C.N.R.S.
 
Famille de etia 
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     AATIE     
FEW XV-2 90a etia FEW XVI 179b *hatjan
AATIE, subst. fém.
[T-L : aatie ; GD : aatie ; AND : atie ; FEW XV-2, 90a : etia ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

A. -

"Animosité, défi" : "Messire Jehan, sachiés que, à vous ne à monsigneur le prince, nous ne volons nulle ahatie ne point de guerre" (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 221).

 

-

Sans aatie. "Sans aucune animosité, sans qu'il y ait la moindre querelle" : Et puis sont au parc repassés, Dont Belligere estoit venue, Qui s'est liement maintenue. S'elle a eü au coer tristece, Plus a orendroit de lëece C'oncques n'ot depuis la nuitie Qu'avoec Tristifer, sans atie, Qui tant l'ama et elle ly, Dansa sus l'erbe ou bois foelly (Pastor. B., c.1422-1425, 214).

 

-

[De deux pers.] Prendre aatie. "Se défier" : ...haatie fu prinse entre le roy et le duc pour .V.m frans à gaignier sur cellui qui derrain seroit venus à Paris et à partir à l'endemain et tout d'une heure (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 420).

 

-

Prendre aatie encontre / vers qqn. "Lui manifester de l'animosité, l'agresser" : Le Beau Chevalier courtoisie Li respont et il dit que mie Ne li fera tel cruauté. "Ne mes", dist il, "qu'en loyauté Tu jures qu'en jour de ta vie Ne prendras vers moy ahatie, Volentiers te lairai aler Sans plus meffere ne grever." (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 304). Puis quant batie Ont leur faintise, Amour atie Prent encontre eulx et les chatie (CHART., L. Dames, 1416, 238).

 

-

Faire aatie de + inf. "Menacer de"

 

Rem. Doc. 1396 ds GD I, 11a.

 

-

Faire aatie que... "Menacer que" : ...adont fiesent aitie Que li petites gens n'aroient plus maistrie. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.6, a.1400, 642).

B. -

"Combat, bataille, attaque, action téméraire" : Li arbollestrier ont commanciér l'aaitie (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 345). Ja feust mort Garcïon, je vous acerteffie, Se ne feust Clarïans qui lui vint fere aÿe, A la rescousse vint a sa chevallerie, Il se fiert ens es nos, faisant chere enragie ; Ne redoubte nul cop, tant ait grant aatie, Car le paien avoit bonne armeure vestye. (Tristan Nant. S., c.1350, 705). S'amours me fit emprendre celle grant aatie, Bien me peust, s'y lui plaist, pourter la guarentie. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 141). A l'endemain dou jour Nostre Dame, on fist armer Gauwain Micaille et Janekin Kator et monter sur leurs chevaulx, pour parfaire devant les signeurs leur ahatie. Si s'en[tren]contrèrent de fiers de glaves mout roidement (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 278). Ançois (...) que il ississent hors de Bretaigne, il i eut un fait d'armes et une ahatie devant Vennes, present le conte de Bouquighem et les signeurs qui là estoient, de laquelle nous vous ferons mention, lesquels coses ne font mies à oubliier ne à taire. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 32). Dehors Rome la grant fu forte l'aatie. Othon, le damoisel a la chiere hardie, A brouché le destrier et la lance abaissie Et fiert ung chivalier qui fut de Lombardie (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 560).

C. -

"Empressement, ardeur, impétuosité" : La bataille fu grande et de fière aastie Par-devant Andioche (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 214).

 

-

A aatie. "Avec empressement" : Vez ci de voz bourgois partie Qui touz sont venuz a atie A vostre mant. (Mir. Oton, c.1370, 325).

 

-

De bonne aatie. "Avec empressement" : Or sa allons de bonne actie Fere nostre commandemant (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 70).

 

-

Par aatie. "Avec impétuosité, en rivalisant d'ardeur" : Celle fu en aguait, qu'elle ne dormoit mie, De hors son tref estoit en grant merancollie, Mais quant vist le dancel qui venoit par aatie, Assez toust le congnut, si en fu forment lie (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 140). Cescun à se baniere s'en vont par aastie. (Hugues Capet L., c.1358, 144). Sire, cilz jones chevaliers Moult rudement jousta premiers A moy, et jou encontre li. Adont nulz de nous ne cheï, Puis y eut aultre recouvrance, Car cescuns de nous reprist lance Et joustames par ahatie. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 183).

 

-

Mettre aatie à + inf./faire aatie de + inf. "Mettre de l'empressement à" : Compaignons, nous faisons cy tous Longue demeure ; Je ne cuide jamais voir l'eure Que nous soions celle partie. D'y aler vueil bien fere hastie, Puisqu'en avons conmendement (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 72). Le charbon est de feu rasé. Soufflon chascun de sa partie : A ce faire metton atie, Et puis tout sera assez chault. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 246-247).

 

Rem. Dans l'ex. suiv., aitie peut être une graphie pour aïe (Roquefort). Mais on peut comprendre aussi Faire aatie de + inf. (v. aussi aitie dans l'ex. supra A de JEAN D'OUTREM.) : : ...statuons et ordinons que quiquionques ferait fraitien, briserait englieze de forche, touwerat, sticherat ou quasserat gens à plaies overtes deserable, ou porterat ou sacherat par forche gens hours de l'englieze, qu'ilh soit por ledit meffait envers Dieu et l'englieze, voir le faite bien proveit, atains de son honneur ; mains qui baterat ou ferat aultru par coroche dedens l'englieze, sens sanck ou sens brisure de membre, ou faire aitie del porteir gens four delle englieze où chu seirat advenus, à payer sens remission dedens XXX jours apres chu que commandeit ly seirat (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 198).

D. -

"Hâte" : Arachis, j'ay grant aatie D'ouvrer selon vostre conseil. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 279).

 

Rem. Sur la graph. hastie (supra C), influencée par haste, cf. A. Tobler, Z. rom. Philol. 20, 1896, 412.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 2/10 
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     AATIER     
*FEW XV-2 etia
AATIER, verbe
[T-L : aatiier ; *FEW XV-2, 90a : etia]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Défier" : Othovïen le jeune de ire et deul fremye, Sans quelconque paour son ennemy aatye (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 292).

B. -

"Attaquer" : Et ly contez Fedris grant assault y livra. Ung escuiier l'a(a)stie, moult bien le ravisa, Prist une grande piere et aval le coulla Sur le teste Fedry (Hugues Capet Lab., c.1358, 248).

II. -

Empl. pronom. "Se vanter de, se faire fort de" (synon. aatir) : Donques demanda le roi des Vices au heraut qui les quatre rois estoient qui s'athioient [var. se ventoient] de jouster a lui. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 178). Vous vos ahatiés ier : De porter (...) Les mervelles et les assaus Qu'as pluiseurs jones gens aviennent (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 155).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 3/10 
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     AATINE     
FEW XV-2 90a etia FEW XVI 179b *hatjan
AATINE, subst. fém.
[T-L : aatine ; GD : aatine/actine ; AND : hatine ; DÉCT : äatine ; FEW XV-2, 90a : etia ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

A. -

"Défi, provocation ; opposition, animosité"

 

1.

"Défi, provocation" : Le conte Loys a aigrement prins envers nous aatine de nous suppéditer et tenir en servaige (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 166). Tant hault monterent les parolles d'un costé et d'aultre que par grant aatine ilz ont emprins ung tournoy, ou chascun d'eulx doit estre acompaigniés de ses amys. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 129).

 

Rem. Croisé avec la famille de acte : cf. GD I, 89c, s.v. actine (ex. de 1467, actine).

 

-

P. métaph. : Par devant, en mi la poitrine, Sont ausi que par ahatine Les mameletes estahies, Dures, poignans, entre[s]longnies. (ACART, Prise am. H., 1332, 31).

 

2.

"Opposition, animosité"

 

-

Faire l'aatine de + inf. "Manifester, par refus, par opposition, la volonté de" : A Flourence disoit : "Dittes moy vostre orine ! - Sire", che dist Flourenche, "je n'en feray athine..." (Flor. Rome W., c.1330-1400, 222). Adonc saisy l'enffant qu'elle ama sans haïne ; Bien cent fois le baisa, ne cuidés qu'adevine. Mais l'enffant fut sauvage. Adés fait l'aatine De saillir jus de lui. Moult maine grant bruÿne, Et crie et bret et pleure et moult maine let signe. (Tristan Nant. S., c.1350, 150).

 

-

Faire aatine à savoir... "Se disputer pour savoir..." : Iceulx seigneurs estant ensamble et messire Guillame au milieu d'eulx, ilz commencèrent à parler de chevaulx et firent attinez l'ung à l'autre, le seigneur de Montigny et La Barbe, à scavoir lequel de leur .ii. chevaulx courroit le plus fort. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 457).

 

-

Par aatine. "Par animosité, de manière hostile" : Adonc commencha la bateille De la pucelle et de Deduit, La quelle, che saichent bien tuit, Ne se sist [l. fist ?] pas par aatine, Mais par amisté pure et fine Pour les coers a joye esmouvoir Et sans plus pour victoire avoir. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 114). Des Lëonois bien deux fois vingt Milliers d'illoecques se partirent Et de Lëonet se retirent, C'oncques n'y pot remede mettre, Pour beau parler ne pour promettre, Ne pour quelconque rien qu'il face, Nes pour mouillier de plours sa face, Qu'il ne revoisent par atine Au lieu que la belle Flandrine Ou tamps du fort roy Charlemaine Tint premierement en demaine. (Pastor. B., c.1422-1425, 134).

 

Rem. Scheler, Gloss., 42, propose de lire par atine au lieu de paracive (v. 6175 de JEAN D'OUTREM., Geste Liège), au sens de "avec animosité".

B. -

P. ext.

 

1.

[Idées de violence, de combat]

 

a)

"Violence"

 

-

Mourir par aatine. "Mourir de mort violente" : ...morir par aatine (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 628).

 

b)

"Querelle, combat, attaque" : Quant il vit le Sauvage qui de fere aatine N'avoit de ceur neant plus comme une geline, Hautement lui a dit : "Vassaulx de bonne orine, Avés eü bon temps o vostre amye fine ? - Oÿ, se dist Tristan, mais vecy malvais sine, Car on sonne la hors mainte fiere buysine Pour aller sur les champs commancer l'aatine..." (Tristan Nant. S., c.1350, 297). Tristan voit une lance qui vers ung mur s'acline, Dont la ceurt empongner pour fere l'aatine. (Tristan Nant. S., c.1350, 421). Adonc vindrent sur luy la faulce gent mastine Qui assaillent Florent qui fut de france orine Et quant le ber leur voit faire telle aatine [ms. atine, var. aastine], De cueur reclama Dieu et sainte Katerine (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 120). Ersoir cuiday issir pour faire une aastine Contre voz anemis (...) Mais de toutez lez portez me véa on l'uissine (Hugues Capet L., c.1358, 83). Quantes eglises sont polutes Aussy par Guerre et ses atines, Ou sont pou dites et pou lutes Maintenant messes et matines ! [Éd. "vexations"] (TAILLEV., Moral. D., 1435, 100). Quarante chevaliers estoient ens l'astine, Haulte fut la proesse (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 51). Pour l'abit, grant convine D'armes encastonnas En toy [Dieu], quant la hastine [l. l'ahastine] Au Badrain parsconnas (...) Car par ton vasselaige Minas les ahatines. (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 66). Le cerf vollant, qui m'a fait ceste attine (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 851).

 

-

Tenir son aatine de qqn. "Mener querelle avec lui, le provoquer" : Ainsy com du payen tenoient leur atine [var. estire, préférable dans cette laisse en -ire] (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 88).

 

2.

[Idées d'empressement, de fougue]

 

a)

"Empressement" : Du destrier dessendi la dame a bonne orine, Erranment l'atacha la dame doulce et fine ; A la duyere vint, plaine fut d'aatine A savoir de l'enffant trestoute la couvine. (Tristan Nant. S., c.1350, 149).

 

-

Par aatine. "Avec empressement, avec impétuosité" : Du cheval descendi, tantost et par atine A trait hors du fourrel son espee acerine (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 119). Mais toute sa deffence ne ly vaulcist ung gigne, Se ne fu le soudant qui ot noire la crine, Qui es paiens se lance par moult fiere aatine (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 120). Plourons ! Plourons par actine et courage a ce obstiné, et de dueil adoullé chargons nostre esperit (Mabrien V., 1462, 456).

 

-

Faire aatine. "Manifester de l'empressement (ou "ordonner une attaque" ?)" : Ensément vont nagant li .iij. enfant Rozine, Qui estoient estrait du linaige le Chisne : Vers Surie s'en va nagant leur officine. A .j. regort de mer, vers terre Béduïne, Perchurent grant navie, venant par le marine ; Mais sus le bort des nés y avoit mis, par signe, Et crois et confanons, de chendaus et d'ermine. Quant Esmerez perchiut leur nefz et leur couvine, Bien sot que che sont gent servans la vertu digne ; Dont pour iaus assalir ne fist faire aatine. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 118).

 

b)

"Vaillance, fougue" : Molt fu bon chivalier et de grande aastine (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 32).

V. aussi ataïne
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 4/10 
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     AATINER     
FEW XV-2 etia
AATINER, verbe
[GD : aatiner ; FEW XV-2, 90a : etia]

"Presser, harceler" : Siques ralés vous ent ains que mort vous astine, Et m'en menés o vous (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 68). C'est le Temps qui les gens atisne Et, au brouet de sa cuisine, Amuse tant les maleureux Qu'ilz ne congnoissent luy ne eulx (Abuzé D., c.1450-1470, 42).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 5/10 
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     AATINEUX     
*FEW XV-2 etia
AATINEUX, adj.
[*FEW XV-2, 90a : etia (?)]

"Plein d'aatine, querelleux (?)" : Saigesse tous les jours nous crie, Nous huche, nous vocque et arie, Fouyr ces femmes langagieres Pour leurs langues par trop legieres, Et ces toutes libidineuses, Aussi de luxure atineuses, Lesquelles d'yeulx et leurs poitraines Mort le cueur de l'homme (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 594).

REM. Ou faut-il lire ativeuses et rapprocher de hastif ?
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/10 
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     AATIR     
FEW XV-2 90a etia FEW XVI 179b *hatjan
AATIR, verbe
[T-L : aatir ; GD : aatir ; AND : atir2 ; FEW XV-2, 90a : etia ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Défier, provoquer" : Et pour attraire Sarrasins à bataille, les Chrestiens les alloient aatir chascun jour, et courre auprès de leurs tentes par manière d'escarmuche. (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 237).

 

Rem. Doc. 1401 ds GD I, 11c.

 

-

Aatir qqn de + inf., aatir qqn de qqc. : ...le quel Anglois avoit aaty le dit messire Guy de bataille de volenté, sans nulle cause ou occasion. (Chron. Jean II Ch. V, D., t.3, c.1383, 54). ...ses autres compaignons (...) orent assez trouvé qui les orent attis de jouster (Bouciquaut L., 1406-1409, 72).

B. -

"Harceler, tourmenter" : Delivre, biau sire, Ton peuple de l'ire Du faulx ennemy, Que ne fait qu'atire Et mectre a martire Ton peuple au jour de huy. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 119-120).

C. -

[Valeur réfléchie ; cf. infra II B] Aatir sa chair / son corps de + inf. "Se faire fort de, se vanter de, s'engager à" : Sire Dieu, per vous mant ["commandement"] ait mon corpz aaitit De combaitre au joiant que j'ai moult malbaillit ; Or me vuelliez aidier tant que je l'aie ossis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 57). [L'éd. propose "déclarer avec serment, jurer"] ...Qui d'aler sur paiiens a se char aatie (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 197).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'aatir à, contre, encontre, envers qqn. "Défier, provoquer" : Car j'ameroie muelx que perdisse Paris Et trestout le tresor de quoy je sus servis, Que contre ung tel garson qui contre moy c'est astis Heusse acqueton ne jozerant vestis ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 673). "...Pensés aultre part ; donnés vostre amour ailleurs, car de vous aatir a moy, riens ne porriés conquester. - Damoiselle, dist Florentine, vous oés ce que j'ay dit. A vous ne me voldroye aatir, mais touttes fois je voldroye estre s'amye..." (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 58).

 

Rem. Cf. aussi : ...mais, ou cas qu'il se est atis [var. ahati] de la jouste à moy, demandés-luy... (FROISS., Chron. K., XIV, c.1375-1400, 50). [éd. Kervyn]

 

-

S'aatir contre qqn de + inf. : Le filz contre le perre s'aaitist durement De li mettre au desous de ceu behourdement (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 616).

 

-

S'aatir à qqn de + inf. : Et pour ce que trop fort mespris, Quant a dame de si haut pris M'osay nullement aastir De plait encontre li bastir (MACH., J. R. Nav., 1349, 282).

 

Rem. 1. Dans l'ex. suiv., en raison du verbe de perception voir qui régit l'inf. aatir, celui-ci a valeur de verbe pronom. : : Blanchandine voit Tristan qui sa gent fait mourir Et encontre son pere fierement aatir. "Lasse ! dist Blanchandine, or ay trop a souffrir, Quant je voy mon amy en bataille venir Encontre le mien pere pour le fere mourir..." (Tristan Nant. S., c.1350, 410).2. Pour la constr. s'aatir envers qqn, cf. JEAN DE CONDÉ, Messe Ois. R., c.1300-1325, 377.

B. -

"Se faire fort de"

 

-

S'aatir de + inf. (ou inf. subst.), s'aatir de qqc. : Tel y ait qui avec li en vot adonc aller, Et tel s'en [a]aistit d'avec li singler, Que c'il n'eust oyr roy Ollivier jurer Ne s'an fuit [a]aistis pour lez membre coper. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 880). Et quant Melyador oÿ De ce Buïn parler ensi, Qui s'ahatissoit de combatre (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 262). Li escuiers, qui vei le grant dangier où il et tout si signeur estoient, dist qu'il feroit ce message volentiers, et encores s'ahati il de trop bien savoir le chemin. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 175). ...et combateroient le[s] François où que ce fust, se contre yaus se voloient mettre ne ahatir de combatre. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 137). Si envoiièrent premierement li Gallois d'Aunai et messires Lionniaux d'Arraines à ceulx où il s'estoient ahati de faire fait d'armes et de assir trois cops de glaves à chevalx. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 33).

 

-

S'aatir que + ind. : ...il misent mineurs en oevre, qui s'ahatirent que dedens quinse jours il esploiteroient si bien, qu'il feroient reverser un tel pan dou mur, que sans dangier il enteroient bien en le ville. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 196).

 

-

S'aatir de + inf. passé. "Se vanter de" : Se vous veés Persant et Maquaire delez, Ne vous aatissés mye d'eulx avoir desvoiés, Car tost en pourriés estre occis et decoupés. (Tristan Nant. S., c.1350, 357).

C. -

"Commettre (par orgueil) l'imprudence de, se risquer à"

 

-

S'aatir de + inf. (ou inf. subst.), s'aatir de qqc. : Ne voy homme vivant Qui se de moy saisir se vait aaitissant Qu'a cest bonne espee que bonne ait le taillant Ne li tranche la teste, quoi qu'il voit coustant ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 658). Folie fist Tristant que de ce së asty, Car par peu n'en fut mors, je le vous certeffy. (Tristan Nant. S., c.1350, 408). Si estoient Phelippes et li Flamenc mout outrequidiet, quant il s'ahatissoient dou combatre, car, se il se fuissent tenu en leur siège devant Audenarde et aucunement fortefiiet (...) on ne les fust là jamais alé querre (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 39).

 

.

[En tournure nég.] : Or eut ce brach si endormi Que, pour ami ne anemi, Maishui ne se combatera, Ne ossi ne s'ahatira De son compagnon revengier. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 11). Mais, quant li contes de Blois en fu enfourmés, il ala poissaument au devant, et deffendi au chevalier que il ne s'ahatesist pas d'entrer ne d'amener gens d'armes ens ou païx son cousin le duc Aubert, car il li seroit trop chier vendu. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 66).

 

-

S'aatir que de + inf. : Et pour tant s'est-il ahati pluseurs fois que de venir a grant puissance en Crestienté et conquerir tout devant lui (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 213).

D. -

"S'empresser de, se hâter de" : Drois qui poi prisoit ce descort De sen fait prouver s'ahati (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 82). Sire, je loeroi Et si le vous consilleroie Qu'en .i. vaissiel vous mesissiés, Puis que vous vos ahatissiés D'aler la, par le roy celestre. Autrement vous n'i poés estre. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 65).

E. -

S'aatir de + subst. d'action. "S'engager dans" : As piés roy Bauduin se va agenoullant, De tres crueuse plainte se va aatissant, Car le chose li touque ; moult ot le coer pesant, Pour la mort de son fil aloit fort souspirant. (Bât. Bouillon C., c.1350, 134).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

(Estre) aati de + inf. "(Être) empressé de, animé d'une grande ardeur pour" : Et pour quoy ay je esté atis De vous avoir a espousée ? (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 18). Chascun ralla en son paÿs, De luy vengier forment athis. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 109). De assaillir le chaistel fuit chescun bien astis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 337). Ly une n'oze a l'aultre dire ne fais ne dis, Et Garcïon s'en va, de malfere aatis, Tout de plaine volee, ne s'y est alentis, Se fery dedens l'ost. (Tristan Nant. S., c.1350, 725). Seigneurs, nous sommes aatis de jouster entre nous quatre a quatre rois qui nous tiennent a leur anemis mortielx (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 179). De vengier leur seigneur furent si aatis, Pour ce sivent Florent et crient a hault cris :... (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 125).

 

-

(Estre) aati pour + inf. : Le duc Raymon en pleure des beaulx yeulx de son vis. Ainsy remest la chose tant qu'il fut esclarcis, Pour assaillir la ville est chascun aatis, Mais ce ne leur valli vallissant deux espis, Car trop yert Garcïons courageux et hardis. (Tristan Nant. S., c.1350, 697).

 

-

(Estre) aati de qqc. : Mais ou cas que il est atis de la jouste à moy... (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 390).

 

-

(Estre) aati à qqc. : Jamais nul n'y fust aaty. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 166).

 

-

(Estre) aati encontre qqn. "S'acharner contre qqn" : Maix jamaix ne pansaisse que cis garson malleys Osaist encontre moy ensi estre haistis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 674).

B. -

Aati

 

1.

"Empressé, excité, bouillant" : C'est ly fieux Aïmer qui amaine avec ly L. mil baron qui sont tout aasty (Hugues Capet L., c.1358, 131).

 

2.

"Fougueux, fier" : En une moult obscure lande, Sus les plains de Northombrelande, Avoit jousté de fier de lance, Par ahatie contenance (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 154).

 

3.

"Menaçant, courroucé" : Le serpent est entrés en la forest naÿe, Tristan adés le sieut faisant chere aatie, Mais le serpent perdi en la forest feullie, Et devvint une chose ainsy qu'esvanouÿe. (Tristan Nant. S., c.1350, 314). ...faisant ciere aatie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 758).

 

4.

[Verbe de mouvement + aasti] Courir, venir ... aati. "Avec fougue, acharnement" : Et Sairaisin s'anforcent, si ont lour adous prins. Plus de trante mille en viennent aastis, Que Lion ont encloz et trestout cez subgis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 527). Car lorsque de sa bouche fuit si parrler jehis, Vint li Blanc Chevalier courrant tous [a]astis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 528). Et li Blanc Chevalier chevalchoit aaistis (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 529). Aprés, brochat Richart de Gomessanche, et Ogier occit l'ung aprés l'aultre vi. Atant s'en vint Morgaline aatis. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 100).

REM. Mot arch. au XVe s.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 7/10 
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     AATIS     
*FEW XV-2 etia *FEW XVI *hatjan
AATIS, (?)
[GD : aatis ; *FEW XV-2, 90a : etia ; *FEW XVI, 179a-b : *hatjan]

"Combat, bataille, attaque, action téméraire"

Rem. FROISS. ms. ds GD I, 13b ; leçon non reprise par le FEW ; lecture aatie ds l'éd. K., qui devrait être la bonne. Sans doute mot fantôme.V. aatie.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 8/10 
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     AATISEMENT     
FEW XV-2 etia
AATISEMENT, subst. masc.
[GD : aatisement ; FEW XV-2, 90a : etia]

"Empressement, ardeur" : Mesure est en cremeur, chascuns le voit et sent, Et mesure y amainne un achievissement [var.: atieuissement, atainisement, asoufissement, assuvissement, aatissement] Qui fait sivir honnour voire si lentement Qu'a painnes y vient nus qui par leur los l'emprent (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 152).
 

DMF 2020 - Synthèse Takeshi Matsumura

 Article 9/10 
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     AATISON     
FEW XV-2 etia FEW XVI *hatjan
AATISON, subst. fém.
[T-L : aatison ; GD : aatison ; AND : ahateisun ; FEW XV-2, 90a : etia ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

"Défi, attaque impétueuse" (GD I, 13b)

REM. G. Merk (R. Ling. rom. 44, 1980, 269) cite des ex. pris à des textes fr.-ital.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 10/10 
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     ENAATIR     
*FEW XV-2 etia *FEW XVI *hatjan
ENAATIR, verbe
[*FEW XV-2, 90a : etia ; *FEW XVI, 179b : *hatjan]

S'enaatir de + inf. "S'empresser de" : Convoiteux d'oÿr tels merveilles, Me suy de parler enaatis [var. enhatis] (Boece en rime A., c.1350-1375, 4581). [J. K. Atkinson, R. Ling. rom. t.75, 2011, 479]

V. aussi aatir
 

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