"Fait d'acquérir la certitude de qqc. (?)" : Droit et Justice et Loyaulté A Verité sont accordé, Et pluseurs s'en sont revenu Qui ce qu'elle a dit ont tenu. Finablement trestuit cheïrent A certaines fins que la prirent Et en une conclusion Aprés leur altercation [var. mss C et P (XVe s.) : acertacion] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 510). [Seul ex.]

REM. Cette var. figure au gloss. de l'éd., qui la rapproche de acertance ("assurance, certitude"), GD I, 47b.
 

"Assurance, certitude" : Et le duc de Bourbon venu à Molins, commanda au conte son fils aller à Poictiers, vers le duc de Berry, pour savoir l'accertenance de leur traictié ["le duc de Bourbon voulait s'assurer de la solidité de ce traité"] (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 312).

REM. L'ex. cité par GD est tiré d'un texte du XVI^e s.
 

"Assurance, garantie, promesse" : Toutes-voies, ny pour beaux mots, ny pour grands acertenemens que l'on sçut mettre avant, ne se voult oncques, ny ne pouvoit consoler, ains demoura tousjours en une défiance et en une cremeteuse souspechon d'estre reboutée vers luy et de non pouvoir parvenir jamais là où elle avoit esté ; car elle-mesmes s'en désignoit et réputoit indigne. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 56).
 

"De manière assurée" : ...chescun die acertenement et determineement "Cestui est mon filz..." (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 79). ...pour ce que nous sçavons adcerteneement qu'en ce port vendra tantost un monstre de mer... (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 257).
 

I. -

Acertener qqn

A. -

À l'actif. "Assurer qqn, lui donner la certitude d'un fait"

1.

Acertener qqn de qqc. : ...cellui aux Grieux donnoit Espoir et les acertenoit De la victoire (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 87). ...du Boisliboult nous a depuis deuement acertenés de leur estat, gouvernement et contenement [des ennemis] et auxi quel nombre ilz estoient. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1433, 18).

-

[Anaphore par en] : ROBERT. Dy moy, je t'en pri et requier, Est il certain ? BOUTE EN COUROYE. Oil, je vous en acertain (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 22). Et lors (...) doit son maistre (...) li enseignier [au valet] quelle difference ne quelle cognoissance a du pié du cerf a celuy de la biche, comme je diray, et du pié d'un grant cerf encontre d'un juene, et d'un juene cerf encontre celui de la biche (...). Et pour mieulz l'en acertanner, il doit avoir un pié d'un grant cerf et un autre d'un juene cerf et un autre d'unne biche. Et les doit chascun mettre en terre dure et puis en molle (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 150). JOSEPH. (...) Je viens devers vous, chiere dame, Humilïant de corps et d'ame, Requerre mercy de l'offense Que j'ay fait a vostre ignocence (...) L'ange m'en a acertenné Et revelacion donné Du mistere qui en vous est. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 61).

-

[P. effacement du compl. d'obj. dir.] : Il bailla lesdictes lettres que escrivoit monsr de Craon et autres ; mais nul ne acertenoit par les premières de la mort [du duc de Bourgogne], mais aucuns disoyent que on l'avoit veü fuyr et qu'il s'estoit saulvé. (COMM., II, 1489-1491, 159).

-

[P. méton. du compl.] Acertener une ville de vivres. "Garantir l'approvisionnement d'une ville (assurer les habitants qu'ils n'en manqueront pas)" : Sur la pointe de ceste dike avoient assis un bollewers fait de gros bois et de terre, le plus espais et défensable qui oncques à peine avoit esté vu (...) et tenoit ycelui en subjection toute la rivière pour les passans ennemis et garantissoit la ville de tout encombre et l'acertenoit de vivres. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 130).

2.

Acertener qqn que : ...ledit de Laval acertènera par sa conscience ledit de Chasteaubryant qu'il ne a ne oncques n'eut en sa garde ou puissance lettres touchans ladite donnaison (Cartul. Laval B., t.2, 1393, 338). ...se tel grace lui donnoit Que roys fust, il l'acertenoit Que son temple rediffier Feroit (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 236). Vecy la derniere sepmaine, Se le poursuyvant ne m'amaine Chose qui soit a moy joyeuse, Guillot me dist et m'acertaine Que ma causë est dangereuse. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 49). ...[les gouverneurs de la ville] prièrent humblement qu'il leur plust à remonstrer au duc leur tribulation de coeur en cestui cas, et l'acertener fiablement et sur leurs corps et sur leurs âmes, que de danger n'y avoit point, ne intention, ne pensement qui onques fust, mais estoient fausses mauvaises bourdes semées (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 410).

-

En incise : Je revieng, et vous acertain Le fol gist emprès, ce sachiez, De vostre chien (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 53). LE MESSAGIER. Chier sire, je vous acertain Bien li diray ce que me dites. (Mir. fille roy, c.1379, 65).

3.

Acertener qqn de + inf. : ...et acertenoit ledit Tanneguy grandement le duc Jehan de grant recueil et de grant amour trouver envers ledit daulphin (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 198).

B. -

Au passif. "Être assuré de qqc., en avoir la certitude"

1.

Estre acertené de qqc. : ...la terre (...) la quelle vous avez fait crier en vente et subaster pour le dit seigneur, ou cas que deuement seroit criée et subastée, de laquelle chose nous n'estions pas acertenez, vous bailliés pour le pris à noble et puissant homme monseigneur le duc d'Athenez, ainsi comme ès dites lettres est contenu (Doc. Poitou G., t.3, 1351, 98). Grans sires le sien ne depart A pluseurs, si com vous cuidez ; Qui trop s'i fie, il est coquart, Car s'aucune chose en avez Ce et plus y despanderez Avant qu'il vous en aille bien. De ce fait suis acertenez : Je me tue et si ne faiz rien. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 36). ...lequel homme ilz assaillirent, et à icellui donnerent, c'est assavoir : il qui parle un coup de baston sur la teste, et des autres il ne se recorde de quoy il fu feru, tant que des coups qu'il receupt il chey à terre, et croit qu'il moru en la place, mais de ce n'est pas acertené, pour ce que il convint que hastivement ilz se partissent de la place (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 37). ...nous soions bien enfourmés et acertenés de la verité (FROISS., Chron. D., p.1400, 193). Tresreverent pere en Dieu et mon tresentierment bien amé cousin, la hault desir que continuelment me vient au pensee de coer d'estre acerteinéz de vostre honurable estat et parfite santee, me fait de vous faire escrivre a present, vous em priant treschierment que pur l'encresce de mon ease et confort me vuilléz envoier, a tous les foitz que vous purréz, coment vous estez de santee et confort (Lettres agn. L., c.1402, 100). Et se en aulcune chose tu par adventure doubtes sur aulcun point de la foy que je te enseigne, en quel lieu sont plus grans maistres et plus saiges en la foy crestienne que icy a Paris, par lesquelz tu pourras estre accertaignez de toutes choses que tu voulras demander ? (PREMIERFAIT, Décaméron, 1414. In : Chrestom. R., 67). ...[tu] veulx estre acertainé de ce que Dieu a laissé doubteux. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 158). ...et depuis en ça nous soions bien informés et acertenés de la verité (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 171). De mon fait suis acertenez, Et de mes bastons bien garny. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 144). ...quant serés aux champs et que tant serés approchiés d'eulx que du lieu et place ou ilz seront serés adcertenés, alors, selonc ce, arés conseil de les assaillir ou par aguet ou aultrement (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 141). ...et quant Madame sceust celle si tres desiree nouvelle que Ysabel tout acourant lui porta, lors Madame de ce bien acertenee incontinant en son cuer, levant les yeulz au ciel, Nostre Sire remercia (LA SALE, J.S., 1456, 139). Pluseurs demenerent joye et loerent les dieux quant ilz veirent le veaurre dont Jason faisoit la monstre de loing, et coururent coeillir de la verdure, qu'ilz espardirent tout au long du chemin par lequel Jason devoit passer pour aler au palais, disans qu'ilz estoient tous adcertenez de son retour et que tout honneur lui devoit estre fait pour une tant noble et glorieuse conqueste. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 209). Deuement informé et veritablement acertené des sens, loyauté et preudomye et très excellente vaillance de mon très redoubté seigneur monseigneur le Jouvencel et aussi ayant congnoissance des grans peines et travaulx, mises et despenses qu'il a fais pour venir à son secours (...) [le roi l'a] commis et ordonné regent (BUEIL, II, 1461-1466, 193). ...il y avoit plus de cinq cens, que princes, que chevalliers, que dames, que damoiselles et escuyers, qui tous estoient acertenez de ceste alliance (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 8). Mais monseigneur le souverain et messeigneurs les chevaliers, frères et compaignons dudit Ordre ont, en leur present chapitre, esté acertenéz de vostre trespas, par quoy, ilz en deleissent le jugement à Dieu tout puissant, nostre souverain juge. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 365).

-

[Avec un compl. d'agent] : Comment au ciel apparu ung comette avecques pluiseurs autres tres merveilleux signes, et comment la sage rouyne faee fut adcertenee par ces signes de la destruction du royaume de la grant Bretaigne. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 517). Nous sommes acertenez de la traïson que ces ribaulx moynes nous ont faicte par l'un d'eulx (C.N.N., c.1456-1467, 225). Desquelles nouvelles il ne voulu riens croire jusques à ce qu'il en fut autrement acertené par lesdiz monseigneur Charles et duc de Bretaigne (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 211).

-

[Anaphore par en] : LA MERE. C'est il, sire, et nul autre non, C'est mon filz, son corps, sa figure, Sa couleur et son estature : Soyez ent tout adcertené. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 192).

-

En partic. Estre acertené de la mort de qqn. "Avoir la certitude qu'il mourra prochainement" : Or estoit le roy anglois tout acertené de la mort, et sentoit bien que sa fin approchoit de près ; par quoy veullant ordonner de ses affaires, fit venir devant luy le duc de Bethfort son frère, son oncle le duc d'Excestre, le comte de Warwyc, messire Loys de Robersart, et aucuns autres (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 328). Le renart, acertené de la mort du malade, il vint tantost au loup et lui dist : "O tu, maistre medicin, que dis tu de cestui pacient que tu as en ta gouverne ?" (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 133).

-

[P. méton. du compl.] : Pour quoy je vous supplie très humblement, mon très chier et très redoubté seigneur, que plus souvent je puisse estre de vous ["de votre bon état"] par voz lectres bien et ad plain adcertenez. (Doc. 1413. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6 c.1444-1453, 124). Il estoit bien acertené de la ville de Peronne ["de son ralliement"], que tenoit messire Guillaume Bische (COMM., II, 1489-1491, 169).

-

[P. effacement du compl.] : Car aucune foys une beste fait bruit, ou les oreilles cornent ou ung homme seul ou deux, qui passent païz, ou cincq ou six hommes qui vont pour gaigner à pié ou à cheval, ou le vent qui souffle, donne aucuneffoys entendre aux gens qu'il y a quelque bruit où il n'y a riens, et y a gens qui se effraient de pou de chose. Et pour ce ne devez riens mander, se vous ne estes bien acertainé ; car ce n'est pas peu de chose d'effraier ung ost. (BUEIL, I, 1461-1466, 204).

-

Estre acertené sur qqc. : ...sur ce la Court accertenée et ce que dit est, a envoyé ledit receveur ou Chastellet, et les II sergens dessusdiz disner en son hostel (BAYE, I, 1400-1410, 61). ...lesdites dame et damoiselle Jeanne de Laval et chacunes d'elles, au benefice du senat consulz velleyan, à l'espitre de dom Adrian, sur ce disant estre suffisamment acertenez, et à tous autres droitz, faitz et introduitz en faveur des femmes, et générallement renoncent lesdictes partyes à toutes autres choses quelconques tant de fait comme de droit (Cartul. Laval B., t.3, 1424, 67).

2.

Estre acertené que : ...il vouldroit qu'il lui eust cousté deux cens livres de rente, et il feust adcertené que le filz d'icelle femme feust sien (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 124). Je suis trop bien acertené, Se vous n'estes de moy piteuse, Qu'a ma fin je sui arrivé, Ma belle dame gracieuse. (GARENC., Poésies N., 1400-1415, 13). ...consideré aussi, come nostredit oncle a esté adcertené, que tant pour les grans coustages qu'il convendra fere pour reparer et mectre en bon et souffisant estat icelles maisons come pour les debtes et ypoptheques (...) a peine trouveroit l'en personne qui esdictes maisons se voulsist bouter (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1419-1449, 68). Pour ce que sommes acertenez que les routiers et gens de compaigne appellez Escorcheurs sont en bien grant puissance pres et sur les frontieres des païs des duchié et conté de Bourgoingne, et que vraysemblement fait à doubter qu'ilz ne se parforcent de y faire et porter grans dommages (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 20). Le mandement contenoit, en effect, que le roy mandoit à tous ses baillys et officiers comment il avoit sceu que pluiseurs gens de guerre tenoient les camps, pillant, robant et destruisant son royaulme. Et, de fait, estoit acertené que par eulx estoient ses subgectz tuez, renchonnés, pucelles violées ; et tous les maulx que ennemis pourroient faire ilz faisoient. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 85). Seigneur, je suis acertainee Que Baudricourt n'en fera riens, Et le tient a folle pensee, Ainsi que une chose de neant. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 350). A fin que voyez Et tous acertenéz soyés Que l'oeuvre saincte est approuvee Au sabbat, et non reprouvee, Vous verrés, a bon escïent, Garir ce povre pacïent Tant ypothequé de sa main. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 392).

-

[Avec un compl. d'agent] : Les Lacedoniens furent adcertenez par leurs espies que ceulx de Messines estoient de sy grant ire esmeux, que ilz devoient mener a la bactaille leurs femmes, leurs enffans, pour tous vaincre ou morir enssemble. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 56). Ledit conte de Foyes fut acertene par ceulx de la ville qu'il y avoit peu de vivres dedans ledit chastel (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 307).

-

En incise : Plus ne vous dy, belle tresdesiree, Demonstrez moy, s'il vous plaist, vo doulsour, Car autrement soiez acertainnee En languissant defineront my jour. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 352). Prince, je sui tous les jours atrapez ; En vostre court me hach'on les cheveux ; Maiz quant au fort, soyez acertenez. Se je sui lays, si sui je gracieux. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 301).

3.

Estre acertené de + inf. : Et lors ces ci, presumans et pensans que il par aventure estoient delivré de la publique foy et tous acertenez d'estre delivré de la seue foy privee, s'en tournerent tantost droit aus tentes rommainnes. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 11.13, 20). ...se tu estoies sceurement adcertené de trouver gens en ung logis ou en chevauchant, ne envoye nulles gens devant, sinon en tappinaige (BUEIL, I, 1461-1466, 160).

4.

Estre acertené + interr. indir. : Et puis le ditte chose s'en entra de soubz le couverte de le nef ou rompi le fust d'une grant ancre de fer qu'il y avoit et encores ne estions assertanes s'il avoye passee le nef d'outre en outre par de soubz que nous dobtions moult. (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 57). Et, quant ledit Charles regent fut bien acertené comment il [Bertrand du Guesclin] avoit vaillamment debouté les pillars et ennemis hors des terres dudit Phelippe et des regions voisines, il fist tant par ses prieres que... (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 428). ...monseigneur de Bourgoingne veult estre acertené et savoir se le roy lui fera guerre ou non (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 307).

II. -

Acertener qqc.

A. -

À l'actif. "Certifier, affirmer, garantir la vérité d'un fait"

1.

Acertener qqc. : J'ay plus chier, avec les Academians, de toutes choses doubter, se autre voie je ne treuve, que folement acertener et determiner par perilleuse simulacion de science ce que je ne sçay pas et qui m'est mucié et celé, et encore par especial en ycelle chose en la quelle pres que tout le monde me contrediroit en tele assercion et affermement. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 172). Et, se l'ordre des choses a venir puet estre muee, folie est de trop affermer et acertener la chose qui est incertaine de sa propre nature, par trop fol et hastif jugement la determiner. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 181). Et est mon entante, ou nom de la benoite Trinité, de proceder, en ce present songe, sanz aucune chose affermer ou assertener, ne pour l'une partie ne pour l'autre (Songe verg. S., t.1, 1378, 10). Par consequant, aucuns voudroient dire que la seignourie temporelle deveret souffire quant au gouvernement du monde, laquelle chose je ne diz mie pour l'acertener, mez pour cause de disputacion seulement. (Songe verg. S., t.2, 1378, 94).

-

En partic.

.

[En cont. jur.] "Valider, confirmer" : Quant le demandeur poursuyt le deffendeur en actions reelles comme dessus est declairé, et il a declairé sa demande en jugement, comme s'il demandoit à cause de quelque heritaige, c'est assavoir qu'il partist la saisine qu'il a en icelluy disant à luy appartenir par les moyens qu'il a proposez et fait ses conclusions, le deffendeur peut requerir que le demandeur acertaine sa demande par monstrée, avant que plus avant defendre ne respondre à la cause s'il ne luy plaist. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1496, 415).

.

[P. méton. du compl.] Acertener un cerf. "S'assurer où il se trouve" (Éd.) : Or veult il destourner son cerf, Si prent son chien, qui est son serf, Et voit qu'il en a de bonne erre, Si ne se faint pas de le querre, Combien qu'il ne le vueille mie Trouver en ycelle fiie, Maiz bien le veult acertener, Affin qu'il le puisse trouver Plus tost quant le vendra querrir. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 370).

-

Acertener qqc. à qqn. "Certifier qqc. à qqn" : LE CHANOINE. Dites vous que la doy avoir Pour tout certain ? L'ONCLE. Oil, je le vous acertain. (Mir. chan., c.1361, 163). Roy n'a ceans de si tres grant vallue Ne royne aussi, je le vous acertaine, Quant je vous voy tout le cueur me remue, Retenez moy en vostre droict demaine. (Feste roys, c.1475-1500, 308).

2.

Acertener que : Se j'ay long temps vescu sans joye avoir Comme femme qui merencolïeuse Et pensive a esté main et soir, Desormais veuil je vie gracïeuse Et joyeuse demener, Car je puis bien et de vray acertener Que j'ay ami en tout honneur parfait (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 151). Vous assertenés et affermez, ainssi que se vous aviés l'espirit de professie, et aussi come se vous eussiez esté de Dieu conseilleur et que vous sachiés tous sez secrés, que lez guerres et lez pestilences et lez aultres mechiés, lezquelles sont avenues en France, tout est pour le pechié de nostre Roy. (Songe verg. S., t.1, 1378, 240). Les gens du païs adcertainent que il fut vray que cedit chevalier entra dedens (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 90). Mais il, non se deffiant de la constance de son amy, disoit et acertenoit que nulle doubte n'avoit de son retour et qu'il le viendroit acquitter. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 173). Par iceulx fut principiée l'Université de Paris. Aucuns dient que ce fut par Claude et Jehan Lisle. Autres acertainent que ce fut par deux moines qui vindrent de Irlande en France. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 105 v°).

-

Acertener à qqn que : ...son mary estoit tressaige quand si bien luy avoit acertené que garder ne se pourroit en continence (C.N.N., c.1456-1467, 568).

3.

Acertener de + inf. : Car il adcertenoit de n'y avoir envoyé nulluy, et que vrayement nous fusmes deceupz (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 158).

4.

Acertener + prop. inf. : L'estain et le cuivre, moult envieux de la bonté et beaulté de l'or, forgerent un jour un lingot de cuivre moult bel et cler et, par ung incongneu, l'envoierent ou marchié pour le vendre et, de fait, le vendirent a ung orfevre, lui acertenant estre de fin or. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 121).

5.

Acertener + interr. indir. : Finablement le vit [le faucon] emprendre A cheminer pour oiseaux prendre, Mais jusques a lui si loing a, Pour ce que si tost esloigna, Que l'eul ne pout acertainer Ou le faucon vouloit aler. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 158).

B. -

Au passif

1.

(Il) est acertené que : Lors le mary, qui ne sceit qu'il est devenu, retourne hastivement a la chambre en esperance de trouver sa femme, affin de la villener ou tuer, qui seroit tres mal fait a lui, car il n'est pas acertené qu'ilz aient riens fait de mal, pour ce qu'il arriva entre deux. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 105). ANNA la prophetisse. Messeigneurs, jamais n'en doubtez : Il n'est riens plus acertené Qu'il est homme de vierge né Et, en nostre presence mesmes, Voyant plusieurs hommes et femmes, A esté presenté de fait Au temple, tant doulx et parfait Que c'est le plus beau des vivans. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 98). Sire, de vostre venue Dieu soit aourés ! Car encores ne sont passé trois jours que en ung lieu ou j'estoye, dont je me suis deppartis, en la presence du conte de Jarre, du conte de Raguise et pluiseurs aultres haulx barons, fu dit et adcertenés que mors estiés de doel et de couroux, pour ce que champion n'avyés peu trouver pour deffendre vostre querelle (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 36).

-

Tenir pour acertené que : JACOB. (...) Et de Dieu me fust revelé Que, se jamais vient que l'en voye Nostre peuple estre gouverné Par aucun roy qui ne soit né De la lignie de Judas, Qu'on tensist pour acertené Que celuy ne tarderoit pas Qu'on esperons. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 76).

2.

Estre acertené à qqn + prop. inf. : Lesquelles choses, si vrayes furent, je n'asseure point, mais très-bien puis certifier que de gens notables et dignes de foy me furent recordées et acertenées estre véritables. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 361).
 

"Celui qui affirme qqc." : Es choses donques que par aucun incident sont dittes de la pourveance de Dieu et de destinee et franchise de volenté, tiens moy plus pour Academian que fol et oultrecuidié acerteneur de fausses et doubteuses choses. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 97). Disoient aussi les aucuns que la nuit que faire devoit le terrible exploit en ladite ville, avoit fait assemblée de gens armés en aucuns lieux couverts, lesquels au son ordinaire, qui jamais ne faut, d'un monastère petit qui là est, devoient saillir hors et tirer avant en l'entreprise pour parler entre eux. Laquelle chose, si vraye estoit ou non, je ne veux point proprement en estre acerteneur ; mais quoi qu'il en fust, fut dit, révélé et mis si avant en descouvert, que tout le peuple, plein de fureur et de rage, cuidoient estre trahis et vendus (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 174).
 

"Se confirmer, se réaliser" : Hellaz ! Or est acertés, a ce que je puis veoir, et par la faulce pelerine qui me dist qu'elle avoit veu mon seigneur en France. (Mabrien V., 1462, 61).
 

Région. (anglo-normand) "Certifier"

Rem. Cf.  ; AND : acerticer.
 

"Rendre certain"

REM. GD I, 48a ; doc. 1485.
 

"Sûr, certain" : Or est tout cert de sauvement (Vie st Evroul S., c.1350, 109). ...les Barons de Bourdaloys ont fet leur dehu pour devert vostre tresexcellent seignurie, et maiourment qant ils sont certz du mandement et voluntee de nostre seignur le Roy (Lettres agn. L., 1392, 217). Et tant chassay que je fuz serfs ["contraint (de)", servus] [var. cers] ["assuré (de)"] De veoir le soleil mucier (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 200).

Rem. Ds l'ex. suiv., il s'agit du verbe servir : Hé ! ly Dolent pecheur plain de folie Qui ne l'aime [le Christ], et sert il folie [Éd. : "certainement il est fou" ; l. plutôt Qui ne l'aime et sert, il folie "Qui ne l'aime et ne le sert [le Christ], il se comporte en fou"]. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 142).

-

Pour cert. "Certainement, assurément" : Maiz saichiez pour cert que... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 468). ...il fault pour cert avoir de quoy Tenir estat (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 58).
 

I. -

[Adj. qualificatif]

A. -

[Idée de certitude]

1.

[D'une chose] "Qui est hors de doute"

a)

[D'un contenu propositionnel, d'un dire] "Dont la vérité est hors de doute, que l'on peut tenir pour vrai avec certitude, sans risque de se tromper" : Or nous va recordant la matiere certaine, Com Millon de Monglane (...) Ala en Lombardie (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 7). En Acquittaine yray (...) Et si sauray d'Ernault le certain [convenent]. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 56). La premiere cause est qu'il soit chose notoire, certaine et evidente que le malefice soit advenu (LA SALE, J.S., 1456, 32).

-

[Tournures impers.] (Il) est (tout) certain que : Car, se le bien d'un tout seul est chose qui fait a amer, il est certain que ce est meilleur chose et plus divine amer et procurer le bien de toute une cité, et encore plus le bien de tout un pays ou d'un royaume ou il a pluseurs citéz. (ORESME, E.A., c.1370, 105). Sy est certain que je ne puis riens congnoistre sans congnoistre nostre Dieu, au moins comme en umbraige, combien que je ne apparcoive mie tousjours ceste congnoissance (GERS., Trin., 1402, 159). Il est certain, sans dire fable, Que brouet de char convenable, Adoubé, par art et pratique, D'aucune espice aromatique, Et de vinaigre ou de vinete, Est lors propice et chose nete. (LA HAYE, P. peste, 1426, 94). ...si je ne laisse et abandonne mon mesnage en brefz jours, il est tout certain que je ne puis longuement vivre ne durer. (C.N.N., c.1456-1467, 559).

.

Il n'est chose si certaine que

.

Certain est./C'est / il est (tout) certain : Pour tant on seult dire d'une chose bien certaine : il est aussy certain comme Dieu est. (GERS., Trin., 1402, 159). Et la terre par sa droiture Est de froide et sèche nature, Qui ces formes, ou resemblables, Si contraires et variables Communiquent, c'est tout certain, Aux quatre humeurs de corps humain (LA HAYE, P. peste, 1426, 64). Alkabice, le souverain astrologien, fut environ ce temps, selon aucuns ; touteffois il n'est pas certain et, quoy qu'il en soit, ce fut homme de grande recommandacion et à presever. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 117 r°).

-

[Tournures attr.]

.

Dire qqc. à / pour certain : SUER YSABEL. Ha ! chier sire, mercy vous proy De ce que je li ay mesdit. Par m'ame, il m'avoit esté dit Pour tout certain. (Mir. abbeesse, 1340, 95). ...ly contez Sauvaigez, qui moult ot signourie, Aperchéu Huon qu'au ferir s'ensounie. Bien l'a reconnéu, pour certain vous affie (Hugues Capet L., c.1358, 74). ...Et vous adnonce pour certain Que... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 136). ...et à certain me fut dit (par le temps dont j' ay parlé) par le maire que... (COMM., I, 1489-1491, 194).

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Mettre certain que. "Affirmer avec certitude que" : Qui sauroit compasser le temps, Il feroit plus fort que Dorie Qui escript a sa theologie, Ainsi que ay trouvé aux cronicques, Qui sont tresnoblement escriptes De sa main, ainsi vous ay Dieux, Et mect tout certain que les dieux De la Barbarie et de Hongrie, De Cambelin, (et) d'[Alexandrie], De Turtin et de Papagosse Furent tous mis en une fosse Pource que parler ne vouloient Des choses qu'i leur demandoient. (Est., p.1460, 25).

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Tenir qqc. pour certain : ...ceci tenez Pour verité et pour certain (Mir. st Val., c.1367, 127). Sire, tenez tout pour certain Que... (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 58). Et aussi lui prie et requiert que il les vuille tenir fermement de sa partie ainsi comme il tient pour certain que si fera il. (Ch. VI, D., t.1, 1400, 191).

b)

[D'une chose, d'un événement] "Dont la réalité est hors de doute, que l'on peut avec certitude tenir pour réel" : Or suppousons donques comme chose possible et vraysemblable, combien que elle ne soit pas certainne, que aucuns mouvemens du ciel sont inconmensurables. (ORESME, C.M., c.1377, 196). Riens ne m'est seur que la chose incertaine, Obscur fors ce qui est tout evident, Doubte ne fais fors en chose certaine, Scïence tiens a soudain accident, Je gaigne tout et demeure perdent (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46). Que je fois ? La chose est certeine, J'escaille noix. (B. veoir, p.1480, 15).

-

[D'un événement futur, d'une chose à venir] "Qui se réalisera certainement, inévitablement" : Vous n'en poez issir, c'est le certainne fin (Hugues Capet L., c.1358, 64). ...en pensant que vous estes mortel, et que la mort est certaine et l'eure incertaine (JUV. URS., Verba, 1452, 206). ...et fist la nativité du duc Amé de Savoye qui fut l'an mil IIIIcXXXV, le premier jour de fevrier, aucun peu après la minuyt, où il dist choses certaines que puis l'experience a monstrées veritables (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 155 v°).

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[Avec un inf. subst.] : Mesmes que par ainsi ouvrer N'est pas certain le recouvrer (Mir. st Sev., 1362, 199).

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[D'une attente] "Qui ne peut que se réaliser" : Donnez nous, par vostre intercession, plaine indulgence de peine et de coulpe. Ottroiez nous certaine expectacion aux riches prebendes de la grant Eglise de paradis. Ouvrez nous maintenant les portes par grace et aprés par gloire affin que nous puissions esprouver de fait ce que nous tenons a present par esperance et par creance (GERS., P. Paul, a.1394, 492). Saint Pol veoit ensemble la tres grant mutabilité de creature humaine, maintenant de bonté en malice et de malice en obstinacion, non pourquant il affermoit qu'il avoit certaine esperance d'estre sauvé, et que ne mort ne vie ne le feroit departir de l'amour de Dieu. C'est yci merveille trouver fermeté certaine en tant incertaine mutabilité ! (GERS., P. Paul, a.1394, 505). Par science il congneust les incertaines esperances des mondains, par sapience la certaine expectation dez biens du ciel. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 96). S'avons esperance certaine Qu'au lieu ou elle [l'étoile] targera, La vierge mansion fera, Qui du roy est mere et nourrisse. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 81).

-

"Dont la réalité est inévitable" : JHESUS. En ce desert me fault manoir Et henter pour cause certaine (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 141). [Autre ex. p.214]

c)

"Dont la nature ("ce que c'est") est hors de doute, qui est bien défini, bien délimité par rapport à d'autres objets ; qui est pleinement ce que le subst. dit qu'il est, qui est authentique" : Au secont, je octri que l'ange a vertu terminee et finie et ne pourroit mouvoir outre certainne velocité ou isneleté la ou il avroit resistence certainne (ORESME, C.M., c.1377, 300). ...vous paiez, baillez et delivrez audit monsr le mareschal, ou à son certain commandement ladicte somme de trois mil neuf cens frans (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 21). DIEU LE PERE. (...) Ja crëé avons ciel et terre Par limitacion certaine (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 15). ...Faisans penitence certaine (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 168).

2.

P. méton. [D'une pers.] "Assuré, convaincu"

a)

"Assuré, convaincu (d'une vérité, d'une réalité...)"

-

(Estre) (tout) certain de : Car je sui certain, s'elle [nostre mère] est vive, De s'ame avoir [l'anemi] forment estrive (Mir. mère pape, c.1355, 389). Tandis mon ost assembleray Et briefment secourre l'iray, Soit en certain. (Mir. fille roy, c.1379, 65). ...toute ma vie demourray en ce point : de ce soiez vous certain. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 180). Et puys que departir me fault Et du retour ne suys certain... (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 14). Ja ne cognoistra ses deffaulx. De cella je suis tout certain. (Pass. Auv., 1477, 134).

.

(Estre) (tout) certain que : Biax filz, soiés certains Aussi com de la mort, que... (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 97). ...soiez certain que jamais Son pechié ne delaissera (Mir. mère pape, c.1355, 386). ...pour ce que nous n'estions mie informés ne certains que ainsi le deussions faire (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 171). Soies certain que se tu as monte ce pas de oroison que Dieu te donnera sa grace et son aide (CIB., p.1451, 178). ...je ne sçay que vous eussiez fait. Car je suis tout certain, tant la cognois je, qu'elle vous eust tout le visage egratigné (C.N.N., c.1456-1467, 67).

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Estre certain + interr. indir. : LE ROY DE HONGRIE. (...) Estes vous ne certain ne filz Dont elle est née ? LE ROY D'ESCOSSE. Nanil, par la royne honnourée, De son lignage rien ne sçay (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 83). Sire, dist Remondin, grans mercis, et je croy que avant ce que je me parte de vous, je feray tant que je seray tout certain pour quel cause cilz inconveniens vint entre vostre frere et le nepveu du roy (ARRAS, c.1392-1393, 53).

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(Estre) seur et certain : Car je suis seur et certains, Vierge, que il me suit et gaite. (Mir. enf. diable, c.1339, 7). Seigneurs (...), soiés (...) tous seurs et certains que... (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 97). ...car soyez seur et certain que... (Jehan de Paris W., 1494-1495, 92). Je suis seur et certain Qu'il s'en reva vers ce villain Hillaire (LA VIGNE, S.M., 1496, 352).

.

Estre certain de qqn. "Avoir une certitude au sujet de qqn, être rassuré au sujet de qqn" : NOSTRE DAME. (...) O chier espoux, que ferons nous ? Tout nostre tresor est perdu. (...) O doulx Jhesus, ou te querray ? Se de toy puis estre certaine, Je n'y plainderay pas ma peine, Et deusse jusqu'a la mort querre. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 125).

-

Faire qqn certain de. "Procurer à qqn une certitude au sujet de, faire que qqn soit assuré de" : Sire, je vous promet a fin Mettre et faire du tout certain De ces deux choses ains demain (Mir. Oton, c.1370, 346). Je le feray certains et fiz D'une chose qu'i ne scet mie (Mir. roy Thierry, c.1374, 283). ...je vous prie que vous me faittes certain de ce dont je suis en doubte (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 30).

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"Faire que qqn soit assuré de, lui apprendre à" : Il ordena tous les deduis, Affin que ne fussons oysis, De cerfs, de sengliers et de dains ; De les prendre nous fet certains. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 6).

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Faire qqn certain que : ...racompta toute la maniere du baptisement, et le fist bien certain que [ne] mot avant mot arriere n'eut en son baptisement [que] de celuy a son filleul. (C.N.N., c.1456-1467, 427).

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Faire qqn certain + interr. indir. : ...icy sont contenuz Plusieurs faiz. Faites moy certain S'il sont escripz de vostre main. (Mir. st J. Cris., c.1344, 295).

-

Se tenir (seur et) certain que : ...seur me tien et certain (...) Qu'il nous en donrra nostre droit (Mir. ste Bauth., c.1376, 134). Et ledit hermite lui dist : Tien-toy certain que ce sont poisons pour faire morir le peuple et les bestes qui buvront desdites eaues. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 472).

b)

"Assuré (d'une chose inévitable)" : ...car il sceit bien qu'il est certain de la mort se il [son adversaire] le puet actaindre seulement d'ung cop. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 16). ...et fut grant cruaulté e le bailler où il estoit certain de la mort (COMM., II, 1489-1491, 92).

3.

[Ds des loc. adv. (portant sur verbes des verbes d'énonciation ou des verbes épistémiques ou bien fonctionnant comme des adv. de phrase)] "En toute certitude"

a)

À certain. "Avec certitude" : ...mais, pour ce qu'elle [la reine] n'avoit point sceue l'amour d'elle [la dame] et du seigneur de Saintré a certain, ne sçavoit que penser (LA SALE, J.S., 1456, 305). ...la nuit d'entre lundi et mardi, environ XI heures de nuyt, le duc monta en mer à Vennes, monsr d'Orleans et toute sa bende, juçques au nombre de II ou IIIm hommes avec luy, et ne savons encores à certain où ilz tireront. (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1487, 196).

b)

De certain. "Avec certitude" : DIEU. Hermolaus, tien de certain Pour ce qu'amé m'as de cuer fin, Le temps approuche de ta fin. (Mir. st Panth., 1364, 360). ...le peuple savoit bien et créoit de certain que... (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 252). Tenons et creons de certain, que riens ne demandons à Dieu (...) que il ne la nous acomplisse ou mieulx. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 5).

-

Dire de certain. "Dire avec certitude" : ...et pues dire de certain que il a autrefois porté dis cors. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 19). ...les quelz m'ont raporté de sertan que... (Doc. 1366. In : J. Miret, Le Moy. Âge 20, 1917-1918, 84).

-

Savoir de certain. "Savoir avec certitude" : ...si savez de certain Que plus s'efforce (...) Li ennemis des bons tempter Que des mauvais (Mir. abbeesse, 1340, 81). Maix or sai de certain je n'i arai(t) ung delz (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 129). LA DAME (...) ...d'estre grosse doubte ay, Mais de certain pas ne le say (Mir. enf. ress., 1353, 6). ...car de chascun malfaiteur le juge pourroit dire quant il li plairoit que il scet de certain que il n'est pas coulpable et ne le vouldroit condempner. (ORESME, E.A.C., c.1370, 317). O devot peuple crestien, toutes fois que tu senz en toy desplaisir de ton estat, que tu doubtes la mort, que tu as horreur des peines d'enfer, saiches de certain que c'est le son du Saint Esperit qui hurte a ton huis pour y entrer. (GERS., Pent., p.1389, 77). Et dit que en alant de Chartres au Mans, il en jetta en plusieurs autres lieux dont il n'est record, et tant que il scet de certain que quant il entra en ladite ville du Mans, il n'avoit que cinq pieces desdites poisons (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 429). Dit avecques ce, il qui parle, qu'il scet de certain que ledit jour qu'il parla audit Breton, ledit mons. l'evesque estoit en icelle ville de Poitiers, et y disna, soupa et jeut celle nuit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 549). Et saiches de certain que je vouldroye que Dieux ne li mondes ne t'en demandast rien (ARRAS, c.1392-1393, 20).

-

[Adv. de phrase] "C'est une certitude, assurément" : Grant folie fait de certain Qui jure le non Dieu en vain. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 141).

.

C'est de certain : Froment de Dieu sui qui attens A estre molu par les dens De ces lions, c'est de certain, A ce que je soie fait pain (Mir. st Ign., 1366, 111).

c)

En certain. "C'est une certitude, assurément" : Je saip bien qu'il est tempz paisséz certennement Que deusse estre allér querre en certain maintenant Cely qui fist jaidis de moy l'angenrement (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 415).

d)

Par certain. "Avec certitude" : Retournant a nostre matiere de l'empereur Charlez et des Françoys qui sont en Jherusalem, sont entendut par certain que le soudans d'Orquarnie, le roy Griffaux de Gulfe, le roy de Jarques et bien X roys qu'ilz venoient a V^c milz hommez (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 78).

-

"C'est une certitude, assurément" : De moy meïsmes par certain, quant je regarde diligentment touz mes pechiez, je suy en desperation (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 46).

e)

Pour certain

-

Dire pour certain. "Dire avec certitude" : Dont un homme mortel et vain Ne puet dire tout pour certain : "..." (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 54).

-

Savoir pour certain. "Savoir avec certitude" : Donc peuz tu pour certain savoir Ta mére n'ot joye onques puis. (Mir. enf. diable, c.1339, 27). Saches pour certain qu'il te convient mener la vie des mourans (Internele consol. P., 1447, 51). Madame, je scay pour certain que le Roy vostre pere a ung très beau filz (BUEIL, II, 1461-1466, 254).

-

[Comme adv. de phrase] "C'est une certitude, assurément" : ...il m'ouvri bonne aleure La chasse en quoy il les gardoit ; Mais pour certain riens n'y avoit. (Mir. emp. Julien, 1351, 204). En son vivant avoit pour certen ordonné Que... ["c'est un fait"] (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 37). Car je seroy ou champ pour certein le premier (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 41). Ce pain pour certain ma char est (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 235). Car se sermons, persuasions ou exhortacions souffisoient pour faire les gens vertueus, pour certain pluseurs et grans louiers et remuneracions seroient justement deües a ceuls qui scevent et qui usent de art de persuader et sermonner. (ORESME, E.A., c.1370, 530). ...pour certain vaquer est plus eslisible que non vacation (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 341). Et dist que pour certain il avoit veu en son temps ung ancien homme qui racontoit pour verité qu'il avoit veu en son temps grant foison de telles choses. (ARRAS, c.1392-1393, 3). Monseigneur, dist Remondin, ne vous en vueille desplaire, car amours a tant de puissance que il fait faire les choses ainsi qu'il lui plaist, et je suis si avant alé en ce marchié que je n'en puis reculer ; et, se je povoie, bien pour certain ne le feroye je pas. (ARRAS, c.1392-1393, 36). ...pour certain ton affaire Est bon et bel (Gris., 1395, 47). Aussi cubebes pour certain, Avec safren, plaisant et sain, Sont proffitables à devise En cellui temps en mainte guise (LA HAYE, P. peste, 1426, 91). Et quant ilz furent pour debvoir monter en la nef, le josne frere au chevalier s'avisa et dist que, pour certain, jamais ne feroit aultre voyaige jusques ad ce que il y aroit esté. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 116). Ainsy est il pour certain en la degustation espirituele, la ou diligente consideration tient le lieu de mastication telement que sans tele consideration ce digne sacrement n'a pas de saveur (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 150). ...car, pour certain, plus bel escuyer, mieux fait, ni formé de tous membres, on n'eust sçu trouver, ni querre, comme autres fois a esté dit (Faits Lalaing K., c.1470, 83). Pour certain, la sapience theologienne est princesse et royne de toutes sciences (Somme abr., c.1477-1481, 98).

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Pour tout certain : Et te dy bien, se Dieu te treuve Souffrant en ceste adversité, Doulcement croy pour verité, Que telle joie te donrra, Qui contre ton duel doublera Pour tout certain. (Mir. enf. ress., 1353, 64). Jusqu'a demain Ne me laissiez, car je pourroye Me forvoier, pour tout certain, Par desplaisir, vers la saussoye (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 115).

4.

Empl. subst. "Ce qui est de l'ordre de la certitude, la vérité" : Tost sarai(t) le certain, il n'en fault point doubter (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 454). Quant a lui besoing n'en avoit, C'est li certains. (Mir. st Sev., 1362, 231).

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Avoir le certain. "Avoir une certitude" : Et pour ce, très cher cousin, que encores ne sommes nous certains de paiz ou de guerre de la quelle chose nous pensons avoir briement le certain, nous vous prions que juques à la mi aoust procheine vous vuillez metre en delay à donner les diz gages (...), et si tost que nous serons certains de paiz ou de guerre, nous le vous ferons assavoir. (Doc. 1331. In : J. Miret, Le Moy. Âge 20, 1917-1918, 58).

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Au certain. "Avec certitude" : ...lesquels comptes il ne povoient rendre clerement ne au certain (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1340, 56). Touteffoiz nulz, fors Dieu, ne fust oncques qui au certain escripre peust le vray vaincre des battailles (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 241). Qui me saroit dire au certain Ce que je pencë a ma teste Repputé ne seroit pas beste De racompter mes pensemens. (Est., p.1460, 25). Pour au certain parler du faict, Je croy bien qu'il est filz du prestre. (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 322).

B. -

[Idée de fiabilité]

1.

[D'une pers.]

a)

"À qui l'on peut se fier, qui est sûr, digne de confiance" : ...ung certain et feal homme (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 52). ...roy Clovis (...) Drapz d'or vous donna en pur don, Qu'envoia par certains messages, Qui me semblérent hommes sages (Mir. Clov., c.1381, 220). De gens certains me pourverray Qu'en plusieurs lieux envoieray Savoir s'Alexis trouveront (Mir. st Alexis, 1382, 316). ...et que il demorast pour tousjours mais, la ou on l'avoit ordonné a demorer sus certainnes gardes qui fuissent songneus de li garder (FROISS., Chron. D., p.1400, 102). ...a brief mot tout dire telle qui soit digne d'estre ta mere, ta suer, ton espouse et ta mie, a toy, vray et certain Pere, sommes venues humblement nous offrir labourer diligemment et de cuer a ceste besoingne, chascune selon son pouoir et office que tu nous as presté (GERS., Concept., 1401, 394). ...songneux et certain es affaires de son amy (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 182).

-

Avoir qqn pour certain. "Considérer qqn comme fiable" : ...car il leur sembloit que le gentil chevalier l'avoit bien deservi, aussy l'avoit il pour certain. (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 30).

-

[De Dieu] : O tres doulx et tres begnin Saint Esperit, protecteur certain et conforteur des desolez, pere des povres, tuteur des orphelins, lumiere des aveugles, conduiseur des forvoiez, joye des tristes, secours des affigiez, le vray et seul ami qui ne failliez au besoing (GERS., Pent., p.1389, 74). ADAM. (...) Helas, mon juge tres certain, Bien me souvient de l'existence Et du noble estat d'ignocence Ou vostre grace m'ordonna (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 34). Ung de noz docteurs plus certains Dist que... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 121).

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[D'un aspect de la pers., de son coeur...] : ...la duchesse qui le cuer ot certain. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 87). Quant le franque roïne, qui le cuer ot certain, Vit Savary ochis au grant pallais hautain, (...), Jhesu Crist en loa, le pere souverain (Hugues Capet L., c.1358, 37).

b)

"Fidèle, sincère" : Il convient que la mere de quoy il fust portés Ait esté si certtaine c'onques en ses aés Ne pensast a nul homme de carnel amistiés, Fors a celui qui eult le sien corps espousés (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 40). ...le plus certain amy que l'en peust trouver. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 345).

-

Loyal et certain : Car moult me fuit loialz et certain et amis ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 158). ...Un loyal et certain sergant (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 51). Quant son gendre ot bien esprouvé Le preudomme, et il ot trouvé Qu'il li fu loyal et certain, Qu'avint il ? (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 272). Chiers fils, il n'est estas si biaus Que d'estre certains et loyaus En dis, en oevres et en fes (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 111). O vierge lëale et certaine, Tresoriere de deïté... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 65). ...qu'lz soyent leaulx et certains et qu'ilz ayent leur creance au Dieu Souverain. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 56). Ces deux escuiers se amerent plus, et furent l'un a l'autre si loyaulz et si certains que onques une seulle faulte ne fut entr'eulz faite (LA SALE, J.S., 1456, 143). Voire vraiement, c'est ma compaigne certaine et loyale [Empl. ici p. antiphr.] (C.N.N., c.1456-1467, 370). ...je vous ay esté prince léal et certain, sans vous avoir oncques failly en riens à mon pouvoir. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 487).

-

Empl. subst. : ...Eucuba la certaine (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 289).

c)

"À qui tout le monde se fie ; incontestable (dans sa fonction)" : ...C'on envoiroit clers par deviers Rommenie, Et, par élecquesion de vois peupelye, Feront ung ciertain pape qui ara le mestrie De dominer au monde, sans mal et sans envie, Pour le sisme effachier d'orguel et de boidie (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 358).

d)

"Sûr de soi" : Car je sui en astronomie Tant sage, expert, just et sertaien, Que... (Jeu Etoile T., c.1400-1500, 103).

2.

[D'une chose]

a)

"À quoi l'on peut se fier" : ...car bien avoit oy dire que sus celle riviere si felle il y avoit un bon gué et certain passaige. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 89). ...Que justice vraye et certaine Fust en tous faiz noble gardée (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 9). Il fault déclarer et descrire, Pour le propoz affin conduire, Aucuns signes et argumens, Et baillier certains documens Par lesquelz un chascun savant Pourra sentir de paravant Les mortalitez à venir Et leurs malices prévenir (LA HAYE, P. peste, 1426, 51). En icelluy moys d'aoust, l'an que dessus, furent prins les chasteau et ville de Bonmoulin sur les Angloiz, par certains moyens, à l'entreprinse d'un nommé Ferrebourg ou Fourbourg, auquel le duc d'Alençon donna la cappitainerie. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 110). Puis eustes [les spectateurs] figure certaine Quant au fait de la quarantaine, Laquelle Jhesucrist jeuna (...). Puis veistes que... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 267). Pour ce est il alegué de plusieurs par les euvres qu'il a faictes et pour ses certaines experiences. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 97 r°). Mais l'advantgarde en seure et certaine ordre marchoit pas a pas (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

-

[D'une connaissance, d'un savoir, d'une science, d'une information, d'une opinion, d'une conjecture, d'un jugement, d'une vérité...] "Fondé" : Les hierbes et les pieres ou la viertu s'alie Congnissoit la puchielle par chiertainne estudie (Flor. Rome W., c.1330-1400, 135). Et si m'est de certain avis Que vez la ou je doy aler. (Mir. enf. diable, c.1339, 39). ...Puis que du fait la congnoissance Certaine avez. (Mir. ev. arced., c.1341, 134). ...peut c'estre ore mençonge Ceste vision, ou vray songe ? Mençonge non, ains est certain (Mir. emp. Julien, 1351, 200). ...en laquelle cause certain jugement a esté donné de nous pour et au prouffit dudit Girart et contre ledit Regnault (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1390, 623). Saichiez que mon intencïon Est de moy briefment marïer Et femme en l'eglise espouser, Sur quoy j'ay eu certain avis. (Gris., 1395, 21). Car avoir certain jugement De son mal est l'abbregement Des douleurs et l'alegement (CHART., L. Dames, 1416, 264). Le salut commun et le bien, Fist compiler, pour le voir dire, Examiner et puiz escrire Par notables Phisiciens, Expers en l'art et anciens, Une certaine et vraie doctrine, Cueillie ou champ de Médicine (LA HAYE, P. peste, 1426, 12). ...sa science [de Dieu] est certaine et invariable (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 159). ...mais tout cela estant venu à la congnoissance dudit Houel par certaines congectures, envoya hastivement en advertir et quérir ledit sieur de la Roche-Guyon (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 118). ...je ne tends que à une seulle fin principalle, c'est, Sire, que vous puissez congnoistre clerement et evidemment que la science de astrologie est vraye et certaine science, fondée sur fondemens certains, qui sont nombre, mesure, raison naturelle et princippes de phillozophie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 v°). Pour ce est il allegué de plusieurs docteurs et est son oppinion tenue bien certaine. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°).

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Sciences certaines. "Sciences exactes" : Et de telles choses sont les sciences tres certaines, comme les mathematiques, geometrie, etc. (ORESME, E.A.C., c.1370, 106).

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Nouvelles certaines / certaines nouvelles. "Nouvelles sûres, qu'on peut admettre avec confiance" : ...pour regracier Dieu des nouvelles certaines rapportez de la naissance du filz du roy d'Angleterre (FAUQ., II, 1421-1430, 33). Et [en] celluy temps les Rommains avoient certaines nouvelles de la venue de Hanibal et Hasdrubal, son frère (LA SALE, Sale D., 1451, 79).

-

[De paroles] "Qui est sûr, qui inspire confiance" : Encor vous mescherra trestous en mon servaige ; Car on ne devroit [pas] par nul certain langaige Avoir en vous fiance pour aucun tesmoingnaige (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 43).

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Verité certaine / certaine verité. "Vérité garantie, sûre" : Or di j'en verité certaine C'onques mais de dame n'oy Parler (...) Qui tant biauté en elle eust (Mir. march. larr., c.1349, 104). Amours, pour verité certaine, Mort vous guerrie fellement (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 85). ...laquelle chose nous avons sceu par certaine vérité par la venue d'aucuns piétons portans croix, lesquels ont naguères transnagé et passé la mer ès navires des Vénitiens (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, 1453,,, 36-37).

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[D'un doute] "Fondé" : ...vostre doubte n'est pas certaine (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 167).

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"Sûr, stable, bien connu" : ...mais ung chascun est cest homme suppost personnel aiant ung chasun ses qualités comme blanc, noir, palle, malvais, et leur quantité, l'un grant, l'aultre petit (...), chascun certaine situation et ordonnance des membres en leurs corps selon les diversitéz des formes, chascun son "ubi", c'est a dire son lieu determiné selon la disposition des membres du corps. (Somme abr., c.1477-1481, 148).

-

De certain propos. "De propos délibéré" : ...n'est pas faisable que monseigneur le Daulphin de certain propos voulsist perdre trois ou quatre mille de ses gens, qui seroient perdus sans remede, de les envoyer sans plus grande compagnie contre les Suisses (Ecorch. Ch. VII, T., 1445, 132).

b)

"Fiable, garanti, sûr"

-

"Que l'on peut utiliser ou pratiquer sans crainte"

.

Diete certaine. "Diète modérée, sans risque" : ...la vertu avec diete certaine ne pouroit parvenir jusque a la fin de la maladie, et pour ce diete declinant a grosseur y competent. Semblablement diete certaine ne convient pas es maladies fort agues, qui ce terminent au quart jour ou devant, mais en ycelles convient diete fort soubtile come rien donner ou quasi, come veult Ypocras en la premiere particule des Anforismes quant il dit : es maladies dernieres, c'est assavoir fort agues, la derniere curation, c'est assavoir la darniere diete : come rien donner ou puissance de les guarir. (Rég. santé corps C., 1480, 106).

-

En certain lieu. "En lieu sûr" : ...nous voulons bien que l'argent soit levez et assamblez et mis en certain lieu en ou pays (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 137). ...que la taille fust faicte et levée et l'argent assamblé et mis en certain lieu (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 138). Et lors doit il aler a la veüe pour veoir s'il verra chose qui li plaise et laissier son limier en certain lieu ou il ne puisse fere nul effroy (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 160).

c)

"Ferme, assuré" : Aians certaine entencïon De ta voulenté prendre et faire. (Gris., 1395, 85). ...Marie (...) de certaine intencion, A sa virginité vouee A Dieu le Pere (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 52).

II. -

[Adj. déterminatif ; toujours antéposé, en liaison avec un article ou tenant lieu d'article] "Bien déterminé (et non pas quelconque, pris au hasard), mais dont l'identité parmi d'autres de même espèce n'est pas spécifiée (parce qu'on ne veut pas ou qu'on ne peut pas le faire, parce que c'est sans importance, parce que c'est inutile...)"

A. -

[Avec un subst. nombrable]

1.

[Au sing.]

a)

[Avec article] : Je di donques, en recapitulant, que il est monstré devant que la voie n'est pas vraie qui met que le destre du ciel est en une certainne partie du ciel et est meu avecques celle partie. (ORESME, C.M., c.1377, 338). En laquelle premiere chambre, sur une table dreciée qui là estoit, il trouva les deux saintures d'argent dont cy-dessus est faite mencion, avec un certain juppon auquel pendoit une bourse de cuir (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 483). Mais tost aprés ung certain poste vint Qui apporta de tres bonnes nouvelles. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 174).

b)

[Sans article] : ...com vraix amis S'amie en certain lieu atent, Quant elle li a en convent... (Mir. ev. N.D., c.1348, 76). Je vous prie que vous leur alez dire de par moy que il leur plaise a moy venir veoir avant que je muire, car j'ay grant voulenté d'eulx satisfaire a mon povoir de l'onneur et de la courtoisie qu'ilz m'ont faicte, et aussi de parler a eulx de certain cas que je leur vueil descouvrir. (ARRAS, c.1392-1393, 115). ...l'an mil CCC IIIIxx et X, certain arrest fut pronuncé en Parlement par la bouche de feu maistre Symon Fryson (BAYE, I, 1400-1410, 3). Et d'autre part secretement fait querir chevaulx tous blancs, les plus beaux et les plus fringans que on pourroit finer, qui fussent menez et tenus en certain lieu secret. (LA SALE, J.S., 1456, 228). ...il fut condemné en certaine emende. (C.N.N., c.1456-1467, 530). Fist aussi ledict Moïse, comme est recité en la Bible, deux anneaux en certaine constellacion, desquelz l'un valloit à memoire et l'autre à oblivion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 r°). Cestui prenostica sur aucune revolucion de l'an, la destruction de certain temple et des prebtres d'icelui, ce qui advint (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 75 v°). ...tantost après, se apparut le chevalier blanc, armé et monté sur ung cheval blanc et fut en dormant à certain pouvre homme, ouvrier de fer, disant ainsi : "Chan Guys, la volenté du Dieu inmortel est que tu soies doresenavant recteur, gouverneur et maistre des sept nacions de ce païs et que tu les delivres des servitudes où ilz ont si longuement esté et après domineront sur leurs voysins..." (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°).

c)

(À / en) (un) certain jour. "À un jour déterminé, un jour donné, mais qu'on ne précise pas (même s'il est fixé à l'avance)" : Car quant vous prestay mon avoir A certain jour le duy ravoir, Lequel jour est pieça passé. (Mir. march. juif, c.1377, 213). ...ilz se partirent ensamble pour retourner devers le roy ; et arriverent à Saint-Germain en Laye à un certain jour dont il n'est record, auquel lieu le roy estoit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 521). Et tant fist le conseil que les barons du pays furent mandez a un certain jour pour faire hommage a leur jeune seigneur et relever leurs terres et leurs fiefz. (ARRAS, c.1392-1393, 29). Sur laquelle nostre supplicacion et requeste eust esté ordené par mondit seigneur le Roy et son conseil, que son admiral de France et aucuns de sondit conseil se transportaissent en sa cité de Tournay à certain et compétent jour (Ch. VI, D., t.1, 1407, 303). Et sera adjorné à comparoir en personne à certain competant jour en ladicte Court (FAUQ., II, 1421-1430, 113). Advint certain jour après que nostre chevalier fut retourné en Flandres... (C.N.N., c.1456-1467, 344).

-

[Postposé, en liaison avec aucun] : L'ange descend en la fontaine Et, en aucune heure certaine ["déterminée, mais non spécifiée"], Trouble l'eau quant il luy plest (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 117).

2.

[Au plur.] "Tels ... parmi d'autres" : Si comme par l'odeur des oingnemens il se recordent des femmes qui se appareillent en aucuns pays de certains oingnemens. (ORESME, E.A.C., c.1370, 220). ...un an a ou environ, le duc de Lenclastre lui envoya certaines lettres closes en son nom, qui lui furent presentées par messire Richart Credo, chevalier engleiz (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 196). Guyon en [prisonniers sarrasins] donna cent au maistre de Rodes pour raimbre certains crestiens et aucuns des freres de leur religion qui avoient esté prins des Turs en une bataille qu'ilz avoient eue sur la mer contre le grant Carmen (ARRAS, c.1392-1393, 129). ...s'en allerent devestir, et mettre jus leurs habiz de devocion sus certaines matrones affaictées (C.N.N., c.1456-1467, 374). Le marchand de blé faindit retourner de son voyage avecques [son] chariot de blé, pour certaines adventures qu'il doubtoit luy advenir (C.N.N., c.1456-1467, 442).

-

Certains autres / autres certains

B. -

[Avec un subst. utilisable au partitif ou avec un nom de quantité]

1.

[Avec un subst. utilisable au partitif] "Une quantité donnée, mais non spécifiée, de" : ...icellui Rotisseur avoit voulu estre païé d'eulx de certain argent qu'il leur avoit presté (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 262). D. Sillano, Oenoepide furent environ ce temps eslevez pour la science des estoilles, et par les seigneurs de Thebes esleuz avecques autres chevaliers, pour aller devers le roy Epamundian, querir le puisné filz Emuchas en ostage, pour certain argent que son pere avoit emprunté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 51 v°).

-

[Avec un subst. abstr.] : ...vous n'arés de moy jamais certaine aÿe ["quelque aide"] (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 168).

-

(Un) certain temps : Et quiconques l'a usité, Pour son preu ou nécessité De soy saignier aucunes foiz Par certain temps ou certains moiz, Le doit doubler ou itérer, Se la vertu peut tolérer, Et est le conseil de Phisique Minuer lors de l'épatique, Ou d'une autre commune vaine (LA HAYE, P. peste, 1426, 115). Ung certain temps après il luy print volunté d'aller voyager (C.N.N., c.1456-1467, 332). Il se treuve aussi, par astrologie, que certain temps devant la nativité de Nostre dit Saulveur, s'estoit apparue une commecte qui se nomme Rosa (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 73 r°).

.

En certain temps avant que. "Quelque temps avant que" : ...en certain temps avant que la forteresse feust rendue, icellui Cersuelle gesoit en son lit ou chastel de Lusegnen (...). Il vit, ce disoit il, apparoir, presentement et visiblement, devant son lit une serpente (ARRAS, c.1392-1393, 308).

2.

[Avec un nom de quantité]

-

(Un) certain nombre de : ...jusques à ce que on leur eust baillié et delivré certain nombre de prisonniers que on avoit retrait en la bastide Saint-Anthoine (FAUQ., I, 1417-1420, 150).

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(Une) certaine quantité de : Item, toute vertu creee est finie et terminee, et donques ne peust elle pas outre certainne quantité de velocité ou d'isneleté ne de autre chose. (ORESME, C.M., c.1377, 300).

-

(Une) certaine somme de : ...il estoit prisonnier leans pour certaine grant somme d'argent qu'il devoit à un homme, lequel il ne nomma en aucune maniere. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 551).
 

A. -

[Valeur épistémique de certitude]

1.

"De manière certaine, en toute certitude" : ...si tenez certainement Qu'en la fin un tel jour sera Que conme homme et Dieu il venra Les bons et les mauvais jugier (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 267). Saint Pol doncques puisque par sa predicacion il converti de ceste mort a vie de grace et de vertus tant de peuple, et ne cesse encores par ses Escriptures chascun jour les convertir, vous pouez jugiez certainement le miracle qui est en sa personne et de sa personne par la grace de Dieu et singuliere puissance (GERS., P. Paul, a.1394, 496). Et m'est certainement a viz Que de vostre presence lie Vauldra toute la compaignie (Gris., 1395, 23). Tous jours [Griseldis] l'a trouvee [le marquis] sanz blame, Et vertüeuse sanz deffaulte. Si en dessert bien honneur haulte, Et, se Dieu plaist, si avra elle, Car certainement croy que celle Par son bien vendra au dessuz (Gris., 1395, 71). Sire, certainnement nous avons veu les Escos, et la place la ou il sont logiet et aresté ; et a ce que il monstrent, il vous atendent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 139). Car le cuer tout certainement Lui dist que c'est son filz que voit Devant lui (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 293). ...pour ce que hier ly apparu certeinnement que messire Charles de Savoisy, chevalier, ou ses gens et officiers pour lui avoient acheté C libvres parisis de rente rendues à Paris de messire Renier Pot (BAYE, I, 1400-1410, 125). Exemple puiz à ce retraire De chose ronde, ou circulaire, Qui a tant de confusion En sa triple dimension Que nul ne peut certainement Signer fin ne commencement, Ne distinguer la dextre part De la senestre par nul art (LA HAYE, P. peste, 1426, 170). ...il picque et s'en va, sans plus demander de son asne, cuidant certainement par ce [un clistère] le retrouver. (C.N.N., c.1456-1467, 469). ...finablement en fist une autre pour vous [spere], Sire, qui vous costa XIIc escuz, laquelle contient plusieurs utilités et est fabriquée en telle maniere que tous les mouvemens des planetes en toutes heures et en tous temps, jour et nuyt, très certenement se y peust trouver et depuis l'a redigée par escript en tables moult exquises. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 166 r°). Je mercÿe devostement Dieu qui telle grace m'a faicte De sçavoir tout certaynement La verité vraye et parfaicte. (LA VIGNE, S.M., 1496, 531).

-

Savoir certainement. "Avoir la certitude" : ...là s'arresterent, car encoires ne savoient-ilz certainement se le roy de Navaire les lairoit passer. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 117). ...si sachiez certainement Que briefment Dieu nous monsterra (...) ce qu'il voulra Que d'eulx soit fait. (Mir. ste Bauth., c.1376, 151). Et aussi comme l'en ne puet savoir certainement ne evidenment se le nombre de toutes les estoilles est per ou nomper, semblablement touz les honmes mortelz qui furent et qui seront ne pourroient en lumiere naturelle trouver ne savoir de certain se touz les mouvemens du ciel sont conmensurables ou se aucuns d'eulz sont inconmensurables (ORESME, C.M., c.1377, 196). ...[il] afferma par serement que, environ huit jours paravant son emprisonnement fait céens, elle n'avoit eu compaignie d'omme, et savoit bien certainement que elle n'estoit aucunement grosse d'enfant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 298). Saichiez sire, certainement, Que ja nul n'y contredira, Maiz le peuple s'esjoïra A faire tout vostre plaisir. (Gris., 1395, 18). ...et combien que je sçay certainement que ceulx qui sont de present conmis sont assés suffisans (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 25). Sy sceut certainement que il avoit en son ost IIII^m Galz qui avoient ordonné enssemble de eulx en aller devers le consulle de Romme, Octalius, pour ce que de leurs gaiges n'estoient pas bien paiez. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 60). ...vous n'[eussiez] pas tant attendu de bailler confort et garison a moy, vostre obeissant serviteur, qui savez certainement que je vous ay loyaument servie et obeye. (C.N.N., c.1456-1467, 210). Sur quoy le Jouvencel dist à Piètres : "J'ay bien tout advisé et scay certainement qu'il n'y a que des espines ou fossé et ne vous fault que vostre serpe." (BUEIL, I, 1461-1466, 89).

-

[Dans une réponse] "Sans aucun doute, assurément" : "Ariés vous," [se] dist il, "puissance tellement D'amener la pucelle o vous si faittement ?" Et Regnier respondi : "Ouÿl certainement. " (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 112). Olivier, dist le roy, voulez vous vostre pere deffendre de ceste trahison ? Sire, dist Olivier, oïl, certainement. (ARRAS, c.1392-1393, 61). LE PRESTRE. (...) Requiers tu absolution ? RIFFLART. Ouy, sire, certainement. (C. Riffl., c.1480-1520, 60).

-

[Comme adv. de phrase (ce qui est dit est certain)] "Sans aucun doute, assurément, il est certain que" : LE CHEVALIER. (...) Vostre levrier sont de grant pris, Quant ataint l'ont. LE ROY. Certainement, voirement sont (Mir. femme roy Port., c.1342, 171). LA CHAMBERIERE. Dame, ne vous decevez mie ; Mandez la ventriere briefment. Vous traveilliez certainement, Bien dire l'os. (Mir. enf. ress., 1353, 18). Jamais tel pechié ne feroie ; Certainement miex ameroie La mort encorre. (Mir. Theod., 1357, 74). Dame, certainnement Je sui trestout ly menrez de vostre casement (Hugues Capet L., c.1358, 141). Sire chevaliers, sachiez que j'ay grant joye de vostre venue, car certainement vous resemblez assez un mien frere, qui moult fu vistes et appers, qui se party de ce païs il a bien LX. ans (ARRAS, c.1392-1393, 53). ...il feroit tant de maulx que ce ne seroit pas si grant dommage de la mort de telz XXm. que de la perte que on auroit par lui, car certainement il destruiroit tout quanque j'ay ediffié (ARRAS, c.1392-1393, 258). Bien viegne il [l'enfant] ! Dieux en soit loez Et de tout quanqu'il nous envoye. Certainement j'en ay grant joye ! (Gris., 1395, 60). ...l'une est de soy laissier morir de fain a son escient. Et de quelle fain ? De la fain espirituelle qui de tant est plus perilleuse, de combien l'ame vault mieulx que le corps, et la vie pardurable que la temporelle. Certainement la viande de l'ame est la parole de Dieu (GERS., Purif., 1396-1397, 59). Certainement sa charité n'est point oyseuse sur nous (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 34). Aultre petit prologue parlant des VIII tresglorieux grains de semence qui sont de sy tresgrans condicions, que le seigneur ou dame qui ont seignouries a gouverner, se ilz les vuellent ou bon jardin de leur cuer semer, certainement ilz y floriront et porteront fruit (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 4).

2.

"De toute évidence" : ...quelle adventure pouvez vous avoir que si hastivement retournez ? Certainement il y a aucune chose et meschef qui ne vous laisse faire vostre voyage ? (C.N.N., c.1456-1467, 443). ...en ceste hostellerie N'a pas esté certaynement Traictee vostre seigneurie, Se me semble, tant proprement (...) Comme il vous affiert (LA VIGNE, S.M., 1496, 212).

-

Bien semble certainement que. "Il est manifeste que" : Moult est vertüeuse [Griseldis] esprouvee Car bien semble certainement Que eulx deux n'aient seulement En tout que une seule pensee ; Car celle du marquis entee Est du tout ou cuer de la dame. (Gris., 1395, 71).

B. -

[Idée de certitude, d'assurance, de fermeté dans la conduite, dans l'engagement]

1.

"En étant certain de son fait, fermement, sans hésitation" : LE CONTE. Puis que vous loez qu'il soit pris, Il me plaist bien certainement. (Mir. enf. ress., 1353, 15). Car qui y oeuvre le plus certainement et parfaictement, nous dison que il est sage maçon ou sage fevre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 341). En nom Dieu, biau frere, respondi li sires de Biaumont, sus la finance de vous ai je parlé si hardiment ; et aussi certainnement je ai eu si grant pité de la bonne dame et ai encore, que je ne li poroie fallir pour mettre toute ma cavance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 63). Et, toutesfoiz que pestillence Prent sa racine, ou sa naissance, De Divin vouloir seulement, Doit un chascun certainement Son ame et corps du tout commettre Dévotement au Roy Célestre Sans delessier remède querre Par les choses qui sont en terre (LA HAYE, P. peste, 1426, 62). Car combien qu'il [Dieu] sache les choses advenir necessairement en soy comme ellez seront, si lez peult il seigneurissement muer en ellez comme il luy plaist par noz oreisons, par sa misericorde, ou par noz merites. Et certainement sa necessaire science, son infinie puissance, et sa voulenté irrepugnable sont si d'acort que il sçait tout ce qu'il peult, et peult tout ce qu'il veult. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 162).

-

"De manière convaincante, ferme" : Or fut conseilliez (...) que on alast honnourablement devers le roy à Brisco et lui feust remonstré certaument comment ung temps il avoit esté contre la plus saine partie de son pays (...) par quoy son royaulme avoit esté en trop grant branle. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 75).

-

Mettre qqc. certainement à qqn. "Fixer, désigner fermement qqc. à qqn" : Ne say se sont faultes ou failles Des noces du puissant marquis, Car ce propre jour nous a mis Certainement qu'espouser doit, Et si n'est homme qui en soit Percevant en nulle maniere. (Gris., 1395, 32).

2.

"En s'engageant de manière ferme" : Se dient ly pluseur qu'en cel assamblement Ne d'une part ne d'autre n'iront certainement (Hugues Capet L., c.1358, 46). Et certainement promettons Qu'a vraye marquise tendrons Et a nostre dame honnouree Celle que ta bonté loee Pour estre t'espeuse eslira. (Gris., 1395, 18). Dismas [le bon larron], mon amy, vrayement Pour ce que m'as voulu choisir Et me cognoistre clerement, Je te promect certainement Que au jour d'uy seras avec moy En paradis glorieusement [Réf. à Luc 23, 43] (Pass. Auv., 1477, 219).

-

Tout certainement : LE CRESTIEN. Le feray tenir [le bâton creux avec l'or dedans] Au juif. Lors pourray maintenir Et jurer tout certainement Que [je] luy ay entierement Son or rendu. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 125).
 

"Assurer" : ...et soyéz certanee Que desir est comme chose enflambee Dedans mon corps qui languist nuit et jour (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 102). ...ledit Pierre dist à il qui parle et à son compoignon que on leur certainast que ilz mettroient ès puis et ès fontaynes que ilz trouveroient par où ilz passeroient, en leur disant que ce estoient poisons. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 459). Et quant Anchise les eut par tout menez, Et des choses futures certenez... (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 372).

REM. Doc. 1370 et ex. de CHR. PIZ. (ms.) ds GD II, 23b-c.
 

A. -

"Qualité de ce qui est certain"

1.

"Certitude dans l'ordre du savoir ou de la foi"

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[Dans l'ordre du savoir] : ...je racompteray les signes par quoy on peut savoir la certaineté, si comme Avicene les racompte, ou IIIe de son Canon (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 121). Certaineté n'as en science, Tu n'es en force permanens, En seignourie, en eloquence, En richesce : ce n'est que vens Du monde qui est decevens ; Tantost te fait la mort fenir. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 181). ...et moult d'autres sciences qui toutes usent d'aucuns signes estranges, lesquelles toutes excede astronomie en dignité et en certaineté et en toute noblesce par la grant dignité du ciel (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 29). ...comme la memoyre de l'ome soit labile et defaillant et que des choses ne seroit nulle memoyre ne certaineté se ce n'estoyent les escriptures (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 30).

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Dire la certaineté de qqc. "Dire la vérité de qqc." : "Belle suer Raison, tu as esté longuement hors de moy par les portes des V sens corporelz pour enquerir de nostre Dieu et pour scavoir se aucun t'en pourroit dire la certainneté. Que me dis tu ? Quelles nouvelles me rapportes tu ?" (GERS., Trin., 1402, 156).

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Savoir la certaineté de qqc. "Avoir la certitude de qqc." : ...et après eue leur response ou sceue la certaineté de ce que dit, de envoier à Rouen maistre Bertrand Fons (FAUQ., III, 1431-1435, 11). Cestui Ysaac escripvit de la science des estoilles, comme dyent aucuns de Assyrie, qui le alleguent en leurs volumes. Aussi font les Ebrieux, combien que plusieurs ont esté de ce nom et ne scet on pas la certeneté duquel, synon que les Hebreux dient que ce fut cestui. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 r°).

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[Avec une interr. indir.] : ...mais encore n'en y a point de certaineté où il est. (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 175).

-

[Dans l'ordre de la foi] "Certitude révélée" : Mais ycy on me puet faire aucunes questions. La premiere : Puet on congnoistre la venue ou la presence du Saint Esperit ? Je repon que non, sans especiale revelacion et par certaineté : Nemo scit an amore etc. (GERS., Pent., p.1389, 82). Qui te peult doncquez en terre remouvoir de ta fiance, quant ton espoir est fondé es cieulx, ou pour quoy te deffiez tu de celuy en qui demeure eternellement invariable seurté, et certaineté estable. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 93). Je dy moy que priere on face Au grant dieu, pour que de sa grace Il nous veuille certaineté Donner cy. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 412).

2.

"Certitude relative aux faits, à ce qui est, qualité de ce qui est réel, réalité (de qqc.)" : ...nous avons mandé a nostre seneschal de Tholouse qu'il se enforme et sache tost et diligenment de la certaineté du fait et de la cause de ceste besoigne (Doc. 1331. In : J. Miret Y Sans, Le Moy. Âge 29, 1917-1918, 57). ...les signes par quoy on peut savoir la certaineté de la grossece (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 240). ...commismes auttreffoys de nos gens d'une et autre partye à en faire enqueste et information et pour scavoir la certaineté d'un chacun d'entre nous à icelle faite (Cartul. Laval B., t.2, 1401, 370). Tu ressembles le fol dont la truffe parle, qui en dormant au moulin, fu revestu de la robe d'une femme, et au resveiller, pour ce que ceulx qui le mouquoyent luy tesmoingnoyent que femme estoit, crut myeulx leurs faulx diz que la certainete de son estre. (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 622-623). Et moy, Guillaume Tringant, dit Messire Odes, nourry en la compagnie des troys dessus nommez, [qui] ay oy debatre à eulx-mesmes et autres la certainetté et verité des faictz [accomplis par le Jouvencel], ay volu escripre et declarer à mon povoir les chouses ainsi que je les ay peu entendre et comprendre. (TRING., c.1477-1483, 267).

3.

"Exactitude de qqc." : C'est assavoir grossement, senz grant subtilité et figuralment, senz demonstracion et senz parfaicte certaineté. (ORESME, E.A.C., c.1370, 107). ...et refusans de monstrer l'estat et certainneté des revenues de ladicte eglise aux autres chanonnes d'icelle... (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1400, 424).

4.

"Assurance, certitude relative à l'avenir, à ce qui sera, ou relative à ce qui est soumis à l'interprétation, aux hypothèses" : ...si comme en art de gouverner une naif ou tout une navie, il convient plus conseillier que en art de luitier, de tant comme il a moins de certaineté et plus de doubte en art de gouverner une naif que en l'autre. (ORESME, E.A., c.1370, 190). Et pour ce que en battaille n'a nulle certainetté, fors esperance de victoire, a voullu droit et ordonné par decret que le roy soit a cheval, affin que se la journee lui estoit contraire et ses gens desconffiz, qu'il se puisse mieulz sauver (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 237). Desquelles interpretacions il eust certainetté de deux choses : l'une, de la conjuncion de Dieu ; et l'aultre, de la gouvernacion du regne (LA SALE, Sale D., 1451, 25).

-

La certaineté d'esperer. "La certitude de ce qu'on espère" : Dame Foy aprez cez parolles garda silence et donna lieu de parler a Esperance sa seur, comme a celle qui adresse l'esperit a entendre par desireuse confiance ce que nous devons premier entendre par entiere foy. Car la creanse va devant l'espoir, et la certaineté d'esperer est fondee en la fermeté de bien croire. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 86).

5.

P. méton. "Ce qui est certain, ce qui est vrai ; information ou connaissance certaine" : Et quant je seray montee en gloire en la presence de Dieu - ce sera a son bon plaisir, je en ai vraye certaineté - certes ! lors il me souvendra de toy, mon enfant, et de vous autres, mes amis, qui aurez plouré et prié pour avencer mon sauvement. (GERS., Déf., 1400, 229). ...nous vous prions que (...) de voz nouvelles de par deça nous vueilliez par tous venans par deça souvent faire savoir la certainneté, car nous y prendrons tres grant plaisir a les savoir bonnes. (Doc. 1406. In : J. Vielliard et R. Avezou, Bibl. Éc. Chartes 97, 1936, 334). À Anthoine de Villers, la somme de trente frans, qui deue lui estoit pour XII jours entiers (...) qu'il a vacquez à estre alé, par le commandement et ordonnance de mondit seigneur, des sa maison de Boncourt audit lieu de Geneves, pour savoir, veoir et visiter lesdiz chevaulx, pour en escrire la certaineté à mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 785). Sire Lyon, encore vous en diray autre certaineté. (Livre bêtes L., c.1450-1500, 153). ...le roy sachant ceste convention estre à Calais, dont la peur lui gisoit en coeur et ne savoit quel chose on y brassoit (...), et de fait pour en apprendre aucunes certainetés envoia gens par mer et par terre en Flandre et en Angleterre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 428). Avez-vous aucune certaineté du cas...? (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 253).

B. -

"Sécurité, sûreté"

-

Lieu de certaineté. "Lieu où l'on est sûr, en sécurité" : La esprouvoit il son barnage Et s'en ala sans nul sejour, Tant qu'il vint a un certein jour En un lieu de certeinneté Ou il avoit son cuer geté, Pour un fort chastel assegier. (MACH., D. Aler., a.1349, 313).
 

I. -

[Adv. de phrase] Certe(s)

A. -

"Assurément"

1.

[Portant sur une assertion] "Assurément, certainement, en vérité"

-

[positive] : LA DAME. (...) prïez pour moy Que Dieu me soit si vray affin Que m'ame prengne a bonne fin, Car certes, j'en ay bien mestier. (Mir. enf. ress., 1353, 68). Je te pri trop, n'en fai que rire, S'on te fait grief peinne ou desroy, Mais aies toudis cuer de roy, Et certes, tu les veinqueras, Toutes les fois qu'einsi feras. (MACH., C. ami, 1357, 62). Je le voy et le sçay de fait Qu'en rien de moy ne li souvient, Quant pour li morir me couvient. Et si n'est pité qui l'en prengne Ne confort qui de li me veingne. Car certes, s'elle le sceüst, Aucune pité en eüst. (MACH., F. am., c.1361, 196). ...ledit hermite lui respondi : Certes, amis, c'est pour les grans domaiges que le roy de France a fais et fait faire en Flandres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 472). Certes, tuit cilz qui orront parler de ceste mes prison, me jugeront, et auront droit, a mourir de honteuse mort et en grief martire, car plus fausse ne plus mauvaise trahison ne fist oncques pechierre. (ARRAS, c.1392-1393, 22). "Cambeli (...) si le faites, par un clerc qui s'i congnoise, groser sus la fourme et ordenance que on a en France [le sauf conduit] ; et le faites faire si bien, se li dus le vous voelt acorder, que il me puist partout sus mon cemin valoir." - "Certes, sire, respondi li chevaliers, je en ferai en toutes manieres bien mon acquit." (FROISS., Chron. D., p.1400, 753). Certes a bon droit peult estre appellé beste, qui se glorifie de resembler aux bestes en non sçavoir, et se donne louenge de son default. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 71). Certes leur puissance[des Anglais] est grande [et] est bien a doubter, car supposé que on voulsist dire que vous avez plus de gens que vosdis ennemis, toutevoye je ne sçay se avez autant de bons combatans. (JUV. URS., Loquar, 1440, 402). Certes, m'amye, j'apperçoy bien que vous estes malade et en grand peril. (C.N.N., c.1456-1467, 38). S'ilz les veullent attendre dedans leur logeiz à pié (...) ilz scevent les rues et les advenues par où ilz pevent venir, par où ilz les pevent assaillir par devant, par derrière, sur les costez. Et certes ceulx qui attendent leurs ennemiz de pié coy ont moult grant avantaige et en toutes façons. (BUEIL, II, 1461-1466, 243). Il [Jésus] nous a elict entre tous, Dont fort luy sommes obligés. Du monde, certes, je suis soulz, Car tous maulx y sont allougez. Nous sommes tresbien aubergés Avec Jhesus, qui fort me plaist (Pass. Auv., 1477, 120). ...Qui fut certes moult belle chose a voir. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 238).

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Bien certes : [Griseldis] Desvestir vous fault et parer De ceste escarlate vermeille, Car vostre beauté nonpareille Serra mieux en ce noble habit Qu'elle ne feroit en petit ; Et bien certes vous appartient, Car ceste honneur ne vous avient Fors pour le bien qui est en vous. (Gris., 1395, 39).

-

[négative] : La victoire qu'avons eue N'est pas, certes, de nous venue, Mais de Dieu (Mir. roy Thierry, c.1374, 326). Si ne vueilliez plus perdre voz paroles, car certes, ma damoiselle, il ne s'en puet faire autre chose. (ARRAS, c.1392-1393, 167).

-

[Renforçant un ordre] : ...il nous dira des nouvelles d'Irlande et du duc son maistre. Certes, vas le querir, et soiez si fort que tu n'y failliez. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 55).

2.

[Comme réponse dans un dialogue]

-

Certes oui : Si que je croy Qu'a bonne Amour, a Fortune, n'a soy Riens demander de mes dolours ne doy. Et en puis je riens demander a moy ? Certes oïl ! (MACH., J. R. Beh., c.1340, 88). LE PATRIARCHE. (...) Vous souffist il ? GUILLAUME. Biau doulx pére, certes oil. (Mir. st Guill., c.1347, 35). Or regardez et ymaginez en vous meismes se j'ay eu bien cause de dire et traittier que le royaulme d'Angleterre en celle saison fut en grant peril et aventure que de estre tous perdus sans recouvrier. Certes oyl pour les raisons que vous oez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 50). Le desir qu'ay de vous veoir double y, Amis, comment que m'aiés en oubli. Certes oïl, qu'onques ne vous oubli ; Dont vraie amour en moy s'avive et double. (MACH., L. dames, 1377, 202). Dont n'est ce droite rage ? Certes, oïl (MACH., Motés, 1377, 491).

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Certes voire : Donques la glorieuse vierge trouva bien grace a Dieu ? Certes voire. (Mir. nonne, 1345, 315).

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Certes non/nenni : Et se j'avoie L'amour de li mieus que je ne soloie, Ne say je pas, se je m'i fieroie. Certes, nennil ! Pourquoy ? Je n'oseroie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 95). PREMIER CHEVALIER. (...) Dites le nous en audience : Espurgiez vous. LA MARQUISE. Certes, nanil, mon ami doulx, Ainçois vous di (...) Qu'a honte sui (...) A tort menée. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 162). Se je vous aim de fin loyal corage Et ay amé et ameray toudis, Et vous avés pris autre en mariage, Doy je pour ce de vous estre ensus mis, Et de tous poins en oubli ? Certes, nennil ; car puis que j'ay en mi Cuer si loyal qu'il ne saroit meffaire, Vous ne devés vo cuer de moy retraire. (MACH., L. dames, 1377, 208). Perdist il pour ce son esperance ne l'eritage de son royaulme ? Certes non. Car depuis fut il victorien en bataillez et porta paisiblement le ceptre royal par toute Escosse. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 143). Resident ilz [certains prélats] en leurs esglises ? Certes nennil, mais ilz se tendront a la court du roy (JUV. URS., Nescio, 1445, 509). ...[le meunier] osa bien [demander] a madame s'elle le tenoit pour larron. A quoy elle respondit doulcement : "Certes, musnier, nenny..." (C.N.N., c.1456-1467, 44). Je voy ung homme d'armes devant moy, qui est mon ennemy ; me dois-je enquerir qui il est ? Certes, nennyl. Les armes ennoblissent l'omme quel qu'il soit. Et moy, qui suis homme d'armes et porte armes, je dois courrir sus à tous ceux qui portent armes, s'ilz sont mes ennemiz, soit en champ de bataille ou en lisse close. (BUEIL, II, 1461-1466, 81).

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Certes que non : Et dont vient la loenge que l'en donna au roy David, au roy Salomon, aux empereurs Justinien et Julles Cezar ? Par leur puissance d'or ? Certes que non, ains par leur science et par leur sagesse (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 4).

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Certes non a/non fait : Si m'ara tost mis en oubli La tres bele qu'onques n'oubli. En oubli ! Dieus ! li souvient il Que je l'aim plus qu'autre cent mil ? - Je croy qu'oïl ! - Certes, non fait. Je le voy et le sçay de fait Qu'en rien de moy ne li souvient, Quant pour li morir me couvient. (MACH., F. am., c.1361, 195). Pour ce, meffait De moy einsi deffaire, Qui son bon faire Vueil de cuer et de fait - Certes, non fait, Qu'elle ne scet meffaire. (MACH., Les lays, 1377, 324). "...je ne doubte point que vous ne leur ayez aucune chose meffait. - Non ay, certes, que je sache..." (C.N.N., c.1456-1467, 188).

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Certes. "Effectivement" : LE CHEVALIER. (...) Je n'en say nul si bon eslire Comme seroit le maire, sire, De Tortevoye. L'ADVOCAT. Certes, dire aussi le vouloie. Il est subtilz (Mir. enf. ress., 1353, 14). LE MARCHANT. Ai je chapel ? LE LARRON. Oil, par foy. Taste en ta teste. LE MARCHANT. Certes, c'est voir, gent et honneste. (Mir. march. larr., c.1349, 107).

B. -

[Avec valeur concessive]

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"Je le concède" : Or as satisfation de ton doubte, et plaindras desormaiz mains l'oprobre et la vexation du clergié, se tu poises bien que la dignité de l'estat fait la crainte de l'offence. Car a ce mesmes propos, je dy au contraire de la crainte que Dieu a defendu de toucher a ses ministres : certez, qui abuse de son previliege, il le pert, et qui se transporte en aucune apostasie ou irregularité, il est de ministration ecclesiastique et de tout son previliege privé. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 59).

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"Pourtant" : L'ABBESSE. (...) Car long temps a que n'oy repos Pour penser conment mon propos Je te diroie. LE CLERC. Certes, ma dame, si j'osoye, Responce ariez sanz respit (Mir. abbeesse, 1340, 70). ...pensez vous que je n'aye point esté amoureux ? Certes je sçay bien que c'est, car j'ay passé par la, comme vous. (C.N.N., c.1456-1467, 176).

-

Non pas certes. "Pas même" : Car Jason ne fist onques chose, Ny Hercules, ne roy Artus, Non pas certes le dieu Bacus Qui fist mainte fiere merveille, Que je voulsisse la pareille Faire pour laissier mes brebiz (Gris., 1395, 47).

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Certes...et toutefois : Je considere certes que depuis l'ancommancement de nostre sermonlt maintes choses a proposés que estient veux adversaires a bonne dillection ; et toutevoiz par elle n'est point reprovee mais plus aprovee la vertu de dilleccion. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 289).

II. -

Loc. adv. À certes/acertes/pour certes

A. -

"Véritablement, vraiment, pleinement" : Pur quoi, très cher cousin, je vous prie et acertes come plus puis (...) que hastivement, ces lettres veues, vous bous voillez traire ès ditz lieux de Guynes ou de Calais (Doc. 1354-1355. In : R. Delachenal, Bibl. Éc. Chartes 61, 1900, 273). Vous racontez Les haulx plaisirs, la joye et les bontez Ou jeune cuer est par Amours montez, Mais les douleurs ne les maulx ne comptez Dont tant y a Que oncq homme qui en amours se lÿa, Et qui souffert a certes les y a, En sa vie puis ne les oublÿa (CHART., D. Fort., 1412-1413, 179). Belle cousine, nous ne refuserons pas ce bel present et vous en mercions tres à certes (Cleriadus Z., c.1440-1444, 502). ...pouvre glorïeux couart, Il est bien glorïeux a certes, Il semble ung droit varlet de cartes. (P. Jouh. D.R., a.1488, 17). Pour en parler plainement et a certes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 164). Helas ! tu l'es allé tuer, Tu l'as mys a mort sans desserte, Pourtant qu'il te tenoit a serte Soubz luy en te faisant honneur. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 195).

-

[Comme adv. de phrase] : Adecertes, Qui la doulceur ne congnoistra Des choses qui sont ne pourra La verité (...) apprendre (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 254). Ne pourent onc déterminer, Sentir bien ne ymaginer Du tout causes qui soient clères De telz effectz et telz matières, Desquelz aucuns sont par Nature, Et autres sourdent d'aventure Et appièrent mainte saison, Dont accertes bonne raison Ne peut proprement estre dicte (LA HAYE, P. peste, 1426, 18).

-

[Dans une interrogative] : Maistresse, congnoissez vous point A certes, ne savez de fait Aux signes que ma fille fait Qu'elle veult dire ? (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 59).

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Tout à certes : Et la sont chevaliers qui painnent Des dames fort esbanoiier, De jouster et de tournoiier Sur les camps, saciés tout a certes, A qui que en soient les pertes. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 256). Sarrazin, je voy tout asert Que trocymant estes appert Et hardy et saige parlier (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 18). Li rois, nostres sires, est enfourmés moult avant et tout acertes de mesire Robert d'Artois, qui pour le present se tient et demeure dalés le roi en Engleterre, que de la couronne de France et de l'iretage, il deveroit estre escauciers, qui droit et raison li feroit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 247).

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Très à certes : Prenons plaisir en Dieu et tres a certes Esjouyssons (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 89).

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À de certes : Adecertes [l. À de certes], Qui la doulceur ne congnoistra Des choses qui sont ne pourra La verité (...) apprendre (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 254).

B. -

"Fermement, fortement"

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[Avec un verbe marquant l'ordre ou la requête] "Instamment" : Mon doulz cuer et ma tresdouce amour, je vous pri si acertes comme je puis, pour garder le bien et la paix de vous et de moi, car toute yre et tous courrous, tous escrips et toutes paroles qui ont esté dittes et escriptes entre vous et moi, dont nos cuers peulent estre et ont été coureciés, soient toutes mises en oubli... (MACH., Voir, 1364, 738). Quant il ot dit sa volenté Et chascuns l'ot bien escouté, Li sains peres au roy pria Moult à certes et dit li a Qu'il li vueille tout pardonner De cuer, et sa grace donner, Car il voit bien qu'il s'en repent (MACH., P. Alex., p.1369, 244). Si estïons d'accort chascun, Et tres a certes vous prïons Tant chierement com nous povons (Gris., 1395, 10). Vous priiés si acertes que je ne vous ose escondire le don que vous me demandés (FROISS., Chron. D., p.1400, 848). ...par la requeste et à la faveur du Roy de France, qui bien acertes en requist à la duchesse de Bourgoingne, (...) vindrent et se conclurrent de faire traictié final et amiable l'ung aveuc l'autre, par le moien duquel ladicte duchesse accorda et promist de le faire ratiffier à son dit seigneur et mary (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1461-14, 47). ...eulx requerant bien acertes de avoir leurs secours (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1461-14, 102).

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Bien à certes : ...chargeant a chacun par expres et bien acertes qu'il ne faille pas a son heure assignée. [Une femme donne deux rendez-vous successifs à ses deux amants] (C.N.N., c.1456-1467, 241).

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Très à certes : ...nous vous prions et tres acertes requerons que vous lisiez ou faictes lire et publier une ou pluseurs foiz ces presentes en la Chambre dudit Parlement (BAYE, I, 1400-1410, 36). ...je lui priay et requis tres adcertes qu'il me donnast congié de venir en cestuy païs (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 671).

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Dire à certes que. "Dire avec force que" : Et certes Tenez que je di tout acertes Que ami ja clamé ne m'eüst, S'Amours ad ce ne la meüst. (MACH., Voir, 1364, 60). Mon seigneur, autresfoiz t'ay dit Et encores a certes dy Que nulle chose, quant a my, Je ne vueil ne je ne desvueil, Fors que ton plaisir et ton vueil. (Gris., 1395, 63).

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[Avec un verbe impliquant la force ou la violence] : Or se garde ses anemis, Car il vorra jouster acertes, A qui que en soient les pertes. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 55). ...sy luy fu rendu chaudement du conte d'Artois qui le fery de l'espee sy adcertes que mort l'eust jetté a terre sans remedre quant il se couvry de son escu et bon besoing lui fu, pour ce qu'il le coppa en deux partiez. (Comte Artois S., c.1453-1467, 6).

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Si à certes...que. "Si fortement...que" : Et en est son pere le roy Acrisius si adcertes feru de jallousie que s'il vous sçavoit a nous arresté, il vous envoyeroit destruire. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 191).

C. -

"Sérieusement, pour de bon"

1.

"Sérieusement" : LE VALLET. Est ce ore, a certes, par ta foy ? (Mir. enf. ress., 1353, 19). Nous ouons bien ce que tu diz ; Je ne scé se le diz a certes Ou pour auoir plus grans dessertes De nostre mére. (Mir. ste Bauth., c.1376, 123). Mesires Joffrois afremoit les coses si acertes que il en fu creus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 862). Ne pourent onc déterminer, Sentir bien ne ymaginer Du tout causes qui soient clères De telz effectz et telz matières, Desquelz aucuns sont par Nature, Et autres sourdent d'aventure Et appièrent mainte saison, Dont accertes bonne raison Ne peut proprement estre dicte (LA HAYE, P. peste, 1426, 18). A, ribault, l'as tu dit a certe ? (Pac. Job M., c.1448-1478, 190). ...et ne faisoit riens a certes ou par gieu que le phisicien de sa voix ne feust present (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 118). Et quant ceulx veirent que c'estoit a certes et que deffendre kes convenoit ou morir... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 628).

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[P. oppos. à jeu] : Le premier membre dit que vous soiez obeissant : qui est entendu a lui [à votre mari] et a ses commandemens quelz qu'ilz soient, supposé que les commandemens soient faiz a certes ou par jeu (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 70). Je suis ung gent archier courtois et actrayant Qui ay nom Regart, avecques Beau Semblant, Servans a tirer trait partant de rïans yeulx. Se garde qui vouldra, soit a certes ou jeulx, Car aucun a mercy de par moy on n'y prent, Ne pouvre ne riche, jeunes aussi ne vieulx (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 175).

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[P. oppos. à gab, gap, gaber] : ...ou soit a certes ou a gas, Faire t'estuet ce qu'il feront. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 205). Jamais a certes ne a gas N'iert li delis au vrai retrés. (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 123). Mais ne cudoie pais, doulce dame de pris, Que desissiez a certe ne cez fait ne ces dis ; Car de vous cudoie estre gabés et eschernis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 77). Car quant un chevalier requeroit a une dame aucune chose qu'elle ne voulsist pas ottroier, fust a gas ou a certes, elle respondoit en disant : "Sire chevalier, depourtés vous de celle requeste qu'on ne vous apprende a filler !" (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 385). Briefment, ceste partie [de la mutation de l'air] est la plus naturelle et la plus vraie de toutes les autres se elle estoit bien sceue, qui bien a certes s'y vouldroit appliquer, pour ce que les impressions dessus dictes ne sont de riens subgettes a nostre liberté ne a la voulenté franche (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 25).

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Bien à certes : Briefment, ceste partie [de la mutation de l'air] est la plus naturelle et la plus vraie de toutes les autres se elle estoit bien sceue, qui bien a certes s'y vouldroit appliquer, pour ce que les impressions dessus dictes ne sont de riens subgettes a nostre liberté ne a la voulenté franche (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 25).

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Tout à certes : Quant li rois le veï, qui estoit en sa merancolie et irour par l'informacion dessus dite, si li dist tout à certes : "Oncles, oncles de Lancastre, vous ne venrés pas encores à vostre entente." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 273). Lors tout-à-certes lui chut la tristeur en son âme et lui fit serrer le coeur et estraindre, et les veines remplir de mérancolie (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 273).

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Pour certes. "Sérieusement" : Aussi l'ame a sa vie, car Dieu est la vie de l'ame, la quele sentence un des docteurs du temps present moult griefment et vraiement pour certes, combien que ce soit par legiereté de vers et de metres, a assemblee en disant... (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 206).

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[Empl. subst.]

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À bonne certes : Or nous dix donc, a bonne certes, Comment as recovré la veue, Et comment la chose est venue ; Croire ne le puis nullement. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 128).

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À droites certes : Autry s'en deult et vous vous en rïez. Mais puet estre que oncq n'y fustes lïez A droittes certes, Si n'en plaigniez les douleurs ne les pertes Ne les ennuis qu'on y a sans desertes, Et bien pouez par parolles appertes En dire assez (CHART., D. Fort., 1412-1413, 179).

2.

"Pour de bon" : Et enmenerent, avoecques la proie, biaucop de prisonniers, qui depuis il rançonnerent bien et acertes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 347). Ilz avront tresmale semainne, Celle quocardaille de Parthe ! Ilz seront galez, tout acerte, Sy bien qu'i n'y avra que dire, Puisque l'empereur nostre sire Leur court sus par tresgrant fureur. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 55). ...quand elle vit que c'estoit, acertes se despoillerent et entrerent tous deux ou lit, car ilz firent armes en sacrifiant au dieu d'Amours (C.N.N., c.1456-1467, 391).

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C'est à certes. "C'est tout à fait sérieux" : ...je cuidai, se Dieus m'onneure, Que li cuers me deüst partir. Car je vi de moy departir Ses trés dous yeus, et autre part Traire et lancier leur dous espart ; Et ne sceus se ce fu a certes ; Mais j'en fui près de morir, certes (MACH., R. Fort., c.1341, 152). Dedens mon cuer ne demouroit Pour la doubte qui l'acouroit. Lors fu en grant merencolie Comme cils qui pense et colie, Contrepense, estudie et muse, S'a certes estoit, ou par ruse, Ou se ses cuers einsi plaier Me voloit, pour moy essaier. (MACH., R. Fort., c.1341, 153). Quant les Compagnes veirent que c'estoit à certes et que combattre les couvenoit ou morir à honte, si descendirent tantost jus de leurs chevaus. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 224). Et ce que vous di c'est acertes. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 274). Or regardez, beau pere, dist lors la bonne femme, vous voiez bien que c'est a certes quand de rechef a moy s'est apparu l'angel. (C.N.N., c.1456-1467, 102).

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C'est tout à certes : ...car c'est tout acertes que il se deslogent pour celle saison. (FROISS., Chron. D., p.1400, 750).
 

"Certitude"

Rem. Cf.  ; AND : certé/certeté.
 

"Convaincu" : ...quant elle s'en aloit par la ville, tous clers et lais selon leur puissance faisoient du bien, l'un plus l'autre (,) moins [,] à elle et à ses trois enfans. Car ilz estoient bien decertenez de sa bonne vie et conversion. (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 142). [L'Éd. se demande s'il ne faut pas lire adcertenez ; mais decertenez est bien formé, moyennant le préfixe intensif de-]
 

Empl. pronom. "S'assurer, se renseigner" : ...nous vous mandons que vous vous encertainez quelx gaiges les receveurs precedanz en yceulx offices souloient avoir et prandre (Actes Jean V Bret. B., t.1, 1404, 9).
 

"Sûr de soi, outrecuidant" : ...et par tel douloureux moyen et attrayant affaire prenoit Rigueur saisine occulte entierement de mon povoir sans nul advis qui de moy vint, ains encores de plus en plus voulant par ung desir soubdain tout de rechief lors parvenir, ce me sembloit, aux presumptueux, incertainés et mal leur effect sortissans de ma premiere adolescence, faisant en Espaigne chasteaulx, comme celluy qui plus pense que executer ne peult... (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 123).
 

"Peu sûr" : [Contre la Flandre] Orgueilleuse, desloial, tricheresse, Souveraine, traitre, despitable, Dolereuse, fausse et deceveresse, Maucertaine, haye, reprouchable... (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 95).