"Intermédiaire" : ...de tant li vertus sans amoienement de raison plus malaisiement soudainement chiet (ARKEL, Art d'amour P., t.1, c.1350, 298).
 

Région. (Picardie)

I. -

Empl. trans.

A. -

Amoyenner qqc.

1.

"Arranger qqc. par intercession, négocier qqc." : Et li prie qu'elle [la Vierge Marie] voelle estre Pour moi advocate et moiienne A son Fil, [le Christ] qui tout amoiienne (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 229). A la fois homs couars se claime, Quant il ne li a pieça dit, Ou fait a Florée un despit Qui en est toute gardiiene. Tout ensi Camelz amoiene Ses coses et fait ses debas. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 22). ...pour amoiener toutes ces besongnes et sçavoir la pure intension de ceuls de Bruges (...) .I. parlemens fu assis et ordonnés a estre a Brouselles (FROISS., Chron. D., p.1400, 338).

2.

"Diriger [la corde d'un cerf-volant]" : Et li maistrez aloit le dragon gouvernant Et va desouz le vent le corde amoienant Tout deseure le ville qui tant est soufissant (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 747).

B. -

Amoyenner qqn

1.

"Faire entendre raison à qqn" : ...se il n'est pas bien raisonnable, si le amoienneront-ilz et adoucheront à leur povoir nostre deux seigneurs monseigneur de Berry et monseigneur de Bourgoingne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 14).

2.

Amoyenner qqn vers qqn. "Servir qqn à titre d'intermédiaire auprès de qqn" : Cilz voit qu'il ne poet aultrement Finer par nul encéement : Si li accorde et se li prie, Ens ou nom de chevalerie, Que amoiener il le voelle Vers ceste, ançois que plus s'en doelle. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 118).

II. -

Empl. pronom. [D'une pers. ou d'une chose] "S'arranger" : ...il n'est chose qui ne s'apaise et amoienne par or et par argent. (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 648). ...et comment il s'estoit amoyennez et appaisiez devers l'Amourath, voire moiennant deux cens mille flourins qu'il devoit payer pour sa redemption (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 702).
 

"Sans l'entremise ou l'intervention de personne" : ...en eulx submectant nuement et retournant inmoiennement en nostre obeissance (Ordonn. rois Fr. P., t.17, 1471, 414).

-

DR. "Sans juridiction intermédiaire" : Ausquelz eschevins et officiers, chacun es termes de son office, appartient la congnoissance, prinse, detention, judicature, pugnicion et correction de tous cas, delitz et malefices commis et perpetréz en et partout le dit pays de Laloeue, soubz le ressort immoyennement des prevostz, barons (Hist. dr. munic. E., t.3, 1452, 79).
 

"Médiane, intermédiaire" : ...moyennant les parties intermedianes (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, II, 20).
 

"Barre verticale ou horizontale d'une croisée, meneau"

REM. Doc. 1448-1449 (Dijon, au dessoubz des armes de Monseigneur a ung meigneaul de molure), 1466 (ung mayneau de tuffeau), 1490 (aux masons qui taillent les maineaux des fenestres de la chappelle), ds GD V, 141c.
 

"Qui est situé au milieu"

-

[D'une pers.] "Qui occupe un rang intermédiaire" : Et ces secuns [cinquantains] estoient dis medians des mestiers ou moiennans et jugaires. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 112).

-

MÉD. Veine mediane. "La veine médiane" : ...les voynes qui sont saignees es hommes (...) XII. sont es bras : c'est assavoir deux dictes medianes et deux dictes sephallicques et deux dictes bassillicques et (de) deux dictes cubitallis et deux dictes asseillaires et deux dictes finalles. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.1). Et pour ce quant nous voulons saignier la cephalique et n'est pas apparente, on saigne la vaine mediane et non pas la vaine baselique. (Rég. santé corps C., 1480, 167).

V. aussi mediant
 

(Veine) mediane. "Veine qui est à la superficie de l'avant-bras" : Et est le conseil de Phisique Minuer lors de l'épatique, Ou d'une autre commune vaine Qui est dicte la médiaine, Selon l'estat et la coustume De cil qui ce faire présume (LA HAYE, P. peste, 1426, 116). Médiaine, c'est une vaine du bras de laquele on a accoustumé à saignier. (LA HAYE, P. peste, 1426, 213). ...les voynes qui sont saignees es hommes (...) XII. sont es bras : c'est assavoir deux dictes medianes et deux dictes sephallicques et deux dictes bassillicques et (de)deux dictes cubitallis et deux dictes asseillaires et deux dictes finalles. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.1). Et pour ce quant nous voulons saignier la cephalique et n'est pas apparente, on saigne la vaine mediane et non pas la vaine baselique. Et semblablement quant le medecin veult saigner la baselique et n'est pas apparente, on doit saignier la mediane et non pas la cephalique (Rég. santé corps C., 1480, 167).

V. aussi matrice, médiant
 

MAR. "Cordage destiné à renforcer la couture du milieu d'un pavillon de galée" : ...a Harefleu, une quantité de megnys pour rapareillier pavaiz, 850 livres de plusieurs faiçons de cloux, une quantité de marchepiés et de corde, une quantité de fil et d'aguilles, une sonde (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1390, 200).

REM. 1. Cf. FENNIS, Gal., II, 1235, s.v. mézanin. 2. À rattacher à FEW VI-1, 580b : medianus.
 

Région. (Provence) "Séparation mitoyenne, paroi, cloison" : ...une caysse à ung mejan et deux serreures, devant ledit lit (Comptes roi René A., t.2, 1488, 286).
 

"Médiation"

Rem. Cf.  ; AND : menaltie.

V. aussi moyennerie
 

MAR. "Petite voile de galère" : ...trente grans naves (...) ayans chacune son grant mast et celui de la mygane et ung pour le tricquet, avec chacun sa hunne estoffez de tout cordail (Comptes Lille L., t.2, 1468, 322).

Rem. Cf. FENNIS, Gal., II, 1217, s.v. méjane.
 

"Voile basse du mât au milieu du navire" : En la carvelle qui souloit estre a Laurens Olivier : II ancres, II cabels, IIII rimes, 1 grant voille, 1 misane latine, 1 focke, III bonnette et es mains des sergens, 1 focke, 1 misane pour le treif. (Arch. Nord, 1376, B 11475, f° 8, IGLF, 1463).
 

"Cor, trompe" : ...Ne ja ne sonnera ne clokes ni apiaus, Ne trompes ni arainnes, buisines ne moiniaus (Bât. Bouillon C., c.1350, 107). Là, peuisiés oïr mainte trompe d'argent, Moyniaus et olifans, qui bondisent forment (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 284). Dont ot per la citeit mainte trompe sonnee, Busine et morinalz [l. moienalz] ont tel vie menee Que toute en retontist la citeit large et lee (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 72). Dont s'anfuient paien Quant virent le maisel, Et li amiralz sonne quant qu'il puet ung moynel (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 99). Le connestable fit lors sonner ung moiniel Pour retrayre sa gent (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 104). Ly ber Othovïen saisi son cort errant [ajout B : .I. petit moiennel que toudis va portant] (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 351). Sonnoient tymbre et cor, et ces trompes d'argent, Naquaires et buisines et monniaus giettant vent, Que la terre en tombist avironnéément. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 226). Quant la nuit fut venue sonnent ches moiinés (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.1, a.1400, 597). Puis que Cateline ot ainsy parlé, il se tut un petit ; apres [l. aprés] envoia sonner buisines et moienniaux. (Faits Romains M., c.1400-1500, 114). Là peuissiés oïr son de maint ménestrel, De tromppes, de nacaires et maint moienel (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 450).
 

A. -

"Milieu" : Item ou moien du corps de leglise [l. l'eglise] a vn compas ou quel Ioseph darimathie [l. d'arimathie] posa le corps nostre seigneur, quant il lot [l. lot] roste [l. rosté] de la crois, et la mesmes li lauoit il ses plaies. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 271). Selon Marcien et Macrobe, le soleil est le moyen entre les planettes et a a parfaire la melodie du ciel. (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 347). ...car nous veons que toutes les lignes du cercle se ressamblent en ung ou centre, c'est a dire ou point indivisible qui est ou moyen du cercle, et toutevoies en departant et eslongant dudit centre, ilz se divisent l'un de l'aultre. (Somme abr., c.1477-1481, 158).

-

Moyen du monde. "Milieu du monde, centre du monde" : Qui vuet muer les tables a 1 autre lieu qu'au moiien dou monde li qués est distans ingaument entre orient et occident et du pole meridian et du pol septentrionel par 90 degrés... (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 85).

-

Fenestre à moyen. "Fenêtre qui s'ouvre par le milieu" : ...rompuz les verrieres de quatre fenestres à croisiez, quatre verrieres de quatre fenestres à moyen, ars quatre estrier, ung ban, quatre vaisselz à mectre vin (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 321).

B. -

"Ce qui se tient entre deux termes ou entre des extrêmes"

1.

[Entre deux termes]

a)

[Entre deux personnes]

-

"Personne située entre deux autres dans une liste hiérarchique" : ...le seigneur de Hemeries, sans moyen entredeux, sievoit cely de Rossimbos, par quoy il estoit raisonnable qu'il en eust l'absence. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 108).

-

Sans moyen et sans pair. "Sans second et sans pair" : Car vous estes sans moiien et sans per Ceste qui est toute dame de moi. (FROISS., Orl., 1368, 109).

-

[De deux personnes enterrées] Sans moyen. "Côte à côte" : Voulons et ordenons que en nostre dite chappelle de Saint-Denys soit enterrée, se il li plaist, nostre treschiere et tres amée compaigne la Royne, avecques nous et sanz moien. (Test. Ch. V, D., 1374, 186).

b)

"Élément intermédiaire" : ...la maison du curé tenoit a la sienne sans moyen. (C.N.N., c.1456-1467, 493).

-

"Stade intermédiaire (ici entre santé et maladie)" : ...de eulz tu recevras les causes et natures de toutes choses, car ilz sont determineurs de santé, de maladie et du moien ; tel qu'il peut estre par leur seule parole, il donnent santé et la gardent et commendent le moien, qui est neutre entre santé et maladie (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 203).

-

MÉD. "Corps intermédiaire" : ...ilz sont sept pareil de nerfz qui sans moyen naissent du cervel et trente par le moyen de la nuque et ung sans compaignon qui naist par la fin ossarii (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.3).

-

LOG. "Mineure (d'un syllogisme)" : ...Car de ce qui par Barat vient, En la fin nul bien n'en avient. Il n'est pas bon logicien : Belle entrée a et beau moyen, Mais tousjours fait conclusion A honte et à confusion (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 28). Et dois savoir que le mot ou la diction qui se recorde deux foiz es premices et appellé moien, car il moienne entre les autres deux moz, desquelz est la conclusion formee ; (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 75).

2.

"Entre des extrêmes"

-

"La partie intermédiaire d'un développement, d'un cursus" : Or commencerai ma matere En suppliant Dieu nostre pere Qu'il soit a mon commancement, Au moien et au finement. (MACH., C. ami, 1357, 3). Nous disons que chascune chose est parfaite parce que elle a commencement et moien et fin ou acomplissement. (ORESME, C.M., c.1377, 48). ...et, beaulx seigneurs, sachiez que qui jamais rien n'encommenceroit, jamais ne seroit nulle chose achevee. Il fault avoir a la chose commencement et moyen ains que la fin. (ARRAS, c.1392-1393, 247). Par plus forte raison, cellui qui a bon commencement et bon moyen peut legièrement parvenir à la fin et perfection de la chose où il tent. (BUEIL, II, 1461-1466, 188).

-

ARITHM. "Intermédiaire" : Les moyens sont ceulx qui sont entre les extremes comme entre nombres et secondz ya premiers (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 748).

.

Moyen proportional. "Moyenne proportionnelle" : Aussi entre deux cubicz prochains ou non prochains il y a deux moyens proporcionalz cest assavoir le maieur moyen et le mineur moyen (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 700).

-

[D'un âge] Estre au moyen. "Être à un état intermédiaire" : Pour ce le dy qu'aucuns faintis Qui cuident estre moult soubtis, Pour complaire a ma voulenté, Sont venu moult entalenté De mon bien et de mon honour, Ce me dient, et pour l'amour Qu'ilz ont a moy de bon courage M'ont admonnesté mariage, Disans : "Tu es uns riches homs, Et si as diverses maisons : Ton eage est encor ou moyen..." (DESCH., M.M., c.1385-1403, 6).

3.

Au fig.

a)

"Solution intermédiaire, compromis" : Ce sont deus opositez que la loi Jhesu Crist et la loi Antecrist, ou nul moien ne peut estre trouvé (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 148). Et se par vois pleinne de plour, En grant paour, Me fait clamour De son labour, Sagement li responderay, Ne grant durté ne grant douçour, Et sans demour ; C'iert le millour, Et à ce moien me tenray. (MACH., Les lays, 1377, 383). ...et pria (...) que l'en ne passast pas à extremitez, mais s'arrestast l'en à bon moien. (BAYE, II, 1411-1417, 182). ...n'y avoit de la part du roy sage homme aussy qui icy ne conseillast plustost moyen et appointement que venir et laisser aller la chose à l'extrémité du péril (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 428).

b)

[Dans le domaine de la morale] "Mesure" : Si que tantost, sans plus attendre, Pour justice et vengence prendre, Fist la mort issir de sa cage, Pleinne de forsen et de rage, Sans frein, sans bride, sans loien, Sans foy, sans amour, sans moien, Si trés fiere et si orguilleuse, Si gloute et si familleuse, Que ne se pooit saouler Pour riens que peüst engouler. (MACH., J. R. Nav., 1349, 149). ...mais cestes vertuz sont sauvees par le moien. (ORESME, E.A., c.1370, 150). ...mais les choses qui sont amesurees et ont moien senz excés et senz deffaute font, causent et acroissent, gardent et sauvent les vertuz corporeles dessus dictes. (ORESME, E.A., c.1370, 150).

c)

"Juste milieu, état médiocre" : N'on ne doit pas si haut monter Qu'on ait honte dou desvaler, Eins doit on le moien eslire, Car meintes fois ay oï dire, Qui plus haut monte qu'il ne doit De plus haut chiet qu'il ne vorroit. (MACH., R. Fort., c.1341, 139). Mais qui vuet vivre a seürté, Le moien est, je t'asseür, Le milleur et le plus seür, Mais qu'on y prengne souffissance. (MACH., C. ami, 1357, 71). Princes, qui est par raison gouverné Fors le moien ne doit a Dieu requerre. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 92).

-

Tenir (le) moyen. "Garder le juste milieu, observer une juste mesure" : Mais qui en l'amoureus loien Est loiez, s'il tient le moien, Il ouevre bien et sagement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 237). ...telz haulz estas sont de foible mortier : Benoist de Dieu est qui tient le moyen. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 185). Nous devons oultre aussi secondement savoir que des mouvemens de courage dessusdiz, ceulx sont bons qui tiennent le moien entre trop et trop peu, et ceulx qui nous esmeuvent a trop ou a peu faire, contre les circonstances de raison, sont malvaiz et dampnables. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 567). Vrai est que en chastiant les enfans on doit tenir moien, car grant aspresse n'est pas tousjours convenable, singulierement quant les enfans sont de bonne condicion. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 376). [À propos d'une feme qui porte une robe qui n'est "selon son estat"]...et n'estoit tel que tenir en habit le moyen pour obvier aux langaiges des gens qui y pourroient penser cen qui n'est pas et en parler à la volée (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 144).

.

Tenir mauvais moyen. "Avoir une conduite répréhensible" : Herode tient mauvais moyen, Le tretrarche de Gallillee, Dont sa seigneurie est foullee : Et nous qui sommes ses subgetz, En sommes pirement regis. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 145).

.

Prov. Qui tient le moyen, il va le seur chemin. "Qui évite les extrêmes, arrive sûrement" : "...Beau Filz," dist la royne, "les grans levees de boucler et toutes extremitez sont deffendues en noz precieuses forges, vaine gloire et jactance et desiree apparance sont contraires a la vertu de magnanimite, et souverainement en un roy, a laquelle il souffit son operacion sans la doubler d'une palliacion. Qui tient le moien, il va le seur chemin ..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 343).

-

[Dans la hiérarchie sociale] "Personne qui se situe entre les deux extrêmes (les grans-les petits, les riches-les pauvres)" : ...il luy convenoit avoir la somme de IIc. mille flourins, et vouloit que une taille s'en fesist ; et monstra comment le riche seroit à dix frans pour taille, le moyen à chinc frans, et les petis à ung franc. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 185).

4.

[Dans le temps] Sans (nul) (quelque) moyen/sans nuls moyens. "Sans intervalle de temps, immédiatement" : [Jésus]... atoucha a la frenge de sa robe ; et tantost sans moien elle fu delivre et guerie (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 60). Ainsi sera tu, sanz moyen, Vray et parfait theologien Et instruit en toutes sciences. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 112). ...noyez Et mors furent [les Romains], sanz nulz moyens, Tout par les Lucitanïens (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 243). JHESU. Mon amy, approuche de moy ; J'ay grant compassion de toy, Du coup qui t'a esté donné ; Et, pour ce, tu seras sané Maintenant sans quelque moyen. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 254). Dont, seulement la nuit passee, nostre Saint Pere envoia l'evesque d'Espolette au duc de Cleves lui offrir que, se bien n'estoit logiéz, il lui presentoit la moitié de son palais, lui mandant avec ce que, se aulcune chose lui failloit, il la lui feroit avoir et delivrer sans nul moyen (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 248).

C. -

[Idée de lien, de communication entre deux termes]

1.

"Action de s'entremettre"

a)

"Médiation, arbitrage, conciliation" : On ne requerroit pas de ung roy mortel une telle chose, que sans moyen des autres, qui sont ses subgets, il publiast ses loys et ses decrés (GERS., P. Paul, a.1394, 497). Si firent le duc de Cleves, le conte d'Estampes et tous les aultres, qui moult labourerent a y trouver moien jusques a faire demourer hors du chappitre [de l'ordre de la Toison d'or] souvent ledit de Croy et son frere pour tant y besongier mieulx (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 284). ...comme tesmoigne le Psalmiste : "Celi enarrant gloriam Dei" et laquelle matiere, quant là viendroit, requeroit bien l'advis et deliberacion de toutes les universitez de chrestienté et generalle congregacion de toute l'Eglise millitante, mais, d'avoir raison de telz gens ignorans, je ne voy moyen que le vostre, mesmement sur leur fumier, qui veullent estre juges et parties en chose qui riens ne leur touche, et juges de la science dont ilz sont ignorans et formellement ennemis (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 v°).

-

Rentrer en moyen. "Ouvrir des négociations" : ...et durant ce temps les Gantois, qui se veoient fort serrez en leur ville, destruictz par le plat pays, et chargez du peuple fugitifz, femmes et enfans, si requirent licence de renvoyer devers les embassadeurs du Roy pour rentrer en moyen pour la pacificacion de ceste guerre. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 280).

-

Par le moyen de qqn. "Par l'intermédiaire de qqn, par l'entremise, l'intervention, l'action de qqn" : ...vous savez que nous sommes en traittiez ensamble, par le moien du conte d'Ermignac. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 209). ...par le moyen et acointance de Jehennete, fille de Jaquemart Le Guiterneur, demourant en la rue du Bourc-l'Abbé, assez près de l'ostel d'elle qui parle, elle s'en ala en la compaign[i]e d'icelle Jehennette veoir les jeux que les menesterelz fesoyent ès hales. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 265). ...à lui qui parle elle n'eust baillié denier ne maille, parce que elle n'avoit aucune congnoissance à lui qui parle, sinon par le moyen dudit Robinet (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 490). Mais ilz traictierent ensemble, tant par le moyen des freres que par eulx, qu'ilz promistrent a restablir au roy d'Ausaiz sa perte. (ARRAS, c.1392-1393, 287). ...et laquele cedule, avec partie d'icelle somme par lui tournée et convertie par le moïen dudit changeur, est en son coffre en son hostel à Paris. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 490). ...les seigneurs de ceans (...) avoient esté commiz à mettre par escript les reformations à faire et poursuir devers le Pape, par le moien du cardinal de Pise (BAYE, II, 1411-1417, 205). ...et fut Saintré tellement en la grant grace du roy et de la royne qu'il n'y avoit nul escuier qui y fust tant, et tout ce par le bon conseil et moien de Madame qui par l'espace de VIJ ans l'avoit amé. (LA SALE, J.S., 1456, 78). Elle fist tant, par le moyen d'une femme qui la gardoit, que vers elle vindrent deux hommes (C.N.N., c.1456-1467, 327). ...[il] fist tant par le moien d'aucuns crestians gentilz hommes et marchans qu'il fut delivré (C.N.N., c.1456-1467, 424). Et estoit ceste damoiselle femme d'un advocat (...). Si pleut moult a ceste dame son accointance et en fit grant feste, et par le moien d'elle vint en l'accointance encoires d'aultres beaucop, les plus femmes de fachon de la ville (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 237). Cestui conduisit, par bons advertissemens, les faiz de sa seur et aussi de Lampeto qui orent moult de contrarietés ensemble, dont ilz vindrent par son moïen au dessus. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 v°). À ceste cause, Marcus Curtius, aymant la chose publique, se voulut exposer pour icelle, sachant que par le moïen d'un homme la grieve playe cesseroit, si se gecta dedans tout armé et cessa la maledicion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 50 r°). Aucuns dient qu'il fut famillier de l'empereur Justinien et que par son moïen, après celui du Saint Esprit, il ediffia le chef d'euvre du monde à Constantinoble, c'est Sainte Sophie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 82 r°).

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Au plur. : JUDAS. ...Helas, il [Jésus] t'avoit fait de biens Autant ou plus qu'a tous les sciens ! Comment n'as tu eu souffisance ? Tout ce passoit par tes moyens Se n'estoit par ton ordonnace. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 289).

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Au moyen de qqn : ...s'avisa maistre mary, pour estre de l'estat de sa femme asseuré (...) que d'elle orroit la devote confession, ce qu'il fist au moien du curé, qui son fait conduisit. (C.N.N., c.1456-1467, 464). LE CRESTIEN. Si nous fault trouver quelque aïde. (...) Nous l'aurons, ainsi que je cuide, Au moyen de sainct Nicolas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 77). J'estoye ladre, mais, au moyen De Jesus, mon mal ancien A esté netement curé. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 124). Cestui reffraignit icelle royne de sa grande luxure par belles exemples, regna à son moïen XXXII ans, fist de moult belles conquestes et ala jusques aux paludeux desers d'Ynde et plus avant où onques homme n'avoit esté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 17 v°). Cestui prenostica la miserable destruction des Juifz et la dirrupcion du mont Bibien et de la combustion des lieux circumvoysins faictes à son moyen. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 75 r°). Lequel couraigeusement et chevaleureusement se deffendit comme preux et hardi tant que au moyen de luy et de ceulx qui estoyent autour de luy, jamais ne frapperent coup plus avant ceulx qui s'estoyent par leur oultrecuidance tant avancez. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 287).

-

[À propos du lien de dépendance féodale]

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Par moyen. "D'une façon médiate, indirectement" : Et en tant que touche le procureur du Roy pour les crimes, deliz, felonies et excès dessusdiz, la Court declare ledit duc et ses complices defaillans avoir commiz envers le Roy nostre Sire et à son proufit tous leurs fiefs et arrierfiefs qu'il ont ou royaume tenus du Roy par moien ou sans moien, et si les bannist du royaume, et confisque au Roy le demourant de tous leurs biens. (BAYE, II, 1411-1417, 78).

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Sans moyen. "Sans intermédiaire, directement" : Tout li gentil homme de Flandres li jurèrent à estre bon et loial, enssi que on doit estre à son signeur sans nul moiien. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 186). ...les Bretons (...) vouldrent avoir duc et ne vouldrent pas sans moyen estre au roy de France comme est la duchié de Normendie (Chron. Valois L., c.1377-1397, 283). Par lez choses cy devant dittes il appiert que le royaume de France si laissa a estre royaume aprés la mort de saint Charlemaigne, et que lez terres qui estoient, sanz moyen, subjectes a Charlemaigne, cellez de l'Empyre et du royaume de France, furent divisees en plusieurs manieres. (Songe verg. S., t.1, 1378, 152). Et en tant que touche le procureur du Roy pour les crimes, deliz, felonies et excès dessusdiz, la Court declare ledit duc et ses complices defaillans avoir commiz envers le Roy nostre Sire et à son proufit tous leurs fiefs et arrierfiefs qu'il ont ou royaume tenus du Roy par moien ou sans moien, et si les bannist du royaume, et confisque au Roy le demourant de tous leurs biens. (BAYE, II, 1411-1417, 78). ...attendu l'estat de la Court dessusdicte, qui est souverainne et capital et representans le Roy sans moien (BAYE, II, 1411-1417, 100). ...car il cherroit plus grant pris de admortir terres et heritages tenuz sans moien du Roy que d'autres (FAUQ., III, 1431-1435, 113). Et furent tous les vassaulx qui avoient fait hommage deschargiés, absoulz et quittés des foys et hommages que ilz avoient fais ausdis Edouart et prince, et demourerent et furent vassaulx et subgés du roy sans moyen (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 214). ...sans charité, qui sans moyen procede de Dieu, ne se peut entretenir la communité des hommes ne la chose publique. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 218).

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[À propos de la querelle entre le pouvoir spirituel et le pouvoir séculier] : ...ceste raison ne preuve pas que le prestre doie estre souverain du Roy ; mez preuve assez que Diex soit souverain du Roy, et sanz moyen. (Songe verg. S., t.1, 1378, 169). Le Pape a eu sa puissance de Jhesuchrist sanz aultre moyen, et non mie de l'Inpereur ne d'aultre honme humain (Songe verg. S., t.2, 1378, 12).

b)

"Compromis, arrangement (comme résultat d'une médiation, d'un arbitrage)"

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Voir/trouver moyen (à qqc.). "Trouver une solution (à qqc.), un compromis, un arragement" : Il ne les euissent ja en riens espargniés pour cose que li legal fuissent là, qui toutdis aloient de l'un à l'autre, pour veoir se il trouveroient nul moiien. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 170). Chil parlement durèrent quinse jours que à painnes i pooit on trouver nul moiien, car li Flament voloient avoir Audenarde abatue, et li dus et ses consaulx ne s'i pooit assentir. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 202). ...il les trouvoient si durs et si hausters et si mal entendans a lors remonstrances et volentés que il n'i veoient moiien ne conclusion. (FROISS., Chron. D., p.1400, 591). Si firent le duc de Cleves, le conte d'Estampes et tous les aultres, qui moult labourerent a y trouver moien jusques a faire demourer hors du chappitre [de l'ordre de la Toison d'or] souvent ledit de Croy et son frere pour tant y besongier mieulx (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 284).

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Mettre moyen entre deux personnes : Durant l'assemblement des chevaliers de l'ordre en ceste ville de Saint Omer fut mise grant peine entre eulx en chappitre de mettre moien et appaisement entre le conte de Charolois et le seigneur de Croy (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 284).

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[Idée de condition]

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Par/parmi le moyen que + sub. "Sur la base d'un arragement tel que..." : Li rois de France (...) ne volt mies là commenchier à monstrer son mautalent, mais les rechut doucement parmi un moiien que il eut, que cil de Ippre paieroient au roi quarante mille frans. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 31). Toutesfois, finablement (...) la bonne ville de Gand est venue à paix et a acordé envers nostre signeur le conte par un moien que deus cent hommes, desquels il nous envoiera les noms dedens quinse jours par escript, iront en sa prisson ens ou castiel à Lille et se metteront en sa pure volenté. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 150). LE CRESTIEN. Nous secour[r]ez vous ? LE JUIF. Je l'acorde Et par le moyen qu'en ce cas, Dessus l'hostel sainct Nycolas Jurerés loyaulment me rendre Mon argent. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 89).

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Sans moyen. Sans condition, absolument : Li douse bourgois, qui furent esleu par conseil de toute la ville (...) vinrent sus le mont d'Ippre et s'engenoullèrent devant le roi et representèrent la ville d'Ippre au roi à estre en son obeïssance à tousjours mais, sans nul moien ne reservacion. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 31).

2.

[À propos d'une pers.] "Médiateur, intermédiaire, négociateur" : Mès li dessus dis messires Tallerans de Pieregorch, par moiiens que il acquist, le signeur de Chaumont, le signeur de Montferrant et le captal de Beus, ses cousins, fist moustrer tant de bonnes raisons au dit prince, que il eut voie et accès de parler à lui. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 69). Mais luy remonstra doulcement touttes ses besoingnes, en luy suppliant qu'il voulsist estre bon moyen envers son cousin le roy de France pour luy, et il en seroit grant gré. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 125). ...je vous requier doncques que veillez estre mon moien ceans ou aultre part que je face dame [par amours] (C.N.N., c.1456-1467, 178). ...je vous requier que vous soyez mon moyen vers ce cardinal que je le serve (C.N.N., c.1456-1467, 284). [Maistre Jehan de Clugny, ambassadeur du duc de Bourgogne, au roi de France :] ...il [le dauphin] vous signifia son allee par devers mondit seigneur le duc pour deux causes : l'une pour savoir son intention touchant le voyaige de Turquie (...) ; et l'aultre cause si estoit pour requerir mondit seigneur le duc qu'il veulle estre moyen et intercesseur par devers vous affin qu'il puist estre et demorer en vostre bonne grace. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 39).

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"Intermédiaire, truchement" : Et s'il advient qu'elle [l'âme] le voye [la vérité], ce n'est pas clerement ne nuement, mais la voit par aulcun moyen (LA SALE, Sale D., 1451, 231).

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Estre moyen de + inf. "Être la fois médiateur et artisan (pour réaliser qqc.)" : C'est que tu soies entre eulx tousjours moien de conduire voies de paix par si grant doulceur, non pas sans plus un moys ou deux maiz à tousjours (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 63). Semblablement, devant et aprés ensuivant, de toutes conquestes et seignouries et toutes estranges choses mettre a effait, a l'aventure par propos deliberé, ay esté moien et principe. (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 80). ...et fut grant famillier de Perre l'Ermite, qui fut moïen de assembler ladite croisée, comme est recité en la Postille sur l'Apocalipse et en la Cronique de Guillaume. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 r°). Cestui fut l'un des moyens de gecter de prison du Louvre le conte de Flandres, qui y avoit esté l'espasse de XII ans et demy en une chappe de plon, et lui fist aver sa composition par argent grande somme, environ la feste des Roys. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 124 r°). Josserand, cardinal à Romme, homme subtil et meslé en toutes sciences, medicin et souverain astrologien en ce temps, vint en France envoyé par le pappe pour le differand de Flandres et fut moïen de fere la paix entre les Flamens et le roy Philippe (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 133 r°).

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Estre moyen que + subj.. "Intercéder auprès de qqn (Jésus) en lui demandant de" : Oudit mois de fevrier, le roy escripvit lettres à tous les estatz de Paris, par lesquelles il les prioit très instamment qu'ilz se voulsissent transporter en l'eglise mons. Sainct-Denis luy faire priere qu'il [vueille] estre intercesseur et moien envers Nostre Saulveur Jhesu Crist qu'il voulsist permettre que le vent de bise ne courust point, pour ce que par le rapport de tous medecins avoyent esté d'oppinion que ledit vent de bise, quant il venteroit, feroit moult de maulx, tant à la santé des corps humains que des biens de la terre. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 129).

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Moyen de qqc. "Personne qui joue le rôle d'intermédiaire dans qqc." : Le duc Aubert et son frere (...) qui moiens estoient de ces choses, se traierent devers l'empereur et son conseil, et luy remonstrerent comment le duc de Jullers (...) se vouloit mettre purement, sans reservation aulcune, en son obeissance (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 169). Et si vous estiez mariée, dit il, et j'en estoie le moien et la cause, en ariez vous après cognoissance (C.N.N., c.1456-1467, 294). Si fuz accusé avec les aultres, mes compaignons, d'avoir esté cause et moyen de la sedicion (C.N.N., c.1456-1467, 575). ...la devant dite veufve de feu messire Pierre de Bresé (...) fut gestée hors dudit chastel, et (...) elle fut detenue et gardée pour estre baliée et livrée au roy, pource que elle estoit moien de la traïson faicte à Rouhen contre le roy. (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1466, 99).

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[Au masc. et au fém.] : ...il m'est advis que le duc de Bretaigne fist tant par prieres au roy et aux seigneurs, et par bons moiens et moiennes (,) que il amena en sa compaignie, que son cousin, messire Pierre de Craon (...) se atermina à paier à termes la roynne de Naples (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 606).

D. -

P. ext. "Ce qui permet d'atteindre un but, ce qui concourt à créer tel ou tel effet"

1.

"Procédé, méthode, façon, manière"

a)

Empl. subst. : DIEU. Or entendez : vostre requeste, Mére, et vous, Prist, acompliray Par le moien que je diray. (Mir. prev., 1352, 258). Et enquiert l'en par conseil par quelz instrumens ou moiens la chose peut estre faite (ORESME, E.A., c.1370, 192). Si comme qui poursivroit ou procureroit pour soy le honeur qui est deü a autre ou qui poursuivroit quelconques honeur par mauvais moiens. (ORESME, E.A.C., c.1370, 379). ...tu veulz, [c]e samble, que on ne croye a Dieu ou a sa loy (que) par la predicacion d'autre homme ou par quelconque moyen fors que par nouvel miracle a une chascune foys, et par ainsy toute compaignie et societé des hommes ensamble periroit. (GERS., P. Paul, a.1394, 497). Encore ne voient moyen Comment ilz ayent la cité (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 131). ...et si avoient tant fait que par certains moiens de femmes ou autres ilz avoient eu certains enfans mors nez, et estoit grant et vraissamblable presumption qu'ilz ne fussent gens crimineux et sorciers (BAYE, I, 1400-1410, 221). ...car, par ce moyen, la guerre et division ne cesseroit point, mais acroistroit et seroit plus perilleuse à la ville de Paris et à tout ce royaume que de present. (FAUQ., I, 1417-1420, 255). Et qu'est ce la, dist il, maistre cyrurgien ? m'avez vous fait jouer a la cligne musse pour me faire ce desplaisir ? Doit estre mon oeil gary par ce moien ? (C.N.N., c.1456-1467, 505). ...d'aultre chose ne tenoient leurs devises que de pourpenser et adviser moien par lequel leur souverain desir pourroit estre accomply (C.N.N., c.1456-1467, 546). ...par laquelle predicion les habitans osterent leurs biens et bestailh et, par ce moyen, plusieurs en furent preservez. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 62 r°).

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[Formule elliptique] Le moyen pour + inf. ? "Comment faire pour ?" : LE CRESTIEN. J'entends bien qu'il fault besongner Qui veult vivre, mais le moyen Pour parvenir d'avoir du bien ? N'est que l'estat de marchandise Et nous n'avons rien. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 83).

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[Empl. conjoint avec d'autres termes] : Car je n'i sçay moien, voie ne tour, Ne riens n'i puet valoir n'aidier aussi Fors li qu'aim miex cent mille fois que mi. (MACH., Bal., 1377, 552). ...[les deux amants] pensoient, et jour et nuyt, par quelle façon et moien ilz se pourroient rencontrer (C.N.N., c.1456-1467, 306). Si pensa le chevalier par quel train et moien il perviendroit a la joissance de son hostesse (C.N.N., c.1456-1467, 432). ...[il] ne cessoit de penser et subtilier voies et moiens pour pervenir a ses attainctes (C.N.N., c.1456-1467, 534). Pour nostre besoigne parfaire, Dictes nous la voye et moyen De ce que nous avons a faire ; Nous ne vous desdirons de rien. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 524).

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"Avantage, ce qui aide" : ...il fault tout faire par point et par raison, et tant attendre que les choses viennent à leur tour. En luy trop fourhaster n'a point de bon moyen (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 45). "...comsiderés le bon moiien que vous avés en vostre querelle : c'est que madame la roine d'Escoce est serour germainne de nostre signeur le roi d'Engleterre." (FROISS., Chron. D., p.1400, 785).

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"Ce qui aide à comprendre, sens de qqc." : UN ROI MAGE (à Hérode) Or nous monstrent et signifient Les moyens du signe donné Qu'il fault que celuy roy soit né, Veu que l'estoille monstree S'est par toute nostre contree. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 85). NICHODEMUS (à Jésus) Chier maistre, je ne sçay entendre Le moien de vostre argument. Est il bien possible ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 155).

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Avoir des moyens de qqc. "Être aidé, favorisé par qqc., grâce à qqc." : LE .II. SERGENT. Labourons tandis qu'il est temps, Querons de l'ame le repas, Car nous avons de grans moyens Des merites sainct Nicolas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 159).

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Au moyen/par le moyen de qqc./qqn. "Grâce à, à l'aide de qqc./qqn" : Quant premièrement les hommes commencèrent à marchander et achapter marchandises et richesses, par le moïen de monnoie (ORESME, Monnoies W., c.1365, XVII). ...[il] se parti dudit chastel à l'ayde d'icellui Sohier et de la corde du puys dudit chastel, par le moyen de laquelle il qui parle, ledit Sohier, et autres qui prisonniers estoient oudit chastel, descendirent ès fossez dudit chastel par-dessus les murs (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 390). Laquele saliere il qui parle, afin que elle ne feust cogneue, il despeça ou jour d'ier par le moyen et aide d'une pierre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 136).

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[Ce dont on se sert est une science, un savoir] : ...car par le moïen de ceste science de astrologie et principallement en ses dictes parties, plusieurs choses secrectes sont souvent descouvertes et precongneues (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 v°). Cestui fist au moïen des ellections de astrologie et incredibles conquestes et fonda la grande cité que l'on dit Nysybin, de trois journées de long. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 17 v°). ...et ot puis charge de Nynias, son filz, lequel au moïen de ses loables enseignemens regna XXXIX ans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 17 v°).

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"Sur la base de qqc." : ...par le moyen des rappors qu'il fesoit, ont esté prins, à diversez foiz, pluseurs François, comme XXIIIJ hommes, plus et moins (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 124).

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"En raison de qqc, à l'occasion de qqc." : ...et comment, derrenement, par le moien du mariage et aliance dudit feu roy d'Angleterre et de la fille de France, royne d'Angleterre, on avoit fait traictié de paix entre lesdis royaumes (FAUQ., II, 1421-1430, 73). ...delaissons l'ostel ou maison (...) à nous venue et escheue comme confisquée par le moien de la rebellion et desobeissance commise (...) envers nostre dit feu ayeul (Paris domin. angl. L., 1423, 75).

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"Sous prétexte de qqc." : ...depuis lequel siege les Anglois ont occupé la duchié de Normendie avec pluiseurs villes et forteresses, soubz umbre et par le moyen des debas et divisions qui ont esté entre les seigneurs et peuple de ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 311).

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"Du fait de qqn/qqc., à cause de qqn/qqc." : Helas, je suis nee en mal an ! Traïstre roy sabbyen, C'est par toy et par ton moyen Que je suis icy maintenant, Car par toy j'ay fait trop de mal (Pac. Job M., c.1448-1478, 317). ...au moien de ceste adventure, fut, comme encores est, appellé sire Baudin Casier. [L'homme a été enfermé dans un casier] (C.N.N., c.1456-1467, 446). Ainsi fut le pouvre amoureux curé salarié du service qu'il feist a amours, par le moien de la faulse et traistresse jalousie du varlet (C.N.N., c.1456-1467, 495). LE CRESTIEN. Chanter nous fault ce contrepoint : Force n'est droit. LA FEMME. Je l'entens bien, Mais tout vient par vostre moyen. LE CRESTIEN. Nous sommes tous desprins et mis, Mocqué de grans et de petis. On nous monstre au doit. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 75). ...au moyen de la dicte apostume, il entra en une fievre chaulde de laquelle il mourut inremediablement. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 88).

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Au moyen/parmi le moyen de ce que. "Par le fait que" : Encores demoroient gens assés au roi d'Engleterre pour furnir et tenir son siege, parmi le moiien de ce que nuls ne pooit venir sus euls, tant estoient il bien fortefiiet. (FROISS., Chron. D., p.1400, 770). Et, ce jour aussi, fut fait et creé secretaire Jehan Prevost, clerc de maistre Jehan de Valengelier, greffier des requestes de l'Ostel du roy, au moien de ce qu'il espousa une jeune femme nommée Mariete, qui avoit servy monseigneur le bastard d'Armignac, conte de Comminge ; à cause de quoy ledit Prevost a eu de grans biens, et y print le bien qu'il a. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 32).

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En aucun moyen. "En aucune façon" : ...CAŸPHE. ...Vous ne monstrez pas en venue Que vous ayez bien retenue Sa doctrine [d'Aristote] en moyen aucun. Dist il pas que le bien commun Precede le particulier (...) ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 209).

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En tels moyens que. "De telle façon que" : ...Je vous dis que Dieu pourroit prendre Les Publicains et les payens Et les vertir en telz moyens Qu'ilz seront mieulx ydoines tous D'estre filz d'Abraham que vous. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 137).

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Par bon moyen. "De bonne façon" : MARELLIER. (...) Chascun de vous preigne une corde Et veillez tous dedens donner. PREMIER CLERC (qui sonne les cloches.) Tresvolentiers je m'y acorde ; Or sonnons donc par bon moyen ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 544).

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À ces moyens. "Avec de telles façons d'agir, avec de telles conditions (comme celles qui sont évoquées)" : Et lors monseigneur du Maine, monseigneur l'admiral de Montauban, le seigneur de la Barde et autres cappitaines qui bien avoient de VII à VIIIc lances, se retrahirent et s'en alerent et habandonnerent ainsi le roy, et, à ladicte journée, nul des dessusdiz n'y frapa un seul cop ; et, à ces moiens, le champ demoura ausdiz Bourguignons. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 67).

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Par moyen(s). "En ayant recours au comportement adéquat" : Sainct Pol fut grant persecuteur Durant le temps qu'il fut payen,Et fut moult grant executeur Dessus le peuple chrestien, Depuis il congneut son erreur En soy repentant par moyen, Tant quë il fut noble docteur Et fit après beaucoup de bien. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 108). Combien que, pour son meschef advenu, elle ne se monstra encores gueres a ce temps, si trouverent façon ces deux chevaliers, par moyens, qu'ils vindrent ou lieu ou elle estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 345). SATHAN. (...) Mais, en despit de Nicolas, Ung crestien si bien tempteray Et par moyens tant je feray Qu'i fera ung tour de ma main. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 107).

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Par (adj.) moyens. "Par tels procédés" : LUCIFER. Tant mieulx vault. Il t'en fault an aler, Toy et Berich, par bons moyens, Par devers ces Pharisïens Qui l'ont tousjours persecuté Afin qu'il soit executé Et mis a mort sans plus sonner (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 230). ...ce courroux (...) ne dura gueres, car, a ce qu'on me dist, tantost après par bons moyens la paix entre eulx si fut trouvée (C.N.N., c.1456-1467, 162). Nostre curé (...) se fist, par gracieux et subtilz moyens, accoincté de celuy dont il vouloit estre compaignon ou lieutenant (C.N.N., c.1456-1467, 439).

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Par moyens de qqc. "En utilisant qqc." : Ce maistre chaperon fourré fist tant, par moyens et d'argent et aultrement, qu'il parla a la belle cordoanniere dessoubz sa robe (C.N.N., c.1456-1467, 414).

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Faire son moyen pour + inf. "Faire des efforts pour" : Or estoit le comte de Saint-Pol adjourné devant le roy sur les peines devant dites ; et avoit esté contraint et mené à celle nécessité comme par le seigneur de Croy, lequel il héoyt. Il fit son moyen vers le roy pour avoir un prolongement, lequel à grand peine il obtint (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 432).

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Moyen de + inf.

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Avoir moyen de + inf. "Avoir la possibilité de" : Et combien que je me repute bien maleureux que une fois en ma vie ne puis avoir moien, ne achoison honneste et selon mon fait, d'aler veoir vostre tant triumphante court, toutesfois quant il me souvient ainçoires des grans biens qui y sont et que je y croy estre pour ce que m'en avez dit, et dont le bruit n'est mie si grant que l'effect, esperant que une fois vous y voie, je me repose de mes ennuis sur la souvenance que je en ay. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 114). En celluy temps le bastard de Bourgoingne, luy estant à Teremonde, eust moyen de parlementer secretement à ung qui estoit chief desditz Angloix et se nommoit Jehan Fallot, moult subtil homme de guerre et avantaigeux. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 292). ... et, encores qu'ilz s'en ennuyassent, disans que on n'y renvoyast plus, si y vouldroys-je renvoyer quant j'en auroye opportunité et le moyen. (COMM., I, 1489-1491, 220).

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Trouver (le) moyen de + inf. : Et depuis trouverent moyen de entrer a Paris, après ce que par aucun temps ilz en eurent esté hors, auquel temps on traittoit de bonne paix, et crierent la paix en entrant (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 226). Et donnez alaine a vostre peuple, et trouvez moyen d'avoir argent aultre part, et reprenez de ceulx auxquelz vous en avez trop baillé (JUV. URS., Verba, 1452, 405). Puisque nous ne savons trouver moien de payer nostre escot par ce qui est mis en termes, je [vous] diray que nous ferons (C.N.N., c.1456-1467, 376). ...monseigneur le curé trouva le moien d'excuser sa simplesse et ignorance. (C.N.N., c.1456-1467, 514). En icelluy temps, le roy fist faire grant assemblée de prelatz, gens d'eglise, de grans clers, tant des universitez de Paris, Montpelier que d'autres lieux, pour eulx trouver et assembler en la ville d'Orleans pour subtillier et trouver moyen de ravoir la Pragmatique, et que l'argent des vaccans des benefices ne feust plus porté à Romme ne tyré hors de ce royaume. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 77). Ettant [l. et tant] soubtivarent qu'ilz trouvarent moien de congnoistre leur guect et d'entrer en la ville de Lucembourg par leurs eschelemens. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 36). Et monsr de Havart commança à dire au roy en l'oreille que, s'il vouloit, qu'il trouveroit bien moyen de faire venir le roy son maistre jusques à Amyens, par adventure jusques à Paris, à faire bonne chère avecques le roy. (COMM., II, 1489-1491, 69).

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Trouver moyen + sub. interr. indir. : ...les duc de Clocestre et contes de Arondel, mareschal, Waruich et l'arcevesque de Cantorbie parlerent de plusieurs choses, especialment de trouver moyen comme ilz pourroyent prendre le roy Richard et les ducz de Lenclastre et d'Yort et mettre et tenir en prison (JUV. URS., T. crest., c.1446, 149).

b)

[Employé comme prép.] Moyen qqn/qqc.

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"Moyennant qqc." : Leomedon, voulant edifier Troye, fist marchié a Phebus et a Neptune, que estoient en guise d'ommes, pour faire les murs de Troye moien certain pris d'or (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 196). Et puis ordonna que chescun ostel d'Espaigne et de Gallice donnast a l'eglise de Saint Jacques quatre deniers de la monnoye courant et annuel tribut, et moyen celluy tribut ilz estoient francs et liberés de servitude. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 199).

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"Grâce à qqc." : Et quant tu auras ceste creance moyen le saint sacrement de baptisme, qui est sur ce estably, tu pourras parvenir a gloire eternelle. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 40). Et moyen ces engins ilz conquisterent la premiere garde de la tour. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 119). Les payens perserverans en l'assault devant dit, l'enchanteur vint devant l'admiral et luy dist : "Treschier sire, j'ay fait mes engins tous apprester, moyen lesqueulx, sur ma vie, je vous rendray les François..." (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 119). Comme saint Jacques apparut a Charles et comme moyen la conduyte des estoilles il alla en Gallice et quelles cités il subjuga le premier chappitre. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 175).

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"Par l'intermédiaire de qqc., d'un animal" : Et lors Jupiter pour garder sa promesse ainsi le fist, et ardi Semelles de feu et de tonnoirre : car Jupiter s'acompagnoit a Juno moien le feu : Jupiter signifie le hault air et Juno le bas, entre lesquelz se font tonnoirres et esclers. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 163). Tous fruitz leur habandonnastes a mengier fors seulement d'ung, du quel Eve moyen le serpent en fit mengier a Adam, dont ilz en perdirent paradix. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 51).

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"Par l'intermédiare de qqn, grâce à qqn" : Je te requier de rechief que je soye baptisé, et se j'estoye de mes playes guerys, je exaulceray de mon pouvoir la foy crestienne, et seroit faitz pluseurs payens crestiens moyen moy. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 68).

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"À cause de qqc." : Je sçay que elle t'ayme plus que homme vivant, et moyen ses amours j'ay perdu pluseurs de mes hommes de grant façon et sy suis mys hors de ma tour, le chief de force de tout mon païs. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 110).

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Moyen de qqc. "Moyennant qqc." : MATHATIEL. On dit qu'il fault ou pendre ou rendre. Je ne sçay lequel ce sera, Mais le juge en appointera, Moyen "beati garniti" [Compl. de nom lat. "moyennant de l'argent"] . (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 127). ...Touchant Pluto, lieux tresparfonds et ysmes A desiray, pour sa porcion avoir, Moyen duquel luy ont les [grans] abismes Esté donnez et la fait son movoir. (Rapp., c.1480, 57).

2.

"Argument" : Atant me fina Repertoire De mariaige et de memoire Son epistre qu'il m'envoya, Par laquelle il me ravoya A la saincte et la bonne voye, A laquelle Dieux me ravoye, S'il lui plaist, par s'umble pité, Tant que je soie respité Du tourment de ce mariage Temporel, qui n'est fors que rage, Doleur de cuer, du corps exil Et de l'ame trop grant peril, Si comme je voy par le tiltre Et les moiens de son epistre ; (DESCH., M.M., c.1385-1403, 273).

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DR. "Raisons que l'on apporte pour établir les conclusions que l'on a prises" : ...parce que le Roy y a et puet avoir droit et interest en partie d'iceulz biens à cause de certains lais escrips oudit testament, et autrement par certains moiens à declarer plus à plain. (FAUQ., III, 1431-1435, 151). [Après énumération de témoignages en faveur de qqn]... et par certains moyens à declarer plus à plain, se mestier est. (Chartes communes Bourg. G., t.2, 1435-1436, 247). [En conclusion de la présentation de certains arguments] Sy concluoit par ses moyens affin d'asolution et des despens. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 40).
 

A. -

"Qui se situe au milieu, avec plus ou moins de précision" : Le prince ot la voie senestre Et Lesparre prist celle à destre, Et Bremont avoit la moienne, Car par droit devoit estre sienne, Pour ce que plus n'en y avoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 163). Et chevaucièrent en trois batailles moult ordonneement : li mareschal et li Alemant avoient le première, li rois englès le moiienne, et li dus de Braibant la tierce. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 170). ...les seigneurs qui sont à Vernueil se trairoient à Vernon (...) et mesdis seigneurs de Berry et de Bourgoigne se trairoient à Mante et lors adviseroient place moyenne pour eulx assembler (BAYE, II, 1411-1417, 120).

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Paroi moyenne. "Mur mitoyen" : ...et pour ce qu'ilz estoient sy court tenus et de sy pres gardés qu'ilz ne povoient de leurs amours parler ne leur voulentés dire, fors seulement par les crevaces de la paroy moyenne dessusdite, pour ce ordenerent il, pour convenir plus franchement ensamble, qu'ilz ystroient de leurs maisons a une certaine heure (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 415).

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Empl. pléonastique. Centre moyen. "Centre" : ...lequel mouvement commence du centre moyen et s'estent jusques aux extremités et encores les passe. (Somme abr., c.1477-1481, 145). Centre c'est le point moyen egalement distant de toutes pars de la circonference. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 104).

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GÉOM. Point moyen. "Point du milieu" : Le centre du cercle est le moyen point du cercle, selon lequel le cercle se forme en reondeur, et aussi la droite moyenne d'une chascune chose. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

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Au moyen point. "À mi-chemin" : Et toute voie, s'on emprent Aucun fait de quoy on mesprent, S'on s'en repent au moien point, Encor y vient il bien a point. (MACH., J. R. Nav., 1349, 267).

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En partic. Le moyen doigt. "Le médius" : Le doit demonstrant signifie l'eure de tierce. Le doit moien, l'eure de midy (Expos. songes B., 1396, 101). Et lors ledit prince recevra (...) [le] mettera en possession de sa seignourie de marquis par ung tresriche ruby, qui porte signe de seignourie, qu'il mettera ou moyen doit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 232). Et au departir qu'ilz firent, Madame ala a son coffret et print un tresbel et gros ruby ballais lyé en or que en son moien doy lui mist (LA SALE, J.S., 1456, 256).

B. -

"Qui tient le milieu entre deux extrêmes, qui est intermédiaire"

1.

"De taille intermédiare, courante"

-

[D'une pers.] : L'Espaignol estoit moyen homme, de forte et grosse taille (...) ; et le seigneur de Charny [son adversaire] estoit grant et puissant chevalier, et l'un des renommez de son temps, et tenoit sa hache près de luy (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 301).

-

[D'un objet de la vie quotidienne] : ...il print et apporta hors d'icellui un moyen bacin à laver mains et unes chausses vermeilles, qu'il trouva sur le banc au-devant du feu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 92). ...au temps de la perdicion dudit gobelet d'argent, fu lors perdue et adirée une houppelande moyenne à usaige d'omme, qui estoit de drap vert d'Engleterre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 363). ...elle monta jusques a la cheminée, a l'entour de laquelle elle lya tres bien une moyenne corde (C.N.N., c.1456-1467, 275). Et, après sadicte oroison ainsi faicte et qu'il se fut levé debout, vint à lui Petit Jehan, filz de Henry Cousin, maistre de la haulte justice, qui lui apporta une moienne corde dont il lya les deux mains dudit de Saint-Pol, ce qu'il souffry bien benignement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 360).

2.

"Intermédiaire"

-

[D'une chose concrète ou abstr.] : Et pour ce appert plus telle chose au matin ou au vespre quant nous regardons le soleil par plus de vapeurs moiennes. (ORESME, C.M., c.1377, 450). ...comme dit saint Denis de France que les choses basses se ramenent aux haultes par les moyennes. (GERS., P. Paul, a.1394, 497). Et dit qu'est vayne : vayne est membre consemblable, simple, spermatique, moyenne entre duresse et mollesse, nerveuse, concavee, naissant du foye et portant le sang nutritif de celluy membre à autre, de complexion froide et moiste en substance, chaulde et moistre au regart de ce qu'elle contient. (LE LIÈVRE, Traité saignée W., a.1418, 18). "...vous cognoissez ma simplesse, jeunesse et innocence, qui est pour vous, ce me semble, non pas moien delict, mais tres grand..." (C.N.N., c.1456-1467, 565). Item par les gerarchies, c'est a dire ordre des esperis angeliques. Par la souveraine est representé Dieu le Pere. Par la moyenne ordre est representé le Filz, par la plus basse le Saint Esperit. (Somme abr., c.1477-1481, 125). On aura pour neant esperance Aux haultes montaignes fecondes N'aux vallées basses et perfondes, En lieux moiens n'ysles marins, En plains champs, bors, tiges [et] puis, En carrieres në en marestz. (Cene dieux, c.1492, 132).

-

P. ext. "De qualité ordinaire" : Pour une piece et ung quartier d'aulne de satin noir plus que moyen dont on a garny pour mondit seigneur bacinez, pieces de lames et harnoiz de jambes (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 83).

-

"Impartial" : Et ce qui est moien est equal et est ce que nous dison estre juste. (ORESME, E.A., c.1370, 289).

3.

P. anal.

a)

[D'une couleur] "Terne" : Quant a bien beu [le colérique] veult tancer, noiser, batre et voulentiers ayme estre vestu de moyenne couleur comme de draps gris.l (Comp. kal. bergiers C., 1493, 73).

b)

[Dans le temps]

-

[D'une pers.] "Qui se trouve à un stade intermédiaire, entre jeunesse et vieillesse" : Lequel vault mieulx a jeune chevalier Et a homme qui par le monde va, Belle dame, s'il se veult marier, Qui jeune soit, ou moyenne qui a L'aage passé ? (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 375).

-

Moyen age. "Période de la vie située entre la jeunesse et la vieillesse" : Et quant tele suite Yert par toy faicte bel et bien, Lors en ton pais t'en revien : En l'aage moien te marie. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 142). De moien eage la prandras, Et tu seras d'eage moien : Lors sera plus doulz le lien Entre vous deux de mariage, Et pourrez terre et heritaige Acquester, et vir voz enfans En bon estat encores grans (DESCH., M.M., c.1385-1403, 143). Pour quoy, comme j'ay dict, quant on vient à telz marchéz que de traicter paix, il se doibt faire par les plus feables serviteurs que les princes ont et gens d'aage moyen, affin que leur foiblesse ne les conduysist à faire quelque marché deshonneste (COMM., I, 1489-1491, 66). Et pour faire cesser tous labouraiges, Des laboureurs les enfans feray paiges, Et les autres qui sont de moyen aage Feray larrons et mectray au fourrage. Et les veilhars qui ne peuent gaingner Rançonneray jusqu'au derrain denier. (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 56).

-

[À propos d'un végétal] Moyen temps : Se montent ses branches au vent Pour entrer en secont jouvent Qui est moiens temps appellez. (MACH., J. R. Nav., 1349, 221).

-

Au moyen d'une période. "Vers le milieu d'une période" : ...aucunefoiz il [l'enfantement] vient en la fin [du mois] aucunefoiz ou moien et aucunefoiz ou commencement du moiz IX^e (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 305).

4.

Au fig.

a)

[D'un état social] "Intermédiaire, éloigné des extrêmes" : ...L'autrier avec eulx en riviere Me menerent li compaignon. N'i avoit prince ne baron, De moyen estat tuit estoient Et les oyseaux forment amoient. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 446). En ces jours que je di, avoit en la ville de Gand deus vaillans hommes (...) de linage moiien, non des plus grans ne des plus petis de la dite ville, auxquels par especial il desplaisoit trop grandement le different que il veoient. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 285). Item, dist que, lui et nommé Perrin Le Plastrier, gros homme brun et de moyen de estat, IIIJ ans a et demi ou environ, s'acompaignerent ensamble en icelle ville de Troyes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 140). ...un compaignon nommé Perrin, qui est un homme de moïen estat, à un visaige rondelet et un peu rousset, et lequel se disoit estre sergent du Chastellet de Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 386). Et s'aucun est d'estat moyen, Vaillant bourgois ou citoyen, Bon preudoms et d'onneste vie, Lui peut Fortune, par envie,Tolir ses biens, si fait, sanz faute (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 91).

-

De tous les estas le moyen est le meilleur : ...se vous n'avez oy messe, lors a genoulz vous mectez et sans nulle part regarder, fors adviser que ne soiés devant quelque seigneur ou dame, chevalier ou escuier, que par honneur voist devant vous, et aussi ne vous mectez pas ou nombre des varlez, car de tous estas le moien est le meilleur, ainsin que dit le Philosophe en ses Ethiques ou il dit : Virtus consistit in medio. (LA SALE, J.S., 1456, 45).

-

[D'un train de vie] : Si fu regardé que le roy d'Ermenie, pour tenir ung estat moyen, seroit assené de une rente et revenue par an sus la chambre des comptes (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 224).

-

[D'une pers. au point de vue social] "De condition intermédiaire" : ...la plaisance est trop greigneur Aux gens moiens que au grant seigneur Quant est ou fait de levrerie. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 400). De quelconque estat qu'il estrive, Du plus petit jusqu'au plus grant, Li loist et en doit estre engran t: Soit riche, moien, povre ou nu, Est de droit et raison tenu A vivre selon ces deux poins Nettement, que hors près ne loings Ne face a nulle creature Dommaige, deshonneur, injure (DESCH., M.M., c.1385-1403, 138). Et pour ce dit Aristote que la cité par raison est meilleur et plus seure, ou il a plus de moyenne gent qui ne sont ne trop riche ne trop povre. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 91). La est l'ediffice commun Pour gens moyens et pour commun. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 123). ...se foison moyenes gens y a, il n'y a mie tant d'envies et de despit entre les deux extremitez. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 30). ...elle ordonna et partit en trois monasteres et mist dedens trois compagnies de vierges qu'elle avoit assemblé par diverses provinces tant nobles comme moyennes et de bas lignaige (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 267). Entendez ici Messeigneurs, Tant grands que moyens et mineurs, Qui avez fait votre devoir (Myst. ste Barbe P., 1493, 14).

b)

[D'un point de vue moral ou religieux]

-

[D'une pers.]

.

"Modéré" : Et aussi celui qui est moien et vertueus, nous li donnons aucune fois le nom d'un des vices et l'apellons phylotime ["ambitieux"]. (ORESME, E.A., c.1370, 166).

.

[D'un point de vue religieux] "Qui se trouve dans une situation intermédiare (face à la vie éternelle)" : Ceulz yci, ou iront eulz incontinent aprés la mort se non a la dampnacion pardurable de la fosse d'enfer ? Les autres sont comme moyens entre deux estaz car finablement ilz meurent en grace, mais ilz ne sont pas tous puniz et purgiez de leurs meffaiz (GERS., Déf., 1400, 224).

-

[D'une chose]

.

"Qui relève du juste milieu" : ...mais elle [la vertu] n'est pas moienne entre bien et mal, mais est simplement contraire a mal. (ORESME, E.A.C., c.1370, 163).

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Voie moyenne : Aprés ceste entree s'aida le malin esperit de ce decepveur d'une seconde cautele, et s'apensa que extremité n'aquiert riens sans debat et que la voie moienne a ses adresses a tous chemins. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 120).

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Tenir la voie moyenne. "Éviter les extrêmes, choisir une solution intermédiaire" : PILATE. ...Mais, vecy pour faire aultrement, Ung bon moyen que j'ay trouvé Ou il n'aura homme grevé Et si tendron la voye moyenne. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 354).

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Prov. Bon fait aller moyenne voie : Bon fait aler moyenne voye (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192).

c)

DR. Juridiction/justice moyenne. "Juridiction à laquelle sont réservées les causes intermédiaires entre les causes les plus graves (relevant de la haute justice) et les causes mineures (relevant de la basse justice)" : ...deux cenz livres de rente, les quelles le dit conte avoit vendues au dit cardinal, assises, selon la coustume du païs, en la chastelerie de Syvray, avec toute justice, haute, moienne et basse en fiez et arrerefiez, et à touz autres droiz, quiex qu'il feussent, excepté tant seulement ressort et souveraineté (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 125). ...et entre les autres drois ont jurisdiction haulte, moienne et basse sur leurs bourgois et subgiés (FAUQ., II, 1421-1430, 297). ...Philippe d'Alençon, lors archevesque de Rouen, a voulu dire la haulte, moyenne et basse justice temporel dudit hostel archiepiscopal a lui appartenir (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1425, 76). ...l'evesque de Paris dit que le cloistre Saint-Honnouré à Paris est en sa justice haulte, basse et moienne (FAUQ., III, 1431-1435, 138). Comment le roy fist planter justices et supplices dedens Romme, auquel lieu fist pendre, decapiter et noyer plusieurs malfaicteurs pour demonstrer qu'il avoit a Romme, comme en Paris, haulte justice, moyenne et basse. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 234).

C. -

ASTR. "Qui est le résultat d'une équation"

-

Moyen mouvement. "Durée moyenne de la révolution d'une planète sans tenir compte des inégalités de vitesse" : Saturne descript le zodiac par son moyen mouvement en .XXIX. ans et demy, ung petit moins. (...) La Lune descript le zodiac par son moyen mouvement en .XXVII. jours et ung tiers de jour. (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 32). Pitagoras le Second, culteur d'un vray Dieu, lequel fut moult expert en la science des estoilles et composa sur icelle plusieurs tables et instrumens, tant du moïen mouvement de la Lune que des autres planetes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 45 v°).

-

Conjonction moyenne. "Conjonction entre les planètes Saturne et Jupiter affectée, tous les 240 ans, d'un changement de triplicité (?)" : Aucuns dient que ce fut l'ultime conjunction et que avant icelle en fut une moïenne, c'est assavoir avant Jhesu Crist, par cinquante ans et trois cens XX jours, c'est assavoir le XIIIIe jour de fevrier, ou IIIe degré et XI minutes du signe de Aries et en icelle triplicité fut la conjunction moïenne, qui fut dicte tierce, c'est assavoir l'an Jhesu Crist LIII, le 12e septembre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 r°).

Rem. FEW VI-1, 582b : «mouvement moyen d'un astre "mouvement que l'on considère indépendamment des inégalités qui le rendent plus ou moins prompt" (Ozan 1691 - Ac 1935)» ; pour conjonction moyenne, cf. J.-P. Boudet, Le Rec. des plus célèbres astrologues de Simon de Phares (Thèse), t. 2, 1990, 444, note 42b et t. 3, 1990, 650-651, s.v. conjonction.
 

"Moyennement, peu" (Éd.) : Tu en parle comme unne beste. Avec galer et festier Il fault aucune foys prier ; Je ne l'en prise pas moyent. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 32).
 

"Placé au milieu" : Et pour ce, comme seneschal, Je te condempne pendre en croix, Entre deux larrons moyenal, A Mont Calvaire (Pass. Auv., 1477, 176).
 

"Par le moyen de, moyennant" : ...moiennant les prieres de l'eglise (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 679). [Traité du sacre] Et la terre pure a puissance de engendrer chaleur moiennant tel mouvement et telle violence. (ORESME, C.M., c.1377, 440). ...le quel finablement accorda que moiannant certain prest que l'en lui fist à son besoing, il liverroit (...) IIIIxx muis de plastre (Industr. Paris F., 1387,,, 350). ...lequel evesque lui demanda s'il savoit lire ; et il et sesdiz amis respondirent que non, et promistrent audit evesque qu'il le feroient aler à l'escolle ; moïennant laquelle promesse, ycellui evesque (...) lui donna, en la saison de karesme, en un jour de mercredi,tonsure de clerc (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 94). ...esquelles prisons il ne fu que un an et un mois, que il fu delivré moyennant cinq cens frans, qui furent bailliez par ses amis à l'evesque de Rodas. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 251). ...pour ce que contre lui l'en ne pot riens prouver, et qu'il disoit qu'il en estoit innocent, il fu par ledit bailli de Mante, moyennant certaine caucion de IJc livres par lui baillée, eslargy à certain jour avenir. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 407). ...chil signeur d'Engleterre (...) fissent tant par lors pourças, voires moienant les deniers, car ce sont coses qui moult i vallent (FROISS., Chron. D., p.1400, 259). ...et moiennant certainnes lettres par eulx sur ce obtenues dudit Roy des Romains (BAYE, I, 1400-1410, 133). De Girard Robot, maistre particulier de la monnoye dudit Auxonne, la somme de douze cens frans qu'il a aujourdui presté à mondit seigneur comptant, moyennant la somme de cinq cens frans que icellui seigneur lui a donné pour et en recompensacion de la perte de certainne quantité de draps qu'ilz lui furent prins par le baudrain de Velay (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 51). ...moyennant ce que ledit abbé a promis que ou cas que il trouveroit ladicte lettre dudit Jehan Perrot, que il la lui rendra on l'apportera en ladite Chambre des comptes pour la chanceller, laquelle pour ce demeure nulle et de nulle valeur (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 284). ...pour consideracion des grans amistiés et prochaineté de lignage qui jà sont entre nous, et moyennans les mariages concluz, accordez et fermez entre nous (FAUQ., II, 1421-1430, 94). Et, après tout ce que dit est, le roy, monseigneur de Bourbon et autres seigneurs s'en tirerent devers Nyort, la Rochelle et autres lieux environ, où ilz trouverent monseigneur le duc de Guienne, frere du roy ; et, en icellui voyage, moiennant la grace de Dieu et de la benoiste vierge Marie, le roy et mondit seigneur de Guienne furent reünis et mis en bonne paix et amour l'un avec l'autre, dont moult grant joye fut incontinent espandue par tout le royaume (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 231). ...l'estomac est continue avecques le cerveau moyenant ung nerf (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, II, 1).

Rem. MAMEROT, Romuleon D., 1466, gloss.

-

Moyennant de + inf. "À condition de" : Ça, messeigneurs, nous sommes prest, Comme il est dist, de le garder, Moyennant de nous contenter Ainsi que vous avez promis (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 234).

-

Moyennant (ce) que + ind./subj. "À condition que, si toutefois" : ...pour la requeste et importune volenté desdiz dame et seigneurs et pour eschiver esclande, a esté receu ledit Taranne, moienant ce que sa lettre qui estoit defectueuse seroit refaicte (BAYE, I, 1400-1410, 224). Et avecques ce tous universellement les dessusdiz habitans jureroient au dessusdit roy et à ses successeurs à tenir foy, loyaulté, service et toute obéissance, moiennant qu'il les promectoit de les garder et défendre à l'encontre de tous ceulx qui force et violence leur vouldroient faire (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 306). ...à laquelle rente fournir et faire valloir il a obligié deux maisons qu'il a (...) moyennant et pour ce que le dit Me Guilleaume sera tenu reparer et clotoier lesdits murs (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1426-1427, 120). ...de laquelle chose monseigneur d'Orleans et madame de Bourgoingne feront voulentiers diligence, puisque c'est le plaisir du Roy, moïennant que ou lieu dessusdit n'ait aucun changement ; aultrement ilz ne s'en vouldroient point chargier (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1442, 50-51). ...ledit Rendien dist et fist response audit suppliant qu'il ne vouloit point chauffer ledit four en ladicte sepmaine et qu'il se accordoit bien qu'il le chauffast, moyennant ce que, incontinant aprèc icelle sepmaine passée, il lui delivrast et desempeschast ledit four (Doc. Poitou G., t.9, 1448, 46).
 

A. -

"Milieu ; moitié ; ce qui est situé à égale distance d'une chose et d'une autre"

1.

"Milieu"

a)

[Dans l'espace] : ...chils pons estoit fais et carpentés et menés jusques a la moiienne de la riviere (FROISS., Chron. D., p.1400, 659). ...et la vey en la moyenne ung moult beau pin (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 7). Le centre du cercle est le moyen point du cercle, selon lequel le cercle se forme en reondeur, et aussi la droite moyenne d'une chascune chose. Le mouvement du centre est qui commence a la moyenne et s'estent jusques aux extremités et derrenieres et loingtaines parties de la chose corporele. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

-

En la moyenne de. "Au milieu de" : Ay my ! vray Dieu omnipotent ! Quesse cy ? Qui parole a nous En la moyenne de nous tous ? Je croy que c'est ung esperis. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 270). ...en la moyenne de la place ilz trouverent ung perron de quatre piés en quarrure (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 4).

b)

[Dans le temps] : ...encores i avint uns grans mesciés (...) environ la moiienne d'aoust (FROISS., Chron. D., p.1400, 748). Avenu estoit en celle propre sepmaine et saison, environ le moyenne de may (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 197).

-

"Temps de l'humanité, situé entre la création et le jugement dernier" : La puissance de Dieu appert en la creation du monde depuis le commencement, et en la moyenne et en la fin. Au commencement, car toutes choses crea de neent. En la moyenne du temps depuis la creation, pour ce que les choses de nature se retourneroient en neent, se n'estoient soustenues par sa puissance. En la fin aussi, car les mors par merveilleuse hastiveté et soudaineté suscitera. (Somme abr., c.1477-1481, 160).

2.

"Moitié" : Si envoia tantost grans messages en France devers le roy Phelippe, en priant que il volsist laissier ce mariage au conte de Flandres pour sa moyenne, et il li seroit bons amis et bons voisins à tousjours mès. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 85).

3.

"Ce qui est situé à égale distance d'une chose et d'une autre" : Et de celles [resistences] en quoy la puissance peut, l'en ne porroit assigner la plus grande, quar quelconque signee en quoy elle puet, l'en puet donner une moienne entre ceste signee et celle qui est egualle a ceste puissance. (ORESME, C.M., c.1377, 192).

B. -

"Médiatrice (en partic., à propos de la Vierge, entre Dieu et les hommes)" : Et li prie qu'elle [la Vierge Marie] voelle estre Pour moi advocate et moiienne A son Fil, qui tout amoiienne (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 229). Et non tant seulement par ceste recommandacion debonnaire aveuc saint Jehan nous recommanda a sa mere, representans la mere sainte Eglise, mais oultre ce, l'ordena nostre propre advocate pour estre moienne entre Dieu et l'omme, entre le souverain, juste juge et les grans pecheurs de ce monde (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 92). Je suis appellee Doulce Amour. Je suis toute enflammee de doulceur. Je suis moyenne entre Dieu et homme. Je feiz repairer le mors de la pomme. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 208). ...la tresdoulce Vierge Marie, nostre singuliere advocate et moiene entre Dieu et l'omme (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 305). ...il m'est advis que le duc de Bretaigne fist tant par prieres au roy et aux seigneurs, et par bons moiens et moiennes (,) que il amena en sa compaignie, que son cousin, messire Pierre de Craon (...) se atermina à paier à termes la roynne de Naples (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 606). ...si sera ceste dame par pure benigne et saincte charité advocate et moyenne entre le prince son mary, ou son enfant se elle est veusve, et son peuple (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 31-32). ...vueilliés estre moienne entre madame et moy [Leçon moien dans Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1069, l. 496] (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 516).

-

Moyenne de qqc. "Celle qui intervient en faveur de qqc." : Par tel voye et par telz parolles ou semblables, la bonne princepce sera tousjours moyenne de paix a son pouoir (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 35). Vierge de grace guerdienne Et de salvacion moyenne, Ad ce darnier jour te souvienne De ton serviteur Adrien ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 153).
 

"Terrassement, terrasse" : ..et aussi .le moyenneau a la haulteur desdiz huit piez, et avecques ce deux autres pieces, chascune ayant troys piez en carrie pour faire le formeret dessus ledit moyenneau (Reg. Poitiers F., t.1, 1448, 385).

-

"Terrassement pour approcher une place assiégée, tranchée, cheminement" : Trousses, espees et cousteaulx, Gros marteaulx, Bons cizeaulx, Pour faire tranchiz et moyenneaulx, Fosses, mynes et contremynes ! (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.3599).
 

A. -

"Dans une position intermédiaire, à mi-distance" : Tout aussi com des elemens Est assis li ordonnemens, Que le plus pur est au dessus Et le mains pur est assis jus Et li autre moiennement... (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 10). Et entre ces .II. poins il [le solail] est moiennement, une foiz plus pres, autre moins, selon ce que il se trait vers un point ou vers l'autre. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 298). Si s'avisa li gentilz sires de Couci, qui s'appelloit Engherans, que il se dissimuleroit moiiennement de l'un roy et de l'autre, et s'en iroit oubliier le temps, où que fust. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 208). ...ainsi que la division de l'eschelle qui apparut a Jacob le figura jadis, de laquelle aucuns eschelons passoient lez cieulx, les autres touchoient a la terre, et les tiers moyennement entre deulx. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 27).

-

[Dans le temps] : Elephancie vient plus tard a augmentacion, come dit est, et est plus tard curee, mais tyrie se tient moyennement (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 21).

.

"Dans l'intervalle" : Si envoiia moiiennement et secretement lettres closes, douces et gracieusses deviers chiaulx de Nantes, qui est la clef et li chiefs de toutes les villes de Bretaigne. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 268).

B. -

"Dans une proportion moyenne (c'est-à-dire située entre les extrêmes)" : Car point n'ont les membres sante, S'en soi n'est le ventre atrempe, Que mene soit ruileement, Sens trop ou pou, moyennement (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 261). Et donques quant les cultiveurs des terres et quicunques autres generalment qui ont des possessions moiennement ont la domination de la policie, adonques il politizent et gouvernent la policie selon lays (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 176). Li rois moiienement s'enclinoit assés à euls, et n'en faissoit enssi que nul compte. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 231). Mais la terre qui fait tres petit circuite si l'a tantost fait par mouvement journal, et les autres corps moiens entre le plus haut et le plus bas font leurs revolucions moiennement, combien que ce ne soit pas proporcionelment. (ORESME, C.M., c.1377, 534). Le .Ve. article de la premiere distinction dit que vous devez estre tresamoureuse et tresprivé de vostre mary par dessus toutes autres creatures vivans, moyennement amoureuse et privee de voz bons et parfaiz prochains parans charnelz et les charnelz de vostre mary, et tresestrangement privee de tous autres homme (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 57). Et soit le pain levé et cuit Moyennement, autrement nuist, Nompas trop vielx, n'aussi trop froiz (LA HAYE, P. peste, 1426, 89). Item note que viandes grosses ne competent point en rompure, car elles sont indigestibles et feroyent ventosité ne viandes subtilles, car elles ne font point bonne consolidacion, mais viandes moyennement grosse valent a l'ung et a l'autre (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 7). ...avoit ung aultre jeune chevalier, preux, vaillant et riche moyennement, non pas tant de beaucop comme l'autre ancien (C.N.N., c.1456-1467, 546).

-

"Sans excès, modérément" : Quant le maistre entre es escoles pour lire, en moustrant rigueur par dehors, doit commencier a bouche ronde en montant moiennement (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 21). Et se en telles choses nous nous avons moiennement nous faisons bien et par bon habit et semblablement des autres passions. (ORESME, E.A., c.1370, 158). Mais celui qui est actrempé, il se a et contient en delectacions et tristeces moiennement (ORESME, E.A., c.1370, 226). ...car il cuidoit et mectoit que ceuls qui ont des biens dehors ou des richesces modereement et moiennement, ilz font tres bonnes operacions et vivent actrempeement. (ORESME, E.A., c.1370, 528). Et ne veulx pas dire que il n'y ait plusieurs prelats qui sont gens de bien et qui font grandement et notablement leur devoir, tant en predicacions que aultrement, en ediffiant leur peuple pour le salut de leurs ames et par bonne maniere, sans faire chose digne de reprehension, ont de quoy humblement tenir leur estat moyennement, sans superfluite, et mesmes bonnes oeuvres precedent et en fait et en parolles (JUV. URS., Verba, 1452, 396).

-

[Par litote] : ...nostre musnier ne fut pas moyennement joyeux. (C.N.N., c.1456-1467, 43). ...ce serviteur n'estoit pas moyennement mal content de ceste longue attente (C.N.N., c.1456-1467, 182). La gouge n'avoit pas moyennement a penser pour trouver soudaine et suffisante excuse (C.N.N., c.1456-1467, 235).

-

[À propos du temps qu'il fait] : ...or faisoit le jour moyennement bel et clair (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 297). Or vint le jour de la bataille par ung jeusdi que le temps se monstroit moyennement ["Ni beau, ni mauvais" ; note de l'éd., p. 160 : "Le mot résulte de plusieurs corrections et semble avoir posé des problèmes au copiste"] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 160).
 

"Médiation, intermédiaire" : ...Et que par leur moyennement [des corps du ciel] aient toux bon gouvernement Es choses qui appertiennent Aus ames d'eulx (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 210). Vroy dieu, souverain redempteur, Je te remercie humblement, Quant t'a pleu me donner l'onneur D'avoir fait ce moiennement. Or te suppli devotement Que l'enfent qui est baptisé Puisse acquerir son sauvement Et le deffens de tout pechié. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 462).
 

Empl. trans.

A. -

[Idée de position moyenne, de milieu] "Atteindre le milieu de (d'une tâche, d'un discours, d'un livre, d'un ouvrage...) ; p. méton., continuer, poursuivre" : J'ay trez bien commenchié, bien moiienné oussy, Se le fin est mauvaise, j'aroie tout honny [éd. : "le commencement et le milieu de mon action ont été bons, si la fin est mauvaise j'aurai tout perdu"] (Hugues Capet Lab., c.1358, 145). Or me doint Dieu grace de la [ma matiere] commencer, moyenner et finer (Bouciquaut L., 1406-1409, 171). ...une besongne doubteuse au commencer et perilleuse au moienner (...) ...vostre emprinse fut doubteuse et au moienner perilleuse, mais la fin en est joyeuse. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 461).

-

[D'une chose] Moyenner qqc. "Modérer, tempérer qqc." : Pourquoy je vous appreuve que le sexe feminin desire et appete la chose plus ardament que le masculin, se crainte ne moiennoit la influence (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 134).

-

Part. prés. en empl. adj. [D'une pers.] "Qui occupe une place ou un rang intermédiaire" : Et ces secuns [cinquantains] estoient dis medians des mestiers ou moiennans et jugaires. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 112).

-

Part. passé en empl. subst. Moyenné. "Milieu" : Quant il vinrent au piet de le montagne, qui estoit si roste et si malaisie à monter, il menèrent les chevalés chargiés amont, ensi qu'il peurent. Quant il vinrent en le moiiené de le montagne, li dis messires Guillaume Douglas et messires Symons Fresiel alèrent devant. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 52). Quant li chevalier qui dedens Aguillon estoient veirent que cilz pons estoit fais oultre le moiienné de le rivière, il fisent apparillier trois naves et entrèrent ens. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 121). Et fist devant le forterèce desvoleper se banière qui estoit faissie d'or et d'asur à un chief pallet, les deux corons geronnés à un escuçon d'argent enmi le moiienné. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 223). Et adonc faisoit il moult froit et très destroit sus ce passage, car ce fu en le moiiené de fevrier (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 7).

Rem. Rubrique incertaine : malgré l'accent aigu de moyenné, l'art. le en pic. étant fém. aussi bien que masc., il se pourrait qu'il s'agisse sans plus du subst. fém. moyenne.

B. -

[Idée de moyen, d'entremise, de médiation]

1.

"Régler qqc. par de bons offices" : ...afin que bon traictié doresenavant y puissions entreprendre, moyenner, et bien finer à l'ayde de Dieu (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 61). Et alla le cardinal des Ursins dessus nommé, avoec lesdis ambaxeurs du roy de France pour moyenner et aidier à faire ladicte paix (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 265). En ladicte année, au mois de janvier, vindrent et arriverent en la ville de Paris les ambassadeurs de Flandres, qui avoient moyenné la paix d'entre le roy et les Flamens, au moien du mariage de mons. le daulphin et de damoiselle Marguerite d'Auteriche, contesse de Flandres, fille dudit duc en Auteriche. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 126).

Rem. DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 301.

-

Empl. abs. "Faire office de médiateur" : Et tost après le roy de France et le duc de Bourgongne envoièrent leurs ambaxadeurs au Pont-de-l'Arche pour traicter avecques le roy d'Angleterre de la paix du roy de France et de lui ; et ala avecques lesdiz ambaxadeurs pour moienner, ledit cardinal d'Ursie. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 295). Et alla le cardinal des Ursins dessus nommé, avoec lesdis ambaxeurs du roy de France pour moyenner et aidier à faire ladicte paix. (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 265). Semblablement y envoya le conte Palatin et les Suysses, pour moyenner et paciffier (COMM., III, 1495-1498, 25).

-

DR. Moyenner qqc. en cour. "Servir d'intermédiaire, d'arbitre en qqc. (dans une cause)" : Nulz de ceulx que nous avons nomméz ne doivent estre ostéz de collacion pour faire juges, mais le y doit l'en appeller, se la cause n'est sienne propre, ou s'il n'y a partie, ou s'il ne l'a moyennée en court, ou se la cause n'appartient à aucun de son lignage ou adjoins à lui, ou s'il n'a donné conseil en la cause ou porté tesmoignage en court (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 107).

2.

P. ext.

a)

"Diriger qqc. (ici la corde d'un cerf-volant)" : Et li maistrez aloit le dragon gouvernant Et va desouz le vent le corde amoienant [var. moienant] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 747).

b)

"Négocier qqc." : ...se bonnes gens moienant ceste gerre se voloient ensonniier de tretier unes trieuves jusques a la Saint Jehan Baptiste que li pais se peuist un petit rencrassier et repourveir, on consilloit a messire Carle de Blois que ils s'i acordast legierement (FROISS., Chron. D., p.1400, 555).

c)

"Ménager, procurer, accorder qqc." : ...le droiturier juge, moiennant sa sainte misericorde, a terminé leurs jours, non mie ainsi comme aux mauvais diffamez dessus dis, mais à la fin des bons et des bien renommez. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 24).

Rem. Ou est-ce moyennant ?

d)

"Quantifier qqc. (par le moyen de qqc.)" : ...quant ly stier, quartalz et toneal là ons moinne vin, sont trop useis, ilh portent aux rechivans tres grans damaiges ["au moyen desquels on mesure le vin" (Éd.)] (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 117).

3.

[D'une chose] "Servir d'intermédiaire" : Pressuposons que oreison fut introduite pour moienner entre grace divine et necessité humaine... (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 162).

-

Se moyenner par qqc. "Se transmettre par qqc., avoir qqc. pour intermédiaire" : Item note que habiter commence du cervel par cause de ymaginacion qui precede et il se moyenne par le foye et acomplit par les coillons (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 1).

.

Moyennant qqc. "Par l'intermédiaire de qqc." : Germain Legé (...) souffroit maladie grande comme fievre continue, moyennent la pleuresie qu'il avoit avecques grande restrinction de colique et ylarque passion et pluseurs autres maladies lesquelles estoient incurables (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 141).

V. aussi moyennant
 

A. -

[D'une pers.] "Médiatrice (entre Dieu et les hommes)" : ...elle [Marie] est devant Dieu pour nous conme moienneresse (Mir. chan., c.1361, 138). Par ce Nostre Dame est dicte nostre advocate, nostre moyenneresse, nostre royne, nostre empeteresse, par les mains de laquelle Dieu a ordonné donner ce qu'i[l] donne a creature humaine, selon le dit saint Bernard. (GERS., Annonc., a.1400, 231). Sy di que Misericorde piteuse, qui fut comme messagiere et moyenneresse de tout ce mistere, descendy premier en Nostre Dame (GERS., Annonc., a.1400, 232). ...la nostre moyenneresse, Que par son intercessïon Puissons avoir remissïon De nos pecchiés (Pastor. B., c.1422-1425, 267).

-

Moyenneresse de qqc. "(Celle) qui favorise qqc. (une chose positive ou négative), qui est l'intermédiaire de qqc." : ...quant Adam au roy parel Vout estre, ce fu par Orguel, A l'instance et sugestion Du serpent et temptation, De quoi fu moiennerresse Eve qui crut la pramesse (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 14). De ceste maniere d'amour deshonneste sont les vieillettes moienneresses et conseilleresses, ausquelles affiert justement che qui est dit en Johel ou .IIIe. chapitre : Elles ont mis l'enfant ou bourdeau et la pucelle ont vendu pour vin, affin que eussent a boire...é (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 390). Je me doy bien plaindre de toy Fortune, muable messagiere de perdicion, faintisve commouveresse de malheur, inconstante administresse de soussy, irraisonnable advocate et moienneresse dez fais de Desespoir, quand tu m'atournes en tel ploy que je languis (Fille comte Pontieu B., c.1465-1468, 93).

B. -

[D'une chose] "Intermédiaire, moyen" : Or avon donques ainsi dit en commun et generalment des vertus et avon mis leur gerre grossement et avon dit comment il sont moiennes ou en moien ou moienneresses et que elles sont habis (ORESME, E.A., c.1370, 203).

-

Moyenneresse vers qqc. "Qui est une médiatrice pour qqc. (à favoriser ou à repousser)" : Si comme il est dit devant, fortitude est moienne ou moienneresse vers les choses ausibles ou que l'en peut oser at vers les choses terribles, et est es perilz qui sont devant diz (ORESME, E.A., c.1370, 210). Or avon nous dit devant que actrempance est moienneresse vers delectacions et les modere (ORESME, E.A., c.1370, 219). Mansuetude est une vertu moiennerese vers yres ou courrous. (ORESME, E.A., c.1370, 260).
 

"Entremise, médiation" : ...l'une partie estoit la deitee, et l'autre la humanité ; et vous qe donqes, tresdouce benoit Dame, finastes un si grande guerre par vostre bone moynerie, et assemblastes par vostre grande humilité si fortz enemys en une benoite place et nette de touz vices et reempli de toutz vertues, pur faire acord et pees. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 127).

REM. À rattacher à FEW VI-1, 584 : medianus ; AND, s.v. moynerie (même ex.).
 

A. -

"Milieu" : A cel temps fut grant pestilenche et mortaliteit à Romme ; et si avient que en la moyneteit de la citeit de Romme est la terre subitement overt, enssi que uns infers, et là apparut mervelhe, car ilh en issit teil fleireur et pueur que ilh ochist mult de gens (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.1, a.1400, 103).

B. -

"État moyen, de juste milieu" : Je souloye estre bien eureux Et de trestous biens plentureux, Riche de terrïennetés Par dessus les moyennetés (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 5). ...Mais le trop prendre de delicez Fait la gent liez et folz et nichez, Par quoy ne poeuent percevoir De la moienneté le voir. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 81). Es escriptures publiques on doit garder .VIII. choses, c'est asscavoir meureté, verité, briefté, humilité, liberté, oportunité de temps et de lieu, moienneté et discretion. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 133). De moienneté dist Ennode : "Escripre superfluité est espece de vantise, soy taire de choses necessaires est contempnement". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 136).
 

"Intermédiaire, médiateur" : Et sont les juges appelés moienneurs, comme ceulz qui actaingnent au moien quant ilz viennent et actaingnent a justice. (ORESME, E.A., c.1370, 289). ...on traitta devers le conseil, et messire Guillaume ot bons amis et bons moyeneurs par sa grant vaillance de son corps et les biaulx services qu'il avoit faictes pluseurs fois aux Anglois (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 37).

-

"Médiateur (entre Dieu et les hommes)"

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[À propos du Christ] : ...par le mediateur ou moienneur de Dieu et des hommes, qui est fait parchonnier de nostre mortalité affin qu'il nous feist participans de sa divinité (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 283). ...par celui qui est nostre moienneur (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 445). Nous lisons ou Decret (...) que celluy qui est moyeneur de Dieu et dez honmes, c'est assavoir Jhesuchrist, si a tellement lez dignités, lez offices et lez puissances divisees, afin que l'une puissance eust besoingz de l'autre (Songe verg. S., t.2, 1378, 6). Mez chiers freres, ne querés plus estre fais maistres, car le Filz de Dieu, moyene[u]r de Dieu et dez honmes, reffusa avoir royaume mundain (Songe verg. S., t.2, 1378, 43). Et qui plus est, la est trouvé la Redempteur de l'umain lignage, Nostre Sauveur Jhesu Crist, qui envers Dieu le Pere est moyenneur et advocat pour les pecheurs... (Horloge de sapience S., c.1389, 125). Pareillement est Jhesucrist, nostre peres, frere, advocat, conseiller, moienneur et rachapteur. (GERS., Montagne contempl. G., 1400, 51).

.

[À propos du prêtre] : ...ne aussi lez prestres n'avoient pas lez clés de condempner ne de absoudre, ja soit ce que il offrisent pour le pueple et estoient moïeneurs du pueple envers Nostre Seigneur. (Songe verg. S., t.1, 1378, 87).
 

"État d'âme ni gai ni triste" (Éd.) : Celle [Hérodias] de fait n'oublia mie : Entre tristresse et moyennie, Par faulx samblant, par decevoir, Par dire bourde et couvrir voir, Quist dessus saint Jan accoison Par quoy il fut mys en prison. En la prison fut donc Jehan mis (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 60).
 

"Arranger par médiation, par intercession" : Touttefoix chil florins furent ramoienet car chil de le Riolle doubterent plus à perdre et s'obligierent à paiier .XIII^m. et de porter en le cité de Bourdiaux dedens .I. mois. (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.2, c.1375-1400, 339). [Éd. : "rapporter" ; corrigé par G. Roques, R. Ling. rom. 63, 1999, 607]