C.N.R.S.
 
Famille de *hatjan 
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     AATIE     
FEW XV-2 90a etia FEW XVI 179b *hatjan
AATIE, subst. fém.
[T-L : aatie ; GD : aatie ; AND : atie ; FEW XV-2, 90a : etia ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

A. -

"Animosité, défi" : "Messire Jehan, sachiés que, à vous ne à monsigneur le prince, nous ne volons nulle ahatie ne point de guerre" (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 221).

 

-

Sans aatie. "Sans aucune animosité, sans qu'il y ait la moindre querelle" : Et puis sont au parc repassés, Dont Belligere estoit venue, Qui s'est liement maintenue. S'elle a eü au coer tristece, Plus a orendroit de lëece C'oncques n'ot depuis la nuitie Qu'avoec Tristifer, sans atie, Qui tant l'ama et elle ly, Dansa sus l'erbe ou bois foelly (Pastor. B., c.1422-1425, 214).

 

-

[De deux pers.] Prendre aatie. "Se défier" : ...haatie fu prinse entre le roy et le duc pour .V.m frans à gaignier sur cellui qui derrain seroit venus à Paris et à partir à l'endemain et tout d'une heure (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 420).

 

-

Prendre aatie encontre / vers qqn. "Lui manifester de l'animosité, l'agresser" : Le Beau Chevalier courtoisie Li respont et il dit que mie Ne li fera tel cruauté. "Ne mes", dist il, "qu'en loyauté Tu jures qu'en jour de ta vie Ne prendras vers moy ahatie, Volentiers te lairai aler Sans plus meffere ne grever." (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 304). Puis quant batie Ont leur faintise, Amour atie Prent encontre eulx et les chatie (CHART., L. Dames, 1416, 238).

 

-

Faire aatie de + inf. "Menacer de"

 

Rem. Doc. 1396 ds GD I, 11a.

 

-

Faire aatie que... "Menacer que" : ...adont fiesent aitie Que li petites gens n'aroient plus maistrie. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.6, a.1400, 642).

B. -

"Combat, bataille, attaque, action téméraire" : Li arbollestrier ont commanciér l'aaitie (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 345). Ja feust mort Garcïon, je vous acerteffie, Se ne feust Clarïans qui lui vint fere aÿe, A la rescousse vint a sa chevallerie, Il se fiert ens es nos, faisant chere enragie ; Ne redoubte nul cop, tant ait grant aatie, Car le paien avoit bonne armeure vestye. (Tristan Nant. S., c.1350, 705). S'amours me fit emprendre celle grant aatie, Bien me peust, s'y lui plaist, pourter la guarentie. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 141). A l'endemain dou jour Nostre Dame, on fist armer Gauwain Micaille et Janekin Kator et monter sur leurs chevaulx, pour parfaire devant les signeurs leur ahatie. Si s'en[tren]contrèrent de fiers de glaves mout roidement (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 278). Ançois (...) que il ississent hors de Bretaigne, il i eut un fait d'armes et une ahatie devant Vennes, present le conte de Bouquighem et les signeurs qui là estoient, de laquelle nous vous ferons mention, lesquels coses ne font mies à oubliier ne à taire. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 32). Dehors Rome la grant fu forte l'aatie. Othon, le damoisel a la chiere hardie, A brouché le destrier et la lance abaissie Et fiert ung chivalier qui fut de Lombardie (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 560).

C. -

"Empressement, ardeur, impétuosité" : La bataille fu grande et de fière aastie Par-devant Andioche (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 214).

 

-

A aatie. "Avec empressement" : Vez ci de voz bourgois partie Qui touz sont venuz a atie A vostre mant. (Mir. Oton, c.1370, 325).

 

-

De bonne aatie. "Avec empressement" : Or sa allons de bonne actie Fere nostre commandemant (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 70).

 

-

Par aatie. "Avec impétuosité, en rivalisant d'ardeur" : Celle fu en aguait, qu'elle ne dormoit mie, De hors son tref estoit en grant merancollie, Mais quant vist le dancel qui venoit par aatie, Assez toust le congnut, si en fu forment lie (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 140). Cescun à se baniere s'en vont par aastie. (Hugues Capet L., c.1358, 144). Sire, cilz jones chevaliers Moult rudement jousta premiers A moy, et jou encontre li. Adont nulz de nous ne cheï, Puis y eut aultre recouvrance, Car cescuns de nous reprist lance Et joustames par ahatie. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 183).

 

-

Mettre aatie à + inf./faire aatie de + inf. "Mettre de l'empressement à" : Compaignons, nous faisons cy tous Longue demeure ; Je ne cuide jamais voir l'eure Que nous soions celle partie. D'y aler vueil bien fere hastie, Puisqu'en avons conmendement (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 72). Le charbon est de feu rasé. Soufflon chascun de sa partie : A ce faire metton atie, Et puis tout sera assez chault. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 246-247).

 

Rem. Dans l'ex. suiv., aitie peut être une graphie pour aïe (Roquefort). Mais on peut comprendre aussi Faire aatie de + inf. (v. aussi aitie dans l'ex. supra A de JEAN D'OUTREM.) : : ...statuons et ordinons que quiquionques ferait fraitien, briserait englieze de forche, touwerat, sticherat ou quasserat gens à plaies overtes deserable, ou porterat ou sacherat par forche gens hours de l'englieze, qu'ilh soit por ledit meffait envers Dieu et l'englieze, voir le faite bien proveit, atains de son honneur ; mains qui baterat ou ferat aultru par coroche dedens l'englieze, sens sanck ou sens brisure de membre, ou faire aitie del porteir gens four delle englieze où chu seirat advenus, à payer sens remission dedens XXX jours apres chu que commandeit ly seirat (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 198).

D. -

"Hâte" : Arachis, j'ay grant aatie D'ouvrer selon vostre conseil. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 279).

 

Rem. Sur la graph. hastie (supra C), influencée par haste, cf. A. Tobler, Z. rom. Philol. 20, 1896, 412.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     AATINE     
FEW XV-2 90a etia FEW XVI 179b *hatjan
AATINE, subst. fém.
[T-L : aatine ; GD : aatine/actine ; AND : hatine ; DÉCT : äatine ; FEW XV-2, 90a : etia ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

A. -

"Défi, provocation ; opposition, animosité"

 

1.

"Défi, provocation" : Le conte Loys a aigrement prins envers nous aatine de nous suppéditer et tenir en servaige (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 166). Tant hault monterent les parolles d'un costé et d'aultre que par grant aatine ilz ont emprins ung tournoy, ou chascun d'eulx doit estre acompaigniés de ses amys. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 129).

 

Rem. Croisé avec la famille de acte : cf. GD I, 89c, s.v. actine (ex. de 1467, actine).

 

-

P. métaph. : Par devant, en mi la poitrine, Sont ausi que par ahatine Les mameletes estahies, Dures, poignans, entre[s]longnies. (ACART, Prise am. H., 1332, 31).

 

2.

"Opposition, animosité"

 

-

Faire l'aatine de + inf. "Manifester, par refus, par opposition, la volonté de" : A Flourence disoit : "Dittes moy vostre orine ! - Sire", che dist Flourenche, "je n'en feray athine..." (Flor. Rome W., c.1330-1400, 222). Adonc saisy l'enffant qu'elle ama sans haïne ; Bien cent fois le baisa, ne cuidés qu'adevine. Mais l'enffant fut sauvage. Adés fait l'aatine De saillir jus de lui. Moult maine grant bruÿne, Et crie et bret et pleure et moult maine let signe. (Tristan Nant. S., c.1350, 150).

 

-

Faire aatine à savoir... "Se disputer pour savoir..." : Iceulx seigneurs estant ensamble et messire Guillame au milieu d'eulx, ilz commencèrent à parler de chevaulx et firent attinez l'ung à l'autre, le seigneur de Montigny et La Barbe, à scavoir lequel de leur .ii. chevaulx courroit le plus fort. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 457).

 

-

Par aatine. "Par animosité, de manière hostile" : Adonc commencha la bateille De la pucelle et de Deduit, La quelle, che saichent bien tuit, Ne se sist [l. fist ?] pas par aatine, Mais par amisté pure et fine Pour les coers a joye esmouvoir Et sans plus pour victoire avoir. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 114). Des Lëonois bien deux fois vingt Milliers d'illoecques se partirent Et de Lëonet se retirent, C'oncques n'y pot remede mettre, Pour beau parler ne pour promettre, Ne pour quelconque rien qu'il face, Nes pour mouillier de plours sa face, Qu'il ne revoisent par atine Au lieu que la belle Flandrine Ou tamps du fort roy Charlemaine Tint premierement en demaine. (Pastor. B., c.1422-1425, 134).

 

Rem. Scheler, Gloss., 42, propose de lire par atine au lieu de paracive (v. 6175 de JEAN D'OUTREM., Geste Liège), au sens de "avec animosité".

B. -

P. ext.

 

1.

[Idées de violence, de combat]

 

a)

"Violence"

 

-

Mourir par aatine. "Mourir de mort violente" : ...morir par aatine (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 628).

 

b)

"Querelle, combat, attaque" : Quant il vit le Sauvage qui de fere aatine N'avoit de ceur neant plus comme une geline, Hautement lui a dit : "Vassaulx de bonne orine, Avés eü bon temps o vostre amye fine ? - Oÿ, se dist Tristan, mais vecy malvais sine, Car on sonne la hors mainte fiere buysine Pour aller sur les champs commancer l'aatine..." (Tristan Nant. S., c.1350, 297). Tristan voit une lance qui vers ung mur s'acline, Dont la ceurt empongner pour fere l'aatine. (Tristan Nant. S., c.1350, 421). Adonc vindrent sur luy la faulce gent mastine Qui assaillent Florent qui fut de france orine Et quant le ber leur voit faire telle aatine [ms. atine, var. aastine], De cueur reclama Dieu et sainte Katerine (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 120). Ersoir cuiday issir pour faire une aastine Contre voz anemis (...) Mais de toutez lez portez me véa on l'uissine (Hugues Capet L., c.1358, 83). Quantes eglises sont polutes Aussy par Guerre et ses atines, Ou sont pou dites et pou lutes Maintenant messes et matines ! [Éd. "vexations"] (TAILLEV., Moral. D., 1435, 100). Quarante chevaliers estoient ens l'astine, Haulte fut la proesse (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 51). Pour l'abit, grant convine D'armes encastonnas En toy [Dieu], quant la hastine [l. l'ahastine] Au Badrain parsconnas (...) Car par ton vasselaige Minas les ahatines. (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 66). Le cerf vollant, qui m'a fait ceste attine (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 851).

 

-

Tenir son aatine de qqn. "Mener querelle avec lui, le provoquer" : Ainsy com du payen tenoient leur atine [var. estire, préférable dans cette laisse en -ire] (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 88).

 

2.

[Idées d'empressement, de fougue]

 

a)

"Empressement" : Du destrier dessendi la dame a bonne orine, Erranment l'atacha la dame doulce et fine ; A la duyere vint, plaine fut d'aatine A savoir de l'enffant trestoute la couvine. (Tristan Nant. S., c.1350, 149).

 

-

Par aatine. "Avec empressement, avec impétuosité" : Du cheval descendi, tantost et par atine A trait hors du fourrel son espee acerine (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 119). Mais toute sa deffence ne ly vaulcist ung gigne, Se ne fu le soudant qui ot noire la crine, Qui es paiens se lance par moult fiere aatine (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 120). Plourons ! Plourons par actine et courage a ce obstiné, et de dueil adoullé chargons nostre esperit (Mabrien V., 1462, 456).

 

-

Faire aatine. "Manifester de l'empressement (ou "ordonner une attaque" ?)" : Ensément vont nagant li .iij. enfant Rozine, Qui estoient estrait du linaige le Chisne : Vers Surie s'en va nagant leur officine. A .j. regort de mer, vers terre Béduïne, Perchurent grant navie, venant par le marine ; Mais sus le bort des nés y avoit mis, par signe, Et crois et confanons, de chendaus et d'ermine. Quant Esmerez perchiut leur nefz et leur couvine, Bien sot que che sont gent servans la vertu digne ; Dont pour iaus assalir ne fist faire aatine. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 118).

 

b)

"Vaillance, fougue" : Molt fu bon chivalier et de grande aastine (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 32).

V. aussi ataïne
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     AATIR     
FEW XV-2 90a etia FEW XVI 179b *hatjan
AATIR, verbe
[T-L : aatir ; GD : aatir ; AND : atir2 ; FEW XV-2, 90a : etia ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Défier, provoquer" : Et pour attraire Sarrasins à bataille, les Chrestiens les alloient aatir chascun jour, et courre auprès de leurs tentes par manière d'escarmuche. (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 237).

 

Rem. Doc. 1401 ds GD I, 11c.

 

-

Aatir qqn de + inf., aatir qqn de qqc. : ...le quel Anglois avoit aaty le dit messire Guy de bataille de volenté, sans nulle cause ou occasion. (Chron. Jean II Ch. V, D., t.3, c.1383, 54). ...ses autres compaignons (...) orent assez trouvé qui les orent attis de jouster (Bouciquaut L., 1406-1409, 72).

B. -

"Harceler, tourmenter" : Delivre, biau sire, Ton peuple de l'ire Du faulx ennemy, Que ne fait qu'atire Et mectre a martire Ton peuple au jour de huy. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 119-120).

C. -

[Valeur réfléchie ; cf. infra II B] Aatir sa chair / son corps de + inf. "Se faire fort de, se vanter de, s'engager à" : Sire Dieu, per vous mant ["commandement"] ait mon corpz aaitit De combaitre au joiant que j'ai moult malbaillit ; Or me vuelliez aidier tant que je l'aie ossis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 57). [L'éd. propose "déclarer avec serment, jurer"] ...Qui d'aler sur paiiens a se char aatie (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 197).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'aatir à, contre, encontre, envers qqn. "Défier, provoquer" : Car j'ameroie muelx que perdisse Paris Et trestout le tresor de quoy je sus servis, Que contre ung tel garson qui contre moy c'est astis Heusse acqueton ne jozerant vestis ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 673). "...Pensés aultre part ; donnés vostre amour ailleurs, car de vous aatir a moy, riens ne porriés conquester. - Damoiselle, dist Florentine, vous oés ce que j'ay dit. A vous ne me voldroye aatir, mais touttes fois je voldroye estre s'amye..." (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 58).

 

Rem. Cf. aussi : ...mais, ou cas qu'il se est atis [var. ahati] de la jouste à moy, demandés-luy... (FROISS., Chron. K., XIV, c.1375-1400, 50). [éd. Kervyn]

 

-

S'aatir contre qqn de + inf. : Le filz contre le perre s'aaitist durement De li mettre au desous de ceu behourdement (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 616).

 

-

S'aatir à qqn de + inf. : Et pour ce que trop fort mespris, Quant a dame de si haut pris M'osay nullement aastir De plait encontre li bastir (MACH., J. R. Nav., 1349, 282).

 

Rem. 1. Dans l'ex. suiv., en raison du verbe de perception voir qui régit l'inf. aatir, celui-ci a valeur de verbe pronom. : : Blanchandine voit Tristan qui sa gent fait mourir Et encontre son pere fierement aatir. "Lasse ! dist Blanchandine, or ay trop a souffrir, Quant je voy mon amy en bataille venir Encontre le mien pere pour le fere mourir..." (Tristan Nant. S., c.1350, 410).2. Pour la constr. s'aatir envers qqn, cf. JEAN DE CONDÉ, Messe Ois. R., c.1300-1325, 377.

B. -

"Se faire fort de"

 

-

S'aatir de + inf. (ou inf. subst.), s'aatir de qqc. : Tel y ait qui avec li en vot adonc aller, Et tel s'en [a]aistit d'avec li singler, Que c'il n'eust oyr roy Ollivier jurer Ne s'an fuit [a]aistis pour lez membre coper. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 880). Et quant Melyador oÿ De ce Buïn parler ensi, Qui s'ahatissoit de combatre (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 262). Li escuiers, qui vei le grant dangier où il et tout si signeur estoient, dist qu'il feroit ce message volentiers, et encores s'ahati il de trop bien savoir le chemin. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 175). ...et combateroient le[s] François où que ce fust, se contre yaus se voloient mettre ne ahatir de combatre. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 137). Si envoiièrent premierement li Gallois d'Aunai et messires Lionniaux d'Arraines à ceulx où il s'estoient ahati de faire fait d'armes et de assir trois cops de glaves à chevalx. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 33).

 

-

S'aatir que + ind. : ...il misent mineurs en oevre, qui s'ahatirent que dedens quinse jours il esploiteroient si bien, qu'il feroient reverser un tel pan dou mur, que sans dangier il enteroient bien en le ville. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 196).

 

-

S'aatir de + inf. passé. "Se vanter de" : Se vous veés Persant et Maquaire delez, Ne vous aatissés mye d'eulx avoir desvoiés, Car tost en pourriés estre occis et decoupés. (Tristan Nant. S., c.1350, 357).

C. -

"Commettre (par orgueil) l'imprudence de, se risquer à"

 

-

S'aatir de + inf. (ou inf. subst.), s'aatir de qqc. : Ne voy homme vivant Qui se de moy saisir se vait aaitissant Qu'a cest bonne espee que bonne ait le taillant Ne li tranche la teste, quoi qu'il voit coustant ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 658). Folie fist Tristant que de ce së asty, Car par peu n'en fut mors, je le vous certeffy. (Tristan Nant. S., c.1350, 408). Si estoient Phelippes et li Flamenc mout outrequidiet, quant il s'ahatissoient dou combatre, car, se il se fuissent tenu en leur siège devant Audenarde et aucunement fortefiiet (...) on ne les fust là jamais alé querre (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 39).

 

.

[En tournure nég.] : Or eut ce brach si endormi Que, pour ami ne anemi, Maishui ne se combatera, Ne ossi ne s'ahatira De son compagnon revengier. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 11). Mais, quant li contes de Blois en fu enfourmés, il ala poissaument au devant, et deffendi au chevalier que il ne s'ahatesist pas d'entrer ne d'amener gens d'armes ens ou païx son cousin le duc Aubert, car il li seroit trop chier vendu. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 66).

 

-

S'aatir que de + inf. : Et pour tant s'est-il ahati pluseurs fois que de venir a grant puissance en Crestienté et conquerir tout devant lui (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 213).

D. -

"S'empresser de, se hâter de" : Drois qui poi prisoit ce descort De sen fait prouver s'ahati (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 82). Sire, je loeroi Et si le vous consilleroie Qu'en .i. vaissiel vous mesissiés, Puis que vous vos ahatissiés D'aler la, par le roy celestre. Autrement vous n'i poés estre. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 65).

E. -

S'aatir de + subst. d'action. "S'engager dans" : As piés roy Bauduin se va agenoullant, De tres crueuse plainte se va aatissant, Car le chose li touque ; moult ot le coer pesant, Pour la mort de son fil aloit fort souspirant. (Bât. Bouillon C., c.1350, 134).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

(Estre) aati de + inf. "(Être) empressé de, animé d'une grande ardeur pour" : Et pour quoy ay je esté atis De vous avoir a espousée ? (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 18). Chascun ralla en son paÿs, De luy vengier forment athis. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 109). De assaillir le chaistel fuit chescun bien astis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 337). Ly une n'oze a l'aultre dire ne fais ne dis, Et Garcïon s'en va, de malfere aatis, Tout de plaine volee, ne s'y est alentis, Se fery dedens l'ost. (Tristan Nant. S., c.1350, 725). Seigneurs, nous sommes aatis de jouster entre nous quatre a quatre rois qui nous tiennent a leur anemis mortielx (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 179). De vengier leur seigneur furent si aatis, Pour ce sivent Florent et crient a hault cris :... (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 125).

 

-

(Estre) aati pour + inf. : Le duc Raymon en pleure des beaulx yeulx de son vis. Ainsy remest la chose tant qu'il fut esclarcis, Pour assaillir la ville est chascun aatis, Mais ce ne leur valli vallissant deux espis, Car trop yert Garcïons courageux et hardis. (Tristan Nant. S., c.1350, 697).

 

-

(Estre) aati de qqc. : Mais ou cas que il est atis de la jouste à moy... (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 390).

 

-

(Estre) aati à qqc. : Jamais nul n'y fust aaty. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 166).

 

-

(Estre) aati encontre qqn. "S'acharner contre qqn" : Maix jamaix ne pansaisse que cis garson malleys Osaist encontre moy ensi estre haistis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 674).

B. -

Aati

 

1.

"Empressé, excité, bouillant" : C'est ly fieux Aïmer qui amaine avec ly L. mil baron qui sont tout aasty (Hugues Capet L., c.1358, 131).

 

2.

"Fougueux, fier" : En une moult obscure lande, Sus les plains de Northombrelande, Avoit jousté de fier de lance, Par ahatie contenance (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 154).

 

3.

"Menaçant, courroucé" : Le serpent est entrés en la forest naÿe, Tristan adés le sieut faisant chere aatie, Mais le serpent perdi en la forest feullie, Et devvint une chose ainsy qu'esvanouÿe. (Tristan Nant. S., c.1350, 314). ...faisant ciere aatie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 758).

 

4.

[Verbe de mouvement + aasti] Courir, venir ... aati. "Avec fougue, acharnement" : Et Sairaisin s'anforcent, si ont lour adous prins. Plus de trante mille en viennent aastis, Que Lion ont encloz et trestout cez subgis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 527). Car lorsque de sa bouche fuit si parrler jehis, Vint li Blanc Chevalier courrant tous [a]astis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 528). Et li Blanc Chevalier chevalchoit aaistis (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 529). Aprés, brochat Richart de Gomessanche, et Ogier occit l'ung aprés l'aultre vi. Atant s'en vint Morgaline aatis. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 100).

REM. Mot arch. au XVe s.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 4/32 
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     AATIS     
*FEW XV-2 etia *FEW XVI *hatjan
AATIS, (?)
[GD : aatis ; *FEW XV-2, 90a : etia ; *FEW XVI, 179a-b : *hatjan]

"Combat, bataille, attaque, action téméraire"

Rem. FROISS. ms. ds GD I, 13b ; leçon non reprise par le FEW ; lecture aatie ds l'éd. K., qui devrait être la bonne. Sans doute mot fantôme.V. aatie.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 5/32 
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     AATISON     
FEW XV-2 etia FEW XVI *hatjan
AATISON, subst. fém.
[T-L : aatison ; GD : aatison ; AND : ahateisun ; FEW XV-2, 90a : etia ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

"Défi, attaque impétueuse" (GD I, 13b)

REM. G. Merk (R. Ling. rom. 44, 1980, 269) cite des ex. pris à des textes fr.-ital.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/32 
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     DEHÉ     
FEW XVI *hatjan
DEHÉ, subst. masc.
[T-L : dehé ; GD : deshait ; DEAF, H54 ha‹r ; AND : dehé ; DÉCT : dehé ; FEW XVI, 178b, 180a : *hatjan]

[Dans une formule de malédiction]

 

-

(Mal) dehé ait qqn/qqc. "Que la haine de Dieu soit sur qqn/qqc. ; malédiction sur qqn/qqc." : Dahaz oit or qui lesse rien A vilain qui ne set de bien (Renart contref.,, 1ère réd. R.L., t.2, c.1319-1322, 200). Dehaiz aient telles desrees ["denrées"] ! Moult bien repentir s'en devroient ceulx qui tant du leur y emploient. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 93). J'ai veü advocaz qui dient : "Mal dehaiz ait chose bien faicte", Pour ce que le contens lour haite Ou lour villain gain attendent. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 118). Dame, mes corps ait mal dehait Se ma voulenté de vous n'ay ! (Mir. femme roy Port., c.1342, 192). Retournons, retournons en France ; ce sont mieulz nos marces. Mal dehait ait qui ja ira plus avant ! (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 220).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, v.1053, 1097...

 

-

P. ell. Dehé. "Malédiction, enfer et damnation" : Dehait qui jà creira en tel arguément (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 12). Vieillart, dehet ! dehet ! Certes, vous serez tantost debrisé et desrompu. (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 113). ...et dehait ! Qui pourra vivre, si vive ! (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 116).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 7/32 
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FEW XVI *hatjan
EÏ, adj.
[T-L : edit]

"Publié" ; p. méton. "connu" : Cy commencent les simples et heÿs exemples de la très sainte vertu et amye de Dieu honneste Povreté. (LA SALE, Sale D., 1451, 17).
 

DMF 2020 - La Sale Pierre Demarolle

 Article 8/32 
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     ENAATIR     
*FEW XV-2 etia *FEW XVI *hatjan
ENAATIR, verbe
[*FEW XV-2, 90a : etia ; *FEW XVI, 179b : *hatjan]

S'enaatir de + inf. "S'empresser de" : Convoiteux d'oÿr tels merveilles, Me suy de parler enaatis [var. enhatis] (Boece en rime A., c.1350-1375, 4581). [J. K. Atkinson, R. Ling. rom. t.75, 2011, 479]

V. aussi aatir
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 9/32 
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     ENHAÏR     
FEW XVI *hatjan
ENHAÏR, verbe
[T-L : enhäir ; GD : enhair ; DEAF, H62 enha‹r ; AND : enhair ; DÉCT : enhaïr ; FEW XVI, 179a : *hatjan]

A. -

[D'une pers.] "Prendre qqn ou qqc. en haine (et conséquemment le fuir)"

 

-

Enhaïr qqc. : Malvais ont toutes belles chose, Car povreté ont enhaÿe. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 13). Car nuls n'iert ja si desapris, Se jel pren, qu'il ne soit apris De scens, d'onneur, de courtoisie, Et que ne mette s'estudie En bien et en toute valeur, Et qu'il ne tende a haute honneur, Et que deshonneur enhaïr Ne vueille et tous vices fuïr. (MACH., D. verg., a.1340, 23). Dame, di je, je vous recoelle, Car che visce let et haï, Je l'ai de long tamps enhaï (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 119). Vo parler, Vo regarder, Vo maintenir Font fuir Et enhaïr Et despiter Tout vice et tout bien cherir Et desirer. (MACH., Ch. bal., 1377, 613). Et se jamais ne devoie plus prendre Ou dous service, où je me sui tous mis, Fors tant qu'Amours m'en fait à bien entendre Et que j'en ay tous vices enhaïs, Si m'est il bien et hautement meris. (MACH., L. dames, 1377, 75). Certes, trop ay en toy dur anemy. Souvent me fais, bien l'ay aperceü, Pleindre mes jours et enhaïr mes nuis, N'encor ne m'as nulle fois repeü Des biens dont tant sui familleus et vuis... (MACH., L. dames, 1377, 162). Si lui requier que je define Et qu'ensemble vie et dueil fine, Car enhaÿs Ay je du tout terre et païs (CHART., L. Dames, 1416, 211). MADELEINE. ...Mais [ma] chair polye, Tendrement nourrie Ay tant enhaÿe Que par jeune sera matye En sobresse et en abstinence. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 167).

 

-

Enhaïr qqn : Ne ou monde n'avoit creature Fors li de quoi j'eüsse cure, Quant en amours or m'a traÿ Et sans nulle cause enhaÿ ; S'il est voirs ce qu'on m'en a dit (MACH., Voir, 1364, 720). Le conte de Foeis, qui veoit la malice du roy de Navarre, commença sa femme grandement à enhair, - ja eust-elle coulpe. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 80). Il (...) tint en très grant chierté tous chiaus que li rois, ses oncles, avoit enhays. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 121). Einsi lonteins et près langui toudis, Dont changiés sui et muez tellement Que je me doubt que n'en soie enhaïs De meinte gent et de li proprement. (MACH., Bal., 1377, 552). Dame, à qui M'ottri De cuer, sans penser laidure, Je n'ay mie desservi Qu'enhaï M'ait si Vos cuers qu'à desconfiture Soie pour l'amour de li. (MACH., Ch. bal., 1377, 594). Ne m'ot pas Fortune enhaÿe Adont, qui si me tresmua, Car tout soubdainement mua Celle grant paour et la doubte, Ou je me confondoie toute. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 51). Un jour fu l'estour perilleux, La royne fait merveilleux Y fist, mais ce jour fu sa fin Et des batailles le deffin, Car lors fu trop celle envaye De ceulx qui l'orent enhaye (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 151). Ha, dist il, Fortune dervee ! Tu ne m'as pas esté privee. Par dessus touz m'as enhaÿ, Las ! pourquoy m'as tu envaÿ ? (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 234). Homs maiz de la roche n'issy, Fors le geant qui mort gist cy Et ses ancessours ensement, Qui nous ont mis a grief tourment Et ont gasté tout le paÿs Et grans et petiz enhaÿs. Destruit ont quanqu'ilz ont trouvé, Quatre cens ans, bien yert prouvé. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 234). Biaus oncles, ge vous di, Sauf vostre révérense, que il n'est mie ensy Que monsegneur le roy ait vo cors enhay (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 385). A ! pere, ne me laissez pas. Ou veux tu aller sans ton filz ? Helas ! et m'as tu enhays Qui ne me veulx o toy mener ? (Myst. st Laur. S.W., 1499, 196).

B. -

[D'une chose] Enhaïr qqn. "Fuir, abandonner qqn" : ...voyez du droit folz naÿs Comment tout sens l'ot enhaÿs, Quant cuide que celle pourchace Son bien et que plaisir lui face, A qui a tant de griefs offens Fait, com d'occire ses enfens ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 134).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 10/32 
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     ENHATIE     
FEW XVI *hatjan
ENHATIE, subst. fém.
[T-L : enhatie ; GD : enhastie ; DÉCT : enhatie ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

"Attaque" : Li roys [assiégé à Tournai] ne sot arrier n'avant, Consoil ne sot ne sauvemant Qu'an Fredegonde seulemant ; Elle dist : "Roys, ne t'esmaier : Lai moi mun consoil essaier, Car ge bien te conseilleray Par les ouvres que ge feray." Li roi dist : "Dame, or an pancez Commant puissions estre tancez A honneur de ceste anhastie." (Renart contref.,, 1ère réd. R.L., t.2, c.1319-1322, 226).

V. aussi aatie
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 11/32 
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     ENHATIR     
FEW XVI 179b *hatjan
ENHATIR, verbe
[T-L : enhatir ; GD : enhastir ; DEAF, H272 enhastir ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

S'enhatir de + inf. "S'empresser de" : Convoiteux d'oÿr tels merveilles, Me suy de parler enaatis [var. enhatis] (Boece en rime A., c.1350-1375, 4581). [J. K. Atkinson, R. Ling. rom. t.75, 2011, 479]

V. aussi enaatir
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 12/32 
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     ENTREHAÏR     
FEW XVI *hatjan
ENTREHAÏR, verbe
[T-L : entre- (entrehaïr) ; GDC : entrehair(s') ; DEAF, H62 entreha‹r ; AND : entrehair ; DÉCT : entrehäir ; FEW XVI, 179a : *hatjan]

"Se haïr l'un l'autre" : Et aussi le duc de Guerles et lui s'entre haioient mortelment (Chron. Valois L., c.1377-1397, 219). Et, pour ce, nous veons que aucunes cytés et aucunes nacions s'entrehent naturelment et lez aultres s'entrement, et ne scevent cause de l'amour ne de la heyne. (Songe verg. S., t.1, 1378, 310). Car, ja soit ce que tous Mendyens deüssent estre d'un saint propos et volanté et que ilz se deüssent entramer (...) ; toutevoies ilz s'entrehaÿent conme chas et souris et conme deux truans en un huys. (Songe verg. S., t.2, 1378, 246). La, d'aventure, li dui frere, Qui mar nasquirent de leur mere, S'entre trouverent en l'estour, Mais oncques l'en ne vit ostour Assaillir proye plus forment Que li dui frere ont asprement Assailli l'un l'autre et, sanz faille, Moult cruele en fu la bataille, Car durement s'entreheoient. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 319). ...deux consulz, lesquelz mortellement se entrehayoient (JUV. URS., Verba, 1452, 257).

 

-

[De choses] "Être contraire l'un à l'autre" : Le feu et l'iave s'entreheent, A destruire l'un l'autre beent. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 18).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 13/32 
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     HAENGE     
FEW XVI *hatjan
HAENGE, subst. fém.
[T-L : häenge ; GD : haenge ; DEAF, H63 haenge ; AND : hange ; FEW XVI, 179a : *hatjan]

"Haine" : Car la haïnge estoit cassée, Si oncques point avoit esté Entre eulx deux (SAINT-ANDRÉ, Livre Jean de Bret. C., c.1400, 554).

 

-

[Personnification] : Ore ensuiant vous vorrai dire Du tierce file que naist d'Ire ; Hange est nomé de pute orine (...) ...nuyt et jour sur ce conspire, Jusques atant que la ruine De son voisin ou sa voisine Tout plainement porra confire. (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 53).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 14/32 
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     HAIDRIE     
*FEW XVI *hatjan
HAIDRIE, subst.
[*FEW XVI, 179a : *hatjan]

"Ensemble des hai-droit" (Éd.) : ...laiies gens qui estoient del partiie des hedrie (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 120).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 15/32 
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     HAI-DROIT     
FEW XVI *hatjan
HAI-DROIT, subst. masc.
[GD : hai-droits ; FEW XVI, 179a : *hatjan]

"Celui qui hait la justice" : Et là avoit pluseurs gens de Liege, cuy ons appelloit hedrois, qui leurs disoient et faisoient pluseurs villonnies et injures (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 18). ...on feroit criier publiquement (...) que tous malfaiteurs soient corrigiés, appelés hédrois et meutemacques, qui des pays de Liége et de Los sont fuys et alés ès pays de Brabant et de Lembourg après la bataille de Liége (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.3, c.1447, 757).

REM. T. Matsumura, R. Ling. rom. 62, 1998, 267.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 16/32 
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     HAÏE     
FEW XVI *hatjan
HAÏE, subst. fém.
[DEAF, H56 ha‹r (ha‹e) ; AND : haie2 ; FEW XVI, 178b : *hatjan]

"Haine" : Je doubte monlt que ne m'ochie, Ou qu'il ne m'en ait en haÿe (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 101).

REM. Cf. aussi (a. fr.) T-L IV, 1051-1052 : hee2 ; GD IV, 447b : hee ; DEAF, H 56 : haïr (hee).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 17/32 
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     HAÏEUR     
FEW XVI *hatjan
HAÏEUR, subst. fém.
[T-L : häor ; GD : haor ; DEAF, H56 haor ; AND : haur ; FEW XVI, 178b : *hatjan]

"Animosité, haine"

Rem. Cf.  ; AND : haur. Doc. wallon de 1450 (hayeur) ds FEW.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 18/32 
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     HAIN     
FEW XVI *hatjan
HAIN, subst. fém.
[T-L : häin ; GD : hain ; DEAF, H59 ha‹r ; FEW XVI, 178b : *hatjan]

"Haine" : ...Qui souvent ly disoient par moult grande haïn : "Haÿ ! contez traÿtrez et plain de faulz couvin..." (Hugues Capet Lab., c.1358, 283).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 19/32 
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     HAINABLE     
FEW XVI *hatjan
HAINABLE, adj.
[FEW XVI, 178b : *hatjan]

"Qui attire la haine" : Convoiteuse, non convoitable, Soufraitable, non soufraiteuse, Envieuse, non enviable, Hainable, non haineuse, Curiable, non curieuse, Actraiteuse, non actraictable, Amiable, non amoureuse, Perilleuse es et perissable. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 173).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 20/32 
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     HAINAGE     
*FEW XVI *hatjan
HAINAGE, subst. masc.
[*FEW XVI, 178b : *hatjan]

"Manifestation de haine"

 

-

Querre hainage sur qqn. "Nourrir de la haine pour qqn"

 

Rem. Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 772 (haynnage).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 21/32 
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     HAINE     
FEW XVI *hatjan
HAINE, subst. fém.
[T-L : häine ; GDC : haine ; DEAF, H57 ha‹ne ; AND : haine ; DÉCT : häine ; FEW XVI, 178b : *hatjan ; TLF : IX, 647a : haine]

A. -

"Sentiment que l'on éprouve pour celui que l'on hait, sentiment de profonde hostilité, conduisant à vouloir du mal à qqn" : Si que la merencolioie Tous seuls en ma chambre et pensoie Comment par conseil de taverne Li mondes par tout se gouverne ; Comment justice et verité Sont mortes par l'iniquité D'avarice qui en maint regne Com dame souvereinne regne, Com maistresse, comme royne, - Qu'avarice engendre haïne, Et largesse donne et rent gloire, Vraiement, c'est parole voire, Qu'on le scet et voit clerement Par vray et juste experiment (MACH., J. R. Nav., 1349, 139). Saint Prist, sire, je vous diray : Haainne ne peut en nous estre Puis qu'en gloire sommes celestre (Mir. prev., 1352, 253). Sire prestre, que me fera Vostre haine, je vous en pri ? (Mir. parr., 1356, 5). Garde seur tout ta loiauté ; Ne soit laidure ne biauté, Amour, ne faveur, ne haïne, Ne chose eu monde qui t'encline A faire riens de desloial, Car trop messiet a cuer roial. (MACH., C. ami, 1357, 109). Il aime Dieu, et sainte eglise Honneure, crient et sert et prise ; Justice en la balance poise, à cui qu'il plaise ne qui poise, N'i regarde amour ne haïne, Frere, fil, voisin ne voisine, Grant ne petit ; car egalment La fait à tous et loyaument ; Si que pour ce en pais se repose, Que nuls contre li ne s'oppose. (MACH., P. Alex., p.1369, 31). Si que, fieux, je vous vueil reprendre Et, en vous reprenant, aprendre Que c'est si mauvaise racine De vivre en pechié de haÿne, Que bien jamais ne fructifie ; Et pour c'est fols cils qui s'i fie, Ne homs ne porroit son Creatour, Qui de tout le monde est actour, Bien amer, ne bien honnourer, Qui en ce point vuet demourer. (MACH., P. Alex., p.1369, 237). Li roys oy bien le saint pere, Qui haïne moult vitupere, Si que très bien considera Comment il li respondera. (MACH., P. Alex., p.1369, 238). Encore y a un autre point Que je ne vous celeray point, Car ci doy dire verité, Qu'amour, haine n'amité Ne me puissent ad ce mouvoir, Que mensonge face dou voir. (MACH., P. Alex., p.1369, 259). Sa fausse jangle estre ne doit creüe, Pour ce qu'en li de verité n'a point, Car de haïne et d'envie est venue, Par traïson qui tout ce li enjoint. Mais ne m'en chaut, se Dieus joie me doint, Car se je sui humble et de bon affaire, Je la feray morir de dueil ou taire. (MACH., L. dames, 1377, 172). Car tout homme qui ad ce pense, Il ne riote ne ne tense N'il ne porroit penser a chose Ou villenie fust enclose, Haïne, baras ou mesdis. (MACH., Prol., c.1377, 7). Las ! Mon amy, or sont noz amours tournees en hayne, noz doulceurs en durté, noz soulaz et noz joyes en larmes et en plours, nostre bon eur en tres dure et infortuneuse pestillence. (ARRAS, c.1392-1393, 256). Et quant le conte de Vandosme le scot, si cuida qu'ilz venissent pour lui exillier, et que OEudes, leur frere, se feust complaint a eulx. Il doubta tant Gieffroy qu'il s'en vint a Bonneval rendre en la mercy du conte OEudes. Et il lui pardonna le meffait, et lui fist hommage de la terre de quoy la haine estoit meue. (ARRAS, c.1392-1393, 280). ...Mais, juxes adont, s'estoiient passeis d'entreir en chis werres gran nombre de chevaliers et d'escuwirs, par tant qu'elle estoit de sy morteile haymmes (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 8). Je vueil monstrer qu'il avoit tort et que nulle hayne n'est plus en mon cuer. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 42). ...vella qui mon envie, Ma grant fureur et ma haynne assouvye Mect a neant, pourquoy d'amour ravie Treves sur ce de bon cueur leur concede. (LA VIGNE, S.M., 1496, 252).

 

-

Au plur. : Car Envie si n'est pas seule, Eins vomist souvent par sa gueule Contrueves, baras, jengleries, Meffais, traïsons, tricheries, Murtres, detractions, haïnes, Ou tant a de maises racines Qu'onques nul n'en dit bon exemple, N'en siecle n'a ordre ne temple Ne seculer qu'elle ne triche. (MACH., D. Lyon, 1342, 224). Dieu m'a le veoir tout osté Par mon penser plain de haynes. (Mir. st Guill., c.1347, 41). ...car il s'ensuiroit trop de plaiz et de haines et d'autres difficultéz et inconveniens plus grans. (ORESME, E.A.C., c.1370, 315). Les rummeurs des dieux et les haines Vers les creatures humaines, Procedant des faultes villaines Par eulx faictes et parpetrees... (Cene dieux, c.1492, 133).

 

-

Haine capitale. "Hostilité foncière" : ...deux personnes ydoines et convenables, lesquelx feront serment de ce fere bien et loyaument, et après ledit serment creuz des rappors qu'ilz feront au receveur de Paris ou au procureur du Roy en Chastellet contre les mesprennans oudit mestier, senz ce que pleintes se puist fere contre les rappors, se n'estoit que l'on voulsist contre eulx proposer hayne cappital, faulseté ou corrupcion desordenée. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1397, 373).

 

-

Haine couverte. "Haine cachée, dissimulée" : Ainsi se demenerent pluseurs années ces choses, et y sy nourrissoient haynnes couvertes et estoient nourries de longtemps (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 175). Pour ce temps, avoit li contes de Hainnau une haine couverte moult grande deviers son serourge, le roi Phelippe de France (FROISS., Chron. D., p.1400, 255). ...par une très grande hayne couverte, laquelle il avoit longuement gardée en son cuer (Doc. 1411. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2 c.1425-1440, 125). ...car ce sont toutes enviés, qui engendrent haynes couvertes (JUV. URS., Verba, 1452, 280). ...et de ce se conspira et engendra une très grande haine couverte à l'encontre du duc (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 137). C'est a dire que, se on parle en conseil de chose qui touche a celluy contre lequel on a ceste hayne couverte, celluy qui le aura en son ceur ne le sçara telement mucher que on ne perçoive bien en sa deliberation de quel courage il parlera. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 247).

 

.

Haine mortelle : ...l'amour d'entre eulx deux a ceste occasion en fut redoublée, qui entre aucuns mal conseillez eust engendré discord et mortelle hayne. (C.N.N., c.1456-1467, 214). ...le povre peuple de Normendie, qui soubz leur tirannie languit, les het de haine mortelle (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 468).

 

-

Par haine : Se vous monstreray par escript Ce qu'il m'en a dit et escript. Mais à tous pri qu'il ne desplaise à nelui ; car, par saint Nicaise, Je ne le di pas par envie, Par haÿne, ne par lignie, Car pas ne sui de son linage ; Ne ne le di pour avantage, Pour promesse, ne pour avoir Que je n'autres en doie avoir ; Einsois le di pour verité (MACH., P. Alex., p.1369, 247). Car ceuls a qui l'en contrairie cuident souvent que l'en le face par haine ou par envie. (ORESME, E.A.C., c.1370, 534). Donques, s'il n'y a autre cause que aucuns ait sur nous adevinee par envie ou par haine, je dy que par droit vous ne nous devez vouloir nul mal, nous qui sommes hommes et vrais subgiez et obeissans de nostre droit seigneur naturel Remond de Lusegnen, car, se aucun nous vouloit molester ou injurier, si nous devriez vous garantir. (ARRAS, c.1392-1393, 211).

 

-

Sans haine : Adonc saisy l'enffant qu'elle ama sans haïne (Tristan Nant. S., c.1350, 150). ...et nommerés à vostre loyal povoir, sans faveur desordonnée et sans hayne, bonne personne, ydoinne et convenable pour exercer l'office de Chancellier. (BAYE, II, 1411-1417, 130).

 

-

Avoir qqn en haine. "Haïr qqn" : Item, communelment les gens ont en haine ceulz qui contraingnent a leur mouvement et a leurs volentés. (ORESME, E.A., c.1370, 534). Saint pére, de moy vous souffrez A present, par vostre benigne Grace, sanz m'avoir en haine, Ny en desdaing (Mir. st Lor., 1380, 130). Sachiez que, non contretant que Remond eust esperance de la ravoir, si avoit il telle douleur au cuer que nulz ne le vous sauroit dire. Et ne fu puis homs qui le veist rire ne mener joye. Et forment avoit en hayne Gieffroy au grant dent. Et sachiez que, s'il l'eust tenu en son yre, il le eust fait destruire. (ARRAS, c.1392-1393, 262). ...il scavoit bien que le roy l'avoit en hayne du temps qu'il estoit daulphin, jaçoit ce que il l'eust bien et loyaument servi (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 148).

 

.

Avoir haine à / avec /vers qqn : ...environ deux ans a, un nommé Thiebaut qui ouvroit avecques eulx esdiz aigoux, fu par ycellui Perrin, qui lors avoit hayne audit Thibaut, fait cheoir en yceulx aigoux, esquelx il ala de vie à trespassement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 13). Hayne vers nulluy tu n'aras, Mais cascon ameras loialment. (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 384). ...quelz Soulays avoient haine avec ledit Pierre Bellon pour ce qu'il avoit fiancé une soeur à eux, avec laquelle il s'estoit tenu par long temps, et en avoit eu un enfant et ne la vouloit espouzer (Cartul. Laval B., t.3, 1483, 305). Et incontinent que Jean Bellon les vist, vint au-devant d'eux de peur qu'ilz outrageassent ledit Pierre Bellon, pour la hayne que avoient à luy pour les causes dessusdictes (Cartul. Laval B., t.3, 1483, 305).

 

-

Choir en haine. "En arriver à se haïr" : Advint que Loys Rambaut et Lymosin, qui estoient compaignons d'armes ensamble, cheirent en hayne. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 110).

 

-

Espris de haine sur qqn. "Plein de haine pour lui" : Lors fait Gieffroy monter ses X. chevaliers, et s'arma, et monta, et party de Mont Jouet, espris de grant courroux et de grant hayne sur l'abbé et les moines de Mailleres. (ARRAS, c.1392-1393, 250).

 

-

Cueillir / accueillir qqn en haine. "Se prendre à haïr qqn" : ...son mari, qui en trop grande haine l'avoit aquelliet par l'enort et consel de un chevalier d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 60). Chil archier de Lincole, et moult d'aultres conmuns, pour l'amour d'euls, vous ont quelliet en grant haine (FROISS., Chron. D., p.1400, 121). La garnison de Bouchain coeully en haynne les compaignons de Walers (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 240).

 

-

Concevoir / emprendre (une) haine contre / envers qqn. "Se prendre à haïr qqn" : ...il fist tant devers messire Regnault d' Esconnevort que cilz emprist une petite haynne devers ledit chevalier à petite occoison (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 175). ...il qui parle (...) sceut et vit que le dessus nommé Jehan Malherbe, son serourge, qui semblablement demouroit en icelle ville de Ligierville, menoit très-mauvaise vie à sa femme, suer de lui qui parle, et qu'il la batoit moult durement et souvent, pour ce que sondit serourge souspeçonnoit sadite femme que elle ne se feist harigoter à aucuns compaignons demourans en icelle ville ; conceut en lui hayne contre sondit serourge, et ot entencion et voulenté de le batre pour la cause dessus dite (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 17). ...qui avoit conceu hayne mortelle contre ledit Petit Jehan, pour raison de ce que ledit Petit Jehan avoit frapé ou batu longtemps par avant ledit du Bust, pour noise qu'ilz eurent ensemble (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 58).

 

-

Porter haine à qqn : Achillés, qui moult grant hayne Porte a Hector (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 83).

 

-

Prendre qqn en haine. "Se mettre à haïr qqn" : Cestui predist au roy qu'il seroit prins en hayne de ses vassaulx en celui an (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 r°).

 

-

Prov. Vieille haine toujours apporte nouvelle mort : A ceste heure fut averié [l. averie] la parole que on souloit dire, que tousjours vieille haynne apporte nouvelle mort (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 316).

 

.

Il n'est si mauvaise haine couverte ni si mauvaise guerre que de voisins : Ms on dit communement une parolle asses veritable : il nest [l. n'est] ni [l. si] mauvesse haynne couverte ne si mauvesse gerre que de voisins ensanble leun [l. l'eun] a lautre [l. l'autre] (JEAN DE HAYNIN, Mém. B., t.1, 1466-1477, 109).

B. -

"Aversion pour qqc."

 

-

Avoir qqc. en haine : Mais j'ay leurs raysons recitees loyalment et declairé evidenment qu'elles ne sont pas bonnes et que aucunes de elles sont purement sophistiques, quar combien que Aristote fust excellent philosophe, nientmoins selonc ce que puet apparoir par ce que dit Eustrace sus le premier d'Ethiques, Aristote reprovoit aucune foys Plato trop indeuement et avoit ses oppinions en hayne oultre rayson. (ORESME, C.M., c.1377, 260).
 

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 Article 22/32 
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     HAINEUR     
FEW XVI *hatjan
HAINEUR, subst. masc.
[GD : haineur ; FEW XVI, 178b : *hatjan]

A. -

"Celui qui hait, ennemi" : Requise [se] de la mort dudit Rotisseur elle se veult rapporter en ce que ledit Jaquotin en a dist et deposé par davant l'official de Paris, dit par son serement que non, pour ce que icellui Jaquotin est son hayneur, pour ce que nagueires il a requise elle qui parle d'avoir compaignie charnelle à elle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 262). Oditor (...) : haineur, qui heit (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 340). ...je supplie, sy treshumblement que puis, a tous princes et aultres hayneurs que paix leur soit recommandee et que vous et tout bon prince la querez, se par vous se povoit raisonnablement recouvrer, comme la chose que toute bonne gent desirent plus. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 10). Et ne le dis pas sans cause, car je croy que aurez des hayneurs, envieulx et baveux qui diront espoir de meschans parolles de vous et a vous mesmes, pour ce que ne pourrez, saulve vostre honneur, faire ce qu'ilz demanderont et vouldroient bien avoir, ou que vous ne leur ferez pas responces aggreables (JUV. URS., Nescio, 1445, 472). S'il est coustumier de injurier partie, ou s'il est son hayneur. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 354). ...ses haynneurs et malveullans faisoyent courir par lettres ou aultrement [des accusations] (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 268). ...à la requeste de ses hayneurs et malveillans, par faulx, mauvais et sinistres rappors dont estoit inventeur principal messire Charles de Meleun (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 161).

B. -

Haineur de qqc. "Celui qui poursuit qqc. de sa haine, qui est hostile à qqc." : Aux trespassez je faiz ce laiz [l'absolution demandée pour les morts] Et icelluy je communicque A regens cours, sieges, palaiz, Hayneurs d'avarice l'inicque, Lesquelz pour la chose publicque Se seichent les oz et les corps : De Dieu et de saint Dominicque Soient absolz, quant seront mors ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 135).
 

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 Article 23/32 
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     HAINEUSEMENT     
FEW XVI *hatjan
HAINEUSEMENT, adv.
[GDC : haineusement ; DEAF, H61, 64 ha‹r ; AND : hainoussement ; FEW XVI, 178b : *hatjan ; TLF : IX, 648b : haineux (haineusement)]

"De manière haineuse" : Odiose : haingneusement (Abavus IV, R., c.1350, 412). Princes, parler senestrement D'autrui et haineusement A Juif, Sarrazin, Crestien Est grant folie et grant tourment. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 167). Odiose : haineusement (Aalma R., c.1380, 285). ...la poissance du roy d'Engleterre paseroit deçà la mer et invaderoit hayneusement le royaume de France (Doc. 1393. In : E. Jarry, Bibl. Éc. Chartes 53, 1892, 552). Et je [Villon] croy bien que pas n'en ment, Car chassié fut [Villon] comme ung soullon De ses amours, hayneusement, Tant que d'icy a Roussillon Brosses n'y a ne brossillon Qui n'eust, ce dit il sans mentir, Ung lambeau de son cotillon, Quant de ce monde voult partir. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 150). Quantes paroles semées hayneusement contre luy par ce noble Roy endurées et ouyes ! ce que couraigeusement et de grant vertu il a porté et soubstenu, sans se demettre, ployer ne amenrir, non plus que l'acier dont je fay comparaison ! Quantz heurtz de guerre ! Quantes batailles et rencontres il a soubstenus et portés en sa personne, et mesmement venant de ses subjectz ! (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 313).

REM. LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 340, s.v. odibiliter et odiose ; 350a, s.v. ose. LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 259, s.v. odibiliter et 260, s.v. odiose. J. DE COURCY, Hist. de Grèce, 1416-1422 (ms. du XVe s., si hayneusement a ce jour combatirent que...), ds GDC IX, 742a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 24/32 
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     HAINEUSETÉ     
FEW XVI *hatjan
HAINEUSETÉ, subst. fém.
[GD : haineuseté ; DEAF, H61 ha‹r ; AND : hainousté ; FEW XVI, 178b : *hatjan]

"Haine, défaut de celui qui est haineux" : Hayneuseté : odiositas (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 229).

REM. LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 340, s.v. odibilitas et odiositas. LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 259, s.v. odibilitas, hayneuseté, et 260, s.v. odiositas, haineuseté.
 

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 Article 25/32 
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     HAINEUX     
FEW XVI 178b *hatjan
HAINEUX, adj. et subst. masc.
[T-L : häinos ; GD : haineus ; GDC : hainos ; DEAF, H59 ha‹nos ; AND : hainous ; FEW XVI, 178b : *hatjan ; TLF : IX, 648a : haineux]

I. -

Adj.

A. -

"Qui éprouve de la haine" : Or est Regnault venu a Paris et ses barnez, Et ses trois freres aussi (...) Maiz Maugiz est tousdiz haÿneux demourez (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 35). Et maint samblent mi amy, se ce dure, Qui me seront haïneus anemy. Helas ! pour ce que Fortune m'est dure, Ce que plus aim n'a mais cure de my. (MACH., L. dames, 1377, 171).

 

-

Haineux à / de qqn : ...a pau qu'ilz ne le firent dictateur ; mais les consules l'empescherrent pour ce qu'il estoit trop crueulx et trop hayneux au poeuple. (LA SALE, Sale D., 1451, 183). Trop forment est ma charongne afolee, Descongnoissant et tresmal heüreuse, Dont en pourroit bien estre rygolee En la parfin et de Dieu haÿneuse, Quant il la fit assez substancieuse Et lui donna sens et discrecion, C'estoit amour, celonc m'entencion. (Jeu quatre pers. L., a.1465, 197).

 

.

Estre haineux et contraire à qqn : Car [ma dame] moult petit prisera la clamour De mon vray cuer et ma grant loyauté. Si m'ara tost selon droit oublié. Et s'aucuns ont parlé pour ma grevance, Qui sunt à moy haïneus et contraire, S'elle les croit, s'iert pechiés et enfance ; Mais en li est de moy faire ou deffaire. Or en face son millour ! Qu'en moy ja mais mon cuer n'ara retour, Eins sera siens tous et contre son gré. (MACH., L. dames, 1377, 212).

B. -

"Inspiré par la haine" : Fortune est amour haïneuse, Bonneürté maleüreuse ; C'est largesse advaricieuse ; C'est orphenté ; C'est santé triste et dolereuse ; C'est richesse la soufferteuse (MACH., R. Fort., c.1341, 41). ...pluisieurs incidences perilleuses et hayneuses avinrent puis en Engleterre (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 6). ...parolles dures et haïneuses (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 182). LE LARRON [à Notre Dame]. De oultrage fïere et hayneuse, Furïeusement furïeuse Du dyable, soyes preservé Par ta saincte nativité. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 75).

C. -

"Qui inspire la haine, odieux, haïssable" : Je ne di pas que Genevois N'aient la huée et la vois, Et tres grant puissance seur mer, Ho là ! je n'en vueil nuls blasmer ! Car comparisons haÿneuses Sont, ce dit on, et perilleuses. (MACH., P. Alex., p.1369, 49). Tous lesquieulx, veu l'accusacion (...) l'estat dudit prisonnier et la matiere dont l'en traitte ad present, qui est chose très-hayneuse, touchant crime de lese-magesté, et regardant le bien et chose publique, delibererent et furent d'oppinion que (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 487).

D. -

[D'une chose] "Réfractaire, contraire" : Colere et melancolie sont humeurs hayneuses et ne se peuvent transmuer en sang pour leurs mauvaises qualités (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 7).

 

-

"Difficile, qui résiste" : Maiz pour touz debas et moy expedier de ceste matiere haineuse je fays cy une question assez doubteuse (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 234).

 

-

"Haïssable" : Trestous aultres me despiront [moi, le corbeau], Et de mes ditz ne me creront, Car mon habit est haïneux. Ilz me voulront crever les yeulx (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 194).

 

-

[D'un chemin] "Difficile, pénible" : Et est le chemy assez hayneux a y aler, pour ce qu'il fault passer eaue a barques en plusieurs lieux. (Voy. Jérus., c.1395, 65).

 

-

Haineux à qqc. "Mauvais pour qqc., nuisible à qqc." : Aux yeulz non sains la lumiere est hayneuse comme aux chuettes et caudesoris qui volent de nuit. (Somme abr. M., III, c.1477-1481, 157).

II. -

Subst.

A. -

"Celui qui éprouve de la haine, qui est porté à la haine" : Or regardés des malles gens, comment haïneux et losengier s'avancent de parler outrageusement et sans cause (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 128). ...et disoient les hayneulx que c'estoit impossible chose que ung tel homme comme Hanibal estoit peüt nullement vivre en paix (LA SALE, Sale D., 1451, 36).

B. -

"Celui, celle qui est porté à la haine envers qqn, ennemi de qqn"

 

-

Haineux à qqn : ...il me semble qu'il [Geoffroy] soit cy venus comme par maniere de faire guerre. Et ne croy pas que ce soit a monseigneur ne a nulz de ceulx de ceste forteresce, car ja ne plaise a Dieu que monseigneur ne nul de ses gens ait fait chose qui puisse desplaire a Gieffroy ne a monseigneur son pere ; et se par aventure aucuns hayneux a monseigneur avoient informé Gieffroy d'autre chose que de raison, je lui vouldroye supplier humblement et requerre que il lui pleust a ouïr monseigneur en ses excusances. (ARRAS, c.1392-1393, 208).

 

-

Haineux de qqn : ...se met de son bon gré en toutes enquestes de touz ses fais à li imposez (...), exceptez toutes voies ses haineux (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1333, 90). ...je veu au paon si comme aventureus Que (...) m'en iray tous sceuls Tout droit au pavillon véoir no hayneus (Hugues Capet L., c.1358, 61). ...vos envieulx et hayneulx dient que... (GERS., Traité R. Rose H., 1402, 73). Lequel Jehan Robert, (...) doubtant lesdites menasses et que iceulx Anglois ne voulsissent ouvrer contre lui par voie de fait et le grever de son corps, a l'instigacion et pourchaz d'iceulx ses hayneulx (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 100). ...lesquelz eulx doubtans de leurs corps, comme ilz disoient, doubtant la fereure de Jehan Caquerel dit Fynot et Milet Paquette, iceulx quatre disant estre lesdis Fynot et Milet leurs hayneux et malveillans (Trés. Reth. L., t.3, 1441, 210). ...et là sousjournoit [le roy d'Escoce] et tenoit son estat en une abbéye de Jacopins en dehors d'icelle ville, si fu là espyé par aulcuns de ses hayneux. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 275). ...mondit seigneur de Bourgoigne est adverty que le Roy est induict et pressé par ses heyneux de prendre et querir aliances et confederacions à l'encontre de lui (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 402). ...Vraiz capitaines de noble extraction Et grans seigneurs en generacion, Qui n'avoyent pas les couraiges failliz Pour eulx deffendre ou pour estre assailliz Ne pour peler a leurs haygneux chastaignes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 137). ...à la requeste de ses haigneux et malveillans (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 156).

 

.

Estre son haineux / sa haineuse. "Être son ennemi(e)" : ...ledit Berthaut (...) ainsy examiné, a volu croirre Jehan Laumaille, sa femme et leur fille, et non pas Gieffroy Le Maire et Thomas Minier, pour ce qu'ilz sont ses hayneux, sy comme il dit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 502). Sebile La Buffe (...) tesmoing jurée en la presence de Charlot Le Convers, le samedi VIJe jour de janvier oudit an, qui la contredit, pour ce que il dit que elle est sa hayneuse et mal veuillant, et a envie sur lui, pour ce que il se maintient et gouverne honnestement et paisiblement, et qu'il est filleul du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 24).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 26/32 
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     HAÏR     
FEW XVI *hatjan
HAÏR, verbe
[T-L : häir ; GDC : hair ; DEAF, H43 ha‹r ; AND : hair1 ; DÉCT : häir ; FEW XVI, 178a : *hatjan ; TLF : IX, 648b : haïr]

A. -

"Éprouver un sentiment d'aversion profonde envers (qqn), détester qqn et lui vouloir du mal" : Aimme son maistre et son mestier Seur tout ; et ce li est mestier Qu'il l'onneure, oubeïsse, serve ; Et ne cuide pas qu'il s'asserve, Car s'il les aimme, il l'ameront, Et s'il les het, il le harront : Pourfiter ne puet autrement. (MACH., R. Fort., c.1341, 1). Et quant einsi les maus d'amer Sen pour vous, dame, point d'amer Ne me devez faire sentir, Ne ne vous devez assentir Que vos cuers se doie envaïr A moy, pour vous amer, haïr. Chiere dame, et vous savez bien Que qui rent le mal pour le bien, Que c'est uns horribles pechiez Pour ceaus qui en sont entechiez. (MACH., D. Lyon, 1342, 192). Car on doit ruser les ruseurs, Qui puet, et moquer les moqueurs, Les mauvais haïr et blamer, Et les amans loyaus amer. (MACH., D. Lyon, 1342, 215). ...c'est sanz cause desservie Que me haiez. (Mir. parr., 1356, 6). Et encor fu l'entention Dou roy que domination Eüst dessus tout son païs, Dont il fu des princes haïs. Mais Dieus li peres le menoit En tous ses fais, et soustenoit (MACH., C. ami, 1357, 35). Mais il fust entrez en mal an, Se Dieus ne l'eüst secouru, Car si anemi acouru Y sont pluseurs qui le gaitoient Et qui mortelment le haoient, Si virent par une fenestre Qu'il aouroit le Dieu celestre (MACH., C. ami, 1357, 38). N'estoit pas de ses gens haïs, Car chascuns l'amoit et servoit Pour ce que bien le desservoit. (MACH., C. ami, 1357, 105). Là demoura II. mois entiers, Et on le vit moult volentiers. Li maistres par especial, Et les freres de l'Ospital, Et aussi tous ceus dou païs, De qui il n'estoit pas haïs, Grant honneur et grant reverence Li feïrent de leur puissance. (MACH., P. Alex., p.1369, 52). Il [le sultan] commanda, sans demourée, Que tous Crestiens en sa terre Fussent pris, et qu'on les enserre Et qu'il soient emprisonné, Mal traitié et fort rensonné. Et on fist son commandement, Et encor plus ; car mortelment Li Sarrazin si les haioient, Et en tous lieus les despitoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 115). Et li Sarrazin ensement S'estoient tout premierement Mis de la plainne en la montaingne ; Honte et mescheance leur veigne, Car ce sont gent qui trop nous héent, Et qui à nous destruire béent ! (MACH., P. Alex., p.1369, 148). Des mauvois estoit tous li pires, Et des autres amiraus sires, Et avoit le gouvernement Dou soudan tout entierement, De son regne et de son païs ; Et si estoit d'aucuns haïs, Car on avoit moult grant envie De son estat et de sa vie ; Son nom pas ne vous celeray, Einsois le vous exposeray. Irbougua estoit appellez (MACH., P. Alex., p.1369, 182). Lors Gaverelles le singla Parmi les flans IJ. cops ou IIJ. De s'espée, jusqu'à la crois, Si que les bouiaus li cheoient Par mi les plaies qui sainnoient. Là fist Hanris de Gibelet Le pieur cop et le plus let, Car trop durement le haoit Pour ses enfans que pris avoit, Einsi com devant conté l'ay, Si qu'il ne fist pas lonc delay ; Einsois la teste li fendi, Si que la cervelle espandi. (MACH., P. Alex., p.1369, 269). Hé ! mesdisans, com je vous doy haïr, Quant j'ay perdu par vous le dous repaire Où celle maint qui me fera fenir, S'elle vous croit, par mort crueuse traire. (MACH., L. dames, 1377, 122). Il ne m'est pas tant dou mal que j'endure Comme de ce que je voy loyauté Par traïson mise à desconfiture ; Car j'ay long temps parfaitement amé, Loyaument, en bonne foy, Celui que plus au jour d'ui haïr doy Et qui mon cuer tient en plus grant soussi, Pour ce qu'il m'a mauvaisement tray. (MACH., L. dames, 1377, 230). Car ja pour ce ne le harray N'eschueray Ne ne vorray Qu'il ait esmay Ne riens dont il soit en irour, Et aussi bien me garderay Que je diray Et mousterray Que je l'aim de commune amour. (MACH., Les lays, 1377, 383). Et s'elle murtrir Vuet .J. amant et honnir, Haïr, Fuïr Et tenir Dolours En li et tristours, Ce n'est pas bonne nature. (MACH., Les lays, 1377, 387). ...elle a oy dire par plusieurs fois à laditte Marguerite que ce estoit l'omme du monde que plus elle haïoit que ledit feu Hennequin, et que encores le feroit-elle getter mort sus le carrel, et en deust estre menée au gibet de Paris. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 258). ...[il] dist audit Jaquotin que aussi estoient iceux Rotisseur et sa femme les gens du monde qui plus d'injures et vilenies li avoient fait et à sondit mary, et que elle hayoit le plus, et que elle voudroit bien qu'il feust très-bien batus de batons, sanz cousteaux, et que, sur l'amour que il avoit à elle, il le vengast desdiz Rotisseur et sa femme, qui ainsi les avoient injurié. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 265). Ilz [le roi Elinas et Présine] furent espouzez, et menerent longtemps bonne vie ensemble. Mais ly pays du royaume d'Albanie estoient moult esbahiz qui celle dame estoit, combien qu'elle gouvernast saigement et vaillaument. Mais Mataquas, qui estoit filz du roy Elinas, la haioit moult. (ARRAS, c.1392-1393, 9). Atant et vous le roy Uriien, l'espee ou poing, et voit le soudant de Barbarie, qui moult le heoit pour son oncle le soudant qu'il avoit occiz en Chippre. (ARRAS, c.1392-1393, 236). Un sien prevost, qui moult hayoit Les Juïfs de mortelle haÿne (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 264). ...aucuns publioient à Paris, comme avoit ledit Berry entendu, qu'il haioit les habitans de Paris et leur voloit mal (BAYE, II, 1411-1417, 19). ...Piquet estoit homme noiseux et rioteux et hay de pluiseurs gens (FAUQ., I, 1417-1420, 376). Item, est assavoir que les Lucitains estoient gens de une partie d'Espaigne qui moult heoient les Rommains (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 27). Et non seulement habandonner de ceulx qu'ilz ont tant et si très loyaulment servy, ains permetteras qu'ilz en soyent jusques au destruire heÿs (LA SALE, Sale D., 1451, 77). ...car homme de telle condicion ne puet estre de nullui amé, ains est hays de tous. (LA SALE, J.S., 1456, 23). ...moult luy tardoit de rencontrer celle qu'elle hayt plus que poison. (C.N.N., c.1456-1467, 275). ...[elle] luy respondit tout froidement que lui ne aultre elle ne haioit, ne vouldroit hayr, et qu'elle aymoit chascun par bien et par honneur. (C.N.N., c.1456-1467, 386). ...il me condemnera a pendre, et nul de la ville ne s'i opposera pour moy, car ilz me hayent trestous. (C.N.N., c.1456-1467, 450). Il couvient que je te herré, Car tu m'as fait grant trichery ; Ton fait, il sont tout trompery (Path. D., c.1456-1469, 132). Nous en serons de Dieu haÿs, Si me dobte, bons et maulvaiz ! Souvent les bons portent le faiz Et la punicion des pecheurs. (Pass. Auv., 1477, 269). C'est pour ce que j'ay la barbe roussete Et que je ne puis heurter au guichet. Et vela pour quoy ma femme me haict. (LA VIGNE, S.M., 1496, 266).

 

Rem. Morphol., haier : Car unqes rien ne vous mesfis Ne envers vous rien ne mespris Pur quoi vous nous deussez haier (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 114).

 

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Haïr qqn à/de mort : Ma joie seroit bien faillie, Mes j'ai si grant espoir en li, Qu'elle haroit a mort celi Qui deshonneur pourchasseroit (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 172). Il respondit que de vous ne tenroit pour I denier et qu'il vous haioit a mort (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 22). ...et comme si de mort haïssent l'un l'autre, vinrent devant la face des dames férir et hurter ensamble moult fièrement (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 455). LUCIFER. Les haulx gouverneurs de la loy Ne sont ilz pas de son accord [de Jésus] ? SATHAN. Nennil, ilz le hëet a mort : Ame d'iceulx ne s'i encline, Car de luy ne de sa doctrine Ilz n'en peuent oÿr parler (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 618).

 

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[En tournure nég., p. litote] : [MADELEINE, à Jésus]. ...je vous prye Que bien souvent me veniés voir : Corps et biens et tout mon avoir Pour vous servir obligeron, Marthe, ma seur, et Lazaron, Mon frere, qui ne vous het pas. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 441).

 

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Empl. abs. : Vous savez bien que je di voir Et si est contre l'evangile, Qui dit que c'est chose si vile De haïr ; et c'est un mors tel Com de vivre en pechie mortel ; Qu'on passe les commandemens De Dieu, qui est nos sacremens ; Dont la fin est tele sans fable Qu'on en pert gloire pardurable. (MACH., P. Alex., p.1369, 237). Item, il aimme et hait manifestement. (ORESME, E.A.C., c.1370, 256). Helas ! pour quoy virent onques mi oueil Biauté, pour moy decevoir et traïr, Ne corps changant ne cuer, plein de tel vueil Qu'il faint amer et ne fait que haïr ? Miex me vausist estre nés, sans mentir, Sans yex qu'amer dame, où tant truis contraire, Quant loyauté ne meint en son viaire. (MACH., L. dames, 1377, 69). Pour ce dame nuit et jour Doit avoir l'ueil et le cuer à s'onnour Et tel amant fuir, car, sans mentir, S'il cuide amer, ne fait il que haïr. (MACH., L. dames, 1377, 198). Bien est fol qui en tes dons s'affie [Fortune aveugle]. Or hès, or aimes, or fais, or despieces, il n'a en toy de seurté ne d'estableté ne qu'en un cochet a vent. Las, ma tres doulce amie, je sui le faulx crueux aspis et vous estes la licorne precieuse. Je vous ay par mon faulx venin trahie. (ARRAS, c.1392-1393, 243).

 

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Empl. pronom. "Éprouver un sentiment de haine envers soi-même" : Bien me doy hair et despire Quant j'ay tant mon orgueil creu... (Mir. parr., 1356, 25). Dont je doy moy meismes hair, Qui bée a mon frére trair (Mir. emper. Romme, 1369, 255).

 

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[Part. passé en empl. subst.] Le haï de qqn. "L'ennemi de qqn" : Lequel le fist ainsi, mais non pas sans dur, pour cause des autres qui labouroient en contraire et qui volentiers eussent vu la confusion de leur hay. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 27).

 

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Inf. subst. : ...sy fery le Sarazin entre col et escu par tel haÿr qu'il lui fist voler le chief jus les espaulles (Messire Gilles de Chin L.-R., c.1400, 128). Et sy te a porté grant grief ton haïr et ton amer peu de pourfit. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 161).

 

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Prov. Il n'est pas sire de son pays, qui de ses hommes est haï : Et pource dit le proverbe commun qu'il n'est pas sire de son pays, qui de ses homes est hay (Songe verg. S., t.1, 1378, 232). Car de son païs n'est li hons sires clamez, Quant il est de ses gens haïs et despitez (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 248). Car sire n'est de son paÿs Qui de ses hommes est haÿs. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 141). ...et cilz n'est pas sire de son païs, qui de ses hommes est hays. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 7).

 

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Le taureau n'aime pas le gourreau, toutefois il a ce qu'il hait : Impuissanche de resister, car comme dist Ovide ou livre sans titre : «Le toreau n'aime pas le goreau ["le joug"], toutefois a il che qu'il het». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 207).

 

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Qui que l'on hait au premier, on l'aimera au dernier. "Celui qu'on commence par haïr, on finit par l'aimer" : ...car qui que l'en hee au premier, l'en aimera au desrain et prisera mille fois plus quant on verra sa grant prudence et sa constant bonté. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 103).

 

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[Sentence] : Et c'est che qui est dit en Proverbes ou .XXVIIe. chapitre : (...) "Mieulx vaillent les plaies de chelui qui aime que baissiers plains de fraude de chelui qui het". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 196).

B. -

"Éprouver de l'aversion pour qqc., détester qqc." : Messire Pierre de Gresille, Qui het le temps, quant il gresille (MACH., P. Alex., p.1369, 141). Car quant je voy que n'ay voie n'adresse à tost veoir vostre maniere gente Et vo douceur qui de loing mon cuer blesse, Qui toudis m'est par pensée presente, Je n'ay confort ne retour Fors à plourer et à haïr le jour Que je vif tant ; c'est mes plus grans delis. Et tout pour vous, biaus dous loiaus amis. (MACH., L. dames, 1377, 175). Et si renoy le bon temps, les bons jours Et tous les diex qu'onques eurent amie ; Ne plus ne vueil aourer Venus n'Espoir, ne vivre en doulz penser, Eins vueil fuir et haïr toute joie, Quant j'ay perdu la riens que plus amoie. Si vueil user toute ma vie en plours Et tant plourer que m'arme soit noïe En mon plourer et qu'avec mes dolours Ma fourme soit en larmes convertie. (MACH., L. dames, 1377, 201). Lasse ! dolente, or ne te puis veoir ; Pour ce m'estuet, dont je souspir et pleure, Haïr mes jours pour ta longue demeure. Et souvenirs, qui ne me laist durer, L'impression de t'image honnourée, Juene, gentil, bonne et belle sans per, Peint en mon cuer avec douce pensée, Pour moy faire joie avoir. (MACH., L. dames, 1377, 205). Des autres mois soit [le mois de mars] desjoins et ostés Et de Nature oubliés et hays, Et Avril soit exauciés, honnourés, Li biaus, li dous, li courtois, li jolis, Qui florist de toutes pars Les prez, les bois et les champs et les pars, Et me garist maugré Mars et sa route, quant il m'a fait avoir en piet la goute. (MACH., L. dames, 1377, 222). Morte m'esperence truis, Quant souvenirs ne me rent Nul aligement Fors grief torment Qui m'aprent Haïr mes jours et mes nuis, Et je de toy fermement Croy que nullement D'esbatement N'as talent Et qu'an riens ne te deduis. (MACH., Les lays, 1377, 354). Las ! elle het mon preu et ma santé, Pour ce que j'aim s'onneur et sa biauté, Et si la serf de cuer en tel cremour Que nulle riens ne li pri, eins l'aour. (MACH., Motés, 1377, 505). Sy comme aucuns qui sont si affichiéz et si ahurtéz a leurs oppinions que il heent et leur desplest et ne veullent oïr raysons au contraire. (ORESME, C.M., c.1377, 178). Je ma vie et desire ma mort ! (GARENC., Poésies N., 1390-1400, 15). L'ystoire nous dist que Remondin fu moult courrouciez en cuer quant il ouy la requeste que ly conte de Poittiers, ses sires, et le conte de Forests, ses freres, lui fesoient, car il amoit et doubtoit tant sa dame que il heoit toutes choses que il pensoit qui lui deussent desplaire. (ARRAS, c.1392-1393, 43). Jamais ne t'a pleu mariage ; fuy l'as tousjours, craint et refusé, mesmement hay et mesprisé les bons et justes conseilz de ceulx qui t'y ont voulu joindre (C.N.N., c.1456-1467, 556).

 

-

"Détester, repousser avec aversion (une chose nég., mauvaise)" : Aussi ne dois tu la puissance De Fortune, ne sa muance En ton cuer amer ne prisier, Mais haïr, fuïr, desprisier, Ne tels biens ne desire en toy. Et se tu retiens mon chastoy, Tu aras le bien sans faillir Qu'elle ne te porroit tollir. (MACH., R. Fort., c.1341, 91). Bien doi avoir le cuer dolent Et la mort hair et maudire, Car tolu m'a le meilleur sire C'onques nasquist... (Mir. st J. Cris., c.1344, 254). En Chypre avoit un escuier Qu'on devroit mettre et estuier Droitement ou siege d'onnour, Car riens ne het fors deshonnour. (MACH., P. Alex., p.1369, 179). Et selon toutes teles circonstances ou aucunes [delectacions] superhabundent et excedent les desactrempéz, c'est quant il se esjoïssent d'aucunes choses dont il ne convenist pas soy esjoïr et qui sont laides et a haïr. (ORESME, E.A., c.1370, 224). ...le grant bien de li en moy redonde Par grace de fine amour Qui me contraint à haïr deshonnour Et tout vice (MACH., Bal., 1377, 562). Vos dous parlers me soustient et norrist En flun de joie et de toute douçour, Vostre sage maintieng si m'enrichist Qu'il me contreint à haïr deshonnour, Vos gentilz cuers me fait plus de tenrour Qu'en cent mil ans desservir ne porroie, Et vos regars meinteint mon cuer en joie. (MACH., L. dames, 1377, 163). Lasse ! chetive, dolente, Bien haïr ma vie doy, Quant je voy Que tous ces maus nous presente Bonne foy. (MACH., Les lays, 1377, 354). Quar ce que j'ay plus doubté que mourir M'est avenu ; bien doy l'eure haïr. C'est qu'il me faut, et par force, abstenir D'aler parler et aussi d'envoier Vers ma dame que j'aim, craing et desir Plus que chose que Dieux ait fait venir. (MACH., Les lays, 1377, 470). C'est une maniere de pechié que Dieu het moult, et quiconques est pris en ce pechié, il est dampné si comme Judas qui en desperance se pendit (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 30). ...Et sy vous tiens pure et sy munde Que vous hayés tout vice immunde, Par lequel on a fel renom (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 472).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 27/32 
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     HAÏSSABLE     
FEW XVI *hatjan
HAÏSSABLE, adj.
[GDC : haissable ; DEAF, H53 ha‹ssable ; FEW XVI, 178a : *hatjan ; TLF : IX, 649b : haïssable]

"Qui ne mérite que la haine"

Rem. Aalma R., c.1380, 8347 (odibilis (...) : hayneus ou dignes de hayne ou haÿssables).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 28/32 
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     HAÏSSEUR     
FEW XVI *hatjan
HAÏSSEUR, subst. masc.
[GDC : haisseur ; DEAF, H53 ha‹sseur ; FEW XVI, 178b : *hatjan ; TLF : IX, 649a : haïr (haïsseur)]

"Celui qui hait" (synon. haineur)

Rem. Aalma R., c.1380, 8605 (osor (...) : haïsseur, malvoilant).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 29/32 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     HÉ1          HÉ2          HÉ3     
FEW XVI *hatjan
HÉ, subst. masc.
[T-L :  ; GD : hé1 ; DEAF, H53-54 ha‹r (h‚) ; FEW XVI, 178b : *hatjan]

"Haine" : ...l'ot si en Que il li fist tolir la vie (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 365). Belle tres doulce amie, aiez humilliteit, Que s'un povre vaissalz, d'avoir tres malz meublés, Poioit le pris acquere, que ne l'aiez en  ; Car aussi bon cuer ont li povrement parés Que cil qui sont de gris et de boin vair fourés. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 115). Or l'ont li Sezillois prins durement en (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 413).

REM. Galien D.B., c.1400-1500, v.541 (prins en ) ; Scheler, Gloss. Geste Liège, 174 (v.14930, prendre en heit) ; MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, V, 437 (het ; K. Baldinger, R. Ling. rom. 46, 1982, 66).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 30/32 
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     HEER     
FEW XVI *hatjan
HEER, verbe
[FEW XVI, 178a : *hatjan]

"Haïr" : ...il le héoient de noire mort et lui souhaidoient toutes les malédictions de Cayn par courrage qu'ils avoient contre luy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 43). ...tant comme bon et léal Franchois héant les Anglès (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 351). [Autres ex. t.4, 475 ; t.5, 339]

REM. Cf. aussi DEAF, H 47 : haïr
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 31/32 
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     HEEUX     
FEW XVI *hatjan
HEEUX, adj.
[GD : heeus ; DEAF, H56 heeus ; FEW XVI, 178b : *hatjan]

"Qui inspire de la répugnance"

Rem. Ex. de la 2e moitié du XIVe s. ds DEAF (var. de hideus "hideux").
 

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 Article 32/32 
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     PARHAÏTION     
*FEW XVI *hatjan
PARHAÏTION, subst. fém.
[*FEW XVI, 179a : *hatjan]

"Haine extrême" : Quant je l'ouÿ compter de tel paraicïon, Erraument lui donnay tel absolucïon, Que d'une grosse branche lui donnay tel pardon, Que je fis sa cervelle verser sur le sablon (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 68).

Rem. Cf. GD V, 769b, parhair.
 

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