"Pays païen" : ...et demorera toute la crestienté en paix et en transquillité, et toute unie, et une volenté [...] la conqueste de Yhérusalem et du reste de la paganerie. (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 172).
 

"Païen" : ...gens qui, par fait tirannicque, Pillent relique, eglise catholique Ou paganique, endurent pesans fais (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 144). Gent sarrazine, herese et mescreante, Gent paganicque, incredule, barbare (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 404). ...ceste generosité ne souffist pour ce qu'elle est paganicque et hors des mètes de cristienne religion (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 231). SATHAM. J'ay un peuple gothicque, Alanique, Wandalicque, Terrible, cruel, rigoreux. J'ay une nacïon inicque, Paganicque, Tirannicque, Que je feray venir contre eulx. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.1550). Il n'est humaine creature, Cristienne ne paganicque, Qui osast touchier la vesture De son tres saint corps dominique. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 167). [Autre ex. p. 146]

REM. Doc. 1445 (s.v. paganiser) ds GDC X, 254a.
 

[D'un chrétien] "Se conduire en païen"

REM. Doc. 1445 ds GDC X, 254a.
 

"Paganisme" : Il estoit un marchant Juif en la cité de Rome, lequel hantoit fort aulcuns Chrestiens, lesquels l'admonestoient souventes foys de se convertir à la sainte foy de Nostre Seigneur Jésus-Christ et renoncer à la Paganité (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 18).
 

A. -

"(Celui qui est) adepte d'une religion polythéiste de l'Antiquité, (celui) qui adore les faux-dieux" : Li paien anciennement La figuroient [Fortune] autrement Que vous ne l'avés figuré, Car en escript la figure hé. (MACH., Voir, 1364, 752). Roy Salemon, qui tant ot de science Que tuit acteur si retienent de li, Il cuida bien par sa grande puissance Oil en grenier avoir tout à par lui. Par art sa femme .J. paien li tolu ; Tant ne sot lire de canon ne de lay Qu'il peüst dire qu'il eust .J. ... à par soy. (MACH., App., 1377, 644). Or avons donques comment la verité de la sainte Escripture est declaree et tesmoingnie en ceste partie par la fable des poëtes païens (ORESME, C.M., c.1377, 376). Et est vraisamblable que le memoire ou la renommee de ceste merveilleuse nuit dura entre les paiens siques a tant que Hercules fu reputé un dieu (ORESME, C.M., c.1377, 376). ...et, qui pis est, [yceulx maufaiteurs] les poursuirent et chacerent à espées, dagues, couteaux, ars et saiectes en traiant sur eulx et jusques en l'eglise de S. Caterine, à l'eure mesme que corpus Domini estoit entre les mains du prelat qui disoit la messe, à ce que l'en veist avenir ce qui est dit des paiens : Deus, venerunt gentes in hereditatem tuam (BAYE, I, 1400-1410, 101). ...et prendre exemple aux tres belles parolles de Seneque, qui estoit payen (LA SALE, J.S., 1456, 43).

B. -

[P. opp. à chrestien] "(Celui qui est) incroyant, (celui) qui ne pratique pas la religion chrétienne (en partic. musulman)" : Et sachiez moult suy esbahys C'un paian de moy se moqua Une foiz et me dist : "Vez la La mére du pape aux chrestiens..." (Mir. mère pape, c.1355, 388). Sire, pour Dieu, pensons d'aler La ou baptesme recevray, Car ne mengeray ne buvray Paien jamais. (Mir. st Panth., 1364, 329). Par ceste chiennaille paienne Fust soubsmise gent crestienne (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 62). Nous sommes crestiens, et sommes au roy de Chippre, et ceulx de la sont Sarrasins, et les suivent bien VJm. paiens qui viennent de fourragier sur le païs. (ARRAS, c.1392-1393, 100). ...la se mistrent Sarrasins en ordonnance. Atant vient Uriien et sa gent, lances baissees. La ot a l'assembler maint paien mort, et maint navré d'un costé et d'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 102). Lors dreca on les voiles et se firent desancrer et s'empaignent en la mer a moult noble compaignie, pourveziz comme pour la guerre, pour la doubte des paiens. (ARRAS, c.1392-1393, 143). Et lors fist on crier par la cité que de chascun hostel alast un homme sur le champ pour assembler les Sarrasins mors sur une montaigne et y portast on grant foison bois, et feust le roy Selodus mis tout au dessus, et feussent tous couvers de bois, et feust le feu boutez dedens, et feussent tous les payens ars et bruiz, et tous les crestiens enseveliz et mis en terre saincte. (ARRAS, c.1392-1393, 186). Sur ce il fault distinguer. Ou le fidele et catholique contrait mariage avec une payenne et infidele ou heretique, ou deux infideles se marient ensemble, ou deux fideles et catholiques ensemble, et l'un chiet en heresie. (Sacr. mar., c.1477-1481, 64). SATHAN. (...) Sainct Nicolas est trop humain A tous payens, juifz et crestiens. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 107). ...et aussi de la seconde emprise qui fut à Nichée, où semblablement les payans furent vaincuz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 113 r°). L'ENFANT (a genoulx). (Il ressuscite et les payens se promaynent au long du parc et voyent le miracle de l'enffant.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 492).

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"(Celui qui est) hérétique" : ...aux bons louyer, aux mauvaiz punicion. Il ne convient pas que on s'arreste a prouver cecy, car n'est païz ou nacion ou terre tant estrange, soyent sarrasins ou juifs ou payens, que ceste verité ne soit sceue et creue. (GERS., Déf., 1400, 224). Hastingus en ce temps vint en France, lequel estoit de soy très expert en la science des estoilles et avoit avecque lui plusieurs sages, lesquelz estoient Segesies, evesque payen. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 v°).

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Adj. [D'une chose] "Des infidèles" : Je fas morir ceulx que j'oy dire Qui delaissent la loy paienne Pour tenir la loy crestienne. (Mir. emp. Julien, 1351, 175). Je suis de lignee honnourable, Riche, puissante et ancïenne, Mais pas n'est de moy favorable, Pour ce qu'elle tient loy payenne. Aussi, soubz forme acquilïenne, L'empereur me fit chevalier Pour avoir gloire terrïenne Partout sur le bras seculier En commun et particulier. (LA VIGNE, S.M., 1496, 259). Je suis extraict, touchant ma nascion, D'une contree payenne et sarrazine ; Mais maintenant, par grant devocion, La loy Jhesus en mon cueur se resine Si quiers avoir de vostre ordre saisine Et vostre habit, pour servir Dieu, porter, Aux biens mondains jamais plus ne m'encline (LA VIGNE, S.M., 1496, 371).
 

I. -

Empl. subst.

A. -

"Pays païen, puissance païenne" : Et Rome estoit chief de toute paiengnie pour quoy l'empereur tenoit a Rome son siege. (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 40). [Sur les merveilles que nous garde l'avenir] (...) Et relever se doit la paiennie. Il doit regner une grant heresie (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 269). Nychopoly, cité de payennie... (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 78). ...et, a la verité, le bruit du conte d'Artois fu y [l. si] grant en payennie pour sez euvrez merveilleusez que les ungz ne menachoient lez aultrez, quant ilz se debatoient de langaigez, qu'ilz fussent rencontrez du conte d'Artois (Comte Artois S., c.1453-1467, 97). ...le Turc de paiennie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 193). [Autre ex. v.22069]

B. -

"Les païens" : Crestienté ne vit qu'en boubance, Et par especial gent de France. S'ilz ne fussent tant sur leur bouche, Sur blanc lit [et] sur mole couche, Sur delit et sur femenye (,) Tant comme dure paiennie ["tout autant que les païens les plus endurcis"], Se tenissent bien ordonnance, Ne pourroit durer contre France. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 32). Toy qui es venus Preschier de Jhesus Sur la paiennie... (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 115). ...lui qui fait d'enchanterie Et si est de la paiennye (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 505). ...Ou s'il fault qu'ilz soyent occis De ceste faulse peannie... (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 153). Payennie est destroussee A ceste fois ien suis le maistre (Myst. st Martin K., a.1500, 260).

II. -

Empl. adj. Gent païenie. "Les païens" : A la ville qui fu bien forte et batillie, Qui Césaire ot à nom de le gent paiénie, Là ot des pèlerins moult bielle compaignie (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 383). Assés avons esté sus la gent paiennie, Or ne sçay je cité en Espaigne l'antie Qui ne soit du tout a no loy convertie. (Galien D.B., c.1400-1500, 44). Et supplie Que vitoire nous donnez Contre la gent paiennie (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 387). ...Fera si grant essil de le gent paiennie (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 11). [Autres ex. v.200, 4911...]

Rem. Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 39. Sur cet emploi adj., cf. Romania 12, 1883, 588.
 

"Pays des païens" : Car se tu yes cheüs en peinne Par sa mutation soudeinne, Estrange, diverse et sauvage, Qui fist chanseller ton corage, Certes, amis, tu n'ies pas seuls ; Car autant en fait elle [Fortune] a ceuls Qui demeurent en paiennime [var. paiemine, paieinnie, paiennie], Sans resgarder raison ne rime, Ne pour toy seul ne fu pas faite, Ne pour toy ne sera deffaite Sa roe qui se fait congnoistre Entre les mondeins et en cloistre. (MACH., R. Fort., c.1341, 93).
 

"Paganisme" : Paganismus : paiennime (Abavus IV, R., c.1350, 418).
 

"À la manière des païens"

Rem. J. DE COURCY, Hist. de Grèce, 1416-1422 (ms. du XVe s.), ds GD V, 687b (= La Bouquechardière, titre de l'ensemble, dont la Grèce est la première partie, ms. Ars. 3689 ; payennement vivre)
 

A. -

"Troupe de païens"

Rem. Ex. du XVe s. (ms.) ds GD V, 687b.

B. -

"Paganisme, croyances païennes" : Encores maintenant je voy Que ceulx qu'em prison sont tenuz Pour celle foy du faulx Jhesus Deüssent estre desja mors, Et, par vostre moyen, dehors D'avecq nostre payennerie, Sont demeurez encores en vie (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 140). Je vous fais (...) tous (...) savoir Que les dieux de payennerie Se délectent en chanterie. (Myst. ste Barbe P., 1493, 14).
 

A. -

"Pays païen" : Signour, ceste pucielle, (...) Avoit à nom Florie en la païéneté ; Puis ot-elle a mary Godefrois le douté, Ensy que vous orés en ceste auctorité. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 263). ...je suis le plus riche roy et le plus redoubté de toute chrestienté et de toute paienné [l. paieneté ?]. (Galien Restoré K.K., c.1450, 19). N'avoit moullier ne per, car nulle n'en trouva En le paienneté que prendre daignast jà (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 169). [Autres ex. v.4189 et 8005]

B. -

"Paganisme, croyances païennes" : L'empereur s'en ala taisant et contrefaisant et faignant le philosophe a fin que il enforçast sa paienneté par gloire et samblant de pacience. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 116).

C. -

"Les païens" : Ricart sist au digner, avoec lui son barné, Esbaubis durement de le paiienneté Qui asise li ont de Gadres sa chité (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 178).

REM. Ex. d'a. fr. ds GD V, 687b.
 

"Païen" : Si hardy homme n'a en tiere paiennour Qui ne perdist matere. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 748).

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Gent païenour. "Les païens" : ...la gent paiennour (Tristan Nant. S., c.1350, 146). Par là s'en vont fuiant celle gent paiénour : Qui pooit esquaper moult ly vint à baudour (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 76). Se nous servons bonnement Jhesus no sauveour, Combatre nous devons contre ce lamentour Qui tant a amené de la gent paiennour (Galien D.B., c.1400-1500, 123). Bien le vont percevant celle gent paiennour. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 747). [Autres ex. v.21068 et 21939]

REM. Mot arch.