I. -

"Appeau" : Et peut l'en dire que l'en le fait entrer en la nasse de mariage come l'oiseleur fait venir les oiseaux de riviere dedens la forme par certains oiseaulx affaictez que on appelle sembeaulx, qui sont oiseaulx de leur nature atachez a la forme, et leur donne a menger du grain, et les autres oiseaux, qui ne font que voller de riviere en riviere pour trouver viande qui leur plaist, cuident qu'ilz soient bien aises. Hellas ! ilz ne le sont pas, car ilz sont tenuz chacun par le pié atachié et sont apportez a l'ostel en ung sac ou en ung pennier, l'un sur l'autre a grant douleur contre leur nature. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 78).

II. -

[Idée d'attaque, de combat, p. ext. de manifestation bruyante]

A. -

"Attaque, combat"

1.

"Attaque, assaut, combat" : ...Roys Esclamars de Miekes, qui het les desloiaus, Che fu tous li primiers qui ala contre chiaus. He Diex, qu'a l'aprochier i fu grans le chembiaus ! (Bât. Bouillon C., c.1350, 107). Ensi prie la damme pour Lion le donsel Qu'ancontre le joiant demenoit grant apelz, Maix tant le trueve fort et durens en la pel Que ne puet au joiant acomplir son cenbel. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 599). Car d'Amours vient li souvenirs loyaulx Qui fait amant en honneur gouverner, Armes porter, entreprendre cembiaulx, Joye sentir, nette vie mener (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 326). Ogier (...) regardoit le [ce]mbel ou les François se combatoient (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 37).

-

"Joute, bataille" : ...Et dient c'ou tornois ait fait tant de cembiaulx C'oncque tant de proesse ne fist roy n'amiralz. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 230). "Ha ! Seigneurs demourez, nous vous ferons honniel, N'avons en noz hostieulx në avoir ne jouel, Que tout ne soit a vous pour mener bon combel [l. cembel] ." "Seigneurs," ce dist Ernault, "or laissez vostre appel..." (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 4). A trois me combatray dessus lez vers praiaux, Atant en doy je bien emprendre lez sembiaux, Pour l'amour de la belle seray preux et ygneaux (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 110). Par devant Andioche, droit devant le castiel, Fu venus Garscion commenchier le cembiel (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 137). ...puis que ne prisiez no mestier ung rosiel, (...), Puis que jouster vollez et siervir le cembiel, Allez vous ent servir aucun prinche roiel. (Hugues Capet L., c.1358, 7). Në il n'est chevaliers tant biaus Ne qui tant face de cembiaus, Tant soit jolis ou biaus ou cointes Et de toutes dames acointes, Que, s'il s'en fuit d'une bataille Ou il est telz qu'adés s'en aille, Qu'on le doie amer ne prisier, Ains le doit chascuns desprisier (MACH., Voir, 1364, 322). Secourés vostre frere qui maintient lez chembiaux (Cip. Vignevaux W., p.1400, 28). ...vous mandent par moy que demain sans targier Encontre les Franchois commenceront chembier. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 97). Aus armes ! Angevins et Mancel, Françoiz et Burguegnons, si auront le combel [l. cembel] ! (Galien D.B., c.1400-1500, 123).

2.

P. méton. "Troupe de combat" : Arengent crestien(ne), ordonnent lor chembiaus Pour aler assir Miekes, ou moult a de chastiaus (Bât. Bouillon C., c.1350, 52).

3.

P. anal. "Assaut sexuel" : J'ay pour vous souffert grief cembel. (Mir. Berthe, c.1373, 173). ...s'en champ pouons estre ensemble, Je li cuit faire tel cembel Qu'il n'ara pas si le quaquel. (Mir. Oton, c.1370, 379).

-

Au plur. "Ébats amoureux" : ...je pense a empeschier Si leur trigal et leurs cembiaux... (Mir. emp. Julien, 1351, 184).

B. -

"Manifestation bruyante, vacarme"

1.

"Manifestation bruyante"

a)

"Bruyante manifestation hostile" : Quant oÿrent la noyse, le cry et les sembiaux, Dame Dieu reclamoyent qui est celestïaux (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 359).

b)

"Bruyante manifestation triomphale" : Cest affaire ne m'est grevant, Mes pour mieulx faire la besoingne, De ly vous bailleray ansaigne. Il est grant, fort, puissant et beaulx, Et va menant ung grant sanbeaulx ; Il est preux, hardy, mervoilleux, Devant tous va comme orguilleux. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 175). Quil est ce roy quil est cy beaulx, Qu'a telz pompez et telz sanbeaulx Est venu nostre enfert destruire ? Quil es tu quil tant peux tresluire ? Quil es tu, prince coronné, Quil es d'anges environné ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 244).

2.

"Éclats de voix, cris, vacarme" : ..."Biaus fils, or ai je Atelé mon kar bien et bel. Or le gouvernes sans cembel Et si tires tous jours sus frain." Dist Pheton : "Ne vous doubtés grain : Bien conduirai le kar par tout..." (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 98).

-

Mener cembel

.

"Faire du bruit, du tapage" : Telle noise menoient, et si villain Chembel, Que bien l'ot Bauduins, qui pas n'en ot rével. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 2). Lors festient Florent et mainent tel chambel Que pour l'amour de luy sonne maint chalemel, Tabours, trompes, naquaires, pour le jolis dansel Sonnoyent pour les rues, aussy en maint hostel (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 104). Moult y menoient grant cembiel Li oizellon par chans divers. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 112). ...Hiraut rentrent ens ou chastiel Et menestrel qui grant cembiel Mainent de leur menestraudies. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 199).

.

"Manifester par des cris un sentiment douloureux" : La endroit est assise, sans joie et sans revel ; A plourer commencha, menant piteux chembel. (Belle Hélène Const. R., c.1350, 175).

-

Demener cembel. "Se manifester par des cris, des chants" : A l'issue de may, que ly arbre sont biel, Foellu et bien flory, et sont vert ly praïel, Et que parmy les kans vont cantant ly oisiel, Et la douce aloète démaine grant cembiel, A yce temps, seigneur, démenoit grant reviel Labigant ly Grigois, ung faitis damoisiel, Qui de Florie avoir ot le corps cuideriel. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 346).

3.

Au fig. "Excès, démesure, outrecuidance" : [Esclamars] Moult maneche le roy qui estoit bons et biaus. "Ahi, chetis !" dist il "qu'en vous a de chembiaus ! Je ne vous prise mie valissant .II. naviaus..." (Bât. Bouillon C., c.1350, 53).

REM. Le lien entre I et II est le sens de "Guet-apens", "embûche", "embuscade" : ce sens est attesté en anc. fr. (GD I, 11b).
 

"Proclamer" : Regarde, suis je bien subtille ! T'ay je ton nom bien devisé ? S'il n'est ainsi, si le sembille. (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 108).

V. aussi cymbaler
 

"Linaire (Linaria cymbalaria)" : Cotilidon (cinbalaire), c'est une herbe que l'on appelle autrement faber ; l'on l'appelle aussi cimbalaria et umbilicus veneris. Elle a feulles rondes et grosses, et croist sur vieilles couvertures de vielx edifices. (Grant herb. C., c.1450, 101).

REM. Cartillage cimbalaire chez MONDEVILLE, "épiglotte" (T-L II, 431).
 

"Instrument de musique composé de deux moitiés de globe en airain, creuses, qu'on tient par un anneau fixé au sommet et qu'on frappe l'une contre l'autre, cymbale" : ...Cornemuses, flajos, chevrettes, Douceinnes, simbales, clochettes. (MACH., R. Fort., c.1341, 145). Orgues, vielles, micanons, Rubebes et psalterions, Leüs, moraches et guiternes Dont on joue par ces tavernes, Cymbales, citoles, naquaires, Et de flaios plus de X. paires, C'est à dire de XX. manieres, Tant des fortes com des legieres, Cors sarrasinois et doussainnes, Tabours, flaüstes traverseinnes... (MACH., P. Alex., p.1369, 36). ...sajettes et dars Aplouvoient de toutes pars, Pierres, garros et espringales. Là n'avoit trompes ne cimbales Qui les resbaudisse, n'envoise, Trop y ot mervilleuse noise ; Et se bien li nostre assailloient, Li autre mieus se deffendoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 86). Et se instrumens avez propices Comme sont simballes et cors, Tamburs, orghenes ou aultre acors (...) Buisines, clarons, instrumens Et semblables abillemens, Pour nostre sabbat decorer, Je le vous enjoing aporter (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 124). Clochettes d'or, d'argent, fines cymballes, Larges plumaulx (...), De grant richesse avoit plus de dix balles Dessus coursiers (LA VIGNE, V.N., p.1495, 218).

Rem. GAY I, 530.

-

[Représentation] : ...une chimbale d'enluminure et de musique avec deux grans anges (Comptes Lille L., t.1, 1456-1457, 467).

-

P. métaph. Jouer des cymbales. "Faire l'amour" : ...en passant par adventure par devant la chambre ou sa femme avec le chevalier jouoit des cimbales, il en oyt le son (C.N.N., c.1456-1467, 432).
 

"Jouer de la cymbale" (synon. cymbalisier) : Traictres parjurs de foy vuidez, Soies laron, raviz ou pilles, Ou en va l'acquest, que cuidez ? Tout aux tavernes et aux filles. Ryme, raille, cymballe, fluctes, Comme folz fainctilz, eshontez ; Farce, broulle, joue des fluctes ; Faiz es villes et es cytez Farces, jeuz et moralitez (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 131).

-

"Célébrer au son des cymbales" : Les séraphins tout autour circonvolent ; Les chérubins t'aourent en ta tente ; Tronnes, vertus, te chantent et cymbolent (CHASTELL., Louange Vierge K., c.1450, 287).

-

Cymbaler des fesses. "Faire l'amour" : La doibvent sur l'erbe polie Faire amer nimphes et nimphesses, Et ceulx qui aiment leur folie Aprendre a cimbaler [cymbaler ds l'éd. P, 88] des fesses. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I, D., 1440-1442, 108).
 

"Jouer de la cymbale" (synon. cymbaler) : ...Cimbalisier tant que nimphe oreade... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 856).
 

"Cymbale"

REM. Ex. d'a. fr. et SAINT-GELAIS, Enéide, ds GD II, 410b. Cf. aussi GD II, 410b : cymble.
 

"Cymbale"

REM. Doc. XV^e s. (Valenciennes) ds GD II, 410b.
 

"Petit câble" : Johanni Regis, cordario (...) pro uno chable gallice de canabe (...), longitudinis lxij tesiarum cum iiij gallice chembliaux (Hist. industr. commerce F., 1397, 155).