qqc. "Être attribué à, localisé en" : [Le toucher] en ung seul lieu ne est party (...), Partout est et partout habite (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 20).

 

-

Partir contre. "Prendre part (à un combat) contre" : Et si n'est mye droit que ceulx qui sont creant En Mahon vostre dieu soyent si partissant Contre lez crestïens, quar ne sont que meschant (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 326). [Éd. note du v. 10159 : "il n'est pas juste que des païens combattent dans ces conditions, prennent part ainsi à un combat contre les Chrétiens, car ils sont méchants (c'est-à-dire ne valent pas cela, à la fois ne le méritent pas et ne sont pas vaillants)"]

 

-

Partir entre. "Avoir sa part parmi" : Ton orgueul part entre tous les humains, Car d'humain sang tu es insatiable (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 183).

 

3.

Partir à qqn. "Favoriser qqn, être de son parti" : ...si ne puis ceste lodiére Que je quier trouver nulle part. Je croy que Diex a elle part (Mir. Oton, c.1370, 362).

 

-

Se partir de qqn. "Prendre le parti de qqn" : Mais quoi qu'elle [Fortune] se demainne, Je me pars De lui (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 67).

 

Rem. FROISS., Joli buiss. F., 1373, v. 585.

 

-

JEUX Partir à qqn. "Prendre part à une partie avec qqn" : ...icellui duppe, voyant que ledit Nobis avoit gangnié, meu de convoitise, s'accorda de partir a lui. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1426, 369).

III. -

[Idée de séparation spatiale]

A. -

Empl. trans. Partir un lieu. "Quitter un lieu" : ...afin que ledit roole ou regard d'eulz feust aboli, et ne feussent contrains de partir ladicte ville de Paris. (FAUQ., I, 1417-1420, 40). Adont ilz s'accorderent tous que ce lieu jamais ne partiroient (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 612).

 

-

[D'une chose] Partir qqn. "Quitter qqn" : Maudit soit le serf de Fortune Qui de la terre te tira, Quant, par toy, tel dueil me fortune Qui jamais ne me partira ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 283).

B. -

Empl. trans. indir. Partir de

 

1.

Partir de qq. part. "S'en aller de qq. part, quitter (un lieu)" : Ou partir du chastel li fault Et cueillir air, ou sanz deffault Ne vivra pas. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 257). Chier sire, querre vous venons. Partez de ci et voz gens touz. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 258). De la partesimes ensi. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 78). ...ledit mons. le prevost de rechief fist venir ladite Margot, prisonniere, en jugement sur lesdiz quarreaux, et li demandé se de l'eure que elle parti, et du jour, de la ville de Paris, pour aler audit lieu de Pontoise, et aussi du temps, jour et heure qu'ilz arriverent, au rettour, en la ville de Paris, elle s'en vieult raporter et croire en ce que ledit Ancel en dira et deposera. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 350). Et autre chose ne volt congnoistre, et, pour ce, fu fait mettre en la prison dont il estoit partiz. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 496). ...mondit segneur le Dauphin estoit desjà parti dudit lieu de Meleun (FAUQ., I, 1417-1420, 133). Ce jour, le Roy, qui avoit intencion de partir prochainement de Paris, ala oïr messe en l'eglise Nostre-Dame (FAUQ., I, 1417-1420, 192). ...quant le vray amoreux part de son pavillon tout armé comme il doit estre (LA SALE, J.S., 1456, 33). ...ce n'est pas mon intencion de partir d'icy qu'il ne soit demain. (C.N.N., c.1456-1467, 211). ...il fust content [de] soy habiller et partir de la dicte chambre (C.N.N., c.1456-1467, 390). Il a desja journees trois Que je partis de mon pays Pour faire ce qu'on m'a commis A faire en ceste cité. (Pass. Auv., 1477, 192). Et puis ce faict, il partit du dict lieu de Saint Exhibe, et alla coucher a La Meure, auquel lieu il arriva bien tart. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 323).

 

-

[De l'âme au moment de la mort] : ...ainçois que l'ame me parte Du corps, arez, ce vous ottroy, Un meilleur compaignon de moy (Mir. st Guill., c.1347, 50). Quant de mon chetif corps sera l'ame partie... (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 195).

 

-

Partir du siècle. "Mourir" : ...qui sera celuy qui, toy mort et party de ce siecle, les possidera [les biens] (C.N.N., c.1456-1467, 556).

 

-

Part. prés. en empl. subst. : A celle porte, des partens Du chastel y a en tout temps (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 106).

 

-

CHASSE [D'une bête] Partir de son lit. "Quitter son lit" : ...aucunne foiz le cerf qui orra venir le limier et les chienz, quant il part de son lit, ne s'en ira mie tout droit avant, quar par aventure il fuyra ou a l'un costé ou a l'autre ou arriere. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 175).

 

2.

Partir de qqn. "Quitter qqn" : Dame, je vous amoie moult Hyer matin, quant de vous parti. (Mir. femme roy Port., c.1342, 193). Mon Dieu, (...) a ce besoing me sequeurs, Si que ja ne parte de toy, Mais qu'atraire puisse a ta foy Ces mescreans. (Mir. st Ign., 1366, 82). Le dit herault, bien informé et aprins qu'il devoit dire et faire, de son maistre partit (C.N.N., c.1456-1467, 56). ...avant que de moy partez vous amenderez a mon vouloir (C.N.N., c.1456-1467, 156). ...nous savons certainement que c'est celle que vous avez huy espousée, et que nous prismes a l'aultier, car oncques puis ne nous partit des braz. (C.N.N., c.1456-1467, 340).

 

-

Partir de qqn + attr. : ...eut plusieurs disciples de diverses et loingtaines regions (...) que l'on treuve allegués ès livres enciens, qui partirent de ses mains tous grans astrologiens et hommes vertueux, lesquieulx tous escripvirent puisque il sont allegués. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 32 r°).

 

-

Au fig. "Tirer son origine (de qqn, d'un milieu familial et social donné)" : Je vous diray dont Paix party En brief, s'il vous plaist et agree, Et ou elle fu engendree. (TAILLEV., Moral. D., 1435, 102). ...et que premierement il fit Adam et Eve et que de eulx devoient partir tous hommes (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 238). Et a la verité bien semble qu'il est de noble lieu party et qu'il a bien veu et apris en la tresnoble court ou il est norry (LA SALE, J.S., 1456, 130).

 

3.

Partir de qqc. "Se défaire de qqc." : Ensi amours me fait moult a souffrir, Car ardamment .I. tel desir m'amainne, Dont je ne puis ne partir ne joïr (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 108).

 

-

Partir de + inf. "Renoncer à + inf." : Je, Michault, pour aultre party Tenir, ay prins nouvellement Congié d'Amous et suy party D'amer tellement quellement. (TAILLEV., Bien allée D., p.1440, 258).

 

4.

[D'une chose] "S'éloigner de, s'échapper de" : ...car qui seroit en une naif meue isnelement vers orient et trairoit une seëtte tout droit en haut, elle ne charroit pas en la naif mes bien loing de la naif vers occident. Et semblablement, se la terre est meue si tres isnelement en tournant de occident en orient, posé que l'en gectast une pierre tout droit en haut, elle ne cherroit pas ou lieu dont elle parti mes bien loing vers occident (ORESME, C.M., c.1377, 520). Et sambloit de la fumee qui partoit de lui que ce fust ung chauffour (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 111). Quand les dix escuz furent en la main dont ilz partoient, celle qui les rendoit cuidoit bien enrager (C.N.N., c.1456-1467, 124).

 

-

Laisser partir qqc. de ses mains. "Laisser qqc. sortir de ses mains" : ...celuy qui perdu avoit le dit dyamant ne le vouloit laisser partir de ses mains (C.N.N., c.1456-1467, 393).

 

-

[D'une maladie] "Provenir de" : Aussi ont les chiens autre maladie qui leur part de rieume, c'est qu'ilz ont la morve es narines, comme ont les chevaux, et ne peuent rien sentir, et au desrenier aucuns en muerent. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 119).

 

-

Au fig. : ...et si vous ose bien faire la pareille promesse, vous suppliant (...) que mon bon et loyal vouloir me soit reputé de tel et aussi grand merite que s'il partist de plus homme de bien que moy. (C.N.N., c.1456-1467, 168). Si leur sembla que l'ouverture qu'elle faisoit luy partoit d'ung grand sens et de bon vouloir. (C.N.N., c.1456-1467, 171). ...[je vous supplie] que mon petit service, partant de bon vouloir et entier, ne soit pas reffusé. (C.N.N., c.1456-1467, 257).

C. -

Empl. abs.

 

1.

[D'une pers.] "S'en aller, quitter le lieu où l'on est" : Avant : pensons d'estre partans Ensemble touz. (Mir. pape, 1346, 384). LE SERGENT D'ARMES. Vuidiez de ci ysnellement ; Avant : il vous convient partir, S'aux biens faiz ne voulez partir De ceste mace. (Mir. Amis, c.1365, 17). ...le jour qu'ilz partirent, alerent au giste en la en la ville de Pontoise, en laquelle ilz jeurent celle nuyt (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 366). ...la nuit vint, A force partir lui couvint. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 241). ...car il faloit ledit chevalier partir sur heure et chevaucher nuit et jour pour estre à la besoigne et bataille de Brantosne. (BAYE, I, 1400-1410, 157). ...lesquelz ambassadeurs avoient intencion de partir lendemain pour aler audit lieu de Meleun (FAUQ., I, 1417-1420, 133). Partez quant vous voudrez partir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 125). L'eure vint de partir, et donna la bonne nuyt au bourgois et a sa compaignie (C.N.N., c.1456-1467, 27). Quelque chose que ses compaignons luy deissent ne fissent, il ne vouloit partir (C.N.N., c.1456-1467, 64). L'aultre, plus esveillé qu'un rat et viste comme ung levrier, part et s'en va (C.N.N., c.1456-1467, 76). Lequel jour l'artillerie partit pour aller a Versay, et de la donner secours a monsieur d'Orleans. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 300).

 

-

Empl. impers. : Tantost aprés il parti ung chevalier de la chambre, moult noblement vestu (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 31).

 

-

[De l'âme au moment de la mort] : ...tousjours estoit tant de mal oppressée qu'on cuidast bien que l'ame en deust partir. (C.N.N., c.1456-1467, 458).

 

-

Faire partir : Pour ce que les advocas n'estoient pas prests de leurs causes, la Court a fait partir advocas et procureurs et parties et s'est mise au Conseil. (BAYE, I, 1400-1410, 298).

 

2.

[D'une chose]

 

a)

"S'éloigner" : Et donques ce qui est meu selonc lieu est fait ou transmué d'aucun lieu et en aucun lieu. Et pour ce convient il que le lieu ou terme dont tel cors est enclin a partir et le lieu auquel il est enclin a estre meu different en espesce, et aussi comme le cors qui garist n'est pas transmué a l'aventure en quelconque chose ne la ou weult ce qui le meut indifferenment. (ORESME, C.M., c.1377, 140).

 

-

[D'un chemin] "Aller, conduire à partir de là" : Et ung chemin se fourche et part En pluiseurs lieux et pluiseurs sentes. (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 11).

 

b)

P. anal. "Cesser" : Ains que parte ceste bataille, Ne sera si bon ton escu Que je ne te rende vaincu (Mir. marq. Gaudine, 1350, 165).

 

-

Sans partir. "Sans interruption" : Saint Estïenne, vrai martir, Prie Dieu por nouz sanz partir. (Prières saints R., t.1, c.1300-1330, 96). Et pour ce convient qu'il vous die Que .xx. et .viii. ans, sanz partir, A servi a royal lignie Vo pere et vous. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 195).

D. -

Empl. pronom.

 

1.

[De plusieurs personnes, d'un groupe] "Se séparer" : Cedit jour, la Court s'est partie environ VIJ heures et est alée à la procession generale pour la paix du royaume (BAYE, II, 1411-1417, 70). Finablement les deux consulles se partirent, chascun a sa gent. Sy s'en alla Livius Salinator contre Hasdrubal, qui estoit vers les Alpes en Galle cisalpine (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 41). Et ainsi se partit ceste assemblée des trois estas de Hollande et de Zeelande (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 78).

 

-

Se partir l'un de l'autre. "Se séparer" : ...et, senz plus dire entre eulx de ceste matiere, se partirent l'un de l'autre et s'en alerent audit lieu de Poitiers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 520).

 

-

Part. passé [D'un groupe] "Séparé, dispersé" : ...quant l'assamblee fut partie qui avoit esté faitte auprés des pors de Royalville... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 130).

 

2.

Se partir de

 

a)

Se partir de qq. part. "S'en aller de qq. part" : Mais, s'il vous plaist, vous me direz, Ains que je me parte de cy, Qui est elle et qui vous aussi. (Mir. ev. N.D., c.1348, 73). ...et lors se parti Jehannin de Saint-Py, lors escuïer, de la Rochefouquaut, et demanda qui savoit le chemin à aler à Poitiers. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 55). ...il estoit nez de la ville d'Orleans, en laquelle il avoit aprins mestier de conréeur de cuirs, et que d'icelle ville il s'estoit parti deux ans a ou environ (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 76). De laquele ville de Rungy, ce fait, il et les diz compaignons se partirent et prindrent congié li uns à l'autre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 241). D'Arges se parti Thideüs (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 303). ...et lui sera faicte defence (...) que de la ville de Paris ne se parte, jusques à ce que icelle Court en avera autrement ordonné. (BAYE, I, 1400-1410, 94). Et ce fait, incontinent se partirent de la Court lesdis du Gard et du Molin pour aler devers ledit cardinal à la fin dessusdicte. (FAUQ., I, 1417-1420, 113). D'icy me pars (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 115). ...le curé se partira de leens et prendra son congié (C.N.N., c.1456-1467, 353). ...il s'advisa et delibera qu'il ne se partiroit point de son hostel pour servir Amours (C.N.N., c.1456-1467, 365). Aprés ladite pause se partira de son eschaffault le pere sainct Martin, la mere sainct Martin avec leurs escuyers et demoiselles et s'en viendront sur le parc, faisant leur tour comme il appartient. (LA VIGNE, S.M., 1496, 139).

 

-

S'en partir de qq. part : ...son filz s'en parti De son païs (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 92).

 

b)

Se partir de qqn. "Se séparer de qqn, quitter qqn" : Et cil li sçot bien refuser Et de son pére se parti (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 235). Quant ces moz li a oi dire, De li se part a cuer plain d'ire (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 269). Item, confessa que, la vaille ou seurveille de ladite feste de Saint-Jehan, il se parti d'avecques sadite mere, et se aloa a Thibaut Le Henapier, hostellier, demourant en la rue Saint-Vincent, ès fauxbours d'icelle ville du Mans, pour le servir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 187). Et atant se parti dudit Breton, ne oncques puis ne parla à lui. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 535). Oncques puis que je me party De celle a qui mon cueur party Avoye et donné sy grant part, Ne me trouvay en nulle part Ou j'eusse quelque bon party. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 251). Or laisseray cy a parler de ceste tres puissant noblesse des seigneurs, barons et banieres, et diray du tres piteux et regretteux partement de Saintré et de tous les seigneurs françois quant se partirent du roy et de la court. (LA SALE, J.S., 1456, 201). ...ne vouldroye pour rien qui fust qu'il se partist de moy sans aultrement avoir parlé a luy (C.N.N., c.1456-1467, 248). ...nostre chaperon fourré fist tant par belles parolles et pluseurs remonstrances, qu'elle fut contente de se partir de luy et espouser ung barbier (C.N.N., c.1456-1467, 416). Dictes que tant qu'elle croit que Arnoul soit mort et que il ne retourne pas, elle est excusee de adultere et de fornication pour l'ignorance du fait. Et se elle a aucuns enfans de Phelippe, aucuns les jugent legitimes. Mais se il retourne, elle se doibt partir du second et retourner au premier. (Sacr. mar., c.1477-1481, 70).

 

-

[De l'âme au moment de la mort] : Mais quant l'ame du corps se part... (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 68). ...il te convient faindre d'estre malade tresfort, et monstrer semblant d'estre tant oppressée qu'il semble que l'ame s'en parte. (C.N.N., c.1456-1467, 134).

 

-

S'en partir de qqn : Et ainsi prindrent du roy, de la royne, des seigneurs et dames congié, et s'em partirent de Saintré, de Boussicault et de mains autres, tresbien acompaigniez. (LA SALE, J.S., 1456, 185). [Animaux personnifiés] ...incontinent aprés que le loup s'en fut parti du lyon... (MACHO, Esope R., c.1480, 163).

 

-

Se partir d'avec qqn : ...la fille d'un roy qui se parti d'avec son pére pour ce qu'il la vouloit espouser (Mir. fille roy, c.1379, 3). ...[il] se parti lors d'avec icellui son maistre sanz lui avoir fait de ce aucune restitucion. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 169).

 

c)

Se partir de qqc. (d'une activité). "Interrompre (une activité) en s'en allant" : ...[il] servi ledit chevalier par l'espace de IIJ ans continuelz ou environ, et se parti du service d'icellui chevalier, sanz prendre de lui congié, environ Karesme prenant derrenierement passé ot un an. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 78).

 

-

Au fig. Se partir de qqc. (du chemin à suivre). : ...ce n'estoit que faulce foy et creance a tous ceulx qui foy y adjousteront et se partent du chemin de la verité. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 124).

 

-

"Se défaire (de qqc.)" : ...l'en a si grant plaisir au pechié qu'on ne se peut partir ne repentir (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 20).

 

3.

Empl. abs. Se partir

 

a)

[D'une pers.] "S'en aller" : ...car quant ilz ont grant fain, ilz ne se partent ne laissent la pasture pour estre menaciéz ne pour estre batus. (ORESME, E.A., c.1370, 214). Elle me respondi bonne erre D'Aussoy estoit, mais pour la guerre Qui y estoit s'estoit partie. (Mir. Berthe, c.1373, 237). ...monseigneur le Chancellier (...) s'estoit hier parti pour aler audit Tours au Roy (BAYE, I, 1400-1410, 249). Atant me pars (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 61). Partons nous sans faire sejour (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 425). Et a tant se part et s'en va (C.N.N., c.1456-1467, 193). Il fist semblant d'en estre malcontent et de se partir a regret (C.N.N., c.1456-1467, 353). Et a tant se voult partir le gentil amoureux (C.N.N., c.1456-1467, 381). ...[elle] dist a son mary que tout estoit prest, et qu'elle alloit querir de l'eaue beneiste pour soy partir après. (C.N.N., c.1456-1467, 527). Et le roy avoit veu le dict Chasteau Neuf a son aise, se partit et vint voir son siege devant le Chasteau de l'Ouve. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 255).

 

-

Se partir qq. part. "S'en aller qq. part" : Le premier remede ou consideracion est penser a sa fin et a sa mort, et puis en quel lieu l'ame se partira : ou en paradis pour bien fait, ou en enfer pour meffait. (GERS., Annonc., a.1400, 238).

 

-

S'en partir. "S'en aller" : Il lui menti, et s'en parti, Sanz congié (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 173). Je treuve en l'Ystoire Tripertite, ou premier Livre, que Constantin voulant esprouver la loyaulté de ceulz qui le servoyent faignyt ung mandement publique que tous ceulz qui vouldroyent regnier leur loy crestienne demourroyent a honneur avec luy, les autres a desonneur s'en partyroient. (GERS., Concept., 1401, 410). ...s'en party resconforté (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 117).

 

-

CHASSE [D'une bête] Se partir du change. "Quitter le change" : Et lors se doit tenir avec les bons chienz et saiges et requerir avant et non pas arriere, touz jours par ou le change va, en parlant gracieusement a ses chienz jusques a tant que li uns ou li autres de ses bons chienz le drescent de la ou il aura laissié et se sera parti du change. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 205).

 

b)

[D'une chose] "Disparaître" : Par ceste tollérance, se part et diminue l'or d'ung pays et se transporte en ung autre où il se aloue à plus hault pris. (ORESME, Monnoies W., c.1365, XXII).

 

-

S'en partir. "S'éloigner" : Item, se l'en dit que quant la partie du ciel qui est en orient s'en part, elle lesse estre destre et celle qui y vient de nouvel commence estre destre, aussi comme se Athlas ne se meust mais eust touzjours son bras destre en orient (ORESME, C.M., c.1377, 328).

E. -

Inf. subst.

 

1.

"Action de s'en aller, départ" : Ce jour, la Court a defendu le partir à Jehan d'Esparnay, receveur de Vermendois (FAUQ., II, 1421-1430, 290). Lors prindrent le jour du partir au XVe jour du prouchain mois de juillet ensuivant. (LA SALE, J.S., 1456, 90). ...le galant (...) la va prendre par la main et luy defendit le partir (C.N.N., c.1456-1467, 309).

 

2.

Au partir./À ce partir. "Au moment du départ, de ce départ" : Ersoir, au partir, le laissay Cy. (Mir. chan., c.1361, 177). Disons ce rondé liement, Gabriel, au partir de ci. (Mir. st Val., c.1367, 135). ...et lors, au partir de la taverne où il avoient beu, fist fere nouvellement et la premiere fois le signe de tonsure (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 70). ...au partir qu'elle fist de sadite chambre, elle mal print une grant nape de table, laquele elle vendi en ladite ville de Rouen VJ sols par. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 435). ...et au partir leur fist de beaulx dons (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 168). Si fist partir la compaignie ; et au partir que firent les femmes dirent dame Jehanne, dame Ysabeau et Katherine... (C.N.N., c.1456-1467, 45). ...en ce point se partit ; mais il n'oblya pas a dire a ce partir que... (C.N.N., c.1456-1467, 116). ...ledit Bouquet s'en retourna en son hostel et depuis a essayé, par troys ou quatre foys, à faire et moller de ladicte fausse monnoye, ainsi que lui avoit monstré ledit maistre Gabriel, et aussi au patron de sept targes que ledit maistre Gabriel lui avoit laissées au partir (Doc. Poitou G., t.11, 1469, 214).

 

-

Dès le partir : ...ilz conclurent entre eulx et avec leurs femmes, des le partir de leurs maisons, que tout le voyage ilz ne coucheroient pas avec elles (C.N.N., c.1456-1467, 201).

 

.

Au partir de. "Au moment du départ de" : Ce jour, au partir de la Chambre des Enquestes, survindrent et furent appellez en la Chambre de Parlement au Conseil, me N. Fraillon, me Jaques Branlart (FAUQ., II, 1421-1430, 150). Mais neantmoins, quelque mal que j'avoye Ne quelque grief que j'aye supporté, Tousjours Jhesus en ayde appelloye Et sans cesser mon cueur luy envoyoye. Puis, au partir de celle dure vie, De revenir vers vous je pris la voye Comme voyez, dont Dieu je remercye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 357).

 

-

À mon partir. "À ma mort" : Ha ! sire Diex, a mon partir Ton saint et bon ange m'envoie, Qui me conduie et mette en voie De vray repos. (Mir. st Panth., 1364, 360).

 

-

CHASSE Au partir des couples. "Au moment où les chiens sont découplés" : Et, quant il ou l'un des compaignons aront leissié courre le cerf, il ne doit pas trop haster ses chienz au commencement ne eschaufer ne chevauchier trop sus eulx, quar ilz sont assez chauz et ardanz au partir des couples. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 197). [Synon. : au partant des couples]

 

.

Au partir de son lit. "Au moment où la bête quitte son lit" : Il [les cerfs en rut] tuent chiens et chevaus et hommes en celuy temps et se font abaier comme un sangler, espiciaument quant il sont las, encore au partir de son lit ay je veü qu'il blessoit le vallet qui fesoit la suite et occioit le limier et en oultre un coursier. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 59).

 

-

Prov. : Au partir fault compter a l'hoste. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 591). [Autres ex. p.63, 75, 660, 772]

 

3.

"Point de départ (?)" : ...[Saintré] desmarcha tout le premier et vint trouver le seigneur de Loissellench assez pres de son partir (LA SALE, J.S. E., 1456, 258).

F. -

Part. prés. en empl. subst. "Départ, sortie"

 

-

CHASSE Au partant des couples. "Au moment où les chiens sont découplés" : Et pour ce loe je qu'il le dresce un pou plus avant dou lit, quar si les chienz estoient descouplez sus le lit et il fuioit arriere ou de costé, les chienz, qui ont grant voulenté au partant des couples, iroyent avant, et le cerf fuyroit arriere ou de costé. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 175). [Synon. : au partir des couples]

 

.

Au partant de la mue. "Au moment où les oiseaux de chasse sortent de la cage où on les garde pendant la mue" : Aussi les faucons ou austours ou autres oisiaux au partant de la mue et du soujour, ilz ne pourroient voler longuement, quar ilz ne sont pas a point de voler ne essaïnez. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 148).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 63/80 
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     PARTISON     
FEW VII partire
PARTISON, subst. fém.
[T-L : partison ; GD : partison ; FEW VII, 682a : partire]

"Part" : ... Ne laist braiel ne laist chemise, Neis la value d'un tison, Dont il ne prent sa partison (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 82).

REM. Mot d'a. fr. en voie de désuétude. GD VI, 12b, enregistre un empl. partic. "Cordon [c'est-à-dire part] de lin prêt à filer" (doc. 1374).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 64/80 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     PARTISSABLE     
FEW VII partire
PARTISSABLE, adj.
[T-L (renvoi) : partissable ; GD : partissable ; FEW VII, 683b : partire]

"Qui peut être partagé" : Pour laquelle chose encor mielx comprendre, nous devons considerer que la chose mesurable doit estre proporcionee a la mesure et partissable en samblables parties, car autrement ne pourroit la mesure la chose mesurer. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 225). Mais pour ce qu'en Dieu n'est aucune division partissable et est totalement simple selon la vertu, puissance et essence, il ne puet estre infini selon la vertu qu'il ne soit aussi infini selon l'essence. (Somme abr., c.1477-1481, 133).

Rem. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XVe s.), ds GD VI, 12c.
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 65/80 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     PARTISSEMENT1          PARTISSEMENT2     
FEW VII partire
PARTISSEMENT, subst. masc.
[T-L : partissement ; GD : partissement ; FEW VII, 681b : partire]

"Partage, répartition" : Partitio (...) : partissemens (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 357). Partissement : particio (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 247). De la division et partissement des potences de l'ame humaine. (Somme abr., c.1477-1481, 90). Car comme ung est indivisible en soy sans quelque division et partissement, et est separé de toutes aultres choses, excepté seulement de Dieu, il n'est chose quelconque en laquelle on ne puist entendre aucune division de fait et actuel, ou par habitude de pouoir recepvoir division. (Somme abr., c.1477-1481, 104). Partitio (...) : partissement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 279).

Rem. Ex. d'a.fr. ds GD VI, 12c-13a.

V. aussi partiment
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 66/80 
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     PARTISSEUR     
FEW VII partire
PARTISSEUR, adj. et subst. masc.
[T-L : partissëor ; GD : partisseor ; FEW VII, 683b : partire]

"(Celui) qui fait un partage" : Receu : (...) premiers en sec argent, c'est assavoir en menue monnoie, deseure chou qu'elle cousta a enterrer et l'obseque d'elle et deseure chou qu'elle debvoit et que les partisseurs despendirent (Arch. Nord, 1349, B 5978, f° 2v°, IGLF). Partitor (...) : partisseur, qui partist (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 357). Partisseur : partitor (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 247). ...partitor (...) partisseur (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 172).

REM. Ex. ds GD VI, 13a, en partic. doc. 1483 (Nevers).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 67/80 
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     PARTISSURE     
FEW VII partire
PARTISSURE, subst. fém.
[T-L : partissëure ; GD : partisseure ; FEW VII, 682a : partire]

"Division (ici musicale)" : ... acordéz et mis a bonne musique par nombres armoniques et acordans par tierces, quintes, sisiemes, doubles tons, demitons et autres partisseures de nombres acordans par raison (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 114). [cf. note de l'Ed. ; traduit com[m]atus, non compris par le traducteur]

REM. GUILL. DIGULL. (impr. XVIe s.) ds GD VI, 13a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 68/80 
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     PARTIT     
FEW VII partire
PARTIT, subst. masc.
[GD : partit ; FEW VII, 680a : partire]

"Petite pièce de monnaie (partagée en deux par un trait vertical, comme un écu ?)" : Ensi en Cuidier embatus, Me sui a souhais esbatus Et cuidoie a ma volenté, En souhaisdant si grant plenté, Si com cilz qu'a soi departist Et prent a sa part .I. partist Et cuide qu'a son coi(s) en soit. (ACART, Prise am. H., 1332, 52).

REM. Doc. 1320 et 1350 ds DU CANGE VI, 188b, partitus (GD VI, 13b). Cf. FEW VII, 690a, n.6.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 69/80 
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     PARTITEUR     
FEW VII partire
PARTITEUR, subst. masc.
[GD : partiteur ; FEW VII, 688b : partire]

ARITHM. "Diviseur" : En division ne sont requiz que deux nombres c'est assavoir le diviseur ou partiteur et le nombre a partir (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 599).

Rem. Ex. du XVIe s. ds GD VI, 13b.
 

DMF 2020 - Synthèse Claude Thomasset / Danièle Jacquart

 Article 70/80 
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     PARTITIF     
FEW VII partire
PARTITIF, adj.
[GDC : partitif ; FEW VII, 688b : partire ; TLF : XII, 1070a : partitif]

GRAMM. "Qui considère un ou plusieurs éléments par rapport à un tout, partitif" : Partitiuus (...) : partitis (Aalma R., c.1380, 300). Quantz maniers est il adjectifs ? Six. Quielx ? Interogatif, si come "combien", demonstratif, si come "bon", distributif, si come "chescun", partitif, si come "aucun", infinitif, si come "quelque", negatif, si come "nul" (Donat Oxf. S., p.1400, 229).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 71/80 
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     PARTURE     
FEW VII partire
PARTURE, subst. fém.
[T-L : partëure ; GD : parteure ; FEW VII, 681b,682a : partire]

I. -

"Séparation" : Mais on feroit de nous parture plaingnement, Car vous estez traÿtre , ossy sont vo parent [Éd. : "on ne pourrait pas du tout nous mettre ensemble, nous comparer"] (Hugues Capet Lab., c.1358, 252).

II. -

"Répartition, part, partie"

A. -

"Part qui revient à quelqu'un" : Et ensement ot il de tel fait tel salaire, Et c'est juste parture. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 494). Justice, vous estes payee Du tresor de haulte stature, Quant Dieu vous a satiffïee De son filz pour vostre parture. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1079). [Ou confusion avec pasture ("satisfaction d'un dommage"), comme on lit au passage corresp. de GREBAN, Pass. J., c.1450, 453 ?]

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. ; Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. (perture).

 

-

"Part qui est faite à chacun dans un combat, sort qui lui est réservé à l'issue du combat" : A toy me combatray en parture faisant (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 657). Dodequins, dist Tangrés, je n'en feray noient ; Mais parture feray (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 191). Vassal, ce dist Gerart, je te dy que se tu es tant hardy de moy ozer combatre je te feray une parture telle que, se tu me peulz vaincre ou ochir, je te feray baillier bons hostages de toy livrer le chastel et la damoiselle pour en user a ton plaisir. Pareillement, se je te conquiers ou mette a mort, tu me prometteras, en moy baillant bons hostages, que tous les maulx et dommaiges que par toy et tes gens ont esté fais en la terre de la damoiselle et de ses homez, que jusques a ung denier tu le restitueras et amenderas a la damoiselle, tout ce que par raison te sera demandé. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 42). Paiien sont .VI. contre umg, li jus est mal fondés, C'est trop forte parture (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 195). Car .XLm. sont li paiien deffaés, Que .Xm. n'enn avoit Meurisse li senez ; Ce n'est mie parture [ce n'est pas, dans le combat, une part acceptable (ce n'est pas ce qui s'appelle une part)]. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 707).

B. -

COST. "Partie du vêtement mi-parti confectionné d'une couleur différente de celle de la contreparture" : ...8 draps de couleur de folet pour parture de nos escuiers et pour vestir noz femmez de chambre (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1381, 321).

C. -

"Composition en vers, composition chantée ou théâtrale"

 

1.

"Composition en vers, poème chanté" : Et lors je me treï arriere Devers dames et damoiselles Qui enquirent de mes nouvelles Et me firent pluseurs partures D'amours et de ses aventures. Certes, et je leur respondoie Moult long de ce que je pensoie, Car toudis leur fis dou blanc noir, Tant que nous fumes au manoir De quoy nous estiens assez près. (MACH., R. Fort., c.1341, 142). Et (...) vous envoie il depar moy une parture qu'il a faitte en tandis qu'il a jeu sur son lit, car chevallier amoureux ne doit estre huiseux qu'il ne soit en fait ou en pensee amoureuses. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 490). Si vous font assçavoir par moy que deux chevalliers estrangiers si envoierent l'autrier a elles une parture qu'ilz avoient fait sur ung debat qui estoit meu entre eulx deux en requerant aux deux pucelles que elles fussent juges et ordonneresses du droit (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 535).

 

2.

"Pièce de théâtre, mystère"

 

Rem. Myst. process. Lille K., t.4, a.1485, 55/15.

 

-

Jeu de parture. "Pièce de théâtre, mystère" : J'ay paour de ma peau, touttefois. Jehan, ce n'est pas jeu de parture ; Mais, au fort, voist a l'aventure : Je m'enhardiray avec vous. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 716).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. XIVe s., Lille, ds GD VI, 6c.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 72/80 
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     REPARTAGE     
FEW VII partire
REPARTAGE, subst. masc.
[GD : repartage ; FEW VII, 686a : partire]

"Sciage (de planches) ; planches ; réfection de planchers ou de cloisons"

REM. Doc. 1480 (repartaige) ds GD VII, 53a. Doc. 1490, 1491 (reppartaige) ds GAY II, 297a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 73/80 
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     REPARTIR     
FEW VII partire
REPARTIR, verbe
[T-L : repartir ; GD : repartir ; GDC : repartir2 ; FEW VII, 685b : partire ; TLF : XIV, 854a-855a : répartir]

A. -

"Partager de nouveau"

 

Rem. Doc. 1365 (Metz) ds FEW.

B. -

"Attribuer, accorder qqc. à qqn" : Se vostre conseil reparty Luy estoit, je croy, sans doubtance, Qu'il feroit a vostre plaisance. (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 34). Et ilz prieront Amours qu'il vous doint tousjours tant de leece que aux autres en puissez repartir. (Lettres Chart., 1425, 362).

 

-

Repartir qqn (de qqc.) "Pourvoir, gratifier qqn (de qqc.)" : Comment de tous les biens dou monde l'ome n'emportera que le bien qu'il aura fait (...). Le bien fait yert pour repartir L'ame en la gloire bonneurée. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 284). Adieu, doulx cuer (...). Tousjours sera vostre ame repartie Des souvenirs de mes pensers piteux (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 331). Sainct Esperis, tierce persone, Au desolés reconfors done, Entent ma plainte et ma clamour, Reperti moy de ton amour. (Prières saints R., t.1, c.1400-1500, 128). O Marië, a Dieu tres chiere, Estoile pleine de lumiere, Reperti moy de ta clartey Et de ta grant humilité. (Prières saints R., t.1, c.1400-1500, 129).

 

Rem. MACH., D. verg., a.1340, 53 ; J. R. Beh., c.1340, 78 ; R. Fort., c.1341, 150 ; C. ami, 1357, 73.

 

.

[P. iron.] : Dont quant ceste part chemine, De mi ne sçai qu'il diront. D'ire ont mon coer reparti (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 35).

 

Rem. Sans doute même sens (p. iron.) ds l'ex de DESCH. (ms.) que cite GD VII, 53b (traduit par "détourner").
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 74/80 
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     RÉPARTITION     
FEW VII partire
REPARTITION, subst. fém.
[GDC : repartition ; FEW VII, 686a : partire ; TLF : XIV, 855b : répartition]

"Distribution, répartition" : ...tant pour offrir, que pour donner à la répartition de ladite église II f. III g. (Comptes roi René A., t.2, 1479, 441).

Rem. Doc.1389 ds GDC X, 546b.
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 75/80 
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     SUPERBIPARCIENT     
*FEW VII partire
SUPERBIPARCIENT, adj.
[*FEW VII, 689a : partire]

Proportion superbiparciente. "Proportion entre deux nombres, telle que l'un contient l'autre avec deux des parties aliquotes de ce dernier" : ...se un nombre contient l'autre et avecques ce deux de ses parties aliquotes, lors telle proporcion est appellee superbiparciens ; telle est entre .III. et .V. : car .V. contient .III. et avecques ce .II. des tierces parties de .III. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 230).

V. aussi superparcient
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 76/80 
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     SUPERPARCIENT     
*FEW VII partire
SUPERPARCIENT, adj.
[GD : supparcient ; *FEW VII, 689a : partire]

ARITHM. Superparciens (proportion). "Deux nombres m et n sont en proportion superparciens quand m = An + p, A et p entiers naturels, p compris entre 1 et n" : La tierce proporcion est appellee superparciens, et est quant un nombre contient l'autre et avecques ce pluseurs de ses parties aliquotes. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 230). La superparciens [proportion] est quant ung nombre contient laultre et avecques ce plusieurs parties de luy qui ne sont pas aliquote (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 622).

Rem. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XVe s.), ds GD VII, 598b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 77/80 
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     SUPERTRIPARCIENT     
*FEW VII partire
SUPERTRIPARCIENT, adj.
[*FEW VII, 689a : partire]

Proportion supertriparciente. "Proportion entre deux nombres telle que l'un contient l'autre et trois des parties aliquotes de ce dernier" : ...se un nombre contient l'autre et avecques ce .III. de ses parties aliquotes, lors la proporcion est appellee supertriparciens (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 231).

V. aussi superbiparcient
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 78/80 
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     TRESPARTIR     
FEW VII partire
TRESPARTIR, verbe
[T-L : trespartir ; GD : trespartir ; FEW VII, 686b : partire]

"Partager"

REM. Chron. et hist. saintes et profanes, 1430, ds GD VIII, 54a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 79/80 
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     TRIPARTI     
FEW VII partire
TRIPARTI, adj.
[GD : triparti ; FEW VII, 689a : partire ; TLF : XVI, 633b : triparti]

"Divisé en trois" : Et estoit ceste sale trispartie, c'est a dire divisee en trois grans pars. (MICHAULT, Danse aveugles F., 1464, 86). A vos chevaulx fault huy harnas vermeil Et demain gris, et lendemain party. Et se trouvez qu'ung autre l'ait pareil Ne prenez plus ne terme ne conseil, Maiz commandez d'avoir ung trisparty. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 39). Cestui, selon aucuns, eut grande auctorité avecque le roy Daire et tenoit l'estat de sa chevalerie qui estoit tripartie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 55 r°).

 

-

[Titre de l'ouvrage de Cassiodore, résumé de Théodoret, Sozomène, Socrate...] Histoire tripartite : Je treuve en l'Ystoire Tripertite, ou premier Livre, que Constantin voulant esprouver la loyaulté de ceulz qui le servoyent faignyt ung mandement publique que tous ceulz qui vouldroyent regnier leur loy crestienne demourroyent a honneur avec luy, les autres a desonneur s'en partyroient. (GERS., Concept., 1401, 410). Il voult une fois essayer, si comme dit l'Ystoire tripertite, lesquelz estoient vers Dieu plus feaulz de ses gens (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 102). Et a ce propos nous lisons ou premier livre de l'Ystoire tripartite comment Constantin fait crestian... (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 341). Item en l'Istore tripertille [l. tripertitte ?] et el .XIe. livre est escript d'un qui ot nom Palladius (...) lequel Palladius aloit en trois jours des termes des Rommains en Perse (LA SALE, Sale D., 1451, 203). ...à l'exemple de Constantin, duquel est escript, ou premier livre, en l'Istoire tripartye, que, aprez qu'il fut baptisé, tant ayma Dieu et l'Eglise qu'il faisoit porter, en tous lieux où il alloit, ung tabernacle fait en la fourme d'une eglise (BUEIL, II, 1461-1466, 68).

 

Rem. Cf. FUR., TREV., TLF. "On lit de Constantino patre Constantini in libro Hystorie tripartite que..." (JUV. URS., Nescio, 1445, 463).

 

-

[Titre du traité de Nicolas Chuquet : NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484]
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 80/80 
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     TRIPARTITE     
FEW VII partire
TRIPARTITE, subst. fém.
[GD : tripartite ; FEW VII, 689a : partire ; TLF : XVI, 633b : triparti]

"Philosophie scolastique, divisée en trois parties"

Rem. BOUVET, Appar. Meun (ms.), 1398, ds GD VIII, 77b (trespertite). Le lemme de GD (triparttie) est à corriger (tripartite).

V. aussi triparti
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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