Empl. trans. "Imprégner, humecter" : Imbuo (...) : enboir, emmoillier (Aalma R., c.1380, 195). Imbuo (...) : emboyre, emmoiller (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 93).
 

"Fait de mouiller, d'imbiber de, effusion de sang" : Item nulz ne doit amende sans clameur, se il n'est pris par justice en present forfait de sang ou de grief bature sanz enmoilure (Titres Bourbon L., t.2, 1385, 18).
 

Empl. trans. "Tremper, mouiller"

REM. Gloss., Paris B. N. lat. 17881, c.1400 (imbuo : ens moiller, ensboire) ds GD III, 238a.

V. aussi emmouiller
 

"Mouillé"

Rem. Cf.  ; AND : moil.
 

I. -

Empl. trans.

A. -

"Imbiber, imprégner d'eau, rendre humide, mouiller" : ...la mer ou nulz n'abite Passérent sanz estre moillez, Et l'ost d'Egipte y fu noiez (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 228). Lors Morpheüs Prist la fourme que Ceïs avoit nus Et moult forment fu mouilliez et emplus ; Plus tors avoit les cheveus et locus C'une cordelle. (MACH., F. am., c.1361, 166). La mouille ses mains et ses piez Et la est tout rasaziez. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 220). ...il print, en la ville de Saint-Denis en France, ou clos à l'abé, neuf aulnes de napes ou environ, que l'en avoit mises secher en ycellui cloz, et lesquelles l'en moilloit pour blanchir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 67). Et moy, lasse ! qui de rousee Doy doulcement estre mouilliee, De leur sanc me voy arrousee Et de leurs entrailles souilliee Par les guerres dures, mortelles Qu'ades s'entrefont sanz cesser (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 114). [Jésus :] Celluy quil je donray le pain Que moilleray est mon contraire. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 170). [L'air apparaît souvent] Caligineux, obscur et trouble, Pour la vapeur espesse et double Qui est en lui multipliée, Dont sa nature est variée Et fait semblant de faire pluye Sans riens mouillier ne plouver mie (LA HAYE, P. peste, 1426, 53). Il doubte que le temps soit moyste ; Il a peur de mouiller sa patte. (Roy sotz, c.1450-1500, 221). Noz cervelieres, capelines Sont desja toutes enroillees Et noz curaces popelines Trouverons toutes barboillees ; Pas n'est d'avoir esté moillees, Car il y a plus de sept ans Qu'elles ne furent desroillees Ne que ne virent l'air du temps. (LA VIGNE, S.M., 1496, 181).

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Mouiller de (d'un liquide) : Vezci le sanc Dont encore est taint et soullié, Dont encore est tout chaut moullié. (Mir. emp. Julien, 1351, 211). ...le roy par grant deuocion moulle ses dois de lorme [l. lorine], que ilz appellent ghaul, et moulle son front et sa poitrine auecques grant reuerence, par entencion quil soit remplis des uertus dessus dites que le buef a en ly (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 326). C'est fait ; ja en ferons moullier De vin noz pances. (Mir. st Panth., 1364, 350). Je voy la Clotilde soy mettre En tele lamentacion (...) Que de lermes mouille sa face. (Mir. Clov., c.1381, 255).

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Mouiller l'oeil/le vis. "Pleurer" : Dous amis, tant fort me dueil ; Tant te plaint, Tant te complaint Le cuer de moy, Tant ay grief que, par ma foy, Tout mal recueil ; Dont mi oueil Que souvent mueil, Et cuer estreint, Viaire pali et taint, Garni d'effroy Et d'anoy, Sans esbanoy (MACH., L. plour, 1349, 288). Se Desirs par sa pointure Me tient en ardure Long de vous, dont mon vis mueil Sous celée couverture, Dame, c'est droiture, Si que pas ne m'en merveil. (MACH., L. dames, 1377, 186).

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Empl. pronom. : La n'est il biens que je recueille ; La mon vis de larmes se mueille ; La n'est il riens qui me conseille, Ne qui me doint Confort dou mal qui me traveille ; La sens je doleur nom pareille (MACH., R. Fort., c.1341, 50). Et s'il est que desconfis soies Et que tes gens mors et pris voies, Ja soit ce que li cuers t'en dueille, Garde que ton oueil ne s'en mueille, Car c'est maniere de commere Qui doit plourer l'ame sa mere. (MACH., C. ami, 1357, 113).

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Part. passé en empl. adj. "Imprégné d'eau, humide, mouillé" : Et pour c'est la terre si cointe, Si belle, si gente et si jointe, Qu'elle a sa robe despouillie, De l'iver crotée et mouillie (MACH., R. Fort., c.1341, 80). ...on alla en se maison. Si trouva on le pourre de salpètre toute moullie (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 140). ...et en passant par-dessus le pont d'Enthoigny, icelle toile chey en la riviere soubz ledit pont, laquele il recueilly, et icelle apporta toute moillée à Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 77). ...le sacrilege commis en prenant ladite choffrete ou lavoir en ladite eglise de Saint-Eustace, ce que freschement il fu par yceulz tesmoins poursuiz et trouverent sa robe moilliée (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 467). Ilz l'enfermerent [Eudes], et l'estoufferent de fumee de foing moillié, et puis le mirent en une biere. (ARRAS, c.1392-1393, 261). Alors il commanda a ses gens qu'ilz couvreissent leurs visaiges de leurs escus et leurs jambes de leurs draps bien mouilliez, puis passerent par la flambe, sans avoir mal ou bien pou. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 51). Je ne vis onc plus fort süer. Regardés, il est tout moulhé ! Ce cheainche 'n est tout soulhé. (Pass. Auv., 1477, 193).

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Mouillé de sueur : Il ne fisent tout le chemin que reslaissier, et (...) leur coursier estoient tout mouilliet de sueur. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 205). ...euls meismes n'eurent (...) aultre pitance que le seul pain que il avoient toursé derriere euls ou bouté en lor sain, liquels pains estoit tous soulliés et moulliés de la sueur des chevaus ou de lor suour meismes (FROISS., Chron. D., p.1400, 133).

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"Submergé d'eau" : ...chevaliers et esquiers françois, qui veoient les Englois venir, se vorrent aussi avanchier et se bouterent contre euls en la riviere. Et i ot (...) abatus et bien moulliés et noiiés, qui ne les euist rescous. (FROISS., Chron. D., p.1400, 711).

B. -

En partic. DRAP. "Soumettre un drap à l'action de l'eau avant l'effet du tondage, afin de prévenir un rétrécissement ultérieur" : ...13 aunes d'un autre royé de Gant, à moiller et tondre, délivré par ledit mandement, pour faire deux paire de robes à Geufroy Quedet, vallet de garde-robe dudit conte, et à Guillaume Richart, de fourrière (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 154). Jehan de Beauvez, tondeur, pour tondre, mouiller et retondre les diz bureaux (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 98). ...que tout ouvrage tant de chausses que d'escafignons ou chaussons, qui sera trouvé fait de drap qui ne seroit moillé et retraict, sera prins et bruslé et celuy [qui aura fait] ledit ouvrage sera amandable de vingt solz (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 357).

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Part. passé en empl. adj. [D'un drap] "Soumis à l'action de l'eau" : ...10 aunes et demie d'un blanc lonc, de Broixelles, moillié et tondu, à faire pour le Roy 2 cotes sengles et un seurcot (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 84). ...que nuls tonderez ne raparillieres de draps ne aultres qui se mellece de draps retondre ou rapariller, (...) retonde ne rapareillece draps enthirs ne piece aucune, quelez qu'ellez soient, soit pour detailleurs, par cauceteres ou pour autres personnes, quelles qu'elles soient, que primes et avant toute oeuvre, il n'aient les dis draps ou pieces moullies et retraités bien et souffisamment (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1384, 27). ...naguaires il a vendu à ladite Ameline IX aulnes de touailles toutes neuves mouilliées, par lui prinses et emblées à Saint-Denis en France, la somme de XIIIJ s. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 158). ...la valeur dudit drap, dont chascune aulne, en l'estat qu'il est, vault XX s. t. ou mieulx, que icelli drap estoit et est tout frès mouillié, et qui nouvellement et nagueires a esté mis hors des lices, si comme par l'inspeccion d'icellui puet apparoir (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 113). Jehannin de Pois, prisonnier detenu oudit Chastellet, pour souspeçon d'avoir mal prins et emblé un certain drap escru, mouillié, et à tondre et retraire (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 172).

C. -

Au fig. "Baigner" : Premierement monsieur de La Trimoille Qui en triumphe de hault bruit son nom moille Par excellence entre tous les humains Fut envoyé vers le roy des Rommains. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 149).

II. -

Empl. intrans. Mouiller en. "Baigner dans" : Et s'elle ne moulle toute en saulse, il n'y a pas peril, maiz que le pot soit bien couvert (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 236).
 

DRAP. "[Étoffe grossière]" : Une pièce de gros gris de moulleron brun, tenant 7 aulnes et demie, prisé l'aulne 12 s., 6 d. (...). Une pièce de gros pers en serpillière de Rouen, tenant 13 aulnes tiers, prisé l'aulne 10 s. (...) une pièce blanche de moulleron entière (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 90).

Rem. Doc.1465 (mouilleron) ds GD V, 360c.
 

"Petit récipient pour se tremper les doigts" : Une douzaine cueillers d'argent et ung petit moueillouer d'argent, le tout pesant environ deux marcz. (Doc. 1497. In : L. de Laborde, Gloss. fr. du Moy. Âge, 1872, 400).
 

"Humidité" : Et, quant il le met a terre [le pied], la terre boit et tire toute la moilleüre et humour du cerf que chienz n'en peuent assentir, quar, quant le cerf a batu les yaues et il se ressiaue, l'yaue du corps et des jambes chiet sus les routes, si n'en peuent les chienz assentir, quar il est tout relavé, aussi come s'il estoit surpleü. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 206). Se le roy songe qu'il chemine et que, par la pluie, il soit moillié ou moiste, signifie qu'il trouvera le contraire de sa volonté, selon la quantité de la moisteur ou moilleure de ses vestemens (Expos. songes B., 1396, 187). [Estonné vient de trébucher, dans le noir, sur un tas de fumier, alors qu'il était en train de suivre un homme qui devait le conduire vers le château, où Sorence chante aux créneaux] Quant Estonné se trouva en tel point, il fut tellement courroucié que ce ne fait a demander. Car il se redreça en maulgreant tous les dieux ou il creoit et puis dist sy hault que une damoiselle, qui a une fenestre estoit assez prez, l'entendy : "Mauldicte soit Sorence et toutes les dames et demoiselles du monde quant pour elles suys ainsi atourné !" Et quant la demoiselle l'eut entendu, elle luy respondy tantost : "Beau sire, que demandez vous aux dames et aux demoiselles ? Mauldissiez vous mesmes ! Par voz parolles appert que elles vous ont fait jusques a ores trop grant marchié de leurs deduitz, quant pour ung pou de mouilleure vous les mesoffrez ! ..." (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 166).
 

"Tremper de nouveau" : Et remoulliez en eaue necte, bien refroctez aussi, et tout s'en ira. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 133).