C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide
     CIEL     
FEW II-1 caelum
CIEL, subst. masc.
[T-L : ciel ; GDC : ciel ; AND : ciel1 ; DÉCT : ciel ; FEW II-1, 34b : caelum ; TLF : V, 800b : ciel]

A. -

ASTR. [Dans la conception géocentrique de l'époque (astr. et langue cour.)]

 

1.

"Chacune des sphères de matière transparente, concentriques à la terre, sur lesquelles sont fixés les différents corps célestes et qui accomplissent un mouvement rotatif autour du centre ; ensemble de ces sphères" : Je respon et di que le feu est meu circulairement en son espere non pas par sa nature, mais pour ce que le ciel le trait aveques soy par son mouvement et par son influence. (ORESME, C.M., c.1377, 76). Ainsy donc mettent les philosophes .IX. esperes ou cieulx dont les .VIII. sont a nous notablement sensibles pour les divers mouvements des estoilles qui se monstrent a nous. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 8). Et de ce s'ensuit il quant a nous que le ciel n'est pas bien droit situez ne assiz, maiz de maniere oblique, si comme il peut clerement apparoir, qui ymagine bien la situacion des poles dessus diz et comment les estoilles se meuvent entour eulx, et que le ciel se meuve tousjours entour la Terre de orient en occident. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 9). Et lui, qui est infiny en hault povoir, met commencement, moyen, et fin en toutes ses oevres soubz le mouvement des cieulx, comme le potier qui a tour de sa roe fait d'une mesme masse divers pots de differentes façons et grandeurs (CHART., Q. inv., 1422, 2). Pour tant nulli ne peut nier, Qui ne vouldroit calumnier, Que les Cieulx et les sept Planètes N'aient grant povoir en leurs mètes Dessuz les choses variables Et par Nature transmuables. (LA HAYE, P. peste, 1426, 8). Tu fus creé par le souverain ouvrier qui point ne chomme, duquel la providence veille pardurablement sur les creatures, et ses beaulx cielx tournent, influent et esclairent sans cesser environ la terre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 24). Abel et Seth furent après Adam et n'est de demander s'ilz furent point esmerveillez, quant ilz virent tourner si très velocieusement les cieux en ceste grande machine celeste (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°). ...pour raison delaquelle experience, plusieurs sages disoient qu'il [Atlas] portoit les cieulx sur ses espaules, ainsi comme s'ilz vouloient dire qu'il portoit sur soy tous les secretz descrips en iceulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 v°).

 

-

Ciel de la lune. "Première sphère qui sépare la région des éléments qui entourent la terre des sphères des planètes et des étoiles fixes (synon. cercle de la lune)" : Le premier ciel ou la premiere espere ou regard de la Terre c'est le ciel de la Lune, qui sans moien avironne le feu et le contient en soy. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 6). Nous alasmes sanz cesser, tant Que le premier ciel respassasmes Qui est d'air (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 76).

 

-

Tiers ciel / ciel de feu. "Troisième ciel après l'éther" : ...a cil arrivasmes Qui est au ciel de feu conjoint. Sa clarté en prent, car il joint A lui, et moult fort resplendist La grant clarté qui de lui yst : ether eest cellui appellez. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 76).

 

-

Ciel cristallin. V. cristallin "Neuvième sphère (synon. ciel eaueux)" : Des yaues du ciel dient les theologiens que le ciel cristalin est de nature d'yaue. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 290). ...aussi peut on dire que les yaues du ciel (...) sont bien lassus ou ciel latitans et mucies et ne se pevent manifester a nous, pour ce qu'il n'a ou ciel cristallin nulle estoille. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 382).

 

Rem. CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 88, v.2035 ; BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 502...

 

-

Premier ciel (mobile). "Sphère extérieure, la neuvième ou la dixième selon les systèmes, qui englobe les autres et les entraîne" : En aprés, au dessus du firmament est le .IXe. ciel, que on appelle le premier ciel mobille, ouquel cielz n'y a nulles estoilles, mais il se muet regulierement d'orient en occident sur les poles du monde par chascun jour naturel un tour. (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 31).

 

-

Ciel empire / empiree / empireum. "Partie suprême, immobile et ignée du ciel, sphère la plus élevée des sphères concentriques célestes, séjour de Dieu et des bienheureux" : C'est celli Aigle volant qui en la Cene de Messias dormi sur sa poitrine et qui vola si hault que jusques au ciel empireum la ou il aprist, "In principio erat verbum" (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 165). Sans faille, encore avec les .ix. esperes dessus dictes les theologiens, qui sont apris et enseigniez de Cellui qui crea les cieulx, mettent un autre ciel qu'ilz appellent le ciel empireum, c'est a dire le ciel qui est aussy comme de nature de feu, non mie pour ardeur qui soit en lui, maiz pour sa luminosité et sa grant resplendeur (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 11). Louez la Court conjointe au saint empire, L'heur des François, le confort des estranges, Procreee lassus au ciel empire, Mere des bons et seur des benoistz anges. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 76).

 

2.

"Disposition des corps célestes envisagée du point de vue de leur influence sur la terre et sur la destinée humaine" : ...car se les fortunes avenir sont bonnes et nous le savons par devant, nous pouons par nostre sapience aidier le ciel et les acroistre (ORESME, Divin. C., c.1366, 66). Et la vertu donc du ciel dont la complexion de l'omme se deppend fait son impression ou corps, qui en l'ame redonde aucunement et se monstre souvent, pour ce que l'ame ensuit le corps voulentiers par nature, comme Aristotes dit. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 27). Encore, selon les drois de Nature qui ont leur commencement en la divine providence et l' instrument de leur ouvraige ou mouvement, en la lumiere et en l'influence des corps celestielz, nous demonstrent les maistres de tresinestimable science d'astrologie que ou livre des cieulx, qui en si large volume est escript de tant diverses empraintes et ymaiges, se peult cognoistre le cours et la duree des seigneuries et des citez (CHART., Q. inv., 1422, 2). SATURNE. Cela est assés cler sans preuve, L'influence des cieulx est telle. (Cene dieux, c.1492, 136). ...icelui roy Daire ayant une greve doleance en l'un des piez, où nul medicin ne povoit donner remede, pour la grande experience dudict Democedes fut ventillé au roy et fut envoyé querir, lequel incontinent advisa au cours de la Lune, loing du membre. Aussi à l'umeur peccante vit la disposicion du ciel convenable pour y fere applicacion et le fist, au moïen de laquelle, le roy Daire (...) perdit incontinent toute doulleur et fut gary (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 52 v°). Cestui composa le livre intitullé De locis habitabilibus, où il determine des choses contingentes ès diverses regions par la volubillité du ciel et se commance : "Illis quorum habitacionis loca, etc." (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 90 v°).

B. -

[Langue cour. ; en tant qu'élément physique, p. oppos. à la terre et à la mer]

 

1.

"Partie de l'espace visible d'un point quelconque de la terre et formant au-dessus d'elle une sorte de voûte circonscrite par l'horizon" : Car ce fu chose assez commune Qu'on vit le soleil et la lune, Les estoiles, le ciel, la terre, En signefiance de guerre, De doleurs et de pestilences, Faire signes et demoustrances. (MACH., J. R. Nav., 1349, 142). Tant comme le mers tournie avironnablement, Et tant con chius akoevre le soleil et le vent, Et le mer et le terre... (Bât. Bouillon C., c.1350, 22). Cils Dieus qui tout paist et gouverne Le centre dou ciel et le cerne, Le soleil tient haut en ardure Et la lune bas en froidure, C'est li sires qui si bien nombre Qu'il scet des arainnes le nombre Et combien la mer a de goutes... (MACH., C. ami, 1357, 48). Un pou aprez, leva la lune belle et clere, et les estoilles luisoient cler. Le conte, qui moult savoit d'astronomie, regarde ou ciel, et voit les estelles cleres, et l'air pur, et la lune estoit moult belle, sans tache, ne obscurté. (...) le conte regarde tousjours ou ciel contremont, et commenca a souspirer parfondement. (ARRAS, c.1392-1393, 19). ...pareillement avint en la nouvelle naissance de saint Pol, laquelle se feist en sa conversion, quant il fut aveuglé par dehors par la clarté soudaine du ciel, pour mieulx veoir au par dedans en l'ame (GERS., P. Paul, a.1394, 498). Le orizon est un cercle qui devise et depart la partie du ciel que nous veons sur Terre de la partie que nous ne veons pas, pour ce qu'elle est soubz Terre. Le meridien est aussy (...) un cercle qui passe par les poles du monde et par dessus les testes des habitans en toutes regions. Ces deux cercles donc s'entrecopent et croissent devers midy et devers septentrion et pässent et partissent le ciel en quatre egaulx parties. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 20). Yver fait le souleil, es cieulx, Du mantel des nues couvrir (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 130). Quantes malles nuiz et disete de boire et de menger endurent souvent ceulx qui le mestier de la guerre frequentent, chargez de fer au vent et a la pluye, sans autre couverture que du ciel et y perdent souvent leurs chevaulx et leur chatel, mettent leur vie en aventure de mort et de fait y meurent. (CHART., Q. inv., 1422, 29). Mieulx te vault convertir ta subtillité decepvable a congnoistre toy mesmez, que travailler en vain a espuicier la mer et mesurer lez cieulx, et estriver a cil qui nombre lez estelles. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 36). Et est assavoir que, le jeudi XXIIIe jour de juillet, oudit an LXI, qui fut le lendemain de ladicte mort, environ IX heures de nuit, fut veue ou ciel courir bien fort une très longue comete, qui gectoit en l'air grant resplendisseur et grande clarté, tellement qu'il sembloit que tout Paris feust en feu et en flambe. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 20). ...ès signes et estoilles du ciel où mariniers prennent leur regart et qui les adressent. (BUEIL, II, 1461-1466, 56). MARS. A la venue de Mars, grant dieu de guerre, Ciel, mer et terre en toutes pars tremblés (Cene dieux, c.1492, 108). Je me remembre en moy mesmes et pense Que au jugement dernier l'assistence Dieu destruyra par feu toute machine, Ainsi n'est pas de bonne consequence Brusler humains par divinne influence, Pource que le ciel en peult choir en ruyne, Mesmes aussi par tempeste marine Ne a force d'eaue n'est pas bon qu'on affine La nature de humaine terrestre (Cene dieux, c.1492, 120).

 

-

À nu ciel. "À la belle étoile" : Là demourerent-ilz au nud ciel, en grant doubtance de leurs vies (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 186). Qant tout furent venu, la ville fu durement plainne, et se logierent moult de signeurs a nu chiel, ou desous fuellies, et contre les haies et les buissons et ens es jardins au dehors de la ville. (FROISS., Chron. D., p.1400, 293).

 

-

(Des)sous le ciel / les cieux. "Sur la terre" : Car soubz le ciel n'est, ce me semble, Chose plus voire (Mir. st Val., c.1367, 147). Je croy n'a tel dessoubz le ciel (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 15). "...Il est notoyre a tout le monde", dit le procureur, "que soubz le ciel ne se treuve plus digne ne plus juste forge de vostre dame et maistresse, Bonne Adventure, comme le saint parlement de Paris..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 480). Et croy que soubz le ciel n'ait homme Qui, par tant d'experimens comme Je t'ay ferme et constant trouvee, Ait en autre femme esprouvee La bonne amour de marïage. (Gris., 1395, 94). Dessoubz le ciel tout maine guerre, Non pas seulement sus la terre, Ou les hommes tant se combatent, Mais meisme en l'air oysiaux se batent (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 14). Or voy je qu'il n'est riens estable Desoubz le ciel ; tout est vertible. (Pass. Auv., 1477, 106). ...le filz, que j'avoye Et amoye Plus que riens dessoubz les cieulx, De mort a pris la monoye, Qu'il employe A rachapter l'omme vieulx. (Pass. Auv., 1477, 245). Tallebot, vous estes prudent Et bien apris de toute guerre ; Soubz le ciel n'est nul plus vaillant Que vous qui soit dessus la terre (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 482). Noble dame, comment vous va ? De vous vois je suis fort joyeux. Depuis que ne fustes deça, Avons esté tousjours oyseux, Que il n'est Anglois soubz les cieulx Qui ose plus sus nous venir, Et sont de repoux en leurs lieux, Qu'i ne savent que devenir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 522).

 

.

Prov. : Desoubz le ciel n'a riens estable. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 193).

 

-

Vers / contre le ciel. "Vers le haut" : La piece qui aloit toute droite de la terre iusques au contremont vers le ciel fut de cypres ; et celle qui aloit de trauers, a quoy les mains estoient clauees, estoit de palmier. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 233). Et soit la porteure de ton corps, dist il, telle que tu tiengnes la face droite, non mie contre le ciel ne baissiée contre terre, mes tes yeulx en regardant ceulx à qui tu parles (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 168). Les coups furent grans et pesans, et les chevaulx ne les peurent sostenir, si versarent l'un desa, l'autre dela, le dos vers la terre et les piés contre le ciel. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 104).

 

-

Le ciel et la terre. "L'univers" : Pleni sunt celi et terra gloria tua ; chante nostre mere saincte Esglise que le ciel et la terre sont plains de la gloire de Dieu ? Je vous respons que c'est verité (GERS., Noël, p.1404, 299).

 

-

[D'un phénomène physique] Choir / descendre / tomber du ciel : Car les pierres dou ciel chëoient Pour tuer quanqu'elles ataingnoient, Les hommes, les bestes, les fames (MACH., J. R. Nav., 1349, 147). Et n'avoit depuis l'entrée d'avril nulle doulcheur descendu du ciel, ne pleuye, ne rousée, mais estoient les herbes touttes arses. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98). Lors [duc Anthoine] escrie Lusegnen a haulte voix, et se boute entre les Sarrasins plus roidement que fouldre ne chiet du ciel. Et fiert a dextre et a senestre, et rompt et abat quanqu'il encontre (ARRAS, c.1392-1393, 184). Et le cheval en va si raidement qu'il semble que ce soit fouldre qui descende du ciel (ARRAS, c.1392-1393, 230). Entrués que ces paroles et detriances couroient, et que chil Genevois se requelloient, descendi dou chiel une plueve si grose et si espesse que mervelles fu a comsiderer, et conmença a esclitrer et a tonner, et sambla proprement que li mondes deuist finer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 728).

 

-

[En tant que création divine] : Par ces trois fu creé le monde Et tout ce qui es cieulx habonde. (Mir. Clov., c.1381, 272). J'ay cerché par mer et par terre, par l'air et par le ciel, et ay demandé a la terre se elle estoit mon Dieu : elle respond que non. J'ay demandé a la mer s'elle estoit mon Dieu : elle respond que non. J'ay demandé a l'air, au ciel, au soloeil et aux estoilles se aucune de ces choses estoit mon Dieu : tout s'est escrié a haulte voix : "Dieu nous a faiz..." (GERS., Trin., 1402, 156). Croire en Dieu le pere tout puissant, createur du ciel et de la terre. (LA SALE, J.S., 1456, 38). Dieu qui formas universellement Ciel, terre, mer et tout le firmament (LA VIGNE, S.M., 1496, 212).

 

-

[Dans des tournures superlatives] : Qui compareroit la vertus et la proesse de ceulz que on appelle les preuz on trouveroit que en ceste vertus saint Pol les seurmonta voire plus hault que ciel de terre. (GERS., P. Paul, a.1394, 511). O souveraine sapience plus parfonde que la terre, et plus haulte que les cieulx, qui mesuras le temps et assignas a toutez choses leurs mettes ! (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 35).

 

2.

"Espace environnant la terre comme lieu de l'atmosphère" : Et aussi venoit une odeur De sa douceur tant precieuse Et de saveur si gracieuse Qu'onques ne fu plus douce chose En ciel, en mer, n'en terre enclose... (MACH., R. Fort., c.1341, 56). Et le ciel qui est honorable, quant il est replect de pluie, il desire que elle chiee a terre. (ORESME, E.A., c.1370, 414). Apriés toutes ces coses, li temps s'apaisa, la nuee passa, li airs chei, li ciels esclarci, li solaus conmença a luire sus l'eure de basses vespres, biaus et clers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 728). Le temps n'estoit mie nuyeux : De bleu se vestoient les cieulx, Et le beau soleil cler luisoit. (CHART., L. Dames, 1416, 198).

C. -

[Langage relig. et langue cour, souvent au plur. ; dans la conception chrétienne du monde et de l'au-delà, p. oppos. à la terre (au monde terrestre) et à l'enfer]

 

1.

"Séjour de Dieu, des êtres surnaturels et des élus après la résurrection, lieu de l'éternel et du spirituel" : Et Paradis demoura vuit, Et les chieux furent tout widié (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 68). ...es sains ceaulx beneoiz (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 194). Un angle y avoit, ce me samble, Qui pardessus le feu ambloit Et fil de Dieu estre sambloit. Pour conforter les jouvenciaus L'avoit Dieus envoié des ceaus [var. ciaus, ceaulz, cieulz]... (MACH., C. ami, 1357, 22). Si que tu es trop deceüs, Et en enfer dou ciel cheüs, Pour ce que le dieu de nature Qui crea toute creature N'as servi, chieri, ne amé Com ton vray dieu et reclamé. (MACH., C. ami, 1357, 31). Et ce n'appartient pas tant a philosophie comme fait savoir comment Dieu et les choses incorporelles sont en lieu, car si comme il appert yci par Averroïz, touz dient que Dieu est ou ciel comme en son lieu. (ORESME, C.M., c.1377, 278). Il veult dire que Dieu est et ou ciel et en enfer et partout. (ORESME, C.M., c.1377, 278). Pour nous des cieulx l'entrée ouvrir... (Mir. fille roy, c.1379, 52). ...et [saint Paul] vit les secrez de paradis lesquelz ne puent estre dis par homme mortel, et ot vision pareille a ceulz qui desja sont en paradis, et comme les angels du ciel, selon pluseurs docteurs. (GERS., P. Paul, a.1394, 513). ...ame devote (...) Tu as du chiel la gloire (Livre Rossignol. N., c.1400-1420, 79). ...et, moyennant bonne voulenté, faictes, Sire, que en chascune terre tant de temporalité comme de l'espiritualité, tant en universel comme en singulier, la part et le don de bonne paix soit ottroyé par vous, qui estes Dieu benoit en eternité, auquel soit gloire es cielz la sus. Amen. (GERS., Noël, p.1404, 314). Et ladicte escripture est telle de soy, et descendist du ciel ou venist de la terre, qu'elle est digne d'estre dessirée (BAYE, II, 1411-1417, 263). Nom recouvré [Marie d'Orléans porte le nom que la Vierge a paré de grâces], joye de peuple, Confort des bons, des maulx retraicte, Du doulx seigneur [Charles d'Orléans] premiere et seule Fille de son cler sang extraicte, Du dextre costé Clovis traicte, Glorïeuse ymage en tous fais, Ou hault ciel creee et pourtraicte Pour esjouyr et donner paix. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 40). O louee concepcïon, Envoiee sa jus des cieulx, Du noble lis digne sÿon, Don de Jhesus tres precïeulx, Marie [Marie d'Orléans], nom tres gracïeulx, Fons de pitié, source de grace, La joye, confort de mes yeulx, Qui nostre paix batist et brasse ! (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 40). La mort le fait fremir [celui qui est en train de mourir], pallir, Le nez courber, les vaines tendre, Le col enffler, la chair moslir, Joinctes et nerfz croistre et estendre... Corps femenin, qui tant est tendre, Poly, souëf, si precïeulx, Te fauldra il ces maulx attendre ? Oy, ou tout vif aler es cieulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 43). Et puis tous viendrés aprés moy Au monde pour complir la loy, Et d'ilec tous irons es cieulx, Ou vous serés tout temps joyeux, Car tous vous estes mes amours. (Pass. Auv., 1477, 253). Le Saint Esperit fu donné deux fois aprez la resurrection : une fois en terre (...). Secondement fu donné du ciel aprez que Jhesu Crist fu montéz ez cieulz le jour de la Penthecouste (Somme abr., c.1477-1481, 120). Tantost aprés qu'es haulx cieulx alla l'ame Ou devant Dieu s'a elle sa place prinse (LA VIGNE, V.N., p.1495, 317).

 

-

Le royaume des cieux. "Le royaume de Dieu, son règne en ce monde et au delà" : ...car par elle sommes appellez (...) de desert au royaume des cieulx (Mir. fille roy, c.1379, 8). Dit Ihesucrist : le royaume des cieux est dedens vous, cest a dire selon Richart de saint Victor que dedens nous y a matiere de congnoistre le royaume des cieulx. (CIB., p.1451, 195). Ou royaume des cieulx puisse estre l'ame de lui en bon repos ! (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 16). La gloire si vous est ouverte Avecques Jesus, nostre sire. Bien luy a pleu a nous eslire Pour vous venir querir sur terre. De vous tous sera faict memoire La hault, au royaulme des cieulx. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 270).

 

-

Le roi des cieux / Le juge du ciel. "Dieu ou le Christ" : Glorieux Roy des cieulz la sus, en la benoite naissance duquel au jour d'uy fut faicte ceste belle parcon (GERS., Noël, p.1404, 314). Les Flamans ? pleust au roy des cieulx Qu'ilz se deussent grater les yeulx Jusques ad ce que sera fait. (Rapp., c.1480, 67). JUPITER, advocat de la Vie. Au contraire, pour la Vie vous requier, Juge du ciel et divins assistans (Cene dieux, c.1492, 110).

 

-

La dame / la reine des cieux. "La Vierge Marie" : Dame du royal empire Des cieulz, mére au roy des roys (Mir. nonne, 1345, 328). Vierge mere au doulx roy des rois, Dame de la terre et du ciel... (Mir. enf. ress., 1353, 75). Royne des cieulx souveraine (Mir. fille roy, c.1379, 108). ...avec la royne des cieux, nostre Dame, laquelle fut jadis ca jus en terre moult familiere a vous, saint Pierre. (GERS., P. Paul, a.1394, 484). Royne des cieulx glorieuse, Virge au jour d'uy tant dignement, tant haultement saluee... (GERS., Annonc., a.1400, 239). Priés pour paix, doulce Vierge Marie, Royne des cieulx, et du monde maistresse, Faictes prier, par vostre courtoisie, Saints et saintes, et prenés vostre adresse Vers vostre filz, requerant sa haultesse Qu'il lui plaise son peuple regarder (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 123). Dame du ciel, regente terïenne, Emperiere des infernaulx paluz, Recevez moy, vostre humble crestïenne, Que comprinse soye entre voz esleuz, Ce non obstant qu'oncques riens ne valuz. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 79).

 

-

[En tant que lieu d'où vient le salut ou la damnation] : L'un disoit : "Vousist Dieu, o Dieu, par mon soubzhait, que tu rompises les cieulx, et que venisses !" L'autre : "Cuidez tu que jamais je le voie ? Cuides tu que je dure jusquez a sa venue ?" L'autre : "Rorate, celi, desuper etc. : O cieulx, degouttez vostre rousee d'en hault, et le juste descende des nues !..." (GERS., Annonc., a.1400, 229).

 

.

Se tourner vers le ciel / Lever / tendre sa face / ses mains vers le ciel : Adont vers le ciel se tourna Et devotement s'aourna Pour congnoistre son creatour Qu'est signeur dou munde et actour, Qui les mauvais einsi chastie. (MACH., C. ami, 1357, 52). Le roy rompt la cire, et voit le noble secours que le cappitaine lui escript qui vient, et lors tent ses mains vers le ciel en disant : Glorieux Pere Jhesucrist, je te regracie humblement de ce que tu n'as pas oublié moy qui suiz ta povre creature, ne ton povre peuple (ARRAS, c.1392-1393, 96). Mez moy, qui doy aler au ciel Et m'ame rendre a saint Michiel, Doy mourir en crois bestournee, La face vers le ciel tournee, En hault les piez, en bas les mains. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 148). Helas, que farey je, moy, lasse, Palharde, infame, pecharresse ? Coment puis mes yeulx ne ma face Lever es cieulx, n'avoir lïesse ? (Pass. Auv., 1477, 138). Et après que ledit Voyau luy eut compté bien au long les parolles que Reilhac luy avoit dittes, il en fut moult resjouy et leva les mains vers le ciel en rendant graces à Dieu des nouvelles qu'il avoit eues. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 152).

 

-

Avoir les cieux. "Aller au ciel" : Les biens de vous [la Vierge], ma dame, ma maistresse, Sont trop plus grans que ne suis pecheresse, Sans lesquelz biens ame ne peult merir N'avoir les cieulx ; je n'en suis jangleresse : En ceste foy je vueil vivre et mourir. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 79).

 

-

P. ext. "Lieu où séjournent les divinités païennes" : Et certes a toi seulement Sui je subgés et le veuil estre. Jovem, ne sai quel dieu celestre, Son ciel, sa foudre et sa vertu Ne pris le vaillant d'un festu ! (MACH., Voir, 1364, 640). Les païens anciennement mectoient pluseurs dieux qui estoient la sus es cielx. (ORESME, E.A.C., c.1370, 244).

 

2.

P. méton. "Dieu, la Providence, la puissance divine" : Et n'atendez secours n'aye Fors dou ciel, je n'en doubte mie. (MACH., P. Alex., p.1369, 102). Doleur me gouverne et maistrie, Qui ne se part Ne main ne tart De mon cuer, eins le font et art Et puis en mes larmes le noie. Je croy que li ciels me guerrie Et que Fortune a grant envie De moy tollir honneur et vie Pour plaire à ma dame jolie (MACH., Lays, 1377, 435). ...car la victoire ne vient point par la multitude des gens, maiz du ciel. (JUV. URS., T. rever., 1433, 86). Content sommes qu'a siez [forme de Franche-Comté, cf. note de l'éd.] nous tire, Car ja ne lerrons la creance Nostre sauveur. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 240). Les cieulx ainsi le descripvent, Pecheurs, et par les sainctz prophettes Vous en sont les semonces faictes. (Cene dieux, c.1492, 123). ...montoit en la VIIIe spere la semblance d'une femme vestue de rouge, en la seconde du Lion monte la forme d'un homme couronné, tendant les mains vers hault, comme demandant aide au ciel (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 13 v°).

 

-

Le feu du ciel. "La colère de Dieu" : Et les cinq cités pecheressez en vindrent a perdition par feu du ciel (GERS., Annonc., a.1400, 236).

 

-

P. ext. "Les divinités (ou Fortune)" : Je croy que li ciels me guerrie Et que Fortune a grant envie De moy tollir honneur et vie Pour plaire à ma dame jolie (MACH., L. plour, 1349, 435). Je le feiz [rompre la très amoureuse prison] en telle façon, Voyant celle devant mes yeulx Consentant a ma deffaçon Sans ce que ja luy en fust mieulx ; Dont je me dueil et plains aux cieulx, En requerant d'elle vengence A tous les dieux venerïeux, Et du grief d'amours allegence. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 12).

 

3.

RELIG. [Langage de la spiritualité, dans le courant de Saint-Victor] Premier / second / tiers ciel. "Degré par lequel l'âme s'élève à la connaissance de Dieu" : En ceste ymaginatiue est vne partie ou vng degre de contemplacion quant on se conuertit a mediter et a considerer les merueilleuses choses qui sont es creatures de Dieu... Et cest le premier ciel ou len monte par contemplacion. Le second ciel est en raison. Le tiers ciel est en lintelligence. Ce premier ciel qui est en lymaginacion est bien gros et bien materiel au regart des deux autres qui sont par dessus pour ce quil est de similitudes et fantosmes des choses grosses et materielles. (CIB., p.1451, 214).

 

-

Tiers ciel. "Vision intellectuelle des choses transcendantes, plus élevée que la vision corporelle et imaginative" : Le tiers ciel est en lintelligence. Ce premier ciel qui est en lymaginacion est bien gros et bien materiel au regart des deux autres qui sont par dessus (CIB., p.1451, 214).

 

.

[Spiritualité et, p. ext., domaine de l'amour pour marquer le comble du bonheur] Estre ravi jusques au tiers ciel : Ravis duques au tiers ciel soies Que jubiler les angres oies (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 88). ...souvent le vit [Dieu] et bien clerement quant il fut ravis jusques au tiers ciel et vit les secrez de paradis lesquelz ne puent estre dis par homme mortel, et ot vision pareille a ceulz qui desja sont en paradis (GERS., P. Paul, a.1394, 513). Et s'ainsi est qu' il la rencontre ou treuve En aucuns lieux Et el lui rit de la bouche ou des yeulx, Il est ravy trop plus hault qu'es tiers cieulx Et prent pour soy tousjours la chose au mieulx (CHART., D. Fort., 1412-1413, 163). On congnoist Dieu par dedens et par dehors. Par dedens en deux manieres : par inspiration divine, et ce est donné a pou de gens desquelz estoit l'Apostle, quant il dist en l'epistle a ceulz de CHORINTHE en la seconde ou XIJ. chapitle : "Je scay homme ravy jusques au tiers ciel" et cet. (Somme abr., c.1477-1481, 135).

D. -

P. anal. [Langue cour.]

 

1.

"Plafond voûté d'une pièce" : Et dedens estoit elle [la chambre] haulte et clere, faicte a voultes, si n'est de nulle maniere de pierres hu monde, qui ait vertu, qui ne soient au ciel de la chambre amont (...). Et ou milieu de la chambre estoit une pierre entaillie en forme d'un faulcon (Chev. papegau H., c.1400-1500, 28). La salle estoit toute tendue de moult riche tapisserie, et le ciel et le pavement aussi tout tendu. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 36). Si les mena en la chambre du conseil, que toute estoit tendue de satin rouge, brouché de fueillaige d'or, le ciel de mesmes et le pavement. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 74).

 

2.

"Partie d'un objet qui couvre qqc." : Et le ciel que je te dy, qui est dessus, est tout uny, tout aplanié et aussy polly comme ung miroir... (Horloge de sapience S., c.1389, 105).

 

3.

"Dais (en partic. dans les entrées royales)" : Et sist mondit seigneur le Dauphin tout seul ou haut siege des clers, comme en la place du secont president, son siege affaitié et paré comme une chaiere, et dessus sa teste un petit ciel (BAYE, II, 1411-1417, 41). Et ot à l'entrée de la porte Sainct-Denis un ciel de drap d'or vermeil que les prevost des marchands et eschevins de la ville de Paris porterent sur luy [le roy de France] (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1437, 24). Item, un ciel, un dossier, IJ custodes de toylle blanche (FAUQ., III, Pièces diverses, 1438, LXXV). Et là tantost, le Prévost des Marchans et lesdiz eschevins apportèrent ung ciel d'azur semé de fleurs de lis d'or, et le mirent et portèrent tout parmi la ville par desus le roy. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 3). Et quant il fut a l'entree des lisses, le roy sans nulles serimonies le fist entrer et aler soubz l'ombre d'un bien grant ciel de tappisserie, couvert d'une grant courtine d'un bout a l'autre (LA SALE, J.S., 1456, 153). ...ung homme le plus près devant luy portoit une potence dorée en façon de crosse en ung beau ciel rond, tout de drap d'or frangé (Voy. Hierus. S., 1480, 13).

 

Rem. Entrées roy. G.L., p.1461, 55 ; p.1464, 192... Le ciel de procession était porté à l'aide de bâtons. Selon la taille, il existait des ciels à quatre ou à huit bâtons. Ces bâtons s'appelaient gaudines ou gourdines, cf. GAY, s.v. ciel, I, 378.

 

4.

"Tenture fixe ou mobile en forme de baldaquin, placée au-dessus des lits, des lits de justice, des tables royales ou princières..." : Item, unc siel viel, de toille vert... (Doc. 1343. In : L. Douët d'Arcq, Bibl. Éc. Chartes 39, 1878, 102).

 

-

À ciel. "De manière à constituer un ciel" : Et puis si ordonnerent que toutes les rues (...) fussent toutes tendues à ciel (Cleriadus Z., c.1440-1444, 563). ...la rue du Change avoient couverte à ciel par desseure et bien ornée en tous endroits. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 76).

 

-

Ciel d'un autel. "Tenture en forme de baldaquin surmontant un autel" : Un ciel [d'autel] qui (...) sera semé de nues à estoiles et royes de souleil d'or (...) les pentes doubles brodées pardedens de nues, royes de souleil (...) et pardehors coppannées des armes de la Royne et d'un apostre (Industr. Paris F., 1410,,, 376).

 

Rem. MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 451.

 

-

[Dans une chapelle] : ...à lui, pour 32 aulnes de semblable drap dont on fist le chiel de la chappelle ledit jour et audit pris, 17 livres 12 solz ; à lui, pour le tour et vesture du cuer 206 aulnes au pris dessus dit, sont 113 livres 6 solz (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 475).

 

-

[Dans un pavillon] : IIIJ pièces de zetonnin azuré (...) pour faire le ciel dudit paveillon (...) Pour IIIJ aunes et demie de fin veluyau rayé, cremasin, pour couvrir les bastons dudit paveillon (...) Et Madame bailla audit Jehan du Figuier les tafetas, pour faire les courtines dudit paveillon, que elle avoit par devers li en garnison. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 28).

 

-

[Pour une table] : Un ciel entier sur la table ordonnerent (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 212). Au dit Jehannin de Pames (...), cent dix huit livres dix sept solz six deniers (...) : pour achat de XV aulnes de taffetas noir de Florence, pour le pavillon dudit seigneur, à III escuz l'aulne, vallent XLV escuz, pour ce LXI l. XVII s. VI d. À lui pour achat de XIX aulnes de satin ras, noir, pour faire ung ciel de table (Comptes roi René A., t.1, 1453, 11).

 

-

[Pour un lit] "Ensemble de tentures disposées au-dessus d'un lit" : Une chambre de tappisserie d'Arras dont lé trois pièces, c'est assoir ciel, docier et couverture pour le lit, sont de soye d'or et d'argent de Cypre (...) doublez de toille tainte d'azur. (Ch. VI, D., t.2, 1418, 300). ...deux orilliers de duvet, prisez 20 s. Item, une chambre de toille blanche, c'est assavoir ung ciel dossier et trois rideaulx, prisez ensemble 6 l. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 112). ...ung lict garny de couecte, cuissin, couverture, ciel, dociel, courtines, chazlict et de marchapié (Trés. Reth. L., t.3, 1468, 445). ...une garniture de lit de camp, c'est assavoir le ciel, goutières, le doussiel, le rideau de taffetas roge tout d'une pièce, la couverture du lit (Invent. biens Ch. Savoie T., 1484, 352). Icy doibt avoir ung beau lit tendu de tappisserie, ung ciel dessus et encourtiné tout autour (LA VIGNE, S.M., 1496, 207).

 

.

Plein ciel / demi ciel : ...la grant coutepointe pour le lit, cheveciel et ciel, tout garni de 3 courtines ; une petite coutepointe pour les piez ; un demi ciel pour laver le Roy, garni comme un ciel, sans courtines (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 109). ...une petite chambre de sarge vermeille, à demy ciel, garnye de troys courtines, de demy ciel, dossier, de couverture et ung tappiz velu, avec une courtine bleue de toille, qui se tire devant la fenestre. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 369). Et quant aux paremens de la chambre du prince, il avoit sus son lit ung plain ciel ; mais les patrons, pers, ou conseilliers en sa presence n'avoient que demy ciel. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 543). ...un lit (...) a demy ciel brodé (Doc. 1407. In : F. Bruel, Bibl. Éc. Chartes 55, 1905, 236). ...ung dossier et demi ciel, de l'ouvrage de Paris (Doc. 1422. In : J. Guiffrey, Bibl. Éc. Chartes 48, 1887, 99).

 

-

[Contexte métaph.] : Quant la deesse [Vénus] descendi, Li cuers me fremy et trembla ; Et de ma dame il me sembla Que un petitet fu esmeüe Et troublee de sa venue (...) Si que ainsi de la nue obscure Eüsmes ciel et couverture, Et tous deulz en fumes couvert Si qu'il n'i ot rien descouvert... (MACH., Voir, 1364, 358).

 

5.

P. méton. "Tenture, tissu à tenture" : L'inventoire des chambres de tapisserie et paremens. Chambres et tappiz. Premièrement : Une chambre de veluiau azurée à fleurs de lys, garnie de ciel, de dossier, de coulte pointe, de banquier brodé et de troys custodes de zabatiz azuré, avec deux gros carreaulx, ung autre long, six petiz, et ung petit dossier à fleurs de lys brodé. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 362). Cielz et dossiers à tendre à grans festes. Et premièrement : Ung dossier de camocas blanc brodé de la vie Nostre Dame, et est bordé d'un veluiau vermeil (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 150). ...double ciel a tendre (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1169).

 

-

[Utilisé à d'autres usages (?)] : A Jehan d'Orléans, chappelier, demourant à Paris, pour 3 chappeaulx de cil, doublés de cendail noir et garny chacun d'une plume (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., 1404, 258).

 

Rem. T-L II, 426 ; GD II, 135b enregistre un subst. cil (?) et cite pour seule illustration une var. de cet ex.Synthèse
 

DMF 2020 Robert Martin

Fermer la fenêtre Fermer la fenêtre