A. -

Au propre

1.

"Cercle, arc"

-

En carole. "En cercle, en arc"

Rem. Ex. du XVe s. ds GD I, 501a, s.v. auquerole (ici mot fantôme), masquoire auquerole, l. masquoire an querole. Cf. MotsFantomes : auquerole.

2.

"Chaîne ou ronde de danseurs et de danseuses qui se tiennent par la main, en chantant" : ...les nimphes et les fees Y faisoient leurs assamblees Et qu'encor souvent y venoient Et leur parlement y tenoient, Leurs gieus, leurs festes, leurs caroles Et leurs amoureuses escoles (MACH., F. am., c.1361, 193). ...Et feront de tours de karoles, De vertillons et de fuisiaus... (MACH., Voir, 1364, 772). Et i ot à ces fianchailles grans festes de disners, de soupers, de danses, de carolles. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 196). Elle [Musique] fait toutes les quaroles Par bours, par cités, par escoles, Où on fait l'office divin Qui est fait de pain et de vin. (MACH., L. dames, 1377, 11). Mais chascune des autres .IIII. differences peut estre signee equalment et samblablement par toute la circunference de la roe sanz quelconque difference fors en relacion de l'une a l'autre et quant au mouvement, car la partie qui va devant est senestre et devant ou resgart de celle qui vient apres elle, aussi comme des personnes en une carole. (ORESME, C.M., c.1377, 340). ...et puis le signeur ou ses escuiers se croulent, balent, dancent, houvent et chantent de biaux karoles sanz cesser jusques à mynuyt. (Man. lang. G., 1396, 66). Et se nous y voulons adjouster la .Xe. [Muse d'Apollon] adonc sera la carole des Muses qui dansoient entour l'ymage d'Appollo parfaite (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 232). Et, aprés mengier, les querolles Commencierent par grant revel (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 39). Gaudin, il vous fault orendroit Appreste[r] pour veoir ceste feste ; Il y ara maint jeu de geste, Par ma loy, et maincte carolle. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 104). Puis quant Gerars, a quy gaires ne chaloit des envyeux, ot ditte sa chanson a la karole, il s'aresta et dist que bien avoit raison sur tous aultres de chanter et mener joye, quant il amoit et estoit amé de la plus belle, la plus courtoise et la plus humble de France. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 5). La ne sont plaisances mondaynes, La ne sont karolles trudaynes, La ne sont aulcunes folyes (LA VIGNE, S.M., 1496, 422).

-

Aller aux caroles : [Des femmes mariées]..car voulentiers batent leurs eles Pour voler a leur voulenté Et avoir deduit a plenté En disant par faintes paroles Que veulent aler aux caroles Et aux nopces, ou aux commeres, Ou visiter cousins ou freres. (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 47).

3.

P. ext. "Mouvements désordonnés et dangereux (d'une troupe séditieuse)" : ...et là faisans leurs caroles et leurs folies, pour surattendre l'un l'autre (...) vinrent à hacques et à macques, et tirèrent à terre une petite maisoncelle qui estoit là assise (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 260). Gantois, qui avoyent vent en poupe et se sentoyent fors sur leurs piéz, commencèrent ceste maleureuse danse ; à l'exemple desquels, les grosses villes de Braban (...) tournèrent à la karole et se prindrent (...) à ceulx qui la policie des villes avoyent à regenter (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 214).

B. -

P. anal.

1.

"Assemblée, réunion de personnes (disposées en rond)" : Ainsi comme Richart fort a chevaucher print, Une carolle vit de gens qui s'entretint. (Rom. Richart C., a.1496, 40). Aussi qui des mains et parolles Es lieux publicz et par carolles Menasse de tuer et batre, Il n'ouseroit ung chien combatre, Et n'a seullement que la bouche (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 256).

2.

"Groupe" : De puis n'i eut trop de parolle, Quant la vint une grant carolle, De paysans que Lansonnès Amenoit parmi uns marès, Pour lever le dit chevalier Qui gisoit mort desus l'erbier. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 59).

3.

JEUX

-

"Jeu qui présente des analogies avec la danse en rond (?)" : Car de la vindrent le jeu des dez, calculacions, tables, la bataille de Troie, caroille, grieche, chacelievre, merelles (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 111).

-

"Courroie qu'on attache autour d'un ballon appelé balle bellinière" ( (LA CURNE)) : [Nous jouions] A l'estuet et as reculees, Au mulet, au salir plus haut Et a le carette Michaut, Puis a le coulee bellee Qu'on fait d'une carole lee Au cache lievre, a le clingnete (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 55).

4.

CONSTR. "Galerie (qui entoure le jardin d'un cloître, le choeur d'une église)" : ...en la karolle du dit cloestre a l'en a mis en point de tables, tréteaulx et bancs pour y asseoir les serviteurs et commun (Comptes Lille L., t.2, 1468, 311).

C. -

Au fig.

1.

Danser à la carole de qqn. "Agir selon les volontés ou caprices de qqn" : ...Elle [la vieille femme] seult les jeunes induire Et au jeu d'amans introduire, Par ses dis et par sa parole Les fait dancer a sa karole. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 95). Tieng ce cop, tieng, ceste norole, Vous danserés a ma carole, S'arés sur vostre bacinet. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 254).

-

Danser à telle carole que. "Être dans une situation, un état tel que" : ...Certes, mariages m'a mis Pour dancer a tele karole Qu'a paine puis je ma parole Metrifier, dittier, rimer Ne ma grant doleur exprimer (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 5).

2.

P. antiphr. Mener qqn à la carole. "Mener qqn aux réjouissances (prison, torture, gibet...)" : Li sergant sont sali, plus tost qu'oisiaus ne vole, Les larons ont briément menet à la carole ; N'i a celi ne vausist qu'il fuist à le riole. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 52).
 

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Danser la carole, danser en rond" : Or en y avoit d'autre port Qui moult amoient le deport De jouster et de tournoier, De caroler, de festoier, De mener joie, de chanter, De souvent leurs dames hanter. (MACH., D. Lyon, 1342, 201). Li autres ne veult que jouster, Mais encor y veuil adjouster Danser, chanter et caroler. (MACH., Voir, 1364, 342). Et les communicacions qui semblent estre faites pour delectacion, il sont pour aucun proffit ; si comme de ceulz qui karollent ou dancent ou chantent ensemble, ou qui gieuent ensemble des instrumenz de musique ; car teles communicacions sont pour cause de sacrifice ou de mariage et de noces. (ORESME, E.A., c.1370, 433). Si eut adonc à Londres grant feste et grant noblèce des signeurs, contes, barons et chevaliers, des hautes dames et des nobles pucelles, de riches atours et de riches paremens, de jouster et de behourder pour l'amour de elles, de danser et de caroler. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 76). ...et par dessoubz le lorier dessusdit caroloient les Muses qui entour Appollo melodieusement et doucement chantoient (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 84). ...si se tirerent les pucelles à une part et commencerent à karoller et à chanter et, pour leur beau chant, fist on cesser les instrumens, pour mieulx les oÿr. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 606).

-

Inf. subst. : S'en y avoit qui renoier Le jouster, ne le tournoier, Le dancier, ne le caroler Ne pooient, ne le baler, Mais si forment se delitoient Qu'en tous lieus ou elles estoient Ne leur chaloit d'autres reviaus, Tant fust estranges ne nouviaus (MACH., D. Lyon, 1342, 216).

B. -

P. anal. [D'une chose] : Celle pière d'engien qui estoit ronde, pour le fort tret que on li donna, carola tout autour de le tour par dedens, et quant elle cheï, elle effondra le planchier. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 197).

II. -

Empl. trans.

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[Le suj. désigne une fête où l'on danse] Estre carolé : Là ot une feste si noble Que de Mes en Coustentinoble N'ot depuis c. ans la pareille, Plus gracieuse ne plus belle, Ne qui fust si très bien joustée, Ne si cointement karolée. (MACH., P. Alex., p.1369, 45).
 

"Danseuse, femme qui mène une vie joyeuse"

REM. Doc. 1429 (Valenciennes, Jehane dou Frasne ditte la carolleresse) ds GD I, 787c.
 

"Danseur" : Si chaÿ qu'au chief de l'annee, La veille de Noël, la vint Dont es carolours bien avint, Quar Dieu par li les deslia Et il les reconcilia Devant l'autel moult doulcement. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 51).
 

"Recommencer une balade dansée" : Recarolés, bergier de pris, Car donner voel le riche pris Et le joiel bel et bien fait A celly qui le miex a fait Et ditté de mieudre saveur. (Pastor. B., c.1422-1425, 55). [Autre ex. p.86, v.1878]